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Propos polémiques d'Emmanuel Macron sur Taïwan : «Il a parfaitement raison», juge Bruno Le Maire
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Transcription
00:00 - Bienvenue sur Europe 1 et bonjour Bruno Le Maire. - Bonjour Sonia Mabrouk.
00:03 - Les déclarations d'Emmanuel Macron sur Taïwan provoquent un tollé aux Etats-Unis,
00:08 mais aussi en Europe, notamment en Allemagne et chez nous en France.
00:10 Le président français a affirmé que la pire des choses serait de penser que nous, Européens,
00:15 devrions être suivis sur ce sujet et nous adapter à un rythme américain et à une surréaction chinoise.
00:21 Après ces propos, Emmanuel Macron est accusé de s'agenouiller devant la Chine. Que répondez-vous ?
00:26 - Je réponds que le président de la République a parfaitement raison, parfaitement raison de réclamer
00:32 l'indépendance et la souveraineté européenne comme il le fait depuis 2017.
00:36 Nous n'avons pas vocation parce que nous sommes les alliés des Etats-Unis,
00:40 et nous sommes évidemment les alliés des Etats-Unis, nous partageons les mêmes valeurs,
00:43 partageons beaucoup d'intérêts économiques en commun,
00:46 mais ce n'est pas parce que nous sommes les alliés des Etats-Unis que nous devons être contre la Chine.
00:51 Et nous n'avons pas à être pris à partie dans cette rivalité qui existe entre les Etats-Unis et la Chine.
00:57 Nous voulons bâtir l'indépendance européenne, renforcer l'Europe.
01:01 - Mais là c'est un sujet brûlant, Taiwan. On n'arrive pas à comprendre, M. le ministre,
01:04 une telle déclaration faite dans l'avion de retour de Chine.
01:06 Est-ce que le président a voulu être disruptif ? Est-ce que c'est une provocation mal calculée ?
01:10 Est-ce que c'est pesé ou sous-pesé comme vos mots ce matin ?
01:13 - Mais tout cela est pesé et sous-pesé comme ce que je vous dis ce matin.
01:16 Il n'y a pas de raison de se précipiter. Nous, nous choisissons la voie du dialogue,
01:19 c'est celle qui est portée par l'Europe, c'est celle qui a été portée
01:22 lors du déplacement du président de la République en Chine.
01:25 Est-ce que ce n'est pas préférable à une logique de confrontation
01:28 et d'accélération de quelques conflits que ce soit ?
01:30 - C'est l'Europe qui pense cela ou la France ?
01:32 - Est-ce que vous avez vraiment l'impression que l'Europe,
01:35 qui est déjà confrontée à la guerre en Ukraine, a besoin d'un conflit supplémentaire ?
01:40 Est-ce que le monde a besoin d'un conflit supplémentaire ? Non.
01:42 Donc je le redis avec beaucoup de force, ce qu'a dit le président de la République est nécessaire.
01:47 Nous devons bâtir l'indépendance européenne.
01:49 Et l'indépendance, Sonia Mabrouk, ce n'est pas simplement l'indépendance économique,
01:53 militaire, financière, c'est aussi quelque chose d'encore plus précieux.
01:56 L'indépendance de pensée.
01:58 - Ça, ce sont des grandes déclarations.
02:00 - Non, ce n'est pas des grandes déclarations.
02:01 - Ça n'engage à rien, monsieur le ministre.
02:02 - Mais si, ça engage à quelque chose.
02:04 - Concrètement à quoi ?
02:05 - Ça engage concrètement à se dire que sur les sujets économiques,
02:08 sur les sujets financiers, sur les sujets géopolitiques,
02:11 l'Europe doit avoir sa propre pensée stratégique.
02:14 Elle est alliée des Américains, mais n'a pas la même pensée stratégique nécessairement que les États-Unis.
02:19 Est-ce que vous pensez que les États-Unis, sur les sujets qui sont les miens comme l'économie,
02:23 se demandent quelles vont être les conséquences de leur Inflation Reduction Act
02:27 lorsqu'ils décident de renforcer les intérêts économiques américains,
02:30 de subventionner massivement leur industrie ?
02:33 Est-ce qu'ils se préoccupent de savoir quel impact ça va avoir sur l'Europe ?
02:36 Non.
02:37 Mais il faut que nous apprenions, nous aussi, à penser par nous-mêmes.
02:40 C'est ce que réclame le président de la République depuis 2017.
02:43 Est-ce que c'est l'Europe ou est-ce que c'est la France ?
02:46 Est-ce que vous, ce matin, vous nous dites sur Taïwan, c'est la position de la France
02:50 ou est-ce que c'est la position de l'Europe ?
02:52 Parce qu'à entendre bien madame Ursula von der Leyen, elle ne pense pas du tout la même chose.
02:56 Je ne sais pas, nous étions avec la présidente de la Commission européenne à Pékin.
03:02 Nous avons eu un entretien conjoint entre le président de la République,
03:05 la présidente de la Commission européenne et le président Xi Jinping.
03:09 Et il m'a semblé que c'était un message d'unité qui était très fort.
03:12 Et par ailleurs, sans réveiller de grands secrets,
03:14 ce qui a été au cœur de ces discussions avant Taïwan, c'est l'Ukraine.
03:19 Parce que le vrai sujet pour les Européens, c'est la guerre en Ukraine.
03:22 Et ce que la présidente de la Commission européenne, le président de la République
03:26 ont voulu faire comprendre au président Xi Jinping,
03:28 c'est que ne pas respecter les frontières d'un État souverain,
03:32 c'était dangereux pour l'ordre politique mondial.
03:34 Et que de ce point de vue, la guerre en Ukraine n'était pas un conflit régional,
03:38 mais un conflit qui concernait toutes les grandes puissances.
03:41 C'est cela qui était au cœur de leurs entretiens.

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