Thomas Portes : "Conseil constitutionnel / Retraites : on y croit à la censure intégrale du texte !"

  • l’année dernière
Avec Thomas Portes, député LFI de Seine Saint Denis
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##L_INVITE_POLITIQUE-2023-04-10##
Transcript
00:00 - Et l'invité ce matin, Thomas Porte, député La France Insoumise de Seine-Saint-Denis.
00:04 - Bonjour Thomas Porte. - Bonjour.
00:06 - Et merci d'être avec nous ce matin sur Sud Radio.
00:08 La réforme des retraites et le verdict tendu du Conseil Concessionnel ce vendredi.
00:12 L'avenir de la mobilisation, la question des violences policières mais aussi les dissensions.
00:16 À gauche, on va revenir sur l'ensemble de ces sujets dans le prochain quart d'heure.
00:19 Mais d'abord un mot sur l'effondrement de cet immeuble à Marseille dans la nuit de samedi à dimanche.
00:24 Deux corps ont donc été sortis des décombres.
00:26 Il resterait encore 6 à 7 personnes sous les gravats.
00:30 La piste privilégiée, celle d'une explosion du haut gaz.
00:32 En tout cas, c'est un nouveau drame qui touche la cité faussaine très clairement.
00:35 - Beaucoup d'émotions, puisque vous l'avez rappelé, Marseille est à nouveau frappée après le drame de la rue d'Aubagne.
00:40 Moi j'ai une pensée pour les familles des victimes, puisqu'on a découvert deux corps ce matin.
00:44 Il y a entre 7 et 8 personnes qui s'en portaient disparues.
00:47 Il faut saluer le travail extraordinaire des marins-bampiers de Marseille qui sont à l'œuvre depuis plusieurs heures.
00:52 Qui évoluent dans des conditions, d'après ce que j'ai compris, extrêmement difficiles.
00:55 Puisqu'il y a beaucoup de gravats, il y a encore des incendies.
00:56 - L'incendie encore qui couvre, on le disait ce matin encore.
00:59 - Il y a aussi une formidable solidarité des Marseillaises, des Marseillais qui sont venus amener des habits,
01:04 qui ont participé au relogement, qui sont là pour soutenir les marins-bampiers.
01:07 Donc c'est un drame.
01:08 Et ce qu'on peut espérer, c'est que dans les prochaines heures, on ait des bonnes nouvelles
01:11 et que des survivants soient retrouvés. C'est ça la chose la plus importante.
01:13 - Effectivement. Venons-en à l'actualité politique.
01:16 Thomas Porte, nouvelle semaine décisive, je le disais, sur la réforme des retraites avec la décision attendue du Conseil constitutionnel vendredi.
01:22 Qu'est-ce que vous attendez concrètement de cette décision ?
01:24 - On attend la censure intégrale de la loi.
01:26 C'est ce qu'on a été plaidé avec l'ensemble des forces de la NUPES,
01:28 mais aussi du groupe Lyot au Conseil constitutionnel.
01:31 Pour un certain nombre d'arguments, d'abord le détournement de ce qu'on appelle le projet rectificatif
01:36 de loi de financement de la sécurité sociale, qui a été mis en place en 96,
01:39 et qui ne répond pas aux objectifs d'une réforme des retraites.
01:43 Mais surtout, moi j'ai envie d'insister sur l'insincérité des débats.
01:46 Ça a été souligné par plusieurs profs de droit constitutionnel, notamment Dominique Rousseau,
01:50 par exemple sur les 1200 euros.
01:52 - Ça peut être une cause de censure, effectivement, du Conseil constitutionnel.
01:54 - Bien sûr, puisque aujourd'hui, sur les 1200 euros qui sont promis par le gouvernement aux retraités,
01:57 on était parti sur 2 millions au départ, finalement on a fini à 10 000.
02:01 Aujourd'hui, au moment où la loi peut être promulguée, on ne sait pas combien de personnes vont être concernées.
02:05 Et enfin, sur l'utilisation d'articles qui contraignent le temps législatif,
02:09 il y a eu l'article 40 au Sénat qui fait un vote bloqué,
02:12 il y a eu le 49-3 pour...
02:14 - Qui a déjà été utilisé précédemment, à gauche comme à droite, d'ailleurs.
02:17 - Bien sûr, mais là c'est une accumulation, à la fois le détournement de la procédure,
02:23 l'utilisation d'articles extrêmement autoritaires en termes de débat,
02:27 et surtout l'insincérité, c'est ça qui est souligné.
02:29 C'est-à-dire qu'on nous demande de nous prononcer sur un texte sur lequel on n'a pas pu voter,
02:32 avec des éléments dont on n'est pas certain de ce qui va se passer.
02:35 L'index sur les seniors, est-ce qu'il va être appliqué ?
02:37 Est-ce qu'il y aura des sanctions pour les entreprises ? Tout ça on ne sait pas.
02:39 Donc c'est quand même assez particulier de promulguer une loi
02:42 où les représentants de la nation n'ont pas pu se prononcer,
02:45 puisqu'il n'y avait pas la vérité des éléments.
02:46 - Donc la question de la sincérité, la cumulation aussi de ces articles
02:49 qui ont été mis en place du côté de l'exécutif,
02:51 vous y croyez vraiment à une censure intégrale, finalement, de ce texte ?
02:55 - Ben écoutez, on y croit, c'est pour ça qu'on a été plaidé, qu'on a défendu nos arguments,
02:58 et je remarque que, ce que j'ai évoqué tout à l'heure,
03:01 il y a un certain nombre de spécialistes du droit constitutionnel qui évoquent
03:04 le fait que cette loi, elle ne respecte pas un certain nombre de procédures,
03:08 elle devrait être censurée de manière intégrale en tout cas.
03:10 On attend beaucoup et je dis, la France regarde ce qui va se passer au Conseil constitutionnel,
03:15 les gens sont mobilisés depuis le 19 janvier,
03:17 ils vont très clairement regarder et écouter ce que vont prononcer les sages du Conseil constitutionnel.
03:22 Vendredi, on n'a pas encore l'horaire, je crois que c'est vers 20h que la décision devrait être rendue apparemment.
03:26 - Vous croyez une forme de politisation de cette décision,
03:29 de la part des sages, de la part du Conseil constitutionnel ou pas ?
03:32 - Moi j'espère qu'elle sera rendue sur le fond des arguments,
03:35 sur ce que nous avons défendu, sur l'insincérité, sur le détournement de la procédure,
03:38 sur l'utilisation d'outils qui n'ont pas permis de débattre sereinement.
03:42 C'est ça qu'on attend des membres qui siègent au Conseil constitutionnel
03:45 et on peut, je crois, leur faire confiance pour qu'ils rendent une décision.
03:48 En tout cas, nous on espère que la décision, elle sera rendue,
03:50 non pas avec un arbitrage politique, mais sur le fond du dossier,
03:53 sur les arguments que nous avons pu défendre.
03:55 - Vendredi, le Conseil constitutionnel rendra également son avis sur la demande de référendum,
03:59 d'initiatives partagées, le RIB, vous misez beaucoup sur ce point, Thomas Porte aussi.
04:03 - C'est aussi une nouvelle étape dans le cadre de la bataille contre la réforme des retraites,
04:06 puisque ça ouvre une perspective, il faut récolter, je crois, 4,7 millions de signatures sur 9 mois,
04:12 pour avoir un référendum et mettre un coup d'arrêt à cette loi.
04:15 Vous savez, quand vous avez 9 actifs sur 10 qui ne veulent pas de la réforme des retraites,
04:19 7 français sur 10 encore cette semaine qui disent qu'ils sont reposés,
04:22 c'est tout à fait envisageable d'aller chercher 4,7 millions de signatures.
04:26 Et on a dit depuis le départ qu'on utiliserait tous les moyens à notre disposition
04:29 pour mettre en échec cette réforme des retraites.
04:31 Et le référendum d'initiatives partagées fait partie de l'arsenal
04:35 que nous allons utiliser pour battre le gouvernement et faire retirer ce texte.
04:38 - Ça serait une incompréhension de votre part si le Conseil Constitutionnel venait
04:42 à refuser la mise en place de ce référendum d'initiatives partagées ?
04:46 Ce serait l'erreur de sapin ?
04:48 - En tout cas, ce serait une incompréhension, parce qu'au regard des arguments que j'ai évoqués il y a quelques instants,
04:52 on considère, nous, que cette loi ne peut pas être appliquée
04:54 parce qu'elle ne respecte pas un certain nombre de dispositifs.
04:57 Donc véritablement, oui, il y aurait une certaine circonception à voir que cette loi
05:01 soit validée par le Conseil Constitutionnel.
05:03 Maintenant, il y a une décision qui va être rendue vendredi,
05:06 il y a une mobilisation la veille jeudi, moi j'appelle déjà à participer
05:09 très largement à la manifestation, à l'appel de l'intersyndical.
05:12 Il y aura certainement d'autres dates après le Conseil Constitutionnel
05:15 si la loi n'est pas censurée.
05:16 La mobilisation continue, donc nous attendons sereinement la décision.
05:19 - Elle risque de continuer cette mobilisation, en tout cas vous vous appelez à ce qu'elle continue,
05:22 même si, eh bien, il n'y a pas de censure,
05:25 en l'occurrence, vendredi, mais le pays n'est pas à l'arrêt, le travail reprend,
05:29 il y a de moins en moins de grévistes, tout de même,
05:31 on a l'impression que cette mobilisation contre la réforme des retraites a s'éteint, petit à petit, non ?
05:36 - La mobilisation, elle ne s'éteint pas, elle est lancée depuis le 19 janvier,
05:39 il faut quand même mesurer ce que ça veut dire en termes de périodicité, en termes de mobilisation.
05:42 Il n'y a pas eu une seule journée d'action où on a eu moins de 1 million de personnes dans la rue,
05:46 ce qui est énorme par rapport aux dernières années.
05:48 Effectivement, il y a des grèves qui s'arrêtent, il y en a d'autres qui reprennent,
05:51 mais parce qu'il faut aussi comprendre que faire grève depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, ça coûte très cher,
05:56 il y a des gens qui ont fait le choix d'être en grève reconductive depuis le 7 mars,
05:59 et il continue d'y avoir des actions partout dans le pays,
06:01 c'est pas forcément des actions de blocage, c'est des actions symboliques,
06:04 des opérations de péage gratuit, des occupations de sites,
06:06 l'interpellation de membres du gouvernement qui se déplacent,
06:10 je crois pas que cette mobilisation, elle s'arrête, elle continue,
06:12 en tout cas, il y a une nouvelle date à l'agenda,
06:14 et effectivement, il faudra la continuer si la décision du Conseil constitutionnel ne censure pas cette loi.
06:18 Moi, j'appelle à continuer à mener la bataille de hausse,
06:22 en tout cas, à la suite de l'intersyndicale qui est réuni,
06:24 il y a déjà un 1er mai unitaire qui est annoncé, ce qui n'était pas le cas depuis 2012, de mémoire,
06:29 donc on voit que ça va continuer, que la colère, elle est ancrée,
06:32 vous avez, je crois, publié un sondage il y a quelques jours qui disait que, par exemple,
06:35 7 patrons sur 10 de TPE-PME étaient pour une retraite à 62 ans,
06:40 et qu'un patron sur deux de TPE-PME était contre la réforme des retraites,
06:43 donc on voit que la colère, elle est large dans tous les pans de la société,
06:46 et que les gens sont déterminés à la faire tomber.
06:48 Moi, j'ai vu la dernière mobilisation des gens,
06:50 qui pour la première fois venaient manifester, on était à la 11e journée de mobilisation,
06:53 et pourtant, des gens venaient pour la première fois dans la rue,
06:55 parce qu'il y avait de l'exaspération, parce qu'il y avait aussi de la colère face aux propos de ce gouvernement,
07:00 qui continue à nous expliquer que les gens n'auraient pas bien compris la réforme,
07:03 et qu'il faut faire de la pédagogie, et qu'elle va profiter à l'ensemble de la population,
07:06 tout le monde sait que c'est faux.
07:07 Donc la mobilisation, elle est ancrée, la colère, elle est là,
07:09 et la page n'est pas tournée, contrairement à ce que dit Elisabeth Borne ou Emmanuel Macron,
07:12 la page sera tournée quand ce texte sera retiré.
07:15 Non, en tout cas, ce n'est pas le chemin que prend l'exécutif Elisabeth Borne,
07:18 qui semblait montrer des signes d'apaisement,
07:19 mais Emmanuel Macron lui a fait savoir qu'il avait fixé un cap,
07:22 pas question de reculer sur cette réforme, ça ne vous fait pas perdre espoir,
07:25 d'une certaine manière, justement, cette intransigeance,
07:28 d'une certaine manière, du président de la République sur ce texte.
07:30 – Écoutez, à chaque fois qu'Emmanuel Macron parle, il met des millions de personnes dans la rue,
07:33 c'est peut-être le meilleur mobilisateur pour continuer à défiler dans les rues.
07:37 Souvenez-vous, son dernière interview à la télé,
07:39 le lendemain, on avait 3,5 millions de personnes qui défilaient,
07:42 suite aux propos du président de la République.
07:44 On en a connu d'autres par le passé, qui affirmaient être droit dans leur botte,
07:47 qu'ils ne céderaient jamais, qu'ils ne reculeraient pas,
07:49 forcés de constater que malgré les coups de semences d'Emmanuel Macron,
07:53 sa majorité s'effrite, on a des bruits,
07:56 on entend des gens qui ne sont pas d'accord,
07:58 où on commence à dire que ce n'était peut-être pas une bonne idée,
08:00 cette réforme des retraites, notamment des députés de la majorité.
08:02 Moi, j'ai fait un débat l'autre jour sur une chaîne concurrente,
08:05 où un député de la majorité expliquait que finalement,
08:07 les gens n'étaient pas d'accord avec cette réforme
08:09 et qu'il fallait réfléchir à revoir la situation.
08:11 Donc écoutez, Emmanuel Macron peut bien fixer son cap,
08:14 il y a un autre cap qui est fixé aujourd'hui par le pays,
08:16 qui est celui du retrait de la réforme.
08:17 - Un mot sur Elisabeth Borne aussi, qui dit qu'elle pense encore pouvoir être utile
08:20 dans la crise que le pays traverse.
08:22 Comment vous réagissez à ses propos ?
08:24 Est-ce que vous pensez également qu'elle peut être utile ?
08:26 - Moi, je n'ai pas d'appétence particulière pour Elisabeth Borne,
08:30 et qu'elle soit utile ou pas au pays,
08:32 ce n'est pas une question de personne pour moi,
08:33 c'est une question de politique et d'orientation.
08:36 Et si Elisabeth Borne estime être utile au pays,
08:39 la meilleure chose qu'elle peut faire, c'est mener la bataille
08:42 pour que cette réforme soit retirée.
08:43 Parce que quand vous voulez être utile au pays,
08:44 il faut écouter l'intérêt général, il faut écouter la majorité du peuple,
08:47 et on ne peut pas gouverner contre le peuple français.
08:49 Et je le redis ici, la majorité des gens,
08:51 après des semaines et des mois de grève,
08:53 après des semaines et des mois de mobilisation,
08:55 qui pénalisent, qui peinent au quotidien,
08:57 sur des millions de personnes quand vous n'avez pas de transport,
08:59 quand vous avez une pénurie qui s'est fait sentir en termes d'essence,
09:02 quand vous avez des actions de blocage,
09:04 c'est dur pour le quotidien des gens.
09:05 Et malgré ça, la majorité des gens continue de soutenir les mobilisations.
09:08 Donc si Elisabeth Borne souhaite être utile au pays,
09:11 qu'elle retire sa réforme.
09:12 - Thomas Porte sur CEDRADIO,
09:13 l'actualité aussi, c'est la question des violences policières,
09:15 que vous dénoncez malgré plus de 260 000 signatures,
09:18 la pétition que vous souniez pour la dissolution de la Bravem
09:22 a été classée sans suite à l'Assemblée,
09:23 vous ne la comprenez pas, cette décision ?
09:25 - Non, je ne la comprends pas, et je dis qu'elle est en plus dangereuse,
09:28 parce que ça fait, c'est suite à un certain nombre de décisions antidémocratiques,
09:32 on évoquait le 49.3 à l'Assemblée sur la réforme des retraites,
09:35 donc les gens, ils...
09:36 - Qui est légal, qui peut être utilisé, le 49.3.
09:39 - Bien sûr, mais il y a quand même un fait,
09:41 qui est le fait d'empêcher les gens de voter.
09:42 Donc ça, on empêche les gens de voter sur la réforme des retraites.
09:44 Ils sont mobilisés depuis des mois sur la réforme des retraites,
09:47 on leur dit "vous faites grève, ça ne sert à rien, on ne vous écoute pas".
09:49 Là, il y a une pétition, il faut quand même mesurer le ridicule,
09:52 il y a une pétition qui a été signée par 260 000 citoyens,
09:55 ce qui est énorme, ce n'est jamais fait sur le site de l'Assemblée,
09:57 en 10 jours, 260 000 personnes,
09:59 sur la question de la dissolution de la Bravem.
10:01 Et cette pétition, elle permettait simplement d'ouvrir un débat
10:04 dans l'hémicycle, si elle atteignait 500 000 signatures,
10:06 pour parler de la Bravem et du maintien de l'ordre.
10:08 Elle ne disait pas qu'à 500 000 signatures, on allait dissoudre la Bravem,
10:11 elle demandait simplement un débat.
10:12 Et même ça, la majorité le refuse,
10:14 puisque c'est Sacha Houllier, le président de la Commission des lois,
10:17 qui était un des chefs de file macronistes,
10:20 qui a fermé la pétition.
10:22 Qu'est-ce qu'on donne comme signal aux gens ?
10:23 Tous les outils à disposition des citoyens,
10:25 pour leur permettre de s'exprimer.
10:26 Pour ouvrir des débats, on ferme à chaque fois les portes.
10:29 C'est absolument dangereux, et je crois que ce n'est pas sérieux.
10:31 - Donc, comme disait Laurent Berger, finalement, de la CNET,
10:33 vous dites qu'il y a un problème de démocratie dans ce pays ?
10:35 - Bien sûr qu'il y a un problème de démocratie,
10:36 quand vous avez un empilement de dispositifs
10:38 qui ne permettent pas aux gens de s'exprimer.
10:40 Et dès qu'ils ouvrent des solutions pour s'exprimer,
10:42 vous leur dites "circulez, il n'y a rien à voir",
10:44 c'est quand même curieux.
10:45 Enfin, je veux dire, fermer une pétition,
10:47 quel signal on envoie aux citoyens ?
10:49 Et ce n'est pas un sujet mineur, celui des violences policières.
10:52 Ce n'est pas un sujet qui concerne simplement
10:54 4 ou 5 députés de la France Insoumise.
10:56 Quand vous avez 260 000 citoyens
10:58 qui se saisissent d'un sujet pour dissoudre une brigade
11:00 qui mène des actions violentes,
11:02 qui a tenu des propos racistes,
11:03 enfin, c'est quand même des policiers,
11:04 on a entendu les enregistrements, vous les avez sûrement entendus,
11:06 où on dit "on a cassé des gueules et des coudes,
11:08 on peut recommencer",
11:09 "tu es venu comment en France ? Tu t'es accroché à une aile d'avion".
11:11 On a vu une vidéo où un policier de la BRAV
11:13 roule sur un manifestant,
11:14 et moi j'ai pu les observer à manifestation,
11:16 ces gens-là sont là pour semer la terreur.
11:18 - Vous avez eu des propos, vous-même très durs,
11:19 à l'égard du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
11:21 ministre de la Guerre,
11:22 qui met en place une stratégie de chaos,
11:24 là-dessus vous maintenez vos propos ?
11:25 - Bien sûr, Gérald Darmanin n'est pas un ministre de l'Intérieur,
11:27 c'est un ministre de la Matraque,
11:28 un ministre qui est en guerre,
11:29 contre le peuple français, contre la mobilisation.
11:32 Cette unité-là, elle ne vient pas de nulle part.
11:34 Elle a été recréée en 2019 par le préfet Lallemand,
11:36 déjà pour réprimer les mobilisations des Gilets jaunes,
11:39 et leur prédécesseur,
11:41 dissous en 1986,
11:43 les voltigeurs qui avaient assassiné Malik Ousekine.
11:45 Ce n'est pas une unité de maintien de l'ordre,
11:47 c'est une unité qui est faite pour aller au contact,
11:49 qui est faite pour aller se mettre à terreur.
11:51 - Malik Ousekine n'a pas été tué par des policiers qui étaient sur la moto,
11:56 c'était des gens qui étaient descendus,
11:57 qui sont allés dans un hall d'immeubles.
11:59 Cette unité-là, elle sème la terreur,
12:01 elle est dangereuse,
12:02 et nous demandons sa dissolution,
12:03 avant que nos drames ne se produisent
12:04 dans les marges des manifestations.
12:06 - Gérald Darmanin, qui vous avait invité, par ailleurs,
12:08 à passer une journée avec la Bravem,
12:09 pour vous rendre compte du terrain.
12:11 - C'est ce que nous avons fait avec Hugo Bernal ici,
12:13 et Antoine Léaumain, avec notre propre moyen,
12:15 parce qu'il n'était pas question de participer
12:17 à l'opération de communication du ministre de l'Intérieur.
12:19 Jeudi, nous avons, avec trois députés de la France Insoumise,
12:22 observé le maintien de l'ordre,
12:24 observé les policiers de la Bravem,
12:27 et d'ailleurs j'en profite pour...
12:28 - Avec une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux,
12:30 certains disent que vous l'avez joué un peu provoque avec les policiers.
12:33 - On a simplement demandé,
12:34 d'ailleurs ce n'est pas un des députés qui a demandé ça,
12:37 c'est un journaliste, David Dufresne,
12:39 qui traite des opérations du maintien de l'ordre
12:41 de la gendarmerie, de la police,
12:43 d'un expert qui a demandé où était le RIO,
12:45 c'est-à-dire le numéro d'identification des policiers.
12:47 Je rappelle que c'est obligatoire d'avoir son numéro d'identification,
12:50 c'est pour les policiers de la Bravem,
12:51 quasiment un sur deux ne l'avaient pas,
12:53 et quasiment les trois quarts étaient cagoulés,
12:55 ce que le schéma du maintien de l'ordre interdit aussi,
12:57 les policiers doivent avoir le visage découvert,
12:59 donc on ne peut pas avoir deux poids deux mesures,
13:01 et avoir des gens qui ne respectent pas la loi,
13:03 et qui commettent des exactions,
13:04 et qui sont couverts par la milice de l'Intérieur.
13:06 Quand Gérald Darmanin parle de fatigue,
13:08 quand on roule sur un manifestant, ce n'est pas de la fatigue.
13:11 - L'actualité également, c'est ce courrier adressé à tous les députés
13:14 par la présidente de l'Assemblée, Yael Broun-Pivé,
13:16 qui déplore le triste record de sanctions à l'égard des élus.
13:18 Elle s'inquiète de la dégradation de la qualité des échanges au sein de l'hémicycle.
13:22 Vous souriez, ou même Thomas Porte,
13:24 vous avez été exclu qu'un jour de l'Assemblée
13:26 pour avoir posé dans la rue avec le pied sur le ballon,
13:28 un ballon à l'effigie du ministre du Travail.
13:30 Comment vous réagissez à ce courrier, et que dites-vous Yael Broun-Pivé ?
13:33 - Que ça suffit.
13:34 Écoutez, adresser un courrier à l'ensemble des députés de la France Insoumise,
13:39 et mettre à l'intérieur du courrier qu'on s'inquiète de la nature des débats
13:42 qui sont au sein de l'hémicycle,
13:44 alors même qu'elle fait partie d'une majorité
13:46 qui a utilisé 11 fois le 49.3, donc qui restreint les débats.
13:49 Et puis l'Assemblée nationale, ce n'est pas une classe d'école,
13:52 ce n'est pas un conseil d'administration.
13:54 On n'est pas là pour soutenir le doigt sur la couture du pantalon,
13:57 et être sage, on est là pour porter la colère du peuple,
13:59 pour défendre nos idées, pour s'opposer à Emmanuel Macron.
14:01 - Mais dans un certain cadre ?
14:02 - Bien sûr, mais écoutez, est-ce que vous considérez que chanter la marseillaise
14:05 dans l'hémicycle, c'est anti-républicain,
14:08 c'est mettre le désordre à l'intérieur de l'hémicycle ?
14:11 Je remarque d'ailleurs au lendemain de ce que nous avons fait,
14:14 l'ensemble de la presse européenne et internationale
14:16 a traité ça sous l'angle de la résistance au 49.3,
14:19 parce qu'il faut mettre ça dans le contexte.
14:21 Nous l'avons fait au moment où Elisabeth Borne
14:23 est venue déclencher le 100e 49.3 de la Ve République,
14:26 le 11e depuis le début de son mandat,
14:28 pour empêcher la représentation nationale
14:30 de voter sur la réforme des retraites.
14:32 Donc nous, nous sommes fiers, et moi je suis fier de l'avoir fait,
14:35 et si Yael Brown-Pivet considère et pense
14:38 qu'elle va nous faire taire ou nous faire peur avec des courriers,
14:40 des menaces et des sanctions, elle se trompe,
14:42 et elle ferait mieux de se comporter
14:44 comme présidente de l'Assemblée nationale,
14:46 et pas comme une chef de bande macroniste
14:47 qui défend les intérêts du président.
14:48 - La NUPES est-elle menacée ?
14:50 Thomas Portes, Fabien Roussel, qui doit être reconduit
14:52 à la tête du PCF, estime qu'elle est dépassée.
14:55 En l'occurrence, il appelle à parler à toute la gauche,
14:58 il a été pris à partie par pas mal d'insoumis.
15:01 Mêlez-vous de vos affaires, c'est ce qu'il a dit,
15:03 qu'est-ce que vous lui répondez ?
15:05 - Écoutez, je crois que la NUPES, elle n'est pas dépassée,
15:07 tout le monde a plaidé pour un acte 2 de la NUPES,
15:09 c'est-à-dire voir comment on continue à la faire évoluer.
15:13 On parlait tout à l'heure du Conseil constitutionnel,
15:14 je remarque que les quatre groupes parlementaires de la NUPES
15:17 ont défendu ensemble la censure au Conseil constitutionnel
15:21 avec les mêmes arguments.
15:22 Il y a un travail à continuer à faire,
15:24 simplement on ne peut pas discuter avec des gens
15:26 comme Bernard Cazeneuve, qui ont tout de contraire à la NUPES.
15:31 Je rappelle quand même que Bernard Cazeneuve, ministre,
15:33 c'est celui sous lequel Rémi Fraisse est décédé à 60,
15:36 ce qui a tenu des propos extrêmement graves,
15:38 notamment sur les organisations syndicales.
15:40 Donc moi je veux bien entendre...
15:42 - Donc le PCF en tout cas a toujours sa place au sein de la NUPES,
15:45 et Fabien Roussel aussi ?
15:47 - Bien sûr, le Parti communiste français et Fabien Roussel
15:49 ont toujours leur place au sein de la NUPES,
15:51 et nous n'avons jamais dit le contraire,
15:53 nous discutons avec les communistes, avec les socialistes,
15:55 avec les écologistes, et c'est aussi ça qui a permis
15:58 de donner un nouvel espoir à la gauche dans ce pays,
16:01 sur un programme construit ensemble, un programme radical.
16:05 Si nous avons aujourd'hui autant de députés,
16:07 c'est parce que nous sommes partis ensemble aux élections législatives,
16:09 et d'ailleurs nous avons interpellé les communistes,
16:11 les socialistes et les écologistes,
16:12 pour commencer à discuter d'une liste commune aux européennes.
16:14 - Très rapidement, Adrien Quatennens,
16:16 qui doit faire son retour au sein de la France insoumise jeudi,
16:19 vous devez voter, je crois, c'est demain, c'est ça,
16:22 sur son retour ou non dans le groupe,
16:24 si vous êtes favorable ?
16:25 - Demain, il y aura une discussion collective
16:27 qui sera prise au sein du groupe parlementaire de la France insoumise,
16:29 et il y aura une expression collective,
16:31 moi j'ai mon avis là-dessus, mais je ne parlerai pas
16:33 avant que la décision du groupe soit prise,
16:35 c'est une question de respect.
16:36 - C'est dommage, vous pouvez, pour le coup,
16:38 ça peut être une opinion,
16:39 - Non, parce qu'il y aura une expression collective du groupe
16:42 qui sera faite demain à l'issue d'une discussion.
16:44 - Bon, en tout cas, on suivra ça.
16:46 Merci beaucoup Thomas Porte, député LFID de Seine-Saint-Denis,
16:48 bonne journée à vous.
16:49 - Merci.
16:50 - Merci, 8h34 sur Sud Radio,
16:51 on revient dans un instant avec la rue de presse
16:54 et puis les débats bien sûr avec Arlette Chabot et Éric Revelle.
16:56 A tout de suite sur Sud Radio.
16:58 7h-9h, le Grand Matin Sud Radio.

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