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Aujourd'hui, Juliette Arnaud nous parle du livre de Charles Ferdinand Ramuz, La grande peur dans la montagne.

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Amusant
Transcription
00:00 En ce moment, 17h27, à la radio, ça va être Juliette Arnault.
00:04 Je peux faire toute une heure comme ça.
00:06 - Toute une vie !
00:07 - Non, attendez, je vais faire un lancement France Inter.
00:10 Je suis assimilée.
00:11 Je vais faire un lancement France Inter.
00:13 Juliette Arnault, il est 17h28, vous êtes à l'écoute de cette encore classe sur le service public.
00:20 Et vous allez faire œuvre de service public en vous tournant, je dirais, vers les classiques.
00:25 En piochant dans votre bibliothèque extrêmement bien fournie, une œuvre.
00:29 Quelle est cette œuvre ? C'est celle de Charles Fédinand Ramus.
00:33 Qui s'écrit pourtant avec un Z, mais le Z est un dolor à l'oreille.
00:37 - Un Z, on lui est !
00:40 - Et le titre de ce grand ouvrage, bien sûr, c'est...
00:46 Je suis mal écrite, je n'arrive plus à me relire.
00:48 La grande peur dans la montagne.
00:50 Alors, catégorie de cette grande peur dans la montagne.
00:53 Alors, en plus de fascinant, sinon je ne m'implorerais pas à vous causer de ce roman,
00:56 la catégorie qui ne manque pas dans son titre.
01:00 Peur, oui. Grande peur, oui tout à fait également.
01:03 Les livres fabriquent de la peur parfois.
01:06 De grande peur qui s'éteignent d'ailleurs difficilement.
01:09 Moi, depuis le Horla, j'ai toujours la trouille de devenir Zinzin.
01:13 Depuis Dracula, si on me propose un petit week-end dans les Carpathes,
01:16 je réponds poliment que merci mais non.
01:18 Mais merci mais non.
01:20 Et ma plus grande... Vraiment non.
01:22 Et ma plus grande terreur de femmes hétérosexuelles,
01:25 c'est de m'imaginer Maria Charles Bovary.
01:27 Merci, Floflo.
01:29 Quant à la montagne, il suffit d'avoir pratiqué la randonnée dans les Alpes, par exemple,
01:32 pour savoir que l'expression "le temps change vite en montagne",
01:36 ce n'est pas de la petite bière.
01:37 Un petit orage, mais totalement imprévu, au milieu de la descente d'un pierrier.
01:40 Et tu te jures que tes prochaines vacances se passeront en dessous de 1000 mètres.
01:44 Ce que je ne savais pas avant ce livre,
01:46 c'est que ce n'est pas juste nous autres citadins qui craignons la montagne,
01:51 c'est les contadins aussi.
01:53 Contadins, un petit mot que je vous file, Alex, en plus de lacustre,
01:57 c'est l'inverse de citadins.
01:59 C'est-à-dire les...
02:01 Les prolos, les contadins ?
02:03 Non, ceux qui...
02:04 Les beaux-œufs, non ?
02:05 Non, les paysans, ceux qui vivent en milieu rural.
02:09 Je sais qu'elle préfère ce "con".
02:11 C'était bien utile de l'ajouter, ça.
02:13 Allez, on poursuit.
02:14 Donc, les contadins, dans ce roman,
02:16 ceux qui vivent au pied de la haute montagne
02:18 et qu'on entend dire à un moment dans le roman en propos de la haute montagne,
02:21 elles, elles méchantes quand elles s'en mêlent.
02:24 Il y a des places qu'elles se réservent,
02:26 il y a des places où elles ne permettent pas qu'on vienne.
02:29 Et le roman s'ouvre justement dans un conseil de village
02:31 pendant lequel son président propose de recruter un groupe d'hommes
02:34 pour conduire 70 vaches à un pâturage en haute montagne,
02:38 dans le mont Sassner, pour y rester tout l'été.
02:41 Sauf que depuis 20 ans, on n'y va plus dans ce pâturage.
02:44 Parce qu'il y a 20 ans, 6 hommes y étaient venus pour faire la même chose
02:48 et 3 seulement en étaient revenus.
02:50 Des accidents idiots,
02:52 un des survivants qui avait entendu marcher la nuit sur le toit du chalet,
02:55 et puis la fuite éperdue des survivants et la promesse de ne jamais y retourner.
03:00 Mais voilà, c'était il y a 20 ans.
03:01 Et les jeunes du conseil du village poussent eux pour y retourner.
03:04 Quand les anciens, eux, renaclent.
03:06 Les jeunes contre les vieux, ah là là, mais c'est bon, on la connaît cette histoire.
03:09 Sauf qu'ici, les jeunes ne veulent pas défier le vieil ordre par ambition
03:13 ou pour gagner beaucoup d'argent ou parce que l'herbe, elle est plus verte ailleurs.
03:16 C'est juste que le village, il a besoin d'herbes tout court pour les bêtes,
03:19 pour le lait.
03:20 Ce pâturage, c'est faire respirer un petit peu le village qui est pauvre.
03:24 Aller au sasner, en fait, c'est une nécessité.
03:26 Et le conseil du village entend et donne son accord.
03:29 Forcément, en tant que lectrice ou de lecteur, on a envie de la voir, cette hausse montagne.
03:32 Parce qu'on pense à Heidi et à son douillet petit lit dans le Fenil, vous vous rappelez.
03:36 On pense à Féra, pourtant que la montagne est belle.
03:39 Mais là, on est chez Ramuf.
03:41 Et ces perceptions de la montagne, elles, elles sont variables.
03:44 Elles virent.
03:45 Il y a celle des esprits malfaisants, celle de la nature généreuse
03:47 qu'on peut exploiter tant d'années et puis lui rendre la paix.
03:50 Et quand la bande recrutée commence à monter là-haut,
03:53 voilà comment Ramuf raconte cette alternance.
03:57 Je le cite.
03:58 "Et eux, donc les hommes, ils furent de plus en plus petits, là-haut,
04:01 sous les parois de plus en plus hautes, qui furent grises aussi,
04:04 d'un gris sombre puis d'un gris clair.
04:06 Et puis tout à coup, elles sont devenues roses, faussement roses.
04:09 Parce que ce n'est pas une couleur qui dure, c'est une couleur comme celle des fleurs,
04:12 une couleur trompeuse qui passe vite, car il n'y a plus de fleurs ici non plus,
04:15 il n'y a aucune espèce de vie.
04:17 Et le mauvais pays était venu, qui est vilain à voir, et qui fait peur à voir.
04:21 Et moi je rajoute qui fait peur à lire."
04:23 Alors, elle est de quelle sorte cette bande ?
04:25 Est-ce qu'on est plus proche des 7 mercenaires ou de Blair Witch Project ?
04:28 La semaine prochaine.
04:30 Merci, bisous.
04:31 - Je m'en doutais.
04:32 Thomas Croisière à sortir venir.
04:33 - Toujours pareil.
04:34 - Merci Juliette Arnault.
04:37 On rappelle donc les références déjà.
04:41 - Il s'appelle Charles Ferdinand Ramuf.
04:43 "La grande peur dans la montagne", c'est au Livre de Poche.
04:46 - Très bien. Et la suite donc mercredi prochain les amis.

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