Regardez Lenglet-Co du 03 avril 2023 avec François Lenglet.
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00:02 RTL Matin.
00:06 L'Anglais con avec vous François Langlais. Bonjour à tous. François, il y a un mystère qu'il faut éclaircir.
00:10 Comment la dette publique française peut-elle baisser ? C'est ce qu'on a appris en fin de semaine dernière de l'INSEE,
00:16 alors que le gouvernement n'a pas encore réduit les dépenses. Écoutez Yves, le mystère porte un nom qu'on connaît tous très bien,
00:21 l'inflation. Il faut d'abord se souvenir que la valeur de la dette est toujours exprimée en
00:26 pourcentage du PIB, c'est-à-dire par rapport à la valeur des richesses créées par l'économie en une année.
00:32 Et c'est logique, c'est exactement comme quand on évalue les remboursements d'un crédit immobilier
00:37 par rapport aux revenus d'un individu.
00:39 L'individu en l'occurrence c'est l'économie française et ses revenus, son PIB, ils ont fortement progressé en 2022 grâce à la croissance,
00:47 mais aussi et surtout grâce à une hausse des prix de 6 à 7 %
00:52 parce que le PIB est exprimé aux prix courants qui ont été
00:56 soufflés par l'inflation. - Et alors qu'est-ce que ça change tout ça ? - D'un côté on a une dette qui ne change pas de valeur,
01:01 encore une fois c'est comme un crédit immobilier à taux fixe,
01:03 mais de l'autre on a le PIB qui lui augmente de 6 % au moins à cause de l'inflation.
01:08 Donc il faut moins de points de pourcentage de PIB pour mesurer la dette,
01:12 donc la dette en pourcentage du PIB baisse, elle est passée de 112,9 %
01:18 à 111,6 en un an, c'est une règle de trois classique. - Oui mais dites-moi c'est purement un effet de petit alors ? - Pas seulement parce que
01:25 les capacités de remboursement de l'État ont vraiment augmenté grâce à l'inflation.
01:29 En fait c'est exactement comme quand on achetait un logement dans les années 60, nos parents, nos grands-parents,
01:34 la valeur du logement et les remboursements mensuels du crédit, ils étaient fixes, on est d'accord,
01:39 mais comme les salaires augmentaient de 15 % par an à cause de l'inflation de l'époque, au bout de quelques années
01:46 les remboursements ne représentaient quasiment plus rien dans le budget mensuel du ménage.
01:50 Eh bien l'État profite en ce moment du même mécanisme.
01:54 - D'où je conclue que la France n'est pas la seule à profiter de cela. - Vous avez tout à fait raison, tous les États en profitent
01:59 et la France est même un des pays qui en profite le moins parce qu'elle n'a fait aucun effort budgétaire en parallèle.
02:05 L'Italie a vu sa dette baisser de 7 points de PIB l'année dernière, ça n'est jamais arrivé depuis des décennies.
02:11 Le Portugal de 9 %, la Grèce 24 %.
02:15 Aux États-Unis, la valeur de la dette a chuté de 20 points par rapport à son plus haut de la pandémie.
02:21 L'inflation, c'est un peu l'ardoise magique. - Mais dites-moi, il y a quelqu'un qui paye dans tout ça ?
02:26 - Ah ben c'est la question clé bien sûr. En apparence, personne ne paye. En réalité, ceux qui payent,
02:31 ce sont tous ceux qui ont prêté aux États, c'est-à-dire ceux qui ont acheté les emprunts émis par le Trésor français.
02:37 Parce qu'ils sont remboursés dans une monnaie qui a perdu 6 % de sa valeur, encore la hausse des prix.
02:41 L'inflation opère un gigantesque transfert de richesse du prêteur au profit de celui qui s'en dette.
02:48 - Mais dites-nous François, ça peut durer longtemps tout ça ?
02:50 - En général, le prêteur rend coup pour coup. Comme il a perdu de l'argent, il impose alors des taux d'intérêt plus élevés.
02:56 C'est exactement ce qui se passe en ce moment.
02:58 Du coup, la charge de la dette française est passée d'un peu plus de 30 milliards par an à une bonne cinquantaine de milliards.
03:04 C'est la vengeance du prêteur.
03:06 - Merci beaucoup François Langlais, toutes vos chroniques et les hors-série de Langlais Co sont à retrouver quand on le veut.
03:11 [SILENCE]