La part de l’immigration augmente partout en France

  • l’année dernière

Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
Retrouvez "Europe 1 Midi" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Europe 1 midi, Romain Desarbres.
00:03 - Il est 12h50, merci d'être avec nous. Bonjour Didier Leschi.
00:07 - Bonjour.
00:08 - Directeur de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
00:11 Désormais, un tiers de la population française a un lien avec l'immigration.
00:15 C'est le constat dressé par une étude démographique sur plusieurs générations
00:19 qui offre une photographie inédite depuis une décennie en France.
00:24 Les immigrés représentent désormais plus de 10% de la population.
00:27 Les immigrés, voilà la définition au sens de l'INSEE,
00:31 personne née étrangère à l'étranger.
00:35 Et il y avait en 2021 7 millions d'immigrés en France.
00:42 Le nombre d'immigrés augmente d'année en année.
00:44 - Oui c'est ça, 7 millions d'immigrés dont 2,5 millions qui ont déjà acquis la nationalité française.
00:49 Et effectivement sur trois générations,
00:52 la population française a un lien avec l'immigration.
00:56 Après il faut nuancer ou être plus précis.
01:01 C'est-à-dire que la particularité, c'est ce que souligne l'étude de l'INSEE,
01:06 c'est sur le temps le changement des origines des immigrés.
01:10 On passe d'une immigration qui était pendant très longtemps d'abord de proximité,
01:16 les Italiens, les Portugais, les Espagnols, enfin disons globalement européennes.
01:21 Et puis au fil du temps, l'immigration du sud du monde a considérablement augmenté.
01:27 Et aujourd'hui l'immigration européenne ne représente qu'un tiers de l'immigration.
01:31 - Oui voilà, sur l'origine il y a de plus en plus d'immigrés en provenance d'Afrique
01:35 et moins d'immigrés en provenance d'Europe.
01:37 Comment ça s'explique d'ailleurs ?
01:39 - Ça s'explique parce qu'une part de l'immigration est la projection de décalage économique ou de guerre.
01:48 Et à ce moment-là on a une forte poussée, encore que dans les chiffres qui sont donnés,
01:53 ce sont les personnes hors la demande d'asile, puisqu'il faudrait rajouter,
01:58 et il y a un spectre spécifique qui est fait dans l'étude de l'INSEE, sur les demandeurs d'asile.
02:02 Mais notre immigration elle vient d'abord du Maghreb, de l'Afrique subsaharienne,
02:06 et puis après on peut avoir d'autres nationalités qui viennent de plus loin.
02:10 On voit bien des Daji, des Turcs, des Bangladais, une immigration chinoise
02:17 dont on sait qu'elle augmente aussi.
02:18 - Est-ce que la France a préparé cette nouvelle donne ou est-ce que c'est un état de fête ?
02:23 - D'abord c'est une évolution qui est progressive, c'est pas d'un coup.
02:28 Il faut comprendre que tout ça est lissé dans le temps,
02:31 et quand on parle de la France qui a un tiers de sa population
02:35 qui a un lien avec l'immigration sur trois générations,
02:38 c'est vraiment une spécificité française en Europe.
02:42 C'est pas le cas par exemple en Allemagne.
02:44 C'est parce que nous on a une immigration de très longue durée,
02:47 une infusion de très longue durée.
02:49 Après l'autre particularité qui nous différencie et qui peut poser des problèmes,
02:54 c'est qu'une partie de notre immigration est peu qualifiée.
02:57 Un tiers des personnes n'a pas de diplôme du supérieur,
03:01 ou pas de diplôme même du tout,
03:03 et c'est ce qui peut poser des problèmes d'intégration
03:06 au moment où nous on a connu une forte désindustrialisation.
03:09 - Pascal nous appelle de Lyon. Bonjour Pascal.
03:12 - Oui bonjour.
03:14 - Vous êtes fonctionnaire et vous dites,
03:16 vous vouliez intervenir dans Europe 1 Midi,
03:19 et vous avez bien raison, vous dites il faut une immigration choisie avec des quotas, c'est ça ?
03:24 - Tout à fait. On donne des leçons au monde entier,
03:27 mais les grands pays des grandes démocraties ou des pays de l'OCDE,
03:30 eux le font et ça gêne personne.
03:33 Et le pire c'est que les personnes qui sont candidats à l'immigration vont dans ces pays là.
03:38 Donc pourquoi on n'est pas capable d'appliquer le même système ?
03:40 La Suisse le fait très bien, le Canada le fait très bien,
03:43 ce sont des pays comme vous êtes en Afrique ou comme vous êtes en Asie,
03:46 ils veulent immigrer au Canada, et pourtant ils savent qu'il y a une immigration choisie.
03:50 Ils veulent immigrer en Suisse, il y a une immigration choisie et contrôlée.
03:53 Les personnes comme quand vous voyagez, j'ai la chance par mon travail de voyager à l'étranger,
03:56 vous allez même en Amérique latine,
03:59 alors bon c'est peut-être un peu différent, on va peut-être pas prendre l'Amérique latine,
04:01 vous allez en Afrique ou en Asie, on vous dit la France,
04:04 oui mais on préfère tel ou tel pays,
04:06 et pourtant dans ces pays là, il y a une immigration choisie.
04:08 Donc pourquoi nous on n'est pas capable de faire ça ?
04:10 C'est la question qu'on se pose.
04:12 Il n'y a aucun souci, ce n'est pas une entrave au droit de l'homme
04:14 de choisir son immigration.
04:16 - Non, il y a des pays tout à fait démocratiques qui ont des quotas,
04:18 je souris parce que ça n'a rien à voir bien sûr.
04:21 Merci beaucoup Pascal.
04:22 Tiens, cette question je vous la pose Didier Leschi,
04:24 pourquoi est-ce qu'on ne mettrait pas des quotas,
04:26 et est-ce que c'est possible ?
04:28 Est-ce que c'est souhaitable selon vous ?
04:30 - Alors d'abord, il faut rappeler ce qu'est l'immigration légale aujourd'hui en France.
04:36 L'année dernière, ce sont 320 000 titres de séjour qui ont été donnés,
04:39 nouveaux titres de séjour.
04:40 Il y avait 108 000 étudiants, les étudiants nous les choisissons.
04:43 Il y avait un peu plus de 50 000 travailleurs,
04:46 ce sont des personnes qui viennent avec un contrat de travail.
04:49 Et puis il y a ce autre flux qui est important depuis des années,
04:54 c'est l'immigration familiale,
04:56 et dans l'immigration familiale il y a d'abord les conjointes françaises,
04:59 puis après les proches de résidents.
05:01 La question des quotas, elle est complexe,
05:04 parce que des quotas de quoi et de qui ?
05:07 Il faut rajouter que les pays qui ont des quotas,
05:10 comme par exemple l'Australie ou le Canada,
05:12 ils ont des frontières qui sont d'une certaine manière un peu plus strictes que nous,
05:18 et donc ils ont des systèmes de points, ils peuvent choisir.
05:21 Pourquoi pas un système de points,
05:23 mais ça n'empêchera pas le fait qu'il y a un droit à la vie familiale,
05:27 et qu'il y a donc une immigration.
05:29 Je pense qu'il faut plutôt avoir une politique qui vise à être beaucoup plus exigeant.
05:34 Le projet de loi du gouvernement par exemple,
05:37 prévoyait une exigence beaucoup plus forte en matière de langue,
05:41 parce que c'est à travers la langue qu'on apprend une culture,
05:43 et donc on peut mieux s'intégrer.
05:45 Enfin, les personnes, elles choisissent en fonction de ce qu'elles sont,
05:50 et en fonction de l'image qu'elles ont des pays d'arrivée.
05:54 Et c'est pour ça que, je ne sais pas qu'on n'a pas accueilli les Syriens,
05:57 mais les Syriens voulaient aller en Allemagne,
05:59 au moment où l'Allemagne apparaissait comme plus dynamique sur le plan économique que nous.
06:03 Merci beaucoup Didier Leschi, merci d'avoir été en direct avec nous sur Europe 1.

Recommandations