La domination de la Jumbo-Visma sur les Classiques, la polémique Van Aert - Laporte, le Tour des Flandres, le problème Soudal-Quick Step, le duel Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) - Primoz Roglic (Jumbo-Visma), le cas Julian Alaphilippe (Soudal-Quick Step)... Notre chroniqueur Cyrille Guimard - ancien directeur sportif et ancien sélectionneur de l'équipe de France, désormais consultant sur RMC Sport et La Chaine L'Equipe - n'a éludé aucun sujet pour sa chronique sur Cyclism'Actu. Comme toujours, on aime ou on n'aime pas... mais ça se regarde et ça se lit ! Bref, 25 minutes de discussion avec Le Druide, et c'est à retrouver ci-dessous...
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00:00 Je ne comprends pas très bien, ou si je la comprends c'est peut-être moins gentil,
00:13 mais la position de coureurs comme Eddy Merckx ou Tom Brunon, c'est vrai qu'à leur époque
00:25 même les équipiers n'avaient pas le droit de gagner un critérium.
00:27 Il était vraiment incroyable aujourd'hui, c'est vraiment un grand champion et je suis
00:33 très fier d'accomplir des choses comme ça avec lui.
00:35 Ça démontre d'ailleurs la valeur d'un coureur comme Christophe Laporte sur le plan
00:39 sportif, parce qu'on ne gagne pas par hasard.
00:43 On a quand même aujourd'hui un coureur qui est en position de gagner des grandes classiques
00:48 plandriennes, on va quand même goûter à notre bonheur.
00:53 Bonjour Cyril Guimard, on va commencer par faire un petit débrief des courses des classiques
01:02 flandriennes.
01:03 Il y a plusieurs enseignements à constater, l'équipe d'Humbo pour l'instant est sur
01:15 ses classiques flandriennes et d'un petit cran au-dessus, encore un gros cran au-dessus
01:21 d'ailleurs, que l'équipe Free Step elle est plutôt un petit peu en retrait.
01:31 Voilà, je crois que c'est les deux grosses informations.
01:34 On a pu constater aussi que Pogachar était toujours bien présent à l'actualité, avec
01:41 toujours autant d'efficacité, et puis on a aussi la confirmation d'un match permanent
01:50 entre Van Aert et Van Der Poel.
01:57 J'ai presque envie de dire entre ces deux hommes-là, ça va être balle au centre pour
02:02 le rond de dimanche, ce qui est quand même très intéressant.
02:07 Ils ont l'habitude de se rencontrer tous les deux, surtout que l'hiver ils vont en
02:11 la campagne ensemble, donc ils ont l'habitude de faire des matchs.
02:15 D'ailleurs cet hiver, les matchs ont été quand même très très intenses.
02:21 Ce qu'on peut remarquer aussi, c'est que Pierre-Christophe Laporte confirme sa très
02:32 brillante saison l'an dernier.
02:34 C'est lui qui a quand même sauvé les Français sur le Tour de France en remportant une très
02:39 belle étape.
02:40 Et là, sur Gandwelle-Welghem, le numéro qu'ils font à deux avec Van Aert, partant
02:51 dans la deuxième ascension du Quai Mel, ça a été aussi un grand numéro sur le plan
02:56 sportif, mais aussi, on peut le dire, un grand numéro sur le plan humain.
03:03 Justement, on va revenir sur ce final de Gandwelle-Welghem qui a fait beaucoup parler,
03:09 notamment chez nos amis belges, où pas mal ont reproché à Van Aert d'avoir offert
03:14 cette victoire à Laporte.
03:15 On a notamment Bounen et Merckx qui ont déploré ça.
03:20 Et à l'inverse, on a des coureurs comme Fabien Cancellara qui ont salué ce geste
03:25 de Van Aert.
03:26 Vous, quel est votre avis là-dessus ?
03:28 Mon avis, c'est qu'on rentre dans l'intimité d'une équipe, on rentre dans l'intimité
03:35 de deux hommes qui se retrouvent un peu plus d'une heure ensemble.
03:40 Personnellement, je ne comprends pas très bien, ou si je la comprends, c'est peut-être
03:47 moins gentil, la position de coureurs comme Eddy Merckx ou Tom Bounen.
03:54 Mais c'est vrai qu'à leur époque, même les équipiers n'avaient pas le droit de gagner
04:00 un critérium.
04:01 Effectivement, on a changé un petit peu de mentalité, même si c'est déjà arrivé
04:09 ce genre de geste par le passé.
04:10 Il y en a eu quelques-uns quand même.
04:13 Mais je ne comprends pas très bien cette position qui, pour moi, sur le plan humain,
04:21 était extraordinaire.
04:23 En ce que manquer d'humanisme, ce n'est pas obligatoirement une qualité.
04:31 Surtout quand on a déjà un palmarès.
04:35 Disons qu'on arriverait pour la première fois, pour une première victoire de Van Aert
04:40 sur Ganderbeghem avec un équipier qui a un petit cran en dessous.
04:44 Allez, ça se justifie.
04:47 Mais pas là.
04:48 Il vient de gagner le Grand Prix E3.
04:51 Et puis avec Christophe, ils ont déjà fait quelques numéros, comme celui de dimanche.
05:02 Et puis la première fois que c'était arrivé, c'était sur Paris-Nice.
05:05 Mais là, ils n'étaient pas deux, ils étaient trois.
05:07 Ça démontre d'ailleurs la valeur d'un coureur comme Christophe Laporte sur le plan
05:11 sportif.
05:12 Parce qu'on ne gagne pas par hasard.
05:15 Pour gagner, il fallait déjà qu'il soit avec Van Aert.
05:20 Et sur Paris-Nice, ce n'est pas par hasard non plus.
05:24 Lui, c'est quand même un coureur qui, au sein de l'équipe Jumbo, apporte énormément
05:31 à ses leaders, que ce soit Mingegaard, Van Aert ou Ogliche dans d'autres circonstances.
05:39 Je dis bravo à Van Aert et bravo surtout à Christophe qui a fait une belle course,
05:48 même s'il était un petit peu court dans le quai Mel.
05:52 Et même s'il a fallu un moment pour qu'il refasse un petit peu le niveau, on a quand
05:58 même aujourd'hui un coureur qui est en position de gagner des grandes classiques plandriennes.
06:03 On va quand même goûter notre bonheur.
06:06 C'est clair, c'est clair.
06:09 On a déjà un peu évoqué ça, mais au niveau des classiques plandriennes, on voit
06:14 qu'il y a une domination écrasante de la Jumbo-Visma, qui est la première équipe
06:18 de l'histoire à avoir remporté l'Oomloopen Newsblad, Kern-Brussels-Kern, l'E3 et Grand
06:23 Vével Games dans la même année.
06:25 Et en plus, avec quatre coureurs différents.
06:26 Premièrement, est-ce que ça vous impressionne ? Et est-ce que vous pensez que cette stratégie
06:33 d'équipe, avec un collectif aussi puissant, ça peut aussi fonctionner sur les deux monuments
06:38 qui réellent, les deux monuments, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix ?
06:42 Le problème, c'est que l'histoire ne se reproduit pas toujours et que les deux prochaines
06:48 épreuves sont aussi un petit peu différentes et que d'un jour sur l'autre, on n'est
06:54 pas obligatoirement au même niveau.
06:56 Prenez par exemple Van Der Poel qui est lumineux sur le Poggio, qui dépose Van Aert d'ailleurs
07:07 et Pogacar et qui vendredi ne fait que deuxième et Van Aert avait pris un cran.
07:16 Donc les choses peuvent changer, les courses sont différentes, l'adversité sera différente.
07:22 C'est évident que ce seront les hommes qui pèseront sur la course, ce seront les
07:28 hommes qui auront la direction de la course, c'est eux qui la feront.
07:34 Mais maintenant, il y a d'autres coureurs qui peuvent l'emporter.
07:38 Un Van der Barre peut aussi revenir à son meilleur niveau et puis pourquoi pas, on
07:46 a le droit aussi d'avoir du côté français des ambitions, on a le droit aussi d'avoir
07:52 des coureurs qui croient en leur victoire possible.
07:56 Si on fait le compte sur le Tour des Flandres, on a à peu près quatre coureurs capables
08:01 d'être dans le final.
08:02 On avait Valentin Madouas l'an dernier qui prenait une belle troisième place.
08:08 Mais vous avez Christophe Laporte qui est également présent, qui sera bien sûr au
08:12 service de Witt Van Aert, mais on ne sait jamais comment la course peut se passer.
08:19 On a Julien, qui est un petit cran en dessous pour l'instant, mais qui sur des épreuves
08:24 comme ça peut se transcender.
08:26 Et puis on a Anthony Turgis qui est toujours bien sur le Tour des Flandres.
08:32 C'est-à-dire que je faisais le compte tout à l'heure, pour la première fois peut-être
08:37 on peut parler de quatre coureurs capables de rentrer dans le top 10.
08:40 Les quatre que je viens de citer et avec des références.
08:46 Donc la course, là je parle plus du Tour des Flandres que de Paris-Roubaix.
08:53 Mais j'ai envie de dire, laissons passer le Tour des Flandres et puis après on fera
08:56 l'histoire pour Paris-Roubaix.
08:58 Ce sont des courses qui sont différentes, même si on retrouve, et c'est logique et
09:02 c'est normal, les mêmes coureurs, on va dire à 30 kilomètres de l'arrivée.
09:05 On parle de top 10, mais est-ce que vous pensez qu'il y a un Français qui, on a surtout
09:12 parlé du Tour des Flandres, mais aussi pourquoi pas sur Paris-Roubaix, est-ce qu'il y a un
09:15 Français qui peut aller chercher les Van Aerth, les Van Der Poel et aller vraiment s'imposer
09:21 pour la première fois depuis un très long moment ?
09:23 Je pense qu'on peut avoir des Français qui rentrent dans le jeu.
09:28 Ça a été le cas de Valentin Madouesse l'an dernier, avec peut-être un petit peu de réussite.
09:36 Rien ne dit qu'il ne pouvait pas aller chercher la gagne, d'autant qu'il va un peu se mettre
09:42 dans la boîte dans le sprint final.
09:43 Mais à la pédale, dire lâcher tout le monde comme peuvent le faire des Van Aerth, des
09:49 Van Der Poel ou des Pogacar, je pense qu'il manque un tout petit quelque chose.
09:56 Quand on est très proche des meilleurs, de temps en temps, il y a de temps en temps
10:00 la porte s'ouvre.
10:02 Et là, il faut avoir aussi le petit phénix, sentir le coup qui va être bon et derrière,
10:11 on ne sait jamais, ça peut se neutraliser entre eux.
10:14 Van Der Poel, Van Aerth peuvent aussi se neutraliser.
10:18 Et un troisième larron peut tirer les marrons du feu.
10:23 Oui, attendez, regardez Durand qui a remporté le Tour des Flandres.
10:30 Lui, il avait trouvé l'ouverture, mais il l'avait trouvé à 200 km de l'arrivée.
10:34 C'était un peu sa spécialité.
10:35 Donc, tout est possible.
10:38 Mais à la pédale, sur le final, on a des coureurs capables de jouer.
10:42 Alors, c'est vrai qu'au niveau des Français, pour pouvoir jouer, il ne faut faire aucune
10:47 faute de stratégie, aucune faute technique.
10:50 Et sentir le moment où il faut faire l'effort.
10:58 Les autres peuvent se permettre de faire deux, trois erreurs, ils seront toujours là.
11:01 C'est peut-être ça la grosse différence.
11:04 Oui, oui.
11:06 On a évoqué le call-out jumbo.
11:09 Il y a eu une équipe qui, à l'inverse de l'équipe néerlandaise, vient des classiques
11:16 un peu cauchemardesques, alors que c'est sa spécialité, normalement, c'est la soudale
11:19 et le quick-step.
11:21 Est-ce que vous savez d'où vient le problème ? Vous avez une piste là-dessus ?
11:24 Le premier problème, il vient que jumbo a pris un cran à tous les niveaux.
11:29 Jumbo ayant progressé, maîtrisant maintenant parfaitement ses courses, avec les coureurs
11:39 qui ont le talent pour le faire, parce qu'on ne peut pas maîtriser si on n'a pas la force
11:44 de frappe.
11:45 Par voie de conséquence, le quick-step est un petit peu plus court.
11:50 Et là vient s'ajouter derrière une perte de confiance, au point de ce qui n'est quand
12:00 même pas leur habitude sur ce type de course, de faire des erreurs de stratégie, de se
12:06 trouver piégé, de rater les bons coups, de se retrouver en chasse-patate.
12:09 Comme ils ont un petit cran en dessous des autres, la confiance s'en va et puis tout
12:17 le monde devient un petit peu nerveux.
12:18 Je pense qu'au-dessus, même le févère, pour l'instant, il ne va pas se sentir très
12:23 bien.
12:24 Mais c'est logique.
12:26 Aujourd'hui, cette équipe ne fait plus peur.
12:30 Elle n'impressionne plus comme elle pouvait le faire parce que les dés ont changé de
12:37 main.
12:38 D'autant plus, il y a le cas Julien Alaphilippe qui est un peu passé à côté sur Milan-San
12:45 Remo, qui là sur l'E3, apparemment, il avait des problèmes d'estomac, mais qui est encore
12:50 une fois passé à côté.
12:52 Qu'est-ce qu'on peut retenir de ce début de saison d'Alaphilippe et qu'est-ce qu'on
12:58 peut en attendre aussi pour la suite ?
12:59 Je pense qu'il a parfait les niveaux par rapport à une saison plus que difficile
13:08 l'an dernier.
13:09 Visiblement, il se cherche.
13:13 Il est en perte de confiance, en perte de repères.
13:19 J'ai presque envie de dire problème d'estomac.
13:22 Ça peut aussi venir d'un problème de stress, parce que souvent, c'est quand même très
13:29 lié.
13:30 Je pense que pour l'instant, il faut qu'il fasse le dos rond, qu'il attend que ça revienne.
13:35 L'équipe elle-même, dans sa globalité, est inférieure par rapport aux adversaires.
13:42 On ne maîtrise plus les courses comme on voulait les maîtriser.
13:45 Tout le monde marche un petit pourcent en moins.
13:48 Ça change tout le visage de cette équipe qui dominait dans la joie, dans la bonne humeur,
13:57 avec un collectif super costaud, des coureurs avec un mental d'acier.
14:03 Tout ça s'est un peu liquéfié au fil de ce début de saison.
14:10 Même si Evenepoel est là pour maintenir la barre, même s'il s'est fait battre en Espagne,
14:23 dans le pays catalan.
14:24 Ce qui est peut-être d'ailleurs une victoire salutaire.
14:30 Parce que quand on annonce qu'on gagne tout le temps, il y a un moment aussi où on peut
14:37 s'envoler un peu trop vite.
14:38 Là, au moins, il sait qu'il a encore du travail à faire pour arriver à jouer avec
14:46 les Jumbo, parce qu'on les sait quand même qu'on retrouve également avec un roguelige
14:52 et qu'il faut le dire, à l'image de l'équipe, a repris une nouvelle dimension sur ce début
14:58 de saison.
14:59 Evenepoel en a fait les frais.
15:02 Dernier petit retour sur les classiques flandriennes, où on a vu à peu près toutes les courses
15:09 de préparation, même s'il reste encore à travers la Flandre ce mercredi.
15:12 On a vu la bataille entre Van Aert, Van Der Poel et Pogacar sur l'E3.
15:18 Est-ce qu'on aura, à votre avis, la même bataille sur le Tour des Flandres ? Et si
15:24 vous pouvez nous donner votre favori pour cette course ?
15:26 Favori ou défavori ? C'est très difficile.
15:34 C'est très très difficile.
15:37 Indépendamment bien sûr de la qualité des favoris, une course, il y a toujours des
15:49 éléments qui viennent contrarier, une chute, une crevaison, un saut de chaîne au mauvais
15:55 moment.
15:56 Tout ça, ça fait aussi partie de la course.
16:00 Il faut bien le dire.
16:02 Il y a une année, Van Der Poel aurait pu l'emporter, mais il s'est fait un super soleil
16:10 à 50 km de l'arrivée.
16:11 Il a fait un final extraordinaire, mais bon, ça fait partie de la course.
16:16 Et puis, il n'est pas le seul non plus à avoir raté une épreuve sur des incidents.
16:21 Là, moi, donner un vainqueur aujourd'hui, c'est jouer au loto.
16:29 La logique, vous avez 7-8 coureurs qui peuvent l'emporter, point.
16:37 Donc, ce n'est pas la peine d'essayer de se triturer.
16:40 Maintenant, aller mettre sa petite pièce sur Pierre, Paul ou Jacques, oui, ça fait
16:46 partie du jeu et c'est amusant.
16:48 Mais moi, la seule chose que je sais, c'est que c'est le Tour de France et le cyclisme
16:54 qui vont gagner sur ce ronde.
16:56 Alors, peut-être pas du coup sur le favori, on voit que c'est compliqué, mais celui
17:02 qui vous a fait peut-être la meilleure impression sur ces courses de préparation ?
17:05 La meilleure impression, ça reste quand même Van Der Poel.
17:15 Et c'est important parce qu'il sort quand même depuis les Jeux Olympiques de Tokyo
17:22 de saison un petit peu difficile, perturbée.
17:26 Et là, quand il semble avoir retrouvé tous ses moyens, ce qu'il a fait dans le podium,
17:37 c'est grand, c'est très grand.
17:38 Et puis, je veux dire, à un boyau, à la photo finish, il est juste devant Van Aert.
17:45 L'autre qui est impressionnant aussi, c'est quand même Pogacar.
17:51 Même si l'an dernier, il avait fait des grands numéros comme au Stade Bianche où
17:56 il avait fait un raid solitaire absolument extraordinaire.
17:58 C'est quand même un coureur qui passe partout.
18:02 Il vous gagne les grands tours et il va vous gagner les classiques.
18:07 Et dans le final, les Flandriennes, c'est un coureur qui sait tout faire.
18:12 Je vais me répéter, mais c'est pas grave.
18:17 Là, on a trois coureurs.
18:18 Si on rajoute Evenepoel et Roglic, on a les cinq meilleurs coureurs du monde aujourd'hui,
18:25 en espérant qu'un jour Egan Bernal revienne, mais le chemin sera long.
18:29 Ça fait la transition pour aller sur le tour de Catalogne.
18:34 On a vu notamment le duel entre Roglic et Evenepoel.
18:40 Qu'est-ce qu'on peut retenir de cette course ?
18:42 Mais aussi, quels sont les enseignements à tirer en vue du Giro qui arrive dans un mois maintenant ?
18:50 Le Giro va arriver vite.
18:53 Je crois qu'on a deux coureurs qui vont arriver à leur top niveau.
18:57 Ensuite, ce qui jouera, c'est la puissance de l'équipe.
19:03 Rappelez-vous l'an dernier, entre Vingegaard et Pogacar, c'est quand même la faiblesse
19:09 de l'équipe de Pogacar qui a permis à Vingegaard et son équipe,
19:16 elle au contraire surpuissante, de l'emporter.
19:20 Sur le Tour d'Italie, est-ce qu'on sera dans la même configuration ou pas ?
19:27 C'est difficile de le dire aujourd'hui.
19:29 Le Tour d'Italie est une course qui se couvre un petit peu différemment du Tour de France,
19:34 où les parcours sont un peu différents.
19:39 Les stratégies de course le sont également.
19:45 C'est difficile véritablement de savoir comment les choses vont se passer,
19:50 compte tenu du nombre de kilomètres contre la monte que nous avons sur ce Giro.
19:55 Alors, est-ce que ça se jouera contre la monte,
19:57 et là encore avec deux coureurs qui sont très proches l'un de l'autre,
20:00 Roglic et Evenepoel, ou est-ce que ça se fera dans les états de moyenne montagne
20:07 ou de grande montagne ?
20:08 Là aussi, on va avoir un match absolument extraordinaire sur le Tour d'Italie.
20:16 Alors, c'est vrai que quand on enlève ces deux hommes-là, on dit "qui derrière ?"
20:22 On va s'arrêter à ces deux-là, puis on verra déjà qui sera au départ
20:29 au mois de mai sur le Giro.
20:32 Mais là, on va retrouver effectivement ces deux coureurs.
20:36 Alors, qui l'emportera ?
20:40 Ma boule de cristal est en grève aujourd'hui.
20:43 Elle voudrait être beaucoup plus tard à la retraite.
20:47 [Rire]
20:51 - Et lui, il ne sera pas au départ du Giro, normalement.
20:56 Mais Egan Bernal, qui était aussi sur ce Tour de Catalogne,
21:00 qui a fait son retour à la compétition, qui n'avait pas couru depuis le Tour de San Juan
21:03 en fin janvier, on l'a vu quand même loin des meilleurs sur toutes les allées-arrivées
21:09 difficiles, avant même de chuter, d'abandonner sur la sixième étape.
21:14 Qu'est-ce que vous pensez du cas d'Egan Bernal ?
21:18 - Déjà, le fait qu'il chute, alors qu'auparavant, rarement il chutait,
21:26 ça veut dire que quand vous êtes moins bien physiquement, vous m'effrotez un peu plus,
21:31 vous avez aussi des pertes d'attention un peu plus fréquentes,
21:34 d'autant plus fréquentes qu'il a quand même été un an sans véritablement courir.
21:41 Donc, il y a des réflexes qui sont un peu moins efficaces.
21:49 Il y a aussi, et je le dis souvent, quand on a peur de tomber,
21:56 c'est là où on va faire la faute, qui va vous amener justement à la chute.
22:01 On chute beaucoup moins quand on n'a pas peur que quand on a de la stress.
22:04 C'est vrai par exemple dans le cas des sprints, si vous avez peur,
22:07 il ne faut pas y aller parce que vous avez une chance sur cinq de vous mettre sur le toit.
22:11 Il faut être en totale confiance, il ne l'est pas,
22:14 ça c'est sur un plan purement, on va dire, psychologique.
22:18 Ensuite, il ne faut quand même pas rêver.
22:22 Si on prend Evenepoel, il a mis pratiquement un an pour revenir à son meilleur niveau.
22:27 Tous les coureurs qui sont blessés à ce niveau,
22:29 Froome, il n'est jamais revenu non plus.
22:31 Quand on est blessé à ce niveau-là,
22:34 il faut au minimum un an de travail avec les compétitions adéquates
22:39 pour revenir à son meilleur niveau, quand on y revient.
22:43 Donc pour l'instant, observons, suivons,
22:47 et j'ai presque envie de dire, encourageant Yann Bernal dans son comeback,
22:55 et puis l'avenir nous dira s'il peut ou s'il ne peut pas.
23:01 Ce serait dommage d'ailleurs qu'il ne puisse pas,
23:04 mais quand on voit le nombre de fractures qu'il a eues,
23:07 le temps de rééducation qu'il a fallu faire pour arriver à refaire du vélo,
23:14 au niveau où il est aujourd'hui, je trouve que c'est déjà très bien.
23:18 Oui, c'est clair.
23:21 Un dernier petit mot sur Lenny Martinez,
23:25 qui pour sa première course par étapes World Tour a terminé au 12ème du classement général,
23:31 ce qui est déjà très honorable,
23:32 et qui en plus a fini à 6ème de l'étape reine de ce Tour de Catalogne,
23:36 devant même des coureurs comme Jane Lee ou comme Mikel Landa.
23:40 On est d'accord quand même que c'est bon signe pour l'avenir ?
23:43 Ça oui, on le sait déjà depuis un petit moment.
23:47 L'an dernier, pour ceux qui avaient suivi le Tour des Alpes,
23:51 il avait été, alors qu'il n'était pas encore professionnel,
23:55 il avait été brillant.
23:58 Disons qu'il se faisait lâcher,
24:02 dans l'école il se faisait lâcher qu'à partir du moment où il n'y avait plus qu'une quinzaine,
24:06 une vingtaine de coureurs, mais il imitait très bien derrière.
24:11 Donc on savait qu'il y avait un vrai talent.
24:16 Il y a encore du travail parce qu'il est très très bien à partir du moment
24:22 où on est dans la haute montagne.
24:27 Il y a encore un peu de puissance à prendre
24:31 pour pouvoir véritablement jouer sur les courses ou sur les étapes plates.
24:39 C'est un petit gabarit, mais peu importe,
24:42 les petits gabarits ne sont pas handicapés non plus tel qu'on voulait bien le dire.
24:46 Mais c'est surtout aujourd'hui son manque de puissance
24:51 qui le fait défavorable.
24:53 Mais bon, il n'a pas 35 ans, comme Irinote il en a 15 de moins,
24:58 il a le temps de travailler à ce niveau-là,
25:01 même si ce ne sera jamais qu'en chelara sur le plat.
25:04 Il faut se rendre à l'évidence.
25:06 Mais c'est un coureur qui a un bel avenir devant lui
25:10 et qui gagnera de très belles courses.
25:14 Les grands tours, c'est une autre question,
25:16 comme je le disais tout à l'heure il y a quelques instants.
25:20 Il a un manque de puissance sur le plat qui pour l'instant,
25:28 sur les grands tours par exemple, sera quand même un gros désavantage.
25:34 Mais il a le droit de progresser ce gamin.