Julia Simon : « Il faut croire en ses rèves » - Biathlon - CM (F)

  • l’année dernière
Après avoir remporté le globe de cristal, la biathlète française Julia Simon entamait ce dimanche sa tournée médiatique en direct sur le plateau de la chaîne L'Équipe. A découvrir en vidéo.

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Transcript
00:00 On a l'immense plaisir d'accueillir Julia Simon, une semaine après son sac à Oslo.
00:04 Merci d'être de passage pour nous voir Julia, comment ça va ?
00:07 Avec plaisir, merci de m'inviter.
00:08 Ça va bien, la saison est terminée donc ça va bien.
00:12 Un peu de repos avant de repartir à l'entraînement déjà.
00:16 Bien accompagnée avec Olivier Rouillet, Dave Apadou,
00:18 deux grands fans de biathlon qui ont plein de questions à vous poser.
00:20 Vous n'êtes pas venus les mains vides.
00:22 Il y a les médailles mondiales avec cette saison extraordinaire,
00:25 championne du monde de la poursuite notamment.
00:27 Il y a le gros globe de cristal, le premier de votre carrière.
00:30 Ils trônent sur ce plateau.
00:32 Est-ce qu'à force de les voir, à force de les emmener avec vous, de les montrer,
00:36 ça vous aide à vous rendre un peu plus compte encore de ce que vous avez réussi cette saison ?
00:40 Oui, ça commence à devenir réel.
00:41 C'est vrai que c'est quand même un hiver qui était assez fou.
00:45 Et c'est bon, je commence enfin à réaliser.
00:47 C'était de revoir aussi les courses, les images.
00:50 Je me dis que c'était vraiment un hiver de rêve
00:52 et que j'ai vraiment réussi à atteindre mes objectifs.
00:55 Mais ce n'est quand même pas souvent que je peux dire ça,
00:57 parce que je suis quand même assez difficile d'être satisfaite.
01:00 Mais là, c'est bon, je suis vraiment très heureuse.
01:02 Là, vous êtes satisfaite, on est d'accord.
01:03 Il n'y a pas de mais, etc.
01:06 Si, vraiment, on peut toujours en trouver.
01:08 Mais non, c'est vraiment un bel hiver.
01:10 C'était vraiment cool.
01:11 Il y a vraiment eu de très belles choses et une très grande régularité.
01:14 C'est ce que je voulais, donc satisfaite.
01:15 Voilà les images d'Oslo, le jour de votre sacre,
01:18 dans des conditions qu'on aime dire de dantesques.
01:21 Trois globes ce jour-là aussi, Julia.
01:24 C'était ça votre saison également ?
01:25 Oui, c'est ça.
01:26 Après, c'était ce jour-là, mais ça a été vraiment construit
01:29 sur toute la longueur de la saison.
01:31 Et c'est souvent compliqué de tenir toute une saison.
01:35 Et cette année, je suis vraiment satisfaite
01:36 de ne pas avoir eu de gros coups de moins bien.
01:38 Et je pense que ça, c'était un très grand pas en avant
01:40 comparé à mes années avant.
01:41 Donc, vraiment, ça, c'était bien.
01:44 Dave ?
01:45 Moi, justement, c'est la première question qui me vient à l'esprit.
01:48 C'est qu'est-ce qui fait que cette année,
01:49 vous avez atteint ce niveau de constance, de régularité ?
01:52 On savait que le potentiel était là, la qualité était là.
01:55 Mais pour obtenir ce globe, il faut être constance.
01:58 Vous avez dit que c'était quoi la recette pour trouver cette régularité ?
02:02 Je ne sais pas s'il y avait vraiment une recette.
02:04 Mais en tout cas, début d'hiver, j'avais dit au coach
02:07 ce que je mise cette année,
02:08 ce que je veux réussir à trouver, c'est cette régularité.
02:11 Et je pense que la clé, c'était mon tir.
02:13 Ça passait par un tir beaucoup plus régulier,
02:15 notamment mon tir couché qui était avant un petit peu catastrophique.
02:18 Par moment, il faut le dire.
02:20 Et du coup, j'ai réussi à vraiment régler ce tir.
02:23 Et ma forme physique m'a aussi permis d'être à chaque fois dans le coup.
02:28 C'était parfois j'ai réussi à faire dans les meilleurs temps de ski.
02:30 D'autres fois, j'ai réussi à limiter la casse.
02:32 Et je pense que c'est ça en fait, en général,
02:34 c'est de réussir à tout temps, même quand c'est plus dur,
02:37 réussir à quand même rester à un bon niveau.
02:40 Et gérer les émotions aussi,
02:42 éviter les ascenseurs émotionnels comme j'ai pu le faire les années d'avant.
02:44 C'est ce que j'allais dire.
02:45 J'imagine que vous me parlez du tir, aussi de la constance physique.
02:49 Mais j'imagine que mentalement, il doit y avoir peut-être quelque chose à aller chercher
02:52 pour être tout le temps, tout le temps performant.
02:54 En fait, je ne sais pas de l'extérieur comment les spectateurs l'ont vécu,
03:00 mais moi, j'avais l'impression que la course finissait.
03:03 Je me mettais peut-être un petit peu en mode robot, si je peux dire,
03:06 mais c'était les émotions, je les avais, mais vraiment intérieurement.
03:09 Déjà, je ne suis pas quelqu'un qui extériorise énormément.
03:12 Et du coup, je le vivais intensément à l'intérieur.
03:15 Mais une fois que je descendais du podium, je me disais,
03:17 bon, tu as encore une demi-heure d'euphorie.
03:19 Après, il faut faire passer cette euphorie parce qu'on laisse quand même beaucoup d'énergie.
03:23 Avec tout ce qui est le côté média aussi,
03:25 il y a le contrôle antidopage aussi qui enchaîne assez vite.
03:28 Et du coup, ça, avant, c'était des moments où j'étais là,
03:31 j'ai plein de messages, c'est trop cool, c'est sur terre.
03:34 Et en fait, après, ça devient un peu plus la routine aussi.
03:36 Et on apprend à gérer.
03:37 En tout cas, je pense que cet hiver, j'ai vraiment appris à gérer tout ça.
03:41 Et éviter l'ascenseur émotionnel, même là-dessus,
03:44 être plus linéaire et ne pas perdre d'énergie dans tout ça.
03:47 - Une fois que c'est fini à Oslo, Julia, on ressent quoi
03:49 quand on est au centre de toutes les intentions de son sport ?
03:51 Vous étiez l'arène ce jour-là, tous les regards étaient braqués sur vous
03:55 avec la remise du Gros Globe.
03:56 On ressent quoi ?
03:57 Parce que les footballeurs, c'est la Ligue des Champions, c'est la Coupe du Monde.
04:00 Pour les biathlètes, c'est le Gros Globe.
04:02 Vous avez ressenti quoi à ce moment-là ?
04:04 - C'est un sentiment quand même assez particulier
04:06 parce que déjà, c'est la fin de saison.
04:08 Et la fin de saison, il y a toujours un petit peu de cafard.
04:10 - Déjà, même à ce moment-là ?
04:11 - Déjà, oui. Moi, je suis tout de suite nostalgique.
04:14 La fin de saison, je me dis "Waouh, c'est déjà fini"
04:16 alors que je me suis tellement entraînée.
04:17 C'est déjà passé, quoi, tous ces moments.
04:19 - Alors qu'on va vous donner le Globe.
04:20 - Mais alors que, ouais, on va me donner le Globe.
04:22 Mais d'un côté, c'était vraiment un énorme soulagement aussi.
04:25 On me dit "Enfin, c'est fini, c'est bouclé"
04:27 parce que j'ai toujours un peu peur.
04:29 Je me disais "C'est les dernières étapes, mais il ne faut pas se louper".
04:32 Et donc, cette pression, elle redescend.
04:34 Et ouais, c'était assez fou.
04:36 Et après, il y a aussi le départ en retraite des collègues, d'Anaïs
04:40 et même des légendes, Martha Osborne et Denise Herrmann.
04:43 Et là, je me dis "Cette saison, elle est réellement terminée".
04:47 J'ai mes Globes, c'est la fin d'une période.
04:50 Et les Globes, c'est quand même un gros accomplissement.
04:53 Donc, c'était beaucoup de satisfaction.
04:55 - Olivier Rouillet, on dit "la rouille" pour les intimes.
04:59 - Moi, je suis fasciné par le tir.
05:02 Je ne sais pas comment vous faites.
05:05 Vous avez fait un effort qui est extraordinaire physiquement
05:08 puisqu'il faut y aller sur les skis en termes de temps.
05:10 Mais comment vous arrivez, quand je vous vois droite,
05:14 je trouve ça phénoménal. Comment vous faites ?
05:17 - Je pense que c'est de l'entraînement.
05:19 Comme tout sport, c'est beaucoup d'entraînement.
05:21 Mais je pense que c'est à la portée de tout le monde si on s'entraîne.
05:26 Parce que moi, je suis quelqu'un de base.
05:29 Je pense qu'on m'aurait mis avec une carabine il y a quelques années.
05:31 Vu de mon caractère, on n'aurait pas dit que je pouvais faire ça.
05:34 Donc, je pense que c'est beaucoup d'entraînement, de calme,
05:37 de poser les choses.
05:39 Il y a aussi un gros travail de respiration avant l'arrivée au tir.
05:43 Et après, il y a aussi de la gestion sur la piste.
05:45 On ne part pas tout de suite tête dans le guidon.
05:47 Il y a un peu de gestion.
05:49 On garde de l'énergie vraiment pour le dernier tour.
05:51 - Et vous n'êtes pas omnubilé en vous disant, par exemple,
05:54 "Il faut que j'aille vite parce qu'il faut que je reparte."
05:56 Ça ne rentre pas en ligne de compte ?
05:57 - Je ne sais pas si j'ai le droit de le dire à la télé.
05:59 J'ai quand même le coach qui regarde peut-être.
06:01 Mais moi, parfois, oui.
06:03 - C'est important.
06:05 C'est son problème, la patience.
06:06 - C'est un peu mon problème.
06:07 Pendant quelques années, j'ai été omnubilé.
06:09 Mais en fait, ce n'est plus vraiment la vitesse,
06:11 mais le plaisir d'un bon enchaînement,
06:13 de voir ses palettes tomber dans la vitesse.
06:15 Et le plaisir de...
06:17 Je ne sais pas, c'est vraiment difficile à expliquer.
06:19 Mais le sentiment quand on envoie un tir rapide, rythmé.
06:22 Et moi, c'était ça, cette adrénaline aussi.
06:25 Et c'était ça qui me faisait tirer très vite.
06:28 Mais là, j'ai travaillé avec le coach pour poser un petit peu les choses.
06:31 Ça va mieux, normalement.
06:33 C'est à peu près rentré dans ma tête.
06:35 Donc, maintenant, j'espère que ça va durer.
06:37 Mais c'est des sensations qui sont compliquées à expliquer.
06:41 Mais c'est super. C'est génial.
06:42 - Paul Giacchino.
06:43 - Ce qui est génial, quand même, c'est qu'il faut parler de plaisir.
06:46 Et nous, les footeux, c'est pareil.
06:47 Quand on fait un bon match, c'est le plaisir.
06:49 En fait, le sport, c'est ça.
06:50 Le sport t'amène toujours un plaisir extraordinaire.
06:53 Et alors, quand on arrive à le retranscrire
06:55 pour les gens qui nous regardent ou les gens qui nous supportent,
06:57 je trouve ça merveilleux.
06:58 Et quand je vous entends, je me dis,
06:59 "Bon, ben tiens, je vais m'y mettre."
07:01 Je vais aller chercher une carabine.
07:03 - Je ne vous promets pas de faire une grande carrière.
07:06 Ça peut être dur.
07:08 - Ça prend un peu de temps.
07:09 - Bravo, bravo.
07:10 - Vous avez parlé de plaisir, Julia.
07:11 Il y a eu beaucoup d'émotions également qu'on a vécues grâce à votre saison.
07:14 Vous avez suscité de l'émotion chez vos fans et puis chez votre famille également.
07:17 Tanguy, qui vous a suivi tout au long de la saison, était avec vos soeurs.
07:21 On va les écouter quelques instants.
07:23 - Ah non, c'est pas ça.
07:24 - Ah, ben tiens. Allez, c'est pour vous, quand même.
07:26 - Ça va sortir la petite larmifère.
07:27 - Racontez-nous un peu qui est Julia quand elle a pas un dossard,
07:31 quand elle est avec vous à la maison.
07:34 Vous avez grandi ensemble.
07:36 Elle est devenue championne de biathlon.
07:38 Mais c'est qui, Julia ?
07:40 - Julia, à la maison, ça reste assez similaire.
07:43 Elle est déjà très déterminée dans tout ce qu'elle fait,
07:45 mais elle a un côté un peu fun aussi, s'amuser, faire des bêtises.
07:49 Trois filles à la maison, des bêtises, il y en a eu aussi.
07:52 Mais oui, elle reste forcément très, très déterminée dans tout ce qu'elle veut faire,
07:56 très consensueuse dans sa vie personnelle et sa vie privée.
08:00 Et elle a un très bon contrôle de tout ça.
08:02 - Julia, c'est aussi celle qui finit les paquets de bonbons quand elle en voit entraîner.
08:06 - On la connaît, mauvaise perdante ou bonne gagnante, je sais pas.
08:10 Est-ce qu'elle a toujours été comme ça, cette envie de rien lâcher,
08:14 que ce soit peut-être dans le sport, mais aussi dans les jeux à la maison ?
08:18 - Toujours. Elle a toujours été mauvaise perdante.
08:20 Fallait toujours être devant, tout donner pour réussir.
08:24 - Mauvaise perdante et bonne tricheuse.
08:26 Quand on était petites, ça trichait un peu, mais là, elle triche pas.
08:28 - Toujours avoir envie de gagner.
08:30 Toujours avoir envie de gagner, ça, c'est un trait qu'elle a gardé, en tout cas.
08:34 - Et pour finir, forcément, c'est un accomplissement, c'est un rêve de petite sportive.
08:40 J'imagine qu'il y a la fierté des sœurs de la voir au sommet de son art comme ça.
08:45 - Oui, c'est sûr. On savait qu'elle avait les capacités,
08:49 qu'en posant son tir et tout ça, elle arriverait à aller loin
08:52 et que de toute façon, c'était quelque chose...
08:54 - Elle avait un L et du coup, ça fait plaisir qu'elle le réalise à 26-27 ans.
08:58 Franchement, c'est trop bien et ça promet plein de belles choses par la suite aussi.
09:02 - Oui, elle est trop contente parce que c'est un sport assez compliqué
09:04 et de voir que ça marche, il faut qu'elle profite pendant ces moments.
09:08 - Et il n'y a aucune de vous deux qui se dit "mais si ma sœur, elle a la génétique pour gagner,
09:11 pourquoi moi, j'ai pas suivi la même voie ?"
09:13 - Alors moi, j'adore répondre qu'il en faut qu'une seule dans la famille, sinon ça marcherait pas.
09:17 - Ouais, il faut la laisser briller, c'est son moment L.
09:20 - Merci beaucoup. - Merci.
09:22 - Magnifique témoignage. Mauvaise perdante mais pas tricheuse.
09:26 Vous avez un point commun avec Anne-Sophie Bernadie, qu'on embrasse.
09:30 - Ça tient à la main. - Elle est pas très loin.
09:33 - Trois filles à la maison, trois filles à fort caractère,
09:36 je crois que j'étais pas la seule à être mauvaise perdante.
09:39 Elles se défendaient pas mal.
09:41 - Julia, c'est la tournée médiatique qui va se poursuivre pour vous.
09:43 Est-ce que vous aimez ça, monter à Paris, faire le tour des médias,
09:46 concrétiser ce palmarès, cette saison extraordinaire ?
09:50 - Très honnêtement, non. - C'est vrai ?
09:52 - Non, c'est pas que je suis pas dans mon univers et je suis pas à l'aise,
09:55 mais ça se passe bien, c'est cool.
09:57 Mais non, en vrai, j'ai vraiment pris ça cette année justement en me disant
10:01 ça va être sympa, j'ai jamais fait, j'ai jamais vécu ça,
10:04 je vais vivre une nouvelle expérience et je vais voir comment ça se déroule.
10:07 Et pour le moment, je viens de commencer seulement aujourd'hui,
10:10 mais c'est plutôt agréable et j'espère surtout que ça donnera envie
10:14 à certaines petites filles aussi de faire du sport
10:17 parce qu'on vit des super moments.
10:19 En tout cas, si ça peut les inspirer, ça fait grand plaisir.
10:23 Il faut croire en ses rêves.
10:25 Moi, je viens d'un petit village en Savoie,
10:28 j'étais pas venue à la capitale pour parler de mon sport,
10:31 j'aurais jamais pensé un jour que ça serait possible.
10:34 Donc c'est des bons moments, je vais prendre ça,
10:36 je vais prendre cette expérience et ça va être bénéfique pour la suite.

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