La cheffe d’escadron Nassima Djebli, porte-parole de la gendarmerie, s’est exprimée, samedi 25 mars sur le plateau de 90 Minutes Info WE, sur la violence des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre, lors de la mobilisation à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres.
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00:00 Ma première réaction, c'est de dire qu'il y a une violence qui est illégitime
00:03 de la part des opposants radicaux.
00:05 On a plus de 1000 opposants radicaux qui démontrent vraiment une violence.
00:09 Il y a une vraie, vraie violence qui est inacceptable.
00:14 Ce que dit le ministre de l'Intérieur également, Gérald Darmanin,
00:16 cette violence est inacceptable, ces heurts sont inacceptables,
00:19 mais ils étaient néanmoins prévisibles.
00:21 Comment les forces de gendarmerie, comment vos collègues
00:24 se sont préparés justement à cette confrontation
00:27 qui malheureusement était inéluctable ?
00:28 Au lendemain du rassemblement du mois d'octobre,
00:31 on a fait un retour d'expérience justement sur ce qui s'était passé,
00:34 les modes opératoires, et on a anticipé, on a planifié justement
00:39 cette génération de force, puisqu'il y a 3200 policiers et gendarmes,
00:44 et tout ça, ça a été anticipé, préparé.
00:46 Les gendarmes sont entraînés, justement il y a des exercices
00:49 qui ont été faits pour répondre présent et être en mesure d'avoir
00:54 une posture ferme à l'égard des manifestants, j'ai envie de dire
00:59 des opposants radicaux, et encadrer la manifestation légale à Melle.
01:03 Est-ce que vos collègues, est-ce que les forces de l'ordre,
01:05 parce qu'il y a des policiers également avec les gendarmes,
01:07 on parle de plus de 3000 forces de l'ordre présentes sur le terrain,
01:11 étaient préparés à ce genre de confrontation ?
01:14 Ou ont-ils été surpris par la violence justement
01:17 des actions de ces manifestants ?
01:20 Il y a un travail de renseignement, d'anticipation opérationnelle
01:23 qui a été fait, et on s'attendait à ce niveau de violence,
01:26 mais là, il est vu, il est partout le monde,
01:30 et on voit que cette violence, elle est là,
01:32 et il s'agit d'une violence inacceptable et vraiment illégitime.
01:37 Les gendarmes, ils sont là, et c'est l'objectif du maintien de l'ordre,
01:40 faire en sorte qu'il y ait une désescalade,
01:42 et qu'on ait une situation de retour au calme,
01:44 d'absorber justement cette violence.
01:46 C'est peut-être ce qui s'est passé, il y a à peu près une heure,
01:49 puisque les premières heures, les premières confrontations
01:52 se sont déroulées aux alentours de midi et demi.
01:54 Là, il semble que l'apaisement soit de mise,
01:58 mais rien n'est sûr, c'est-à-dire qu'il peut y avoir encore
02:01 des réactions, des foyers qui peuvent de nouveau naître
02:05 dans l'après-midi à Saint-Sauline ?
02:06 Oui, le dispositif, il a été déployé depuis quelques jours
02:09 et va durer tous les week-ends,
02:11 puisque là, on a des temps forts, des temps faibles,
02:13 c'est-à-dire que justement, les opposants radicaux
02:15 tentent de pénétrer sur la réserve de substitutions,
02:19 mais là, ils font face justement aux gendarmes
02:22 qui ont un dispositif ferme d'interdiction.
02:24 Et là, ils essayent peut-être de se recompléter,
02:27 de repenser une autre tentative.
02:30 Mais en tout cas, les gendarmes sont là,
02:31 ils tiennent le terrain et on a une posture de fermeté.
02:35 Comment peut-on se préparer psychologiquement ?
02:37 Je sais que c'est votre métier, en effet,
02:38 mais à des manifestants, très nombreux en effet,
02:41 qui sont difficilement identifiables dans une foule,
02:43 parce qu'il y a aussi une majorité de pacifistes
02:46 parmi les manifestants, mais qui se préparent à la guerre,
02:50 en quelque sorte, face aux forts de l'ordre,
02:52 face aux gendarmes, avec des haches notamment, avec des armes.
02:56 Comment psychologiquement, on peut se préparer à ça ?
02:58 Donc nous, on est une force militaire,
03:00 donc on se prépare justement psychologiquement,
03:03 on est entraîné, on est résilient,
03:05 on fait un travail justement de lucidité,
03:08 on est avec ce discernement aussi qui est nécessaire,
03:12 avec les chefs, donc les chefs sont au plus près aussi,
03:15 et les gendarmes, et je souligne leur résilience
03:17 et leur exemplarité, qui sont là,
03:20 ils font face justement aux tirs de mortier,
03:21 aux boules de pétanque, et ils réagissent,
03:24 ils font preuve vraiment de modération
03:27 dans l'emploi de la force avec une graduation,
03:29 tout est proportionné pour réagir justement
03:32 en fonction de la situation des opposants.
03:35 Une réaction qui est organisée,
03:36 parce que c'est assez imprévisible tout de même,
03:38 ce qu'il y a en face des forces de l'ordre,
03:40 ce sont des manifestants, des individus
03:42 qui peuvent aller de tous côtés et qui,
03:45 là en l'occurrence, peuvent frapper à tout moment.
03:47 On a un dispositif vraiment qui est dans la profondeur
03:50 et on a des équipages qui sont particulièrement mobiles
03:53 justement pour faire face à la mobilité des opposants,
03:58 donc on a pris en compte justement l'étendue du terrain
04:02 pour être réactifs, résilients et tenir dans la durée.
04:06 Tout à l'heure sur l'antenne de CNews,
04:08 un manifestant, un éleveur disait
04:10 si les forces de l'ordre n'avaient pas été là,
04:12 tout se serait bien passé.
04:14 Qu'en pensez-vous ?
04:15 Je pense qu'il faut être lucide et observer les images
04:17 et voir où se situe la violence illégitime.
04:20 Elle est du côté des opposants.
04:22 On le voit lancer des boules de pétanque.
04:24 Hier, on a des contrôles qui ont été faits
04:26 où on a des bâtes de baseball.
04:30 Là, on a des tirs de mortier,
04:31 on a des gendarmes qui sont blessés,
04:32 il y a un journaliste qui a été blessé.
04:34 On voit vraiment où est la violence illégitime.
04:38 Et les véhicules aussi dégradés et incendiés.
04:41 C'est une attaque à la République, selon vous ?
04:45 C'est l'État de droit.
04:46 Quand on touche à l'armée, aux gendarmes,
04:49 aux policiers et également aux véhicules de l'État ?
04:52 Nous, on est là pour faire respecter l'État de droit,
04:54 c'est-à-dire encadrer la liberté,
04:56 même des journalistes qui sont là
04:58 pour faire en sorte de montrer ce qui se passe,
05:01 d'encadrer la manifestation qui est licite à Melle,
05:05 mais justement, disperser les attroupements
05:08 qui ont eu lieu sur les zones qui ont été interdites
05:11 par les arrêtés préfectoraux.
05:12 Très difficile de faire des prévisions,
05:13 mais vous pensez qu'à tout moment,
05:16 peut-être même demain,
05:17 les incidents, les actions violentes pourraient recommencer ?
05:21 Cela est possible.
05:22 En tout cas, nous, on est préparés
05:24 et on va tenir dans la durée
05:26 avec justement des réserves d'intervention,
05:28 avec des roulements qui vont être faits
05:31 afin que justement, que nos gendarmes
05:32 conservent cette capacité de discernement,
05:35 cette exemplarité qui est nécessaire.
05:38 Et on se souvient qu'il y a cinq mois,
05:40 il y avait des gendarmes qui avaient été blessés également,
05:42 puisqu'à Sainte-Saline, déjà, il y avait eu,
05:45 en effet, des heurts et des gendarmes blessés.
05:48 Là, les forces de l'ordre étaient plus nombreuses,
05:50 on est d'accord ?
05:51 On a des forces qui sont plus nombreuses
05:53 et qui ont justement tiré profit
05:56 de l'expérience des événements précédents,
05:59 où on a eu, quand même, je le rappelle,
06:00 61 gendarmes blessés,
06:02 22 gendarmes grièvement blessés,
06:04 avec un de nos camarades qui a eu la mâchoire fracturée.
06:07 Donc, ça monte l'état d'esprit, l'état de violence.
06:10 Là, on a vraiment des opposants radicaux ultra-violents.
06:14 Est-ce que ce profil d'opposants radicaux ultra-violents
06:17 a évolué ces derniers temps, selon vous ?
06:19 Est-ce que c'est une tendance, malheureusement, d'actualité ?
06:22 Parce qu'il y a des manifestations également
06:24 dans les rues de Paris,
06:26 ou parmi pas mal de cités en France également,
06:29 autour de la réforme des retraites.
06:30 Est-ce qu'il y a des similitudes avec ceux
06:34 qui sèment le trouble dans les villes,
06:37 mais également aujourd'hui à Sainte-Saline ?
06:38 On a un climat de violence.
06:41 Hier, nos gendarmes mobiles étaient justement sur Paris,
06:44 sur du maintien de l'ordre.
06:46 Dans quelques jours, ils seront en Outre-mer.
06:48 Ils font face, ils font front, ils répondent présent,
06:51 justement pour faire respecter l'état de droit.
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