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Dans son édito du 24/03/2023, Agnès Verdier-Molinié revient sur l'allocution d'Emmanuel Macron, mercredi 22 mars.

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Transcription
00:00 Agnès Verdier-Molinier, directrice de l'IFRAP. Bonjour Agnès.
00:02 Bonjour Romain.
00:02 On a tous entendu le président de la République dire
00:04 dans son allocution, son interview aux 13 heures,
00:07 qu'il chargeait sa première ministre de continuer à élargir la majorité
00:12 autant qu'elle le pourra avec des femmes et des hommes de bonne volonté.
00:15 Bon, une fois qu'on a dit ça, ça veut dire quoi en fait, Agnès ?
00:18 Ça ne veut pas dire grand chose, Romain, parce qu'en réalité,
00:20 on voit bien que le président de la République veut surtout débaucher
00:23 des personnes, personne par personne, et non pas négocier une coalition
00:28 avec des partis comme ça se ferait dans d'autres pays.
00:30 Ça ne ressemble pas vraiment à une coalition.
00:32 Et puis d'ailleurs, il le dit en sorte d'excuse.
00:34 C'est dur de bâtir des coalitions.
00:36 Ce n'est pas dans notre tradition politique.
00:38 Donc on ne comprend pas très bien en réalité où il veut revenir.
00:41 Il a laissé pourtant entendre qu'il avait tenté de construire une coalition
00:44 au lendemain des législatives.
00:46 Mais ça n'a pas eu en réalité.
00:48 Il n'y a jamais eu de tentative de coalition réelle
00:51 au lendemain des législatives de 2022.
00:53 Et d'ailleurs, on voit bien qu'il a cherché des majorités sur les textes.
00:57 C'est ce qui nous a amené aux difficultés sur le texte des retraites.
01:00 Et moi, ce que j'anticipe, c'est que ça va devenir de plus en plus compliqué
01:04 parce qu'on a de grands enjeux qui arrivent devant nous.
01:06 La remontée des taux, la revue de dépenses, tout ce qu'il va falloir mettre en place.
01:10 Et on voit bien que le bricolage texte par texte, ça ne va pas marcher.
01:15 Sinon, on va vers une bordélisation à la fois dans la rue et dans l'hémicycle.
01:19 Alors justement, on en est là parce qu'il n'y a pas de majorité absolue.
01:22 Il n'y a pas de majorité absolue.
01:24 Il y a quand même une majorité au Sénat.
01:25 On l'a vu sur le texte des retraites.
01:27 Et puis, par ailleurs, quand on compte un petit peu tous les partis,
01:30 à la fois les LR, les Horizons, les Modem, les indépendants, les Renaissance,
01:34 il pourrait très bien y avoir, comme ailleurs, un accord de gouvernement
01:38 avec finalement un vrai contrat.
01:40 Est-ce que nos institutions le permettent ?
01:43 La bonne nouvelle, Romain, c'est qu'il n'y a aucun problème avec la Ve République
01:46 pour faire ce genre de choses et même en cours de route, même en cours de législature.
01:50 C'est à dire, on n'est même pas obligé de passer par une dissolution.
01:54 Et en fait, ce serait une sorte de cohabitation choisie,
01:56 mais qui permettrait un peu de sortir par le haut,
01:58 de montrer qu'il y a un pilote dans l'avion.
02:00 Il y a pas mal de politiques qui commencent à en parler, Edouard Philippe, mais aussi d'autres.
02:03 Alors, c'est sympa comme idée.
02:05 Est-ce que c'est pas un peu, allez, tarte à la crème ?
02:08 Est-ce que ça peut vraiment marcher, Agnès ?
02:10 En réalité, quand vous regardez partout ailleurs en Europe
02:12 et surtout, par exemple, en Allemagne,
02:14 qu'est-ce qui s'est passé la dernière fois qu'il y a eu des élections ?
02:16 Les sociodémocrates, donc le SPD, mais aussi les Verts, les libéraux,
02:20 se sont alliés pour la première fois pour une coalition.
02:23 Alors, il y a 177 pages de contrat.
02:26 C'est hyper clair.
02:28 Ça s'appelle "Osez plus de progrès".
02:29 Voilà, ils ont mis deux mois à le rédiger, mais ça a été signé.
02:32 Ça a été enterriné.
02:33 Il y a une feuille de route.
02:34 C'est clair, on sait où on va.
02:35 Là, aujourd'hui, qu'est-ce que disent les agences de notation
02:37 qui regardent la France et qui se disent
02:38 "Est-ce qu'on va dégrader la France ou pas ?" ?
02:40 Ils disent "Mais attendez", et Moudiz a commencé à le dire,
02:42 "Le 49-3, ça peut pas marcher à tous les coups.
02:44 On peut pas gouverner comme ça et on peut pas avoir,
02:46 finalement, une cohérence de gestion."
02:48 Donc, finalement, si on veut véritablement quelque chose
02:52 qui est construit pour les quatre prochaines années,
02:54 il y a encore quatre ans à tenir dans ce mandat,
02:57 eh bien il faudra construire quelque chose de différent
03:00 et pas juste dire "On va élargir la majorité"
03:02 parce que ça, ça ne fonctionnera pas.
03:04 Agnès Verdier-Molinier,
03:06 vite une coalition pour le bien de notre économie.
03:08 C'est ce que vous avez dit.
03:09 Merci beaucoup, Agnès.
03:10 Notre économie, notre stabilité, nos finances.
03:12 Agnès Verdier-Molinier, directrice de l'IFRAP.
03:14 Merci à vous, Agnès.
03:15 [Musique]
03:18 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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