Qu'est-ce que l'amour en 2023 ? Avec les récents chamboulements de nos sociétés, comment se traduit aujourd'hui notre rapport au sentiment amoureux ? C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.
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00:16:18 Et bonsoir tout le monde, bienvenue dans le talk de France Info.
00:16:22 Comment ça va ? Je lis déjà Piska Flash qui dit "le titre de l'émission aurait dû être
00:16:27 aimé en 2023 après le passage en force de la réforme des retraites".
00:16:30 C'est drôle, bienvenue Piska Flash qui est déjà en forme.
00:16:34 Comment allez-vous le chat ? Effectivement, je réexplique quand même ce qu'est le talk.
00:16:40 On est ensemble pendant une heure tous les jours de la semaine du lundi au vendredi à 19h.
00:16:46 Et chaque jour de la semaine, on s'arrête sur un sujet parfois d'actualité,
00:16:51 chaud ou parfois un sujet de société.
00:16:56 Comme ça va être le cas ce soir.
00:16:58 Alors vous avez évidemment vu, je vous en parle parce que je vois que ça a été déjà abordé dans le chat,
00:17:04 mais le gouvernement a utilisé le 49 à l'INEA 3, on en a déjà parlé, pour adopter la réforme des retraites.
00:17:13 C'est le fait du jour.
00:17:15 Donc journée mouvementée, la place de la Concorde à Paris qui est déjà noire de monde.
00:17:22 Vous vous en doutez, plusieurs motions de censure qui ont été annoncées aussi.
00:17:26 Les syndicats annoncent de nouvelles journées de mobilisation.
00:17:28 Bref, il y a plein de choses à dire, mais on en parlera demain dans le talk à 18h.
00:17:35 Puis c'est pas mal, comme ça on aura eu quelques heures pour laisser retomber le truc et tout.
00:17:40 Et donc on se retrouve demain pour reparler de tout ça et surtout parler de la suite, des conséquences politiques, sociales.
00:17:47 Comment allez-vous ? Est-ce que vous avez passé une bonne journée ?
00:17:52 Je vous vois parler du 49.3, mais vous faites comme vous voulez, allez-y.
00:17:57 Mais donc émission sur la réforme des retraites demain, plus tôt.
00:18:00 Je vois que vous arrivez progressivement sur le Discord du talk qu'on a créé il y a 2-3 jours, en début de semaine.
00:18:08 Donc c'est chouette, moi je suis contente de vous retrouver sur cette plateforme,
00:18:11 comme ça on a l'occasion d'échanger au sujet de l'émission, vous proposer des sujets, vous proposer des invités.
00:18:20 J'ai même demandé de choisir la couleur des futurs canapés.
00:18:24 Donc c'est chouette et d'ailleurs quand je vous ai annoncé le sujet du jour et les invités du jour, vous avez été hyper enthousiastes et contents.
00:18:33 Donc c'est cool, c'est chouette quand ça se passe comme ça.
00:18:38 Donc n'hésitez pas, on va vous renvoyer, voilà c'est magnifique.
00:18:41 Tiffany la modératrice vient de vous renvoyer le lien pour rejoindre le Discord.
00:18:48 A Julo18 qui gère la modération du Discord et qui a tout organisé de façon totalement volontaire et bénévole.
00:18:56 Donc c'est cool de pouvoir aussi compter sur la communauté du talk.
00:19:01 John Duve 23, hello Manon, hello l'équipe, salut !
00:19:04 De quoi va-t-on parler ce soir ? Allez j'attaque, il faut qu'on avance.
00:19:08 Ce soir on va parler de l'amour, sans doute le sujet de société le plus vaste.
00:19:13 Un sujet de société aussi parfois politique.
00:19:17 En tout cas un sujet, je trouve, moi, dont on ne parle pas forcément, pas assez dans les médias.
00:19:23 Sauf certains formats peut-être un petit peu plus longs.
00:19:28 Mais dans les médias traditionnels, je trouve qu'on n'en parle pas souvent.
00:19:32 Et pourtant notre rapport au couple, à l'amour, aux relations en général, ça en dit beaucoup.
00:19:38 De qui nous sommes, d'où on vient, de notre héritage, de notre culture.
00:19:44 Ça dit beaucoup de choses de la société dans laquelle on vit.
00:19:47 Des bouleversements et des révolutions que notre société, que nous, on traverse aussi.
00:19:53 Révolution féministe, révolution numérique, mais aussi crise climatique et même politique.
00:20:01 Ce soir on va essayer de comprendre comment toutes ces révolutions, justement, finalement,
00:20:05 influencent, bouleversent notre rapport au couple, à l'amour et peut-être à nous-mêmes.
00:20:11 Et d'ailleurs, dans le Discord aujourd'hui, on a déjà parlé un petit peu entre nous de ce sujet.
00:20:15 Donc j'ai noté deux, trois remarques, deux, trois réflexions que vous avez eues et que vous avez partagées dans le Discord.
00:20:24 Donc je les ai notées et comme ça on va faire remonter tout ça à nos invités.
00:20:29 L'amour est partout et pourtant parfois ça semble compliqué d'aimer.
00:20:35 Comment s'aimer en 2023 ? Comment les applications de rencontres influencent nos relations ?
00:20:40 Qu'on les utilise ou pas d'ailleurs ? Et puis l'amour, est-ce que ça se trouve ? Est-ce que ça se cherche ?
00:20:45 L'amour peut-il rendre heureux ? Et que faire quand l'amour nous fait du mal ?
00:20:50 Bref, faut-il révolutionner l'amour ? C'est le thème du stream de ce soir.
00:20:54 Et je voulais, avant qu'on attaque, remercier Joé Coadio, la programmatrice du Talk.
00:20:59 Alors elle est en vacances à Marseille, la vénarde en ce moment, mais c'est des vacances hyper méritées
00:21:06 et elle a énormément travaillé depuis le mois de septembre et c'est elle qui a vraiment monté l'émission de ce soir,
00:21:13 qui a calé, trouvé les invités et tout. Donc merci Joé.
00:21:17 Et je sais que Joé nous regarde et nous écoute ce soir.
00:21:21 Nos invités, je vous les présente tout de suite. Ovidie, bonsoir.
00:21:25 - Bonsoir. - Bienvenue. - Merci.
00:21:27 - Ovidie, autrice, réalisatrice de fiction et de documentaire.
00:21:32 Et votre nouveau livre, ah oui mais forcément si je ne mets pas le plan où on le voit, hop, il est là.
00:21:38 "La chair est triste, hélas" aux éditions Julliard.
00:21:42 Et vous sortez aussi un petit essai pour les jeunes aux éditions La Martinière en juin,
00:21:49 qui va s'appeler "C'est quoi l'amour ?"
00:21:52 - On est déjà en train d'anticiper. - Oui, oui. - D'accord.
00:21:55 - On m'a dit de noter ce petit essai.
00:21:59 - Et puis puisqu'on est dans la phase promo, il y a aussi, depuis la semaine dernière en ligne,
00:22:02 la web série documentaire animé "Libre", la saison 2 qui est en ligne sur arte.tv.
00:22:08 - Voilà, on va envoyer tous les petits liens dans le chat pour que les gens puissent aller regarder les documentaires,
00:22:15 acheter les bouquins, tout ça.
00:22:17 Et aussi j'en profite, une série documentaire audio pour France Culture,
00:22:24 pour la série documentaire, donc LSD, qui s'appelle "Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour ?"
00:22:30 que vous avez réalisé avec Tancrede Ramonet.
00:22:33 - Non, Tancrede, c'est mon buddy, c'est mon référent mâle blanc de pas loin de 50 ans.
00:22:39 Et donc c'est mon camarade et il intervient dedans parce que dès que j'ai des questions à me poser
00:22:46 sur les questions d'amour, de sexualité, j'ai besoin de savoir ce que les hommes ont dans la tête,
00:22:53 c'est mon référent mâle blanc de pas loin de 50 ans.
00:22:55 - Et c'est Tancrede Ramonet.
00:22:57 - En phase de déconstruction, mais c'est pas tout à fait au point, mais il est en phase quand même.
00:23:01 - Il est en train.
00:23:03 Et je conseille ce podcast, on vous l'envoie aussi, enfin cette série, on vous l'envoie dans le chat.
00:23:09 Et Emmanuelle Joss, bonsoir, bienvenue.
00:23:12 Rédactrice en chef de la revue féministe "La Déferlante".
00:23:15 Le dernier numéro, ici, est-ce qu'on le voit ? Mais non, oh là là, Manon, je fais n'importe quoi.
00:23:22 - Il a de la couleur.
00:23:23 - Comme ça, je le montre. "La Déferlante", revue trimestrielle, post-MeToo.
00:23:31 Et donc le numéro 9 s'appelle "Baiser, deux points pour une sexualité qui libère".
00:23:39 Le numéro 4 s'appelait "S'aimer pour une libération des sentiments".
00:23:48 De numéro, il y a le mot "libérer". Pourquoi ? De quoi ? C'est libéré de quoi ?
00:23:56 - Ah ben dis donc, on est aussi dans le dire.
00:23:58 Et je crois que ça reste toujours quelque chose qu'on a à l'horizon à chaque fois qu'on mène un combat, qu'il soit intime ou politique.
00:24:12 De soulever quelques chaînes. La liberté, c'est toujours quelque chose à conquérir, à construire et à forcer,
00:24:23 quand il s'agit de relations interpersonnelles, comme peuvent l'être celles du couple.
00:24:29 Mais justement, le constat de "Baiser" aussi bien que de "S'aimer", c'est qu'il y a beaucoup de manières de le faire hors du couple
00:24:38 et on vit peut-être un moment, et les travaux d'Ovidie sont sur un peu ce même constat,
00:24:44 d'un réinvestissement de la notion de libération sexuelle qui a été quand même complètement prédatée post-mai 68
00:24:54 par l'hétérosexualité masculine, pour faire vite, c'est-à-dire un imaginaire où les femmes devaient être surtout libres
00:25:06 de satisfaire les désirs masculins pour faire vite, avec des injonctions qui pesaient également sur les masculinités,
00:25:16 on pourra revenir là-dessus, mais du coup, je crois que...
00:25:19 Alors, on dit vite qu'on est post-MeToo, moi je pense qu'on est encore complètement dans MeToo et que cette question-là en fait partie.
00:25:25 Comment on s'aime encore ? En sachant à quel point la violence peut se nicher dans des relations intimes,
00:25:34 qu'elles soient affectives ou sexuelles, donc l'entreprise ouverte par MeToo, ce chemin vers la libération, il est constant,
00:25:44 donc on aura probablement encore d'autres numéros autour de ces thèmes-là.
00:25:48 Avec d'autres verbes. Ovidie, de quoi il faudrait se libérer aujourd'hui, si on reste sur l'amour évidemment ?
00:25:58 Attention, liste non exhaustive, mais on va dire de notre conception du couple, déjà, je pense que c'est la première injonction.
00:26:08 Quand on est une femme, c'est trouver quelqu'un, faire couple.
00:26:12 Notre seconde injonction, c'est maintenir ce couple, entretenir ce couple.
00:26:17 On est vraiment les gardiennes du couple et c'est vraiment notre tâche, à nous en tout cas dans la relation hétérosexuelle,
00:26:27 de faire en sorte que ce couple ne se disloque pas.
00:26:29 Alors on va se poser plein de questions, on va entretenir la flamme, on va booster notre libido,
00:26:34 on va essayer d'expérimenter de nouveaux fantasmes, etc.
00:26:39 parce qu'on va avoir peur que l'autre s'en aille ou ne soit pas assez satisfait dans le couple pour que ça continue.
00:26:45 Jamais tranquille en gros.
00:26:47 Jamais tranquille, donc première fonction, faire couple.
00:26:50 La deuxième fonction, maintenir ce couple et ça passe par...
00:26:57 Notre première fonction, je dirais, dans la société, c'est d'être désirable.
00:27:02 Et je pense que notre premier rôle en tant que femme, ce qui définit notre valeur sociale, c'est la baisabilité, c'est notre degré de baisabilité.
00:27:10 Est-ce qu'on réussit bien dans la vie ? Est-ce qu'on est des bonnes mères ?
00:27:16 Non, en fait, la première injonction, c'est être désirable et on se nourrit, on est prise à mon avis dans une forme de servitude volontaire,
00:27:23 dans le sens où on se nourrit de la validation à travers le regard masculin.
00:27:28 On attend d'être validé, que nos existences soient validées par ce regard masculin et on est prête à tout, en fait, pour continuer à être désiré, désirable.
00:27:37 On est prête à se brûler la peau en se faisant des peelings, on est prête à faire du cardio à jeun jusqu'à l'évanouissement pour maigrir.
00:27:45 On est prête à se faire, à risquer notre vie sur une table d'opération pour se faire poser des nouveaux, des prothèses mammaires,
00:27:51 où on est tellement ivre de douleur à l'approche de, comment dire, au moment de vieillir.
00:27:57 On a tellement peur de perdre notre valeur sur le grand marché de la baisabilité qu'on peut risquer notre vie pour se faire faire un lifting.
00:28:04 Je veux dire, c'est un monde qui est complètement fou, qui tourne par rond.
00:28:08 Et vraiment, c'est tout, c'est le travail d'une vie entière quand on est une femme que de rester désirable.
00:28:14 Et ça, c'est l'hétérosexualité, c'est le patriarcat, c'est l'hétéronormativité, etc.
00:28:20 Mais je pense que c'est épuisant, en fait, d'être une femme.
00:28:25 C'est pas juste le rapport sexuel en lui-même qui peut être décevant parce que très hétéronormatif.
00:28:31 Mais c'est tout ce que ça implique au quotidien d'être une femme.
00:28:38 C'est que même dans la moindre de nos interactions, on a besoin d'être désiré, d'être validé,
00:28:45 même avec des gens avec qui on ne couche pas et avec qui on ne couchera jamais, au travail.
00:28:51 C'est pas pour rien que les femmes qui font du 36 ont plus de chances de trouver du boulot que les femmes qui font du 44.
00:28:57 C'est bien qu'on est toujours là, dans cette espèce de promesse d'un rapport sexuel qui ne sera jamais consommé,
00:29:02 qui est une promesse symbolique.
00:29:05 On est pas minaudes pour aller acheter un croissant. On est dans ce rapport de séduction-là constant.
00:29:09 Parce que notre place en tant que femme dans la société, c'est ça.
00:29:12 C'est être regardée, c'est être validée, c'est "t'es la plus belle", c'est être la "je trompe faite" aussi,
00:29:16 c'est être la plus belle parmi les autres, ce qui crée aussi une forme de compétition intrasexuelle.
00:29:19 C'est "je veux être la plus belle, la mieux, la plus regardée des hommes".
00:29:23 Et puis le jour où ils ne nous regardent plus, on est là, on est perdue,
00:29:26 on nerre comme des chiennes dans une forêt à la recherche d'un maître.
00:29:29 "Ah, ils ne me regardent plus, on ne me séduit plus, je ne suis plus séduisante.
00:29:33 Et mon mari ne me regarde plus, mon mari ne me touche plus, donc ça veut dire qu'il ne m'aime plus".
00:29:37 Et là, on confond tout. C'est peut-être un peu fouillis ce que je raconte.
00:29:41 - Pas du tout. Moi je trouve ça très clair, le tchat. Est-ce que vous trouvez ça clair ?
00:29:44 C'est un bon résumé pour attaquer. Emmanuel, c'est possible aujourd'hui d'être en couple
00:29:54 en laissant un petit peu de côté toutes ces chaînes, en ne faisant pas tous les sacrifices dont Ovidie vient dénumérer ?
00:30:04 C'est possible ou pas du tout ?
00:30:07 - Ben, disons, c'est un sacré question. J'essaie de réfléchir sans dire trop de bêtises.
00:30:21 Je pense que oui, probablement que c'est possible.
00:30:25 En fait, je suis incapable de donner des solutions.
00:30:29 Je pense en tous les cas qu'on arrive à un moment où on a la chance de pouvoir faire entendre beaucoup des questions
00:30:38 qui nous permettent de savoir ou pas si c'est possible, de savoir ou pas si on en a envie,
00:30:44 de savoir ou pas si ça en vaut la peine.
00:30:48 Alors que toute cette grammaire des sentiments amoureux et toutes ces grammaires des relations sexuelles,
00:30:57 moi j'ai 40 ans, donc probablement beaucoup plus que les gens du tchat,
00:31:04 j'ai l'impression quand j'avais 20 ans qu'il n'y avait pas toute cette possibilité de ne pas laisser l'image du prince charmant de manière très naïve.
00:31:21 Je ne sais pas si c'est possible. Je pense que ça dépend aussi de beaucoup de choses.
00:31:28 Il y a aussi un facteur, moi, qui me paraît de plus en plus difficile à contester,
00:31:34 c'est l'importance de l'autonomie économique des femmes pour faire complètement aussi entendre les choix.
00:31:39 Parce que la conjugalité, ce n'est pas seulement une histoire de sentiments amoureux, ce n'est pas une histoire d'attirance sexuelle,
00:31:43 c'est aussi une solution juridico-économique qui permet à des femmes,
00:31:49 quels que soient les sentiments qu'elles ont pour leur conjoint,
00:31:53 de ne pas être à la rue, de ne pas avoir le problème de loyer.
00:31:58 On le sait que la sanction est aussi terrible, pas seulement quand il n'y a pas de désirabilité,
00:32:04 mais quand on sort de la conjugalité, les mères célibataires sont parmi les populations les plus impactées par la pauvreté,
00:32:13 parce qu'en plus elles ont une charge de famille.
00:32:18 C'est aussi ce qu'on racontait dans le numéro "S'aimer", on était allés interviewer un collectif qui s'appelle "Le prix de l'amour"
00:32:24 et qui revendiquait justement la réforme de l'éducation pour les personnes handicapées,
00:32:30 qui fait défendre la personne handicapée des revenus de son conjoint, ce qui est absolument délirant en fait.
00:32:35 Parce que ça part du principe que le couple est une construction solidaire,
00:32:40 alors que c'est beaucoup plus que de la solidarité, il faut parler de dépendance.
00:32:47 Et si ça a des fers derrière le discours de l'amour et de la sexualité.
00:32:50 Et pourtant, malgré toutes les injonctions que vous avez pu lister là tout à l'heure,
00:32:58 on rêve toujours un peu d'amour.
00:33:02 Il y a toujours ce but-là qui guide un peu les vies de tout le monde finalement.
00:33:09 Alors pas moi.
00:33:12 Moi c'est bon, j'ai déjà donné.
00:33:16 Ce que je trouvais quand même vachement intéressant sur ce que tu disais sur la dimension financière,
00:33:22 c'est que le couple et l'amour, c'est aussi souvent une transaction économico-affective ou économico-sexuelle.
00:33:30 C'est dans le sens où l'hétérosexualité, c'est rarement gratuit.
00:33:35 Et cette dimension-là, elle est toujours présente.
00:33:38 Encore en 2023, ça n'a pas beaucoup changé.
00:33:42 On dit encore aux jeunes filles, et pas juste à...
00:33:45 Je pense qu'on a à peu près le même âge avec Emmanuel.
00:33:47 On dit encore aux jeunes filles qu'il faut se trouver un bon parti, qu'il faut se trouver un mec pété de thunes.
00:33:53 Je vois par exemple la chiclite et certaines romances érotiques qui sont lues plutôt par des 16-25.
00:34:00 On a encore cette représentation du mec très mystérieux qui est milliardaire et qui a un hélicoptère, etc.
00:34:08 Donc toute cette chiclite et toutes ces romances érotiques, la nana est toujours beaucoup plus jeune et un peu naïve.
00:34:16 C'est toujours un petit peu les mêmes schémas.
00:34:18 Et si elle accepte de se faire fouetter, en général, c'est parce que c'est dans un cadre luxueux avec un mec dominant qui a plein d'argent.
00:34:25 Elle ne se fait pas fouetter par des prolos.
00:34:29 Donc cette dimension économique, elle est quand même toujours là.
00:34:34 Il y a toujours cette idée d'échanger du sexe ou de l'amour contre une sécurité.
00:34:39 On peut être aussi transfuge de classe grâce à un capital beauté ou grâce à nos prestations sexuelles ou amoureuses.
00:34:49 Grâce au couple, on peut être transfuge de classe quand on est une femme.
00:34:53 C'est assez facile, quand on est un homme, ce n'est pas possible.
00:34:55 C'est beaucoup plus rare.
00:34:57 Quand on est une femme, c'est quelque chose qui est de l'ordre du possible.
00:35:00 Si on a un bon capital beauté à la base, on peut se marier avec un dirigeant de grand groupe.
00:35:06 Il n'y a pas de souci.
00:35:08 Il y a quand même ce truc de par l'amour accéder à quelque chose.
00:35:13 Ça va être de l'argent, ça va être une sécurité, ça va être une particule, ça va être un poste.
00:35:18 Mais au-delà des bénéfices cyniques, ça va être aussi tout simplement de la revalorisation.
00:35:24 Ça va être de l'amour.
00:35:27 Finalement, on baisse très peu pour la baisse.
00:35:30 Quand on est une femme, on baisse pour être, au-delà des bénéfices cyniques, on baisse pour être revalorisée.
00:35:35 Pour qu'on nous dise qu'on est la plus géniale, la plus belle, la plus fantastique, etc.
00:35:39 On baisse pour, encore une fois, être...
00:35:43 Je parlais tout à l'heure de notre baisabilité comme valeur sociale, vraiment pour être revalorisée socialement.
00:35:49 Il y a Ronan Guenoux dans le tchat qui dit "heureusement je suis loin de l'hétérosexualité".
00:35:57 C'est ça le...
00:35:58 Un de sauvé, c'est bien.
00:36:00 Qu'est-ce que vous pouvez nous dire là-dessus ? C'est ça, entre guillemets, le problème ?
00:36:05 L'hétérosexualité ?
00:36:07 Clairement, oui, c'est la façon dont elle est construite.
00:36:13 Moi, plus globalement, ça nous emmènerait très loin.
00:36:17 Mais on est là pour ça !
00:36:19 Je pense que le problème, c'est même le genre.
00:36:22 C'est-à-dire le fait que la différence sexuée, masculin-féminin, elle n'est pas seulement une différence,
00:36:29 elle est aussi une hiérarchie, et que tout ce qui est masculin est plus valorisé, bénéficie plus de ressources.
00:36:35 Et donc l'hétérosexualité, c'est un peu le système qui permet d'organiser, en construisant une image d'harmonie,
00:36:45 qui permet de romantiser cette hiérarchie-là.
00:36:52 C'est pour ça qu'on tombe amoureux du prince charmant.
00:36:57 C'est ce que dit Ovidie, il faut accéder à ce qui a un peu plus de ressources.
00:37:03 Et c'est pour ça que quand vous dites l'amour, est-ce que tout le monde continue d'en rêver ?
00:37:11 Je pense que globalement, ce dont rêve tout le monde, et c'est un peu le propre de la condition humaine,
00:37:15 c'est d'être bien avec les autres.
00:37:17 Alors après, je pense qu'être bien avec les autres, ça passe par de multiples manières d'aimer,
00:37:24 qui peuvent consister à faire couple, qui peuvent consister à vivre seuls,
00:37:29 qui peuvent être des investissements dans des amitiés qui sont extrêmement fortes.
00:37:36 Des amitiés... On peut être aussi extrêmement proche de...
00:37:41 Moi, je suis extrêmement proche de ma petite sœur, par exemple, donc c'est un amour extrêmement intense.
00:37:47 Et ça, je crois qu'on quitte vraiment le champ de la sexualité.
00:37:52 On est vraiment sûr comment on peut avoir des moments où...
00:37:56 C'est ce que racontait Anne Pauly dans le numéro "S'aimer",
00:38:00 où à travers l'autre, on construit une fiction de bien-être avec soi et de bien-être avec l'autre,
00:38:10 qui est probablement ce qu'il y a de plus doux à vivre dans l'existence.
00:38:14 Mais du coup, on est là, très loin dans cette diversité-là, on est très loin du couple et de l'hétérosexualité.
00:38:22 Et il y a justement, oui, c'est Sasso dans le tchat qui dit
00:38:27 qu'il se retrouve aussi dans les couples non-hétérosexuels.
00:38:30 Ou il dit ?
00:38:33 Alors, je peux parler de mon expérience, je ne suis pas hyper...
00:38:38 Je ne peux pas parler à la place des autres non plus.
00:38:41 Mais évidemment qu'on peut avoir des relations toxiques,
00:38:46 évidemment qu'on peut se retrouver dans des situations où on va reproduire des schémas de domination-soumission.
00:38:54 Néanmoins, j'ai quand même l'impression que ces injonctions sont beaucoup moins fortes,
00:38:59 qu'il y a beaucoup plus de vigilance autour de la question du consentement.
00:39:03 Encore une fois, je parle de mon petit vécu.
00:39:05 Et qu'il y a beaucoup plus d'intérêt aussi pour le plaisir de l'autre.
00:39:09 C'est-à-dire, je pense que quand on est une femme hétéro, on est éduqué à faire plaisir, faire plaisir à l'autre.
00:39:15 Quand on se retrouve en couple avec une meuf, on n'est plus dans ce truc de
00:39:21 "vas-y, je joue, je fais semblant à te satisfaire comme on le ferait avec un mec".
00:39:26 Je pense que déjà, la question du consentement est un peu plus respectée.
00:39:31 Et le plaisir est moins optionnel.
00:39:34 Parce que c'est ça le problème, c'est que dans l'hétérosexualité, quand on est une femme, notre plaisir est optionnel.
00:39:39 Là, j'ai moins la sensation que ce plaisir est optionnel.
00:39:42 Après, évidemment qu'il y a des situations qui sont compliquées.
00:39:45 Mais nous, ce qu'on dénonce, ce n'est pas "tel couple dans tel couple, ça se passe bien, ça se passe mal, tel individu, tel individu".
00:39:50 Ce qu'on dénonce, c'est un système. Et l'hétérosexualité, c'est un système.
00:39:53 C'est même plus qu'un système, c'est un régime politique.
00:39:55 C'est pour reprendre la formule de Juliette Droir qui a écrit "Sortir de l'hétérosexualité".
00:40:00 L'hétérosexualité, c'est un régime politique.
00:40:04 - Et alors, je voulais vous faire part d'un commentaire que Lény, un membre de la communauté du Tolk, nous a partagé cet après-midi.
00:40:15 Et qui dit, quand Lény a découvert le titre de l'émission, il nous a dit "J'ai un peu de mal à comprendre cette idée de révolutionner l'amour.
00:40:23 Dans ma conception de l'amour, l'amour englobe énormément de choses différentes.
00:40:27 Je suis amoureux de beaucoup d'êtres humains".
00:40:30 C'est ce que vous disiez aussi tout à l'heure, Emmanuel.
00:40:32 "Mais cet amour entraîne aussi souvent avec lui de l'envie de posséder, de la jalousie, de la haine.
00:40:39 Pour révolutionner l'amour, il faudrait déjà que les gens commencent par vivre ensemble et ne pas se planquer derrière une porte fermée à double tour".
00:40:46 Donc ma question c'est, est-ce vraiment l'amour qu'il faut révolutionner ?
00:40:50 - Pour la porte, je ne suis pas sûre.
00:40:54 Mais pour en tout cas d'autres formes d'amour, ça oui.
00:40:58 En tout cas, j'adhère.
00:41:01 Et c'est peut-être ça, oui.
00:41:03 Après le vivre ensemble, la porte fermée, je ne sais pas.
00:41:08 Mais jusque-là, j'étais là "ouais, il a raison, c'est comme ça qu'on va révolutionner l'amour".
00:41:12 - Emmanuel, c'est vraiment que l'amour qu'il faut révolutionner ?
00:41:18 - Non, globalement, il faudrait tout changer.
00:41:20 Mais c'est une fois...
00:41:23 Déjà, l'amour ça peut contribuer à être un changement révolutionnaire très global.
00:41:35 Et pas être porté par une envie d'amour.
00:41:41 C'est un peu dommage peut-être de réduire les sentiments collectifs qu'on a
00:41:46 quand on a envie de porter collectivement une lutte,
00:41:49 de la réduire peut-être à de l'amour,
00:41:52 comme quelque chose de très psychologique.
00:41:54 Mais en fait, je pense que c'est un peu ça qui circule quand même dans les gens qui se soudent entre elles.
00:42:00 Moi, je trouve que c'est quelque chose qui est très perceptible dans les luttes féministes.
00:42:05 Depuis qu'on a lancé la Déferlante, j'ai rencontré plein de femmes géniales et passionnantes.
00:42:12 Et à chaque fois, c'est des discussions où les choses qui circulent sont extrêmement fortes.
00:42:17 Et ce qui nous anime, c'est à la fois toutes et tous,
00:42:21 parce qu'il y a aussi notamment des hommes trans.
00:42:25 On publie bientôt un livre de Tal Madessa qui est aussi extrêmement fort sur, justement,
00:42:30 d'autres manières de s'aimer, puisque c'est un auteur trans qui raconte sa transition
00:42:35 et il parle notamment de sa vie en couple avec sa compagne.
00:42:38 Et toujours est-il que ce qui nous porte collectivement,
00:42:43 c'est quelque chose qui réchauffe aussi complètement.
00:42:51 Je pense que je ne serais pas non plus pour quelque chose de très cucu, etc.
00:42:57 Moi, j'ai besoin de ça, de garder un peu la sorcière en moi,
00:43:01 et qui a besoin des fois de fermer la porte, d'être toute seule, de marcher toute seule dans une forêt.
00:43:06 Et c'est bien aussi, on a le droit, là récemment, pour un prochain numéro,
00:43:13 on recevait Mona Cholet et la dessinatrice fédoise Liv Stromquist.
00:43:18 Donc j'utilise le prochain numéro et Mona Cholet disait à un moment,
00:43:23 "J'en ai marre d'être la caregiver de service, c'est-à-dire celle qui doit toujours prendre soin des autres."
00:43:30 Et je trouve que ça s'entend de dire à un moment,
00:43:33 on peut aussi faire la propre grève du soin des autres.
00:43:41 Ne pas rêver d'amour, juste rêver de silence et de solitude, c'est bien aussi.
00:43:50 - Ovidie, est-ce que #MeToo a fait évoluer notre rapport au couple ?
00:43:55 Notamment les femmes, on a peut-être des attentes différentes,
00:44:00 on est vigilantes peut-être beaucoup plus qu'avant ?
00:44:03 - Moi, j'ai la sensation que oui.
00:44:05 Ça nous amène collectivement, parce qu'avant, on s'était déjà présents individuellement,
00:44:10 mais là, ça nous amène collectivement à repenser la relation amoureuse, à repenser le couple.
00:44:15 Ce qui est intéressant, c'est que #MeToo, c'est partie des violences sexuelles.
00:44:18 Et en fin de compte, on se voit bien que ces cinq dernières années,
00:44:22 c'est passé par la charge mentale au sein du couple, la charge contraceptive, qui lave les chaussettes.
00:44:29 Ça nous a amené à rebattre complètement les cartes de la relation hétéro.
00:44:37 Pour moi, c'est certain, bien sûr, que #MeToo a joué un rôle important là-dedans.
00:44:42 Ça nous amène à tout repenser collectivement, et donc, pas nécessairement, au bout d'un moment, on en arrive.
00:44:47 On repense le ménage, on repense l'éducation des gamins, etc.
00:44:51 Et petit à petit, on se rapproche de la chambre à coucher.
00:44:54 On se dit, il va peut-être falloir commencer à songer, à repenser aussi ce qui se passe dans cette chambre, dans ce lit.
00:45:03 Et je pense que c'est là où on en est, à l'heure actuelle, collectivement.
00:45:07 On est vraiment très nombreux et très nombreuses à se poser cette question-là de
00:45:11 « Sinon, on ne serait pas là ce soir. »
00:45:13 Comment s'aimer dans l'égalité ? Comment baiser dans l'égalité ?
00:45:16 Est-ce qu'on peut repenser aussi, reprogrammer nos fantasmes ?
00:45:19 Parce que nos fantasmes ne se sont pas construits avec ce nid-l'eau.
00:45:21 Ils se sont construits en fonction de notre environnement culturel.
00:45:23 Sur des images, sur des représentations qui sont sexistes, patriarcales, etc.
00:45:29 Et puis surtout, très hétéronormées.
00:45:32 À partir du moment où on se dit « Oui, on va quitter ça, on va essayer de se reprogrammer, repenser nos fantasmes. »
00:45:38 Parfois, on se retrouve face à un grand vide aussi.
00:45:40 On se dit « Merde, comment je vais faire pour me ré-exciter maintenant ? »
00:45:43 « Comment ça fonctionne ? » « Qui suis-je ? »
00:45:46 « Maintenant, je me suis débarrassée de ce que je ne veux plus. »
00:45:48 « Comment est-ce que je fais pour reprogrammer des trucs dont j'ai envie ? »
00:45:52 C'est hyper compliqué.
00:45:54 Et moi, j'ai l'impression qu'on en est collectivement un petit peu là.
00:45:58 En tout cas, les femmes et les hommes un peu moins.
00:46:02 Et je pense que c'était Manon Garcia qui me disait ça.
00:46:05 Elle disait « On a fait toutes les gymnastiques possibles.
00:46:08 Maintenant, c'est aux hommes de prendre le relais et de vouloir changer. »
00:46:15 Parce que changer, surtout quand il est question d'amour et de sexe, il est question de désir.
00:46:20 Et pour qu'il faut continuer à désirer, on ne va pas juste dire aux mecs « Maintenant, vous changez ! »
00:46:27 C'est compliqué, il faut qu'ils aient envie de changer.
00:46:29 Il y a des remises en question.
00:46:31 Après, chacun a ses propres buts.
00:46:34 Quand je regarde autour de moi mes amis, je vois quand même que ça cogite.
00:46:39 Oui, mais ma génération à moi, tous les boomers qui ont 50 piges, ils n'ont absolument pas envie de bouger.
00:46:45 Pas de marche arrière.
00:46:47 Mais d'ailleurs, dans le tchat, ça nous intéresse.
00:46:51 Depuis Me Too, est-ce que Me Too a changé quelque chose dans votre rapport à l'amour, dans votre rapport au couple, à votre copine, à votre copain ?
00:47:01 Peu importe, est-ce que ça a amené certains questionnements ?
00:47:04 Emmanuel, peut-être ?
00:47:07 En fait, je pense qu'en tous les cas, dans les imaginaires et les représentations, il y a des choses qui ont bougé.
00:47:20 Je pense que la semaine dernière, pour le 8 mars, j'étais à une table ronde.
00:47:24 On se disait que, par exemple, des séries notamment comme Sex Education, sur Netflix, qui sont des productions culturelles très mainstream,
00:47:37 et avec une manière de raconter des histoires qui rendent très accessible la construction d'autres imaginaires amoureux et sexuels.
00:47:48 Et puis Amicale aussi, parce que j'ai peu de séries qui me viennent comme ça,
00:47:54 où le personnage principal, son meilleur pote, c'est un mec gay, noir, et ils sont super amis.
00:48:03 Et donc, il y a quelque chose qui se passe là-dedans.
00:48:11 On est probablement un peu plus informés aussi.
00:48:14 Maintenant, au-delà de ça, je trouve qu'on vit une époque quand même difficile,
00:48:20 dès qu'il s'agit de trouver des issues politiques pour protéger un peu les corps que peuvent violenter les relations romantisées.
00:48:32 On le voit, le chiffre des féminicides ne faiblit pas.
00:48:36 Le premier lieu de danger pour une femme, c'est aussi simple que ça, c'est l'espace privé.
00:48:43 Et par temps là, c'est extrêmement drôle.
00:48:45 Et #MeToo part de ça, et on n'a toujours pas trouvé de solution politique à ça,
00:48:49 puisque le nombre de féminicides, on le voit, ils stagnent, les gouvernants s'en foutent.
00:48:54 Vraiment, je pense que culturellement il s'est passé quelque chose, niveau social.
00:48:57 Moi, ça me frappe de voir, pour le coup, la lourdeur politique.
00:49:03 Et donc, cette question des corps vulnérabilisés le sont toujours autant,
00:49:11 voire peut-être plus quand on voit la réforme des retraites votées aujourd'hui.
00:49:15 Ça consiste très sciemment à précariser encore davantage les femmes.
00:49:19 C'est difficile d'avoir une autonomie économique quand on est une femme qui vieillit,
00:49:24 que la désirabilité baisse, et aussi du coup, ce qu'on dégage sur le marché du travail.
00:49:30 C'est évident, c'est complètement lié.
00:49:33 Et je parle de ça, je parle même pas des femmes qui ne sont pas valides,
00:49:38 de quantité de gens qui sont attaqués.
00:49:41 Donc en fait, si on ne peut que rêver, s'imaginer qu'il y a des choses possibles,
00:49:46 mais que très concrètement on est épuisé par le travail,
00:49:49 par l'angoisse de ne pas nourrir ses enfants ou des choses comme ça,
00:49:52 en fait, non, la révolution sexuelle, elle n'advient pas, et on ne bouge pas grand-chose.
00:49:59 C'est pour ça que je dis qu'on est encore complètement, à mes yeux, dans le "me too",
00:50:02 c'est que je l'espère au tout début.
00:50:04 Et au Vidi, quand d'ailleurs il y a Renan Guenou qui dit "je suis en grève comme au Vidi".
00:50:08 - Aujourd'hui une poignée, demain toute une armée.
00:50:13 - Quand la majorité quand même des femmes a connu des violences sexistes, sexuelles,
00:50:21 des violences psychologiques quand même, aussi, sans parfois même s'en rendre compte forcément tout de suite.
00:50:28 J'ai envie de dire comment "dater" en toute naïveté quoi, en toute innocence, c'est ça qui est difficile aussi.
00:50:37 - C'est ça le problème, exactement.
00:50:40 Et anecdote, mais l'autre jour je parlais avec une camarade, une copine,
00:50:46 qui racontait encore ses dernières relations un peu minables de mecs rencontrés sur des applications.
00:50:56 Et j'ai posé la question, on parlait d'une situation particulière, je lui disais "mais pourquoi t'es pas partie ?
00:51:02 Pourquoi t'as couché avec ? Pourquoi t'es pas partie à ce moment-là ?"
00:51:05 Et elle m'a répondu "j'ai eu peur".
00:51:08 Et ça, cette sensation de devoir coucher avec un gars par politesse ou de coucher avec un gars par peur,
00:51:13 c'est quand même un truc qui est très très très plaisant, très présent, pas plaisant certainement, très présent.
00:51:23 Et donc comment "dater" en toute sécurité, c'est une question qui se pose.
00:51:28 Et comment avoir encore envie aussi de "dater" alors que quand on a déjà été violé, violenté, abusé,
00:51:36 c'est compliqué de continuer à désirer celui qu'on va dénoncer comme l'oppresseur.
00:51:42 Je parle d'un point de vue systémique, pas d'individu, mais pour faire un raccourci,
00:51:47 c'est voilà celui qui est désigné comme l'oppresseur, comment on fait pour continuer à le désirer ?
00:51:52 Ça demande toute une gymnastique mentale extrêmement compliquée,
00:51:55 et puis ça demande une bonne grosse dose d'espoir, c'est-à-dire quand on rencontre un gars,
00:51:59 on se dit "mais pourvu que ce soit un gars bien".
00:52:02 La plupart du temps, c'est l'illusion, le désenchantement, mais c'est quand même notre espoir.
00:52:11 On a toujours un peu cet espoir quand même que celui-là va bien se comporter.
00:52:15 Alors parfois il se comporte bien, mais parfois il ne se comporte pas bien.
00:52:18 C'est un peu l'auto en fait.
00:52:21 On a lancé un sondage dans le chat, depuis MeToo, vous vous êtes posé des questions sur votre couple.
00:52:27 77% du chat a répondu que oui.
00:52:31 Et si vous voulez, je veux bien qu'on parle des applications de rencontre,
00:52:35 de cette révolution numérique.
00:52:39 Alors j'ai lu, ça fait déjà 10 ans que Tinder existe, 20 ans que Meetic existe,
00:52:48 et 55 minutes, c'est le temps que passent tous les jours les célibataires sur leurs applications de rencontre.
00:52:54 Ça c'est une étude qui a été réalisée par l'application de dating e-Harmony.
00:52:59 Est-ce que, et je vous pose aussi la question à vous, le chat répondait "nous",
00:53:04 est-ce que les applications de rencontre nous ont libérés ou au contraire,
00:53:08 est-ce qu'elles nous ont aliénées d'une certaine manière ?
00:53:11 Emmanuel ?
00:53:13 Quid des applications de rencontre ?
00:53:17 Alors là-dessus, moi je trouve qu'on a tendance à vivre les applications comme un grand moment de rupture.
00:53:23 Moi je pense que ça met juste à nu la transaction économique au sexuel
00:53:29 qu'il y a toujours eu si on lit les romans de Jane Austen,
00:53:33 donc cette romancière anglaise du 18ème siècle.
00:53:36 Le marché matrimonial, c'est un moment, on commence un peu à romantiser l'amour,
00:53:43 mais globalement il s'agit pour les femmes de se trouver un moyen de vieillir en toute sécurité.
00:53:47 Donc c'est dit assez crânement.
00:53:50 Et je trouve que derrière il y a tout un discours, l'amour, on a construit ce truc.
00:53:57 Le 20ème siècle, on s'est mis davantage à faire des mariages et des compagnonnages de vie
00:54:03 où on choisit son partenaire et c'est un peu moins dicté par cette...
00:54:09 il n'y a plus de notion de "d'autres" quoi, disons dans tous les cas dans la majorité des pays occidentaux pour parler.
00:54:14 Et donc on aurait le sentiment qu'on choisirait librement comme ça.
00:54:21 Et je trouve que les applications remettent assez à nu le fait que...
00:54:25 et c'est aussi vrai dans la façon dont on rencontre son conjoint ou sa conjointe en soirée, etc.
00:54:33 En fait, il y a toujours des paramètres sociologiques, des conditionnements qui font que
00:54:39 on ne choisit pas par la pure cupidon qui tomberait au détour du...
00:54:46 Voilà, on le sait, les sociologues travaillent là-dessus.
00:54:50 Je ne les ai plus en tête, mais c'est que les hommes vont plus facilement choisir des femmes
00:54:56 qui ont un petit peu moins de capital de diplôme qu'eux.
00:55:01 On le sait aussi sur les critères de beauté, enfin, qui a le petit privilège, là, comme on dit,
00:55:07 le privilège des gens qui sont beaux, sur le marché de la désirabilité, c'est plus facile pour eux.
00:55:12 - Dans la majorité des couples aussi, l'homme est plus âgé.
00:55:16 - Voilà, c'est ça. Il y a toute une série de normes et les applications ne font que...
00:55:21 En fait, c'est l'équivalent d'un questionnaire de sociologue,
00:55:25 mais qui arrive avant la mise en couple plutôt qu'après.
00:55:29 Donc, moi, je n'y vois pas tellement de rupture et je n'y vois pas forcément une forme de...
00:55:33 de technologie révolutionnaire.
00:55:36 Après, je ne connais pas le sujet en profondeur, donc je dis ça.
00:55:41 - Je vous lis juste deux, trois réactions et après, Ovidie, vous pouvez réagir.
00:55:46 Fantos21 qui dit "je fuis toute application dédiée aux rencontres".
00:55:51 Téchani2604 qui dit "les applis sont d'une tristesse".
00:55:56 Pourquoi il y a autant de gens sur les applications de rencontres ?
00:55:59 - Parce que ça donne l'illusion d'un champ des possibles infinis.
00:56:06 Je pense que c'est pour ça, alors qu'en fin de compte...
00:56:09 - On se sent capable, on se sent plus fort.
00:56:12 - Non, je crois qu'on a l'impression d'avoir un très grand catalogue avec une multiplicité de choix,
00:56:16 alors qu'en réalité, ce que disait Emmanuel, finalement, on continue à se "dater" entre nous,
00:56:22 au sein d'un même milieu social.
00:56:25 Les rallies, ça existe encore, les rallies dans le 16ème,
00:56:27 où on forme un couple, un binôme, en fonction de...
00:56:34 Est-ce qu'on vient du même milieu ?
00:56:36 On check nos compatibilités sociologiques.
00:56:39 Et sur les applications de rencontres, effectivement, on check aussi nos compatibilités sociologiques.
00:56:44 Déjà, on fait un premier tri, par exemple, avec l'orthographe.
00:56:48 - Moi, je trouve ça terrible.
00:56:50 - On fait un tri de classe, de fêtes, avec l'orthographe.
00:56:54 Et puis, petit à petit, on a l'impression que oui, voilà, c'est le hasard total et tout ça.
00:56:58 Et puis, on finit par "dater" une personne qu'on aurait "dated" dans la vraie vie,
00:57:03 qu'on aurait "dated" même sans les applications de rencontres,
00:57:06 c'est-à-dire quelqu'un qui va être plus ou moins du même milieu social que nous.
00:57:09 Ça va être toujours un petit peu la même chose.
00:57:13 - Et Emmanuel ?
00:57:15 - Oui, la même des rallies, parce que les rallies, c'est un peu la forme presque caricaturelle,
00:57:19 on a bien son ok, mais en fait, tous les trucs d'école d'ingénieur,
00:57:23 d'école de commerce, le nombre de gens qui se rencontrent dans des écoles,
00:57:27 c'est des mécanismes de reproduction sociale, l'endogamie qui existe à ce moment-là,
00:57:33 j'ai pas le nombre de gens, le pourcentage du nombre de gens qui se sont rencontrés pendant leurs études,
00:57:38 mais c'est un truc assez frappant.
00:57:40 Et moi, je veux bien qu'on dise que les applications sont tristes,
00:57:42 moi, je n'ai jamais "dated" par application, mais par contre,
00:57:45 j'ai eu mon lot de relations pourries, sans qu'il y ait eu Mythique ou Tinder derrière,
00:57:51 et on se retrouve, la chair est triste, quoi.
00:57:54 Et je ne sais pas si les applications, ils sont...
00:57:56 - Hélas !
00:57:58 - Si les applications, ils sont particulièrement pour quelque chose là-dessus.
00:58:03 - Vivi Souchy qui dit "Perso, j'y arrive pas avec les applis, trop de faux,
00:58:07 il faut se vendre comme sur un CV, on peut être déçu, je préfère les vraies rencontres,
00:58:11 même sans que ça soit sexuel".
00:58:14 Et c'est vrai que même là, quand je lis le tchat et quand j'ai lu plusieurs articles,
00:58:20 est-ce qu'on est dans un moment, là, 2023, où les gens commencent à être un peu lassés
00:58:24 des applications de rencontres ?
00:58:27 Moi, j'aurais plein d'amis autour de moi qui restent dessus, mais qui...
00:58:30 juste, ça ne fonctionne pas, quoi.
00:58:32 - J'ai l'impression que cette tristesse, elle est pointée du doigt depuis un moment déjà,
00:58:38 parce que je me souviens d'un documentaire qui s'appelait "Love me Tinder",
00:58:41 et je crois qu'il date de 2012.
00:58:43 C'était de Thomas Borneau et d'une réalisatrice,
00:58:47 j'ai oublié le nom, c'est terrible, j'ai le nom du réal,
00:58:49 mais je n'ai pas le nom de la réalisatrice, c'est une honte sur moi !
00:58:52 Mais voilà, il y avait un documentaire qui s'appelait "Love me Tinder",
00:58:54 je pense que c'est 2012, et donc déjà, ils étaient dans cette réflexion-là,
00:59:00 cette tristesse face justement à la consommation des corps,
00:59:04 qui mène à rien.
00:59:07 Mais c'est vrai qu'on l'entend quand même de plus en plus,
00:59:11 cette histoire de désenchantement face aux applications.
00:59:14 Mais je pense que c'est, encore une fois, un désenchantement global, je crois.
00:59:17 Ce n'est pas que lié à l'application, de toute façon, ce n'est pas le numérique.
00:59:21 - Ce n'est pas la faute aux applis ?
00:59:24 - Non, c'est juste un outil, mais sur les applications,
00:59:27 on reproduit exactement la même chose que dans la vie ARL.
00:59:30 - Désenchantement global, Emmanuel ?
00:59:33 - Oui, après, je pense que l'histoire entière de la littérature,
00:59:38 c'est que la conjugalité est un désenchantement, en fait.
00:59:42 - Non, mais en fait, c'est quand même le grand sujet,
00:59:44 c'est-à-dire qu'on essaie de vivre ensemble, mais on n'y arrive pas.
00:59:47 Et ça, encore une fois, je ne maîtrise pas assez le sujet des applications
00:59:51 pour savoir ce qu'il en est, mais ce n'est pas évident de vivre ensemble,
00:59:54 ce n'est pas évident de faire des enfants ensemble,
00:59:56 ce n'est pas évident de se mettre en danger,
00:59:58 de se vulnérabiliser suffisamment.
01:00:01 - Est-ce qu'il faut absolument chercher l'amour, dit Lénie ?
01:00:04 - Ben...
01:00:07 Je ne sais pas s'il faut, mais de fait, c'est, encore une fois,
01:00:11 je pense que le fait d'être bien avec les autres,
01:00:13 c'est quelque chose qu'on cherche beaucoup dans la vie.
01:00:16 Donc, là-dessus...
01:00:18 - Et en même temps, il y a quand même cette pression qui existe toujours,
01:00:21 cette pression sociale, parfois familiale, parfois amicale.
01:00:26 - On disait qu'on était une quatrinette quand on n'était pas mariée à 25 ans.
01:00:31 Il y a un côté, la vieille fille qui fait un peu...
01:00:34 Alors aujourd'hui, ce n'est plus 25 ans, là, j'ai un peu bougé,
01:00:37 mais il y a cette idée qu'on va finir vieille fille,
01:00:40 qu'on fera pitié, voilà.
01:00:42 On sera la vieille fille qui fait pitié à partir du moment où on a plus un homme dans notre vie.
01:00:45 Alors que le célibat, c'est quand même formidable.
01:00:48 Et le célibat, si on peut se le permettre économiquement, c'est pareil,
01:00:51 parce que se pose aussi la question de l'enfant.
01:00:53 Si on souhaite un enfant, là, se pose la question économique.
01:00:58 Donc, tout cela est très compliqué.
01:01:01 Mais le célibat, c'est quand même formidable.
01:01:03 Moi, je n'ai jamais autant fait de trucs que dans les moments de mon existence.
01:01:09 J'ai été célibataire.
01:01:11 Je n'ai jamais autant accompli de choses,
01:01:13 parce que justement, je n'avais qu'à penser qu'à moi, à moi ou à ma fille, par exemple.
01:01:18 Mais sans avoir à se préoccuper de l'autre, ça prend un temps fou, en fait.
01:01:23 J'allais dire...
01:01:25 Ou de chercher à être en couple, puisque tout à l'heure, vous disiez 55 minutes,
01:01:28 le temps passé tous les jours sur une application.
01:01:30 Quelle angoisse !
01:01:32 Moi, le chiffre, il me fait bader, mais direct.
01:01:35 Mais c'est Emmanuel, pardon...
01:01:38 Mais par rapport à ça, je ne sais pas à quel âge elle a à peu près,
01:01:42 sur la conjugalité, le fait d'être heureuse en célibat, c'est un truc qui...
01:01:46 On ne veut pas...
01:01:48 Mais après, elle fait partie de cette génération à fond,
01:01:52 où ils sont dans sa classe, il y en a au moins cinq qui sont non-binaires.
01:01:56 C'est cette génération-là.
01:01:58 Mais moi, quand je les vois, je me dis, qu'est-ce que j'aurais aimé avoir tout ça au même âge.
01:02:03 Donc oui, ils sont dans un autre truc.
01:02:06 Effectivement, ils prônent beaucoup plus l'amitié.
01:02:08 Il y a un truc d'amitié, il y a un truc de fin de l'hétéronormativité pour certains et certaines.
01:02:14 Pas tout le monde, mais pour certains et certaines, ça y est, c'est monté au cerveau.
01:02:20 Et voilà, il y a pas mal de liberté.
01:02:23 Et non, c'est le cadet de ses soucis.
01:02:26 Elle, son truc, c'est de se dire, je vais faire des films et machin.
01:02:30 Elle écrit ses scénarios et tout.
01:02:32 C'est plus ça son truc.
01:02:35 Plutôt que comment séduire l'autre.
01:02:37 Elle s'en fout.
01:02:39 Et il y en a plein de sa génération qui sont comme ça.
01:02:41 Qui s'en cogne, mais vraiment qui s'en cogne.
01:02:44 Dites-nous dans le chat si c'est votre cas aussi.
01:02:46 Et en même temps, c'est vrai, je ne sais pas ce que vous en pensez Emmanuel,
01:02:49 mais Ovidie, quand vous racontiez à l'instant, moi j'ai jamais autant,
01:02:54 j'accomplis tellement de choses, c'est libataire, je suis tranquille, tout va bien.
01:03:00 C'est, je ne dirais pas une forme, ce n'est pas un privilège, mais c'est une chance.
01:03:05 En fait, il y a plein de gens qui n'arrivent pas à être épanouis et heureux seuls.
01:03:10 C'est un privilège parce que j'ai mon autonomie financière.
01:03:13 C'est un travail aussi.
01:03:15 J'ai conscience d'être privilégiée là-dessus.
01:03:17 Mais même psychologiquement.
01:03:19 Moi, je considère qu'ils n'ont plus rien à m'apporter.
01:03:27 Je me suis construit une existence où je n'ai pas besoin d'eux.
01:03:32 Mais c'est vrai que ça fait 4 ans et quelques que je suis en grève du sexe hétéro.
01:03:39 Et je n'ai jamais fait autant de choses de ma vie que ces 4 dernières années.
01:03:43 L'autre jour, j'essayais de compter, je me disais en 4 ans.
01:03:45 En 4 ans, j'ai soutenu ma thèse, j'ai eu ma qualification, j'ai publié dans plein de trucs.
01:03:49 Là, c'est un livre tous les...
01:03:51 Oui, tous les livres.
01:03:53 Beaucoup de choses, c'est vrai.
01:03:56 J'ai fait la série LSD, la série documentaire qui est sortie.
01:03:58 Là, j'ai la série sur arte.tv qui sort.
01:04:01 Il y a le livre, un autre livre ensuite.
01:04:03 Et j'ai fait, entre temps, ces 4 dernières années, une série fiction, des gens bien ordinaires.
01:04:07 J'ai fait des documentaires pour France 2.
01:04:09 Tout ça en seulement 4 ans.
01:04:11 Ils m'ont dit "Oh là là, tu bosses beaucoup".
01:04:13 Et moi, je réponds "Ben non, je ne baisse pas, donc ça me laisse vachement de temps".
01:04:16 Mais c'est vrai.
01:04:18 Parce que ce n'est pas la baisse qui dure.
01:04:20 Parce que la baisse, je crois que ça dure 7 minutes.
01:04:22 Tu pourrais partir plus tôt en recresse.
01:04:25 Tu sais, tout ce qu'il y a autour.
01:04:26 Moi, je fais tous mes trimestres là, si vous voulez.
01:04:28 Et il y a John Duff23 dans le tchat qui dit "Mais il faut admettre qu'un amour réciproque, ça reste génial".
01:04:35 Que répondra John Duff23 ?
01:04:39 Ouais, ouais, non mais les papillons dans le ventre, c'est trop chouette.
01:04:42 Et tout ça, mais...
01:04:44 Quand on fait équipe et que les choses sont saines et que ça se passe bien.
01:04:48 Ah oui, moi, je suis d'accord.
01:04:51 Mais moi, pour le coup, je vis en couple.
01:04:54 Je ne suis pas...
01:04:56 Ça va ?
01:05:00 Non mais oui, j'ai des réactions.
01:05:02 Ça va parler de ma vie personnelle qui n'est pas très intéressante.
01:05:05 De n'être pas obligée.
01:05:07 Oui, je pense que c'est possible.
01:05:09 Mais ce que je veux dire aussi, et ça, j'en suis de plus en plus convaincue.
01:05:13 Ça peut être un travail à deux.
01:05:15 Ouais, un amour réciproque, c'est justement un amour, il me semble.
01:05:19 Et je ne donne aucun conseil de développement personnel.
01:05:23 C'est un amour où l'autre va aussi vous accompagner dans tout ce qu'on fait.
01:05:28 Et accepter que vous ne soyez pas disponible pour lui.
01:05:33 Et respecter comme ça.
01:05:36 Et je pense que ça, c'est le minimum de ce qu'on devrait avoir en couple déjà.
01:05:43 Mais c'est déjà énorme parce que c'est très compliqué à obtenir quand on est une femme.
01:05:52 Est-ce qu'on peut dire que la crise climatique aussi peut bouleverser notre rapport couple à la famille ?
01:06:00 Je vous fais part de la réaction d'Antigone aussi, de la communauté du TOL qui, dans Discord aujourd'hui, nous a dit
01:06:08 les relations ouvertes, les soucis de communication, le rapport à soi-même vis-à-vis de l'autre,
01:06:16 comment se projeter dans une époque où l'on ne sait pas de quoi demain sera fait ?
01:06:21 Quand on saura ce qu'on va vivre, on saura ce qu'on va vivre.
01:06:23 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:26 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:29 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:32 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:35 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:38 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:41 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:44 Et on ne saura pas ce qu'on va vivre demain.
01:06:48 Quel monde on leur laisse ?
01:06:51 Moi, c'est plus ça mon angoisse, de me dire,
01:06:54 peut-être que la génération de nos gamins,
01:06:58 peut-être que ça va être horrible, mais vraiment horrible au sens physique du terme.
01:07:05 Peut-être que ça va être un cauchemardesque.
01:07:07 C'est parti pour être cauchemardesque, en vrai.
01:07:10 Moi, personnellement, c'est plus sur la question de la parentalité,
01:07:13 donc de l'amour maternel aussi, que ça se passe.
01:07:17 Emmanuel, sur la crise climatique,
01:07:20 qui peut bouleverser, notamment chez les plus jeunes,
01:07:24 le rapport à l'amour, à la famille ?
01:07:28 Moi, j'ai l'impression, mais peut-être là encore,
01:07:31 je n'ai pas de vision assez globale.
01:07:33 Il faudrait interroger les sociologues et d'autres personnes là-dessus.
01:07:40 J'ai l'impression qu'il y a de plus en plus,
01:07:44 beaucoup de jeunes, qu'ils soient en couple ou pas,
01:07:47 l'idée de dire "je ne ferai pas d'enfant,
01:07:49 parce que je ne veux pas rajouter au désastre du monde",
01:07:53 sachant que faire des enfants, en plus, en Occident,
01:07:57 c'est créer des consommateurs qui sont parmi les plus prédateurs
01:08:02 en termes d'impact carbone.
01:08:04 Donc, j'ai le sentiment de voir comme ça,
01:08:08 notamment des jeunes femmes, sur des positionnements écoféministes,
01:08:12 où la question de la maternité n'est plus de l'ordre du choix.
01:08:16 Est-ce que ça va m'entraver moi et empêcher mon épanouissement individuel, etc.
01:08:25 Mais plutôt de l'ordre "je ne le ferai pas,
01:08:27 parce que je ne veux pas contribuer davantage à abîmer quelque chose
01:08:34 et je ne veux pas exposer des enfants à, comme dit Ovidie, un désastre".
01:08:40 Et moi, je suis complètement d'accord que ça pose...
01:08:43 Comment vieillir avec ses propres enfants ?
01:08:47 C'est un dilemme qui est douloureux et anxiogène.
01:08:56 Après, je pense que la possibilité de recréer du collectif, des communautés,
01:09:03 c'est aussi ce qui va nous sauver.
01:09:06 Donc, ça passera probablement par l'idée de se faire aussi d'autres familles,
01:09:11 de nouer aussi d'autres types de liens projetés économiquement.
01:09:19 Les bouleversements peuvent être tels, et dans la mesure où on n'est pas uniquement,
01:09:24 encore une fois, je pense que c'est notre propos depuis le début,
01:09:26 sur le fait que l'amour, du psychologique à la surface,
01:09:30 mais derrière ce sont des systèmes politiques et économiques construits,
01:09:34 à partir du moment où quelque chose comme une crise climatique
01:09:36 vient impacter ces systèmes politiques et économiques construits,
01:09:39 oui, forcément, il faudra inventer de nouveaux modèles affectifs,
01:09:44 ou subir, inventer ou subir, je ne sais pas, mais de nouveaux modèles affectifs et amoureux,
01:09:49 parce que ça ne pourra pas durer, en fait. On le sait.
01:09:53 - Et Ovidie, je vous pose aussi la question à vous, le tchat,
01:09:56 est-ce que finalement, quand on voit tous ces bouleversements qu'il y a autour,
01:10:03 quand on regarde tout simplement ce qui se passe dans l'actualité,
01:10:05 les guerres, la crise climatique, tout ça,
01:10:07 est-ce que le couple, la famille, ça peut être perçu comme un refuge,
01:10:14 dans des moments troublés comme ça ?
01:10:18 - Certains, certaines, le couple, ça reste une valeur refuge.
01:10:22 - Dites-nous le tchat si c'est votre cas.
01:10:24 - Il y a un truc aussi qu'on oublie peut-être un peu vite,
01:10:28 ça a été les deux années la Covidesque,
01:10:32 et je pense à ceux, justement, génération de ma fille qui était ado à ce moment-là,
01:10:38 à l'âge des premiers patins, des premiers "on sort ensemble"
01:10:42 et qui étaient cloîtrés à la maison,
01:10:46 et après qui sont allés en cours en étant cachés, le visage caché.
01:10:50 C'est compliqué quand même aussi de nourrir de la relation et de la séduction comme ça,
01:10:57 en étant une partie visage caché tout le temps, tout le temps,
01:11:01 ils étaient cachés, ils étaient tout le temps cachés.
01:11:02 Je vois même devant le lycée, il y avait interdiction d'enlever le masque, etc.
01:11:06 Il ne faut pas oublier que cette génération-là a quand même vachement morflé.
01:11:11 Moi, ça n'a pas changé grand-chose, comme tout le monde,
01:11:15 mais ce que je veux dire, c'est que dans la construction de mes schémas amoureux,
01:11:20 le Covid n'a pas changé grand-chose, en fin de compte.
01:11:23 Mais pour cette génération-là, je trouve que c'est cauchemardesque ce qu'on leur a fait vivre.
01:11:29 On ne s'entendait pas de leur dire "il ne faut pas faire la fête", on les accusait de tout,
01:11:32 c'est toujours la faute des jeunes, c'était horrible.
01:11:36 Et je pense que ça, ça n'aide pas.
01:11:39 - Et Emmanuel, sur cette notion de couple, de famille, entre guillemets,
01:11:45 qui peut être vécue aussi comme un refuge quand le travail c'est compliqué,
01:11:50 quand la société c'est compliqué, quand tout est compliqué ?
01:11:53 - Le meilleur refuge, c'est toujours les familles qu'on choisit,
01:11:57 parce que de la manière, là encore, la cellule familiale nucléaire,
01:12:03 telle qu'on l'a aujourd'hui en France prédominante,
01:12:06 en gros, un couple hétéro avec deux enfants, c'est très récent,
01:12:09 c'est une construction historique très récente, très atypique,
01:12:12 il y a plein d'endroits où ce n'est pas comme ça.
01:12:14 Donc on peut aussi bien y être heureux qu'y être très malheureux, c'est notamment vrai.
01:12:21 Enfin, je pense là, je lisais aujourd'hui une jeune femme trans aux Etats-Unis
01:12:28 qui s'est suicidée après que ses parents l'aient forcée à détransitionner.
01:12:31 Et donc la famille est aussi un lieu d'oppression.
01:12:35 Et je pense qu'on ne peut être heureux que dans les familles qu'on se choisit,
01:12:40 si on a la possibilité de les choisir aussi.
01:12:42 Parce qu'encore une fois, on peut être dans des dépendances matérielles très fortes
01:12:48 avec sa famille, et ce n'est pas toujours évident.
01:12:55 "Prison dorée" dit Akopik, et je vous lis d'autres réactions aussi,
01:13:00 parce qu'on arrive à la fin, et c'est Téchani2604 qui dit
01:13:04 "Oui, le couple c'est sécurisant, on y est au chaud, même si parfois on y est mal".
01:13:09 Nathalie013 qui dit "Un refuge mais une zone de guerre aussi,
01:13:16 quand on se rend compte que notre moitié s'oppose à certaines choses
01:13:20 qui deviennent des convictions pour nous".
01:13:22 - Génération désenchantée !
01:13:27 - Voilà !
01:13:29 - Est-ce qu'on va chanter du Nid des femmes ?
01:13:32 - Oui, peut-être, tant mieux !
01:13:34 Et je pense que quelqu'un qui ne vous suit pas dans un engagement,
01:13:37 il ne faut pas s'attarder.
01:13:39 Si on veut de l'amour réciproque, c'est aussi des gens qui vous suivent
01:13:42 dans les changements que vous faites vous,
01:13:45 vous évoluez.
01:13:46 L'amour réciproque, je pense qu'il peut exister dans le couple,
01:13:51 mais il peut exister de multiples manières,
01:13:53 dans l'amitié, dans les liens familiaux.
01:13:56 - Tout à l'heure, on a ouvert en posant la question
01:14:02 de pourquoi une révolution romantique ?
01:14:05 Quel genre de nouveaux repères il faudrait créer ?
01:14:09 Si maintenant on se projette, là pour clôturer l'émission,
01:14:14 pourquoi ?
01:14:15 - Moi, je crois quand même, c'est très utopique,
01:14:19 et peut-être complètement en décalage avec ma grève du sexe actuel,
01:14:23 mais je pense quand même qu'en y travaillant,
01:14:26 on pourrait repenser des relations égalitaires
01:14:29 entre les hommes et les femmes.
01:14:31 - C'est la base.
01:14:33 - C'est la base, on est là, on prône une certaine justice sociale.
01:14:36 Bon, là, il faut aller jusque-là, repenser aussi l'égalité.
01:14:41 Je me dis que ça doit être possible,
01:14:43 sinon on perd vraiment toutes nos illusions politiques,
01:14:46 et puis on abandonne, et puis on ne fait plus rien, en fait.
01:14:49 Et ça peut être un choix aussi, de dire,
01:14:52 de toute façon, ça ne marchera jamais, on abandonne.
01:14:54 Et jeter l'éponge, je ne sais pas, je me dis,
01:14:57 voilà, s'il faut continuer quand même à militer,
01:15:00 il faut aussi faire comprendre que ces combats-là
01:15:06 ne sont pas dérisoires, ne sont pas des petits combats,
01:15:10 ne sont pas accessoires,
01:15:12 que ce sont des combats qui sont importants,
01:15:15 que ce ne sont pas des sous-combats, c'est ça que je veux dire,
01:15:18 que ce ne sont pas des sous-combats, que ce sont des combats fondamentaux,
01:15:21 parce que, voilà, visiblement, la question de l'amour,
01:15:24 elle obsède tout le monde quand même,
01:15:26 elle concerne tout le monde en tout cas.
01:15:28 - Donc l'égalité sociale, qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour d'autres
01:15:33 que l'égalité sociale ?
01:15:35 - Moi, je pense que c'est ça, c'est vraiment, très basiquement,
01:15:39 l'autonomie économique des femmes, vraiment,
01:15:41 et de manière générale, des femmes, de tous les individus,
01:15:45 je pense que c'est ce qui ne peut pas être dépendant
01:15:48 de quelqu'un qui est susceptible de vous nourrir ou pas,
01:15:51 de vous offrir un toit ou pas, de s'occuper de vos enfants ou pas,
01:15:54 en fait, à partir de là, ça permet d'écouter davantage
01:15:58 ce vers quoi vont les papillons dans le ventre,
01:16:01 et du coup, oui, ça passe par l'égalité sociale,
01:16:05 et c'est un horizon, on parlait tout à l'heure,
01:16:08 on a commencé en parlant de libération,
01:16:09 ben, c'est un horizon, donc, c'est un mouvement de construction,
01:16:15 déconstruction qui va durer encore longtemps,
01:16:18 qui est constant à l'échelle d'une vie, à l'échelle d'une collectivité,
01:16:21 enfin, d'un collectif plutôt, et de plusieurs générations,
01:16:24 donc, rendez-vous dans 20 ans.
01:16:26 - Rendez-vous dans 20 ans, sur une autre plateforme ou pas.
01:16:29 Obidy, est-ce que vous voulez ajouter quelque chose
01:16:32 avant qu'on se dise au revoir ?
01:16:34 On a le temps, enfin, je veux dire, c'est la fin,
01:16:37 moi, je pose des questions, le tchat aussi,
01:16:38 mais si vous voulez ajouter quelque chose, vous pouvez.
01:16:41 - Non, ben, j'ai envie de dire…
01:16:43 - Il faudrait faire une réforme de l'amour, dit Ronan Guenou.
01:16:46 Trouvez ça joli, je suis désolée.
01:16:49 - On ne la conférera pas à ce gouvernement, mais…
01:16:52 - Obidy ?
01:16:54 - Non, non, ben, non, mais j'ai envie de dire,
01:16:56 on compte sur vous, en fait, puisque je pense qu'une partie du tchat
01:16:59 est peut-être plus jeune que…
01:17:02 - Oui, oui, oui.
01:17:03 - Et que, voilà, enfin, moi, je…
01:17:05 Bougez-vous, je m'adresse aussi aux garçons qui sont là,
01:17:09 bougez-vous parce que ça ne pourra pas se faire sans vous, en fait.
01:17:12 - Mais, mais non.
01:17:14 - Pour le moment, on fait sans vous, mais en fait, ça ne devrait pas,
01:17:16 et ça ne va pas se faire sans vous.
01:17:18 - Merci beaucoup.
01:17:20 Le 49-3 dans l'amour, c'est non, dit Workstark.
01:17:23 Téchani, 2604, l'autonomie économique permet d'être plus libre.
01:17:28 Voilà, oui, c'est Sassou.
01:17:31 J'ai hâte de lire le prochain numéro de la déferlante et Ronan Guenoux qui dit
01:17:35 "Ma plus belle histoire d'amour, c'est vous".
01:17:38 C'est gentil, ça !
01:17:40 Je vous ai dit, on a une communauté qui est chouette.
01:17:42 Merci beaucoup, Ovidy, autrice, réalisatrice de fiction et de documentaire.
01:17:46 Je rappelle votre livre qui sort, qui est sorti, en fait, aujourd'hui.
01:17:50 Voilà, "La chère et triste hélas" aux éditions Julliard.
01:17:55 Et voilà, le podcast France Culture aussi, "Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour".
01:18:00 Je vous ai vu dans le chat, vous moquez de moi en m'appelant Manon Balavoine,
01:18:03 mais c'est parce que "Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour", c'était pour citer le podcast d'Ovidy sur France Culture
01:18:09 que je vous conseille d'aller écouter.
01:18:12 Hyper intéressant. Et puis quoi d'autre ? Est-ce que j'ai oublié d'autres livres ?
01:18:16 Ah non, Arte, redites-nous.
01:18:18 Libre, la saison 2 de Libre sur arte.tv.
01:18:21 Merci beaucoup. Merci, Emmanuelle Joss.
01:18:24 Rédactrice en chef de la revue féministe "La déferlante".
01:18:29 - Rédactrice en chef. - Ah oui, pardon.
01:18:30 - On est quatre. - Coredactrice en chef. Pardon, pardon, pardon.
01:18:32 Le dernier numéro, merci beaucoup.
01:18:34 On vous envoie tous les liens pour lire tout ça, vous abonner, acheter les bouquins.
01:18:39 Voilà, voilà. Merci à vous. Merci pour l'émission. Merci pour ce talk.
01:18:42 Voilà, on a Jules Graff qui dit "Hâte de pouvoir dessiner pour "La déferlante".
01:18:47 Voilà, Jules Graff qui est un illustrateur de BD.
01:18:51 Ah, mais d'ailleurs, avant qu'on se quitte, ouh là là, mais j'ai failli oublier.
01:18:54 Est-ce que j'ai bien mis le dessin ? Oui, il est là.
01:18:58 Jules Graff, il a fait un dessin pour illustrer l'émission de ce soir.
01:19:00 Attendez, je zoom parce que moi, je ne vois rien.
01:19:03 Donc, il y a d'un côté un homme qui dit "Chat GPT, écris-moi une lettre d'amour façon Roxane dans Cyrano".
01:19:11 Et de l'autre côté, une femme qui dit "Mais qu'est-ce qu'il m'écrit comme au siècle dernier, ce naze".
01:19:15 Merci Jules Graff pour cette illustration.
01:19:18 Ben, encore merci, ça vous a plu Twitch ?
01:19:21 - Oui, c'était chouette. - Ben, trop cool.
01:19:23 Vraiment, merci beaucoup d'être venu.
01:19:26 J'ai été hyper contente de faire cette émission.
01:19:28 Merci aux modérateurs, aux modératrices, aux tchats, à Thomas qui est en régie.
01:19:33 Merci à l'équipe du Talk, remercie à Joé Coaddio.
01:19:36 Merci beaucoup.
01:19:38 Demain, on se retrouve à 18h, je vous l'ai déjà dit tout à l'heure, on parlera de la réforme des retraites.
01:19:42 Le 49 alinéa 3 qui a été actionné, le texte adopté sans vote.
01:19:47 Évidemment, ça pose tout un tas de questions.
01:19:50 Voilà, merci beaucoup, rendez-vous demain.
01:19:52 Je compte sur vous pour être là demain d'ailleurs.
01:19:55 Bonne soirée tout le monde et encore merci.
01:19:57 Salut !
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01:21:38 Habitat, vous êtes un peu à l'esprit.
01:21:42 D'accord.
01:21:44 C'est vrai qu'on aCanada sur Nouvelle Ville et on va
01:21:53 le voir bientôt sur Facebook.
01:21:59 On va le voir à son début d'énergie.
01:22:08 On va le voir à son début d'énergie.
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