Licenciements massifs, fin du télétravail : les GAFAM en crise ? Le débat du Talk franceinfo

  • l’année dernière
Microsoft, Amazon ou encore Google : ces géants du Web ont tous annoncé procéder au licenciements de 10 000 salariés chacun. Que se passe-t-il chez les GAFAM ? C'est le sujet du Talk franceinfo. Tous les soirs à partir de 18 heures, Manon Mella et ses invités débattent avec les internautes de la chaîne Twitch de franceinfo.

Category

🗞
News
Transcript
00:00:00 [Musique]
00:00:29 [Musique]
00:00:49 [Musique]
00:01:18 [Musique]
00:01:47 [Musique]
00:02:16 [Musique]
00:02:19 [Musique]
00:02:23 [Musique]
00:02:27 [Musique]
00:02:31 [Musique]
00:02:36 [Musique]
00:03:05 [Musique]
00:03:34 [Musique]
00:03:37 [Musique]
00:03:41 [Musique]
00:03:45 [Musique]
00:03:49 [Musique]
00:03:53 [Musique]
00:03:57 [Musique]
00:04:02 [Musique]
00:04:05 [Musique]
00:04:09 [Musique]
00:04:13 [Musique]
00:04:17 [Musique]
00:04:21 [Musique]
00:04:25 [Musique]
00:04:30 [Musique]
00:04:33 [Musique]
00:04:37 [Musique]
00:04:41 [Musique]
00:04:45 [Musique]
00:04:49 [Musique]
00:04:53 [Musique]
00:04:58 [Musique]
00:05:01 [Musique]
00:05:05 [Musique]
00:05:09 [Musique]
00:05:13 [Musique]
00:05:17 [Musique]
00:05:22 [Musique]
00:05:29 [Musique]
00:05:33 [Musique]
00:05:37 [Musique]
00:05:42 [Musique]
00:05:53 [Musique]
00:05:57 [Musique]
00:06:01 [Musique]
00:06:05 [Musique]
00:06:10 [Musique]
00:06:13 [Musique]
00:06:17 [Musique]
00:06:21 [Musique]
00:06:25 [Musique]
00:06:29 [Musique]
00:06:33 [Musique]
00:06:38 [Musique]
00:06:41 [Musique]
00:06:45 [Musique]
00:06:49 [Musique]
00:06:53 [Musique]
00:06:57 [Musique]
00:07:01 [Musique]
00:07:06 [Musique]
00:07:09 [Musique]
00:07:13 [Musique]
00:07:17 [Musique]
00:07:21 Et bonsoir, bienvenue dans le talk de France Info.
00:07:25 Comment ça va le chat ? Comment allez-vous ? Est-ce que vous avez passé une bonne journée ?
00:07:29 Racontez-moi un petit peu, c'est vendredi.
00:07:34 Je suis contente qu'on soit vendredi. Le sujet ce soir, c'est vous qui l'avez choisi.
00:07:37 Est-ce que vous vous souvenez ? On a lancé un petit sondage lundi ou mardi, je ne sais plus.
00:07:42 On vous a proposé trois thèmes d'émission et vous avez choisi
00:07:48 la crise des géants de la Silicon Valley, les GAFAM, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft.
00:07:56 Après des années de croissance et d'embauches en chaîne, le secteur de la tech
00:08:02 licencie massivement, victime lui aussi de l'inflation et du ralentissement économique post-Covid,
00:08:08 entre autres. En tout, plus de 220 000 employés du secteur des nouvelles technologies aux Etats-Unis
00:08:14 ont été licenciés depuis 2022. Et du côté des GAFAM, on est à 12 000 licenciements chez Google,
00:08:20 11 000 chez Meta, donc Facebook, Instagram, WhatsApp, 10 000 chez Microsoft, 18 000 chez Amazon,
00:08:27 sans compter Twitter qui a licencié la moitié de ses salariés à travers le monde.
00:08:32 Avec des licenciements d'ailleurs parfois violents, comme ces salariés dont le badge a été subitement désactivé,
00:08:39 ou des femmes enceintes congédiées carrément en pleine grossesse, selon des témoignages
00:08:46 que j'ai lus dans Libération, vous en verrez le lien un peu plus tard.
00:08:50 A tout cela s'ajoute le désenchantement de certains salariés qui protestent, manifestent,
00:08:56 démissionnent et qui ne partagent plus les valeurs défendues au sein de leur entreprise.
00:09:00 Bref, la Silicon Valley ne fait peut-être plus autant rêver qu'il y a 10 ans.
00:09:05 Alors que se passe-t-il chez les GAFAM ? Comment Meta, Amazon ou Twitter en sont arrivés
00:09:11 à licencier des milliers d'employés ? Pourquoi leur image se fissure-t-elle ?
00:09:15 Et quel avenir pour les GAFAM ? Voilà, plein de questions avec des invités pour y répondre.
00:09:20 Bonsoir Ophélie Couello.
00:09:22 Bonsoir.
00:09:25 Chercheuse spécialiste en géopolitique du numérique, membre du conseil scientifique de l'Institut Rousseau.
00:09:30 C'est tout bon ? J'ai rien oublié ?
00:09:32 Bienvenue.
00:09:34 Marie-Catherine Beuth, bonsoir.
00:09:36 Bienvenue.
00:09:38 Rédactrice en chef adjointe chez L'Opinion, ancienne correspondante dans la Silicon Valley.
00:09:42 Et avant qu'on attaque, le dessin de Juggraff, qui est un viewer fidèle du talk et qui illustre
00:09:50 le sujet du jour à chaque fois.
00:09:53 Et là, le dessin de Juggraff.
00:09:55 Un patron de GAFAM qui dit "je perds trop d'argent, je devrais virer tous les influenceurs".
00:10:02 Oui, car Meta, la maison mère de Facebook et Instagram a annoncé aujourd'hui la suppression
00:10:09 d'une série de comptes d'influenceurs, dont ceux du couple Marc et Nade Blatta, visés
00:10:14 par une action collective pour une vaste arnaque présumée.
00:10:17 Voilà, j'imagine que c'est ça la petite référence Juggraff qui est dans le chat.
00:10:22 Bienvenue.
00:10:23 Alors, à nous, Ophélie, Marie-Catherine.
00:10:26 Si ça vous va, je veux bien qu'on commence déjà, avant qu'on entre dans le vif du
00:10:31 sujet des licenciements, qu'on pose un petit peu les bases, savoir un petit peu ce que
00:10:36 ça représente les GAFAM économiquement.
00:10:39 Donc, Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft, en termes de nombre de salariés dans le monde,
00:10:47 c'est combien de personnes à peu près ?
00:10:50 Vous savez, si vous ne savez pas, ce n'est pas grave.
00:10:52 À peu près.
00:10:54 Ou leur poids économique ?
00:10:56 Oui, tu feras la capitalisation boursière si tu veux.
00:11:00 Je vois que tu as des chiffres.
00:11:02 Tu feras la capitalisation boursière.
00:11:04 On va faire comme ça.
00:11:06 En termes d'employés, si je ne me trompe pas, Google, ça doit être dans les 185 000
00:11:10 aujourd'hui, sachant qu'ils ont quand même embauché depuis 2021 à peu près 30 000 salariés.
00:11:16 Ce n'est pas rien.
00:11:17 Et aujourd'hui, ils licencient à peu près 11 000 salariés.
00:11:21 On reparlera de ça, mais il faut parler aussi des échelles là-dessus.
00:11:26 Pour Amazon, on est sur 1,5 million d'employés.
00:11:33 Et là, avec 18 000 personnes licenciées, qui ont doublé depuis 2019, si je ne me trompe pas,
00:11:43 dans leurs effectifs. Il y a eu une très large embauche sur les dernières années.
00:11:49 Microsoft, on doit être à peu près à, si je ne me trompe pas, 110 000 personnes.
00:11:54 Beaucoup de gens.
00:11:56 Beaucoup de gens.
00:11:58 Et donc, ils vont licencier 10 % à peu près de leurs effectifs,
00:12:03 donc dans les 13 000 à peu près d'employés.
00:12:07 On est à peu près là-dessus.
00:12:10 Sur Apple, je ne sais plus exactement combien ils sont, honnêtement.
00:12:13 Ils ne sont pas trop concernés par les licenciements pour le coup.
00:12:16 On pourra aussi expliquer pourquoi.
00:12:18 C'est intéressant dans les fameuses GAFAM, pourquoi Apple est un peu différente dans ce cadre-là.
00:12:23 Voilà, en gros, c'est à peu près ça pour le nombre de salariés.
00:12:28 Et Marie-Catherine, les GAFAM, c'est les entreprises les plus cotées en bourse ?
00:12:34 Elles ont des valorisations boursières absolument colossales.
00:12:39 Alors, ce n'est pas ça comme chiffre que j'ai sous la main, c'était plutôt les effectifs.
00:12:42 Donc, je vais compléter sur Apple.
00:12:44 164 000 employés chez Apple, dont une très grosse partie qui sont en fait des employés de leur magasin.
00:12:50 C'est un premier point qui explique pourquoi Apple est un petit peu différent des autres.
00:12:54 Et moi, sur Microsoft, j'avais plutôt 220 000, donc un assez gros morceau.
00:13:00 C'est META plutôt aux alentours de 110 000.
00:13:03 80, 90, 80.
00:13:05 Pas loin de 100 000.
00:13:08 Donc, quand on entend ces chiffres hallucinants de 12 000 personnes virées par mail,
00:13:13 il faut le mettre en effet en regard de ces chiffres au global.
00:13:17 Pourquoi ces boîtes emploient autant de monde ?
00:13:19 Parce qu'elles ont des chiffres d'affaires qui ont beaucoup augmenté au cours des dernières années,
00:13:23 notamment dopés par la crise Covid, quand tout le monde, tout d'un coup, s'est mis à dépendre de solutions logicielles
00:13:30 pour continuer à bosser à distance.
00:13:32 Et aussi parce que du coup, elles ont vu des cours de bourse qui ont continué à suivre des rythmes de croissance
00:13:37 assez fulgurants.
00:13:40 Des croissances qui se payent aussi très, très cher derrière.
00:13:44 META qui a accru très vite, a eu une très, très mauvaise année 2022 en perdant plusieurs centaines de milliards en bourse.
00:13:53 Donc, ça monte très vite et ça redescend extrêmement violemment également.
00:13:57 Les GAFAM, en gros, ça date de quand ?
00:14:00 Fin des années 90.
00:14:05 Google, 98.
00:14:07 Facebook, 2004.
00:14:09 Donc, une croissance hyper rapide, en fait.
00:14:12 Exactement.
00:14:14 Après, c'est lié tout simplement au fait que le numérique a aussi pris énormément d'importance très rapidement dans la vie.
00:14:20 Et aussi à un contexte économique et aussi un changement dans la manière aussi de financer ces entreprises
00:14:28 qui fait qu'elles ont été grandement favorisées pendant toute cette période-là.
00:14:34 Elles ont eu un terrain de développement favorable.
00:14:36 Elles ont eu un terrain de développement favorable aux Etats-Unis.
00:14:39 Elles ont eu un aussi favorable en Europe, où elles se sont évidemment très vite développées aussi.
00:14:44 Et où elles continuent, en fait, de s'étendre.
00:14:47 Woody Bédé qui dit "Apple n'a pas licencié mais stoppé les embauches".
00:14:51 Tout à fait.
00:14:53 C'est ça, correct.
00:14:55 Et alors, comment expliquer ces licenciements ?
00:14:57 Alors, tu veux prendre la parole ?
00:15:00 Vas-y, vas-y.
00:15:03 Je pense qu'en fait, on va se retrouver sur certains trucs, forcément.
00:15:06 Il y a beaucoup de raisons à ça, finalement.
00:15:09 Il y a beaucoup de convergence.
00:15:11 Il y a déjà une hausse des taux d'intérêt qui peut jouer là-dedans.
00:15:13 Il y a le fait qu'on est quand même dans une période où on est sortis de la pandémie,
00:15:17 où il y avait eu une grande augmentation des usages numériques.
00:15:20 Donc, une activité numérique auquel il a fallu faire face.
00:15:22 On a cru que ça allait durer, d'ailleurs.
00:15:24 Alors, est-ce qu'on a vraiment cru que ça allait durer ?
00:15:27 Si vous voulez, moi, mon hypothèse, c'est plutôt de dire qu'ils ont fait comme n'importe quelle entreprise fait.
00:15:32 C'est que quand on a, en gros, une activité qui explose d'un coup,
00:15:39 comme une saisonnalité, en fait, en quelque sorte,
00:15:41 et bien on va embaucher. C'est normal, en fait.
00:15:43 C'est tout à fait normal pour n'importe quelle entreprise d'embaucher.
00:15:47 Et donc, il y a eu en effet une augmentation vive des embauches
00:15:51 liée à l'augmentation de l'activité numérique pendant la période de la pandémie,
00:15:56 liée aussi au fait, quelque part, que, bon, liée aussi à des investissements, si vous voulez,
00:16:03 qui sont ceux du cloud, par exemple, cloud computing.
00:16:06 Mais il y a aussi des embauches qui sont là-dedans,
00:16:08 sachant que dans ce domaine-là, il n'y a pas de ralentissement qui est prévu.
00:16:11 C'est-à-dire que dans le cloud, Amazon Web Services continue à dire
00:16:15 qu'ils vont continuer à embaucher dans cette partie-là.
00:16:19 Mais concernant, par exemple, le e-commerce,
00:16:21 il est sûr que pendant la période de la pandémie,
00:16:23 où on était un peu tous à la maison,
00:16:25 on a beaucoup commandé en ligne.
00:16:26 Donc, il a fallu embaucher beaucoup de personnes pour répondre à ce besoin-là.
00:16:30 Ce qui explique, en fait, le fait que d'un coup, en fait, ils aient beaucoup embauché
00:16:34 et que maintenant, ils en ont moins, ils en ont moins besoin.
00:16:36 Donc, ils s'en débarrassent, entre guillemets, parce qu'ils en ont moins besoin maintenant.
00:16:39 Est-ce que c'était vraiment dans la...
00:16:41 Est-ce qu'ils envisageaient vraiment que ce soit dans la durée ?
00:16:44 Honnêtement, ce n'est pas sûr.
00:16:46 Quand vous avez une pandémie,
00:16:48 quand vous avez une hausse de l'activité numérique,
00:16:50 sur tout ce qui est de l'usage quotidien,
00:16:53 il faut quand même vous dire qu'il va y avoir une baisse de ce côté-là.
00:16:56 En revanche, ce qu'ils ne pouvaient pas forcément prévoir,
00:16:59 c'était la hausse vive, en fait, du prix de l'énergie,
00:17:04 que ce soit le carburant, l'électricité.
00:17:07 Ils ne pouvaient pas forcément non plus prévoir
00:17:09 qu'il y aurait une crise aussi vive sur tout ce qui est approvisionnement semi-conducteur,
00:17:14 qui a aussi des impacts, en fait, forcément, sur l'industrie.
00:17:16 Et tout ça, oui, alors par contre, de ce côté-là,
00:17:20 du coup, ils vont peut-être plus vite qu'ils ne l'auraient voulu
00:17:23 sur un rééquilibrage de leurs effectifs.
00:17:26 Mais je ne pense pas que ce soit vraiment une surprise.
00:17:29 Et d'ailleurs, Amazon, dans ses communiqués, le dit,
00:17:31 qu'ils avaient prévu, pas forcément tout de suite,
00:17:34 mais à un moment donné, en gros, de digérer,
00:17:37 ils parlent de digestion, d'une phase où, en fait,
00:17:40 ils ont grandi d'un coup et à un moment donné,
00:17:43 il fallait se poser et réduire les charges.
00:17:48 - Les GAFAM ont beaucoup recruté pendant le Covid,
00:17:50 donc en gros, là, ils réajustent un peu les effectifs.
00:17:53 Est-ce qu'il n'y avait pas d'autres moyens ?
00:17:56 - Oui, peut-être.
00:17:59 Après, on peut dire que là, on observe une mini-correction sur les effectifs.
00:18:04 Elle est plus ou moins forte selon les groupes.
00:18:07 Toute proportion gardée, elle est peut-être plus importante
00:18:10 sur un groupe comme Meta, qui avait mis,
00:18:12 qui allait plein tube sur le Web3, le Métavers, etc.
00:18:17 Et qui, étant coté en bourse, doit rendre des comptes à ses investisseurs
00:18:20 et donc doit aussi donner des gages sur...
00:18:23 On a bien vu que l'environnement économique est un petit peu volatile,
00:18:27 donc on lève un peu le pied sur la folie.
00:18:31 Dans les petits éléments de contexte, ou les signaux faibles,
00:18:34 je pense qu'ils sont importants à prendre en compte
00:18:36 quand on observe ce qui se passe dans ces boîtes
00:18:40 de la Silicon Valley et au-delà, puisque certaines sont à Seattle.
00:18:45 Tout le monde va très vite.
00:18:47 Il faut toujours innover, trouver le coup d'après.
00:18:50 Donc quand les boîtes vont bien, quand elles engrangent énormément,
00:18:53 elles recrutent très largement, parfois plus de gens
00:18:56 que ce dont elles ont réellement besoin à l'instant T.
00:18:58 Mais elles se disent, si ces talents bossent pour moi,
00:19:01 c'est des gens, s'ils sont chez Facebook,
00:19:03 ils ne vont pas aller bosser chez Apple.
00:19:05 Il y a une grosse concurrence sur les talents
00:19:07 qui était très forte à la fin des années 2010 dans la Silicon Valley.
00:19:09 Donc on a envie d'avoir des super talents chez nous
00:19:12 parce que c'est peut-être eux qui vont inventer
00:19:14 le prochain truc super chouette.
00:19:15 Et donc il y a un côté finalement aussi assez stratégique.
00:19:18 Ce n'est pas juste être glouton et embaucher des gens
00:19:20 parce qu'on a du cash.
00:19:22 Il y a aussi un côté guerre des talents ressources humaines.
00:19:25 Et donc avoir du monde chez nous.
00:19:27 On l'a un petit peu oublié maintenant,
00:19:29 mais juste avant la crise de la Covid,
00:19:33 tout le monde faisait une des papiers en pagaille,
00:19:36 c'est-à-dire la guerre des talents entre ces grandes boîtes-là.
00:19:39 Et derrière, c'est qu'elles ne croissent aussi vite
00:19:43 que si elles se réinventent constamment,
00:19:45 si elles inventent constamment, si elles innovent.
00:19:47 Et elles ont vraiment besoin des meilleurs pour ça,
00:19:49 des super PhD, de plein de gens qui bossent sur plein de sujets différents.
00:19:53 Et donc quand ça va bien,
00:19:56 elles essayent d'avancer très fort là-dessus.
00:19:58 Et quand ça va mal, grâce aussi ou à cause du droit américain,
00:20:05 il faut trancher, tailler très vite.
00:20:08 Elles peuvent le faire vraiment de manière assez radicale.
00:20:12 - Et qu'est-ce que vous pensez du terme de crise ?
00:20:14 Quand on entend, on lit, et moi je l'ai employé,
00:20:17 la crise des GAFAM, vous êtes d'accord avec ça ?
00:20:19 Est-ce qu'on peut vraiment parler de crise ?
00:20:22 - Pour moi, non.
00:20:24 À mon sens, il n'y a pas de crise dans le sens où,
00:20:28 quand vous avez par exemple Amazon,
00:20:30 qui va licencier 18 000 d'un côté,
00:20:32 18 000 employés d'un côté,
00:20:34 alors qu'il est à des millions d'employés dans le monde,
00:20:36 et que par ailleurs,
00:20:39 ils vont mettre 35 milliards dans la création de nouveaux data centers
00:20:42 en Virginie du Nord.
00:20:44 Quand vous avez Google,
00:20:46 qui dépense des milliards pour créer des câbles sous-marins
00:20:49 qui relient les continents des Etats-Unis à l'Europe,
00:20:52 de l'Europe à l'Afrique.
00:20:54 Quand vous avez Meta,
00:20:56 qui s'associe avec China Mobile,
00:20:58 pour créer tout Africa, le câble sous-marin,
00:21:00 donc là aussi, ça représente des milliards d'euros,
00:21:03 des milliards de dollars aussi en fait,
00:21:05 c'est des sommes astronomiques,
00:21:08 que seuls eux peuvent encaisser aujourd'hui.
00:21:10 On parle quand même de milliers de milliards
00:21:14 de capitalisation boursière.
00:21:16 C'est des entreprises qui ont passé le millier de milliards.
00:21:20 Donc c'est quand même quelque chose, si vous voulez,
00:21:25 qui interpelle.
00:21:27 On ne peut pas vraiment parler de crise dans ce cadre-là.
00:21:29 En revanche, quand un empire devient trop grand,
00:21:31 au bout d'un moment,
00:21:33 mais ça c'est dans le cadre même d'un empire romain,
00:21:35 un empire grec, etc.,
00:21:37 un empire tout court,
00:21:38 plus il s'étend, plus il est difficile à gérer.
00:21:41 Aujourd'hui, ils sont en fait à un moment
00:21:43 où ils sont passés d'un monde totalement numérique,
00:21:46 où ils sont devenus des puissants dans le monde du numérique,
00:21:49 à des géants dans le monde des infrastructures.
00:21:51 Avec la création de centres de données,
00:21:54 ou la colocation de centres de données,
00:21:56 des partenariats extrêmement forts là-dessus,
00:21:58 des changements technologiques liés à la 5G
00:22:00 qui fait qu'ils sont de plus en plus sur les territoires,
00:22:02 il y a une expansion territoriale hallucinante,
00:22:04 une conquête, une forme de néocolonialisme,
00:22:06 entre guillemets, sur le continent africain,
00:22:08 où ils veulent vraiment investir le territoire
00:22:10 en tant que géants de la tech aussi.
00:22:12 Et les câbles sous-marins aussi,
00:22:15 comme élément stratégique,
00:22:17 sans compter les constellations satellitaires
00:22:19 côté Kuiper, Amazon si vous voulez.
00:22:21 Donc non, on ne peut pas parler de crise.
00:22:23 Et par ailleurs, je veux aussi rajouter une chose,
00:22:26 quand on parle de GAFAM,
00:22:28 alors on l'emploie de façon très facile en fait,
00:22:31 évidemment dans la presse, c'est plus facile de parler de GAFAM,
00:22:33 c'est connu du grand public,
00:22:35 donc je comprends qu'on puisse continuer à l'utiliser.
00:22:37 Néanmoins, sans parler du fait que l'acronyme
00:22:40 n'est plus tout à fait juste depuis qu'il y a META,
00:22:42 passons ça,
00:22:44 elles n'ont rien à voir les unes avec les autres,
00:22:46 ces entreprises, elles ont certaines activités
00:22:48 qui sont en commun.
00:22:50 Si on prend le cloud par exemple,
00:22:52 que ce soit Google Cloud, Microsoft Azure
00:22:54 ou Amazon Web Services,
00:22:56 ok, sur certains points, ils sont concurrents.
00:22:58 Pas sur tout non plus.
00:23:00 Amazon Web Services est là depuis 2006,
00:23:02 ils sont en avant sur un grand nombre de choses.
00:23:04 Mais ça, on ne va pas rentrer dans le détail.
00:23:06 Mais après quand même, parce que la question de la concurrence,
00:23:09 je me l'étais notée, mais Marie-Catherine,
00:23:11 peut-être sur le terme de crise et tout ce champ lexical.
00:23:14 Je vais faire le lien avec concurrence,
00:23:16 parce que comme elles ne sont pas tout à fait toutes les mêmes boîtes,
00:23:20 elles n'ont pas tous le même champ d'action
00:23:22 ou le même modèle économique,
00:23:24 META, Google, leur modèle économique,
00:23:26 c'est la vente de publicité,
00:23:29 Amazon, c'est la distribution de biens et de la logistique
00:23:33 et tout un tas d'activités annexes,
00:23:35 plus maintenant du cloud, en effet, avec AWS.
00:23:40 Elles sont, les GAFA au global, ne sont peut-être pas en crise,
00:23:45 mais pour moi, il y a certains acteurs qui sont en crise,
00:23:48 et peut-être un peu crise existentielle.
00:23:50 Pour moi, META est un peu en crise,
00:23:53 crise d'ado ou crise de croissance
00:23:55 ou crise d'identité, enfant de deux ans,
00:23:58 enfin, il y a un petit truc qui cloche.
00:24:02 C'est même pas l'adolescence, c'est vraiment...
00:24:04 C'est l'état de l'heure, quoi.
00:24:07 Pourquoi je dis ça ?
00:24:09 D'ailleurs, je crois que les salariés de META
00:24:12 ou peut-être que de Facebook ont dit qu'ils en avaient marre de Mark Zuckerberg
00:24:15 et de sa fascination, son obsession pour le META Vert, justement.
00:24:21 Ça, c'est un premier niveau,
00:24:23 c'est-à-dire qu'ils ont un patron qui dit
00:24:26 "moi, je vois l'avenir dans le META Vert,
00:24:28 on va aller à fond là-dessus".
00:24:31 D'un autre côté, il a une boîte
00:24:33 qui repose sur un modèle économique de vente de la publicité,
00:24:36 il sait pas très bien encore où il doit aller là-dessus,
00:24:38 et il a à côté de ça des régulateurs,
00:24:42 des autorités de la concurrence en Europe,
00:24:44 mais aussi aux États-Unis,
00:24:46 qui commencent à s'intéresser de près à lui,
00:24:48 à la taille à qui son groupe,
00:24:51 aux données qu'ils ont collectées,
00:24:53 compulsées, traitées et réutilisées, monétisées.
00:24:57 Et donc là, il y a quand même un petit...
00:25:00 Il y a des anciens de Facebook
00:25:01 qui appelaient au démantèlement de ce groupe,
00:25:04 c'est des thèmes qui reviennent régulièrement,
00:25:07 et du côté des régulateurs ou d'observateurs politiques
00:25:10 qui veulent davantage réguler, du coup, ils disent,
00:25:13 les GAFA au global.
00:25:15 Pour moi, Facebook, il y a un sujet,
00:25:17 après, je pense qu'ils vont traverser la crise,
00:25:20 ils ont montré dans le passé
00:25:22 qu'à chaque fois qu'on les disait pour mort,
00:25:24 ils ont su pivoter, s'adapter, agir très rapidement,
00:25:28 donc il faut être confiant là-dessus,
00:25:30 mais ouais, il y a une petite crise ou nette.
00:25:32 Une crise ou nette. Ami Galda dans le chat,
00:25:35 qui dit "les GAFA m'ont toujours l'air intouchable,
00:25:37 c'est difficile de voir ce genre de crise venir".
00:25:39 Horatio, sur les licenciements,
00:25:41 c'est quelques milliers de postes,
00:25:43 mais c'est symbolique.
00:25:45 Peut-être tout à l'heure,
00:25:47 on avait évoqué rapidement Apple,
00:25:49 ils s'en sortent bien, pourquoi ?
00:25:51 Alors, là-dessus,
00:25:54 je vais donner une hypothèse,
00:25:57 c'est que je pense qu'ils sont peut-être
00:25:58 qu'ils ont été moins impactés, déjà,
00:26:00 par les changements liés à l'activité numérique,
00:26:02 parce qu'ils ont leur pool d'utilisateurs,
00:26:05 depuis longtemps, et qu'au fond…
00:26:07 Leurs fans.
00:26:09 Voilà, ils ont leurs fans,
00:26:11 ils ont énormément de clients en Asie aussi,
00:26:13 qui permettent de maintenir tout ça,
00:26:15 et bon, voilà, je mise un peu sur le fait
00:26:18 qu'ils sont moins sensibles, disons,
00:26:20 aux changements de la densité de l'activité numérique.
00:26:26 Voilà.
00:26:27 Mais peut-être que je me trompe.
00:26:29 Pour le coup, là, je vais te laisser…
00:26:31 Non, mais il y a plusieurs…
00:26:33 Sur Apple, il y a plusieurs choses,
00:26:35 et puis ça a toujours été un peu le outsider
00:26:37 de ce clan de géants de la tech.
00:26:40 Apple, qu'est-ce qu'ils vendent ?
00:26:42 Avant tout, du hardware, des produits physiques.
00:26:45 Ils ont à côté de ça, une activité,
00:26:47 ils appellent ça du service,
00:26:49 dans lequel on a de la vente de musique,
00:26:52 de films, de trucs plus immatériels,
00:26:55 leurs principales difficultés, ces dernières années,
00:26:59 ont été ce qui se passait sur le marché chinois.
00:27:02 Et en termes de production, fabrication,
00:27:04 les lockdowns liés au Covid ont vraiment gêné
00:27:08 beaucoup de ces sous-traitants qui fabriquent les produits là-bas,
00:27:11 mais aussi des interrogations sur la consommation.
00:27:14 Si les consommateurs chinois
00:27:16 ne peuvent plus aller en magasin acheter des iPhones,
00:27:18 la Chine, représentant une grosse part du chiffre d'affaires d'Apple,
00:27:21 ça peut un peu créer des tensions
00:27:24 sur les chiffres qu'ils annoncent chaque année en fin d'exercice.
00:27:27 Sur les effectifs, ensuite,
00:27:29 j'ai ressorti ces chiffres pour qu'on compare un petit peu,
00:27:33 Apple, croissance des recrutements entre l'automne 2019 et l'automne 2022,
00:27:39 plus 20% chez ses concurrents ou confrères ou compères,
00:27:43 Microsoft, plus 53%,
00:27:45 Alphabet, la maison mère de Google, plus 57%,
00:27:48 et Meta, Facebook, plus 94%.
00:27:52 Donc on est sur des ordres de grandeur très différents.
00:27:55 Il a fallu lister en début les volumes globaux,
00:27:59 donc on est dans les mêmes fourchettes,
00:28:01 mais la croissance est beaucoup plus maîtrisée chez Apple.
00:28:05 Et donc le dernier point, c'est que chez Apple,
00:28:07 ce n'est pas uniquement des marqueteux et des ingénieurs,
00:28:09 c'est beaucoup de personnel en magasin.
00:28:11 Et donc les ajustements qui doivent être faits
00:28:15 sont très différents et on ne peut pas
00:28:19 chuinter tout d'un coup des...
00:28:21 Ou alors il faut fermer les magasins,
00:28:23 ce qui, pour l'instant, n'est pas trop dans les plans d'Apple.
00:28:25 John Duff23 qui dit, maintenant c'est plus GAFAM,
00:28:30 c'est A-MAM.
00:28:32 A-A-M-A-M.
00:28:34 Oui, c'est ça, A-MAM.
00:28:36 Tout à l'heure, vous évoquiez justement
00:28:38 une sorte de crise identitaire chez Meta.
00:28:42 Est-ce que ce n'est pas un peu ce qui est en train de se passer aussi
00:28:46 sur Twitter depuis le rachat par Elon Musk ?
00:28:50 Pauvre Twitter.
00:28:52 Alors Twitter, c'est encore une autre histoire.
00:28:55 Là, le terme de crise...
00:28:58 Oui, là, je pense qu'on peut employer le terme de crise, oui.
00:29:01 C'est sûr.
00:29:03 Twitter, c'est encore compliqué parce que ce n'est pas du tout
00:29:05 la même échelle non plus.
00:29:07 Ça reste une petite boîte, un petit réseau.
00:29:12 C'est combien de salariés dans le monde ? 7 000 ?
00:29:15 7 200, je crois que j'ai trouvé.
00:29:17 Exactement, ils ne sont pas à des centaines de milliers de salariés,
00:29:22 en tout cas.
00:29:24 Mais oui, on n'est pas sur les mêmes...
00:29:26 Ce n'est pas un GAFAM, dans le sens strict du terme.
00:29:29 Évidemment, après, il a une place en tant qu'acteur numérique
00:29:32 qui est intéressante, mais il reste un média, entre guillemets.
00:29:36 On n'est pas sur une espèce de pieuvre d'activité
00:29:41 qui a en gros une maison mère avec des activités extrêmement diversifiées
00:29:46 et une envie d'être dans l'innovation perpétuelle,
00:29:48 comme ça peut être dans Google Lab, etc.
00:29:50 Donc, c'est très différent, Twitter.
00:29:53 Oui, puis c'est sûr, une activité assez simple.
00:29:55 Le produit a très, très peu évolué depuis qu'il a été créé.
00:29:59 C'est quand même quelque chose, d'ailleurs...
00:30:01 C'est même rare.
00:30:03 Oui, et puis, il y a beaucoup d'ingénieurs qui passaient du temps
00:30:06 et qui n'y sont pas forcément tous restés, reprochés à la boîte
00:30:10 en disant honnêtement...
00:30:11 Facebook, c'est devenu 150 choses,
00:30:13 et parfois, on ne savait plus où ça allait,
00:30:15 mais au moins, ils ont lancé tous les mardis un nouveau truc.
00:30:19 Chez Twitter, c'est quand même assez statique depuis une dizaine d'années.
00:30:25 Et leur gros souci est qu'ils ont été repris par une personne
00:30:30 qui a une vision de la boîte,
00:30:32 qui n'est pas celle de la direction précédente.
00:30:36 Et les employés qui s'y retrouvent sont un peu pris entre deux feux.
00:30:42 Il y en a qui ont été licenciés,
00:30:44 il y en a qui ont été proposés de partir,
00:30:46 et il y en a qui n'ont juste pas les moyens de quitter le poste,
00:30:48 notamment aux États-Unis,
00:30:50 où l'emploi reste encore lié à la protection d'assurance maladie.
00:30:54 Donc, il y a des gens qui ont témoigné pour dire,
00:30:57 bien sûr, si j'avais pu quitter, je serais partie,
00:30:59 mais moi, j'ai besoin d'avoir une sécurité sociale pour moi et pour ma famille.
00:31:05 Donc, Twitter, c'est la carte folle au milieu de tout ça.
00:31:09 Et je ne sais pas si c'est…
00:31:11 Enfin, la crise, pour moi, elle est plutôt provoquée par la nouvelle direction,
00:31:15 en soi, le produit, s'il n'y touche pas, ça continue à vivoter.
00:31:19 Le modèle économique n'a pas besoin d'être forcément retourné,
00:31:23 puisqu'on continue à avoir des revenus publicitaires,
00:31:26 surtout là où on va rentrer aux États-Unis dans une nouvelle année électorale.
00:31:30 C'est vraiment le genre de plateforme qui va générer du chiffre d'affaires
00:31:34 et de la publicité politique aux États-Unis.
00:31:36 C'est une crise d'identité provoquée par un nouveau regard extérieur.
00:31:44 Et si on parle maintenant du…
00:31:48 si on se concentre un peu sur le modèle,
00:31:51 sur les salariés des GAFA,
00:31:53 mais sur le modèle d'entreprise qui était défendu au départ.
00:32:00 Marie-Catherine, toi, tu as été correspondante dans la Silicon Valley.
00:32:06 C'était en quelle année ? 2010 ? Quelque chose comme ça ?
00:32:10 2012-2015.
00:32:12 C'était comment ? Raconte-nous un peu déjà ce que tu as fait.
00:32:14 Non mais c'est vrai, ce que tu as fait là-bas…
00:32:16 Le contexte, c'était assez rigolo.
00:32:18 Et l'atmosphère ?
00:32:20 2012-2013, c'est l'année après l'introduction en bourse de Facebook.
00:32:26 Et en 2012, je crois, Facebook, c'était autour de 4 000-4 500 employés.
00:32:31 C'était un peu, d'ailleurs, le bon exemple d'une boîte tech
00:32:37 qui sert énormément d'utilisateurs avec relativement peu d'employés,
00:32:41 donc qui arrivaient à faire tourner un truc très puissant
00:32:44 grâce à leur génie informatique.
00:32:49 Et donc après l'introduction en bourse, il y avait énormément d'argent dans la Silicon Valley.
00:32:55 Beaucoup de gens s'étaient vraiment gavés, pardon pour l'expression,
00:33:00 y compris beaucoup d'investisseurs qui arrosaient du coup en retour
00:33:04 n'importe quel projet qui se lançait.
00:33:06 Donc il y avait une effervescence, mais parfois un peu folle jusqu'à l'absurde.
00:33:12 Les gens à l'époque étaient là à les pitcher pour lancer un Airbnb pour chiens.
00:33:17 Toutes les idées étaient possibles et toutes les idées étaient financées.
00:33:23 Donc vraiment les retournées ouvertes.
00:33:26 Et dans le sillage de ça, le début de cette guerre des talents que j'évoquais tout à l'heure,
00:33:32 sur les campus, ce qui est un peu légendaire,
00:33:36 mais c'était vraiment la compète à qui il y avait les meilleures cantines,
00:33:40 les meilleurs avantages.
00:33:42 Sur le campus de Google, on se déplace avec des vélos en libre-service.
00:33:47 Les meilleures cantines.
00:33:51 Sur le truc un peu anecdotique, il y avait des navettes.
00:33:54 Vers 2014-2015, les gens voulaient plutôt vivre dans San Francisco,
00:34:00 qui est à peut-être une petite demi-heure de voiture de Palo Alto ou Menlo Park,
00:34:06 enfin les villes qu'on appelle au global la Silicon Valley.
00:34:11 Et donc Google allait mettre en place des navettes pour amener les gens en bus
00:34:15 de San Francisco vers leur campus.
00:34:19 Mais parce qu'il y a des jours où les gens peuvent venir avec leur animal domestique,
00:34:22 il y avait un bus pour les gens Lucky Dames,
00:34:25 et puis aussi le bus pour les gens qui veulent venir bosser avec leur animal.
00:34:29 Mais ça ne pouvait pas être le même bus, parce que comme ça,
00:34:31 s'il y a des gens qui sont allergiques aux poils de chien,
00:34:33 ils n'allaient pas être confrontés avec les gens qui allaient lire le truc.
00:34:35 Donc c'était vraiment de la très haute conciergerie de besoins de talent.
00:34:40 Donc il y a un peu cette folie-là.
00:34:42 Et autre anomalie d'Apple,
00:34:46 Apple a toujours été un peu en retrait sur ce type d'avantages fifous
00:34:51 qu'on proposait aux employés.
00:34:53 Ça explique peut-être aussi pourquoi ils ont aujourd'hui un peu moins besoin
00:34:56 de couper sur des frais fous.
00:35:00 Mais Google, Facebook et tout ça, au milieu des années 2010,
00:35:04 c'était le coiffeur à toute heure, les massages.
00:35:08 Pour garder les talents dit Polyox 51.
00:35:11 Absolument.
00:35:14 Tout ça a changé ?
00:35:16 Alors moi, j'y suis plus.
00:35:19 Un certain nombre de ces trucs-là sont restés.
00:35:22 Mais maintenant, je pense qu'il y a aussi un peu plus de retour sur de l'efficacité en termes de coûts.
00:35:29 Il y a eu aussi un petit désenchantement, je pense, du côté des employés
00:35:33 qui ont notamment à la faveur du Covid.
00:35:37 Et en étant en télétravail chez eux,
00:35:40 et chez eux n'est plus forcément restée la région de San Francisco
00:35:43 et a pu devenir le Colorado parce qu'ils aiment faire du ski
00:35:47 ou d'autres États aux États-Unis.
00:35:50 Tous ces avantages qu'ont donné,
00:35:54 les employés ont vu que c'était aussi une façon un peu de les...
00:35:57 pas rendre esclaves, le terme est vraiment exagéré,
00:36:00 mais de les attacher, de les impliquer beaucoup, beaucoup, beaucoup
00:36:04 dans la vie de l'entreprise, de créer une espèce de confusion
00:36:07 entre vie perso et vie pro.
00:36:09 Avec la coupure de la Covid,
00:36:10 beaucoup de gens se sont un peu plus mis en retrait de ça.
00:36:13 Et ça a ouvert un nouveau débat au sein de la Silicon Valley
00:36:16 sur vie perso, vie pro, télétravail,
00:36:20 télétravail dans la Silicon Valley où les loyers sont exorbitants,
00:36:23 ou si je peux télétravailler ailleurs, dans un autre État américain.
00:36:27 Et du coup là, pour les GAFA, employeurs qui veulent eux aussi un peu maîtriser leur coup,
00:36:31 de dire "si tu télétravailles dans le Colorado,
00:36:34 est-ce que je peux te payer moins que si tu télétravailles dans la Silicon Valley
00:36:38 où le coût de la vie est plus élevé ?"
00:36:40 - Ophélie, sur le Covid, a-t-il marqué un tournant
00:36:44 dans le rapport qu'ont les salariés de la Silicon Valley ?
00:36:50 - Alors, je connais moins la Silicon Valley du coup, évidemment,
00:36:55 mais en tout cas, je ne la connais pas pour l'avoir vécue, quoi, en gros.
00:36:59 - En tout cas, il y a un sujet sur le télétravail.
00:37:01 - Mais oui, en fait, moi ce que je trouve intéressant là-dedans,
00:37:03 c'est que finalement, cette envie un peu paternaliste,
00:37:07 il faut le dire, de créer un village, enfin une entreprise-village,
00:37:11 elle n'est pas neuve dans le sens où c'est quelque chose qu'on pouvait avoir en Europe au 19e siècle,
00:37:15 par exemple, avec plein d'expérimentations sur des entreprises,
00:37:18 des locaux d'entreprises qui étaient en fait des petits villages,
00:37:20 où il y avait même parfois des écoles pour les enfants, des employés, etc.
00:37:25 Et c'était une manière en effet d'impliquer les salariés
00:37:28 à une époque où il y avait peu d'avantages, d'ailleurs, pour les employés, c'est différent.
00:37:33 Mais du coup, aux États-Unis, il y a eu une renaissance en quelque sorte de ce modèle-là,
00:37:37 d'entreprise comme un lieu de vie.
00:37:39 Et évidemment, quand vous sortez les employés de ce microcosme,
00:37:43 où en fait ils sont quelque part soumis à une forme de pression sociale,
00:37:46 parce que c'est une communauté qui fonctionne dans l'entre-soi, en fait,
00:37:51 c'est évident qu'il y allait y avoir une forme de crise existentielle,
00:37:55 et à cela, je pense qu'on peut ajouter une forme de crise existentielle aussi,
00:38:01 vis-à-vis de ce que pense le monde de leur activité.
00:38:03 C'est-à-dire que là, pour le coup, la crise qu'on a aujourd'hui,
00:38:10 je pense, n'a rien à voir avec l'opinion publique.
00:38:13 Je ne pense pas que ce soit parce que les gens veulent arrêter d'utiliser les GAFA,
00:38:16 mais ce n'est pas du tout ça. Au contraire, ils vont continuer à l'utiliser,
00:38:18 parce que pour l'instant, ils sont dominants,
00:38:21 et qu'il n'y a pas encore d'alternative suffisamment développée
00:38:26 et suffisamment efficace dans certains domaines, je veux le dire,
00:38:30 qui permet de faire sans.
00:38:32 Néanmoins, je pense que les salariés ont aussi ressenti ça, d'une certaine manière,
00:38:40 de voir qu'en fait, en termes d'exploitation des données personnelles,
00:38:44 en termes d'éthique, sur tout un tas de sujets,
00:38:48 il y avait un regard de la part du monde, pas seulement de l'Europe,
00:38:51 de manière générale, et même aux États-Unis,
00:38:53 qui était négatif sur leur activité.
00:38:56 C'est un mélange, je pense, qui joue dans une forme de divorce idéologique,
00:39:01 qui est une sortie, quelque part, d'une idéologie assez ancienne,
00:39:05 de communautarisme de la Silicon Valley, qui date même des années 60-70,
00:39:09 qui était bien ancrée là-dedans, et qui est en train de grandir,
00:39:13 de devenir adulte, en quelque sorte, et de se rendre compte que ce n'est pas si simple.
00:39:16 Marie-Catherine, rupture idéologique, peut-être un regard sur les nouvelles technologies,
00:39:22 sur le numérique, qui est différent ?
00:39:25 Oui, et je pense, en écoutant Ophélie, à deux autres choses qui se sont passées,
00:39:28 donc pré-Covid, mais qui ont peut-être aussi continué un peu à infuser
00:39:32 et à changer la relation des employés des GAFA à leurs employeurs.
00:39:37 Le premier, c'est que des boîtes comme Google et Amazon
00:39:42 ont eu des contrats aussi avec le ministère de la Défense américain,
00:39:46 qui ont suscité pas mal de discussions et de remous en interne,
00:39:50 ou enfin, fait des appels d'offres.
00:39:54 J'ai plus en tête, je pense que…
00:39:56 Ou alors, il y avait un contrat qui s'appelait "Jedi", je crois,
00:40:00 sur lequel avait postulé Amazon, Microsoft…
00:40:03 Ils ont tous postulé à un moment donné, pour ça.
00:40:05 Et ça posait des questions.
00:40:07 Et il y avait un autre sujet auquel était mêlée Google, sur des histoires un peu de…
00:40:10 Les gens se sont posé la question de dire "oui, mais nous, on ne veut pas participer à de la surveillance",
00:40:14 où il y a une petite méfiance vis-à-vis de ce que le gouvernement américain,
00:40:20 le gouvernement fédéral et spécifiquement le Pentagone peuvent faire,
00:40:23 qui avait créé pas mal de discussions à l'interne, de micro-manifestations…
00:40:27 Attribuées à Microsoft.
00:40:29 Voilà.
00:40:31 Et je me demande si Google n'était pas positionnée dessus,
00:40:34 était revenue en arrière en disant "finalement, on ne va pas postuler".
00:40:36 Ça, ça avait créé un premier truc, parce que tous ces employés qui étaient dans ces boîtes-là
00:40:40 croyaient dur comme fer au mythe de "on est là pour faire le bien dans le monde",
00:40:44 "do no harm", "don't be evil",
00:40:49 ce qui était un peu les slogans fondateurs de Google.
00:40:52 Et "on n'a pas besoin de coopérer avec l'État, de faire quoi que ce soit avec l'État".
00:40:55 Voilà, et "à force de rire avec l'armée".
00:40:58 Ça, c'était le premier truc.
00:41:00 Et le deuxième, je pense, qui avait créé aussi pas mal d'interrogations dans ces groupes,
00:41:06 ou dans certains d'entre eux, c'est les années Trump.
00:41:11 L'Amérique a vécu aussi un certain nombre de difficultés sous Trump.
00:41:18 Alors, ingérence russe dans les élections et utilisation de Facebook
00:41:22 pour manipuler un peu l'opinion d'une part,
00:41:24 mais aussi beaucoup plus de polarisation dans l'opinion et dans les conversations entre Américains.
00:41:31 Et du coup, un certain nombre de collaborateurs qui se pensaient dans un environnement
00:41:39 de gens qui pensaient comme eux et qui étaient libéraux au sens américain du terme,
00:41:45 de gauche, ont réalisé qu'ils avaient des collègues qui étaient plutôt de droite façon Trump,
00:41:52 ou républicain, ou un peu entre les deux.
00:41:54 Et du côté des gens qui se disaient plus conservateurs,
00:41:59 on avait l'impression que notamment des plateformes comme Twitter et Facebook
00:42:03 étaient trop libérales, trop de gauche dans la gestion des conversations en ligne,
00:42:10 ou même de la gestion de contestations en interne.
00:42:14 Et il y avait un collaborateur de, je crois que c'est Google, mais je ne me souviens plus exactement,
00:42:18 et qui... ça avait créé énormément de rebonds en interne,
00:42:22 parce qu'il y avait une polarisation de l'opinion en général qui se retrouvait aussi dans ces entreprises.
00:42:26 Et du coup, je pense que les gens se sont dit "ouais, on n'est pas une grande colonie de vacances,
00:42:30 on est tellement gros maintenant que dans notre centaine de milliers d'employés,
00:42:34 dans nos collègues, il y a des gens qui pensent exactement le contraire de moi,
00:42:37 et je ne peux plus...
00:42:40 - Caussionner ça.
00:42:43 - ...c'est tellement irritant et violent aux Etats-Unis
00:42:45 qu'on n'arrivait plus à "vivre ensemble" là-dessus.
00:42:49 - Rupture de confiance, il y a aussi toutes ces histoires d'optimisation fiscale aussi, j'imagine,
00:42:57 qui ont contribué à rompre cette confiance, et des scandales.
00:43:02 Facebook, Cambridge Analytica, tout ça, ça s'est joué aussi, Ophélie ?
00:43:07 - Alors oui, évidemment. Il y a un ensemble de choses qui peuvent jouer.
00:43:12 Après, du côté américain, je ne sais pas si l'optimisation fiscale est vraiment forcément...
00:43:18 - Un sujet...
00:43:20 - Voilà, je pense que c'est plutôt en Europe qu'on a vraiment ce souci-là, évidemment,
00:43:26 pour tout un tas de raisons, sachant qu'en plus, de notre côté, c'est un peu la seule chose
00:43:31 sur laquelle on peut vraiment agir aujourd'hui.
00:43:33 Les sanctions qu'on essaie de poser, c'est vraiment sur cette question de la fiscalité.
00:43:40 Donc c'est pour ça que c'est un sujet qui nous est particulièrement important.
00:43:44 Mais là-bas, je pense qu'il y a aussi une question, vraiment, en effet, Cambridge Analytica,
00:43:48 usage des données personnelles, aussi des promesses qui ne sont pas tenues, tout simplement.
00:43:53 - Kerber qui s'excuse...
00:43:55 - Oui, bon, après, je pense qu'il y a aussi le côté humain qui prend le dessus.
00:43:59 Au bout d'un moment, Zuckerberg, je pense qu'il a aussi perdu beaucoup dans l'opinion publique,
00:44:03 de manière générale, parce qu'il se conduit de la même manière qu'Elon Musk,
00:44:08 il se conduit comme un gamin.
00:44:10 Donc, du coup, c'est vrai que pour des personnes, disons, qui ne vivent pas coupées de la réalité,
00:44:16 ça peut être irritant. Je pense qu'il y a aussi ça.
00:44:19 - D'ailleurs, quand on regarde un petit peu ces discours à Zuckerberg, en 2004, typiquement,
00:44:26 il disait que lui, il n'était pas là pour faire de l'argent, mais pour changer le monde.
00:44:30 Marie Catrice, ça te fait rire ?
00:44:33 - Oui, après, Zuckerberg et Facebook, ils ont deux choses.
00:44:37 Il y a toujours eu cette culture... - Parce que nous, on y a cru, quand même !
00:44:40 - Mais il y a toujours eu cette culture, chez Facebook, de faire une grosse bêtise,
00:44:46 et ensuite faire un message pour s'excuser, et puis, quelques temps plus tard,
00:44:50 refaire le même truc, mais un petit peu différemment, et à peu près, ça passe.
00:44:53 Au début, vers 2008, 2010, quand Facebook commençait à devenir un réseau social un peu plus populaire,
00:45:02 il commençait comme ça, de régulièrement modifier les conditions générales d'utilisation.
00:45:07 Et donc, c'était, à l'époque, très collaboratif, on était tous un peu utopiques,
00:45:11 il y avait des groupes de gens qui épluchaient ces termes, ces conditions,
00:45:15 et qui trouvaient dedans, toujours, une espèce d'entourloupe impossible,
00:45:18 qui allait dire, évidemment, on va utiliser toutes vos données,
00:45:21 et prendre votre premier enfant, et votre rein gauche, et tout ça.
00:45:25 Et les gens le dénonçaient, et la communication de Facebook, à chaque fois, a été genre,
00:45:30 "Ok, on a entendu notre communauté de users, on va faire mieux la prochaine fois",
00:45:33 et la prochaine fois, c'était, "On a modifié 5% du truc, mais sur le fond, on est toujours là-dessus".
00:45:38 Donc, c'est un modus operandi totalement Zuckerberg.
00:45:42 - @oliox51 qui vous demande, si jamais vous savez,
00:45:45 "Laquelle des entreprises des GAFAM pratiquent le plus le télétravail ?"
00:45:49 - Alors, je saurais, par exemple. - En tout cas, chez Twitter,
00:45:53 bon, c'est pas les GAFAM directement, mais chez Twitter, là, le télétravail, ça passe plus du tout.
00:45:58 Je crois qu'il y a eu un petit ultimatum d'Elon Musk, en mode,
00:46:02 "Il faut revenir au bureau, et il faut revenir en plus 40 heures par semaine."
00:46:06 - Mon intuition est de dire, je crois que chez Google, ils étaient assez flexibles,
00:46:10 et en avance là-dessus, mais je peux pas dire de manière absolue.
00:46:14 Je sais que Netflix, qui, chez nous, rentre pas forcément toujours dans les GAFAM,
00:46:19 mais leur fondateur, Reed Hastings, il est très anti-télétravail,
00:46:25 et je pense que ça nuit à la collaboration, à la productivité, enfin, il est très anti,
00:46:30 donc, même si ces boîtes sont très novatrices et innovantes,
00:46:35 il y a certains réflexes qui peuvent être un peu vieux dans la direction.
00:46:39 - Dans le classement "Glace d'or", fin 2019, Google est sortie du top 10
00:46:44 des meilleurs endroits où travailler aux Etats-Unis, pour la première fois en 8 ans,
00:46:48 et Facebook a perdu 16 places.
00:46:52 Est-ce qu'il y a des syndicats qui existent dans les GAFAM ?
00:46:57 On a vu chez Amazon récemment des grèves.
00:47:02 - Honnêtement, sur cette partie-là, je suis pas forcément super informée,
00:47:08 sur la partie syndicale. Je dirais Amazon, oui, on a pu voir qu'en effet,
00:47:12 ils essayaient en tout cas d'avoir une force syndicale,
00:47:16 maintenant, je ne saurais le dire. Après, c'est les Etats-Unis.
00:47:21 - C'est très compliqué de constituer des syndicats aux Etats-Unis,
00:47:24 il faut obtenir des majorités, c'est un montage assez complexe.
00:47:29 - Peut-être que les auditeurs ont la réponse.
00:47:32 - Théo Le Zombie, le syndicalisme aux US, c'est pas ouf.
00:47:36 - On n'aura pas une meilleure réponse, nous.
00:47:40 - On est d'accord.
00:47:42 - Mais il y a des initiatives intéressantes.
00:47:47 - Oui, il y a eu des lettres ouvertes, des pétitions, des choses comme ça.
00:47:52 - Oui, et puis aussi parce qu'il y a eu cette culture,
00:47:57 je pense qu'il vient du début de ces boîtes-là, qui étaient en mode,
00:48:00 on est une extension du campus de Stanford, on est tous une grande fratrie,
00:48:04 c'est la famille, etc. Ils avaient plein de mécanismes comme ça pour faire remonter,
00:48:09 ou pour donner l'illusion d'un échange entre le haut et le bas,
00:48:15 entre les factions et les employés. Par exemple, chez Google,
00:48:18 il y avait tous les vendredis, je crois, un truc qu'ils appelaient le Town Hall,
00:48:22 il y avait à l'époque de Larry Page et Sergey Brin,
00:48:25 les deux cofondateurs de Google, ils venaient là et ils s'exposaient
00:48:29 aux questions de leurs collaborateurs en mode, vous avez des questions pour nous,
00:48:33 on est à votre disposition, on vous entend, voilà, assemblée générale,
00:48:38 à la cool, vraiment très détendue, on fait ça dans la cantine
00:48:44 où il y a les pizzas l'après-midi, donc cette image ou illusion
00:48:48 de la communication est ouverte. Après, à chaque fois qu'il y a eu des crises,
00:48:52 ces canaux de communication ne fonctionnaient pas de manière évidemment
00:48:56 aussi libre, naturelle et ouverte que souhaité, et des médias américains
00:49:03 qui couvraient souvent ces univers-là de la tech, type Mashable, TechCrunch,
00:49:09 Business Insider, ramassaient souvent énormément d'informations de verbatim
00:49:13 sur quels sont les échanges qu'il y a eu entre employés et employeurs
00:49:17 dans ces assemblées-là, qui révélaient certaines crispations ou conflits,
00:49:24 et quand ces trucs-là ne fonctionnaient pas, je parlais tout à l'heure
00:49:27 de l'employé qui se sentait plutôt conservateur et pas bien vu ou mal reçu,
00:49:34 il a fait je crois un manifeste qu'il a publié carrément sur Internet,
00:49:39 et il a été appelé par des gens de tous pour exprimer sur des pages et des pages
00:49:43 pourquoi son employeur tech était enfreigné à ses opinions.
00:49:49 Donc on a essayé de créer des instances pour régler des problèmes
00:49:53 entre employeurs et employés, ça n'a pas fonctionné, et du coup les gens
00:49:57 ont fait ce qu'ils savaient faire le mieux, ils sont allés s'exprimer sur Internet.
00:50:01 - Ces entreprises restent quand même attractives aujourd'hui ?
00:50:07 - Oui je crois, rien que pour les salaires.
00:50:11 - C'est sûr, même s'ils les baissent, ce sera toujours plus intéressant qu'ailleurs,
00:50:18 et puis parce que c'est probablement pour certaines personnes intéressant
00:50:22 d'être passées par ces entreprises aussi, pour le parcours professionnel,
00:50:25 ils ne vont pas forcément y faire leur vie.
00:50:27 - Et puis ils continuent à travailler sur des problèmes assez complexes et excitants,
00:50:32 et je pense que quand on est super fort intellectuellement, un excellent matheux,
00:50:37 ou ingénieur, ou autre, travailler sur des jeux de données tels que ceux qu'a Facebook,
00:50:47 ça reste quand même, pas grand monde d'autre peut proposer des choses équivalentes.
00:50:53 Après, ce qui fait que aussi peut-être certaines personnes,
00:50:56 si on réfléchit à l'employabilité ou à l'attractivité de l'employeur,
00:51:01 quand vous êtes chez Facebook ou Google, au final, même si vous êtes brillantissime
00:51:04 et que vous êtes au contact de gens également formidables et "PhD",
00:51:08 et que vous avez toujours l'impression d'être la personne la moins intelligente dans la pièce,
00:51:12 la finalité du produit sur lequel vous travaillez, c'est un produit publicitaire,
00:51:17 ou de la monétisation publicitaire, donc peut-être que les gens font ça pour un certain nombre d'années,
00:51:21 et puis après auront envie de faire autre chose, et se disent "c'est plus excitant,
00:51:26 je ne sais pas moi, de travailler sur les algorithmes de l'État,
00:51:29 où la paie n'est plus un enjeu, mais c'est plus le sens, la mission".
00:51:34 Oui, après le vrai problème, c'est que, en fait, c'est les seules entreprises qui ont les moyens
00:51:39 de financer vraiment de l'ARD, c'est ça le souci.
00:51:42 On a des entreprises, même en France, qui permettent de financer de l'ARD,
00:51:46 on a Orange par exemple, Orange Lab, qui a pas mal de doctorants,
00:51:50 qui essayent quand même de faire des choses, et puis évidemment, au niveau européen,
00:51:55 on va avoir pas mal de grandes entreprises qui font de l'ARD,
00:51:58 mais ça n'a rien à voir avec les budgets qui peuvent être dépensés dans ces boîtes-là,
00:52:02 pour en effet faire de la recherche et tester des choses,
00:52:05 vraiment tester des choses, selon une méthodologie qui est celle très connue dans le monde du numérique,
00:52:13 de créer des petits produits très rapidement, etc.
00:52:16 Ils sont dans cette idée du laboratoire, souvent dans ces boîtes-là aussi,
00:52:22 donc forcément, quand on veut avoir les moyens de faire des choses,
00:52:27 c'est intéressant de travailler pour ces entreprises-là.
00:52:30 - Ils ont le monopole. - Voilà, le problème, c'est ça.
00:52:33 Mais c'est un problème, c'est-à-dire que justement, si je veux demain travailler pour l'État,
00:52:36 les algorithmes de l'État, l'État veut faire plein de choses,
00:52:39 même en France, on a ÉtatLab, on a la DINUM, qui essaie de faire des choses,
00:52:43 mais il manque des moyens, il manque beaucoup de talents aussi,
00:52:46 qui préfèrent aller chez les GAFAM, par exemple, plutôt que d'aller bosser pour l'État.
00:52:51 Et ça, c'est vraiment dommage, parce que du coup, pour l'État, par exemple la DINUM,
00:52:55 il y a beaucoup de bons talents, mais il y a beaucoup de jeunes en fait,
00:52:58 il y a très peu de seniors, parce que l'État n'est pas capable tout simplement de financer ces talents-là,
00:53:02 et l'État n'a pas non plus la base de données suffisante,
00:53:06 il faudrait qu'ils puissent les acheter, et ça, c'est pas éthiquement même souhaitable.
00:53:11 Donc il y a plein de questions qui se posent au-dessus de ça,
00:53:16 qui fait que oui, c'est compliqué en effet d'offrir les mêmes garanties.
00:53:22 Et Dessoeine dans le tchat, bienvenue première fois sur le tchat,
00:53:26 qui dit "je travaille dans la consultance pour certains de ces GAFAM,
00:53:30 et j'ai postulé pas mal de fois dans le public, mais c'est très complexe d'y entrer,
00:53:34 même en voulant un salaire beaucoup plus faible".
00:53:36 Et j'avais noté, alors il y a d'ailleurs un... ah, j'arrive pas à retrouver,
00:53:41 mais quelqu'un dans le tchat qui nous a dit qu'il y avait eu une tentative de création
00:53:45 d'un syndicat chez Google, mais qu'apparemment la direction n'avait pas accepté.
00:53:51 Voilà. Google qui a reçu 3,3 millions de candidatures en 2019,
00:53:58 donc plus 18% en un an.
00:54:01 C'était quoi les promesses du début dans la Silicon Valley ?
00:54:12 De ces boîtes-là ou à l'origine de la Silicon Valley ?
00:54:15 Dans ces boîtes-là ? Parce que là c'est vrai que...
00:54:17 Ouais, si on remonte à quand c'était que des vergers.
00:54:21 Ouais, dans ces boîtes-là.
00:54:23 Chez Google, en fait, pareil, comme leurs modèles sont différents,
00:54:29 leurs promesses originelles sont...
00:54:31 C'était tous des hippies, 10, tu offends 26.
00:54:34 Il y en a qui sont un peu trop jeunes pour ça.
00:54:36 Mais en fait, elles ont des histoires un peu différentes.
00:54:39 Par exemple, Amazon, Jeff Bezos, il avait bossé un peu dans la tech,
00:54:46 un peu dans la banque, et puis il a lu un jour dans un magazine
00:54:50 qu'Internet progressait à plus de 2 000% par an.
00:54:55 Il s'est dit "tiens, je vais lancer une librairie en ligne".
00:54:58 Et à l'inverse, les fondateurs de Google, eux, avaient travaillé
00:55:02 dans le cadre d'un projet de recherche à l'université de Stanford
00:55:06 sur un algorithme de recherche en ligne qu'ils ont ensuite transformé
00:55:12 en objet commercial.
00:55:14 Donc on est sur des histoires entrepreneuriales assez différentes.
00:55:18 Et après, Facebook, c'est encore autre chose.
00:55:20 Ça a été un peu enrobé par le film Social Network.
00:55:22 Mais c'était...
00:55:24 Enfin, le mythe, c'est un jeune étudiant qui veut...
00:55:27 - Relier le... - Ranquer des nanas à qui il a du mal
00:55:31 à parler, mais qu'il trouve canon ou pas.
00:55:35 Donc il veut créer un petit site pour noter les gens
00:55:40 avant de faire fortune avec nos données à tous.
00:55:44 - Tu veux ajouter quelque chose sur les utopies du début ?
00:55:50 - Je pense qu'en fait, de toute façon, évidemment, ces jeunes,
00:55:53 ils ont été à un moment donné inspirés par, en effet,
00:55:57 les communautés hippies, un peu la cyberculture des années 70,
00:56:03 à la base. Mais ils sont trop jeunes, évidemment, pour ça.
00:56:05 Mais il y a quand même un petit peu un fond de ça.
00:56:07 Et puis je pense qu'ils se sont aussi construits en opposition
00:56:10 avec les entreprises de logiciels, que ce soit du IBM
00:56:16 ou même Microsoft à l'époque, voilà, qui étaient dans un modèle
00:56:20 très, très différent. Et c'est vrai que ces petits jeunes du web
00:56:22 qui arrivaient et qui faisaient peur, en fait, un petit peu à ces anciens,
00:56:26 voulaient pas être comme ces boîtes-là, voulaient pas être sur ce même modèle.
00:56:31 Ils ont surfé, évidemment, mais pour une manière aussi qui était commerciale,
00:56:34 sur le fait que tout allait être gratuit, que Internet, c'était un monde sans frontières.
00:56:39 Et ça, c'était une idée qui était déjà très présente dans l'esprit américain,
00:56:43 le fait, si on regarde les textes et les penseurs, en quelque sorte, de l'époque,
00:56:47 il y a vraiment tout un tas d'évangélistes sur le web,
00:56:52 un monde sans frontières, où tout le monde est sympa,
00:56:55 où tout le monde va pouvoir trouver une liberté nouvelle.
00:56:58 Donc voilà, ils surfent totalement sur le libéralisme américain.
00:57:02 Et en même temps, c'est ça qui est intéressant, c'est que c'est de l'ultracapitalisme.
00:57:07 C'est une idée à l'américaine, très libérale, et c'est une idée qui vient aussi
00:57:13 du communitarisme, de la cyberculture hippie des années 70.
00:57:16 Donc en fait, c'est un sacré cocktail. Mais au final, tout ça,
00:57:20 ce n'était aussi que du rêve et que de l'argumentation commerciale,
00:57:23 dont on sort aujourd'hui, du coup.
00:57:27 On a l'impression d'ouvrir les yeux depuis un certain nombre d'années sur le fait que
00:57:29 oui, c'est bien beau tout ça, mais en réalité, non, il y a des frontières.
00:57:32 En réalité, dans le web, il y a des frontières.
00:57:34 Il y a des frontières qui sont aussi celles des infrastructures.
00:57:37 Et par ailleurs, ce n'est pas le doux rêve d'une grande communauté mondiale,
00:57:42 puisqu'on est tous fliqués.
00:57:44 Je vais vous demander de sortir la boule de cristal, mais en gros,
00:57:48 les défis à venir, là, pour les GAFAM, c'est quoi ? Sur quoi ils travaillent ?
00:57:54 C'est quoi le step d'après ? On a Polyox51 qui dit
00:57:57 "Le but à terme de tous ces mastodontes, c'est de s'emparer de tous les secteurs clés,
00:58:01 mobilité, santé, divertissement."
00:58:03 C'est déjà fait, non ?
00:58:06 C'est déjà fait, oui.
00:58:08 En tout cas, ils essayent.
00:58:10 C'est déjà fait avec Gates, répond S.Petit dans le chat.
00:58:14 En fait, oui, surtout dans les différents domaines,
00:58:18 on pourrait dire qu'en effet, ils ont un peu fouillé dans tous les domaines.
00:58:23 Ils ont eu moins de succès, ils se sont plantés des fois sur pas mal de choses.
00:58:26 Mais en fait, les défis immédiats pour eux, je parlais tout à l'heure de l'Afrique,
00:58:31 et je pense qu'il y a vraiment un défi de taille à la fois pour les boîtes,
00:58:35 pour les big tech américaines et les big tech chinoises,
00:58:38 qui est en effet que l'Afrique, le continent africain,
00:58:41 est en train de faire sa transformation numérique, est en train d'accélérer.
00:58:44 Et c'est un petit peu après avoir, en quelque sorte, conquis l'Europe,
00:58:49 et pour la Chine, avoir, en fait, évidemment, conquis une bonne partie de l'Asie,
00:58:54 c'est de conquérir le continent africain.
00:58:57 Et aujourd'hui, il y a beaucoup de développement qui se fait,
00:59:00 de développement commercial en Afrique.
00:59:02 Donc, il y a immédiatement, je dirais, en termes de nouveaux marchés,
00:59:04 il y a un nouveau marché qui est le continent africain.
00:59:06 Ensuite, en termes de technologie, il y a le développement de la 5G,
00:59:09 qui est relié au maillage aussi des infrastructures sur le territoire,
00:59:12 donc au maillage des centres de données.
00:59:14 C'est pour ça qu'on a énormément d'investissements dans ces domaines-là,
00:59:18 qui permet de relier les différents points dans le monde,
00:59:20 et que ce soit au niveau des centres de données.
00:59:23 Et ensuite, il y a la technologie de constellation satellitaire,
00:59:26 qui est très informatisée et qui, de toute façon, sera liée, justement,
00:59:29 à ceux qui auront le maillage au sol le plus intéressant.
00:59:32 Donc, en fait, les GAFAM et les sociétés de colocation de serveurs,
00:59:36 typiques Winix, Digital Realty, etc.
00:59:38 Parce qu'on n'en parle pas, mais en fait, les GAFAM, c'est ceux qu'on voit.
00:59:41 Puis derrière, il y a d'autres entreprises très grandes, très puissantes,
00:59:44 qui font aussi de la valeur.
00:59:47 Et donc, en fait, je dirais le défi sur les prochaines années, pour eux,
00:59:51 c'est de développer ces bases extrêmement solides,
00:59:54 qui marquent une forme de maturité de ces entreprises.
00:59:56 Ce ne sont plus tout à fait des géants du numérique.
00:59:58 On peut les appeler les big tech, c'est plus facile de les appeler comme ça.
01:00:01 Donc, ils sont en fait en train de muter, en quelque sorte.
01:00:06 Il y a une forme de maturité qui se fait,
01:00:08 il y a une forme de maturité idéologique aussi qui se fait,
01:00:10 où ils apprennent à vraiment devenir des businessmen dans le sens,
01:00:12 et de montrer qu'en fait, ce qu'ils veulent, c'est du fric avant tout.
01:00:16 Donc, il y a ça.
01:00:17 Et ensuite, dans l'avenir, vraiment, à partir de maintenant,
01:00:22 jusqu'à il y a dans dix ans et plus après,
01:00:24 ce qui va être compliqué pour eux, c'est de gérer la question des ressources
01:00:27 et la gestion de l'empire.
01:00:29 La question des ressources, ils y sont déjà confrontés.
01:00:31 Ça coûte extrêmement cher de financer justement les infrastructures
01:00:35 qui dépensent beaucoup, qui sont très énergivores et très hydrovores,
01:00:40 pour prendre un néologisme,
01:00:42 et qui fait que du coup, aujourd'hui, ils sont face à ces problématiques aussi
01:00:45 de changements climatiques, de faire face à la hausse des ressources.
01:00:51 Et deuxième chose, plus on a un empire qui grandit,
01:00:53 ça je le disais tout à l'heure, plus il est difficile de gérer les régions.
01:00:56 Et en fait, ils sont dans cette problématique-là,
01:00:58 à la fois les régions dans le sens aussi juridique,
01:01:01 de se confronter à des cultures et à des droits qui sont différents,
01:01:05 donc on le voit bien en Europe par exemple,
01:01:07 mais aussi tout simplement au fait que plus on a d'employés dans le monde,
01:01:11 plus on a de structures et plus on perd le contrôle.
01:01:14 C'est très facile de perdre le contrôle.
01:01:15 Meta est très mal organisée de ce côté-là,
01:01:19 donc je pense que si il y en a une qui doit faire faillite, ce sera probablement elle.
01:01:23 Mais en revanche, Google, Amazon, c'est autre chose.
01:01:28 Eux sont extrêmement bien organisés.
01:01:30 Microsoft, j'attends de voir.
01:01:32 Marie-Catherine, sur les défis à venir ?
01:01:36 Les défis sont un peu différents selon les boîtes,
01:01:41 et en effet, je pense que Meta est le plus fragile,
01:01:44 mais nous a surpris dans le passé.
01:01:46 Pour moi, leur défi, c'est un peu de survivre,
01:01:48 de gérer leur uber-croissance.
01:01:51 Donc un, éviter de devenir trop gros
01:01:54 pour ensuite être démantelé par des régulateurs.
01:01:57 Devenir trop gros et puis perdre le sens de ce qu'ils font,
01:02:01 et en crever.
01:02:03 Et en gros, si on veut utiliser un peu une image
01:02:06 et un peu caractériser cette croisée des chemins,
01:02:10 c'est est-ce qu'ils arrivent à devenir Microsoft plutôt que Yahoo ?
01:02:15 Microsoft, dans les années 90, était le gros méchant de l'informatique,
01:02:19 en situation monopolistique sur la distribution de systèmes d'exploitation,
01:02:27 avait vraiment des très mauvaises pratiques en termes de concurrence.
01:02:31 Et maintenant, c'est une boîte qui a diversifié son modèle économique.
01:02:35 C'est eux qui font la Xbox, ils ont un peu de recettes publicitaires,
01:02:39 ils continuent à vendre du logiciel,
01:02:40 mais c'est assez équilibré en termes de flux de revenus.
01:02:43 Et à l'inverse, il y a un autre risque, c'est de devenir un Yahoo,
01:02:49 c'est-à-dire une très belle boîte tech qui a vraiment connu son moment de gloire
01:02:54 et qui aujourd'hui n'est plus rien.
01:02:57 Et spécifiquement, je pense qu'une boîte comme Meta,
01:03:00 elle est à cette intersection-là aujourd'hui.
01:03:05 - Ed Sven dans le chat qui dit "Microsoft a investi 10 milliards dans OpenGPT récemment".
01:03:11 - Oui, c'est encore une fois pour moi une preuve que Microsoft,
01:03:16 finalement, se débrouille vraiment bien,
01:03:19 essaie d'être dans le coup d'après.
01:03:21 Et ce qu'ils font, eux, et ce que OpenAI fait avec ChatGPT,
01:03:27 pose des vraies questions sur quel peut être le modèle de Google
01:03:32 sur de la recherche en ligne, au sens "je donne des réponses aux questions".
01:03:36 Ils sont vraiment en train d'avoir un peu le souffle chaud dans la nuque
01:03:41 d'une concurrence qu'ils n'avaient pas eue depuis longtemps,
01:03:43 et de se dire "ok, comment on fait pour rester pertinent
01:03:46 quand ces gars-là arrivent ?" et ils arrivent vraiment super vite.
01:03:48 Et ça, je trouve ça hyper excitant, hyper sain.
01:03:51 Ces boîtes sont très grosses, et en même temps, on le voit,
01:03:54 la concurrence peut venir de n'importe où, à tout moment.
01:03:59 Et pour ça, la concurrence est absolument cruciale.
01:04:02 Et peut-être deux, trois mots sur les GAFAM chinois, BATX ?
01:04:09 Alors, c'est complètement différent.
01:04:12 Ça n'a rien à voir.
01:04:14 Est-ce qu'ils font peur aux GAFAM ?
01:04:16 Ils commencent à s'internationaliser, en tout cas.
01:04:19 On ne va plus tout à fait employer ce terme-là maintenant,
01:04:22 parce qu'on est plutôt, aujourd'hui...
01:04:24 Après, on va se faire un petit...
01:04:27 Il y a du débat dans le chat sur GAFA, qu'est-ce qu'on dit, GAMAM, tout ça.
01:04:30 Vous, vous dites quoi ?
01:04:32 Big Tech américaine ou chinoise, je préfère dire Big Tech, en fait.
01:04:35 C'est plus "simple", sauf qu'en réalité, définir Big Tech, c'est pas simple non plus.
01:04:41 Mais bon, aujourd'hui, ce qui se passe en Chine,
01:04:45 depuis quelques années, est vraiment passionnant.
01:04:48 Du mauvais côté comme du bon.
01:04:52 C'est-à-dire qu'ils ont vraiment, en réponse aux contraintes posées par les États-Unis et par l'Europe,
01:05:01 ils ont mis en place des stratégies économiques et industrielles très agressives.
01:05:06 Et les industries, la technologie, les entreprises technologiques chinoises,
01:05:12 que ce soit dans le numérique ou dans d'autres choses, comme dans la biologie, etc.
01:05:17 La recherche est financée par l'État, les entreprises sont financées par l'État,
01:05:23 par le biais de banques nationales, etc.
01:05:27 Et donc, elles sont très dépendantes de l'État chinois.
01:05:30 Donc, finalement, quand on parle de Huawei, par exemple,
01:05:33 ou quand on parle de China Mobile et des infrastructures China Mobile,
01:05:36 en fait, derrière ces entreprises-là, il y a l'État chinois.
01:05:40 Celles qui ont essayé de s'en détacher, se sont mises de côté,
01:05:46 et ont été soumises à un contrôle de l'État, à la censure, et voire même à des violences.
01:05:50 Quand on pense au patron d'Alibaba, en effet, qui aurait été a priori emprisonné.
01:05:56 Donc, on est dans un autre monde, dans le cadre de la Chine.
01:06:01 En revanche, ce qu'ils ont montré, c'est qu'en mettant des efforts et des investissements puissants
01:06:06 à certains endroits, on peut rattraper un retard considérable.
01:06:09 Et par ailleurs, ils ont une stratégie intéressante produit, qui se base sur l'open source, certes,
01:06:15 mais qui va au-delà de ça.
01:06:16 Ils se sont basés à la base sur de l'open source, pour créer leurs propres produits.
01:06:21 Chose sur laquelle, nous, par exemple, Européens, on pourrait prendre modèle,
01:06:26 puisqu'on a énormément de logiciels qui sont open source en Europe, et qu'on a des compétences.
01:06:34 Donc, au niveau des BATX, ce ne sont pas des concurrents, en revanche,
01:06:37 je me suis un peu égarée, je reviens là-dessus,
01:06:40 ce ne sont pas des concurrents réellement aux big tech américaines.
01:06:43 En tout cas, moi, je ne le vois pas du tout comme ça, je pense qu'on nous présente les choses comme ça
01:06:45 en Europe et aux Etats-Unis, parce que c'est une guerre économique,
01:06:48 donc il faut faire peur sur le méchant chinois, sur le péril jaune.
01:06:51 En réalité, sur certains points, c'est vrai, par exemple, le continent africain,
01:06:56 en effet, la Chine est sur place, et là, c'est un danger pour les pays africains d'être en dépendance.
01:07:02 En Europe, c'est moins vrai, sur certains points, pas sur tout,
01:07:05 si on parle des antennes mobiles, les Chinois ont beaucoup rafflé d'antennes mobiles, par exemple,
01:07:08 ou sur certaines infrastructures.
01:07:11 Par exemple, sur le numérique lui-même, on voit bien qu'on n'utilise pas les produits chinois aujourd'hui.
01:07:15 On n'utilise pas les produits chinois, on utilise quelques clouds de Huawei,
01:07:19 mais on n'utilise pas énormément les produits chinois dans le quotidien, dans le travail, etc.
01:07:22 Donc, il faut modérer cela.
01:07:24 Il faut modérer cela.
01:07:26 Je ne pense pas que ce soit une concurrence, aujourd'hui, réelle, vis-à-vis d'un Google, d'un Amazon ou d'un Microsoft.
01:07:31 Et par ailleurs, ils sont contraints par leur état.
01:07:34 Le jour où ils veulent vraiment évoluer et se faire financer par d'autres qui ne sont pas chinois,
01:07:40 ça va coincer.
01:07:41 Un petit point là-dessus.
01:07:43 On a d'abord imaginé que les gens américains allaient arriver en Chine et tout ramasser là-bas.
01:07:50 Ça n'a pas été le cas.
01:07:52 Ensuite, en voyant émerger et grossir rapidement des acteurs chinois,
01:07:56 on s'est dit qu'ils vont tous arriver ici et qu'on va se mettre à utiliser soit Baidu, soit Tencent,
01:08:02 à la place de nos services à nous.
01:08:06 Ce qu'on voit pour finir, ce qu'on utilise, c'est peut-être Alibaba pour faire du commerce.
01:08:11 TikTok, surtout, qui est le B de Batix, qui était Baidu.
01:08:16 Finalement, c'est Baidens.
01:08:18 Et surtout, la concurrence telle qu'elle se matérialise,
01:08:22 ou telle qu'on peut la regarder entre Américains et Chinois,
01:08:25 c'est plutôt l'envie d'un découplage et de proposer, notamment en Afrique,
01:08:32 le choix, soit vous prenez un socle technologique américain,
01:08:36 soit un socle technologique chinois,
01:08:39 et les deux mondes se séparent totalement et chacun vit dans sa bulle.
01:08:43 Et ça, je trouve ça, et puis avec derrière, des logiques plus géopolitiques,
01:08:48 je trouve ça plus inquiétant que des bagarres entre gros groupes d'e-commerce ou de recherche en ligne.
01:08:58 On essaie de confronter des mondes et je trouve ça un peu plus troublant.
01:09:02 Et je ne suis pas sûre qu'on l'ait tout à fait anticipé quand il y a une quinzaine d'années,
01:09:07 on écrivait sur l'essor du web chinois.
01:09:09 Merci.
01:09:11 Ophélie, tu voulais ajouter quelque chose ?
01:09:13 Oui, par ailleurs, il y a des projets qui peuvent questionner sur cette fameuse guerre,
01:09:18 quand on voit que, justement, pour le Cap sous-marin, tout Africa,
01:09:21 META s'associe à China Mobile, par exemple.
01:09:25 Leur intérêt commun, en quelque sorte, c'est quand même de se développer d'une manière ou d'une autre.
01:09:29 Et donc, ces entreprises, parfois, n'hésitent pas à s'associer, même pour pouvoir gagner des marchés.
01:09:35 Merci beaucoup, Ophélie Cuelho, chercheuse spécialiste en géopolitique du numérique,
01:09:40 membre du conseil scientifique de l'Institut Rousseau.
01:09:43 Et merci, Marie-Catherine Beuth, rédactrice en chef adjointe chez L'Opinion,
01:09:47 et ancienne correspondante dans la Silicon Valley.
01:09:49 Je l'ajoute parce que c'était bien en lien avec le sujet.
01:09:53 Merci beaucoup, le tchat. Oh là là, mais vous avez été nombreux ce soir.
01:09:56 Passionnant, merci. Trop bien, le sujet et les invités.
01:09:59 Ludole Pif, merci pour le débat, très intéressant. Bonne soirée.
01:10:03 Bon, voilà, c'était passionnant. Merci.
01:10:05 Edel, Citrouille, très intéressant. Merci à vous.
01:10:08 Vous avez passionné le tchat, et je crois qu'ils ont appris plein de choses grâce à vous.
01:10:14 Donc, merci. Merci, le tchat, de nous avoir suivis cette semaine.
01:10:17 J'espère vraiment que les émissions vous ont plu.
01:10:20 Et je suis très heureuse de voir que ce petit concept de lancer un sondage le lundi
01:10:26 pour que vous puissiez choisir l'émission du vendredi fonctionne.
01:10:30 Donc, c'est très chouette. Merci beaucoup.
01:10:32 Et sachez, attention, que nos amis de France Culture streament ce soir sur Twitch à 20h30.
01:10:39 Donc, je ne peux pas leur faire de raid pour le moment.
01:10:42 20h30 avec François Saltiel, avec une émission sur l'afrofuturisme
01:10:48 qui se terminera en plus à 23h. Voilà, si vous voulez vous cultiver ce soir sur Twitch, c'est possible.
01:10:54 France Culture, 20h30. Oui, je vous ajoute le lien. Pas de problème.
01:10:59 Mathieu98765. Merci beaucoup.
01:11:02 Et puis, moi, je vous dis à lundi. Merci à vous encore une fois.
01:11:05 Merci. Et très bon week-end à toutes et à tous. Salut.
01:11:10 [Musique]
01:11:14 [Musique]
01:11:17 [Musique]
01:11:20 [Musique]
01:11:24 [Musique]
01:11:28 [Musique]
01:11:32 [Musique]
01:11:36 [Musique]
01:11:40 [Musique]
01:11:45 [Musique]
01:11:48 [Musique]
01:11:52 [Musique]
01:11:56 [Musique]
01:12:00 [Musique]
01:12:04 [Musique]
01:12:08 [Musique]
01:12:13 [Musique]
01:12:16 [Musique]
01:12:20 [Musique]
01:12:24 [Musique]
01:12:28 [Musique]
01:12:32 [Musique]
01:12:36 [Musique]
01:12:41 [Musique]
01:12:44 [Musique]
01:12:48 [Musique]
01:12:52 !

Recommandée