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Comme chaque semaine dans "À l'épreuve des faits", notre journaliste Céline Pitelet tente de démêler le vrai du faux dans l'actualité de la semaine.

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00:00 Je voudrais que nous revenions, Céline, avec vous sur le contenu de ce texte,
00:03 avec une question en fait.
00:04 Est-ce que ce qui s'est passé dans les deux chambres a permis d'avancer sur le contenu ?
00:09 On va prendre deux éléments précis.
00:11 Et d'abord, le passage de l'âge légal de 62 à 64 ans.
00:15 Oui, aujourd'hui, l'âge légal de départ à la retraite, c'est 62 ans.
00:18 Demain, ce sera 64 ans.
00:20 Ça, on l'entend dans toutes les manifestations, ça ne passe pas, c'est deux ans de plus.
00:24 Demain, ça veut dire à partir de 2030, en fait, cet âge légal,
00:27 il va passer progressivement de 62 à 64 ans.
00:31 À partir du 1er septembre prochain, en fait, l'âge légal, il va augmenter de trois mois chaque année.
00:36 Donc en septembre 2023, l'âge légal de départ à la retraite, ce sera 62 ans et trois mois.
00:41 En 2024, ce sera 62 ans et six mois, etc., etc.
00:46 Jusqu'à 2030, donc, où l'âge légal de départ à la retraite sera établi à 64 ans.
00:51 Ça concernera ceux qui sont nés à partir de 1968.
00:54 La réforme, elle agit sur l'âge, sur la durée de cotisation, qui passe à 43 ans.
00:58 Est-ce que certains devront cotiser plus que 43 ans ?
01:01 Alors oui, pour obtenir une pension de retraite à taux plein sans décote,
01:05 effectivement, il va falloir cotiser plus longtemps.
01:07 Aujourd'hui, c'est 42 ans, ce sera 43 ans à partir de 2027.
01:11 Là aussi, ça va monter progressivement.
01:13 Et Marine Le Pen affirme que certains Français vont devoir cotiser plus que 43 ans.
01:19 On l'écoute.
01:21 LR et la Macronie et ses alliés, d'ailleurs, vont sur tous les plateaux pour dire,
01:25 pour laisser penser aux Français que ceux qui ont démarré avant 20 ans
01:30 ne cotiseront que 43 ans maximum, comme s'il n'y avait plus d'âge légal.
01:35 C'est un énorme mensonge, énorme mensonge.
01:38 Parce qu'en réalité, il y a des gens qui commenceront à travailler à 18 ans
01:42 et qui cotiseront 44 ans.
01:44 Laurent, est-ce qu'elle a raison, Marine Le Pen ?
01:47 Oui, elle a raison.
01:49 Je vais prendre mon cas personnel.
01:51 C'est pour ça que vous vous mariez ?
01:52 Oui, évidemment.
01:54 J'ai commencé à travailler à 18 ans, j'ai tous mes trimestres, etc.
01:58 Je dois donc, selon la loi, travailler 43 ans.
02:02 Je pourrais donc partir à l'arrivée à mes 61 ans révolus.
02:06 Sauf que pour ceux qui ont commencé à 18 ans, il y a une borne d'âge à 62 ans.
02:11 Donc, je ne suis pas obligé de cotiser 44 ans.
02:14 Mais en tout cas, il faudra bien qu'un an de plus,
02:17 où je travaille, où je suis au chômage, je ne sais pas.
02:21 Mais en tout cas, la forte probabilité, c'est que je sois obligé de cotiser 44 ans.
02:26 Alors que la loi, et ça c'est vrai, ne m'oblige à cotiser que 43 ans.
02:30 C'est à l'issue d'un amendement qui a été introduit dans la commission mixte paritaire.
02:35 Et d'ailleurs, il y a un signal qui ne trompe pas.
02:37 Si on avait enlevé les bornes d'âge,
02:39 cet amendement aurait coûté sans doute plusieurs milliards d'euros.
02:43 Or, vous avez vu comment ça a été présenté,
02:46 ça ne coûte que 300 ou 400 millions d'euros.
02:49 Ça veut bien dire que certains vont continuer à cotiser,
02:52 oui, un peu plus que 43 ans, notamment pour les carrières longues.
02:55 D'ailleurs, pardon, je précise, j'ai pris mon exemple à 18 ans,
02:59 mais c'est également vrai pour ceux qui commencent à 16 ans.
03:01 Je ne voudrais pas vexer ceux qui ont commencé à 16 ans,
03:04 ils sont hélas concernés aussi.
03:05 On va regarder un dernier chiffre, Jean-Baptiste,
03:08 c'est à partir de l'âge de 67 ans,
03:10 même ceux qui n'ont pas travaillé et cotisé 43 années
03:14 pourront partir à la retraite avec une retraite à taux plein.
03:16 C'est ce qu'on appelle l'annulation de la décote,
03:18 c'est déjà le cas aujourd'hui et ça reste le cas avec la réforme.
03:21 Alors, autre sujet qui a été au cœur de tout,
03:24 mais de toutes les batailles,
03:26 c'est le 1200 euros brut par mois
03:30 pour la revalorisation des petites retraites.
03:32 Ça veut concerner les retraités qui justifient d'une carrière complète,
03:36 43 ans de cotisation, donc à temps plein.
03:38 Leur pension ne pourra pas être inférieure à 85% du SMIC,
03:42 soit environ 1200 euros bruts par mois.
03:45 Ça concerne les futurs retraités,
03:47 est-ce que ça concerne aussi les retraités actuels, Laurent ?
03:50 Oui, ça concerne les retraités actuels, à une condition,
03:52 c'est que vous ayez eu une carrière complète, tout simplement.
03:57 Or, il y a beaucoup de gens qui ont des carrières hachées,
04:01 il y a beaucoup de gens qui n'ont pas le nombre d'années requis,
04:04 il y a des gens aussi qui touchent le minimum vieillesse contributif,
04:08 donc cela, il ne faut pas que ça dépasse un certain seuil.
04:11 Donc, à l'arrivée, j'ai regardé,
04:13 il y a 1 800 000 retraités actuels qui vont être revalorisés, d'accord ?
04:19 En moyenne, ils vont être revalorisés d'une cinquantaine d'euros par mois,
04:24 donc en moyenne de 600 euros par an,
04:27 mais à l'arrivée, il n'y aura que 1 à 2% des retraités actuels
04:31 qui atteindront ce fameux seuil des 1200 euros.
04:35 Ceux qui ont cru à un instant que tous les retraités
04:39 allaient toucher au minimum 1200 euros,
04:42 je crois que ce sont lourdement trompés,
04:43 à moins qu'on les ait peut-être un peu trompés.
04:46 Et puis un geste a été fait en direction des mères de famille.
04:48 Oui, une surcote de pension qui pourra aller jusqu'à 5%.
04:51 Explication.
04:52 Les femmes ayant validé des trimestres au titre de la maternité
04:56 et de l'éducation des enfants pourront bénéficier d'une surcote de pension
04:59 jusqu'à 5% dès 63 ans.
05:02 Elle sera ouverte à toutes celles qui devront travailler plus de 43 annuités
05:06 pour une pension à taux plein.
05:08 Le gouvernement a lâché du lest ces deux derniers mois.
05:11 La réforme de la loi de la France devait rapporter près de 18 milliards d'euros.
05:15 On sera loin du compte finalement.
05:16 On sera loin du compte.
05:17 Je ne peux pas vous dire si ce sera équilibré en 2030.
05:20 J'en doute assez fortement.
05:22 Mais je reviens à ce que je vous disais avant,
05:24 ça dépendra énormément des décrets d'application.
05:27 Parce que oui, évidemment, on va faire des économies,
05:30 mais on a tellement lâché,
05:31 notamment pendant la commission mixte paritaire
05:33 ou pour obtenir les voix des députés républicains,
05:36 on a lâché sur le dispositif carrière longue
05:39 la surcote des mères de famille, etc.
05:42 qu'à l'arrivée, il risque de manquer un peu de recettes
05:45 pour équilibrer en 2030.
05:46 Alors il y a quand même un point aussi sur lequel il faut qu'on parle,
05:48 c'est les chiffres.
05:49 C'est-à-dire qu'il y a eu un vrai problème,
05:51 notamment pendant la discussion parlementaire
05:53 et après sur la lisibilité de ces chiffres.
05:55 Pourquoi ?
05:56 Parce que la plupart des chiffres qui appuient un projet de loi de finances
05:59 et un projet de loi de financement
06:01 viennent en fait du gouvernement, des organismes gouvernementaux.
06:03 Et donc c'est toujours plus facile de chiffrer au stade du projet,
06:07 mais une fois que des amendements,
06:08 une fois que la discussion vient ajouter des choses,
06:10 eh bien ces organismes n'ont pas encore le temps de réagir.
06:12 Et donc aujourd'hui, on ne peut pas avoir une vraie visibilité
06:15 sur tout ce qui a été considéré pendant la discussion,
06:17 mais ça, c'est quelque chose dont l'opposition s'est saisie justement,
06:20 notamment par rapport à l'origine de ces chiffres,
06:22 à bien connaître le chiffrage.
06:24 Et c'est vrai qu'on se rend compte que pour nos projets financiers,
06:26 c'est une carence qui existe depuis plusieurs années
06:29 et sur laquelle la démocratie maintenant se penche.

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