Chaque jour, Roselyne Dubois répond à vos questions sur BFMTV
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00:00 Bonjour Roselyne, bonjour Bruce, bonjour à tous.
00:02 Et on évoque tout de suite évidemment le grand suspense.
00:04 Les téléspectateurs qui vivent avec nous cette journée cruciale
00:07 et qui veulent savoir à quel point c'est serré,
00:09 on va voir ça avec tous les trois, Bruno, Laurent et Benjamin,
00:13 où en est-on précisément ?
00:15 Vous n'arrêtez pas de nous dire, ça se joue à quelques voix près.
00:18 Combien demandent Jules ?
00:20 On en est où là ?
00:21 Deux voix.
00:22 Ce matin, à 7h6, est-ce que le texte passe tout au long de l'Assemblée ?
00:25 Alors on n'aura peut-être pas tous la même réponse,
00:27 mais en gros, moi ce matin, quand je suis arrivé avec mes comptages,
00:30 j'étais entre 4 et 7 voix.
00:32 Il semble que...
00:33 D'avance pour le texte.
00:34 Pour le texte.
00:35 Mais il semble qu'il y a encore eu un peu d'érosion
00:37 et il y a quelques élus LR qui jouent un peu avec les nerfs de la Première Ministre
00:41 et qui peuvent aussi dissimuler leur vote,
00:44 c'est-à-dire de passer de l'abstention au contre.
00:46 C'est peut-être moins de 5.
00:48 Oui, c'est difficile de donner un chiffre précis pour deux raisons.
00:51 D'abord, un, parce que des LR continuent à laisser entendre
00:54 qu'ils sont indécis pour pousser le gouvernement à aller à la faute,
00:58 c'est-à-dire au 49-3.
01:00 Comme ça, ils n'auraient pas à dire s'ils sont pour ou contre cette réforme.
01:04 Oui, parce que le vote est public.
01:05 On saura ce que chacun a voté tout à l'heure.
01:07 Et comme le texte n'a pas été voté en première lecture,
01:09 il ne le serait pas à nouveau pour la deuxième fois,
01:12 et donc du coup, personne ne saurait qui aurait voté pour,
01:14 qui aurait voté contre.
01:16 Et puis, il y a une deuxième raison,
01:18 c'est qu'on ne fait pas confiance à ceux qui ont dit pourquoi ils allaient voter.
01:22 - C'est l'ambiance. - Oui, l'ambiance est assez sérieuse.
01:25 Et puis, surtout, il y en a quelques-uns qui risquent quand même
01:27 de faire défaut dans la majorité.
01:29 Alors, a priori, il n'y aurait qu'un contre,
01:31 mais il peut y avoir quelques abstentions.
01:33 Alors, combien ? Trois, quatre, un peu plus ?
01:36 Et de ces chiffres-là dépend le résultat final.
01:39 Je peux vous raconter ce qui est en train de se passer en ce moment.
01:42 Évidemment, un certain nombre de cadres de la majorité présidentielle
01:44 sont en train d'appeler les députés et les républicains
01:47 qui peuvent faire basculer le vote.
01:49 Ce qui se passe en ce moment, c'est qu'à cinq minutes d'intervalle,
01:52 vous avez certains députés républicains qui ne donnent pas le même vote
01:55 selon l'interlocuteur qu'ils ont dans la majorité.
01:57 C'est-à-dire qu'on appelle un député républicain qui dit...
01:59 - Laurent a raison de ne pas leur faire confiance.
02:01 - ...qui dit "éventuellement, oui, je vote pour".
02:03 Cinq minutes après, il a un autre interlocuteur,
02:05 "je vais m'abstenir". Ce qui fait qu'en l'État,
02:07 les pointages ne sont absolument pas sécurisés,
02:10 que vous ne pouvez pas, même tout à l'heure à la réunion de midi,
02:12 vous mettre d'accord au sein de l'exécutif
02:14 sur qui précisément, parmi les républicains,
02:17 sont susceptibles de voter pour, de voter contre ou de s'abstenir.
02:20 Ce qui donc rend la situation incroyablement incertaine.
02:24 Et donc, ça a pour conséquence tout cela,
02:26 pour encore une fois vous dire exactement ce qui se passe en ce moment.
02:29 Certes, la réunion de ce matin, à l'issue de cette réunion,
02:32 l'idée autour de la table était plutôt d'essayer au maximum d'aller au vote.
02:35 Le cours de la possibilité d'aller au 49-3
02:39 est en train de remonter un petit peu en ce moment.
02:41 Il faut rester extrêmement prudent.
02:43 Tout ça bouge, c'est bien sûr le chef de l'État qui tranchera in fine.
02:46 Mais voilà, la cote du 49-3, si on devait parler comme les paris sportifs,
02:49 est en train de remonter un petit peu ces dernières minutes.
02:52 C'est Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR,
02:54 qui disait tout à l'heure le choix entre la roulette russe ou la grosse Bertha.
02:57 C'est quoi le moins pire entre les deux ?
02:59 Perdre un vote ou pas de vote du tout ?
03:01 Et du coup, question de légitimité pour cette réforme.
03:03 Alors là, on risque de ne pas être d'accord pour le coup.
03:05 En gros, il y a un vrai match, effectivement.
03:09 C'est quoi le pire, le scénario du pire ?
03:11 Perdre, aller au vote et le perdre ?
03:15 Ah oui, là, ça a des conséquences, parce qu'il n'y a que deux solutions.
03:18 Ou on retire le projet, ou on retire les députés.
03:21 C'est-à-dire on dissout l'Assemblée nationale.
03:23 Et dans les deux hypothèses, on risque de changer de Premier ministre.
03:26 Il pourrait y avoir, bien sûr, une deuxième lecture, jusqu'au 26 mars.
03:32 Mais vous voyez qu'on rentre dans une période assez incertaine.
03:36 Mais il y a pire peut-être que ce scénario-là, qui est le 49-3, certes.
03:41 49-3, il n'y aura pas de censure du gouvernement, très peu de changes.
03:45 Mais non, ce n'est pas le pire.
03:47 Il est à disposition, le 49-3.
03:50 On l'a utilisé une centaine de fois.
03:53 Michel Rocard l'a utilisé 28 fois.
03:55 On a adopté le RMI en France par 49-3.
03:58 On peut adopter la réforme des retraites par 49-3.
04:01 Sauf que ce que ne vous dit pas Bordeaux, ce sont les conséquences politiques et sociales.
04:04 Mais de toute façon, les Français, c'est comme ça,
04:07 ils sont contre toutes les réformes des retraites.
04:09 Celle-ci, peut-être un peu plus que les autres.
04:11 Mais le président a à disposition le 49-3.
04:14 Franchement, à moins de 5 voix, tenter le diable avec un vote, c'est extrêmement risqué.
04:19 Et à mon avis, il y a une disposition qui s'appelle le 49-3.
04:22 Elle est parfaitement démocratique.
04:24 Je concède que ça ne fait pas de vote à l'Assemblée nationale, ni en première lecture.
04:30 Évidemment pas en seconde.
04:31 Ça pose un problème, mais ça existe.
04:33 Donc ce serait une première.
04:35 Le texte n'aurait pas convaincu les députés.
04:37 Il n'y aurait même pas eu de vote.
04:39 Le texte n'aurait pas convaincu le moindre syndicat.
04:42 Et le texte n'aurait pas convaincu deux tiers des Français.
04:45 Le calcul politique et social, après coup, je vous laisse le calcul.
04:49 Ça fait trois mois, six mois, que le gouvernement explique que ce texte est absolument indispensable pour équilibrer le système des retraites.
04:56 Il y a une possibilité, c'est le 49-3.
04:58 Ce n'est évidemment pas la meilleure.
05:00 Il faut la mettre en œuvre.
05:01 Je vais aller dans le sens de Laurent.
05:03 Si depuis le début, le gouvernement avait construit une stratégie consistant à dire
05:07 "on va tout faire pour éviter le 49-3", mais ça reste un outil à notre disposition.
05:11 Il y aurait eu dans l'air la possibilité de recourir à cet article qui est effectivement parfaitement constitutionnel, légal.
05:17 Rappelons qu'une grande réforme, la CSG, sous Michel Roca, est passée par 49-3.
05:21 La difficulté politique pour le gouvernement, c'est que depuis le début,
05:25 Elisabeth Borne, tous ses ministres, diabolisent eux-mêmes le 49-3.
05:29 Ils ne le disent pas comme ça, mais en coulisses.
05:32 Ils expliquent que ce serait le symbole de l'échec de la méthode Borne.
05:35 La méthode Borne consistant à dire "on va aller faire des concessions aux députés les Républicains
05:38 précisément pour s'assurer qu'à l'Assemblée, on puisse avoir leur vote".
05:41 C'est pour cela qu'au fond, le recours...
05:43 Mais qu'est-ce qui est le plus important ?
05:44 C'est le sort de Mme Borne ou c'est le sort du régime par la partition des retraites ?
05:48 Bruno, ça c'est un sujet sur le fond de la réforme.
05:50 Mais simplement, avoir recours cet après-midi au 49-3, ce serait un incroyable aveu d'échec
05:55 pour Elisabeth Borne, pour le gouvernement et donc par capilarité pour le président de la République.
06:00 Si, est-ce que ce 49-3... Pardon Bruno ?
06:02 Moi je disais que ce serait un départ en retraite anticipé.
06:04 Ah oui, c'est pour une mise à la retraite.
06:07 Alors moi j'arrive avec mes chiffres derrière.
06:10 Est-ce que le 49-3 a déjà été beaucoup utilisé, demande Lionel ?
06:13 Est-ce que vous avez écouté Bruno ?
06:15 Ça pourrait être la centième fois cet après-midi.
06:17 Et sur le podium, on a effectivement Michel Rocart 28 fois, Elisabeth Borne déjà 10 fois,
06:21 Jacques Chirac et Edith Cresson 8 fois chacun.