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00:00 - Bravo Pierre Rondeau, vous êtes professeur à la Sports Management School, vous êtes chargé de cours à l'université Paris-Sorbonne, spécialiste du sport.
00:08 Merci d'avoir accepté l'invitation de France 24.
00:10 Avant de s'intéresser à l'héritage de ces Jeux, comme cela a été évoqué à l'instant dans la fin de ce sujet, on va d'abord s'intéresser à la préparation en amont.
00:19 On est à 500 jours du coup d'envoi de cet événement majeur.
00:22 On est dans les temps, disait une nouvelle fois Tony Estanguet, le patron du comité de ces Jeux.
00:27 Vous êtes d'accord, on est dans les temps ?
00:29 - Ah oui, si j'en crois à la communication officielle, et en tout cas si on constate ce qui se fait actuellement en France avec les travaux du Grand Paris et les travaux des Jeux Olympiques,
00:37 on est dans les temps. Alors on est dans les temps, effectivement, c'est une réalité.
00:41 Maintenant, à quel prix ? Alors effectivement, vous parliez du budget et des conséquences, mais on a réussi à assurer et à maintenir ce calendrier
00:49 parce qu'on a aussi accepté de dépenser plus que ce qui avait été escompté lors de la candidature parisienne en 2017.
00:55 On est déjà sur un dépassement budgétaire, certes léger, mais on a déjà dépassé ce qui avait été pronostiqué, ce qui avait été estimé en 2017,
01:03 puisque de 6,8 milliards, on est passé aujourd'hui à 8,8 milliards d'euros dépensés pour les JO. Mais on est dans les temps.
01:11 - Et ces 8 millions d'euros, qui est-ce qui les finance ? Qui va financer ces Jeux en somme ?
01:18 - Alors c'est séquencé en deux entités que sont d'un côté la Solideo, qui est chargée de construire les infrastructures olympiques et paralympiques,
01:26 et le COJOP, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques, qui est chargé d'organiser, effectivement, les événements sportifs.
01:33 Du côté du COJOP, c'est ce qui est annoncé, le COJOP est financé quasi intégralement par des fonds privés, puisque sur un budget de 4,3 milliards d'euros,
01:41 il n'y a que 100 millions d'euros d'apport public. Le reste, c'est privé, c'est le CIO, c'est les partenaires et la billetterie.
01:48 Inversement, la Solideo, qui est chargée de construire les infrastructures, est en grande partie financée par des fonds publics,
01:54 à la fois l'État, les collectivités, la ville de Paris, la région, en tout cas avec des fonds publics, mais qui sont des investissements durables et pérennes,
02:02 puisqu'il y aura un projet de réhabilitation après l'événement passé.
02:05 - Alors on y reviendra, ce projet de réhabilitation après l'événement passé.
02:08 D'abord, je voudrais réagir sur ces 100 millions d'euros publics, on ne va pas parler du privé.
02:13 Est-ce que ça comprend aussi le défi, le dispositif sécuritaire, cyber sécuritaire aussi notamment,
02:20 parce qu'il va falloir sécuriser la ville, les sites olympiques, les transports ? Est-ce que ça, c'est tenable ?
02:26 - Alors c'est la grande question et c'est ce qui alerte effectivement aujourd'hui les principaux organisateurs,
02:31 au-delà d'eux, la Cour des comptes qui a un droit de regard et un droit de surveillance sur le budget olympique.
02:37 En l'état actuel des choses, il y a trois questions qui se posent sur le maintien ou l'assurance d'un budget à l'équilibre.
02:44 C'est l'inflation, ça c'est normal, c'est conjoncturel, mais c'est aussi la sécurité et les transports.
02:50 Au niveau de la sécurité, le budget qui avait été estimé, en tout cas escompté en 2017,
02:54 a été évalué à 250 millions d'euros.
02:58 A titre de comparaison, les JO de Londres en 2012, ça a coûté 1,2 milliard pour assurer la sécurité,
03:03 essentiellement pris en charge par des sociétés privées de sécurité.
03:07 Et se pose la question aujourd'hui de savoir s'il ne va pas falloir doubler, voire tripler, voire quadrupler
03:14 le budget alloué à la sécurité, en partie avec des sociétés privées de sécurité,
03:19 pour pouvoir faire face à cet événement qui en escompte 7 millions de touristes en France à ce moment-là,
03:26 avec des risques terroristes, avec des risques de cyber-sécurité, de cyber-attaque.
03:31 Et aussi notamment avec cette cérémonie d'ouverture devant 600 000 personnes.
03:36 Le long de la Seine.
03:38 C'est extrêmement inquiétant et dangereux actuellement.
03:41 Le ministère de l'Intérieur, le COJOP et l'ensemble des syndicats de police et des forces de l'ordre
03:46 sont d'ores et déjà en train de préparer ce projet qui est très ambitieux,
03:50 donc qui pourrait coûter de l'argent.
03:52 Et vous l'avez dit aussi, les transports, on attend à ce qu'il y ait beaucoup de monde
03:57 au moment des Jeux olympiques et paralympiques.
04:00 L'Île-de-France notamment, il se compte à ce qu'il y ait un manque à gagner,
04:05 en tout cas un manque d'investissement, d'au moins 800 millions d'euros
04:08 pour assurer le transport, pour assurer l'organisation des transports en Île-de-France
04:13 durant l'événement.
04:14 Donc effectivement, ça va coûter de l'argent pour la sécurité, pour les transports
04:19 et on pourrait imaginer à ce que d'ici 2024, le budget encore augmente.
04:24 Une petite frustration de la part de certains Parisiens, Franciliens, Français même d'autres régions,
04:30 c'est le coût des billets, par exemple 120 euros pour une phase de qualification de skateboard.
04:35 C'est hors de prix, c'est frustrant pour les Français qui habitent tout près de ces Jeux,
04:40 qui aimeraient y participer. Vous la comprenez vous cette colère qui monte d'ailleurs ?
04:43 Alors il y a plusieurs points à prendre en considération sur les tarifs.
04:46 Alors effectivement, si on regarde en détail, on a une tarification assez élevée
04:50 pour une minorité des places. Je rappelle que 4,5% des places qui ont été mises en vente
04:54 dépassaient les 200 euros, mais effectivement, on pouvait atteindre les 600, 700, 800, 900 euros maximum.
05:00 Mais ça reste une minorité. Je rappelle aussi que ces places très élevées,
05:04 c'est aussi pour financer de façon privée les Jeux Olympiques et ne pas trop demander à l'État,
05:09 ne pas trop demander aux contribuables. Plutôt que de demander aux contribuables
05:12 de financer les Jeux Olympiques, on va demander aux consommateurs, on va demander aux fans,
05:16 on va demander à la billetterie d'atteindre un objectif de croissance.
05:19 Donc là, c'est le premier point sur le financement.
05:22 Ensuite, dans le détail sur ces places, la tarification a créé une polémique.
05:27 Il faut quand même rappeler que si je fais la comparaison avec Londres 2012,
05:30 on est sur un même prix moyen. À Londres en 2012, on était sur 60 livres prix moyen tarification.
05:36 Rapporté au taux de change et à l'inflation 2023, on est à 90 euros.
05:41 Et 90 euros, c'est précisément le prix moyen des places.
05:44 Ensuite, on a un million de places qui vont coûter 24 euros.
05:47 On est à 50% des billets qui vont coûter moins de 50 euros.
05:51 Ce qui a joué finalement sur cette polémique, c'est la faiblesse de la communication et de la pédagogie.
05:57 C'est qu'on a communiqué allègrement sur le fait que les JO allaient être populaires,
06:00 inclusives, démocratiques, accessibles. Or, les gens se sont rendus compte
06:04 qu'il y avait des places à 1 900 euros.
06:07 Bon, sinon, on pourra les suivre à la télé. Merci beaucoup, Pierre Rantot.
06:11 Merci d'avoir pris le temps de répondre.