Chaque année en France, environ 500 bébés sont secoués par l'adulte qui en a la charge. 10 à 20 % d'entre eux vont en mourir.
Ce chiffre, vertigineux, dépasse de loin celui déjà tragique des féminicides.
Pourtant, ce phénomène reste un véritable tabou dans notre société, et le « syndrome du bébé secoué » est clairement méconnu du grand public, de la justice, parfois même du personnel soignant.
A travers la trajectoire d'Aude, de Marie, et de Pauline, trois mamans touchées de plein fouet par cette tragédie, ce documentaire se propose de déconstruire pour la première fois tous les clichés qui pèsent sur cette maltraitance, encore très peu sanctionnée par les tribunaux.
Année de Production : 2022
Ce chiffre, vertigineux, dépasse de loin celui déjà tragique des féminicides.
Pourtant, ce phénomène reste un véritable tabou dans notre société, et le « syndrome du bébé secoué » est clairement méconnu du grand public, de la justice, parfois même du personnel soignant.
A travers la trajectoire d'Aude, de Marie, et de Pauline, trois mamans touchées de plein fouet par cette tragédie, ce documentaire se propose de déconstruire pour la première fois tous les clichés qui pèsent sur cette maltraitance, encore très peu sanctionnée par les tribunaux.
Année de Production : 2022
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00:00 Coucou mon chat !
00:02 Coucou mon chat !
00:04 Coucou !
00:06 Fais un sourire à maman !
00:08 *musique*
00:10 *musique*
00:12 *musique*
00:14 *musique*
00:16 *musique*
00:18 *musique*
00:20 Fais un beau sourire à maman !
00:22 *musique*
00:24 *musique*
00:26 *musique*
00:28 *Musique*
00:30 Ouais.
00:31 *Musique*
00:59 *Musique*
01:07 Le papa de Timothée, c'était un collègue.
01:10 Et puis petit à petit, l'amitié s'est émue en une relation amoureuse.
01:20 Et très très vite, on a eu un désir d'enfant, sachant qu'on avait tous les deux des enfants d'une première union.
01:32 Quand je suis tombée enceinte, Louise allait sur ses 4 ans.
01:36 Et 27 décembre 2018, du coup, comme un cadeau de Noël, Timothée est né.
01:44 Ça a été une naissance incroyable, qui s'est faite tout en douceur.
01:49 Timothée, c'est un bébé très doux.
01:53 J'ai ce souvenir de sa douceur, de la douceur de sa peau, de la douceur de ses petits cheveux.
02:02 Il faisait des sourires.
02:05 Et j'avais l'impression qu'il avait toute la sagesse du monde dans ses yeux.
02:10 *Musique*
02:18 Le 28 février 2019, je vais à un rendez-vous.
02:22 Je suis maquinée en fait.
02:24 Et je laisse Timothée à la maison avec son papa.
02:29 Je fais un dernier bisou à Timothée.
02:34 Il m'a fait un sourire.
02:39 Et puis je pars à mon rendez-vous.
02:41 *Musique*
02:51 En sortant du rendez-vous, j'envoie un texto pour savoir si tout se passe bien,
02:58 si Timothée s'est rendormi, s'il n'y a pas de soucis.
03:02 Et c'est là que le papa me dit qu'il est à l'hôpital.
03:07 *Musique*
03:12 Et donc là, je panique.
03:15 Et donc, je cours à l'hôpital.
03:21 *Musique*
03:29 On pense qu'en France, il y a plusieurs centaines, peut-être 400, 500 cas diagnostiqués par an.
03:35 Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'il y a aussi des enfants qui sont secoués
03:40 et dont l'état clinique n'est pas suffisamment grave pour qu'ils soient amenés à l'hôpital.
03:45 Donc pour moi, je suis persuadée qu'il y a beaucoup plus de cas qu'on ne pense de bébés secoués.
03:50 *Bruit de vent*
03:53 Je retrouve le papa de Timothée, qui est devant une porte.
03:57 Il y a Timothée allongé sur une table.
04:03 Ce qui m'inquiète énormément, c'est que j'essaye tout de suite d'établir un contact visuel avec lui.
04:10 Et en fait, c'est impossible. Il a les yeux ouverts, mais il n'accroche pas le regard.
04:18 Il a les yeux qui partent dans tous les sens.
04:22 J'ai plus cette connexion avec mon bébé.
04:25 Et je vois qu'il souffre, et je ne peux rien faire.
04:28 *Musique*
04:34 Bon, oui, on va enlever tout ce qui va se...
04:37 Voilà.
04:40 C'était une situation de gravité, effectivement, qui était en train de se présenter,
04:45 avec des paramètres cliniques, un scope qui nous présentait beaucoup de paramètres,
04:51 qui tous cumulaient, alors qui séparément pouvaient être expliqués par de la fièvre ou autre.
04:58 Mais là, on avait vraiment le tableau complet de l'extrême gravité.
05:02 *Bruit de sonnerie*
05:04 Ils lui font passer le scanner. On remonte.
05:07 Et là, cette même médecin à qui j'avais posé la question de la survie de Timothée,
05:13 nous convoque dans un petit bureau.
05:17 Et là, elle nous dit que le scanner a montré qu'il y avait des hématomes sous du rot
05:25 et que c'est le syndrome du bébé secoué.
05:29 Donc le diagnostic, il est posé tout de suite.
05:33 *Musique*
05:36 Ce coupement, c'est un geste d'une extrême violence.
05:39 Ça entraîne chez l'enfant un mouvement de la tête très brutal, en hyperflexion, en hyperextension.
05:46 Et d'ailleurs, on devrait parler de syndrome de la tête secouée,
05:50 puisqu'en fait, ce qui compte, c'est les mouvements de la tête par rapport au corps de l'enfant.
05:55 Donc il y a des mouvements qui s'opposent.
05:57 Et donc, il y a à ce moment-là une rupture de veine-pont.
06:03 Alors les veines-ponts, ce sont des veines qui drainent tout le sang veineux du cerveau.
06:08 Donc comme lésion, il y a rupture de veine-pont.
06:10 Il y a hématome sudural multifocal.
06:13 Il peut y avoir aussi, de la même manière que le cerveau est secoué, l'œil est secoué.
06:19 Donc on peut avoir des hémorragies rétiniennes au fond de l'œil.
06:22 *Musique*
06:33 Timothée a été hospitalisé pendant cinq jours à l'hôpital Néquer.
06:38 Et c'était cinq jours d'enfer en fait.
06:43 Sauf que, il y a eu deux petites filles qui étaient là.
06:55 Il y avait l'infirmière de jour, Smozik, et l'infirmière de nuit, Claire.
07:00 Et ça a été un petit baume, un petit peu de lumière dans toute cette morcelle en fait.
07:07 *Musique*
07:14 On est déjà quasi certain qu'il ne va pas s'en sortir au vu de la gravité de la situation.
07:18 Au vu de ce qu'on voit, aussi bien des paramètres que de sa clinique.
07:23 Donc on sait déjà ce qu'on va devoir annoncer à ses parents.
07:27 Donc on commence déjà nous intérieurement à se préparer à tout ça.
07:32 Moi je m'accroche à cet espoir que Timothée va vivre et que les médecins vont le sauver.
07:40 Et un des médecins me dit "Mais madame, quand bien même on arriverait à le sauver,
07:47 le cerveau de Timothée est tellement endommagé qu'il pourrait avoir de relations sociales avec personne."
07:58 Et je lui dis "Mais moi je m'en fous, donc il y en a avec moi."
08:03 Et là il me regarde et il me dit "Mais alors, madame, parlez-moi."
08:08 *Musique*
08:15 Le traumatisme crânien est particulièrement grave si l'enfant est tout petit.
08:19 Parce que les neurones, enfin on a un stock de neurones à la naissance, mais on n'en a plus d'autres.
08:24 C'est-à-dire que chaque fois que des neurones sont détruits,
08:27 ben finalement après il faut faire avec ce qui reste.
08:31 Donc l'enfant, si des neurones sont détruits par les secouements,
08:34 et bien plus tard il devra se développer avec les neurones qui lui restent.
08:39 Et c'est ce qui explique la fréquence des séquelles et leur gravité, et le fait qu'elle dure toute la vie.
08:45 Les médecins me disent que la pression crânienne est beaucoup trop importante.
08:52 Que l'opération n'a pas réussi à la faire baisser à un niveau acceptable.
08:58 Et que le cerveau de mon bébé en fait est complètement détruit.
09:01 *Musique*
09:07 Quand je me tourne en chambre, je me retrouve seule avec Aude.
09:13 Qui au départ est silencieuse, mutique, le regard dans le vide.
09:19 Et au bout d'un moment, Aude me dit, et soit dit que je...
09:26 Je comprends ce qui s'est passé, je comprends ce que vous m'avez dit.
09:32 Je comprends que ça puisse pas être autre chose.
09:37 Je sais ce que j'ai pas fait.
09:39 Donc par élimination, je sais ce qui a dû être...
09:49 Je devine ce qui a dû se passer, mais c'est pas possible.
09:52 Il a pas pu faire ça, soit dit que c'est pas possible.
10:00 Le 5 mars, je passe l'après-midi avec Timothée.
10:06 Je lui ai lu des histoires.
10:12 Je lui ai dit au revoir.
10:14 En fait je lui ai dit que...
10:19 Que j'étais d'accord pour qu'il s'en aille.
10:23 Et que la température a commencé à baisser.
10:32 Toute seule, comme si lui aussi lâchait.
10:38 Il est 19h15, quand il s'en va.
10:43 [Bourdonnement]
10:51 [Musique]
11:10 D'abord il m'a fallu survivre.
11:13 Et quand j'ai survivre, ça veut dire me lever, sortir de mon lit.
11:20 M'alimenter, être capable de sortir de chez moi.
11:27 Ça au début j'y arrivais pas.
11:29 Et ça, ça a duré longtemps.
11:31 [Musique]
11:37 J'ai réappris à faire partie de ce monde.
11:42 À m'occuper de Louise.
11:44 Et effectivement à lire tout ce que je pouvais.
11:47 Et comprendre cette maltraitance du syndrome du bébé secoué.
11:51 [Bourdonnement]
11:58 Ces bébés secoués, c'est malheureusement beaucoup trop notre quotidien en réanimation.
12:05 Ça l'est encore plus depuis deux ans.
12:07 Puisque depuis deux ans, il y a eu cette énorme pandémie mondiale avec le Covid.
12:14 Où on a très clairement vu une forte augmentation des secousses.
12:21 Entre 10 et 20% des bébés décèdent.
12:24 Ce qui est bien plus que dans un traumatisme crânien accidentel.
12:28 Donc il y a une forte mortalité, une forte morbidité aussi.
12:31 Puisque plus de trois quarts des enfants qui survivent présentent des séquelles.
12:36 Des séquelles intellectuelles, des séquelles comportementales, des séquelles motrices, des séquelles visuelles.
12:42 Qu'ils vont garder toute leur vie.
12:44 Forcément c'est quelque chose qui n'est pas anodin.
12:47 C'est quelque chose qui impacte beaucoup les équipes.
12:49 Je me suis pris comme une claque, notamment la première fois que j'ai pris en charge un bébé secoué.
12:54 Et puis deux, et puis trois, et puis dix.
13:01 Et là, ça a généré beaucoup d'émotions.
13:05 Parce que je me suis dit, je suis arrivé avec plein d'idéaux et là je ne peux rien faire.
13:11 J'accueille tous ces enfants mais c'est déjà trop tard.
13:15 Et donc ça a commencé à germer un petit peu dans ma tête cette envie de vouloir faire quelque chose.
13:23 Je me mettais un petit peu comme ça en stand-by jusqu'à ce qu'Aude me recontacte.
13:27 Et là, ça a juste chamboulé beaucoup de choses.
13:33 Déjà parce qu'émotionnellement ça...
13:37 [Musique]
14:05 Avec SwayZ, on n'avait pas besoin de se parler.
14:10 On s'est...
14:13 Au final peu parlé, je crois.
14:16 Et en fait, il suffisait qu'on se regarde pour se comprendre.
14:23 Si t'avais pas été là...
14:32 Ça aurait été encore pire.
14:35 J'ai quand même, avec un peu de temps maintenant, une forme de douceur qui est associée à ces cinq jours qui étaient juste l'enfer.
14:46 Et quand t'étais là, c'était...
14:52 C'est comme si tu me disais...
14:56 Ça va aller quand même.
15:00 Merci en tout cas.
15:02 Au fur et à mesure, moi mon combat avance.
15:09 Et du coup, oui, naît l'idée qu'effectivement elle doit faire partie de ce combat-là.
15:16 Parce que je sais qu'elle prend en charge beaucoup de bébés secoués.
15:22 Et elle fait partie de l'histoire de Timothée.
15:27 Mais voilà, en tout cas déjà qu'on en parle.
15:31 On en parle systématiquement.
15:34 Moi déjà, en termes de prévention, on en parle pas assez.
15:37 On en parle pas, ou très peu, ne serait-ce que sur les ressorties de maternité.
15:42 Parce qu'il y a beaucoup d'équipes professionnelles qui disent...
15:46 "Ah boy, mais tu comprends, ils viennent d'être parents, ils sont tout noyeux, c'est un peu triste de parler de ça."
15:52 "Ah bah ouais, mais ça sera un peu plus triste quand ils passeraient cinq jours ici en fait."
15:57 Globalement aujourd'hui, la prévention c'est très très inégal.
16:01 En fait, il y a certaines maternités qui font des super choses.
16:10 Et à côté de ça, on a d'autres maternités où on n'en parle pas du tout.
16:16 Donc c'est hyper inégal.
16:18 Et moi c'est ça aussi mon combat.
16:21 De faire en sorte que demain, aucun parent ne sorte d'une maternité sans avoir eu un échange sur le syndrome du bébé secoué.
16:31 Bonsoir à tous.
16:41 Je ne suis pas une professionnelle de santé, je suis une maman d'un petit Timothée qui est décédé parce qu'il a été secoué.
16:49 Et depuis, je suis devenue un peu militante pour qu'on parle.
16:56 Le premier frein qui fait qu'il n'y a pas systématiquement de la prévention, il vient des professionnels de santé eux-mêmes.
17:05 Et ça, ce frein-là, on peut facilement le lever en réalité.
17:12 C'est en formant tous les professionnels de santé sur ce sujet du syndrome du bébé secoué.
17:19 Et enfin, le dernier chiffre qui fait froid dans le dos, c'est 10 fois.
17:24 C'est-à-dire que c'est une maltraitance qui est répétée.
17:27 Les bébés qui sont diagnostiqués avec le syndrome du bébé secoué ont été en moyenne secoués 10 fois.
17:36 Je suis au quotidien confrontée à ces 10% de bébés qui décèdent tous les jours.
17:42 C'est un sujet qui me tient très fortement à cœur.
17:45 Et pour lequel, j'ai envie de me battre un petit peu chaque jour au quotidien.
17:49 En ayant une formation puricultrice, la prévention, pour moi, c'est un acte qui me tient énormément à cœur.
17:55 Il y a peut-être 20 ans, on disait « c'est un coup de tonnerre dans un ciel serein ».
18:01 C'est-à-dire, on imaginait l'adulte exténué, exaspéré, qui « pétait les plombs », prenait l'enfant et le secouait comme un prunier pour le faire taire.
18:30 Ça supposait que l'enfant pleurait beaucoup. Et puis, ça supposait que ça n'arrivait qu'une fois.
18:36 Si c'était vraiment un craquage, ce seraient les mères qui secoueraient, parce que c'est elles qui sont le plus souvent, enfin le plus avec l'enfant.
18:48 Là, je suis un peu tombée de ma chaise, parce que je me suis rendue compte qu'en réalité, c'était les pères qui secouaient les bébés, en majorité.
18:57 Et là, je me suis dit « mais personne n'en parle, en fait ».
19:01 Et ce tabou, ça fait qu'on se raconte un truc qui est acceptable.
19:08 Et c'est cette belle histoire où on se dit « c'est un parent qui est vraiment à bout, qui est épuisé, c'est un accident ».
19:15 En fait, tu en arrives à dire « c'est un accident », alors que non, c'est une maltraitance.
19:19 C'est un face-à-face entre l'adulte et le bébé.
19:24 C'est moi l'adulte qui commande, et je fais ce que je veux de toi.
19:28 Et tu vas m'écouter, et tu vas m'obéir, et tu vas surtout arrêter de m'emmerder, en fait.
19:36 C'est un rallume en fait.
19:38 On considère que c'est un sujet hyper important, et je suis d'accord, je pense qu'on pourrait faire au moins une session collage sur le sujet.
19:51 Je ne sais pas si toi tu as un message à faire passer en particulier.
19:55 Par exemple, pour les féminicides, il y a quelque chose qu'on fait, qu'on trouve hyper important et très fort, c'est d'essayer de rendre le nom des femmes.
20:05 Pour leur rendre leur humanité.
20:07 Donc ton fils ne pourrait pas les oublier.
20:10 Non, il y a aussi bébé, secouer et tuer.
20:29 Bébé, secouer et tuer.
20:33 C'est bon ?
20:45 Tu vois, c'est ça qui... Je pense qu'il vaut mieux que tu les tiennes toi.
20:49 Attention parce que du coup, ça reprend, il faut être sur le blanc.
20:52 Moi, je suis quand même hyper impressionnée par votre rapidité et la régularité dans vos lettres.
21:07 Ça se voit que vous avez l'habitude.
21:09 En fait, ce n'est pas un cas isolé, Timothée.
21:13 Malheureusement, il fait partie d'une très longue liste.
21:17 Et ça, je l'ai découvert au fur et à mesure.
21:22 En fait, il y a beaucoup plus de bébés secoués que ce qu'on imagine.
21:25 Et donc voilà, il y a un moment, je me suis dit mais ça ne peut pas continuer comme ça.
21:32 Un jardin de fleurs.
21:35 Selon les statistiques que nous avons à disposition, 70% des auteurs de bébés secoués sont des hommes.
21:42 Donc 50% pour les pères, 20% pour les compagnons des mères.
21:47 C'est surprenant que ce soit d'abord les hommes qui secouent les bébés,
21:50 puisqu'il faut savoir qu'ils s'occupent deux fois moins des enfants que les femmes.
21:54 Et pourtant, ce sont eux qui secouent dans l'immense majorité des cas les bébés.
21:58 La vie d'un enfant va changer une dynamique de couple.
22:00 On va passer de la conjugalité à la parentalité.
22:03 Il y a une jalousie, mais qui se pose à plusieurs niveaux.
22:05 Il y a une jalousie vis-à-vis de sa compagne.
22:08 Il y a une jalousie vis-à-vis de l'enfant.
22:11 Il y a une jalousie en lien à la perte.
22:14 J'ai perdu une qualité dans la conjugalité et la paisibilité avec ma compagne,
22:21 mais il faut réussir à en faire le deuil.
22:23 Et effectivement, il y avait des...
22:27 Voilà, il a eu des réflexions,
22:31 en me disant "mais de toute façon, maintenant que tu as Timothée, tu es heureuse, tu n'as plus besoin de moi".
22:38 Moi, je ne l'en aimais que plus parce qu'on avait Timothée.
22:43 Maintenant, on connaît mieux qui sont les auteurs,
22:48 mais pourquoi est-ce qu'ils ont secoué ?
22:50 Quel est le mécanisme psychologique qui les a conduits à secouer ?
22:57 On ne sait pas trop.
23:07 Coup de pied, ce n'est pas autorisé.
23:09 Coup de tête, ce n'est pas autorisé.
23:11 Coup de poing, ce n'est pas autorisé.
23:13 Secouer...
23:15 Je le secoue, je suis énervé, il m'exaspère, je n'en peux plus, il est dévalorisant, il me déçoit.
23:22 En plus, il me fait honte.
23:24 Je le prends, je le secoue.
23:26 En plus, quand je le secoue, il se tait, je le repose.
23:28 Et en plus, plus tard, il ne va même pas s'en souvenir.
23:35 C'est autant de petits éléments qui peuvent être des déclencheurs du passage à l'acte ?
23:39 Quand j'entends que le secouement d'un enfant est causé par des pleurs,
23:47 je ne peux pas m'empêcher de faire le parallèle avec l'époque où on pouvait dire que le viol était causé par un habillement un peu trop attrayant pour l'auteur du viol.
24:01 Finalement, le pleur ne cause pas plus le secouement qu'une mini-jupe va causer un viol.
24:08 Dans l'éducation qu'on donne aux garçons, il y a une acculturation à la violence, notamment,
24:22 qui passe par la transmission de valeurs viriles.
24:26 Et finalement, c'est pour cette raison, par une construction sociale,
24:32 que les hommes en viennent à être les premiers responsables de la violence.
24:55 Elle était avec moi pendant deux mois et demi, le temps du congé maternité classique en France.
25:01 Au bout de trois mois, je dois reprendre le travail.
25:05 Du coup, je me suis retrouvée à chercher Nounou.
25:08 On la recrute via une amie à nous, qui a son fils qui est chez elle depuis quasiment neuf mois, huit mois,
25:20 qui a de très, très bonnes références.
25:23 Elle avait le diplôme d'auxiliaire de pierre et culture depuis dix ans.
25:26 Elle avait déjà gardé plusieurs enfants, tout se passait bien.
25:30 Donc, du coup, je la rencontre.
25:33 Je sens qu'il y a le feeling, il n'y a pas de soucis particuliers.
25:38 Son domicile, c'était vraiment une mini crèche, totalement adaptée aux enfants.
25:43 C'est vrai que quand on voit ça de l'extérieur, on se dit, mon enfant va être bien chez cette personne.
25:50 Oh, qu'elle est belle, notre chérie. Oui, qu'elle est belle, ma chérie, c'est à vous.
25:56 T'es belle, ma poupée.
25:58 Le jour du drama, le 6 juin, on la pose le matin, sans problème particulier.
26:06 Et à 15h17, mon mari m'appelle pour me dire que Rose est prise en charge par le SAMU.
26:15 Et qu'il fallait qu'on aille maintenant en équerre.
26:19 Et en arrivant là-bas, le médecin me dit, écoutez, madame, je ne sais pas ce qui se passe encore pour votre fille.
26:27 La seule chose que je peux vous dire, c'est que l'état de votre fille ne correspond pas avec ce que nous raconte la nounou.
26:41 Au départ, elle n'avoue pas. Elle reste très confuse sur la chute, probable chute, jusqu'à ce qu'elle raconte.
26:50 Jusqu'à présent, elle racontait ça.
26:52 On connaît les lésions du syndrome du bébé secoué.
27:02 Et on connaît les histoires apportées par l'adulte.
27:05 Alors le jeu, le manque d'oxygène, l'accouchement, le grand frère, la chute, les vaccins.
27:13 Il y a beaucoup d'imagination de la part des auteurs.
27:17 Les venpontes, c'est quelque chose de très solide.
27:20 Donc il faut imprimer une force très importante.
27:24 On compare la force à imprimer au cerveau de l'enfant à un accident de la route à 160 km/h.
27:34 Je crois que la première nuit, à l'aube de cette première nuit de garde à vue, elle avoue.
27:41 Elle avoue qu'elle a fait du mal à Rosa.
27:44 Elle avoue qu'elle l'a secouée.
27:48 20% d'assistants maternels dans les personnes susceptibles de secouer, c'est beaucoup.
28:01 C'est beaucoup parce que c'est un mode de garde qui est quand même développé en France.
28:07 Donc je pense qu'il faudrait prendre conscience de l'importance que jouent ces femmes auprès de ces enfants.
28:15 Et peut-être mettre plus de garde-fous pour éviter un risque de passage à l'acte.
28:23 Quand on connaît un petit peu ce domaine, on se rend compte finalement qu'il n'y a peut-être pas assez de cadres,
28:30 pas assez de protections pour l'enfant et finalement pas assez de reconnaissance non plus de ce métier.
28:38 Et on confie des enfants à des personnes qui ne devraient pas être amenées en gardée.
28:51 Le premier jour du procès s'ouvre.
28:54 Et là c'est très difficile parce qu'on se replonge trois ans en arrière.
29:02 Tout est décortiqué avec énormément de détails.
29:07 Les détails de ce qu'a vécu Rosa, c'était insupportable.
29:11 Je n'ai pas pu rester.
29:12 L'assistant maternel, en peine de justification, expliquait qu'elle s'était sentie comme possédée.
29:20 On était après le repas, donc Rosa était très certainement fatiguée.
29:26 C'était l'heure de la sieste, elle le savait, elle l'a dit.
29:29 Et Rosa, à peine a-t-elle commencé à pleurer, au bout de quelques secondes,
29:42 elle s'est levée et elle a foncé sur Rosa et elle a subi un petit déferlement de violence.
29:51 Quand on apprend qu'elle prend 15 ans, je crois qu'on est tellement tous choqués qu'elle prenne autant.
30:05 Autant parce qu'on connaît les peines malheureusement.
30:09 On n'a pas réagi. On est resté stoïques.
30:15 Il fallait aussi.
30:19 On est resté stoïques.
30:23 Et là, j'ai compris qu'elle avait vraiment pris 15 ans.
30:28 J'ai regardé nos avocates.
30:34 Et j'ai pleuré parce que je me suis dit "elle est condamnée".
30:39 C'est une peine extrêmement lourde qui a été prononcée si on la rapporte aux peines habituellement prononcées dans ce type de cas.
30:51 Après la mort de Rosa, ça a été très très dur. Vraiment.
31:01 On a vraiment passé des très très mauvais moments.
31:04 Et honnêtement, quand on vit ça, c'est soit on décide d'avancer et de vivre et non pas de survivre.
31:14 Soit la vie ne vaut plus la peine d'être vécue.
31:17 Donc c'est l'un ou l'autre.
31:20 Et donc on a choisi la vie.
31:23 Et on a dit qu'on s'est décidé à refaire des enfants.
31:30 Mais je sais aussi que tout ce qu'on fait aujourd'hui, on n'a pas pu le vivre avec Rosa.
31:35 Donc on le vit non pas avec elle mais pour elle.
31:39 [Musique]
32:08 [Musique]
32:30 Ça va ?
32:32 On y va ?
32:34 Bah oui, je te suis !
32:36 [Musique]
32:47 J'étais dans le procès, t'es pas bien. Honnêtement, j'étais plus mal. Je voulais même plus y aller.
32:52 Quelques jours avant, je voulais pas y aller.
32:55 Ah oui, avant, mais une fois qu'il a commencé...
32:57 Une fois qu'il a commencé, j'étais dedans.
32:59 Et le après aussi est dur. Sa mariée, elle a dû te le dire.
33:03 C'est hyper dur le après.
33:05 Ça fait trois ans que mon fils est décédé et il se passe rien.
33:10 C'est comme si on s'en foutait qu'il soit mort en fait.
33:16 À peine, moi j'ai été déçu. Déjà je m'attendais au moins à dix ans et finalement il n'a pris que six.
33:22 C'est peu, mais en même temps je me dis que c'est quand même six ans.
33:24 À la base, souvent l'avocat il demandait du sursis s'il te plaît.
33:27 Mais y en a.
33:28 Du sursis ? Non mais tu te dis, comment tu peux donner du sursis à une personne qui a tué son enfant ?
33:33 On a l'impression que cette violence qui est le syndrome du bébé secoué est encore banalisée.
33:38 Et finalement, on se rend compte que dans cette affaire en particulier,
33:43 on n'a pas pris conscience de la violence qui se jouait et on n'a pas pris conscience non plus de la gravité du résultat.
33:51 Vous les prenez, vous les vendez en guise de costes. Tu vas les défendre en ton mari ou je ne sais qui.
33:56 Et toi tu vas prendre trente ans.
33:57 Et toi tu vas prendre trente ans, tu n'auras même pas de procès, tu n'auras même pas de circonstances atténuantes.
34:02 Ah non, non, à l'airantol, direct.
34:04 C'est là où tu te dis, effectivement, que vaut la vie d'un bébé ?
34:10 C'est ça.
34:11 Est-ce que ça a la même valeur pour la justice ?
34:14 C'est ce que je me suis dit même au moment du procès.
34:16 Je me suis dit, ouais en fait, et je l'ai d'ailleurs dit à mon avocate, j'ai l'impression que mon fils est mort pour rien.
34:21 Il est mort parce qu'on l'a secoué pour rien.
34:24 Pour rien, juste parce qu'on voulait lui ôter la vie en fait.
34:27 Juste comme ça, allez hop !
34:28 Les idées reçues, bien sûr, ont des conséquences importantes au niveau des tribunaux.
34:33 Parce que si on a comme idée reçue que tout le monde est susceptible de secouer un enfant
34:41 et que finalement la cause du secouement, ce n'est pas propre à l'auteur,
34:46 mais c'est dû aux pleurs de l'enfant incessant que l'auteur n'a plus pu supporter,
34:51 on a en fait de l'empathie pour l'auteur, on s'identifie à lui.
34:56 Et donc c'est beaucoup plus difficile de sanctionner sévèrement une personne à qui on s'identifie.
35:03 Par contre, il était avec tout.
35:05 Genre Maël, les hémorragies, hémorragie rétinienne, hématome souduraux.
35:10 Je savais que Maël avait la colonne vertébrale touchée.
35:13 C'est là en fait où je me suis dit, ouais en fait, j'ai bien fait de...
35:16 Enfin, je ne l'ai pas vraiment débranché, mais j'ai bien fait de tout arrêter finalement.
35:20 Je me dis, ça serait un légume, clairement.
35:23 S'il avait la colonne vertébrale touchée, dont la moelle épinière, c'est mort.
35:27 Il n'aurait jamais marché, enfin, jamais pu parler, jamais rien.
35:31 Et là je me suis dit, waouh, il n'a pas été tellement mort quand même.
35:34 C'est pour toucher la moelle épinière, la colonne vertébrale, c'est qu'il l'a brisé en fait, totalement.
35:39 Ce qui est important, c'est de comprendre la violence du geste de secouement,
35:45 de savoir ce que c'est, de savoir que secouer un enfant, ce n'est pas lui faire faire l'avion,
35:50 le bercer un peu trop fort.
35:53 L'auteur a l'enfant face à lui, il voit la tête de ce nourrisson,
35:58 qui justement est donc considéré dans l'idée commune comme fragile.
36:04 Il voit cette tête ballotée à une vitesse folle d'avant en arrière,
36:08 avec des coups et des contre-coups extrêmement forts,
36:11 avec peut-être en plus un visuel en face à face sur les yeux de l'enfant qui vit un moment effrayant.
36:19 Ça aggrave sa culpabilité.
36:21 - T'as une peluche ou quoi de ton fils ? - Ouais, j'ai son...
36:26 - Prends, prends-la avec toi. - Ouais, je compte.
36:28 - Et dis que t'es énervée, tu verras, c'est ouf en fait.
36:31 Dis que j'avais un peu de colère, tu vois, de crispation, parce que c'était le cas.
36:35 Je tenais le dodo de mon fils, je disais, allez, prends sa maille, prends sa maille.
36:38 En fait, tu vas penser qu'à Timothée.
36:40 J'arrive pas à m'y préparer.
36:42 Moi, c'est ma vie qui a été bousillée.
36:47 C'est...
36:50 C'est toute ma vie qui a volé en éclats ce jour-là.
36:54 Mon fils est mort.
36:55 Je peux pas me préparer à une peine légère.
36:58 Ça serait pas...
37:03 En fait, ça serait même pas respectueux pour mon fils.
37:06 Le problème, c'est que...
37:08 Dans la tête de certains jurés...
37:10 Le fait de ne plus avoir son enfant, c'est une peine en soi.
37:15 - C'est ça, c'est déjà une peine, et du coup, de leur mettre de la peine encore plus de prison, c'est pire.
37:21 - Mais toi, t'es en prison pour toute ta vie, en fait, déjà.
37:23 - C'est ça, tu prends perpette.
37:24 - C'est ça, tu prends perpette.
37:25 - C'est absolument ce que je disais à la présidence.
37:27 - Toi, t'as pris perpette depuis le début.
37:29 - C'est ça, et lui, il prend...
37:31 J'ai honte que ça soit mon compagnon qui l'ait fait.
37:37 Parce que j'ai aimé cette personne du plus profond de mon cœur, vraiment.
37:40 J'étais vraiment amoureuse de lui, j'étais partie pour me marier avec lui.
37:43 Pour moi, c'était l'homme de ma vie, donc j'ai honte de cette personne, j'ai honte que ce soit mon compagnon,
37:49 et j'ai honte parce que c'est moi la maman et que je l'ai pas vue.
37:53 Et que si j'avais su, bien sûr que je serais partie.
37:57 Donc oui, à ce moment-là, je ressens une terrible honte.
38:00 J'ai un projet de faire une PMA, qui est en cours, d'ailleurs.
38:06 Parce que c'est viscéral pour moi.
38:08 En tout cas, je vais faire un enfant toute seule, et je pense que c'est la meilleure solution.
38:13 C'est impossible pour moi de faire confiance à un homme.
38:17 Alors bien sûr, j'ai envie de rencontrer quelqu'un, comme toute femme,
38:20 mais avoir des projets d'enfance, c'est juste pas possible.
38:25 Je ne pourrais pas laisser mon enfant à un homme.
38:27 Enfin, en tout cas, à mon compagnon, en tout cas.
38:32 Ça sera... Je n'aurai jamais confiance.
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39:27 Encore mieux.
39:29 Je suis plus grand que papa.
39:32 [Rire]
39:37 Tu commences à avoir faim, mon coeur ?
39:39 Hein ?
39:41 Ouais, je suis fatigué.
39:44 Ça, c'est bien.
39:47 Avant, je n'imaginais pas grand-chose de ce qui m'arriverait après, en fait.
39:53 [Rire]
39:54 C'est-à-dire que j'étais assez naïf,
39:56 et j'ai pensé que j'arriverais à concilier ma vie d'avant avec la vie d'après.
40:05 Ouh là là, il y a un petit roux coincé.
40:07 Voilà.
40:09 Oh là là.
40:11 Allez.
40:13 Je vais marcher un peu pour faire sortir le roux.
40:17 [Musique]
40:33 Il y a des papas qui ont des enfants, des papas qui n'en ont pas encore.
40:35 La majorité attend son bébé, l'heureux événement.
40:39 Donc c'est très bien.
40:41 Il y a un côté, donc, information.
40:44 Il y a un côté, éventuellement, d'exercice, notamment sur le thème.
40:48 Un des thèmes, c'est qu'est-ce qu'on fait quand on est énervé et que le bébé pleure et qu'on n'en peut plus et qu'on rentre du boulot.
40:54 Voilà.
40:56 Donc aussi, on partage les expériences et éventuellement des infos aussi pratiques.
41:02 On n'a pas d'école des parents.
41:04 On est formé à tout dans la vie, sauf à la parentalité.
41:08 Il y a des choses pour les mamans, mais il y a très peu de choses pour les papas.
41:14 Du moment où j'ai eu ma fille, la première fois, j'ai croisé son petit coin d'œil.
41:19 C'est important qu'il y ait des groupes de papas faits aussi avec des interventions d'hommes.
41:25 Eux-mêmes, papa, j'en suis un. J'ai trois enfants.
41:29 C'est clairement une cible qui a été visée avec bienveillance pour vraiment travailler en amont des drames du syndrome du bébé souhait.
41:44 Dans les cinq premiers jours.
41:46 Je ne sais pas si ça peut m'aider, mais en tout cas, au niveau des cris, les deux premiers jours ont été très tranquilles.
41:52 On s'est dit, il est fantastique ce petit, ça va être un moine bouddhiste.
41:56 La troisième nuit, ça a été absolument horrible.
41:59 Mais en fait, juste d'être préparé à ça, ce que je n'étais pas forcément, ça enlève cette colère, ça enlève cette frustration.
42:05 Et au moins, on sait que la nuit est foutue. C'est pas la peine.
42:08 Juste pour le petit témoignage de ce que j'ai pu sentir.
42:12 C'est des sentiments aussi qu'il faut accepter, que ça arrive.
42:16 Il y a des moments un peu petits, comme les cris qui rendent fou aussi.
42:20 Il faut gérer ça. C'est important.
42:24 On en avait parlé avant la naissance de la gestion de l'émotion par rapport à ça.
42:28 Je dois confesser qu'un peu, moi, je me disais, ça va.
42:32 Non, non, non. Il y a vraiment des moments, j'en pouvais plus. C'était dur.
42:37 Donc là, on se calme, on pose l'enfant, on laisse un peu redescendre. Il ne peut rien arriver.
42:43 Et on se dit que ça va aller.
42:51 Alors, non, dire qu'il ne faut pas secouer un bébé, ce n'est pas suffisant.
42:55 Mais déjà, de le dire quand même, de parler du fait que des bébés, s'ils sont secoués, vont mourir ou seront handicapés à vie.
43:07 Peut-être que déjà, c'est un premier moyen.
43:15 Mais je pense que l'adulte qui secoue sait que ce n'est pas bien ce qu'il est en train de faire.
43:21 Pour autant, est-ce qu'il sait qu'il peut tuer l'enfant ?
43:25 Donc le rappeler.
43:29 Rappeler quand même que secouer un bébé peut le tuer ou l'handicaper à vie.
43:33 Et quand on parle de handicap, ça peut être des handicaps très très lourds.
43:36 Je pense que ça, ce n'est pas inutile de le rappeler.
43:40 Le groupe de papa auquel j'ai participé, ça a été quelque chose de très utile.
43:43 Très utile, qu'il faudrait absolument généraliser parce que je pense qu'il y a une demande.
43:48 J'ai dû faire quatre séances et on se rencontre entre pères novices et jeunes pères.
43:57 Et on a fait un groupe de papas, on a fait un groupe de pères novices,
44:02 on a dû faire quatre séances et on se rencontre entre pères novices et jeunes pères
44:09 dans le feu de la bataille et ça nous prépare bien.
44:13 Ce qu'apporte un bébé, c'est des responsabilités en plus,
44:19 voire des perturbations dans la relation entre le papa et sa compagne ou son épouse
44:27 qui va se retrouver très vite et naturellement, elle, accaparée par le bébé qui vient de naître.
44:34 Mais du coup, ça fait un déséquilibre entre la vie avant le bébé et la vie après le bébé, quand le bébé est là.
44:44 Et comment on se prépare à ça, c'est très important pour ne pas prendre le bébé comme un élément perturbateur au final.
44:56 Une fois j'ai fait une crise de nerfs qui a été assez impressionnante, c'est la première fois que ça m'est arrivé.
45:00 C'est-à-dire que je me sentais tellement impuissant à rien pouvoir faire pour aider la maman, le bébé.
45:09 Plus la fatigue, le travail, le stress du boulot qui, mine de rien, travaillait dans ma tête.
45:15 C'est qu'à un moment donné, j'ai craqué.
45:19 Je suis allé à côté, je me suis effondré en larmes.
45:25 Le plus important est de prendre conscience de la montée de la colère.
45:29 Et si on veut être précis, c'est que la colère, ce n'est pas un gros paquet rouge.
45:35 C'est que ça commence par un tout petit point laser rouge.
45:40 Et on apprend à identifier l'apparition de ce point qui va grandir, grandir, grandir.
45:49 Donc c'est un travail global sur l'impulsivité et sur la météo des émotions.
45:57 C'est vraiment ça la prévention.
45:59 En fait, quelque part, intellectuellement, c'est cette question qu'on pose.
46:05 Quelle place êtes-vous prête à faire à ce bébé ?
46:08 Et comment êtes-vous préparé à lui laisser une place ?
46:16 J'ai des moments de stupeur où je la regarde et je me dis que c'est hallucinant.
46:20 Je ne comprends pas ce qui m'arrive.
46:23 Peut-être que je me dis que quand elle m'appellera papa, là ce sera vraiment plié pour de bon.
46:31 Mais je trouve ça très étrange comme on s'investit de ce rôle-là.
46:39 Ce n'est pas un truc comme ça, c'est bon, bébé est né.
46:44 Le temps qu'on passe pour ce petit être qui fait qu'il a sa place unique.
46:52 C'est clair.
46:55 Voilà.
47:15 Je vis en apnée en attendant le procès parce que j'ai besoin que la mort de mon fils soit reconnue.
47:29 Tu as des belles vagues, tu as la main toute belle, toute jeune.
47:38 J'ai une main de jeune, ça va alors.
47:40 Je n'ai pas encore une main fripée.
47:44 C'est un peu ma thérapie en fait cet engagement.
47:46 Essayer de transformer tout le chagrin et toute la tristesse en une action qui soit positive.
48:02 Et puis qui, je l'espère, va aider à sauver des bébés, éviter à d'autres familles de connaître le drame que j'ai vécu.
48:13 Merci.
48:15 Merci.
48:17 Merci.
48:19 Merci.
48:21 Je passe du temps dans le monde
48:26 En attendant la mort
48:29 Je suis une femme sur le chemin
48:37 Comment peux-tu m'arrêter ?
48:41 Comment peux-tu m'arrêter ?
49:07 Je vais loin pour un moment
49:11 Je vais au fond
49:15 J'ai hâte de trouver quelque chose que j'ai laissé derrière moi
49:26 Je veux un train qui tourne
49:34 Prends-moi à 7h45
49:38 Rappelle-moi, chérie, dans ton étoile
49:44 Prends-moi au bus, cariouse
49:50 Je vais loin pour un moment
49:54 Je veux un train qui tourne
50:01 Prends-moi à 7h45
50:06 Rappelle-moi, chérie, dans ton étoile
50:12 Prends-moi au bus, cariouse
50:17 Je veux un train qui tourne
50:21 Prends-moi au bus, cariouse
50:26 Je veux un train qui tourne
50:31 Prends-moi au bus, cariouse
50:36 Je veux un train qui tourne
50:41 Prends-moi au bus, cariouse
50:46 Je veux un train qui tourne
50:50 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
50:53 "Un train qui tourne"
50:58 Sous-titrage Société Radio-Canada