15 août 1944, deux mois après la Normandie, les Alliés lancent un deuxième débarquement en France. Nom de code : Dragoon. Lieu : La Provence. Objectif : conquérir les ports de Toulon et de Marseille puis remonter vers le Nord et vaincre l'Allemagne nazie. Pour la première fois depuis la défaite de 1940, une armée française va se battre sur le sol national. Cet événement fait pour la première fois l'objet d'un film documentaire. Porté par la voix du comédien Charles Berling, Provence, août 1944, l'autre débarquement retrace, à travers d'exceptionnelles archives filmées et des témoignages exclusifs, le déroulement de ces journées décisives dans l'histoire de la 2ème guerre mondiale et la libération de l'Europe. 70 ans après, grâce à ce film, les héros de cette épopée, les généraux de Lattre et de Monsabert, les soldats français de l'armée d'Afrique, les paras anglais et américains ou encore les Résistants, revivent et allument dans notre mémoire la flamme du souvenir de ce fait historique peu connu du grand public.
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00:0015 août 1944, deux mois après le débarquement de Normandie, plusieurs centaines de milliers
00:07de soldats américains, anglais, canadiens et surtout français débarquent dans le sud
00:12de la France.
00:13Pour la première fois depuis la défaite de 1940, une armée française va se battre
00:18sur le sol national.
00:19Les américains et les anglais s'étaient renforts, ils voulaient un débarquement qu'on
00:26puisse appeler français.
00:28On a toujours oublié ce débarquement à Provence, mais finalement il a été très important.
00:37Avec 80% de pieds noirs, on n'en parle jamais non plus.
00:44De la même façon que l'on marginalise complètement la résistance qui a tenu une place, et dans
00:51le débarquement et avant.
00:52Je ne suis pas fière, j'aurais pu faire plus, j'aurais fait plus.
01:01C'est vrai qu'on aime à sa patrie, toujours.
01:05En juin 1940, la France, vaincue par l'Allemagne, voit une partie de son territoire occupé.
01:23Elle entre dans une période de collaboration avec le régime hitlérien.
01:28En novembre 1942, après le débarquement allié sur les territoires français d'Afrique
01:34du Nord, les allemands envahissent la zone libre.
01:38La marine française détruit ses bateaux à Toulon pour qu'ils ne tombent pas aux mains
01:42de l'ennemi.
01:44Tout au long de l'année 1943, lors de conférences internationales, les alliés mettent au point
01:53leur stratégie.
01:55Leur but, porter un coup décisif à l'Allemagne nazie.
02:04Des français libres, sous l'autorité du général de Gaulle, organisent à Londres
02:09et en Afrique la résistance et la reconstruction d'une armée.
02:16L'armée française a une revanche à prendre.
02:19Il est évident que l'humiliation de 1940 est une humiliation pour l'ensemble des français
02:25d'ailleurs.
02:26Pour le général de Gaulle, c'est évident, mais pour les militaires, c'est une humiliation
02:30particulière.
02:31La conférence d'Anfa, en fait, pour nous français, c'est quand même la clé de voûte
02:37de tout ce qui s'est passé par la suite.
02:39Les américains qui avaient convoqué les français, puis pas n'importe qui puisque c'était
02:44le président Roosevelt et M. Churchill qui étaient venus là pour dire aux français
02:50ce qu'ils comptaient faire par la suite.
02:53Les anglais et les américains ont décrété qu'ils iraient jusqu'au bout.
03:00C'était la première fois qu'ils voulaient que l'Allemagne soit mise à genoux.
03:06Malgré l'opposition du premier ministre britannique Winston Churchill qui préconise une percée
03:11dans les Balkans, les alliés décident finalement de deux débarquements en France, un au nord
03:18et un au sud, pour prendre l'armée allemande en tenaille.
03:21Churchill qui voulait que le débarquement ait lieu dans les Balkans et Eisenhower dit
03:28l'important pour nous, c'est Marseille parce qu'à partir de Marseille, on va pouvoir approvisionner
03:33les troupes qui ont débarqué en Normandie.
03:36Pour cela, il faut des ports en eau profonde, il faut des ports qui puissent accueillir suffisamment
03:41de bateaux.
03:42Hors des ports en eau profonde, il n'y en a pas 36, il y a Marseille et il y a Port-de-Boue.
03:47Le débarquement en Normandie a été monté presque essentiellement il faut dire par
03:54les américains, les anglais bien sûr, mais enfin bon, et tout à fait en dehors des français.
04:03En juin 1944, le général américain Dwight Eisenhower, commandant en chef des forces
04:10alliées en Europe, organise l'opération Overlord en Normandie.
04:15Il confie le commandement du débarquement de Provence, l'opération Dragoon, au général
04:28Alexander Patch, chef de la 7ème armée américaine.
04:33Donc, la place de la France, il faut que la France l'arrache, elle est associée assez
04:41tardivement à l'élaboration des plans de débarquement, notamment du plan de débarquement
04:47méditerranéen, où elle aura toute sa part, puisque la 7ème armée américaine est composée
04:52de deux entités, un corps d'armée américain et l'armée B du général de L'Entre.
05:00Le général de L'Entre, donc, a sous ses ordres à la fois des éléments de la France
05:05libre, c'est-à-dire des éléments issus du gaullisme de la première ère, ce qui va
05:09constituer la première division française libre, la première DFL, et des éléments
05:15de l'armée d'Afrique.
05:20La participation au débarquement, pour les gens venant d'Afrique, puisque l'Afrique
05:26est des pays d'outre-mer, a été de l'ordre de, effectivement, presque 200 000 gars.
05:33L'armée d'Afrique est composée à la fois de militaires issus de l'armée d'armistice,
05:40qui étaient des militaires de métier, de résistants français qui se sont évadés
05:46de France par l'Espagne, et puis après, il y a bien évidemment des Européens d'Afrique
05:52du Nord, volontaires pour une petite minorité, et surtout, mobilisés, la mobilisation des
05:57Européens d'Afrique du Nord a été extrêmement large.
06:01Plus des volontaires et des appelés non-européens, qui sont en majorité d'ailleurs dans la plupart
06:10des unités de l'armée d'Afrique, marocains ou algériens ou tunisiens, ou ce que l'on
06:15appelait les tirailleurs sénégalais.
06:17Ce n'était pas seulement l'armée d'Afrique, comme souvent je l'entends appeler ici, c'était
06:23une belle armée française. Il faut que vous sachiez que c'est spontanément, volontairement,
06:30que l'immense majorité d'entre eux s'est enrôlée sous nos drapeaux à la libération
06:36de notre patrie.
06:37On savait qu'en Algérie, on était plus que patriotes, on était motivés, c'était
06:44un peu le mot. Alors, on voulait aller libérer la France, c'était notre fierté de libérer
06:49la France.
06:50L'armée d'Afrique est une armée qui sort auréolée de gloire lorsqu'elle intervient
06:57en Provence, grâce à son attitude, à sa façon d'exprimer ses idées, à sa façon
07:05d'exprimer ses idées, grâce à son attitude pendant la campagne d'Italie, c'est-à-dire
07:10la campagne d'Italie qui est encore en cours, à laquelle elle a participé. Il ne faut
07:14pas oublier que ces unités de l'armée d'Afrique ont participé aux très dures batailles
07:20du Belvédère, de Cassino, où elles se sont effectivement illustrées.
07:25Cassino, la guerre va rendre ce nom célèbre et dévaster ce beau pays.
07:31Les Français donnent l'assaut. D'un seul élan, ils emportent les défenses ennemies.
07:36Le général de Montsaber, commandant la troisième division algérienne.
07:43Avec des pertes énormes, mais avec un gros appui des troupes marocaines, surtout des
07:51Goumiers, qui sont des combattants exceptionnels.
08:01Et ce qui faisait leur valeur, les Goumiers, c'était des très bons tireurs. Ils avaient
08:09le sens, ils aimaient les armes. Et le plus, de très très bons observateurs. Ils ont
08:16été un peu les artisans de la victoire de la France.
08:20Il n'y a pas eu une désertion. Pas une. Les Goumiers, ils n'ont peur de rien.
08:31Les troupes françaises, commandées par le général Delattre de Tassigny, sont armées
08:38et entraînées en Afrique du Nord par les Américains et les Anglais. Pour la première
08:43fois depuis la défaite de 1940, une armée française va se battre sur le sol national.
08:50On était formés comme personnes. C'est d'ailleurs ça qui a énormément servi.
08:58Le débarquement en Méditerranée est de toute façon un débarquement attendu. C'est
09:03pas une surprise. On sait que les Allemands s'y préparent. Depuis novembre 1943, le
09:12littoral a été évacué de sa population. Les maisons détruites, les arbres coupés,
09:18les chambres saccagées pour laisser place à des installations défensives. Sur le seul
09:24terroir, on estime à 600 000 le nombre de mines qui ont été posées par les Allemands.
09:30Il y a évidemment des dizaines de blocosses, de murs anti-chars. La salle des festivals
09:37à Cannes, c'est un ancien blocosse allemand. Ils avaient remué de la terre. On avait des
09:44cartes renseignées, Michelin, avec tous les blocosses. Je dois dire qu'on ne pensait
09:51pas arriver à débarquer. Dans toute la Provence, la résistance s'organise. Elle
10:06prépare le débarquement et multiplie les actions de renseignement, de sabotage ainsi
10:11que les attentats. Ces actions vont consister à couper les voies de communication. Chemin
10:19de fer, y compris chemin de fer secondaire et les ponts. Ce sont les cibles principales
10:27pour éviter un repli des Allemands. Des parachutages d'armes se sont accrus, même s'ils restent
10:36insuffisants. Et puis arrivent des missions parachutées, de militaires parachutés par
10:42les états-majors d'Alger en particulier. Les Allemands surévaluent les forces de la
10:47Provence. Il s'imagine que sur le plan de Klingers, il y a plusieurs milliers d'hommes
10:51qui sont rassemblés, renforcés par des parachutistes alliés. C'est aberrant. Depuis la Corse,
10:59libérée à l'automne 1943 et depuis l'Italie, les pilotes alliés effectuent des missions
11:04de reconnaissance au-dessus de la vallée du Rhône et le long des côtes méditerranéennes.
11:09Sur ces avions qui volaient très doucement, il y avait des caméras, il y avait des appareils
11:16photo. Alors, même dans l'entrée très doucement, ils faisaient des allers-venus depuis
11:24Perpignan jusqu'à Ventimille, le long du rivage. Saint-Exupéry avait un de ces avions
11:34et mon cousin Adrien avait un autre avion comme ça. Et ils prenaient des photos à
11:40longueur de journée, à certaines altitudes forcément, pour savoir s'il y avait des
11:44mines le long de la mer, dans l'eau, des mines sous-marines. C'est dire que c'est
11:50un débarquement qui a été préparé méticuleusement. Dans les semaines qui précèdent le débarquement,
12:00les bombardiers alliés pilonnent les défenses allemandes entre Nice et Marseille.
12:07Ces bombardements vont faire de nombreuses victimes parmi la population.
12:12C'est comme le bombardement du 27 mai. Ils bombardent les gares, en gros.
12:18Gare Saint-Charles, Blancard. C'est l'ensemble de la ville qui est touchée.
12:23Des milliers d'immeubles démolis, des centaines de morts.
12:33Donc, tout le monde allait à la cave. Mais à la cave, tout le monde a crié, tout le monde a pleuré.
12:38Mon père, il a dit, c'est pas la peine que tu ailles à la cave, parce que si la bombe tombe, d'en haut,
12:43elle va jusqu'en bas, la cave. C'est autant marron en bas qu'en haut, alors tu as qu'à rester seule à la maison.
12:48Au moins, tu n'as pas peur. C'est vrai. Effectivement, il avait raison, parce qu'à la maison,
12:53on était plus au calme quand même. Même si on avait peur. Mais bon, c'était comme ça, ça bombardait, ça bombardait.
13:00On est effaré de voir que cette population qui subit les bombardements alliés ne se retourne pas contre les alliés.
13:07Car pour elles, les vrais responsables, ce sont les occupants et les auxiliaires français de l'occupant.
13:12Donc, l'espérance de la libération, elle est là. L'attente de la libération est là.
13:19Au début du mois d'août, dans les ports de Méditerranée, les troupes alliées se préparent à embarquer.
13:38La flotte fait bientôt mouvement vers le sud de la France.
13:46On embarque à 14 heures du matin et on fait route, on rejoint l'armada qui se trouve au large.
13:52Et des centaines et des centaines de bateaux à perte de vue, de tous les côtés.
13:59On se demande comment les bateaux ne se connaissaient pas. C'est invraisemblable.
14:08La flotte de la France
14:22Il y avait des centaines d'avions pour protéger la flotte.
14:26Il y a eu des combats d'Allemands qui ont essayé et qui n'ont pas réussi.
14:32Il n'y a pas eu un seul bateau de coulée.
14:37Avec le débarquement en Normandie, un certain nombre d'unités, notamment d'unités de Panzer, ont été déplacées vers le front de Normandie.
14:47Également des unités d'artillerie.
14:49Donc ces unités allemandes, elles ont une force qui est quand même assez relative.
14:55Il n'y a pas de réserve, l'artillerie est très faible, la marine est très faible, il n'y a pas de couverture aérienne.
15:01Ce sont donc des forces très affaiblies qui occupent la Provence.
15:06Le port de Toulon constitue un camp retranché puissamment défendu par des batteries, notamment la batterie de 340 du Cap Seppé.
15:14Et c'est la raison pour laquelle le débarquement en Méditerranée va avoir lieu sur la Côte des Morts.
15:19C'est-à-dire dans un secteur qui échappe aux batteries toulonnaises.
15:23Dans la nuit du 14 au 15 août, trois forces commandos entrent en action pour ouvrir la voie.
15:29Des commandos d'Afrique français au Cap-Negre, des marins français au Treyas, des Rangers américains et canadiens sur les îles d'Yerre.
15:43Le 14 au soir, il est à peu près 22h, quand on reçoit l'ordre de descendre dans les bateaux de débarquement, les LCA.
15:52Alors avec ma section de mortier, on descend dans une chaloupe, une quarantaine dans ces bateaux-là.
16:00On débarque, mais on débarque sur cette petite plage inconnue.
16:04Le colonel nous fait presser, nous fait presser.
16:07Il y a 600 hommes sur cette petite plage de rien du tout.
16:10Le débarquement se passe très bien.
16:13Notre mission, c'était de débarquer à l'ouest du débarquement de Cavalère.
16:17Et le groupe naval d'assaut, lui, débarquait à l'est au Treyas.
16:23Vous savez, eux, par contre, ils n'ont pas eu de chance comme nous.
16:26Ils ont été pratiquement tous éliminés.
16:28Et pendant qu'on débarquait, nous, le capitaine du corneau prenait le Cap-Negre.
16:33Je sais que ça a été quand même assez difficile, parce qu'il a fallu même aller jusqu'au port d'accord.
16:39Sur 30 hommes contre 150, ça fait quand même difficile.
16:45Enfin, les trois canons ont été détruits.
16:47C'est des canons qui portaient très loin et empêchaient tous les navires sur 30 ou 40 kilomètres.
16:54Et qui gênaient le débarquement.
16:58Au petit matin, un quatrième commando aéroporté est largué à l'intérieur des terres à proximité de Draguignan.
17:05Partie d'Italie, cette force, commandée par le général Frédéric, est composée de parachutistes et de planeurs.
17:14Vers 5 heures du matin, près de 10 000 parachutistes américains et anglais sautent au-dessus de la plaine d'une nuit.
17:21L'opération Frédéric, c'était un peu la cerise sur le gâteau, parce qu'ils voulaient couper les trottinettes.
17:31Ils voulaient couper les troupes du nord, c'est-à-dire vers Draguignan.
17:37Il y avait des Allemands quand même.
17:39Les couper du sud.
17:42Balancer 9 000 gars en pleine nuit, c'est quand même...
17:49Le général Frédéric, qui était un type absolument extraordinaire, je l'ai vu celui-là.
17:57C'est lui qui a monté cette opération.
18:01C'est du gonfleur.
18:32J'ai eu de la chance, j'ai tombé dans le Mouille. J'ai eu un bon landing.
18:37Les avions avaient des problèmes, parce qu'il faisait froid.
18:41Ils étaient à environ 23 milles de l'endroit où nous devions être.
18:47Mais nous avons tombé. Ils nous ont tombés.
18:50Et nous sommes tombés dans les montagnes, juste à l'extérieur du Mouille.
18:58Et puis, nous avons disparu partout.
19:23J'avais 19 ans.
19:27C'est la zone où j'ai tombé le 15 avril.
19:32C'était tard dans la nuit, je crois qu'il était environ 6 heures.
19:35Je suis tombé...
19:37Ces grapes n'étaient pas là.
19:39C'était tout un terrain ouvert.
19:41Les graines n'étaient pas là, à ce moment-là.
19:43Notre premier objectif était d'éviter l'ennemi,
19:48pour que les gliders puissent entrer.
19:57Les tombes étaient relativement réduites.
19:59On les avalue à peu près à un millier d'hommes,
20:01dont une partie ont été victimes d'accidents de planeurs
20:04ou d'accidents de parachutage.
20:06La plupart ont été enterrés au cimetière américain de Draguignan.
20:09Il y a 862 tombes.
20:12C'est tous les morts de l'opération de Frédéric.
20:22Mon meilleur ami, Robert Brown,
20:26est au cimetière.
20:29On a l'intention de voir cette grève à nouveau.
20:33En se déployant vers leurs objectifs,
20:36les paramilitaires se sont rencontrés
20:38avec les forces françaises de l'intérieur,
20:40qui ont soutenu la bataille de France.
20:57Le 15 août, à 8 heures du matin,
21:00ils devaient nous rejoindre.
21:07Le 15 août, à 8 heures, c'est le « go time ».
21:11Trois divisions américaines,
21:13appuyées par une unité française,
21:15forment la première vague d'assaut.
21:19Les soldats allemands sont submergés
21:21par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:26Les soldats allemands sont submergés
21:28par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:31Les soldats allemands sont submergés
21:33par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:36Les soldats allemands sont submergés
21:38par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:41Les soldats allemands sont submergés
21:43par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:46Les soldats allemands sont submergés
21:48par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:51Les soldats allemands sont submergés
21:53par l'ampleur et la rapidité de l'attaque.
21:55...
22:09C'était des Américains qui étaient en force.
22:11Le jour du débarquement, nous n'étions
22:13qu'un escadron de chars.
22:16Le 4e escadron Hardisson.
22:18Les autres ont débarqué le lendemain.
22:21...
22:26Les forces débarquées dans les 2 premiers jours
22:29pour les Américains s'élèvent à 115 000 hommes.
22:32...
22:35Plusieurs centaines, évidemment, de véhicules.
22:37...
22:45Au soir du 15 août, les soldats américains
22:48ne comptent que quelques dizaines de tués et de blessés
22:51autour de Fréjus et de Saint-Raphaël.
22:53...
22:55Fréjus résiste un petit peu, mais tombe le 16.
22:59La jonction se fait avec les troupes du Mui.
23:01Pratiquement, le 15 au soir, le 16, elle est établie.
23:05Le 15 au soir, les Américains sont à Colobrières,
23:09où est en place le maquis Vallier,
23:12qui est descendu du plan de Cangevers
23:15pour être justement aux avant-postes au moment du débarquement.
23:19Donc cette tête de pont va très vite au-delà de ce qui était espéré.
23:23...
23:26Le 16 août, l'armée du général Delattre débarque.
23:29Alors que les troupes américaines doivent remonter
23:32vers la vallée du Rhône, les soldats français
23:35ont pour mission de libérer les ports de Marseille et de Toulon.
23:38...
23:40Delattre réussit à convaincre les Américains
23:42d'engager rapidement ses propres troupes dans le combat.
23:46...
23:48Donc il joue son rôle.
23:50Il joue un rôle de représentation, qui lui a été fixé par De Gaulle,
23:54de faire entendre la voix de la France aux côtés des Américains.
23:58C'était pas simple, car les forces françaises, malgré tout,
24:03étaient équipées par les Américains.
24:06Ils étaient dans la dépendance des Américains.
24:08En plus, Delattre est un général qui sait se mettre en scène,
24:14qui sait flatter les uns et les autres.
24:17C'est un petit peu une diva.
24:19Il a des côtés qui sont très politiques.
24:21Je crois que Delattre,
24:24c'était le gars qui convenait.
24:28Il était très grand seigneur.
24:30Je l'ai vu après en Indochine.
24:33C'était pas le gars avec qui on plaisantait.
24:37...
24:38Superbe.
24:40Toujours habillé.
24:44Il était très sévère pour la troupe,
24:47pour la tenue.
24:49C'était un grand chef militaire.
24:52Très grand.
24:54Il a mérité d'être maréchal.
24:57Il a des caractères très différents
24:59dans la direction de l'armée française.
25:02D'un côté, il a l'aspect plutôt aristocratique de Delattre,
25:07le roi Jean,
25:08qui est un poste cérémonial,
25:11pour ses réunions d'état-major, avec sa canne.
25:14Et puis, Monsabert,
25:16qui est plutôt un homme de terrain très sensible
25:19aux opportunités qui peuvent se dégager.
25:22J'ai été un intime de Monsabert pendant la campagne de Tunisie.
25:26C'était un type courageux,
25:29comme un sous-lieutenant de qualité.
25:32Il était marrant.
25:34Très familier, avec sa belle moussache, etc.
25:39Mais très, très simple.
25:42Il voulait que je le tutoie.
25:44Alors, je suis respectueux à l'époque.
25:49Mais c'était un très, très grand chef de guerre sur le terrain.
26:00Sur les traces des commandos,
26:02le groupe des troupes progresse dans un décor
26:04dont la douceur classique permet une stigmate de la guerre.
26:07La brèche est ouverte.
26:09Avec la France libre,
26:10l'espoir pénètre en France occupée.
26:16Et le 19 août,
26:18l'ordre général de repli est donné.
26:21Par conséquent, à ce moment-là, les forces allemandes remontent.
26:24Sauf pour Toulon et Marseille.
26:26Là, il n'y a pas d'ordre de repli.
26:28L'ordre, c'est de tenir coûte que coûte.
26:37En marchant sur Hyères,
26:38les commandos d'Afrique réduisent au silence les batteries de Movan.
26:45Quelques kilomètres plus loin,
26:47la première DFL, Division Française Libre,
26:50enlève le Golf Hotel,
26:52tuant près de 200 soldats allemands.
27:09Il apparaît, en tout cas,
27:10qu'il y a plus de 10 000 hommes qui sont dans le camp tranché Toulon.
27:15Les chiffres sont très variables.
27:17Donc, on a peut-être aux alentours de 18 000 hommes dans Toulon,
27:20de diverses unités hétérogènes,
27:22qui livrent une bataille acharnée.
27:25C'est la principale bataille de Toulon
27:27de la campagne de Provence, incontestablement.
27:30Trois divisions françaises foncent vers Toulon,
27:32dont la 9e DIC, Division d'Infanterie Coloniale,
27:35qui se heurte à la défense allemande des Trois-Soliesses.
27:38...
27:42Dans la 9e DIC,
27:44il y a un officier qui va faire en parler de lui, plus tard,
27:48de façon, évidemment, controversée, qui s'appelle Salant.
27:52C'est le colonel Salant qui va assurer la bataille des Soulièses,
27:56et notamment de Soulièsville, à la tête des tirailleurs sénégalais.
28:00Soulièsville, ça a été atroce.
28:02Ça s'est terminé au couteau.
28:03Les commandos marocains,
28:06pour arriver à prendre ce Soulièsville,
28:09ça s'est terminé sur la place, au couteau.
28:11Il n'y a rien eu à faire.
28:16Une autre difficulté majeure attend les soldats français.
28:19Le fort du Coudon, qui domine Toulon,
28:21occupé par plus de 150 soldats allemands.
28:25On n'avait pas de plan d'attaque de Coudon.
28:28On savait que c'était un fort très important.
28:31De là-haut, ils commandaient toutes les défenses.
28:34Les bateaux ne pouvaient pas approcher.
28:38Et l'armée de terre non plus.
28:41Il y avait toute une batterie allemande énorme.
28:44Ils ont perdu pas mal de gars.
28:46Le lieutenant, qui était un type extraordinaire,
28:49qui s'est rencontré du Cournot, il a été tué.
28:52...
29:00Ils sont passés par la toiture du bastion.
29:03Ils ont balancé des tonnes de grenades dans le truc.
29:06Les Allemands ont perdu beaucoup de monde.
29:09Ils ont capitulé, mais ça ne s'est pas passé tout seul.
29:12...
29:17C'étaient vraiment des soldats surentraînés, là, aussi.
29:22Un peu comme nous, quoi.
29:25Avec cette avancée des chars légers,
29:29de la 9e DIC jusqu'à la Valette,
29:31qui se retrouve coincé dans la Valette
29:33parce que l'infanterie était encore à la farlède,
29:36et puis la logistique ne suit pas.
29:39D'ailleurs, l'un des problèmes des Américains et des Français,
29:42c'est que l'avancée est si rapide
29:44que la logistique ne suit pas toujours.
29:47La prise de la Valette, c'était quelque chose d'énorme.
29:50Les gars se sont trouvés enfermés avec leurs chars dans la Valette,
29:53cernés par les Allemands qui étaient au toit et partout,
29:57et qui tiraient dessus.
29:59Ils se sont dit que c'était fini, qu'on ne sortirait jamais.
30:03Alors nous, dans du fort, on avait une vue impeccable.
30:07Avec nos mortiers, on a tiré sur les batteries et sur les canons.
30:13On a détruit tous ces canons-là.
30:15La 9e DIC a pu rentrer dans la Valette.
30:17La 9e DIC, la division d'infanterie coloniale,
30:20avant-guerre, c'était la division
30:22dont le lieu de stationnement était Toulon.
30:24C'est la raison pour laquelle Delaintre lui laisse l'honneur
30:28de libérer le cœur de la ville.
30:43Il y a, bien entendu, l'investissement
30:47par le colonel Bonjour du camp retranché de Toulon,
30:50la libération de Bandol et, en somme,
30:53l'investissement de Toulon qui est réalisé le 21-22 août.
30:58Le camp retranché de Toulon est totalement encerclé.
31:02Il y a l'effort de Sifour,
31:04qui bombarde les troupes alliées au fur et à mesure qu'elles avancent
31:07sur Toulon, qu'il faut, évidemment, investir.
31:11Et puis il y a la presqu'île Saint-Mandrier,
31:12où l'amiral Rufus, le commandant allemand du camp retranché,
31:17en quelque sorte, est enfermé.
31:19Et il finit de se rendre, comme on le sait,
31:23dans la nuit du 27 au 28, dépose les armes le 28 au matin.
31:26Sur les 5 000 qui sont restés là, bloqués presque jusqu'à la fin,
31:32il y avait quand même certainement une bonne moitié de Waffen-SS
31:37qui étaient... Alors eux, c'était des tueurs.
31:40Attention, ils n'ont pas pu faire grand-chose
31:44puisqu'ils ont été confinés là.
31:46Ils ont admis que c'était M. Rufus qui était le patron,
31:50puisque c'est lui, d'ailleurs, qui s'est rendu pour l'ensemble.
31:53Il a rendu son sabre. Il était assez solennel, Rufus.
31:57Ça, c'était vraiment la grande opérette,
32:03quand il s'est rendu.
32:07Toulon est en ruine.
32:10En particulier, le port et l'arsenal.
32:172 700 Français ont été tués ou blessés au cours de l'assaut.
32:23Les Allemands comptent plusieurs milliers de victimes
32:27et plus de 17 000 prisonniers.
32:30Alors, ils font un plan de bataille pour aller sur Marseille.
32:34Et de l'autre, on dit, mon plan de bataille est qu'on va
32:38contourner de Gémenos, vous allez tomber vers les mines de Gardanne
32:43ou autre, aller jusqu'au bout, et quand tout serait là-bas,
32:46Marseille sera encerclée, nous rentrons dans Marseille.
32:49Alors, Demos Haber, lui, qui était très ami avec Delors,
32:54dit, non, non, non, moi, je ne fais pas ça.
32:57Je profite des Allemands qui sont bousculés par Toulon
33:01et par Marseille pour rentrer directement sur Marseille.
33:04Alors, Delors, il répond, écoute-moi.
33:06Si tu réussis, je ne te dirai rien.
33:09Mais si tu échoues, ne me parle plus jamais.
33:12J'avais senti qu'il y avait une véritable scission
33:15entre la défense de Toulon et la défense de Marseille,
33:18si bien que, pour moi, c'est dans cet état d'esprit
33:21que j'ai poursuivi ma route, le 20,
33:24jusqu'au moment où nous avons appris que la porte d'Aubagne
33:28était sérieusement tenue par l'ennemi.
33:30J'ai décidé d'aller à l'autre côté,
33:32où la porte d'Aubagne était sérieusement tenue par l'ennemi.
33:35J'ai décidé d'attaquer Aubagne.
33:37L'attaque a été déclenchée d'abord par nos éléments blindés,
33:40soutenus bientôt par l'arrivée des goumiers,
33:43qui, au fur et à mesure de leur débarquement,
33:47se sont mis à se déployer autour d'Aubagne
33:50avec mission de faire sauter le bouchon d'Aubagne.
33:53Quand il y a des goumiers, il n'y a pas d'eau.
33:56Il y a l'hiver, il y a la pluie,
33:59et le jour où nous sommes allés,
34:01les goumiers ont disparu.
34:03Nous sommes sortis de l'eau,
34:07pour sortir de la mer.
34:09Ils sont partis, ils sont allés devant nous,
34:12et nous sommes allés derrière eux,
34:14pour entrer dans la mer.
34:16Nous sommes restés là, en pleine glace,
34:18et nous avons perdu la vie.
34:21C'est comme un zbib.
34:23En ce qui concerne Marseille,
34:25ce sont les troupes indigènes
34:27qui vont contourner la ville par les collines,
34:30de manière à redescendre ensuite par les quartiers nord.
34:33Pour ça, il faut des troupes aguerries
34:35qui ont l'habitude de le faire,
34:37et qui sont vraiment très dures au combat,
34:40et elles auront beaucoup de morts.
34:42Les forces allemandes,
34:44à Marseille et dans la région,
34:47sont très importantes, puisqu'il y a plusieurs divisions,
34:50entre 15 000 et 20 000 hommes,
34:52laissés à Marseille, sur ordre Hitler,
34:55pour justement empêcher l'investissement de Marseille.
34:58Toulon n'est pas encore libéré,
35:00que les troupes de Montsaber se dirigent vers Marseille,
35:03où, depuis le 19 août, les FFI,
35:05forces françaises de l'intérieur,
35:07qui rassemblent les différents mouvements de la résistance,
35:10ont lancé une guérilla urbaine contre les forces allemandes.
35:14Pour les fils de France, où qu'ils soient,
35:16quel qu'ils soient, le devoir sain et sacré
35:20est de combattre par tous les moyens dont ils disposent.
35:24Il s'agit de détruire l'ennemi.
35:27L'une des caractéristiques de la libération des villes
35:30de notre région, c'est que ce sont parmi les quelques villes
35:35en France où l'insurrection,
35:38ce qu'on appelle l'insurrection nationale, a eu lieu.
35:42Il n'y en a pas énormément en France,
35:45Paris, bien sûr, mais il y a Marseille,
35:49Toulon, dans une certaine mesure,
35:52Draguignan.
35:53Draguignan, la préfecture du Var,
35:56est libérée par la résistance
35:58avant l'arrivée des troupes aéroportées américaines.
36:02Chose à laquelle on ne s'attendait pas.
36:09En ce qui concerne Marseille,
36:11un appel d'un CGT à l'insurrection est lancé le 19 août.
36:14En particulier, le lundi 21 août,
36:17le CDL, Comité départemental de libération,
36:20appelle à marcher sur la préfecture.
36:22Ce qui fait que les mouvements de résistance
36:24et les forces armées de la résistance vont se diriger
36:27le 21 août vers la préfecture et prendre la préfecture.
36:30Ce qui nous importait, c'était d'arriver à faire comprendre
36:35aux Marseillais et aux gens qui habitaient le quartier
36:38qu'il fallait se lever contre l'occupation allemande.
36:42On a monté de la Cannebière jusqu'à la préfecture,
36:46avec des milliers de gens.
36:48Tous les gens qui étaient disponibles étaient dans la rue.
37:19Le problème, c'est qu'ils n'ont pas beaucoup d'armes.
37:23Donc, ils vont s'emparer des armes, des armes communes,
37:27mais en attaquant les Allemands, en les désarmant,
37:29en désarmant aussi les forces de police.
37:49Un revolver, quoi.
37:51Avouez que moi, je suis partie avec.
37:53Mais j'étais à vélo à ce moment-là, alors un vélo,
37:56je pouvais me courir derrière.
37:58J'avais 20 ans, hein.
38:01Évidemment, à Marseille, il y a eu beaucoup de jeunes gens
38:04qui, fusillés à la main, ont tué des Allemands.
38:07Mais les pauvres, il y en a eu tellement qui ont été tués aussi.
38:10Que voulez-vous que fasse un garçon avec un fusil de chasse
38:14quand il y a deux ou trois Allemands
38:16avec des armes sophistiquées ?
38:20Chaque fois, il se fait descendre le pauvreté.
38:26Et à Marseille, vous avez beaucoup, beaucoup de plaques
38:29au coin des rues, où il y a des Marseillais qui ont été tués.
38:39Le 22, j'ai reçu les braves résistants de Marseille
38:44très émus par les batailles qu'ils soutenaient
38:48à l'intérieur de la ville.
38:49Dans ces conditions, ma mission était très simple.
38:51J'avais le devoir d'aller au secours des défenseurs,
38:55exactement des résistants de Marseille,
38:58et d'entrer aussi profondément dans la ville qu'il fallait
39:01pour qu'ils puissent continuer et soutenir
39:03leur combat glorieux à l'intérieur de la ville.
39:06La ville n'est pas libérée, mais la résistance se tient.
39:09Le cœur de la ville, en particulier les FTP,
39:13les FTP-MOI étrangers, les milices patriotiques,
39:17les groupes francs des Mouvements unis de la résistance
39:22sont bien présents dans la ville.
39:24Et ensuite, ils font le coup de feu,
39:25à la surprise d'ailleurs des militaires qui arrivent,
39:29notamment, je l'ai dit, du colonel Chapuet et des tirailleurs algériens,
39:32qui ne s'attendaient pas à s'enfoncer finalement
39:34dans une ville en partie libérée.
39:37L'ennemi a relevé le gant.
39:39Il tient encore Notre-Dame-de-la-Garde,
39:41le Château-d'If, les îles du Frioul,
39:43le fort Saint-Jean et le fort Saint-Nicolas,
39:45d'où il prend la quai de Guéherre en Auffinade.
39:48La bataille de Marseille, d'un point de vue militaire,
39:51me paraît moins rude que celle de Toulon.
39:56Ça ne va pas faire plaisir aux Marseillais, mais tant pis.
40:00Elle est évidemment,
40:02d'un point de vue géostratégique, plus importante,
40:05car le port de Marseille a une autre importance
40:07que le port de Toulon, bien entendu.
40:10C'est une bataille difficile.
40:13Les troupes marocaines, en particulier,
40:17vont avoir des pertes considérables
40:19en attaquant les positions
40:21dans lesquelles les Allemands se sont retranchés.
40:24Mais c'est une bataille d'îlot de résistance
40:27à nîlot de résistance.
40:29Le parc Bruelli, Notre-Dame-de-la-Garde,
40:31le Rakhati sont autant de môles de résistance
40:35extrêmement compliqués à conquérir, bien entendu.
40:39Suspension d'armes. L'ennemi demande à parlementer.
40:43Les Russes sont aussitôt peuplés d'une foule joyeuse
40:45qui se rate vers les libérateurs.
40:48Un premier cessez-le-feu intervient.
40:50Ils permettent au général de Montsaber d'engager des pourparlers
40:53avec le général allemand Schaeffer.
40:55Mais celui-ci refuse de rendre les armes.
40:58Or, je sentais très bien que, sur le plan moral,
41:02les Allemands étaient très atteints
41:04et qu'il fallait profiter de cette situation
41:08pour précipiter les choses.
41:11De sorte qu'en quittant le général Schaeffer,
41:16j'ai décidé d'attaquer Notre-Dame-de-la-Garde
41:19de façon à dominer toute la position de Marseille.
41:22La difficulté, tout le monde la connaît.
41:24Notre-Dame-de-la-Garde est en haut d'une très haute colline
41:27qui domine tout, qui voit tout.
41:29Par conséquent, il fallait gêner l'adversaire
41:32par le nombre des assauts qui pouvaient monter
41:35le long de la colline et par toutes les directions.
41:37La prise de Notre-Dame-de-la-Garde
41:39est faite par un tirailleur algérien
41:41qui monte par un petit passage sur le côté de Notre-Dame-de-la-Garde
41:45et qui arrive comme ça jusqu'au sommet
41:48et apprend un petit peu les troupes allemandes à revers.
42:07Il fallait être là
42:10et qu'une défense,
42:12jusqu'au meurtre et jusqu'à la dernière cartouche,
42:15comme on l'appelle dans les rapports de Schaeffer,
42:18n'était pas en question.
42:19C'était tout à fait naturel.
42:22Les Allemands se sont rendus...
42:24Il y en avait beaucoup à Notre-Dame-de-la-Garde,
42:26plus de mille.
42:30Ils n'étaient pas très chauds.
42:34Ils savaient que c'était cuit.
42:53Ils ont aussi une peur,
42:55c'est de se rendre résistant.
42:58Puisqu'ils considèrent que c'est des terroristes,
43:00donc ils vont les exécuter comme ça, d'un coup.
43:03Donc, ça va jouer aussi en faveur des troupes régulières.
43:07Ils vont préférer se rendre aux troupes régulières françaises
43:10qu'aux résistants.
43:16Les derniers bastions allemands sont bientôt réduits au silence.
43:22La conquête de Marseille a fait près de 1 500 tués
43:24chez les soldats français,
43:27plus de 5 500 chez les Allemands
43:30et plusieurs centaines de morts
43:32parmi la population et les résistants.
43:40Plus de 10 000 prisonniers allemands
43:42se sont rassemblés à Marseille dans des camps
43:44comme celui de Sainte-Marthe.
43:51L'arrêtition de Marseille, c'est le 28,
43:53le dépôt d'armes se fait dans les deux villes en même temps.
43:56On pensait que Toulon tomberait à J-20.
43:59On est 7 jours... Toulon tombe 7 jours avant.
44:02Marseille tombe en même temps que Toulon.
44:04On pensait que c'était J-40.
44:06Enfin, bref, les délais sont pulvérisés.
44:10Et ce grand départ vers l'avenir commence par une apothéose.
44:14En présence des chefs victorieux
44:15qu'accompagne M. Pietelme, ministre de la Guerre,
44:18nos forces armées, au cours d'une grandiose manifestation,
44:22parachèvent la libération en libérant les coeurs.
44:25Le patriotisme refoulé pendant les années sombres de l'oppression
44:28éclate dans une ovation interminable.
44:40Tout Marseille acclame le chef de la 1re armée,
44:43le général de l'Artre de Tassigny,
44:45qui a libéré la ville 30 jours avant la date prévue.
44:48Le général de Montsaber, dont la ville est rapide manœuvre,
44:51a évité qu'elle fût endommagée et qui est nommé citoyen d'honneur.
44:59Pour Marseille, c'est Montsaber
45:01qui est resté une figure absolument emblématique
45:04de la libération de Marseille.
45:06Si vous allez à Notre-Dame-de-la-Garde,
45:08vous verrez tous les ex-votos qu'a fait M. Montsaber
45:12ou qui parlent de Montsaber et des troupes de libération.
45:20D'ailleurs, l'une des 1res initiatives de Montsaber,
45:23c'est de faire donner une messe à Notre-Dame-de-la-Garde.
45:26Vous savez, il était très catholique, très religieux.
45:39Dans un incomparable paysage,
45:41une foule recueillie assiste au télé-homme.
45:44L'office divin se déroule en présence des généraux de Montsaber,
45:47Guillaume et Besançon.
45:50Et de Montsaber, vous savez qu'à Notre-Dame-de-la-Garde,
45:53il y a de grandes plaques qui indiquent
45:55que ce n'est pas nous qui avons sauvé Marseille, c'est elle.
46:12La libération de Marseille, ça veut dire qu'on a un port à eau profonde
46:16qui va permettre le débarquement des troupes alliées, du matériel,
46:20et qui va permettre aux troupes de libération
46:23de remonter la vallée du Rhône très rapidement
46:26pour rejoindre les troupes de Normandie.
46:35La campagne de la vallée du Rhône a rebranchi,
46:39comme on dit, le blason de la France.
46:42C'est évident.
46:44Tous les gens, en particulier les Allemands,
46:47en sont absolument persuadés.
46:50La jonction entre l'armée de Normandie et celle de Provence
46:53s'effectue le 12 septembre 1944 au nord de Dijon.
46:57Conformément aux objectifs initiaux,
47:00Overlord a rejoint Dragoon,
47:02prenant l'armée allemande en tenaille.
47:05Cette jonction des troupes débarquées en Normandie
47:08et en Marseille joue un rôle absolument essentiel.
47:11Elles prennent les troupes allemandes en étau.
47:14D'abord coupent la France,
47:16les troupes dans le sud-ouest, c'est terminé.
47:19Beaucoup se sont repliées.
47:21Et puis ça permet aussi d'avancer vers l'Allemagne.
47:34Le port de Toulon peut commencer à fonctionner à la mi-septembre.
47:38Il y a les mines, qu'il faut nombreuses,
47:41qui ont été mouillées, évidemment.
47:44Il y a les épaves du sabordage,
47:46une partie d'entre elles sont toujours là,
47:49parce que les Allemands s'en sont servis pour certaines
47:53pour boucher les passes.
47:55La marine résistante, la force française navale libre,
47:59fait son entrée le 13 septembre,
48:01deux jours avant la venue du général de Gaulle à Toulon.
48:05Le 13 septembre, quand on est rentrés avec toute la flotte,
48:09on est rentrés à midi, il pleuvait.
48:12C'était triste, horriblement triste.
48:15Vous savez, on ne sort pas de périodes catastrophiques
48:19comme ça, avec la fleur au chapeau,
48:22en disant, ça y est, on les a tous tués.
48:25Bien sûr, les gens étaient contents,
48:29mais bon, c'était bien comme ça, quoi.
48:35Le port de Marseille est plus difficilement remis en état,
48:39mais on l'utilise beaucoup pour debout.
48:42Mais la remise en état se fait dans les semaines
48:46qui suivent la libération et qui permettent d'alimenter
48:50une très grosse base américaine, la Delta Base,
48:53qui est installée à plan de campagne,
48:56où il y a aujourd'hui une zone commerciale.
48:59C'est l'une des grandes Delta Bases américaines
49:02qui sert à l'approvisionnement des forces américaines en Europe.
49:10Donc le débarquement méditerranéen a joué un rôle
49:13sur le plan de la libération de la France incontestable,
49:16sur le plan de la libération de l'Europe également,
49:19et puis ne serait-ce que parce qu'il a permis
49:22l'approvisionnement des armées américaines,
49:25ce qui n'est pas rien.
49:27Pour nous Français, c'est un peu un point de vue différent.
49:30La politique du monde, c'est une chose,
49:32mais nous, on était chez nous, là, devant notre porte.
49:36Et il s'est trouvé que, pour nous,
49:39ça a été une nouvelle flambée extraordinaire.
49:44Et avec le recul, sans viser personne,
49:48je crois que c'est ce qu'a vraiment assis le général de Gaulle.
49:52C'est l'un des atouts que va utiliser brillamment de Gaulle
49:57pour faire en sorte que le pays vaincu en 1940
50:02se retrouve à la table des vainqueurs le 8 mai 1945.
50:07Et s'il y a une victoire de De Gaulle,
50:10alors c'est bien celle-là, car ça, c'était pas acquis.
50:14Et c'est de l'âtre qui ratifie, au nom de la France,
50:17la capitulation allemande le 8 mai 1945 à Berlin.
50:21A travers le récit de cette épopée,
50:23souvent minorée, voire oubliée par la mémoire nationale,
50:26nous rendons hommage à tous ceux qui se sont battus en Provence
50:30en 1944 pour la libération de l'Europe
50:33et pour notre liberté.
50:36Mais on est en Provence,
50:38donc est-ce que le pays des cigales
50:41se prête à des opérations aussi spectaculaires ?