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Suppression de postes, fermetures de magasins : après Casino, c'est au tour d'Auchan de se retrouver dans la tourmente. Mais comment expliquer cette crise de la grande distribution ? L'inflation est-elle la seule raison de ce désamour des français pour les hypermarchés ? L'analyse de Yannick Franc, Associé Conseil en charge du secteur Retail pour Deloitte France.
Le monde de la grande distribution encaisse le choc et se mobilise pour éviter l'effet domino. Reportage chez Lidl et Monoprix qui multiplient les initiatives pour séduire les consommateurs
Enfin certaines enseignes semblent épargnées par la crise. C'est le cas de Coopérative U. Son patron, Dominique Schelcher nous raconte les clés de son succès. Année de Production :

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00:00Leader des services d'essai, d'inspection et de certification qui aident ses clients à relever les défis de qualité, de santé, de sécurité et de durabilité.
00:07Bureau Veritas. Bâtir un monde de confiance.
00:30Bonjour, bienvenue dans Pourvu que ça dure, l'émission qui rend l'éco responsable sur Public Sénat.
00:43Aujourd'hui, on vous parle de la grande distribution, un secteur qui est dans la tourmente.
00:47Entre baisse du pouvoir d'achat et évolution des modes de consommation, les grandes surfaces ont moins la cote.
00:52Mais l'inflation est-elle la seule raison de ce désamour ?
00:55Des Français pour les hypermarchés répondent dans quelques instants.
00:58En pleine restructuration du groupe Casino, le monde de la grande distribution encaisse le choc et se mobilise pour éviter l'effet domino.
01:04Reportage, vous le verrez, chez Lidl et Monoprix, qui multiplient les initiatives pour séduire les consommateurs.
01:09Enfin, certaines enseignes semblent épargnées par la crise.
01:12C'est le cas notamment de Sistemu, nouvellement baptisé Cooperativu.
01:16Son président, Dominique Schellscher, nous racontera les clés de son succès.
01:21Comment expliquer ce désamour des Français pour les hypermarchés ? Réponse avec vous, Yannick Franck, bonjour.
01:26Bonjour.
01:27C'est associé conseil en charge du secteur retail pour Deloitte France.
01:30La grande distribution n'est pas en grande forme, c'est le moins qu'on puisse dire.
01:33L'actualité récente nous l'a montré avec la fin de Casino.
01:37On a le sentiment quand même qu'en cet automne, ça ne s'arrange pas,
01:40avec des consommateurs qui continuent de bouder les produits de la grande distribution, de la grande consommation.
01:46Est-ce qu'on peut dire qu'on est entrés de manière un peu durable dans une phase de déconsommation des Français dans la grande distribution ?
01:55Ce qui est sûr, c'est que le marché français de la distribution est un marché mature.
01:59Et qu'est-ce que ça veut dire un marché mature en période où l'inflation est là ?
02:03Le chiffre d'affaires a monté sur les deux dernières années, mais en nombre de produits achetés, ça a baissé.
02:09C'est plutôt ça aujourd'hui.
02:11Le chiffre d'affaires a monté parce que les prix ont monté.
02:13Bien sûr, parce que les prix de chaque produit ont monté.
02:14Les quantités, elles, ont baissé.
02:15Exactement.
02:16D'où la question sur la déconsommation.
02:17Exactement.
02:18Et cette déconsommation, c'est surtout un sujet d'arbitrage budgétaire pour les ménages.
02:22Je reviens sur ce point-clé.
02:23Le portefeuille des ménages, s'ils ont 100 euros à dépenser pour leurs courses, pour leurs dépenses, ils ont 100 euros à dépenser.
02:31Ils continuent à dépenser exactement la même chose.
02:33Donc, il n'y a pas de baisse.
02:34Par contre, les gens consomment un petit peu moins et consomment différemment.
02:38Justement, quels sont les produits qui s'en sortent mieux et, au contraire, les produits qui sont, on va dire, boudés par les consommateurs ?
02:46On a vu énormément les marques distributeurs qui sont des produits qui, à produits relativement équivalents, sont 20 à 30 % moins chers qu'un produit d'une grande marque nationale,
02:56qui ont énormément augmenté sur les deux dernières années.
02:59Et puis, il y a également les produits, entre guillemets, de première nécessité en termes d'alimentation qui ont augmenté fortement.
03:07Et là-dessus, peut-être un chiffre, puisque nous, on a étudié dernièrement ce qu'on a demandé aux consommateurs,
03:12qu'est-ce qui était pour eux le bien manger ?
03:14On s'est rendu compte que le bien manger, ça signifiait, pour la majorité des Français, manger.
03:19Et quand on leur demandait quelles marques représentaient le mieux le bien manger ?
03:23Et alors ?
03:24Une marque de pâtes.
03:25Ah oui, c'est en dislant quand même.
03:27C'est en dislant sur, effectivement, comment le consommateur aujourd'hui perçoit et comment il arbitre.
03:32Il arbitre en termes d'alimentation des produits frais, de la viande, du poisson, des légumes.
03:36C'est ça la réalité aujourd'hui ?
03:38Et c'est la réalité de la majorité des gens aujourd'hui en France.
03:41Après, on voit bien, les Français continuent de faire des sacrifices, rognent, encore une fois, sur certains produits,
03:46arbitrent entre les produits.
03:48Pourtant, l'inflation alimentaire, le gros de l'inflation est derrière nous, elle se calme.
03:52On a les chiffres en hausse de 0,5% sur un an.
03:55On a connu plus de 20%, j'ai plus les chiffres en tête, sur deux ou trois ans.
04:00Comment on explique que ça n'ait pas d'impact sur les ventes ?
04:03Est-ce que les ménages, comme ça aujourd'hui, ne ressentent pas encore ce tassement de l'inflation alimentaire,
04:09qui pourtant se voit dans les chiffres ?
04:12Qui dit inflation de 0,5%, ne dit pas une déflation.
04:16En fait, sur les deux dernières années, ça a pris 15 à 20%, simplement.
04:20Ces 15 à 20%, ils sont là.
04:22Donc, le budget des ménages, il est le même, mais les produits ont augmenté de 15 à 20%.
04:26Ça ne va plus, mais ça ne baisse pas.
04:27Exactement.
04:28D'ailleurs, les prix qui resteront a priori là où ils sont, on ne reviendra pas à la période pré-crise inflationniste.
04:34Enfin, je parle sur votre contrôle, mais a priori...
04:36Oui, c'est sûr.
04:37On ne reviendra pas aux prix d'il y a deux ou trois ans.
04:39Donc, les Français doivent se faire une raison, de le dire comme ça.
04:42Il y a des arbitrages budgétaires à faire sur l'alimentation, mais pas que sur l'alimentation.
04:46Après, avant la crise inflationniste et hors période Covid, bien sûr,
04:50les Français avaient déjà commencé un peu à bouder certains rayons des hypermarchés.
04:54Là, je parle des hypermarchés.
04:55Est-ce qu'il n'y a pas aussi quelque chose de structurel là-dedans ?
04:58Avoir un modèle de hypermarché tel qu'on le connaît depuis les années 60, qui peut-être, d'ailleurs, a fait son temps.
05:03Alors, le modèle des années 60, il a fait son temps.
05:06De là à dire que tous les hypermarchés ont fait leur temps,
05:10je pense que ce n'est pas une bonne analyse et c'est un résumé simpliste.
05:15En fait, certains hypermarchés ne conviennent plus aux modes de consommation actuels et aux clients actuels.
05:21Mais ça reste un format qui plaît à bon nombre de consommateurs.
05:27Et quand je dis les très grands hyper, ça peut être simple,
05:29les hypermarchés qui font plus de 10, 11 000 m²,
05:32ceux-là ne correspondent plus aux attentes des consommateurs.
05:35Et pour deux raisons, souvent.
05:37L'expérience n'est pas forcément au niveau parce que les magasins n'ont pas été suffisamment rénovés.
05:43Et puis, parfois, parce que les prix dans ces magasins,
05:47c'était la promesse de l'hyper dans les années 60, 70, c'était le prix bas, n'est plus respecté.
05:52Parce qu'il y a des magasins de plus petites surfaces qui font 6, 7 000 m²,
05:56qui sont toujours des hypermarchés, mais des plus petits hypermarchés.
05:59Les hypermarchés sociaux sont beaucoup plus agressifs en prix,
06:01avec un positionnement prix où le consommateur s'y retrouve.
06:04Certains experts disent que c'est un petit peu la fin du modèle généraliste des hypermarchés
06:08qui s'adressent à tout le monde, à toutes les catégories sociales,
06:11et que finalement, ceux qui ciblent leur clientèle aujourd'hui s'en sortent mieux.
06:15C'est vrai ou pas ça ?
06:17Oui, sur le principe oui, plus vous ciblez, plus vous avez de chances de répondre à vos clients.
06:21Et bien répondre aux clients.
06:23Moi, je crois beaucoup à un ciblage,
06:25parce que les hypermarchés touchent toutes les catégories socioprofessionnelles quand même en France.
06:29C'est évident.
06:31Par contre, localement, ceux qui fonctionnent le mieux aujourd'hui sont les magasins.
06:35C'est les magasins où, justement, l'offre au niveau local est très adaptée.
06:39Et on va au-delà de mettre plus de bière dans le nord et plus de rosé dans le sud,
06:43c'est un peu un cliché, on n'est plus là-dessus.
06:45On tient compte effectivement de mes concurrents,
06:48de ma clientèle de manière beaucoup plus fine,
06:50et de l'habitude de consommation, ce qu'ils aiment, ce qu'ils n'aiment pas.
06:53Donc, on adapte beaucoup plus les assortiments.
06:56Après aussi, pour s'en sortir,
06:58les hyper doivent tenir une promesse prix qui est très forte.
07:02Des prix bas, mais aussi des prix attractifs.
07:04Ce n'est pas toujours le prix le plus bas, c'est la bonne affaire.
07:07Le bon rapport qualité prix.
07:09La notion de bonne affaire aujourd'hui touche toutes les catégories socioprofessionnelles.
07:12Tout le monde veut faire une bonne affaire.
07:14Même quand on a les moyens.
07:16Oui, parce qu'en fait, ce n'est pas le consommateur.
07:20Moi, je parle plutôt de bipolarisation de la consommation.
07:23C'est-à-dire que, quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle,
07:26on a envie de faire des bonnes affaires, d'acheter à prix bas certains produits.
07:29Et puis à d'autres, si on peut,
07:31on va être capable d'aller s'acheter des produits un petit peu plus plaisir,
07:34un tout petit peu plus cher, et on le fera.
07:36Et tous les consommateurs le font.
07:38Après, il y a beaucoup de Français qui disent vouloir faire leurs courses différemment.
07:41Vous l'avez dit indirectement,
07:44qu'ils en ont un petit peu marre d'avoir tous ces mètres carrés devant eux.
07:48Donc, il faut revoir aussi le périmètre, la taille, ce qu'on y trouve.
07:53C'est pour ça que certains hyper répondent à un besoin,
07:57parce qu'ils se sont un peu réinventés, rénovés.
08:00Je vais prendre quelques exemples, peut-être pour être concret.
08:02On a vu fleurir dans les supermarchés,
08:06tout ce qui tourne autour de la restauration.
08:08Vous avez vu les stands de sushis,
08:09vous avez vu les produits, les fruits et légumes pré-découpés.
08:13Vous avez des pizzas emportées avec un four,
08:16et vous rentrez dans le magasin, ça éveille l'essence.
08:19Il y a eu énormément de choses qui ont été faites là-dessus.
08:21On a valorisé les rayons fruits et légumes,
08:23les rayons boucheries, charcuteries, etc.
08:26Et ça, ça donne envie aux consommateurs d'y aller.
08:29Et ça, c'est un vrai renouveau pour les hyper.
08:33Donc, il faut savoir se réinventer.
08:35Ceux qui ne le feront pas, déjà aujourd'hui,
08:38ce casse la figure de le dire comme ça,
08:39mais aujourd'hui, on a des grandes enseignes qui sont en grande difficulté.
08:42Oui, alors, vous avez tout à fait raison.
08:45Le sujet, c'est avant tout le prix.
08:48Et je reviens à mon point de départ,
08:50puisque si on regarde un petit peu le positionnement prix des enseignes,
08:52quelles sont celles qui, aujourd'hui,
08:54se portent le mieux ou ont une croissance la plus forte ?
08:57Ce sont les enseignes avec des positionnements prix plutôt agressifs.
09:00Le consommateur sait, en tout cas dans sa tête,
09:04se dit qu'il va trouver des produits à prix bas
09:07et avec un bon rapport qualité-prix.
09:09Et donc, on peut, aujourd'hui, vous l'avez posé avant la question,
09:11on peut vraiment à la fois proposer des prix bas
09:14et une expérience de qualité.
09:15C'est possible, ça ?
09:18Je ne sais pas si c'est possible, mais c'est obligatoire.
09:21Et il y en a qui y arrivent.
09:23Il y a certains acteurs qui sont aujourd'hui...
09:25Donc, la conclusion, c'est que ce n'est pas du tout la mort de l'hypermarché,
09:30en tout cas, parce que...
09:31Vous avez raison, vous avez parlé de l'e-commerce.
09:33Il y a des propositions alternatives qui sont concurrentielles
09:35pour la grande distribution.
09:36Elle a encore, encore une fois, de belles heures devant elle,
09:38mais elle devra se réinventer.
09:40Encore une fois, pour s'adapter au nouveau mode de consommation,
09:42au nouveau défi, la grande distribution.
09:44Mais la grande distribution se réinvente de manière perpétuelle.
09:47Moi, j'ai l'impression qu'à chaque fois que je vais visiter un magasin,
09:49il se passe quelque chose dans le magasin.
09:51Il y a des choses nouvelles.
09:52Et on parlait du e-commerce.
09:53La grande distribution française a quand même créé un modèle atypique.
09:57Ça n'existe quasi pas ailleurs ou très peu.
09:59C'est le modèle drive sur l'alimentaire.
10:02On n'en a pas parlé, vous avez raison.
10:03Qui, en France, représente quand même 10% aujourd'hui du marché.
10:07C'est colossal.
10:08Et ça, c'est bien la grande distribution qui l'a inventée.
10:12C'est son modèle.
10:13Allez, merci Yannick Franck, associé conseiller en charge du secteur retail
10:17pour Deloitte France.
10:18Merci à vous.
10:19Merci.
10:20Alors, on continue de parler de la grande distribution,
10:21contrainte de se réinventer pour répondre aux nouveaux défis de notre époque.
10:24Reportage chez deux acteurs qui n'ont pas dit leur dernier mot.
10:27Monoprix et Lidl.
10:29Reportage signé Manuel Lagre.
10:31Inflation, hausse des coûts des matières premières.
10:33Consommateurs en quête de pouvoir d'achat.
10:36On fait un peu plus attention.
10:38Le fromage, on en achète un peu moins.
10:40Le bœuf, ça devient l'exception.
10:42Et puis, voilà, le porc, le poulet.
10:45Le secteur de la grande distribution vacille,
10:48à l'image des 400 magasins casinos qui tirent leur rideau.
10:52Casino, on est typiquement dans les dérives que peuvent avoir le commerce
10:56de ces dernières années, c'est-à-dire des magasins
10:58qui ne se sont pas modernisés, manque d'investissement dans l'outil de travail
11:02et en plus avec des prix qui sont devenus assez hallucinants
11:06de temps en temps par rapport à la concurrence.
11:08Donc, les consommateurs l'ont bien vu
11:10et les consommateurs ont déserté certains de ces magasins.
11:13De plus, Casino regroupe de nombreuses enseignes
11:16comme Franprix, Lidl Price ou encore Monoprix.
11:19Alors, pour éviter que la crise ne se propage,
11:22certaines enseignes du groupe réagissent.
11:25À Paris, au cœur du quartier latin, Monoprix contre-attaque.
11:30Sur le Made in France, là, il faut remettre les petits drapeaux.
11:33L'enseigne, largement présente en zone urbaine,
11:36veut se réinventer en misant sur l'esthétisme et l'expérience client.
11:41On arrive et on rentre par la boulangerie.
11:44Là, vous ne pouvez pas sentir, mais il y a des bonnes odeurs de pain.
11:47Et avant d'aller dans l'épicerie, on passe par un univers
11:52qui est vraiment très typique de l'enseigne Monoprix, c'est le maquillage.
11:57Le client doit obligatoirement passer par le maquillage,
12:00puis le rayon hygiène et enfin la cave à vin pour atteindre l'épicerie.
12:05Ce parcours soigneusement pensé, vous l'avez déjà vu chez IKEA.
12:09Une technique venue tout droit des Etats-Unis.
12:12Objectif, guider le consommateur à travers des rayons
12:15qu'il n'avait pas prévu de visiter pour maximiser les achats.
12:18Toutefois, l'ambition n'est pas d'uniformiser tous les magasins,
12:22mais de s'adapter aux spécificités locales.
12:25Ici, on est dans un quartier où, grosso modo,
12:27on retrouve 30% de ce qu'on appelle des CSP+,
12:3130% d'étudiants et 30% de personnes seniors.
12:35Et on offre ici des sandwiches, une offre traiteur.
12:39C'est une véritable offre de restauration avec des prix
12:43et des menus qui sont adaptés à ce type de bourse.
12:46Une boucherie installée dans le Monoprix pour pallier au manque dans le quartier
12:50et un rayon souvenir pour les touristes venus visiter Notre-Dame
12:54à quelques pas du magasin.
12:56Une transformation coûteuse qui doit impérativement s'accompagner
12:59d'une augmentation des ventes de 20%.
13:02Mais la rénovation ne fait pas tout.
13:04Les enseignes doivent aussi s'adapter
13:06aux changements de comportement de leurs clients.
13:09Ils vont chez Action, plus de 600 magasins.
13:11Ils vont chez Amazon. Ils vont chez les enseignes spécialisées.
13:15Donc, on assiste à une fragmentation des courses.
13:17Le consommateur est de plus en plus réactif
13:20et, on va dire, picore dans tous les formats de distribution.
13:23C'est tout le secteur de la grande distribution qui pâtit de cette crise
13:26et le hard discount n'a pas été épargné.
13:29Hardy, Lidl, ils ont augmenté leurs prix.
13:32Pour moi, ils ont répercuté l'inflation.
13:35Alors, comment ces enseignes à petit prix
13:37tentent-elles de reconquérir leur public ?
13:40Donc, on a mis en place une nouvelle stratégie de communication
13:44et on a mis en place des choses en magasin pour les attirer sur les prix.
13:47En France, il y a trois niveaux, si vous voulez.
13:50Il y a les marques nationales, il y a les marques de distributeurs
13:52et il y a les marques premier prix.
13:54Lidl France n'a jamais fait de marque premier prix.
13:57On a lancé une gamme de premier prix, 300 produits,
14:00où le prix est imbattable sur des produits de première nécessité.
14:05Pour optimiser ses chances et relancer sa croissance,
14:08Lidl prévoit de construire 50 nouveaux magasins dans les prochains mois.
14:16Certaines enseignes comptent bien s'imposer
14:18dans ce secteur ultra-concurrentiel de la grande distribution.
14:21C'est le cas de Système U, nouvellement baptisé Coopérative U.
14:24Bonjour Dominique Schettcher.
14:25Bonjour.
14:26Merci d'être avec nous sur Public Système, d'être le PDG de Coopérative U.
14:29Quel regard vous portez sur ce désamour des Français pour certains hypermarchés,
14:34hypermarchés qu'ils ont tant aimés par le passé ?
14:37Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ?
14:39Le modèle s'est banalisé, les Français s'en attendent d'autres choses ?
14:44Les modes de vie ont changé.
14:46Revenons à l'histoire.
14:47L'hypermarché s'est développé quand ?
14:49Le supermarché dans les années 1960,
14:51quand les gens s'équipaient de voitures,
14:53quand ces grands centres commerciaux se sont implantés en périphérie de villes.
14:58Il y avait toute une ambiance, toute une atmosphère.
15:01C'était l'expédition, c'était la sortie, l'utilisation de la voiture.
15:05Tout ça s'est évidemment fini, ça s'est banalisé.
15:08Au contraire, il y a maintenant toute une nouvelle génération de jeunes
15:11qui ne veulent même plus faire le permis, qui n'ont plus la voiture.
15:15Face à ce premier changement-là,
15:18face au développement du commerce en cœur de ville,
15:20aujourd'hui, un consommateur est capable de tout acheter
15:23dans un petit magasin de proximité.
15:25Effectivement, il y a une désaffection pour le grand hypermarché de périphérie
15:30parce qu'on se gare, il faut mettre un quart d'heure
15:34pour aller jusqu'à l'entrée du magasin.
15:36Tout ça est très anonyme, très grand à l'intérieur.
15:39Les gens n'ont plus envie de ça,
15:40ils ont envie de relations humaines et de proximité.
15:43Est-ce que c'est vrai que les gens veulent faire leur course moins loin
15:46et plus souvent ? C'est vrai, ça ?
15:48C'est assez vrai, particulièrement pendant la crise inflationniste
15:51qu'on est en train de traverser, pour différentes raisons.
15:55Déjà, en ville, c'est de toute façon courant de ne pas stocker.
15:58Ça, c'est un point.
15:59Et puis après, il y a une dimension.
16:02Venir plus souvent, c'est profiter plus souvent des bonnes promotions.
16:05Ça, c'est important en ce moment quand on a des problèmes de pouvoir d'achat.
16:09Et il y a une autre dimension qui s'est fortement développée,
16:11c'est la lutte contre le gaspillage.
16:13Plus moins souvent vous y allez, plus vous stockez,
16:17plus votre frigo est plein, plus il y a des risques de jeter.
16:20Les gens ne veulent plus jeter aujourd'hui.
16:22Ils veulent être au plus près,
16:23donc ils achètent leurs produits frais plus souvent.
16:25C'est tout à fait une tendance qui se conforte dans le temps.
16:28Autant il y a des hypermarchés qui sont en grande difficulté,
16:30autant il y a d'autres enseignes, d'autres hyper comme Leclerc,
16:33comme aussi Systemu, Cooperativu, qui s'en sortent bien.
16:37Et pourtant, ce sont aussi des hyper, donc des mastodontes.
16:40Donc ce n'est pas juste une histoire de mètres carrés.
16:42Vous avez raison.
16:43Alors pourquoi chez nous particulièrement,
16:45moi je ne vais pas vous parler de Cooperativu,
16:47nos hyper sont à taille humaine.
16:49Ça veut dire qu'on connaît encore le patron très souvent,
16:52le patron indépendant du site,
16:54et notre taille moyenne, c'est 6 000 mètres carrés.
16:57Donc on est loin des 15 000 ou 20 000
16:59qui sont vraiment l'objet de désaffection.
17:02Ça, c'est clair.
17:03Mais après, il y a évidemment d'autres caractéristiques.
17:06C'est que nous, ou mes confrères de Leclerc,
17:09on n'a jamais arrêté d'investir dans nos magasins,
17:12de les moderniser.
17:14Il y a peut-être aussi d'autres grands hyper,
17:16je ne vais pas citer d'enseignes,
17:18mais qui ont parfois oublié de réinvestir,
17:20de moderniser, de rénover le rayon poisson,
17:23la charcuterie, etc.
17:24Celles qui sont en difficulté aujourd'hui.
17:26Exactement.
17:27Et donc à un moment, le client ne le dit pas forcément.
17:29À un moment, quand il voit plus moderne ailleurs,
17:32il change son comportement d'achat,
17:35il va vers ceux qui répondent vraiment à ses besoins,
17:39à sa qualité d'accueil, etc.
17:42Et même ceux qui se portent bien, comme vous,
17:44voient leur vente décliner en volume ou pas ?
17:48Alors non.
17:49Sur un marché, vous avez raison,
17:50sur un marché qui décline en volume
17:52depuis le début de l'année,
17:53depuis le 1er janvier 2024,
17:55U fait partie des quelques enseignes qui se portent bien.
17:59Nous, on continue à progresser en volume.
18:01Donc c'est la preuve, en fait,
18:02que notre concept commercial,
18:04que nos investissements, notre modernisation
18:06et surtout notre offre,
18:07parce que c'est beaucoup l'offre qui fait la différence,
18:10au bon prix, bien sûr, au bon prix,
18:14quand tout ça est réuni, ça rencontre le succès des clients.
18:17Parce qu'il faut aussi dire que
18:19si on se compare à certaines chaînes
18:21auxquelles vous avez fait allusion
18:23qui ont un peu de désaffection,
18:25pourquoi il y avait de la désaffection ?
18:26J'ai dit casino, j'ai dit Auchan.
18:28À un moment, l'écart de prix était trop grand.
18:30Il y avait un écart de 1 à 20
18:32entre un de nos magasins et un de ces magasins.
18:34Et donc, à un moment,
18:35le client dit non tout simplement à ça aussi.
18:37Donc, ce qui fait la différence
18:39entre Cessez-ce en hypermarché qui se porte bien et les autres,
18:42c'est le fait d'être indépendant
18:44parce qu'avoir une organisation qui est décentralisée,
18:48où c'est le terrain qui choisit et non pas la maison mère,
18:51c'est ça qui fait la différence ?
18:53Enfin, le siège, je veux dire, le siège en fait.
18:55La clé que moi, je constate, c'est celle-là.
18:57Vous avez raison, c'est l'indépendance.
18:59C'est les trois coopératives de commerçants indépendants,
19:01Leclerc, Intermarché et nous,
19:03qui performons sur le marché
19:05parce que le patron est indépendant,
19:07parce qu'il adapte l'offre à sa clientèle.
19:09Il ne dépend pas du siège.
19:11Il a chez nous 20% d'offres qui est locales, régionales.
19:15Les petits producteurs, ça, ça fait la différence aussi.
19:19Et puis, encore une fois, il a renouvelé en permanence.
19:23Et puis, il y a une équipe à taille humaine.
19:25Et ça, si vous voulez, ça n'a pas de prix.
19:27Quand les gens nous le reconnaissent,
19:29nous le disent dans les études,
19:31nous le disent, on sent chez vous une pâte humaine différente.
19:33Chez nous, on connaît le boucher, on connaît l'hôtesse de caisse.
19:35Et voilà.
19:37Et donc ça, ça continue à fonctionner sur le marché.
19:39Mais c'est un travail de tous les jours.
19:41Vous-même, d'ailleurs, il faut le dire,
19:43vous êtes président de Cooperativu,
19:45mais vous êtes aussi le patron d'un hyper...
19:47C'est un super.
19:49Un super, à Fessenheim, c'est ça ?
19:51Exactement, dans la campagne alsacienne.
19:53Et donc, ça change tout.
19:55Et ça change tout.
19:57Je suis au contact de mes clients,
19:59de mes collaborateurs.
20:01Et voilà, je ressens les choses.
20:03Et quand je reviens à notre siège à Rungis,
20:05ça change tout au niveau du magasin lui-même,
20:07mais ça change tout au niveau des décisions
20:09de l'ensemble, de la coopérative.
20:11Parce que quand on revient,
20:13quand je reviens avec mes collègues le lundi,
20:15nos décisions, on les prend en connaissance
20:17de ce qu'on appelle chez nous le carrelage.
20:19Voilà, c'est ça qui fait la différence.
20:21Il y a de plus en plus aujourd'hui de canaux
20:23qui permettent aux consommateurs d'acheter à manger.
20:25Il y a le e-commerce, la livraison à domicile.
20:27Est-ce que c'est vrai que les gens ne veulent plus,
20:29parfois sans kikiner,
20:31aller dans les rayons pour s'acheter à manger ?
20:33C'est ça aussi la réalité ?
20:35C'est une nouvelle réalité.
20:37Vous avez raison aussi.
20:39C'est un truc de citadins ça ?
20:41Plus tellement. On en parlait en Réunion
20:43avant que je vous rejoigne tout à l'heure.
20:45J'ai un chiffre tout frais là.
20:478% de la consommation des produits
20:49de grande consommation, donc vraiment
20:51les produits alimentaires de tous les jours,
20:53c'est dorénavant en ligne.
20:55C'est plus qu'on le pensait
20:57il y a quelque temps, c'est plus que pendant
20:59la période Covid et ça touche
21:01toutes les régions.
21:03Ça touche la ville depuis longtemps.
21:05Ça touche maintenant aussi la campagne.
21:07Il y a une vraie attente. Donc non, il y a
21:09une partie de la clientèle qui aime ce service
21:11qui n'a pas forcément envie de venir
21:13dans le magasin et ça se passe surtout
21:15à un moment très précis de la vie de la famille
21:17quand on a des jeunes enfants, on n'a pas le temps.
21:19On a 10 000
21:21choses à faire. Souvent, c'est cette période
21:23là où on utilise le drive de manière privilégiée.
21:25Face à cette concurrence
21:27multicanale,
21:29protéiforme, comment vous faites
21:31pour rester attractif
21:33pour le consommateur ?
21:35La clé du
21:37commerçant, c'est avant tout de
21:39proposer la bonne offre au bon prix au client.
21:41Ça, c'est la base. La bonne offre,
21:43c'est quoi ? Chez Eu, c'est le libre choix.
21:45Chez nous, vous aurez toujours un produit
21:47de grande marque, un produit de la marque
21:49Eu, un produit premier prix et
21:51aussi, et c'est vraiment notre ADN
21:53plus que tout, un produit
21:55de marque locale, si c'est possible, sur le créneau.
21:57Ce choix-là, il est important
21:59parce que les prix sont différents. Le client
22:01peut arbitrer en fonction de
22:03son pouvoir d'achat.
22:05Je l'ai dit, mais le prix est fondamental
22:07et aujourd'hui, Eu est performant
22:09en prix. Ce n'est pas forcément l'image
22:11qu'on a de manière générale, mais
22:13on est deuxième en prix. On pense à l'Eau Claire tous, évidemment.
22:15Hyper-Eau est deuxième
22:17en prix et Super-Eau est le
22:19supermarché le moins cher de France.
22:21Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les études.
22:23Mais on n'a pas l'image
22:25prix qui va avec. Et donc, pourquoi les gens
22:27sont chez nous ? Parce qu'ils trouvent les bons
22:29produits, c'est l'offre et parce que
22:31cette offre est au bon prix. Après,
22:33sur le bon prix, il y a aussi la concurrence des Hardisk
22:35Hunters. Est-ce qu'ils vous prennent des parts de marché ?
22:37On vient de voir Lidl dans le reportage.
22:39Je pense aussi à Action, qui est un nouvel
22:41entrant sur le marché. Est-ce que tout ça
22:43ne vous grignote pas de la laine sur le dos ?
22:45Les Hardisk Hunters
22:47alimentaires, pendant la crise inflationniste,
22:49ne sont pas tant sortis que ça.
22:51Tous les observateurs disaient au début
22:53qu'ils prendraient des parts de marché incroyables.
22:55Ce n'est pas le cas. Ils ont même
22:57plutôt patiné et ils cherchent à se renouveler.
22:59Par contre, l'autre catégorie,
23:01plutôt non alimentaire, que vous n'hésitez,
23:03se développe
23:05effectivement très vite
23:07avec un système de
23:09renouvellement très rapide
23:11de l'offre, mais avec
23:13d'autres inconvénients. C'est une offre
23:15très internationale, importée de
23:17l'étranger, à bas coût,
23:19avec sans doute une empreinte carbone
23:21très forte. Tout ça
23:23se complète. Nous,
23:25on est plutôt franco-français, avec de l'approvisionnement
23:27très français à 80%,
23:29par exemple, pour notre marque EU.
23:31Ce sont des choix différents et
23:33il faut de tout pour faire un monde du
23:35commerce, je dirais. Un petit mot de l'inflation
23:37alimentaire, Dominique Scheltcher.
23:39Le gros de la hausse est derrière nous.
23:41Aujourd'hui, les prix augmentent quasiment
23:43plus, mais ne baissent pas non plus.
23:45Sur le terrain, est-ce que
23:47les gens sont toujours obligés de se serrer la ceinture,
23:49d'arbitrer, d'acheter moins de poissons,
23:51moins de viande ? On en est toujours là ?
23:53On en est toujours là. Le pouvoir
23:55d'achat reste la première priorité des Français.
23:57C'était le cas pendant les élections. Ça n'a pas changé
23:59à la rentrée. Ils vont à l'essentiel.
24:01Il y a trois...
24:03Je l'ai encore revu également
24:05fin de semaine dernière.
24:07Il y a trois produits qui sont très arbitrés. Les
24:09produits d'alcool, de manière générale, c'est un peu
24:11cher. On se dit qu'on peut se passer de l'alcool.
24:13Les produits d'entretien, on n'en achète pas autant
24:15qu'avant. L'entretien de la maison
24:17ou de soie ? Non, l'entretien de la maison.
24:19L'entretien de la maison avant tout, mais un peu
24:21les produits de beauté aussi.
24:23Et puis, certains produits
24:25frais traditionnels, parce qu'ils sont plus chers dans
24:27le panier. Le
24:29fromage à la coupe, les fruits et légumes
24:31sont achetés un peu moins souvent par certains
24:33clients. Ce n'est pas général, mais
24:35certains clients. Donc oui, on est en plein
24:37des arbitrages. Et je pense
24:39qu'un, ça ne va pas changer tout de suite
24:41et deux, qu'il y a peut-être même des nouvelles habitudes
24:43qui sont en train d'être prises durablement.
24:45Pour celui ou celle qui veut acheter
24:47un bon poisson ou de la bonne viande, chez
24:49Système U, coopérative
24:51et je vais y arriver,
24:53vous apportez des solutions ou il n'y en a pas ?
24:55Bien sûr qu'il y a des solutions.
24:57Un des
24:59éléments de la qualité de notre
25:01offre, c'est les rayons frais traditionnels
25:03où on essaye, par exemple,
25:05la grande nouveauté qu'on fait depuis quelques
25:07semaines, c'est qu'on propose non plus
25:09des prix au kilo, mais des prix au 100g.
25:11Vous voyez, pour que ce soit plus
25:13accessible aux gens qui ont peut-être
25:15un pouvoir d'achat
25:17plus restreint. Donc un prix au 100g,
25:19ça c'est où on le teste. Donc on achète en plus
25:21petite quantité. Voilà. Mais le prix reste le même.
25:23Voilà. Mais on peut
25:25dire, on peut venir au rayon, voilà, je veux 300g.
25:27Mais voilà, c'est parfois
25:29plus attirant qu'un prix au kilo qui peut
25:31rebuter, faire peur
25:33à première abord.
25:35À quoi ressemblera l'hypermarché,
25:37le supermarché de demain ?
25:39Parce que toute crise
25:41pousse évidemment à se réinventer,
25:43c'est le tri, c'est par le bon grain de livret.
25:45À quoi ressemblera
25:47les courses de demain en hyper, en supermarché ?
25:49En résumé, je dirais que
25:51le supermarché réussi de demain,
25:53ce sera un lieu de vie.
25:55Un lieu de vie où
25:57les gens auront plus que jamais envie de se
25:59retrouver. Et c'est déjà le cas chez nous,
26:01par exemple, moi dans mon magasin, un samedi
26:03matin à 10h30. On a envie de se retrouver, vraiment.
26:05C'est l'endroit où les gens se retrouvent
26:07pour se croiser, discuter, boire
26:09un café. Pas 3h
26:11évidemment, mais ça fonctionne,
26:13c'est le plaisir dans le village. Pourquoi ?
26:15Parce que le bar, le dernier bar à
26:17Fessenheim a fermé
26:19ses portes. Donc avant, tous les gens qui
26:21étaient au comptoir le matin, ils sont
26:23à ma boulangerie le matin.
26:25Et c'est pour ça d'ailleurs, dans mon livre, j'avais écrit
26:27à un moment, le supermarché
26:29au XXIe siècle
26:31est le bar, le bistrot du
26:33XXe siècle. Et je suis totalement
26:35convaincu de ça. Donc le supermarché
26:37qui réussira demain, c'est
26:39un lieu de vie qui a la bonne offre, qui est
26:41moderne, qui propose aussi
26:43toute une panoplie de services, y compris
26:45la livraison,
26:47la commande en ligne, et éventuellement
26:49la livraison à la maison
26:51quand même.
26:53Voilà, toute une panoplie de
26:55produits et de services
26:57remis à jour en permanence
26:59et adaptés au plus
27:01près des attentes des consommateurs.
27:03Ça ne changera pas. Je parle de l'alimentaire,
27:05attention. Parce qu'évidemment, dans le
27:07non-alimentaire, c'est plus compliqué. Mais dans l'alimentaire,
27:09les gens auront toujours envie
27:11de voir le produit, de le toucher, de le
27:13sentir, de parler au boucher, d'avoir
27:15un conseil de cuisson, etc.
27:17Et c'est ça qu'on cultive chez nous. Allez, merci
27:19pour cet entretien avec vous, Dominique Elcher,
27:21le PDG de Coopérative U. Merci.
27:23Merci. Allez, c'est la fin de
27:25Pourvu que ça dure, l'émission qui rend les co-responsables.
27:27Émission tournée depuis l'atelier Covivio
27:29à Paris. Pourvu que ça dure, c'est aussi
27:31bien sûr du replay sur Public Sénat.
27:33Rendez-vous dans deux semaines.
27:35Musique
27:37Musique
27:39Musique
27:41Musique
27:43Musique
27:45Musique
27:47Musique
27:49Musique
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