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Chaque jour, nos invités opposent leur point de vue sur l'actualité politique. Ce vendredi, Pierre Rondeau, économiste du sport.
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Transcription
00:00 Europe 1 Matin.
00:02 Ah, les a voulues la France ces Jeux Olympiques.
00:05 Un candidat malheureux en 92, en 2008, en 2012.
00:08 Eh bien, Paris aura les Jeux l'an prochain.
00:10 Gio 2024, 100 ans pile après les derniers Jeux sur le sol français en 1924.
00:15 Quel beau symbole.
00:16 Mais alors, à 500 jours de la cérémonie d'ouverture,
00:19 où en est-on la France face aux défis olympiques ?
00:22 Au pluriel, c'est le Vendredi Thématique que vous propose la rédaction d'Europe 1
00:26 pour nous éclairer jusqu'à 9h.
00:28 C'est mon plaisir d'accueillir Pierre Rondeau.
00:30 Bonjour.
00:31 Bonjour.
00:32 Vous êtes spécialiste de l'économie du sport, le football en particulier.
00:34 Vous co-dirigez l'Observatoire Sport et Société à la Fondation Jean Jaurès.
00:38 Vous êtes aussi professeur à la Sport Management School.
00:41 J'ai presque fini le CV, puisque vous êtes aussi chroniqueur à Slate.
00:44 J'ai beaucoup de questions pour vous.
00:46 Pierre Rondeau va tâcher d'être le plus large possible, à défaut d'être exhaustif.
00:49 Alors, peut-être pour évaluer l'ampleur de cette tâche olympique.
00:52 Vous diriez, Père Rondeau, les Jeux c'est quoi ?
00:54 C'est titanesque, c'est herculéen, c'est infernal ?
00:56 Vous l'avez dit, ça fait 100 ans, ça fait un siècle que Paris n'appuie les Jeux olympiques.
01:01 C'est en 1924, forcément c'est titanesque.
01:03 C'est un peu plus long qu'entre deux réacteurs nucléaires.
01:05 Oui, on a perdu un petit avant-mère.
01:07 Le temps de transition est un peu plus long.
01:09 C'est la compétition sportive la plus regardée au monde.
01:12 On estime qu'il y aura entre 2 et 3 milliards de téléspectateurs.
01:15 Plus que la Coupe du Monde.
01:16 C'est plus que la Coupe du Monde.
01:17 Si vous voulez, dans l'ordre, la première c'est les Jeux olympiques, ça reste les Jeux olympiques d'été.
01:21 Il y aura entre 2 et 3 milliards de téléspectateurs, juste pour la cérémonie d'ouverture.
01:26 On pourrait y revenir parce que Paris a une très grande ambition à son sujet.
01:29 Il vient après la Coupe du Monde et le Tour de France aussi est une compétition très regardée.
01:34 Mais c'est vrai que les JO sont vraiment la plus grande compétition avec une très grande pression.
01:40 Beaucoup d'argent qui est en jeu aussi, tant pour l'organisateur que pour le CIO.
01:45 Et donc effectivement, Paris peut avoir la pression.
01:48 Alors peut-être pour se repérer dans tous ces acronymes, parce qu'il y a une architecture des jeux qui est assez complexe.
01:52 CIO, COJO, SOLIDEO, CNOSF, en bref Pierre Rondeau, qui fait quoi dans cette grosse machine olympique ?
02:00 Le CIO, le Comité international olympique, s'occupe de gérer les Jeux olympiques.
02:07 La marque, bien sûr.
02:08 Dans le rensemble, la marque olympique.
02:10 Une fois que le CIO a désigné, vous l'avez rappelé, Paris a candidaté plusieurs fois pour les Jeux olympiques,
02:14 pour l'organisation des Jeux olympiques.
02:16 Le CIO s'occupe de désigner le pays, la ville, qui va remporter cette candidature.
02:22 Une fois que la ville l'a remportée, la ville va créer ce qu'on va appeler le COJOP.
02:26 Et non pas le COJO, le COJOP, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques.
02:30 Sous tutelle du CIO, le COJOP s'occupe d'organiser l'événement olympique avant, pendant et après.
02:35 D'organiser les épreuves sportives, les sélections des arbitres des sportifs, de l'accueil, du tourisme.
02:40 Vraiment l'organisation.
02:42 Et vous avez à côté la SOLIDEO, la société, l'entité chargée de construire les infrastructures olympiques.
02:49 Là en l'occurrence, c'est les marchés publics, c'est toutes les constructions, en l'occurrence pour la ville de Paris.
02:55 Il y a trois éléments qui vont être construits, qui vont sortir de terre,
02:58 qui vont être durablement construits et pérennisés et réhabilités à post-télorie.
03:02 C'est le village olympique, le Media Center et le bassin aquatique à Saint-Denis.
03:05 - Alors il y a des grandes promesses qui ont été faites par la candidature de Paris en 2017.
03:10 Il y en a des nombreuses. Alors peut-être on va commencer par ce qui a fait l'actualité ces derniers jours,
03:14 la billetterie. Il y a cette promesse de faire des Jeux accessibles et populaires.
03:19 Hier soir, Tony Estanguet, le président du comité olympique, s'est félicité d'avoir écoulé 3 250 000 billets.
03:26 C'est beaucoup, c'est presque un tiers du budget de ces Jeux olympiques, un milliard et demi d'euros de billetterie.
03:32 Or il se trouve qu'il y a beaucoup de critiques sur cette billetterie.
03:34 Finalement, les billets à 24 euros, les premiers prix, on n'a pas accès à grand-chose.
03:39 - Qu'est-ce qui s'est passé autour de cette billetterie, Pierre Rondeau ?
03:42 - Déjà, si je fais le comparatif et si je pose les choses avec des faits précis
03:46 et taillés directement par la communication officielle, on est sur 1 million de billets à 24 euros,
03:52 50% des billets au total à moins de 50 euros et un prix moyen rapporté à l'inflation et au taux de change
04:00 comparativement à Londres en 2012, équivalent.
04:02 - Au jeu 10 ans en arrière. - Si je reprends les Jeux de Londres en 2012, on était à un ticket moyen à 60 livres.
04:09 Si je le rapporte à l'inflation et au taux de change, on est à 90 euros et on est aujourd'hui,
04:13 si j'en crois la communication officielle, à un prix moyen de 90 euros.
04:16 - Donc c'est pas si cher qu'on le dit. - Sauf que il faut savoir maîtriser la moyenne,
04:20 parce que ça c'est la communication. - La moyenne c'est personne, comment je l'ai dit ?
04:24 - Voilà, mais c'est le matin, donc je vais pas commencer à donner des termes mathématiques et statistiques,
04:28 mais on a aussi l'écart-type. Et effectivement, la moyenne est la même et équivalente à celle des Jeux de Londres,
04:33 sauf qu'à Londres, on n'avait pas 1 million de billets à moins de 24 livres, on en avait 3 millions.
04:38 Il y avait plus de billets moins chers. Donc pour avoir la même moyenne avec moins de billets moins chers,
04:43 à Paris, les billets chers sont beaucoup plus chers. C'est la communication officielle,
04:48 4,5% des billets coûtent plus de 200 euros. Sauf que les plus de 200 euros, c'est pas 201 euros.
04:54 Certains d'ailleurs ont pu témoigner, ça va de 600, 700, 800, 900 euros pour les billets 1ère catégorie.
05:03 Et quand vous avez à la fois, et là je rappelle comment ça s'est déroulé, un tirage de sort,
05:08 et une obligation d'acheter des packs et non pas des places individuelles...
05:11 - Ah oui, c'est 3 places pour 3 compétitions par personne minimum.
05:14 - C'est ça, vous avez l'obligation d'acheter au moins pour 3 épreuves. Et si vous dépensez pour l'athlétisme à 700 euros,
05:19 et en plus, je sais pas, le skate et l'escalade, vous vous retrouvez à devoir payer 1000, 2000, 3000 euros.
05:26 Pour 2, 3, 4, 5 personnes. Donc forcément, vous trouvez ça cher, alors que, voilà, si je reprends les chiffres,
05:32 90 euros, le prix moyen. Sauf que les billets chers aux Mosilleux de Paris sont très chers.
05:38 - Alors continuons à parler d'argent, Pierre Rondeau. Le budget prévu pour ces Jeux Olympiques, c'est 7 milliards d'euros.
05:44 Alors, avant de parler, je vais vous demander si ça va coûter plus cher. D'abord, qui paye ? Qui sort ces 7 milliards d'euros de sa poche ?
05:50 - Alors, pour être vraiment très pédagogue, on a le Cojop et la Solideo. Le Cojop a un budget de 3,9 milliards,
05:58 la Solido a un budget de 3,6 milliards.
06:00 - Donc on a les vidéos, on se rappelle, c'est les infrastructures, le Cojop, les épreuves.
06:04 - Exactement. La Solido a été essentiellement financée par les fonds privés. On va dire 1/2, 1/2.
06:09 1/2 fonds publics, l'Etat, les collectivités, la Ville de Paris et la région.
06:15 Et le Cojop est à 99% financé par des fonds privés. Fonds privés, c'est droits TV, apports du CEO, billetterie, marketing, merchandising.
06:23 Il y a un contrat olympique qui a été passé entre la Ville de Paris, entre le Parlement et le CEO,
06:28 qui stipule que quoi qu'il arrive, s'il y a dépassement budgétaire, ce sera au coût de l'Etat.
06:33 Là aujourd'hui, on est à 3,9 pour le Cojop et 3,6 pour la Solido.
06:39 S'il y a un dépassement qui devra avoir lieu, ça risquerait de dépasser, notamment la Cour des comptes prévoit qu'il y a un risque de dépassement
06:46 pour l'inflation et la sécurité et les retards des travaux. C'est l'Etat qui paye.
06:51 - Historiquement, le taux moyen de... - 167%.
06:54 - Le taux moyen de dépassement entre le budget ex-ante et le budget final, à 2,5 fois plus cher en général.
07:00 - Oui, 167% en moyenne. - Donc attendez, si vous me dites qu'on est à 7,5 milliards, si on fait 2,5 fois, ça nous fait du 18 milliards.
07:08 - Je pense que Paris ne va pas atteindre ce niveau. Sachez déjà que Paris, en 2017, quand on a acquis la candidature, on avait un budget prévisionnel de 6,8.
07:17 6,8 milliards. - Et on est à 7,5. - On est à 7,5 aujourd'hui.
07:20 Voilà, donc c'est pas grand-chose. Il y a deux éléments.
07:23 Premier élément, si les gens commencent à s'alarmer contre un risque de lever d'impôt s'il y a dépassement,
07:28 ce qui arrive quasiment à chaque fois, pensez notamment à Montréal en 1976.
07:32 Ils ont largement dépassé et explosé de budget. Ils ont levé un impôt pour financer la dette olympique.
07:37 Sachez que l'État a déjà budgétisé et prévisionné 3 milliards. Il y a déjà dans les caisses de l'État...
07:42 - Au cas où. - Au cas où. Dans le PLF 2022, donc en 2021, ils ont voté une réserve de 3 milliards où on pourra venir piocher en fonction.
07:50 Donc il y a 3 milliards de budgétisé. Maintenant, sur le dépassement, on est à 7,7.
07:54 Ça peut encore augmenter. Il y a l'inflation. La Cour des comptes estime que juste sur l'inflation, ça pourrait coûter 150 millions d'euros en plus.
08:01 Vous avez la sécurité. La sécurité, aujourd'hui, on est à 250 millions d'euros de budget.
08:05 La Cour des comptes demande qu'elle soit à minima doublée. Londres 2012, ça a coûté 1,2 milliard.
08:11 Donc là, c'est pas doublé, c'est quasiment quadruplé.
08:15 - Ah oui, d'accord. - Donc il y a aussi un risque.
08:17 Et notamment au niveau de la cérémonie d'ouverture, tous les syndicats de police alertent sur le risque sécuritaire.
08:24 600 000 personnes le long de la Seine, il faudra mettre les moyens.
08:27 - Alors justement, vous parlez de la sécurité. Allons sur ce terrain-là.
08:29 Le journal Marianne, qui consacre sa une cette semaine aux Jeux olympiques, révélait que Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur,
08:36 consacre aujourd'hui un tiers de son temps aux Jeux olympiques.
08:40 Rendez-vous compte. Enfin, plutôt à la succession d'événements mondiaux qui vont se tenir en France,
08:44 puisque vous avez le Pape à Marseille en septembre, la Coupe du monde de rugby en automne,
08:48 puis le 80e anniversaire du débarquement au printemps prochain,
08:51 et puis les Jeux olympiques, où l'on dit que rien que pour la cérémonie d'ouverture,
08:55 Pierre Randaud, il faudrait 35 000 forces de l'ordre.
08:59 Pour se donner une idée, une très très grosse manif très inquiétante,
09:02 avec beaucoup de risques de dérapage, c'est 10 000-12 000 policiers. On est trois fois plus là.
09:06 - Parce que c'est à la fois la cérémonie olympique... - Les policiers, les gendarmes, pas de vacances pendant deux mois là.
09:10 - Parce que c'est le long de la scène, alors effectivement on pourrait le gérer et comparer ça à une manifestation,
09:14 mais c'est le long de la scène, donc il y a un risque aussi de débordement, de mouvements de foule,
09:17 et de gens qui tomberaient dans l'eau.
09:19 Il y a aussi tous ces éléments sur le fait que ça soit pas des manifestants,
09:23 mais des gens qui viennent pour la fête populaire, et on le sait à chaque fois,
09:26 et on se rappelle notamment ce qui s'est passé pour la finale de la Ligue des champions à Saint-Denis en mai dernier,
09:30 où il y a eu des débordements et des vols et des raquettes directement de bandes de Sainte-Saint-Denis.
09:37 Les gens qui viennent assister à une cérémonie d'ouverture, c'est pas des gens qui viennent manifester.
09:41 C'est des touristes, c'est des gens qui viennent avec de l'argent, souvent liquide,
09:44 et notamment, vous citez l'article de Marianne récemment, mais il y a aussi un très bon article du Figaro,
09:48 qui parle du risque au niveau des vols pour les touristes étrangers qui viendraient à Paris.
09:52 On sait que les touristes sportifs qui viennent lors d'événements type Coupe du monde ou Jeux olympiques,
09:56 viennent avec beaucoup d'argent liquide, et sont souvent victimes de raquettes et de vols.
10:01 Et voilà, donc il y a un risque aussi à ce niveau-là, au niveau de la délinquance et de la petite délinquance,
10:05 en plus des risques de gestion des foules.
10:08 On parle de 600 000 personnes.
10:10 Récemment, Valérie Pécresse, la présidente de l'île de France, a demandé à ce qu'elle soit plafonnée à moins de 500 000,
10:15 parce qu'elle s'alerte, et a raison, elle s'alerte contre un risque de débordement,
10:19 qui est depuis quelques années, maintenant, pointé du doigt par les syndicats de police.
10:24 - Alors il y a aussi l'enjeu des transports, on va pas avoir le temps de l'aborder, mais en deux mots,
10:28 il y a quand même un fort risque, Pierre Rondeau, d'une grève en Mondovision,
10:32 parce que, ça c'est le hasard, mais début janvier 2025, il se trouve que les lignes de bus vont être ouvertes à la concurrence,
10:39 et il y a un très très fort risque de grève pendant les Jeux Olympiques.
10:42 - Un risque de grève, même sans les grèves, les transports en commun parisiens et françaisiens sont critiqués.
10:47 Encore une fois, je vous cite le syndicat de la gestion des transports de l'île de France,
10:51 qui demande à ce que 800 millions d'euros au moins soient rajoutés pour s'occuper de la gestion des transports
10:56 durant l'événement olympique, ce qui se rajoute donc au budget.
10:59 Rappelez-vous, les 7-7, plus l'inflation, plus la sécurité, plus les transports,
11:03 et on demande de rajouter 800 millions d'euros pour les assurer.
11:07 Donc oui, il y a beaucoup de pression qui est faite sur les Jeux Olympiques de Paris.
11:11 - Légio 2024, Everest budgétaire, on en a eu un aperçu avec Pierre Rondeau.
11:16 Merci d'être venu nous voir ce matin.
11:18 On peut vous lire régulièrement dans Slate, et de plus en plus, ça va être consacré aux Jeux Olympiques.

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