Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews
Category
🗞
NewsTranscription
00:00:00 Bonjour à tous et bienvenue à vous pour Midi News.
00:00:04 C'est un plaisir de vous accompagner.
00:00:06 Transport, énergie, éboueurs, le point sur les blocages.
00:00:10 Alors y a-t-il un risque de pénurie de carburant ?
00:00:12 Où est-ce qu'on joue à se faire peur ?
00:00:14 Qu'en est-il du mouvement des éboueurs dans plusieurs villes de France ?
00:00:17 Vous verrez les images de ces poubelles qui s'amoncent,
00:00:20 celles aux grands dames des habitants et des commerçants également.
00:00:23 La colère, ou plutôt les colères, on vous dévoilera un sondage
00:00:27 sur ce qui provoque le courroux d'une grande partie des Français.
00:00:31 Et à qui cela peut profiter politiquement, nous en parlerons également.
00:00:35 Et puis un livre qui sort en version poche, un livre, un parcours, un don.
00:00:40 Peut-on l'appeler ainsi celui de Jean Testanière
00:00:42 qui nous apportera des éléments de réponse à une question fondamentale.
00:00:46 Et si la vie n'était qu'un début, quel programme ?
00:00:50 Mais tout d'abord le journal. Bonjour à vous, cher Simon Guillain.
00:00:53 Bonjour Sonia et bonjour à tous.
00:00:54 Après 15 heures de débats et des séances très mouvementées dans l'hémicycle,
00:00:57 le Sénat a adopté cette nuit l'article 7 de la réforme des retraites du gouvernement.
00:01:01 Un article décisif puisqu'il prévoit le recul de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
00:01:07 Et c'est une étape très importante pour le ministre du Travail Olivier Dussopt.
00:01:10 On l'écoute.
00:01:12 C'est une étape forte avec l'adoption de cet article 7
00:01:15 qui est l'article qui organise le relèvement progressif de l'âge d'ouverture des droits.
00:01:20 C'est cet article qui nous permet à la fois d'aller vers l'équilibre financier du système,
00:01:24 mais aussi de financer les nouveaux droits, de financer les nouvelles mesures
00:01:27 sur la pénibilité, sur les carrières longues, sur les minimums de pension.
00:01:30 Le gouvernement souhaite bien sûr que le Sénat puisse, dans les jours qui viennent,
00:01:34 aller au bout de l'examen du texte avant que la commission mixte paritaire soit réunie.
00:01:38 Et nous espérons que l'Assemblée nationale et le Sénat
00:01:41 puissent se prononcer sur un texte de compromis entre les deux chambres.
00:01:45 Et dans ce contexte de réforme des retraites, les blocages se poursuivent en France.
00:01:48 On voulait vous montrer ces images ce midi.
00:01:51 À la veille des manifestations du 7 mars, la route de Lorient a été saccagée à Rennes,
00:01:55 du mobilier urbain a été détruit et des vitrines de magasins brisées.
00:01:58 Nous sommes retournés sur place trois jours plus tard.
00:02:01 Reportage sur place, signé Michael Chaillot.
00:02:04 C'est le commerce le plus touché par l'expédition nocturne,
00:02:07 route de Lorient lundi soir à Rennes.
00:02:10 Plus de 100 000 euros de préjudice, vitrines brisées,
00:02:13 intrusion et casse à l'intérieur du magasin.
00:02:16 Le patron ne veut pas s'exprimer par crainte de représailles.
00:02:20 Deux jours après les faits, on trouve encore des caddies incendiés
00:02:23 devant les commerces voisins un peu moins touchés.
00:02:26 S'ils ont pris les palettes qui étaient consignées,
00:02:29 ils les ont emmenées pour les brûler un petit peu plus loin sur la route de Lorient.
00:02:32 On l'estime à peu près à entre 2500 et 3000 euros.
00:02:35 Je ne pense pas que les différents syndicats vont dans ce sens-là de casser.
00:02:41 Au contraire.
00:02:42 Pas de syndicats derrière cette action ultra-violente,
00:02:44 mais 200 individus environ qui se retrouvent en pleine nuit,
00:02:48 une première à Rennes, selon ce policier qui a sa petite idée sur les auteurs.
00:02:52 Pas du tout dans le cadre d'une manifestation,
00:02:54 mais plutôt dans le cadre d'une casse organisée par des individus
00:03:00 qui sont étudiants, qui font partie d'organisations comme Défense collective.
00:03:06 On sait que beaucoup d'actions sont décidées lors de ces AG.
00:03:11 Après, Rennes 2, évidemment.
00:03:13 Defco pour Défense collective, un groupuscule d'extrême-gauche
00:03:17 très implanté au sein de l'université de Rennes 2.
00:03:20 Une université bloquée, les cours sont suspendus depuis lundi.
00:03:24 La reprise est prévue au mieux ce vendredi, selon la présidence.
00:03:30 Dans le reste de l'actualité,
00:03:31 les forces russes sont menées de nouvelles frappes massives à travers toute l'Ukraine.
00:03:34 10 régions ont été visées, selon le président Volodymyr Zelensky.
00:03:38 Dans l'est du pays, les habitants de Kharkiv se sont retrouvés sans électricité,
00:03:42 sans eau et sans chauffage.
00:03:43 Dans la capitale, à Kiev, au moins deux personnes ont été blessées.
00:03:48 La France déploie des forces armées en Estonie, un pays frontalier de la Russie.
00:03:53 Une opération logistique qui s'inscrit évidemment
00:03:55 dans le contexte de cette guerre en Ukraine et sur le flanc est du pays.
00:03:58 Plusieurs véhicules de combat ont été envoyés en soutien.
00:04:00 Il s'agit de griffons acheminés depuis la Rochelle et la Valbonne.
00:04:04 Leur nombre n'a pas été précisé pour le moment par l'armée de terre.
00:04:09 Et enfin, nous avons appris ce matin le décès du chanteur
00:04:11 Marcel Hamon, la légende de la chanson française.
00:04:15 Il est connu pour de nombreux tubes comme "Bleu, Blanc, Blond",
00:04:18 né à Bordeaux.
00:04:18 Marcel Miramont, de son vrai nom, monte à Paris en 1950,
00:04:22 avant de se faire peu à peu un nom dans les cabarets.
00:04:24 Il nous a quittés à l'âge de 93 ans.
00:04:28 Voilà pour ce tour de l'actualité à midi sur CNews.
00:04:30 C'est l'heure de vos débats.
00:04:31 Midi News, c'est avec vous, Sonia Mabrouk et vos invités.
00:04:33 Merci beaucoup, cher Simon, avec nos invités, je salue Caroline Pilastre.
00:04:38 Merci d'être en notre compagnie.
00:04:39 Bonjour à vous, Paul Melun est présent.
00:04:41 Bienvenue, bonjour.
00:04:42 Maître Pierre Gentil nous accompagne.
00:04:45 Merci également.
00:04:46 Stanislas Godon, bonjour à vous et bienvenue,
00:04:49 délégué général Alliance Police.
00:04:51 Notre journaliste, Eric de Rietmaaten, que je salue.
00:04:55 Et puis, des inquiétudes, peut-être pas des blocages,
00:04:57 mais des inquiétudes qui peuvent mener à des situations de pénurie.
00:05:01 Alors, est-ce que vous êtes comme moi ?
00:05:02 Quand on vous dit "il n'y a pas de pénurie", c'est là où vous faites le plein.
00:05:05 C'est pas bien.
00:05:06 C'est le problème de la pénurie à peu près lentive.
00:05:08 Si dès que M. Véran ouvre la bouche,
00:05:10 tout le monde se jette sur une station-service,
00:05:12 c'est pas bon signe, vous voyez.
00:05:13 Il y a de l'ironie.
00:05:15 Il y a des inquiétudes, en tout cas, elles sont réelles,
00:05:17 sur l'essence, sur une éventuelle pénurie.
00:05:19 Le mouvement de grève contre la réforme des retraites
00:05:21 commence à toucher les automobilistes avec des stations
00:05:23 qui sont en situation de pénurie partielle.
00:05:26 Nous n'y sommes pas.
00:05:28 Et on va voir cela avec notre journaliste, Michael Dos Santos.
00:05:31 Nous sommes à la Porte de Saint-Cloud avec vous, Michael.
00:05:34 Alors, qu'en est-il ?
00:05:35 Est-ce qu'il y a une file d'attente d'automobilistes ?
00:05:38 Et qu'est-ce qu'on vous dit de l'inquiétude
00:05:40 pour les prochains jours, éventuellement ?
00:05:42 Alors, pas de sans-plomb 95, pas de sans-plomb 98 du gasoil.
00:05:50 Oui, c'est ce qu'on a pu lire devant certaines stations-essence
00:05:53 de la région parisienne.
00:05:54 Mais il suffit, très rapidement, à moins de cinq minutes en voiture,
00:05:58 pour trouver assez facilement du carburant.
00:06:00 Pour le moment, pas de ruée vers les stations-essence,
00:06:03 comme ici à la sortie du périphérique Porte de Saint-Cloud.
00:06:06 Je dirais même que la plupart d'entre elles sont assez calmes.
00:06:09 Vous pouvez le voir à l'image.
00:06:11 Les automobilistes avec qui nous avons pu échanger
00:06:14 sont en revanche tous venus faire le plein, sans exception,
00:06:18 parfois même avec des jéricanes, s'ils anticipent.
00:06:22 C'est que beaucoup craignent que la situation ne se dégrade
00:06:26 dans les jours à venir, que la grève ne se poursuive
00:06:29 et qu'un scénario comme celui d'octobre dernier,
00:06:32 lors du blocage des raffineries, ne se répète.
00:06:36 Merci beaucoup, Michael De Santos, et merci à Sacha Robin.
00:06:40 Alors, Éric Derritte-Montagnon, à chaque fois, sur ce sujet,
00:06:43 on nous dit que les stocks d'urgence sont bien pleins pour le moment.
00:06:48 Un stock, ça peut durer un mois.
00:06:50 Mais le problème, c'est que si vous avez les voies d'accès
00:06:52 qui sont bloquées, les camions ne peuvent pas sortir.
00:06:54 Pour résumer la situation, il faut comprendre que, en fait,
00:06:58 la capacité de nuisance, elle vient de la CGT.
00:07:01 C'est le syndicat qui est majoritaire dans de nombreux endroits.
00:07:04 Là, je suis en train de vérifier, notamment chez Total,
00:07:06 ils vont m'envoyer les chiffres, mais ils sont majoritaires
00:07:08 dans plusieurs sites, chez Total, dans les dépôts, dans les raffineries,
00:07:12 les routiers, il y a une partie aussi de routiers inscrits à la CGT.
00:07:16 Je regardais tout à l'heure, dans les docks, par exemple,
00:07:19 les docks, il y a la mobilisation qui reste très forte.
00:07:23 Il n'y a plus les blocages, mais comme la CGT, elle, veut bloquer,
00:07:26 eh bien, vous savez, il suffit de bloquer un rond-point
00:07:28 et puis c'est terminé.
00:07:29 Je résume, vous savez, j'étais à la réunion de l'intersyndicale
00:07:32 mardi soir et j'ai été d'ailleurs étonné du discours
00:07:36 de tous les syndicats présents qui étaient relativement souples,
00:07:40 j'allais dire, dans le contexte actuel.
00:07:41 Je me suis dit, tiens, ils ne sont pas si méchants que ça.
00:07:44 C'est vrai, c'est vrai.
00:07:46 - Ils ont bien accueilli, c'est étonnant.
00:07:48 - Il en est ressorti, il est revenu.
00:07:50 - Ils ont été très aimables, très gentils,
00:07:52 il y avait un très beau cocktail, d'ailleurs, je l'ai remercié.
00:07:54 - Vous avez aimé la liste.
00:07:55 - C'est étonnant.
00:07:56 Mais alors, la CFDT a dit, non, on n'appelle pas au blocage.
00:07:59 On veut encore rencontrer M. Macron.
00:08:01 D'ailleurs, entre parenthèses, ce n'est plus Macron qui va s'en occuper,
00:08:03 c'est Dussopt qui a été chargé de la recevoir,
00:08:05 où ça va, on ne sait pas.
00:08:06 Et la CGT, en revanche, elle, a dit, on laisse la main aux professions,
00:08:11 c'est-à-dire celles qui décideront sur le terrain en fonction de leur représentation.
00:08:14 Les dockers, ils sont presque à 100% cégétistes.
00:08:17 Bon, ben là, c'est normal que ça va être dur.
00:08:18 Dans les raffineries, les dépôts, j'attends les chiffres précis,
00:08:21 mais c'est vrai que la CGT est aussi présente.
00:08:23 Donc, ça veut dire qu'il y a une capacité de nuisance de la CGT
00:08:25 et les autres syndicats, disons surtout la CFDT qui est réformiste,
00:08:29 n'a pas l'intention de bloquer, de paralyser la France, la mettre à genoux.
00:08:32 Mais, vous voyez quand même, il y a cette CGT qui reste toujours très puissante,
00:08:36 qui veut monter la vitesse.
00:08:38 - C'est ça ce qui m'intéresse, parce que s'il y a blocage, ça viendra d'eux.
00:08:42 Je voudrais qu'on regarde ce sujet parce qu'il y a plusieurs possibilités
00:08:45 aux scénarios qui peuvent être écrits pour la CGT et la base surtout de la CGT.
00:08:51 C'est ça ce qui est très important.
00:08:52 Vous avez cité les dockers et d'autres professions.
00:08:54 Regardez ce sujet de Mickaël Dos Santos, on en parle juste après.
00:08:58 Céline Verzeletti est la préférée des radicaux de la CGT pour succéder à Philippe Martinez.
00:09:04 Parmi les membres de la ligne dure qui la soutiennent figure Emmanuel Lépine,
00:09:08 l'un des leaders du syndicat, à l'origine jeudi, de propos très controversés.
00:09:12 - Le but partout c'est de désorganiser au maximum la production.
00:09:16 Et si la question c'est de savoir si on veut mettre à genoux l'économie française,
00:09:19 la réponse elle est oui.
00:09:20 Tout comme Emmanuel Lépine, Olivier Matheux a défendu le blocage des raffineries en octobre dernier.
00:09:26 A l'époque, le secrétaire général des Bouches-du-Rhône avait reconnu exercer des pressions pour éviter des réquisitions.
00:09:32 - On est allé voir le préfet, il nous dit "vous, la première réquisition c'est la guerre.
00:09:36 Jusqu'au dernier CGT vous devrez vous crever.
00:09:38 On vous met le feu au département, mais pas le feu au sénégalais, on vous met le feu, on est flammant".
00:09:43 Un vocabulaire guerrier révolutionnaire identique à celui de la FSM, l'ancienne intersyndicale mondiale communiste.
00:09:49 Les deux hommes en partagent les idées mais ils sont loin d'être les premiers.
00:09:53 - En 1946-1947, la CGT se radicalise énormément et s'allie ouvertement avec le parti communiste français
00:10:05 et contribue à l'organisation de manifestations violentes, de sabotages.
00:10:12 Pour le moment, Marie Buisson, pro-Martinez, jugée trop tendre, n'aurait pas les faveurs des plus de 600 000 adhérents de la CGT.
00:10:21 - La question est de savoir, une fois que le texte va être voté au Sénat,
00:10:26 qu'est-ce qui va se passer pour ceux qui disent "la légitimité de la rue est plus forte que la légitimité parlementaire"
00:10:33 parce qu'il y a une réforme qui est rejetée par deux tiers des français ?
00:10:36 - C'est très intéressant, parce que finalement le sujet de la légitimité de cette réforme,
00:10:40 il est au cœur, on le voit depuis plusieurs mois, de nos discussions et probablement des réflexions,
00:10:45 en tout cas je l'espère, de l'exécutif.
00:10:47 C'est-à-dire, quelle est la légitimité qui l'emporte à l'heure où, a priori, j'ai lu un sondage,
00:10:52 56% des français, pour le moment, ça peut peut-être réduire, mais pour le moment,
00:10:55 56% des français soutiennent les blocages et soutiennent la grève.
00:10:59 En enquête d'opinion, on voit bien qu'une écrasante majorité de français,
00:11:03 quand même suffisamment sensibles pour le remarquer, sont opposés à cette réforme,
00:11:07 que si l'on organisait un référendum demain, d'évidence, elle ne passerait pas.
00:11:10 Donc il y a la légitimité d'abord de la souveraineté populaire qui est d'une certaine façon bafouée,
00:11:15 et c'est cette légitimité populaire-là qui s'exprime, effectivement, dans la rue,
00:11:18 et on ne doit pas circonscrire la mobilisation sociale à la CGT et à son pouvoir de mobilisation.
00:11:24 Certes, la CGT existe et elle mobilise, mais elle n'est pas la France,
00:11:27 et la base est bien plus large que la CGT.
00:11:29 Et ensuite, il y a la légitimité, effectivement, du Parlement,
00:11:32 qui est la deuxième jambe sur laquelle nous marchons, mais avec, selon moi,
00:11:36 mais là c'est une appréciation de droit constitutionnel, un certain nombre de limites,
00:11:40 comme l'absence de proportionnel à l'Assemblée nationale,
00:11:42 qui fait que la Chambre est assez peu représentée.
00:11:45 - Ah oui, mais là vous me dites qu'il y a une légitimité de la rue
00:11:48 qui prévaut sur la légitimité parlementaire.
00:11:50 - Je ne dirais pas ça, mais en tout cas je dirais que la légitimité, non pas de la rue,
00:11:54 mais du peuple français dans ce qu'elle exprimerait à l'occasion d'un référendum
00:12:00 a une importance qui, pour moi, emporte tout.
00:12:03 - Dany Slas-Godon, vous êtes, les policiers sont dans les rassemblements.
00:12:09 - Bien sûr, les policiers, et puis en tant que vice-président de la Fédération des services publics,
00:12:12 j'ai 36 organisations syndicales qui sont affiliées,
00:12:15 de tous les périmètres et de toutes les catégories socio-professionnelles.
00:12:19 Ça va de simples ouvriers d'État jusqu'au cadre,
00:12:22 puisque la CEPOCGC fait partie notamment de la Confédération des cadres et de l'encadrement,
00:12:26 et je peux vous garantir que dans la partie de la communication,
00:12:29 on a fait beaucoup de pédagogie, on a expliqué justement cette réforme
00:12:32 et les impacts qu'elle va avoir sur l'ensemble des agents.
00:12:35 Et dans toutes les simulations qu'on a faites,
00:12:38 toutes les générations concernées vont perdre de l'argent sur leur pension de retraite,
00:12:42 ça c'est important de le rappeler, notamment avec l'accélération de la loi Marisol Touraine.
00:12:46 Après, parlons simplement du décalage, puisque c'est l'article 7 qui fait évidemment la une aujourd'hui,
00:12:51 le décalage de l'âge d'ouverture des droits,
00:12:54 à l'expliquer aujourd'hui en pleine crise hospitalière aux infirmiers et aux soignants,
00:12:57 - Monsieur Godon, mais quand ça sera voté ?
00:13:00 - Alors, moi pour l'instant, on essaye de ne pas faire de la fiction
00:13:04 sur ce qui se passera après, très honnêtement.
00:13:06 - C'est impossible que vous ne prévoyiez pas la suite.
00:13:08 - J'entendais parler d'un front syndical qui serait en train de se diviser,
00:13:11 pour l'instant, il n'y a pas une feuille de papier à cigarette
00:13:14 sur les actions qui sont menées et les communiqués de presse,
00:13:17 dans la rue et dans les manifestations qui se sont organisées,
00:13:19 et heureusement d'ailleurs qu'il n'y a pas de dysfonctionnant,
00:13:22 parce que sinon dans la rue, ce serait effectivement très compliqué.
00:13:24 Or, aujourd'hui, le pari de la communication
00:13:27 et de ce qui se passe dans les cortèges des manifestations,
00:13:30 je crois qu'on l'a gagné.
00:13:31 Il y a eu très peu d'incidents, il y a eu du monde,
00:13:33 et donc je crois que c'est ça le message.
00:13:35 - Mais qu'avez-vous obtenu ?
00:13:37 - Alors, effectivement, on a obtenu un revers de la main du président de la République
00:13:42 qui a refusé de recevoir les confédérations syndicales,
00:13:45 qui parlent pourtant d'une même voix.
00:13:47 Ça, je ne suis pas sûr que ça aide à l'apaisement,
00:13:49 tout comme je le disais l'autre jour sur votre plateau,
00:13:51 dans les tours de négociations qui ont eu lieu,
00:13:54 l'accélération de Marisol Touraine n'a jamais fait l'objet
00:13:57 des discussions qu'on a eues avec notamment les ministères.
00:13:59 - Mais j'entends, ça, vous avez raison.
00:14:01 Bon, maintenant que le match est, j'allais dire, est presque...
00:14:04 - Pratiquement plié.
00:14:05 - Eh oui, est pratiquement plié,
00:14:06 qu'est-ce qui va se passer ?
00:14:07 Les conséquences, les séquelles, Caroline Pillas ?
00:14:09 - Pour moi, nous sommes rentrés dans un cycle,
00:14:12 je ne sais pas, de blocage,
00:14:14 mais en aucun rapport de force entre cette majorité
00:14:17 et les syndicats qui ont repris du poil de la bête
00:14:20 avec ces manifestations,
00:14:21 contre cette réforme des retraites,
00:14:22 qui effectivement, Paul, vous avez raison,
00:14:24 fait l'unanimité en termes d'impopularité
00:14:26 chez les CSP+ et les CSP-.
00:14:29 Là, franchement, Renaissance a réussi son coup
00:14:32 en dehors de rallier l'intersyndical.
00:14:35 Moi, j'attends de voir également
00:14:37 quand est-ce qu'il y aura réellement un clivage,
00:14:39 une fracture entre tous ces syndicats.
00:14:41 Parce que jusqu'à présent, l'Union fait la force
00:14:43 et ils ont bien raison pour essayer de mobiliser
00:14:45 un maximum de manifestants.
00:14:47 Je n'aime pas parler de la rue
00:14:48 parce que je trouve ça assez péjoratif.
00:14:49 Nous sommes la population
00:14:50 et la majorité d'entre nous sont contre cette réforme actuelle
00:14:55 parce qu'une fois de plus, pour moi,
00:14:57 elle a été mal amenée
00:14:58 et donc mal comprise avec beaucoup d'injustice sociale.
00:15:01 Même si à force de la détricoter,
00:15:03 on n'y comprend plus rien
00:15:04 et en fin de compte, on ne sait plus
00:15:06 quelle est la base de ce qu'il propose.
00:15:07 Vous avez raison, la communication mal ficelée, etc.
00:15:11 Mais moi, je veux savoir,
00:15:12 là, dimanche soir,
00:15:14 le président du Sénat, ce matin, au micro d'Europe 1,
00:15:16 il dit "mais nous, on fera tout
00:15:18 pour qu'il y ait un vote sur l'ensemble du texte".
00:15:20 Commission mixte paritaire,
00:15:22 ils se mettent d'accord sur un consensus,
00:15:24 c'est voté, qu'est-ce qu'on fait ?
00:15:26 Des millions de gens, des millions, oui,
00:15:28 des millions dans la rue.
00:15:29 Donc, qu'est-ce que vous allez dire à ces gens-là, demain ?
00:15:32 Écoutez, moi, je suis plutôt opposé à cette réforme de retraite.
00:15:34 Je pense qu'on ne va pas me soupçonner d'être ici
00:15:36 porte-parole du gouvernement, mais il me semble...
00:15:38 Non, vous, on ne vous soupçonnera pas.
00:15:40 Je vous rassure, si c'est une inquiétude chez vous.
00:15:43 Il me semble tout de même qu'à partir du moment
00:15:46 où la loi est votée,
00:15:47 que je sache aujourd'hui,
00:15:48 et en réalité depuis qu'on est en régime parlementaire,
00:15:51 la loi, elle n'est pas faite par les syndicats,
00:15:53 elle est faite par le Parlement.
00:15:54 Et le Parlement, il a été élu à travers différentes élections.
00:15:57 Vous avez choisi d'élire Emmanuel Macron,
00:15:59 vous avez choisi d'envoyer...
00:16:00 Mais le Parlement, c'est la représentation de qui ?
00:16:03 De la représentation nationale.
00:16:04 Ensuite, j'entends, attendez,
00:16:05 j'entends la distorsion qu'il peut y avoir.
00:16:06 Et c'est là où j'apporte une solution.
00:16:08 Il peut y avoir une distorsion, mais évidemment,
00:16:09 entre ce qu'on le voit, la majorité des Français,
00:16:12 qui est opposée à cette réforme,
00:16:14 et aujourd'hui, ceux qui y dirigent.
00:16:15 Écoutez, il y a quand même une solution.
00:16:16 Il y a deux solutions.
00:16:17 La première solution à long terme, c'est, écoutez,
00:16:19 on attend la prochaine élection présidentielle.
00:16:21 C'est à long terme, mais on attend la prochaine élection présidentielle.
00:16:24 Deuxième solution.
00:16:25 Ah, c'est risque et péril, là.
00:16:26 Deuxième solution qui existe maintenant,
00:16:28 et qui est prévue par notre Constitution,
00:16:30 qui est d'ailleurs un outil relativement récent.
00:16:32 Il est possible, à travers un référendum qu'on appelle
00:16:35 un référendum non pas d'initiative moyenne,
00:16:37 mais d'initiative parlementaire,
00:16:39 avec un cinquième du Parlement et un dixième des électeurs,
00:16:42 de déclencher un référendum, typiquement sur cette question.
00:16:46 Vous voyez, donc il me semble que maintenant...
00:16:48 Donc il y a des portes de sortie.
00:16:50 Il n'y a rien de pas sortie.
00:16:52 En tout cas, il faut respecter des voies qui soient des voies
00:16:55 prévues par notre Constitution et des voies légales.
00:16:58 Mais moi, j'entends de plus en plus cette petite musique qui nous dit,
00:17:01 et à la CGT, ça a été confirmé par Philippe Martinez,
00:17:04 à la question qui lui a été posée, il dit, mais on verra.
00:17:06 Même si c'est voté, on verra.
00:17:08 Parce qu'une fois que le dentifrice est sorti du tube...
00:17:11 Parce que M. Martinez, il vous dit ça parce qu'il a en tête
00:17:13 ce qui s'est passé avec le contrat premier en gauche,
00:17:15 par exemple, le CPE sous Dominique de Villepin,
00:17:17 qui avait reculé, alors même que les choses avaient été votées.
00:17:19 Il connaît un peu l'histoire syndicale et il a raison de ce point de vue-là.
00:17:22 Mais je pense que les portes de sortie de pierre sont intéressantes.
00:17:25 Et je déplore le fait que je suis sûr que ces portes ne vont pas être ouvertes
00:17:28 par le gouvernement.
00:17:30 Parce que le gouvernement va choisir la brutalité sociale
00:17:32 et la brutalité politique,
00:17:34 plutôt que l'intelligence gaullienne de nos institutions
00:17:37 et son usage républicain.
00:17:39 Là, c'est des voix qui sont du côté de l'opposition, si j'ose dire.
00:17:41 Excusez-moi, mais encore une fois, on choisit d'élire un président.
00:17:43 Je ne suis pas d'accord avec sa politique.
00:17:45 L'intersyndicale, là on a écrit un courrier pour être reçu par le président de la République.
00:17:51 Les grilles de l'Elysée sont fermées.
00:17:53 La porte du gouvernement, elle est ouverte.
00:17:56 Bon, mais il vous dit "discutez avec la Première Ministre".
00:17:59 Et vous avez une légitimité parlementaire, ça se passe au Sénat.
00:18:01 Pourquoi voulez-vous que le président reçoive l'intersyndicale ?
00:18:04 Parce que justement, le tour de négociation, les appels téléphoniques
00:18:07 qu'il y a eu entre les membres du gouvernement jusqu'à la Première Ministre
00:18:11 sont restés en fait sans réponse sur les arguments de fond
00:18:14 de ce projet de réforme.
00:18:16 Parce que nous, on les a démontés les uns après les autres.
00:18:19 Les arguments qui ont été avancés sur cette réforme.
00:18:22 Et on a démontré qu'elle était à la fois injuste et injustifiée.
00:18:25 D'ailleurs, il faudra faire le bilan à la fin des fins
00:18:28 de cette proposition de réforme des retraites,
00:18:32 de savoir si réellement elle va apporter ce qui a été mis en avant
00:18:36 sur l'histoire de l'équilibre financier.
00:18:38 Parce que je ne suis pas sûr que ce soit exactement ce qui était voulu à la base.
00:18:42 J'entendais d'ailleurs des commentaires de certains dire
00:18:45 "Ah mais si on ne fait pas de réforme, dans ce cas-là, ça va être la baisse des pensions".
00:18:48 C'est exactement ce qui est en train de se passer.
00:18:50 C'est exactement ce qui est en train de se passer.
00:18:52 Bien sûr, c'est la baisse des pensions.
00:18:54 Toutes les simulations qu'on a faites sur tous les ministères,
00:18:56 à Bercy, à l'intérieur, à l'hospitalière,
00:18:59 ça démontre que c'est une baisse des pensions.
00:19:01 Je dirais quand on part à l'âge légal au même périmètre.
00:19:05 Donc je dirais que c'est une réforme qui ne sert en fait à rien.
00:19:09 Je veux rejoindre ce que vous dites, Elisabeth Borne.
00:19:11 Elle dit "Il n'y a pas d'alternative".
00:19:13 Parce que sinon, les oppositions, qu'est-ce qu'elles nous proposent ?
00:19:15 Soit on baisse les pensions, soit on augmente les impôts.
00:19:17 Il y en a d'autres alternatives, pardon.
00:19:19 C'est bien, mais c'est elle qui prononce cela ainsi.
00:19:21 Eric, baisse des pensions, baisse de réforme ?
00:19:23 On a posé la question à la CFTC, d'ailleurs, à la CGC.
00:19:27 En fait, l'idée aurait été de pouvoir augmenter sensiblement les cotisations,
00:19:31 aussi bien patronales que salariales.
00:19:33 Alors, moins salariales et un peu plus patronales.
00:19:35 Mais là, le MEDEF est contre.
00:19:37 Et deuxièmement, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont toujours dit
00:19:39 "Pas question de toucher à cette hausse des prélèvements obligatoires".
00:19:43 Donc, c'est une sorte, si vous voulez, comme on emploie le terme "tabou" aujourd'hui,
00:19:45 voilà, c'est ça le tabou, on ne touche plus aux cotisations.
00:19:48 Et c'est ça qui bloque, parce qu'elles sont déjà énormes.
00:19:50 Il y avait aussi la possibilité, le fameux emploi des seniors.
00:19:54 C'est vrai que, vous savez, c'est étonnant, quand vous regardez les chiffres et les statistiques,
00:19:57 il suffirait qu'il y ait un peu plus de seniors qui travaillent
00:19:59 pour que tout de suite, il y ait des nouvelles cotisations.
00:20:01 On aimerait bien. Enfin, eux, ils aimeraient bien pour certains, probablement.
00:20:05 Mécaniquement, si vous montez l'âge de départ à la retraite, c'est-à-dire sur place de 62-64,
00:20:09 automatiquement, vous aurez plus de seniors au travail. C'est automatique.
00:20:13 Donc là, vous aurez plus de rentrées de cotisation et ça génère aussi, donc, une amélioration.
00:20:17 Mais la question "tout ça pour ça" se pose quand même.
00:20:20 C'est-à-dire qu'au final, on va voir quels sont les bénéfices, les économies,
00:20:24 parce que ce n'est qu'une réforme comptable.
00:20:26 Non, finalement, il y en aura de moins en moins.
00:20:28 Il y en aura de moins en moins.
00:20:29 Elle va nous coûter plus. C'est-à-dire qu'on va devoir faire une autre réforme pour économiser sur celle-là.
00:20:34 Mais de toute façon, il y en aura une autre juste au passage.
00:20:36 Mais tout le monde le sait, ce ne sera pas la dernière.
00:20:38 On marche vraiment sur la tête.
00:20:40 Si on revient en plus sur le projet de loi, notamment de 2019, avec la fameuse proposition
00:20:45 avec un système universel qui supprime d'ailleurs un tas de catégories,
00:20:49 comme par exemple, nous les policiers, la catégorie active des policiers.
00:20:52 Si aujourd'hui, vous trouvez que le système et notamment le fonctionnement dans les services publics,
00:20:57 que ce soit les policiers, les pompiers qui sont attaqués et qu'il faut les mettre au travail plus longtemps,
00:21:01 je ne sais pas comment on va s'organiser sur le terrain, très honnêtement.
00:21:04 Alors le terrain, on va aller à Rennes 2, Rennes-la-Rouge, comme on l'appelle.
00:21:09 Vous avez fait vos études à Rennes-la-Rouge ?
00:21:12 J'ai fréquenté Tolbiac à mon actif.
00:21:15 Vous avez gardé quelques séquelles un peu touchistes, je trouve.
00:21:17 Non mais bon, évidemment, c'est toujours triste.
00:21:21 Mais je note quand même que l'appel de M. Bouaillard,
00:21:27 qui a harangué la jeunesse à bloquer les lycées et les universités,
00:21:31 a fait, pour le moment, attention, a fait pchit.
00:21:34 Il a même été décrété paternaliste par la présidente de l'UNESC.
00:21:37 Ça a créé des divisions entre la présidente de l'UNESC et l'UNESC.
00:21:40 Pour vous dire quand même à quel point, exactement, il y a eu une polémique.
00:21:41 Reconnaissons qu'il est difficile aujourd'hui de bloquer des universités et des lycées
00:21:44 quand beaucoup de cours se font à distance.
00:21:47 Mais c'est vrai, tout est dématérialisé, donc bloquer un lieu physique, c'est compliqué.
00:21:53 On peut toujours bloquer, manifestement, parce qu'il y a des dégradations.
00:21:57 C'est aussi ça la difficulté, c'est ça la pression que ça met aussi sur les universités.
00:22:01 Je rappelle qu'à la Sorbonne, il y a eu un certain nombre de dégradations,
00:22:03 aussi il y a un an, et ça coûte cher.
00:22:05 Maintenant, c'est vrai qu'avec, si j'ose dire, avec le Covid,
00:22:09 on a appris à gérer autrement via notamment les téléconférences à distance.
00:22:16 Effectivement, on peut faire des cours à distance.
00:22:18 Ce n'est pas l'idéal, mais c'est vrai que ça peut tout à fait dépanner.
00:22:20 Et ça peut être une solution, effectivement, pour éviter ce type d'extrémité.
00:22:24 Et rappelons-le, effectivement, les blocages.
00:22:26 C'est-il écalé.
00:22:28 Oui, oui, et vous avez bien fait.
00:22:30 Merci de l'avoir rappelé assez tôt sur ce plateau.
00:22:32 Il y avait eu ensuite la plainte de la présidente de la région,
00:22:34 Île-de-France, Valérie Pécresse, on va voir ce que cela va donner.
00:22:37 Mais c'est vrai que le blocage, parce que ça, ça change aussi la nature d'un mouvement.
00:22:41 Moi, je pense qu'il faut distinguer tout de même deux choses.
00:22:44 C'est-à-dire qu'une route saccagée, des palettes qui brûlent,
00:22:47 et une gradation de bâtiments publics ou d'universités,
00:22:49 ça, c'est absolument intolérable et ça ne mérite aucune espèce de complaisance.
00:22:53 Maintenant, lorsque des élèves se regroupent pour organiser une assemblée générale,
00:22:58 parce que politiquement, ils sont en désaccord avec une réforme du gouvernement
00:23:02 et qu'ils ont des représentants syndicaux qui organisent la mobilisation
00:23:06 et qui vont s'adjoindre à un cortège plus nombreux,
00:23:08 ils sont parfaitement dans leurs droits.
00:23:10 Et ça, on ne devrait pas, même en réfléchissant, discuter.
00:23:12 Et vous savez que derrière, ça débouche sur un blocage.
00:23:14 Non, Pierre, vous aurez tort d'amalgamer, si je puis dire,
00:23:21 des milliers, voire des centaines de milliers, par certaines réformes,
00:23:24 quand il y avait des grandes réformes étudiantes,
00:23:26 d'élèves qui se mobilisaient pacifiquement pour défendre des convictions ou des droits,
00:23:30 et quelques centaines d'urluberlus ou de violents comme ceux-là,
00:23:34 qui vont faire n'importe quoi, bien sûr.
00:23:36 Mais donc, mettons le grappin sur les 100 ou 200 ou 300
00:23:39 qui fichent en l'air la mobilisation sociale,
00:23:41 ce que je dis là est aussi vrai pour les cortèges.
00:23:43 Surtout que M. Stéphane Clair-Gaudon est tellement d'accord avec vous.
00:23:46 Mais c'est toujours cette minorité.
00:23:48 Et c'est triste pour ce mouvement en plus,
00:23:50 parce que c'est tellement important comme sujet, les retraites,
00:23:52 que quand on a vu certaines dégradations,
00:23:54 ben voilà, ça nuit à une majorité.
00:23:56 Moi, ce qui m'en réconforte dans cette histoire-là,
00:23:58 c'est que c'est quand même un député de la République
00:24:00 qui appelle à faire des actions inégales.
00:24:02 Et ça pose des questions.
00:24:04 Alors bon, je passerai sur les outrances de langage vis-à-vis de la police,
00:24:07 parce que c'est un coup du biais du fait.
00:24:09 Mais de l'autre côté, d'appeler à faire des blocages des universités
00:24:14 et d'être un peu l'instigateur,
00:24:17 ou d'allumer la mèche à ce qu'il y ait des actions
00:24:19 notamment extrêmement violentes qui sont complètement illégales,
00:24:22 je crois que là aussi, il faudra mettre un jour ce député devant sa responsabilité.
00:24:25 Sauf que ça n'a existé en tout temps en politique.
00:24:27 Beaucoup ont essayé à chaque fois d'arranguer la jeunesse,
00:24:29 mais ils ne l'ont pas fait via TikTok, les réseaux sociaux.
00:24:32 Oui, mais il y a eu une instrumentalisation politique.
00:24:34 Mais ça, pour n'importe quelle orientation,
00:24:36 n'importe quelle sensibilité, on sait.
00:24:38 Et c'est vrai que concernant ce député,
00:24:40 c'est avant tout pour moins un militant.
00:24:42 Il ne l'a pas encore renoncé à sa casquette de militant,
00:24:45 comme d'autres membres d'ailleurs du gouvernement.
00:24:48 C'est ça qui est dommageable.
00:24:49 C'est illégal.
00:24:50 Oui, et puis ce n'est pas TikTok en fait, la politique et les grèves.
00:24:54 On a un député de la République française
00:24:56 qui appelle certains Français à commettre un acte illégal,
00:25:02 et il n'y a pas une sanction prise à l'Assemblée.
00:25:05 Le député RN, Alexandre Loubet, qui avait traité le ministre de l'Ache,
00:25:09 lui, il avait eu une sanction.
00:25:11 Là, il n'y a rien.
00:25:12 La présidence de l'Assemblée nationale s'est exprimée.
00:25:14 Il y a une plainte de la présidence de la région Île-de-France.
00:25:17 Elle n'aboutira pas, cette plainte.
00:25:19 Ça, c'est autre chose.
00:25:21 On va se retrouver.
00:25:23 Et juste après la pause, on a des extraits exclusifs
00:25:27 de la lettre de l'intersyndicale adressée à Emmanuel Macron.
00:25:31 Il n'y a pas beaucoup de surprises sur le contenu.
00:25:33 On va parler des mots utilisés.
00:25:35 Et puis, ce sondage à vous dévoiler sur les colères des Français.
00:25:38 Merci d'être avec nous.
00:25:43 Dans quelques instants, ce sondage sur les, ou la,
00:25:45 ou les colères des Français.
00:25:47 Vous allez voir que c'est protéiforme.
00:25:49 Mais tout d'abord, les titres.
00:25:50 C'est News Info, Barbara Durand.
00:25:52 Deux jours après le début des contestations
00:25:56 contre la réforme des retraites,
00:25:58 ça rame toujours dans les transports.
00:26:00 Au sein de l'Union nationale, le trafic reste perturbé.
00:26:03 Circulent un TGV Inouïe et un Ouïgaud sur 3,
00:26:06 deux TER sur 5.
00:26:08 Dans le métro parisien, ça va mieux.
00:26:10 Seulement, quatre lignes sont fortement perturbées.
00:26:13 Dans les airs, 20 à 30 % des vols sont annulés.
00:26:16 La laïcité est-elle menacée dans les établissements scolaires ?
00:26:20 Une enquête du syndicat national des personnels de direction
00:26:23 de l'éducation nationale révèle de nouveaux chiffres.
00:26:26 42 % des personnels de direction interrogés
00:26:29 constatent la présence de tenues religieuses à l'école.
00:26:32 Et un quart relèvent des contestations
00:26:34 de contenus pédagogiques au nom de la religion.
00:26:37 Enfin, après une frappe russe en Ukraine,
00:26:39 la centrale nucléaire de Zaporizhia,
00:26:41 la plus grande d'Europe, occupée par l'armée russe,
00:26:44 est coupée du réseau électrique.
00:26:46 Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique
00:26:49 tire la sonnette d'alarme.
00:26:51 "On joue avec le feu", déclare-t-il.
00:26:53 La centrale nucléaire fonctionne désormais
00:26:55 grâce aux générateurs de secours.
00:26:58 La suite de Midi News.
00:27:00 Merci à vous, chère Barbara.
00:27:02 La colère, c'est le maître mot qui décrit en partie
00:27:04 l'état d'esprit de certains Français.
00:27:06 Mais ils sont nombreux, vous allez voir.
00:27:08 Et d'ailleurs, surtout le spectre politique.
00:27:10 Alors, colère contre qui ? Contre quoi ?
00:27:12 Et qui va en profiter ?
00:27:14 Le sondage que vous allez voir atteste d'abord
00:27:16 la présence de ces colères et du réceptacle aussi à venir.
00:27:19 Solane Boulan résume tout cela.
00:27:21 Selon un sondage CNews,
00:27:25 82% des Français assurent être en colère
00:27:27 contre la politique économique et sociale du gouvernement.
00:27:30 51% d'entre eux se disent très en colère,
00:27:33 lorsque 31% le sont un peu.
00:27:35 Dans le détail, les partisans de la France insoumise
00:27:38 sont les plus en colère contre la politique du gouvernement,
00:27:41 à 86%.
00:27:43 Ils sont suivis des écologistes à 60%.
00:27:45 Les socialistes, eux, ne sont que 45% à se dire très en colère.
00:27:49 À droite, la politique économique et sociale de l'exécutif
00:27:53 est très contestée,
00:27:55 notamment chez les partisans du Rassemblement national.
00:27:58 Ils sont 76% à se dire très en colère.
00:28:01 Du côté des Républicains,
00:28:03 ils ne sont que 33% à être très en colère.
00:28:06 Sans surprise, les soutiens du parti présidentiel Renaissance
00:28:09 sont les plus tolérants envers les choix du gouvernement,
00:28:12 avec seulement 21% de partisans de la majorité
00:28:15 à se dire très en colère.
00:28:17 Est-ce que la vraie question, c'est à quoi peut conduire cette colère ?
00:28:21 - La question que tous les politiques ont en tête,
00:28:24 c'est est-ce que c'est un boulevard pour Marine Le Pen ?
00:28:27 - Je pense que c'est ce qui fait peur à la majorité actuelle.
00:28:30 - Peur ou ce qui les arrange ?
00:28:32 - Dans 4 ans, ça ne les arrangera pas, à mon avis,
00:28:35 vu que beaucoup sont sur la future ligne d'arrivée
00:28:39 pour se présenter à l'élection présidentielle, à l'élection suprême.
00:28:42 Boulevard, je ne sais pas.
00:28:44 Mais ce qui est sûr, c'est que je pense surtout à la colère
00:28:47 et à la résignation des Français,
00:28:49 qui ont aussi en tête de liste, en dehors de cette réforme des retraites,
00:28:53 le panier de la colère.
00:28:55 Tout ce qui a trait à l'inflation et qui est une réalité.
00:28:58 On a la sensation que le gouvernement, jusqu'à présent,
00:29:01 nous fait, comme je vous l'avais dit précédemment,
00:29:03 un peu de méthode couée.
00:29:05 On est un peu dans des espèces d'incantations,
00:29:07 alors qu'ils ne savent pas combien de temps cette inflation va durer.
00:29:10 Justement, si la guerre en Ukraine, malheureusement,
00:29:13 dans un premier temps, pour les Ukrainiens, perdure,
00:29:16 c'est un panier qui fait que c'est inquiétant sur tous les points.
00:29:19 Et les gens, en dehors de cette réforme, ont peur économiquement
00:29:22 parce que tout le monde s'appauvre.
00:29:24 Si vous êtes un exécutif raisonnable, vous vous dites
00:29:27 que ce n'est pas le bon moment pour la réforme des retraites.
00:29:30 Si vous le faites, c'est que vous avez une confiance en vous énorme
00:29:33 ou vous dites qu'il y a une résignation très grande.
00:29:35 Mais c'est la force de ce sondage et de ce qu'on peut voir dans toute l'Europe.
00:29:39 Ce n'est pas que la France. Dans toute l'Europe et depuis des années.
00:29:42 C'est que les mêmes qui sont aux affaires, comme aujourd'hui les macronistes,
00:29:45 qui mènent des réformes parfaitement antisociales,
00:29:48 en faisant fi de la souveraineté populaire, comme on disait tout à l'heure
00:29:51 sur le référendum, sont les mêmes qui déplorent la montée des populismes
00:29:54 en Europe. Mais si les populismes montent en Europe
00:29:57 ou que le nationalisme monte en Europe, c'est bien parce que ces gens-là
00:30:00 mettent les Français en colère par une politique qui est antisociale,
00:30:03 qui favorise une mondialisation qui n'épargne pas, pour ainsi dire,
00:30:08 les classes populaires et les classes moyennes des pays d'Europe de l'Ouest.
00:30:11 Et donc, à un moment donné, l'accession au pouvoir de Mme Meloni en Italie,
00:30:14 l'accession au pouvoir de la droite radicale en Suède, etc.
00:30:19 Ce n'est pas un hasard, ce n'est pas dû à un problème printanier
00:30:23 ou à une colère qui serait due à rien du tout.
00:30:25 C'est parce que des politiques antisociales de prétendus démocrates libéraux
00:30:29 mènent à, effectivement, un désamour vis-à-vis de ces politiques-là,
00:30:33 une défiance qui se manifeste dans les urnes et qui, probablement,
00:30:36 je ne veux pas jouer les cassandres, finira par se manifester aussi en France.
00:30:40 Donc, ça veut dire, Eric de Ritmaten, les discours consistants à dire
00:30:43 de la part de l'exécutif, mais regardez, comparez-vous, vous allez vous consoler.
00:30:47 Regardez le taux d'inflation, regardez par rapport aux autres pays.
00:30:50 Ça, ça n'infuse pas à en croire les sondages.
00:30:54 - Mme Larkla, vraiment, il y a plusieurs problèmes en France aujourd'hui.
00:30:57 Je pense que là, la question des retraites, c'est l'élément un peu supplémentaire,
00:31:01 le catalyseur de tout le mécontentement.
00:31:03 L'inflation, je pense, inquiète plus les Français.
00:31:06 Les salaires qui sont restés très stables pendant des années.
00:31:08 N'oubliez pas qu'il y a eu une inflation zéro pendant une bonne dizaine d'années
00:31:11 et que quand vous regardez aujourd'hui le niveau des salaires moyens,
00:31:14 les Français les jugent beaucoup trop bas.
00:31:16 Donc, il y a ça. En plus de ça, on vous dit les retraites,
00:31:18 bon, ben, ça va quand même être un vrai problème pour les Français
00:31:21 parce qu'ils auront deux ans en plus.
00:31:23 Comme vous dites, vous, Monsieur, il y aura peut-être même des baisses de pension.
00:31:26 Vous voyez, il y a un amalgame qui est fait.
00:31:28 Il y a un ensemble de mécontentement qui grimpe.
00:31:30 Alors, moi, j'ai posé la question...
00:31:32 - Vous dites, vous avez raison, amalgame, mais c'est la vie.
00:31:35 C'est ce qu'on ressent dans la vie.
00:31:37 Je veux dire, vous avez raison, mais les citoyens, ils ne font pas comme un gouverneur.
00:31:40 Il n'y a pas une phase retraite, une phase inflation.
00:31:42 On vit tout en même temps.
00:31:44 - Là, pour le coup, l'inflation, le gouvernement n'y peut rien
00:31:46 parce que je pense qu'il a vraiment fait ce qu'il pouvait,
00:31:48 enfin, en tout cas, même si c'est le contribuable qui au final payera
00:31:51 ou qui devra un jour se mettre à rembourser la dette,
00:31:53 puisqu'il y a quand même 3 000 milliards en France, rappelons-le.
00:31:56 Ce n'est quand même pas rien, 3 000 milliards d'euros.
00:31:58 Maintenant, si vous voulez, pour les retraites,
00:32:00 est-ce qu'on peut reprocher à un gouvernement
00:32:03 qu'elle soit bonne ou mauvaise, la retraite ?
00:32:05 Là, je ne veux pas rentrer dans le débat.
00:32:06 Est-ce qu'on peut lui reprocher de réformer ?
00:32:08 Quand on délie un gouvernement...
00:32:10 - Oui, mais qu'est-ce que vous mettez derrière le mot "réforme" ?
00:32:12 Moi, c'est ça ce qui m'intéresse. Vous avez raison, on ne peut pas reprocher
00:32:14 encore plus à un président qui se veut réformateur.
00:32:16 Mais quand vous laissez, quelles conséquences,
00:32:18 quelles fractures, quelles séquelles vous laissez ?
00:32:21 Vous êtes quand même comptable et responsable de l'état d'un pays,
00:32:23 non ? Me semble-t-il.
00:32:25 - Oui, je peux compléter, si vous voulez.
00:32:27 Le gros problème, c'est qu'Emmanuel Macron
00:32:29 et son environnement politique n'ont pas tenu compte
00:32:31 de la vie des syndicats et même, j'allais dire,
00:32:33 des forces vives de la nation.
00:32:35 Ce qu'il faut à un moment ou à un autre,
00:32:37 c'est se mettre autour d'une table.
00:32:39 Moi, j'aurais même conseillé au président, si j'avais été son conseiller,
00:32:41 de lui dire "écoutez, laissez la main
00:32:43 aux syndicats, qu'ils vous fassent eux des propositions".
00:32:46 C'est ça, en fait, quand vous êtes dans une grande entreprise,
00:32:48 vous demandez à vos collaborateurs
00:32:50 de soumettre des idées, vous faites venir des gens
00:32:52 de l'extérieur, peut-être, mais ils vous apportent...
00:32:54 - Mais, monsieur le président, vous avez un...
00:32:56 Écoutez les conseils !
00:32:58 - La décision a été prise un peu avant même d'avoir écouté les autres.
00:33:00 - Moi, je me suis permis un conseil aux syndicats, hier.
00:33:02 J'ai dit "au lieu de bloquer, faites des opérations
00:33:04 au péage gratuit".
00:33:06 - Ah ! Comme les gilets jaunes ?
00:33:08 - C'est sympathique !
00:33:10 Tout le monde est là, vous captez le capital sympathie ?
00:33:12 - Ça, je vais te faire grimper, ce qu'il dit des gilets jaunes.
00:33:14 - Bon, plus sérieusement,
00:33:16 sur ce chaudron, là...
00:33:18 - Tout à l'heure, vous parliez de "qu'est-ce qui restera
00:33:20 si la loi, effectivement, le projet des retraites passe ?"
00:33:24 Eh bien, il restera la colère,
00:33:26 peut-être des orientations politiques qui font craindre
00:33:28 certains partis politiques. Bon, je ne vais pas rentrer
00:33:30 dans ce débat-là, parce que je sortirai du champ.
00:33:32 Mais, juste revenir sur l'histoire
00:33:34 de la perte du pouvoir d'achat.
00:33:36 Nous, les agents publics, ça fait depuis 2010
00:33:38 qu'on est au pincet qui est à l'eau.
00:33:40 Le point d'indice, gelé. Juste au passage,
00:33:42 on nous parle de la caisse des retraites,
00:33:44 la masse salariale, c'est de la cotisation retraite,
00:33:46 qui rentre directement. Alors après,
00:33:48 on peut accuser, effectivement, d'être obligé
00:33:50 de subventionner les retraites
00:33:52 des fonctionnaires, mais avant tout,
00:33:54 on ne nous a pas augmenté, et en plus, on n'a pas appliqué
00:33:56 l'égalité professionnelle. Deux éléments qui n'ont jamais
00:33:58 été pris en compte. Donc, commençons par là,
00:34:00 quand je parlais tout à l'heure des leviers,
00:34:02 commençons par ces leviers, et après, effectivement,
00:34:04 on pourra réfléchir s'il faut l'ajuster.
00:34:06 Mais d'abord, essayons de répondre
00:34:08 à cette attente très, très
00:34:10 forte dans la partie de la
00:34:12 perte de pouvoir d'achat, qui
00:34:14 peut se mesurer. Je veux dire,
00:34:16 on a tous des témoignages dans nos périmètres
00:34:18 socio-professionnels respectifs, où on voit bien
00:34:20 que l'inflation, elle a augmenté. Nous, on nous a
00:34:22 proposé 3,5% d'augmentation
00:34:24 du point d'indice, au moment où tous les économistes
00:34:26 disaient "l'inflation est à 7".
00:34:28 Donc, on a dit "ne parlez pas de
00:34:30 quelque chose d'extraordinaire". - C'est vrai qu'on marche sur la tête.
00:34:32 Cette réforme des retraites est arrivée
00:34:34 à un moment, elle est mal ficelée, mal
00:34:36 présentée. Les arguments ont été
00:34:38 évolués, et ça arrive dans un contexte exclusif.
00:34:40 On n'a pas ouvert de débat
00:34:42 sur le travail, les salaires.
00:34:44 - C'est vrai, et puis, il faut quand même reconnaître que
00:34:46 François Hollande, pendant 5 ans, ne vous a pas
00:34:48 servi beaucoup. Il faut quand même reconnaître que
00:34:50 il y a eu 5 ans de socialisme,
00:34:52 et que là, les points d'indice n'ont pas été relevés
00:34:54 non plus. - Bon, allez-y.
00:34:56 - Il y a une véritable
00:34:58 désespérance en France, depuis la
00:35:00 genèse des Gilets jaunes. Comment
00:35:02 ne pas avoir compris et entendu
00:35:04 ce message ? On est bien d'accord, mais c'était
00:35:06 quand même un indicateur, à ce moment-là.
00:35:08 Ça a été un déclencheur, qui s'est
00:35:10 arrêté, par la force des choses,
00:35:12 lors de la Covid. Mais on a juste mis
00:35:14 un couvercle sur cette colère.
00:35:16 - Attendez, attendez. Je crois que ma proposition
00:35:18 prend forme. - Ouh, bravo !
00:35:20 - Non, non, non, c'est Olivier d'Artigolles.
00:35:22 C'est important.
00:35:24 Qui nous dit, ah, j'ai déjà
00:35:26 organisé des opérations péage gratuits
00:35:28 à Pau.
00:35:30 Est-ce que je vous cite,
00:35:32 cher Olivier, l'autoroute la plus chère de France
00:35:34 pour aller à Bordeaux ? Tiens, très bien
00:35:36 accueilli. - C'est que de Longon jusqu'à Pau, vous payez
00:35:38 très très cher. - Mais oui. - Ah oui.
00:35:40 C'est une autoroute qui est très chère. Les autoroutes sont chères.
00:35:42 - Pourquoi c'est important ? Parce que plus les
00:35:44 blocages vont durer, plus la question, évidemment,
00:35:46 de l'opinion publique, et de ce qu'elle
00:35:48 peut supporter en ces temps difficiles,
00:35:50 se posera. Alors,
00:35:52 la lettre des syndicats, je vous en parlerai
00:35:54 dans quelques instants, je veux d'abord qu'on aille là où ça se
00:35:56 passe, et ça se passe au Sénat.
00:35:58 Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ?
00:36:00 Le fameux article 7,
00:36:02 vraiment, c'est tout ce qui fait
00:36:04 la quintessence de ce projet de loi,
00:36:06 puisque c'est celui qui reporte l'âge légal
00:36:08 de départ à 64 ans.
00:36:10 "Une étape essentielle",
00:36:12 a dit le président du Sénat, a été franchi.
00:36:14 Écoutons-le ce matin, Gérard Larcher,
00:36:16 sur Europe 1.
00:36:18 "Une étape essentielle,
00:36:20 parce qu'il faut que le Parlement débatte,
00:36:22 vote,
00:36:24 c'est son rôle. Et comme président
00:36:26 du Sénat, j'y suis
00:36:28 particulièrement attentif.
00:36:30 Nous étions sur l'article,
00:36:32 j'allais dire, coeur du réacteur
00:36:34 de la réforme, le report
00:36:36 à 64 ans, l'augmentation
00:36:38 progressive du nombre d'annuités
00:36:40 à 43 ans, c'est le
00:36:42 quelque part, sauver le
00:36:44 système de retraite
00:36:46 par répartition. Mais nous allons
00:36:48 devoir poursuivre le débat, avec des sujets
00:36:50 extrêmement
00:36:52 importants." - Nous allons en parler, mais là, vous dites
00:36:54 "étape essentielle" hier au Sénat.
00:36:56 - "Étape essentielle", parce qu'il y a eu un vote,
00:36:58 après un débat, un débat
00:37:00 approfondi, un débat
00:37:02 qui a été clair. Nous avons
00:37:04 voté, dans cet article 7,
00:37:06 une proposition que nous faisions
00:37:08 depuis 4 ans. Et nous
00:37:10 étions dans la logique de ce travail
00:37:12 que nous conduisons depuis 4 ans,
00:37:14 sauver le système de retraite par répartition.
00:37:16 - Étape essentielle et aussi
00:37:18 symbolique, vous êtes au Sénat,
00:37:20 Gauthier, on va parler de ce qui va se passer
00:37:22 après, dans les prochains jours,
00:37:24 et les prochaines heures, mais c'est vrai que
00:37:26 l'article 7, au Sénat, il a été voté.
00:37:28 - Oui,
00:37:30 c'était très important pour le gouvernement,
00:37:32 puisque je vous rappelle qu'il n'y a pas eu de vote à l'Assemblée nationale,
00:37:34 c'était donc important pour légitimer
00:37:36 quelque part cet article 7, qui est le coeur de cette
00:37:38 réforme, qui prévoit de décaler l'âge légal de 62
00:37:40 à 64 ans,
00:37:42 et qui a donc été voté dans la nuit
00:37:44 un peu avant une heure, malgré
00:37:46 l'obstruction de la gauche,
00:37:48 l'obstruction de la gauche qui continue, la gauche a déposé
00:37:50 des centaines de sous-amendements
00:37:52 cette nuit, l'objectif c'est de bloquer
00:37:54 un vote au global de ce texte,
00:37:56 puisqu'il reste 13 articles
00:37:58 à étudier en à peine
00:38:00 4 jours. Le gouvernement veut
00:38:02 un vote au global sur ce texte,
00:38:04 tandis que la gauche espère qu'il n'y aura pas de vote,
00:38:06 ça permettra aux sénateurs et aux députés de gauche
00:38:08 de dire au gouvernement "votre texte est illégitime,
00:38:10 vous ne l'avez pas fait voter par les
00:38:12 sénateurs, par les députés, vous ne pouvez pas
00:38:14 l'imposer aux français". Les débats
00:38:16 sont donc en train de se poursuivre
00:38:18 en ce moment, et justement,
00:38:20 on débat de ces centaines de
00:38:22 sous-amendements déposés par la gauche,
00:38:24 et Gérard Larcher l'a rappelé ce matin
00:38:26 sur Europe 1, il a deux bottes secrètes,
00:38:28 deux articles qui lui permettent, ici
00:38:30 dans le règlement du Sénat,
00:38:32 d'effacer quelque part ces centaines
00:38:34 de sous-amendements de la gauche, et de
00:38:36 limiter le nombre de prises de parole
00:38:38 pour qu'à minuit dimanche, il y ait eu
00:38:40 un vote sur cette réforme des retraites
00:38:42 au global. - C'est ça l'objectif,
00:38:44 Gauthier, c'est qu'à minuit ou avant
00:38:46 minuit dimanche, il y ait eu un vote
00:38:48 global au Sénat, contrairement à
00:38:50 l'Assemblée nationale. Alors le président du Sénat, quand je lui ai
00:38:52 posé la question ce matin, il ne s'est pas engagé
00:38:54 fermement, on ne sait jamais ce qui peut se passer,
00:38:56 mais on a compris que c'est l'objectif
00:38:58 de la, en tous les cas, DLR.
00:39:00 - Absolument,
00:39:02 les sénateurs, les républicains, Bruno
00:39:04 Retailleau, le premier d'entre eux, donc le président
00:39:06 LR du Sénat, Gérard Larcher, veulent
00:39:08 faire voter cette réforme des retraites,
00:39:10 mais je vous l'ai dit, il y a de l'obstruction en ce moment,
00:39:12 le Sénat prend des aires d'Assemblée
00:39:14 nationale, alors évidemment ça ne se passe pas du tout
00:39:16 dans les mêmes vociférations,
00:39:18 dans les mêmes échanges,
00:39:20 parfois même d'invectifs qu'on a pu voir à l'Assemblée,
00:39:22 mais il y a quand même de l'obstruction avec
00:39:24 ces centaines de sous-amendements déposés
00:39:26 par la gauche, et les rappels au règlement aussi
00:39:28 incessant des sénateurs de gauche pour tenter
00:39:30 de freiner les débats et empêcher un vote
00:39:32 au global avant dimanche minuit, puisqu'on le rappelle,
00:39:34 pourquoi ça s'arrête dimanche à minuit, ça c'est
00:39:36 la volonté du gouvernement, avec l'article
00:39:38 47.1, de limiter
00:39:40 le nombre de jours de débat. - Restez avec nous
00:39:42 Gauthier, puisque je voudrais qu'on parle
00:39:44 d'un amendement polémique sur
00:39:46 la clause de Grand-Père,
00:39:48 bon, voilà ce qui se passe au Sénat,
00:39:50 l'article 7, malgré la nuit,
00:39:52 alors là la nuit de mardi,
00:39:54 de mardi à mercredi, c'était très tendu,
00:39:56 et les sénateurs de gauche
00:39:58 ont parlé de mini-coups d'État démocratique,
00:40:00 vous vous rendez compte, au Sénat c'est pas arrivé depuis...
00:40:02 c'est jamais arrivé, pas de peine de chercher,
00:40:04 article 7, ils vont aller
00:40:06 tranquillement vers un vote sur l'ensemble
00:40:08 du texte. Après
00:40:10 commission mixte parlementaire, députés
00:40:12 et sénateurs peuvent se mettre d'accord,
00:40:14 avant le 16 mars, il y a un vote.
00:40:16 - Oui, le Parlement avance, et en plus
00:40:18 effectivement là, on est au Sénat,
00:40:20 je rappelle que le premier groupe au Sénat,
00:40:22 ce sont les Républicains, donc
00:40:24 effectivement là où c'était un peu plus, il faut
00:40:26 le reconnaître, un peu plus
00:40:28 diffus, en tout cas moins
00:40:30 désunis à l'Assemblée Nationale dans le groupe
00:40:32 LR, là on a l'impression que
00:40:34 au Sénat... - Et puis en face, il y a une
00:40:36 opposition de gauche, mais
00:40:38 on va dire que c'est moins... - C'est vrai, mais...
00:40:40 - La vandalisation. - Oui, c'est moins la vandalisation,
00:40:42 et puis aussi parce que je pense que les sénateurs
00:40:44 LR, je mets de côté Retailleau,
00:40:46 les sénateurs LR sont, on l'a
00:40:48 entendu avec Gérard Larcher, sont davantage dans
00:40:50 une volonté de
00:40:52 dialoguer, même peut-être de
00:40:54 gouverner avec Emmanuel Macron,
00:40:56 en tout cas ils contribuent indirectement, ils veulent la réforme.
00:40:58 - François Fillon, Valéry Pécresse,
00:41:00 65 ans, vous imaginez
00:41:02 qu'ils ne votent pas les 64 ans ?
00:41:04 - Bah oui, mais il y a un double discours...
00:41:06 - Après vous n'allez pas leur dire exact que vous habitez...
00:41:08 - Mais il y a un double discours d'une partie
00:41:10 en particulier des députés, de certains
00:41:12 députés LR, je pense notamment à Aurélien Pradié,
00:41:14 mais pas que, et qui comprennent
00:41:16 qu'il faut quand même essayer de jouer l'opposition.
00:41:18 - Mais attends, qui a envie d'être fondeur, c'est
00:41:20 une chose, mais aujourd'hui on peut pas dire à la droite
00:41:22 LR, pourquoi vous avez
00:41:24 voté les 64 ans alors qu'ils étaient sur
00:41:26 les 65 ? - Donc de facto,
00:41:28 - Mais attendez, qu'est-ce que vous privilégiez dans la vie ?
00:41:30 Votre cohérence, j'allais dire politique,
00:41:32 ou avec qui on vous met de manière
00:41:34 politicienne ? - Bah si on... Intéressant,
00:41:36 si on parle de cohérence, il faut aller jusqu'au bout de la cohérence.
00:41:38 Et bah aller jusqu'au bout de la cohérence,
00:41:40 ça voudrait que le groupe LR au
00:41:42 Sénat se renomme groupe LREM.
00:41:44 Il suffit d'ajouter deux petites lettres...
00:41:46 - Donc LR disparaissent totalement. - Bah voilà.
00:41:48 - De toute façon, ils sont en train de disparaître intellectuellement,
00:41:50 politiquement on n'en est pas loin.
00:41:52 La difficulté c'est qu'effectivement LR est dans
00:41:54 une espèce de guet-apens, je vois pas très bien ce qu'ils peuvent
00:41:56 faire d'autre. Ça a été très justement rappelé
00:41:58 par Pierre, mais ce qui est vrai c'est que
00:42:00 après avoir défendu, quand on écoute le discours
00:42:02 de M.Larcher par exemple sur les retraites,
00:42:04 on a l'impression du même discours tenu par
00:42:06 la droite depuis les années 90
00:42:08 sur les questions sociales,
00:42:10 sur les questions économiques, LR n'a pas
00:42:12 tant varié que ça pour effectivement
00:42:14 adopter la ligne économique du vieil UDF
00:42:16 qui est une ligne plutôt libérale, orléaniste,
00:42:18 et en cela, effectivement, le président
00:42:20 du Sénat est parfaitement dans cette ligne.
00:42:22 Alors la difficulté c'est qu'avec la base de LR
00:42:24 ça risque de faire des frictions parce que quand les députés
00:42:26 LR rentrent en circonscription,
00:42:28 c'est difficile.
00:42:30 Mais voilà, c'est ce que dit Aurélien Pragué.
00:42:32 Ce n'est pas le cas pour les sénateurs.
00:42:34 Ils connaissent ce terrain.
00:42:36 C'est pas la même chose.
00:42:38 Très bien, on va pas les décrire comme des élus.
00:42:40 Oui, mais là où je ne donne pas du tout raison,
00:42:42 ayant été chez les LR, c'est que
00:42:44 oui, ils proposaient ce genre de réformes,
00:42:46 mais avec moins d'autoritarisme,
00:42:48 avec moins de sectarisme sur les questions
00:42:50 liées à la pénibilité,
00:42:52 au travail et au chômage des seniors.
00:42:54 C'est-à-dire que vous,
00:42:56 vous présentez un cadeau
00:42:58 empoisonné, mais vous mettez du miel autour.
00:43:00 Vous voyez, c'est sympathique.
00:43:02 Mais enfin, quand vous enlevez le miel, il y a le cadeau empoisonné.
00:43:04 Je vous assure, Sonia, Valérie Pécresse, on en a parlé,
00:43:06 mais pas comme ça. Et ils privilégiaient
00:43:08 certains secteurs en revenant sur la pénibilité.
00:43:10 C'est quand même hyper important, je pense.
00:43:12 Alors, un amendement qui peut peut-être mettre le feu aux poux
00:43:14 dans les régimes spéciaux, alors Bruno Retailleau
00:43:16 qui veut supprimer la fameuse
00:43:18 clause du grand-père, Gauthier ?
00:43:20 - On peut aller encore plus loin.
00:43:22 - Au début des discussions,
00:43:24 aujourd'hui, même effectivement, Bruno
00:43:26 Retailleau veut supprimer la clause dite du grand-père.
00:43:28 Donc, en fait, supprimer
00:43:30 les régimes spéciaux pour tout le monde et pas seulement
00:43:32 pour les nouveaux entrants, pour ceux aussi qui
00:43:34 travaillent en ce moment. On sait que le gouvernement
00:43:36 est contre et alors
00:43:38 les débats autour de cet amendement
00:43:40 proposé par Bruno Retailleau ont été
00:43:42 repoussés après l'article 13.
00:43:44 Pourquoi ? La droite explique
00:43:46 qu'il y a trop de sous-amendements de la gauche pour débattre
00:43:48 de cet amendement-là précisément
00:43:50 en ce moment, tandis que la gauche explique
00:43:52 que Bruno Retailleau vaut des débats de nuit
00:43:54 pour éloigner le regard
00:43:56 des Français sur cette suppression
00:43:58 des régimes spéciaux pour tout le monde. On sait
00:44:00 que le gouvernement est contre, par peur évidemment
00:44:02 d'accabler les travailleurs
00:44:04 et surtout de déclencher la colère dans la rue.
00:44:06 - Merci beaucoup, Gauthier,
00:44:08 qui nous rend vraiment compte
00:44:10 de ce qui se passe au Sénat. On vous retrouve
00:44:12 et ce n'est pas fini. Donc, vous êtes là-bas
00:44:14 jusqu'à dimanche soir, minuit ?
00:44:16 - Faites-le joie. - Non, alors figurez-vous
00:44:18 que je suis là jusqu'à minuit, mais après, ça sera quelqu'un d'autre.
00:44:20 - Vous avez un lit de camp, Gauthier ?
00:44:22 - Je suis en train de y penser.
00:44:24 - Mais je me suis installé
00:44:26 un petit lit de camp, effectivement.
00:44:28 - Il y a pire comme endroit.
00:44:30 - Oui, il y a pire comme endroit.
00:44:32 - Merci.
00:44:34 J'ai un concours de proposition
00:44:36 après l'opération
00:44:38 "Péage gratuit", on me dit, il y a aussi l'opération
00:44:40 "Vente, fruits et légumes à prix coûtant".
00:44:42 Ça serait bien, c'est une bonne idée.
00:44:44 - Ils sont très amateurs. - On peut étendre, d'ailleurs, pas que les fruits et légumes.
00:44:46 - Exactement, l'alimentation...
00:44:48 - Ne me regardez pas comme si je...
00:44:50 - C'est l'histoire de la fruits et légumes.
00:44:52 - On va marquer une courte pause, on va se retrouver.
00:44:54 Je voudrais qu'on continue à parler
00:44:56 des blocages, mais par exemple, les éboueurs.
00:44:58 C'est vraiment, évidemment, parce que...
00:45:00 - C'est un truc dans Paris, sans ne pas le voir.
00:45:02 - Voilà, et ça crée de nombreux désagréments,
00:45:04 en particulier aussi pour les commerçants,
00:45:06 pas seulement les habitants. Il y a beaucoup, beaucoup
00:45:08 de restaurateurs qui se plaignent, et c'est la CGT,
00:45:10 encore, des traitements de déchets,
00:45:12 qui prévient qu'elle sera en grève
00:45:14 reconductible, et peut-être même sans limite.
00:45:16 On va en parler.
00:45:18 Je vous parlerai aussi de ce livre
00:45:20 qui est sorti en poche
00:45:22 avec son auteur,
00:45:24 qui sera avec nous, Jean Testanière.
00:45:26 Je ne veux pas le définir, il n'y a pas de mots,
00:45:28 parce qu'il a véritablement un don.
00:45:30 Il était venu chez Pascal Proulx, il y avait eu énormément
00:45:32 de réactions, et l'ayant croisé,
00:45:34 je lui ai dit que si son livre sortait en poche,
00:45:36 eh bien, nous le recevrions avec plaisir.
00:45:38 On va faire à tout de suite.
00:45:40 Merci d'être avec nous,
00:45:44 Midi News, c'est un plaisir de vous accompagner.
00:45:46 Restez avec nous, je l'espère,
00:45:48 dans quelques instants, pour parler
00:45:50 de ce livre. Et si
00:45:52 la vie n'était qu'un début, forcément,
00:45:54 c'est un titre qui vous interpelle.
00:45:56 Vous verrez que ce sera le cas également
00:45:58 avec l'auteur Jean Testanière
00:46:00 qui est avec nous, et je l'en remercie.
00:46:02 Bonjour à vous, Jean.
00:46:04 Bonjour. Je suis très heureux d'être
00:46:06 avec vous. On partage ce bonheur,
00:46:08 si je puis dire, et on va vous écouter avec
00:46:10 beaucoup d'attention, mais tout d'abord, c'est
00:46:12 le journal. Rebonjour à vous, cher Simon.
00:46:14 Rebonjour Sonia, et bonjour à tous ceux
00:46:16 qui nous ont rejoints sur CNews à 13h.
00:46:18 La mobilisation se poursuit en France contre
00:46:20 la réforme des retraites. Ce matin, des agents
00:46:22 ont coupé le courant du Stade de France et du
00:46:24 chantier du Village Olympique à Saint-Denis.
00:46:26 Une annonce faite par le secrétaire général
00:46:28 de la CGT Énergie.
00:46:30 Blocage également dans le sud
00:46:32 de la France. Ce matin, l'autoroute
00:46:34 de la rue 9 a été bloquée par des centaines
00:46:36 de manifestants. Vous le voyez à l'antenne,
00:46:38 les grévistes se sont mobilisés sur un axe
00:46:40 important entre la France et l'Espagne.
00:46:42 On va faire le point sur place avec notre
00:46:44 envoyé spécial, Alexandre Munguez.
00:46:46 Il y a 200 manifestants à s'être
00:46:48 retrouvés ici au Boulou,
00:46:50 dans les Pyrénées-Orientales. Ils ont
00:46:52 répondu à l'appel de l'intersyndical
00:46:54 à bloquer cet axe stratégique
00:46:56 entre la France et l'Espagne.
00:46:58 Ils souhaitent que tout simplement, cette réforme
00:47:00 soit retirée, ou encore
00:47:02 une autre réforme soit proposée. Mais en tout
00:47:04 cas, ils ne souhaitent pas que la réforme
00:47:06 passe avec un départ à la retraite
00:47:08 à 64 ans. Ils veulent que
00:47:10 tout simplement, le gouvernement
00:47:12 cède à leurs revendications.
00:47:14 Les deux corps retrouvés
00:47:16 en fin de semaine dernière en Charente-Maritime
00:47:18 sont bien ceux de Leslie et Kevin.
00:47:20 Ils ont été identifiés grâce à l'exploitation de l'ADN
00:47:22 prélevée sur les deux corps.
00:47:24 Trois personnes ont été mises en examen
00:47:26 et placées en détention provisoire.
00:47:28 Les gourous au 2.0
00:47:30 envahissent Internet. La mission
00:47:32 interministérielle de vigilance et de lutte
00:47:34 contre les dérives sectaires tire la sonnette d'alarme.
00:47:36 Les signalements contre ces nouveaux guides spirituels
00:47:38 explosent depuis la pandémie
00:47:40 de Covid. Voyez ce sujet, il est signé
00:47:42 Yel Benham.
00:47:44 Depuis la crise du Covid, coach de vie,
00:47:46 naturopathe, pseudo-thérapeute,
00:47:48 les gourous 2.0
00:47:50 multiplient les discours alléchants
00:47:52 qui feraient aller mieux.
00:47:54 Leur popularité est telle que leurs sites sont
00:47:56 parfois les mieux référencés.
00:47:58 Si vous allez chercher le site officiel
00:48:00 du ministère de la Santé du cancer,
00:48:02 e-cancer n'arrive qu'en 3e position.
00:48:04 Tellement, si vous voulez,
00:48:06 il y a de vues sur les méthodes
00:48:08 dites alternatives.
00:48:10 Dans son dernier rapport,
00:48:12 la Myvilude, chargée d'alerter et de lutter
00:48:14 contre les dérives sectaires,
00:48:16 indique avoir reçu en 2021
00:48:18 4 020 saisines, soit
00:48:20 une augmentation de 33,6%
00:48:22 en un an.
00:48:24 Un phénomène qui touche, ne l'oublions pas,
00:48:26 quasiment 500 000 Français
00:48:28 et environ entre 50 et 80 000 enfants.
00:48:30 À partir du moment où vous avez
00:48:32 dans votre vie un point de vulnérabilité,
00:48:34 un divorce, une rupture professionnelle,
00:48:36 un problème de santé,
00:48:38 il est humain de chercher
00:48:40 des alternatives.
00:48:42 Tout le monde peut tomber dans le piège,
00:48:44 de quelque catégorie sociale que l'on soit.
00:48:46 Des assises pour lutter
00:48:48 contre ces dérives sectaires sont organisées
00:48:50 ce jeudi, objectif, dégager
00:48:52 une feuille de route claire,
00:48:54 avec des mesures fortes et concrètes.
00:48:56 Dans le reste de l'actualité
00:48:58 de ce jeudi, les forces russes ont mené
00:49:00 de nouvelles frappes massives à travers toute l'Ukraine.
00:49:02 10 régions ont été visées,
00:49:04 selon Volodymyr Zelensky.
00:49:06 Dans la capitale à Kiev, au moins deux personnes
00:49:08 ont été blessées, près de la moitié des habitants
00:49:10 sont pour le moment privés de chauffage et d'électricité.
00:49:12 Et puis en Grèce, la colère monte
00:49:16 après la catastrophe ferroviaire qui a fait
00:49:18 près de 60 morts le 28 février dernier.
00:49:20 Des violences entre policiers et manifestants
00:49:22 ont éclaté. Hier, plus de 65 000 personnes
00:49:24 ont crié leur indignation.
00:49:26 Le Premier ministre grec a promis
00:49:28 la transparence absolue dans cette enquête.
00:49:30 Juste avant de retrouver Sonia Mabrouk
00:49:34 et ses invités pour la suite de MediNews,
00:49:36 c'est l'heure de votre chronique sport,
00:49:38 consacrée à la désillusion du Paris Saint-Germain
00:49:40 hier soir. Le Paris Saint-Germain qui a perdu
00:49:42 face au Bayer de Munich en Ligue des Champions.
00:49:44 On voit ça tout de suite, c'est votre chronique sport.
00:49:46 [Générique]
00:49:52 Battu 1-0 au Parc des Princes,
00:49:54 les Parisiens n'ont pas le choix.
00:49:56 Ils doivent faire plier la meilleure défense
00:49:58 de la compétition. Seulement deux buts encaissés.
00:50:00 Mbappé n'a pas de temps à perdre.
00:50:02 Sa première frappe dès la deuxième minute
00:50:04 est captée par Sommer. Koman à l'aller,
00:50:06 Choupo-Moting au retour. Paris martyrisé
00:50:08 par ses anciens joueurs. 1-0.
00:50:10 C'est finalement sur une nouvelle perte
00:50:12 de balle de Verratti que le suspense prend fin
00:50:14 définitivement. Au fil du long
00:50:16 contre Bavarois, Paris voit s'éteindre
00:50:18 les dernières lures d'espoir. 2-0
00:50:20 comme l'an dernier face au Real,
00:50:22 le PSG s'arrête dès les huitièmes de finale.
00:50:24 [Générique]
00:50:30 On pourrait faire un débat
00:50:32 sur l'issue du match.
00:50:34 Jean aussi, oui ? Jean Testania ?
00:50:36 Oui, un petit peu.
00:50:38 Jean, dans quelques minutes ce sera
00:50:40 à nous. Je me permets de vous appeler
00:50:42 Jean, parce que je dois la transparence.
00:50:44 Tout le monde vous appelle Jean et
00:50:46 je vous connais.
00:50:48 On est...
00:50:50 Je pense qu'on peut dire qu'on est
00:50:52 amis et donc je suis doublement
00:50:54 heureuse de vous recevoir. Pascal Praud
00:50:56 l'avait fait pour la sortie
00:50:58 de votre livre aux éditions Ixo. Aujourd'hui
00:51:00 il s'en empoche. C'est un véritable
00:51:02 succès. Il a touché beaucoup, beaucoup,
00:51:04 beaucoup de gens. Vous allez voir une vraie
00:51:06 générosité, beaucoup de bienveillance
00:51:08 avec Jean dans quelques instants.
00:51:10 Alors, de la bienveillance, il y en a un peu moins
00:51:12 avec le climat social. En ce moment
00:51:14 on a parlé des coupures de courant,
00:51:18 des blocages éventuellement
00:51:20 des universités et des lycées.
00:51:22 Simon, dans le journal, vous a parlé de l'autoroute
00:51:24 1/9 qui est bloquée. Je voudrais vous parler
00:51:26 de la grève, des éboueurs.
00:51:28 En réalité, c'est le traitement
00:51:30 des déchets, c'est la CGT des traitements
00:51:32 des déchets qui a prévenu qu'elle était en grève
00:51:34 reconductible et sans limite.
00:51:36 Et il y a des désagréments pour les habitants,
00:51:38 pour les commerçants, évidemment, pour les restaurateurs.
00:51:40 Il faut le dire aussi pour l'image
00:51:42 de la France, des villes,
00:51:44 en particulier de la capitale.
00:51:46 Regardez tout cela
00:51:48 et résumer dans ce sujet de Solène Boulan.
00:51:50 À peine sorties de chez elles,
00:51:54 ces parisiennes font face à un triste
00:51:56 spectacle. C'est un peu dégoûtant.
00:51:58 Déjà, on a quelques rats, donc je pense que
00:52:00 là, ils vont revenir
00:52:02 en sous-grand nombre. C'est la fête, quoi.
00:52:04 Puis vous vous sentez, ça ne sent pas bon,
00:52:06 ça sent pas agréable. Dans le 14e arrondissement,
00:52:08 les poubelles n'ont pas été ramassées
00:52:10 depuis lundi. Les éboueurs
00:52:12 sont en grève pour protester contre la réforme
00:52:14 des retraites. Un moyen de pression
00:52:16 sur le gouvernement qui divise
00:52:18 les habitants. Ils défendent ce qu'ils défendent,
00:52:20 mais ce que je veux dire,
00:52:22 l'hygiène, ce n'est pas terrible. Il y a des enfants,
00:52:24 il y a des écoles, il y a des crèches. Ça empêche
00:52:26 un peu la vie active normale, mais vu que
00:52:28 le but est assez pertinent,
00:52:30 ça a intérêt de continuer.
00:52:32 Ce n'est pas terrible pour les gens qui viennent visiter Paris.
00:52:34 Non, ce n'est pas terrible.
00:52:36 Je pense que ce n'est pas ce qui fera payer le gouvernement.
00:52:38 Les déchets devraient être brûlés
00:52:40 ici, dans cet incinérateur à Ivry,
00:52:42 mais il est bloqué et occupé par
00:52:44 des agents de la ville. Le mouvement
00:52:46 de grève des éboueurs doit se poursuivre
00:52:48 au moins jusqu'à vendredi.
00:52:50 En réalité, le slogan qui était
00:52:52 "tout bloqué", pour mettre l'économie à genoux,
00:52:54 "tout bloqué", ça participe de cela,
00:52:56 Eric Dreyfus, petit à petit, on va voir de manière éparse
00:52:58 une autoroute bloquée,
00:53:00 un lycée ou une université
00:53:02 aussi bloquée, des coupures
00:53:04 de courant et puis des éboueurs
00:53:06 qui vont maintenir leur grève.
00:53:08 Vous avez quand même une rupture de cet intersyndical
00:53:10 qui était au départ unis et solide,
00:53:12 parce que la CFD n'appelle pas au blocage,
00:53:14 la Force Ouvrière n'appelle pas au blocage,
00:53:16 la CGC n'appelle pas au blocage,
00:53:18 là c'est vraiment la CGT,
00:53:20 et dans le cas des éboueurs, c'est un petit peu compliqué,
00:53:22 parce que vous savez que ce sont de plus en plus d'entreprises privées
00:53:24 qui opèrent, vous le voyez bien,
00:53:26 dans Paris par exemple, c'est De Richembourg,
00:53:28 dans des villes de province, c'est Nicolin,
00:53:30 ça peut être Veolia aussi qui intervient,
00:53:32 et puis, alors bien sûr qu'ils râlent
00:53:34 parce qu'ils n'ont pas envie de travailler
00:53:36 deux ans de plus, mais déjà ils ont quand même
00:53:38 une certaine reconnaissance, ils ont quand même
00:53:40 des avantages, bon c'est toujours un peu gênant de parler
00:53:42 d'avantages pour un métier difficile,
00:53:44 je reconnais qu'être éboueur ce n'est pas un métier facile,
00:53:46 mais ils ne sont quand même pas si mal payés que ça,
00:53:48 derrière il n'y a pas eu de grève pendant des années et des années,
00:53:50 pas de mouvement parce que les salaires
00:53:52 étaient assez élevés, quand je dis élevés,
00:53:54 - Ou alors il y a une forme de résignation aussi,
00:53:56 on peut le voir ainsi. - Alors les salaires pour les maintenir
00:53:58 et faire venir du monde, c'est des salaires
00:54:00 qui étaient plutôt intéressants, bien sûr,
00:54:02 avec leur niveau bien entendu,
00:54:04 mais les salaires sont loin de... je regardais un chauffeur
00:54:06 de camion poubelle,
00:54:08 c'est 38 000 euros brut par an,
00:54:10 38 000 euros brut par an,
00:54:12 donc vous voyez ça va peut-être faire 27 000 net,
00:54:14 - Oui mais alors moi je ne sais pas, j'ai du mal à
00:54:16 vous voyez à... - Donc c'est pas...
00:54:18 - La question c'est une question de pénibilité, d'accord,
00:54:20 de pénibilité en réalité. - Mais c'est ça.
00:54:22 - Pour vivre en région parisienne, ramasser des détritus,
00:54:24 se lever très tôt, et en plus travailler
00:54:26 deux ans de plus, admettez que c'est pas non plus l'Amérique.
00:54:28 - Non c'est sûr que ça n'est pas la panacée.
00:54:30 Et là on est en plein dans les métiers pénibles.
00:54:32 Ah oui oui, là, pardonnez-moi,
00:54:34 mais même si ça n'est pas agréable
00:54:36 de voir les déchets sur le
00:54:38 trottoir qui s'amancèlent et que c'est sale
00:54:40 et que ça va créer un peu plus de rats,
00:54:42 et pour une fois ça n'est pas lié à... - De ?
00:54:44 - Rats, de surmulot. - Non non, de surmulot.
00:54:46 - Je suis politiquement correcte de la stigmatisation, qu'un syndicat
00:54:48 de surmulot vienne taper à ma porte et en en reparler.
00:54:50 - Ils sont capables de taper à la porte de ses news au moment où vous voulez.
00:54:52 - Là pour le coup, ça n'est pas lié à la faute
00:54:54 de la politique de Mme Hidalgo, pour une fois
00:54:56 elle n'est pas responsable. Simplement, j'aimerais
00:54:58 défendre ces gens. - C'est un débat.
00:55:00 - Non mais parce que d'habitude, évidemment,
00:55:02 c'est quand même de sa responsabilité, la ville sale
00:55:04 et l'insécurité, enfin bon bref, selon moi.
00:55:06 Maintenant pour en revenir aux éboueurs,
00:55:08 mais moi je les comprends, à leur place je voudrais pas
00:55:10 travailler jusqu'à 62 ou 64 ans,
00:55:12 pardonnez-moi, même s'ils peuvent percevoir
00:55:14 plus de 2000 euros, dans quelles conditions
00:55:16 travaillent-ils ? - Mais bien sûr.
00:55:18 - C'est vrai. Et puis surtout, le gouvernement
00:55:20 qui balaye ça d'un revers de la main,
00:55:22 j'en ai entendu dire
00:55:24 de la part de certains, "ah mais c'est pas si pénible
00:55:26 que ça d'être éboueur", eh bien moi je leur propose
00:55:28 un "Vie ma vie" des boueurs.
00:55:30 - Mais oui, vous avez raison. La stratégie
00:55:32 du gouvernement, ça va être de faire le doron.
00:55:34 Ils se disent, ce sont des blocs,
00:55:36 des blocages
00:55:38 éparses, on va faire le doron,
00:55:40 ça va passer, ça va être voté,
00:55:42 et puis voilà. Mais moi c'est toujours
00:55:44 dans quel état vous laissez
00:55:46 le pays quand vous avez deux tiers
00:55:48 des français qui ne sont pas d'accord
00:55:50 avec d'autres professions ?
00:55:52 - Juste rappeler que le dossier de la pénibilité,
00:55:54 quand même, il est passé par toutes
00:55:56 les couleurs. C'est-à-dire qu'au début,
00:55:58 il y avait quelque chose qui avait été intégré
00:56:00 dans les dernières lois,
00:56:02 après qui avait été supprimé,
00:56:04 les critères de pénibilité qui étaient pas,
00:56:06 je dirais, c'était pas la panacée,
00:56:08 parce qu'il y avait un petit peu de travail de nuit, un petit peu de charges
00:56:10 lourdes, mais les horaires
00:56:12 décalés, par exemple, dans le monde hospitalier,
00:56:14 parlons-en, avec les heures supplémentaires
00:56:16 à gogo qui sont faites,
00:56:18 parce que faute, évidemment, de quoi ? De personnel.
00:56:20 Et après, comment vous faites de l'attractivité
00:56:22 notamment dans les services publics et dans la fonction publique
00:56:24 quand déjà, à la base,
00:56:26 vous avez quelque chose qui n'est pas reconnu, c'est-à-dire
00:56:28 la pénibilité de votre travail ? Parce qu'il ne faut pas croire
00:56:30 qu'ils sont en pleine forme.
00:56:32 Aujourd'hui, les infirmiers et les soignants, ils partent à 60 ans,
00:56:34 c'est l'âge moyen de départ à la retraite.
00:56:36 Et eux, peu importe la pension de retraite,
00:56:38 parce qu'eux, ils sont cassés, épuisés par le milieu
00:56:40 socio-professionnel. Donc là, les éboueurs
00:56:42 dirent que ce n'est pas un métier pénible,
00:56:44 là, effectivement, je rejoins assez leur proposition.
00:56:46 Mais moi, j'ai toujours une question. Expliquez-moi,
00:56:48 il y a des éboueurs dans les autres pays européens ?
00:56:50 C'est toujours la même pénibilité.
00:56:52 Bon, alors, pourtant, pour eux,
00:56:54 la réforme... Vous voyez ce que je veux dire ? C'est passé.
00:56:56 Ils travaillent plus longtemps.
00:56:58 Moi, je ne suis pas le partisan des comparaisons, notamment,
00:57:00 parce que c'est des comparaisons...
00:57:02 Il n'y a pas une singularité française...
00:57:04 Les comparaisons sur la réforme des retraites,
00:57:06 parlons-en, celles qui ont été faites avec les Allemands
00:57:08 qui travaillent jusqu'à 67 ans.
00:57:10 Moi, j'y étais très souvent, en Allemagne.
00:57:12 Oui, à 67 ans, mais...
00:57:14 Avec quelle pension de retraite ?
00:57:16 La plupart des personnes âgées, en Allemagne,
00:57:18 j'étais même en Bavière, à 70 ans,
00:57:20 il y en avait qui faisaient des travaux ménagers,
00:57:22 notamment dans des stations-services, pour combler
00:57:24 parce qu'ils n'arrivaient pas à joindre
00:57:26 les deux bouts à la fin du mois.
00:57:28 Si c'est ça, le modèle social
00:57:30 de la France, je ne crois pas que ce soit
00:57:32 vraiment ce qui est demandé.
00:57:34 D'accord que le fait de dire "à l'étranger, on fait comme ça"
00:57:36 n'est en soi pas un argument.
00:57:38 Je vais être dans l'extrême,
00:57:40 mais c'est pas parce que votre voisin saute par la fenêtre
00:57:42 que vous devez faire la même chose.
00:57:44 Nous ne sommes pas une île, on est obligés aussi de comparer
00:57:46 ce qu'il se passe.
00:57:48 Pardonnez-moi, on peut être en désaccord,
00:57:50 mais on peut dire aussi que c'est un fait objectif,
00:57:52 qu'il y a une singularité française,
00:57:54 il y a un modèle social français.
00:57:56 C'est une question politique, on peut être en désaccord,
00:57:58 mais il y a un état de fait, il y a un choix politique.
00:58:00 Si un pays décide,
00:58:02 pour des considérations liées à la pénibilité,
00:58:04 pour le bonheur des gens,
00:58:06 pour leur vie, à un moment, de dire
00:58:08 "dans ce pays-là, non, on ne sera pas
00:58:10 au 45 ans, au 50 ans, au 35 ans,
00:58:12 et puis la retraite ce ne sera pas à 60 ans,
00:58:14 c'est à 60 ans", c'est un choix politique.
00:58:16 C'est un choix politique.
00:58:18 Après il faut l'assumer sur politique.
00:58:20 Si vous commencez à me layer
00:58:22 la reverse de la main à la pénibilité,
00:58:24 vous assumez les 3 000 milliards de dettes
00:58:26 au passage ?
00:58:28 Excusez-moi, ce n'est pas le meilleur argument
00:58:30 en ce qui concerne l'occurrence. Moi c'est ça que j'ai le plus de mal
00:58:32 à entendre. C'est quand on nous dit
00:58:34 "il faut faire attention parce que sinon ça va être la faillite,
00:58:36 sinon notre système de répartition, c'est terminé".
00:58:38 Attendez, excusez-moi, en deux ans, il me semble qu'on a pris
00:58:40 mais des dizaines de milliards, j'avais le chiffre
00:58:42 encore, plusieurs centaines de milliards
00:58:44 d'endettement, enfin on a pris 30%
00:58:46 d'endettement du PIB, 25% d'endettement du PIB,
00:58:48 et on a mis l'économie dans un niveau
00:58:50 tel qu'aujourd'hui, une partie de l'inflation,
00:58:52 on la paye aujourd'hui. C'est très compliqué
00:58:54 de dire "il faut en faire pour 12 milliards,
00:58:56 c'est pas possible". C'est une question de confiance,
00:58:58 c'est-à-dire quand les marchés financiers,
00:59:00 parce que c'est ça, elle est faite pour ça,
00:59:02 cette réforme, ne vous font plus confiance.
00:59:04 - C'est pas la démocratie, vous savez qui dirige la France.
00:59:06 - Mais attendez. - C'est pas les marchés financiers.
00:59:08 - Ce n'est pas une île, il y a des marchés
00:59:10 financiers, vous soyez d'accord ou pas ?
00:59:12 - On doit tenir compte. - Et que si
00:59:14 demain votre investisseur ne vous prête plus,
00:59:16 vous pouvez lui dire la singularité
00:59:18 de la France et lui dire "non non non".
00:59:20 - L'investisseur c'est pas lui qui met la monnaie.
00:59:22 - Le problème c'est que depuis près d'un siècle,
00:59:24 en tout cas depuis les années 80, ce sont effectivement
00:59:26 les agences de notation,
00:59:28 les marchés financiers et maintenant l'UE,
00:59:30 qui font la politique économique de la France.
00:59:32 - Vous dites que c'est le capitalisme ?
00:59:34 - Alors excusez-moi, non, c'est pas le capitalisme,
00:59:36 c'est la financiarisation du capitalisme.
00:59:38 Le capitalisme paternaliste de Gaulle, c'était pas ça.
00:59:40 Donc il y a plusieurs formes de capitalisme
00:59:42 et effectivement nous entrons dans l'âge d'un capitalisme
00:59:44 qui est déraisonnable, dérégulé.
00:59:46 Ça ne se passe pas beaucoup mieux ailleurs,
00:59:48 regardez en Angleterre les grandes grèves qu'il y a eu,
00:59:50 regardez en Allemagne depuis les Loires,
00:59:52 les jobs à 1€, la difficulté de la classe
00:59:54 moyenne allemande et de la paupérisation
00:59:56 d'une partie de la classe moyenne allemande.
00:59:58 En Italie, ça ne va pas beaucoup mieux,
01:00:00 Mme Mélanie a aussi été élue sur un grand déclassement
01:00:02 de la population. Donc voilà, je ne pense pas
01:00:04 qu'en France, avec notre État-providence,
01:00:06 la façon dont ça a été réfléchi avec
01:00:08 le programme du CNR, avec De Gaulle,
01:00:10 avec les socialistes et les communistes,
01:00:12 je ne suis pas sûr que tout ça soit ajeté
01:00:14 pour effectivement plaire et complaire aux marchés financiers.
01:00:16 - J'avais posé la question à Alain Minc et il m'a dit
01:00:18 "Cette réforme, elle est faite
01:00:20 pour les marchés financiers".
01:00:22 Ce que ne peuvent pas vous dire les ministres,
01:00:24 vous le dites. - Il est honnête !
01:00:26 - Il est honnête ! - Il est honnête !
01:00:28 - Exactement, et on en a tous conscience.
01:00:30 Et c'est de là où part aussi cette défiance contre cette réforme.
01:00:32 - Mais qui vote en France ?
01:00:34 - Il aurait fallu faire preuve de sincérité.
01:00:36 - C'est pour sauver notre triple A.
01:00:38 - On a tendance à oublier aussi que la France,
01:00:40 et c'est ce qu'on me dit quand j'interroge les socios entreprises,
01:00:42 que la France vit sur un pied très luxueux, très confortable,
01:00:44 avec une protection sociale excellente.
01:00:46 - Mais on paye les impôts quand même !
01:00:48 - Mais attendez, ne me dites pas ça, c'est pas vrai !
01:00:50 - Il y a 10% des Français qui ne payent pas d'impôts sur le revenu.
01:00:52 Donc il faut arrêter avec ce qu'il y a.
01:00:54 - Très bien, ils payent la TVA.
01:00:56 - C'est normal, mais comment vous faites tourner un pays
01:00:58 et quand vous n'avez plus de recettes,
01:01:00 vous faites comment si vous êtes un ménage,
01:01:02 que vous n'avez plus d'argent pour vivre,
01:01:04 vous ne faites pas bien rentrer l'argent quelque part,
01:01:06 soit en travaillant. - Mais c'est toujours sur les mêmes !
01:01:08 - C'est pas normal, il y a un moment, il ne faut quand même pas exagérer.
01:01:10 - C'est que vous me l'avez énervé,
01:01:12 Éric de Rismaten !
01:01:14 - Je défends la France que j'aime,
01:01:16 je me dis que ce n'est quand même pas croyable
01:01:18 ce qu'il peut y avoir.
01:01:20 On distribue trop d'argent, peut-être.
01:01:22 - On redistribue très mal.
01:01:24 - M. Attal a d'ailleurs dit,
01:01:26 Gabriel Attal a dit qu'il allait serrer les vis
01:01:28 sur les allocations qui sont distribuées à tout va
01:01:30 et de manière irraisonnée, ou déraisonnable.
01:01:32 Aujourd'hui, n'importe qui peut avoir le RSA,
01:01:34 l'allocation familiale, les cartes vitales.
01:01:36 On sait très bien qu'il y a des abus,
01:01:38 pourquoi on ne serre pas les vis là-dessus ?
01:01:40 Et Attal a raison.
01:01:42 - D'abord, rappelez que ce ne sont pas les retraites
01:01:44 des Français qui sont responsables des 3 000 milliards
01:01:46 de dette de la France.
01:01:48 Ensuite, vous parliez de protection sociale,
01:01:50 et bien, Banco, vous savez qu'aujourd'hui,
01:01:52 il y a des agents publics qui ne payent plus
01:01:54 de protection sociale parce que faute de moyens.
01:01:56 Et des agents publics, ça veut dire
01:01:58 une classe moyenne, vous voyez ce que je veux dire.
01:02:00 Nous, là, on est en train de travailler sur
01:02:02 notamment les retraites, enfin, pas les retraites,
01:02:04 les protections sociales complémentaires
01:02:06 pour qu'il y ait une participation
01:02:08 notamment des employeurs de l'État,
01:02:10 des territoriales ou de l'hospitalière,
01:02:12 pour aider à ce qu'il y ait une protection sociale.
01:02:14 Parce qu'aujourd'hui, c'est ça la réalité du terrain.
01:02:16 Et quand on parle des classes moyennes,
01:02:18 dire qu'aujourd'hui, ils ne prennent pas
01:02:20 de mutuelle ou de complémentaire santé
01:02:22 parce que c'est pour faire des économies
01:02:24 sur le salaire moyen chaque mois,
01:02:26 moi, je trouve que c'est assez grave
01:02:28 dans la situation. Après, vous parliez
01:02:30 effectivement des flux financiers
01:02:32 qui sont peut-être donnés à tout va,
01:02:34 qui ont un contrôle, je vous rejoins tout à fait.
01:02:36 - On va jeter un coup d'œil.
01:02:38 - Mais attention à ne pas se tromper
01:02:40 dans ceux qui sont responsables ou pas.
01:02:42 Et ne pas opposer les Français, surtout, pour moi.
01:02:44 Ah bah, qui le fait ? - Là, on le fait.
01:02:46 - Le gouvernement, essentiellement.
01:02:48 Jetez un coup d'œil sur cette lettre
01:02:50 qui a été envoyée par l'intersyndical
01:02:52 directement à l'Élysée.
01:02:54 Il n'y a pas de surprise sur le contenu.
01:02:56 Dans l'urgence de ce moment,
01:02:58 et la gravité de ses conséquences est-il écrite,
01:03:00 les organisations syndicales constituant
01:03:02 l'intersyndical expriment ensemble
01:03:04 la demande de vous rencontrer.
01:03:06 Il faut être honnête,
01:03:08 quand les syndicats ont été convoqués
01:03:10 ou invités...
01:03:12 - Non, mais c'est ça que je parle d'avant.
01:03:14 - Ah oui, vous n'avez pas voulu y aller.
01:03:16 - Mais il faut voir aussi les conditions.
01:03:18 - Non, mais...
01:03:20 - C'est vrai que la confrontation,
01:03:22 il faut être honnête.
01:03:24 - Vous y allez.
01:03:26 La stratégie de la chaise vide,
01:03:28 vous la perdez toujours à la fin.
01:03:30 - La stratégie de la chaise vide,
01:03:32 c'est Emmanuel Macron qui l'a fait.
01:03:34 Et si vous voulez, à un moment donné,
01:03:36 le fait qu'il rebascule vers M. Dussopt
01:03:38 la présidence présidentielle,
01:03:40 qui est la 5ème pluie,
01:03:42 et qui est faite au plan institutionnel
01:03:44 et constitutionnel,
01:03:46 il est évident que c'est dans le bureau
01:03:48 du chef de l'État que ça va se décider,
01:03:50 cette réforme, et pas dans celui
01:03:52 de M. Dussopt qui est un exécutant.
01:03:54 - On continuera peut-être à en parler plus tard.
01:03:56 On va prendre du temps avec vous,
01:03:58 cher Jean Testanière.
01:04:00 Merci encore d'être avec nous.
01:04:02 Vous êtes doté d'une très grande sensibilité.
01:04:04 Faut-il parler d'un don ?
01:04:06 Je me suis posé la question avant de vous présenter
01:04:08 et d'entamer cet entretien.
01:04:10 Est-ce qu'il faut dire que vous êtes
01:04:12 comme une sorte d'éponge, un réceptacle ?
01:04:14 C'est une très grande sensibilité.
01:04:16 Mais il faut assumer et dire
01:04:18 que vous avez ce don.
01:04:20 - J'ai mis beaucoup de temps
01:04:22 à l'admettre.
01:04:24 C'est vrai que très jeune,
01:04:26 je surprenais les professeurs,
01:04:28 mes copains,
01:04:30 mes copines.
01:04:32 Et à un moment donné,
01:04:34 j'ai perdu,
01:04:36 il faut le savoir,
01:04:38 mon père très jeune.
01:04:40 Et ma mère, elle a été convoquée.
01:04:42 Elle a dit, ce gosse,
01:04:44 il est particulier.
01:04:46 Je lui ai dit, pourquoi ?
01:04:48 Il a quelque chose qui...
01:04:50 Non, il est particulier parce que
01:04:52 il est dans la lune
01:04:54 et lorsque je l'interpelle,
01:04:56 il reprend exactement ce que je venais de dire.
01:04:58 Alors,
01:05:00 il y a quelque chose
01:05:02 que je n'arrive pas à m'exprimer,
01:05:04 je n'arrive pas à le canaliser.
01:05:06 Pourquoi ? Ma mère...
01:05:08 - Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
01:05:10 - J'avais 12 ans.
01:05:12 Ça commençait très très jeune.
01:05:14 - Est-ce que ça correspond au moment
01:05:16 où vous avez perdu votre père ?
01:05:18 - J'ai perdu... J'avais 8 ans.
01:05:20 Et j'ai toujours...
01:05:22 Ce qui est terrible, on m'a toujours
01:05:24 masqué, on m'a toujours caché
01:05:26 la mort de mon père.
01:05:28 Je cherchais un père qui avait disparu.
01:05:30 Et il est parti.
01:05:32 Je l'ai vu son lit de mort.
01:05:34 Et c'est là que ça a commencé
01:05:36 à faire beaucoup parler.
01:05:38 Mon père est décédé.
01:05:40 On m'emmène
01:05:46 pour l'embrasser.
01:05:48 Et je lui ai dit
01:05:50 à ma mère, à ma tante,
01:05:54 à personne, j'ai dit,
01:05:56 "Mais il n'est plus là, il est là-bas."
01:05:58 - Il est là-bas.
01:06:00 - Je l'ai vu ailleurs.
01:06:02 - Vous l'avez vu ailleurs.
01:06:04 Et à ce moment-là, quand le petit garçon
01:06:06 que vous êtes déjà, qui est chagriné,
01:06:08 attristé, évidemment, par la perte
01:06:10 de son père, a aussi
01:06:12 cette vision et ce don qui arrive,
01:06:14 on imagine combien c'est compliqué
01:06:16 à gérer, évidemment.
01:06:18 - Donc ma mère m'a fait voir
01:06:20 par différents docteurs.
01:06:22 J'ai dit non. Ils ne peuvent pas aller au boulot.
01:06:24 Ils expliquent des choses.
01:06:26 - Qu'est-ce que vous disiez aux docteurs ?
01:06:28 Vous étiez un garçon
01:06:30 parfaitement normal,
01:06:32 mais avec ce don, ces visions.
01:06:34 - J'ai été obligé d'expliquer.
01:06:36 Ils m'ont dit, "Mais qu'est-ce que tu vois ?"
01:06:38 Je leur ai dit, "Mais j'entends aussi."
01:06:42 "Tu entends ?"
01:06:46 "J'écoute ce qu'on me dit."
01:06:48 "Quelles sont ces voix ?"
01:06:50 "Ce sont les voix de mon père
01:06:52 et de ma grand-mère."
01:06:54 "Qu'est-ce que tu dis ?"
01:06:56 J'ai égrené tout ce qu'on me dit.
01:06:58 C'est passé comme ça.
01:07:00 Ça m'a perturbé à l'école.
01:07:02 Je n'étais pas un bon élève.
01:07:04 J'ai aimé l'école pour les copains,
01:07:06 les copines, tout ça.
01:07:08 - Pour autre chose, on en parlera.
01:07:10 Après, vous avez eu ce lien toujours
01:07:12 avec la jeunesse, parce que vous avez été
01:07:14 éducateur spécialisé.
01:07:16 Vous vous occupiez, c'est très important,
01:07:18 de jeunes en difficulté.
01:07:20 Mais c'est important de comprendre
01:07:22 que vous avez l'amour de la maman,
01:07:24 des sœurs, mais la singularité
01:07:26 de quelqu'un qui a quelque chose
01:07:28 de différent des autres, des copains,
01:07:30 des copines.
01:07:32 Il y a un moment incroyable dans le livre
01:07:34 où vous voyez ce qui va se passer.
01:07:36 Vous le racontez,
01:07:38 c'est l'innocence de vous raconter.
01:07:40 Après, vous vous rendez compte que non.
01:07:42 C'est compliqué de raconter, ça peut être effrayant.
01:07:44 - Oui.
01:07:46 J'ai surpris les gens.
01:07:48 Je vivais avec ça.
01:07:50 Et donc,
01:07:52 pas facile d'en parler.
01:07:54 La peur d'eux,
01:07:56 qu'on m'enferme.
01:07:58 - Eh oui.
01:08:00 - Et à un moment donné, je me suis dit
01:08:02 il faut que je parle.
01:08:04 Je parlais à ma mère,
01:08:06 à ma tante, à mon oncle.
01:08:08 Je dis, voilà, vous me parlez de mon père,
01:08:10 mais juste à côté.
01:08:12 - Il est là ?
01:08:14 - Oui. Il te parle ?
01:08:16 Oui, il me parle.
01:08:18 Il est tout seul, il en dit.
01:08:20 Surtout à nous.
01:08:22 Et...
01:08:24 Je suis très touché.
01:08:26 - On va marquer une pause,
01:08:28 parce que vous êtes très touché et ému.
01:08:30 - Très ému.
01:08:32 Très ému parce qu'il y avait
01:08:34 dans ses voix de la douceur.
01:08:36 Ça me tranquillisait.
01:08:38 Et quand il me disait...
01:08:40 Mon père,
01:08:42 je l'ai connu
01:08:44 jusqu'à 6 ans.
01:08:46 Il me disait, "Non, t'inquiète pas,
01:08:48 ça existe."
01:08:50 - Ça existe.
01:08:52 - Voilà. J'ai pas eu plus, ni moins.
01:08:54 Ces paroles,
01:08:56 ces mots, je les revois
01:08:58 comme si c'était hier.
01:09:00 - Et ensuite, Jean, ces paroles et ces mots
01:09:02 se sont révélés à vous,
01:09:04 parce que vous avez vu,
01:09:06 vous avez entendu, vous avez aidé
01:09:08 beaucoup de gens. On va en parler,
01:09:10 on va marquer une pause.
01:09:12 Certains vous présentent souvent comme...
01:09:14 - Je n'aime pas ce mot, "le médium des stars",
01:09:16 du showbiz, mais je voudrais insister sur le fait
01:09:18 que vous aidez
01:09:20 tout le monde, tant que vous le pouvez.
01:09:22 Ce n'est pas votre métier,
01:09:24 vous le faites ainsi,
01:09:26 c'est pas un métier du tout.
01:09:28 - Je vous le dis.
01:09:30 - C'est très important.
01:09:32 Une courte pause et on se retrouve ensemble.
01:09:34 Nous avons d'ores et déjà beaucoup de réactions,
01:09:40 en tous les cas, sur les réseaux sociaux
01:09:42 des messages qui me parviennent
01:09:44 pour me dire que vous êtes solaire,
01:09:46 que votre sourire bienveillant
01:09:48 touche l'essentiel,
01:09:50 c'est-à-dire le cœur.
01:09:52 On va continuer à en parler.
01:09:54 Tout d'abord, les titres,
01:09:56 CNewsInfo, Barbara Durand.
01:09:58 - C'est officiel,
01:10:00 Corinne Diacre n'est plus la sélectionneure
01:10:02 des Bleus, fragilisée par une fronde
01:10:04 des meilleures joueuses françaises.
01:10:06 L'entraîneur de 48 ans a été démise
01:10:08 de ses fonctions à l'issue d'une réunion
01:10:10 de la FFF. Tout est donc à reconstruire
01:10:12 pour les Bleus, avec un E,
01:10:14 à seulement 4 mois et demi du Mondial.
01:10:16 Êtes-vous en colère contre la politique
01:10:18 économique et sociale du gouvernement ?
01:10:20 Regardez, pour 82% des Français
01:10:22 sondés, la réponse est oui.
01:10:24 Résultat d'un sondage exclusif
01:10:26 pour CNews. Dans le détail,
01:10:28 51% se disent très en colère,
01:10:30 31% un peu en colère,
01:10:32 17% pas du tout.
01:10:34 Enfin, après une frappe russe en Ukraine,
01:10:36 la centrale nucléaire de Zaporizhia
01:10:38 est actuellement coupée du réseau électrique.
01:10:40 L'infrastructure fonctionne désormais
01:10:42 grâce à des générateurs de secours.
01:10:44 Un risque inacceptable
01:10:46 pour la sécurité et la sûreté nucléaire.
01:10:48 Déclaration ce midi
01:10:50 de la diplomatie française.
01:10:52 Merci à vous,
01:10:54 Barbara. Midi News avec toujours
01:10:56 nos invités, Stanislas Godon
01:10:58 qui est délégué général Allianz
01:11:00 Police, Paul Melun, Pierre Gentillet,
01:11:02 Caroline Pilas. Nous reparlerons tout à l'heure
01:11:04 des blocages. En cours,
01:11:06 il y a certaines coupures de courant,
01:11:08 une autoroute qui est bloquée.
01:11:10 Tout ça, c'est la contestation contre la réforme
01:11:12 des retraites. On fait une parenthèse
01:11:14 avec vous, Jean Testanière,
01:11:16 une parenthèse bienvenue quand je
01:11:18 vois les premières
01:11:20 réactions. Et c'est vrai, tout à l'heure,
01:11:22 j'ai évoqué, on va dire,
01:11:24 les personnalités.
01:11:26 C'est aussi lié à votre parcours,
01:11:28 François Mitterrand, qui lui,
01:11:30 croyez aux forces de l'esprit. Vous avez quand même
01:11:32 une relation particulière,
01:11:34 singulière, avec un homme, il faut le dire,
01:11:36 quelles que soient nos opinions politiques,
01:11:38 d'une culture assez incroyable
01:11:40 et qui avait une profondeur...
01:11:42 Et là, vous avez entretenu une forme de
01:11:44 amitié, de complicité,
01:11:46 une vraie relation.
01:11:48 Ce n'est pas anodin.
01:11:50 Oui, en plus de ça, je le voyais,
01:11:52 personne ne savait que je le voyais.
01:11:54 Et un jour même,
01:11:56 sa fille a voulu me rencontrer.
01:11:58 - Mazarin. - Mazarin.
01:12:00 Qui est adorable.
01:12:02 Elle avait le physique de son père.
01:12:04 Elle m'a dit "toi, je sais que..."
01:12:06 - Qu'est-ce qu'elle vous a dit ?
01:12:08 - "Mon papa t'aimait beaucoup."
01:12:10 - Donc, François Mitterrand lui avait raconté
01:12:12 la relation que vous aviez.
01:12:14 - Oui, certainement.
01:12:16 Ni plus ni moins, elle m'a dit.
01:12:18 - Mais c'est déjà beaucoup.
01:12:20 - C'est formidable. Formidable.
01:12:22 Vous savez, pardon de vous couper,
01:12:24 excusez-moi, si je me fais son malin,
01:12:26 c'est peut-être pas poli,
01:12:28 si vous me permettez.
01:12:30 Mais quand
01:12:32 vous êtes entouré
01:12:34 comme ça,
01:12:36 et que cette voix qui vient comme ça,
01:12:38 elle est à la fois
01:12:40 rassurante,
01:12:42 équilibrante, je préférais.
01:12:44 - C'est important ce que vous dites.
01:12:46 C'est-à-dire que ces voix qui vous parviennent,
01:12:48 et on va expliquer que ce sont des voix
01:12:50 de personnes souvent...
01:12:52 Ce sont des voix de personnes disparues.
01:12:54 Eh bien, pour vous, elles sont rassurantes.
01:12:56 Il n'y a rien d'obscur,
01:12:58 d'éffrayant, de surnaturel.
01:13:00 Non, au contraire, c'est réconfortant.
01:13:02 - C'est très réconfortant.
01:13:04 Écoutez, je disais précédemment,
01:13:06 quand j'entends
01:13:08 "J'entends ne t'en ai pas peur, c'est moi",
01:13:10 j'ai vu ma mère,
01:13:12 j'ai vu mon père,
01:13:14 c'est très rassurant.
01:13:16 Et c'est toujours à sa manifeste,
01:13:18 à l'oreille gauche.
01:13:20 - C'est-à-dire que physiquement...
01:13:22 - Oui, regardez, je vais vous en parler,
01:13:24 la main, tout de suite, elle...
01:13:26 - Je suis en main.
01:13:28 - Je vais parler de François Mitterrand.
01:13:30 On peut égrener la liste,
01:13:32 mais ce qui est important,
01:13:34 c'est pour ça que j'insiste sur cela,
01:13:36 c'est d'abord, vous n'en faites pas votre métier,
01:13:38 vous essayez d'aider.
01:13:40 Il faut savoir que pour vous connaître,
01:13:42 vous avez un courrier incroyable de gens
01:13:44 qui vous écrivent, vous dites "Aidez-nous".
01:13:46 Et pour vous, ce n'est pas évident,
01:13:48 parce que vous dites "Moi, je n'ai pas
01:13:50 des capacités surnaturelles.
01:13:52 Moi, je peux parfois sentir les choses,
01:13:54 mais je dois être très attention à ne pas travestir
01:13:56 ce que vous entendez pour ne pas donner
01:13:58 ni de faux espoirs, ni des choses
01:14:00 qui seraient fausses.
01:14:02 Vous y tenez beaucoup. Pourquoi, Jean ?
01:14:04 - C'est très juste ce que vous dites.
01:14:06 C'est ma façon d'être.
01:14:08 Parce que l'espoir, c'est bien.
01:14:10 Mais il faut qu'il y ait un révé.
01:14:12 Il y a le résultat escompté.
01:14:14 - C'est-à-dire ?
01:14:16 - C'est-à-dire qu'on espère
01:14:18 quelque chose des gens, c'est acquis.
01:14:20 Là, je freine toujours
01:14:22 des deux pieds, moi.
01:14:24 Je dis "Voilà ce qu'on me montre".
01:14:26 Voilà ce qu'on me montre.
01:14:28 Et pas autrement.
01:14:30 C'est-à-dire que quand on me montre
01:14:32 qu'il y a des signes
01:14:34 de boucle, ce qu'on appelle,
01:14:36 ça tourne comme un rond
01:14:38 qui tourne doré.
01:14:40 Doré argenté, parfois.
01:14:42 Droite, je sais que c'est oui.
01:14:44 Gauche, c'est non.
01:14:46 Et ensuite, après, cette voix,
01:14:48 qui est toujours la même,
01:14:50 voix féminine, voix masculine.
01:14:52 Mais une voix aimante,
01:14:54 rassurante.
01:14:56 Donc, ce que vous préférez,
01:14:58 pour moi, c'est
01:15:00 Roby Sourong, là.
01:15:02 Tout ce qu'elle m'a...
01:15:04 Quand elle me parle,
01:15:06 ça a été vrai.
01:15:08 - Et vous relayez
01:15:10 ses paroles,
01:15:12 en tout cas ses messages
01:15:14 à ceux qui viennent vous voir,
01:15:16 parfois, etc.
01:15:18 Vous ne le sentez pas, ça dépend.
01:15:20 Il y a eu beaucoup... Votre livre a connu
01:15:22 un vrai succès. Je le disais, là, il est en version poche.
01:15:24 J'imagine, on imagine
01:15:26 véritablement les courriers que vous avez,
01:15:28 parfois, les appels
01:15:30 de détresse. Comment on fait ?
01:15:32 Parce que vous le dites,
01:15:34 moi j'insiste sur ça,
01:15:36 il y a beaucoup d'honnêteté, de bienveillance.
01:15:38 Vous voulez aider, mais à un moment, ce n'est plus possible
01:15:40 d'aider tout le monde, les gens qui viennent devant
01:15:42 votre portail,
01:15:44 non loin de Toulon.
01:15:46 - Comment vous répondez à ces gens-là ?
01:15:48 - Je suis obligé de leur dire, parce qu'on ne vit pas sur des rêves,
01:15:50 sur des mensonges. Je leur dis,
01:15:52 là, je ne vois pas.
01:15:54 Ou je vois, ou je ne vois pas.
01:15:56 J'entends, ou je n'entends pas.
01:15:58 Parce que ça ne sert à rien
01:16:00 de leur faire croire aux gens.
01:16:02 Ce n'est pas beau.
01:16:04 Je ne le ferai jamais.
01:16:06 Je l'ai fait une fois,
01:16:08 que Dieu me pardonne,
01:16:10 et j'ai regretté.
01:16:12 Mais je me suis rattrapé.
01:16:14 Je me suis laissé aller.
01:16:16 Je n'ai pas été ce que j'aurais dû être.
01:16:18 Mais j'ai voulu tellement faire plaisir.
01:16:20 - Vous voulez faire plaisir.
01:16:22 Parce que face à vous, ce sont des gens en deuil,
01:16:24 en détresse.
01:16:26 - Voilà.
01:16:28 Je voulais dire, écoutez, ça va bien.
01:16:30 Et puis,
01:16:32 j'ai dit les paroles,
01:16:34 non, vous allez voir, ça va aller bien.
01:16:36 Et quand j'entends ça,
01:16:38 je suis plaisir.
01:16:40 Et à la fin,
01:16:42 je suis plaisir.
01:16:44 Et à la minute, pas la minute,
01:16:46 à l'heure suivante, j'ai parlé à la personne,
01:16:48 et j'ai dit, c'était moi qui ai parlé,
01:16:50 mais ce n'est pas la voix.
01:16:52 J'ai rectifié par contre.
01:16:54 Parce que je ne peux pas nourrir les gens d'espoir.
01:16:56 Ce n'est pas bien. Il vaut mieux rien dire.
01:16:58 - Alors, c'est ça la question.
01:17:00 Quand il y a des choses
01:17:02 qui ne sont pas positives,
01:17:04 et même très dures, très noires,
01:17:06 est-ce que vous vous abstenez d'en parler ?
01:17:08 Et vous préférez peut-être ne pas voir
01:17:10 les personnes en question ?
01:17:12 - Voilà, je préfère. J'ai le devoir de réserve.
01:17:14 Je vais vous expliquer pourquoi.
01:17:16 Je ne vais pas nourrir d'espoir
01:17:18 les gens. Parce qu'à force,
01:17:20 ils me disent, vous voyez comme ça,
01:17:22 ils vous touchent, vous savez déjà, ils sont tactiles.
01:17:24 Ils vous poussent un petit peu
01:17:26 à aller trop loin. Je ne peux pas le faire.
01:17:28 J'ai deux, trois cas.
01:17:30 Je dis, je ne peux pas le faire.
01:17:32 Ils vont me demander quelque chose
01:17:34 que je ne pourrais pas.
01:17:36 - Comment dire ?
01:17:38 - C'est profondément humain
01:17:40 de vouloir savoir ce qui va nous arriver,
01:17:42 si on peut entrer en contact
01:17:44 avec les êtres chers
01:17:46 que nous avons perdus.
01:17:48 C'est pour ça qu'il y a une mosaïque
01:17:50 de personnes. Il y a des gens vraiment,
01:17:52 quand je dis des gens connus,
01:17:54 il y a des stars de la télévision,
01:17:56 du cinéma, des responsables politiques,
01:17:58 Bill Clinton.
01:18:00 Il y a, et il y a nous tous, je vais dire.
01:18:02 Il n'y a pas d'exclusives.
01:18:04 C'est important sur ce point.
01:18:06 - Je voudrais que, comme une petite souris,
01:18:08 on ait envie de savoir comment les responsables politiques,
01:18:10 qui sont quand même pour nous
01:18:12 des symboles, j'allais dire,
01:18:14 du pragmatisme et qui se doivent
01:18:16 de l'être, qu'est-ce qu'ils peuvent demander
01:18:18 à quelqu'un comme vous ?
01:18:20 Mais je crois que vous avez le secret de votre échange.
01:18:22 - Oui, c'est le secret pour personne.
01:18:24 Je vais le faire.
01:18:26 En plus, votre émission est tellement agréable,
01:18:30 extrêmement bien montée,
01:18:34 et je trouve que là, je ne peux pas.
01:18:36 On me demande des fois l'impossible.
01:18:40 Vous savez qu'il y a l'impossible,
01:18:42 mais nul n'est tenu.
01:18:44 Je ne vais pas raconter la messe,
01:18:46 je ne peux pas le faire.
01:18:48 On m'a demandé des politiques,
01:18:50 je les connais.
01:18:52 On m'a demandé pour les élections présidentielles,
01:18:54 on m'a demandé un tas de trucs,
01:18:56 et là, je me suis abstenu.
01:18:58 Pourquoi ? Parce qu'il en restera quelque chose.
01:19:00 Jean a dit,
01:19:02 toujours sur les mots dits,
01:19:04 et ça me fatigue.
01:19:06 Et puis, je veux être
01:19:08 le commun du mortel,
01:19:12 comme tout est chacun.
01:19:14 Je ne veux pas me dichotomiser
01:19:16 en me disant "Jean, il a six ans".
01:19:18 C'est vrai.
01:19:20 J'ai eu des propositions incroyables, surnaturelles,
01:19:22 qui peut-être n'auraient pas été.
01:19:24 - Quand vous dites des propositions,
01:19:26 c'est-à-dire qu'on vous a proposé
01:19:28 monts et merveilles que vous n'avez pas accepté ?
01:19:30 - Vous êtes toujours dans votre maison,
01:19:32 je crois, familiale, à la Seine-sur-Mer,
01:19:34 à Cologne-Toulon, vous n'avez pas changé
01:19:36 votre vie, vous êtes accessible.
01:19:38 Il est vrai, pas un très grand nombre,
01:19:40 vous avez un flot de courriers que vous ne pouvez pas,
01:19:42 avec votre amie, que je me permets de citer,
01:19:44 qui est vraiment quelqu'un d'exceptionnel,
01:19:46 Jeff, tout prendre en charge.
01:19:48 - Je ne peux pas le faire.
01:19:50 - Ce qui est intéressant, c'est que je note
01:19:52 que les responsables politiques vous demandent
01:19:54 ce qui va se passer pour les élections,
01:19:56 alors que nous, tout un chacun, on a envie de savoir
01:19:58 ce qui est le plus charnel, ce qui nous tenaille
01:20:00 les plus individuels, finalement.
01:20:02 - Oui, ils me le demandent.
01:20:04 - Oui, ils vous demandent exactement sur la politique.
01:20:06 - Je me rappelle.
01:20:08 - Avec François Mitterrand,
01:20:10 j'imagine que pour nos téléspectateurs,
01:20:12 ça doit être assez particulier,
01:20:14 parce que connaissant le personnage,
01:20:16 ce qu'il portait, ce qu'il incarnait,
01:20:18 et peut-être une forme de quête un peu spirituelle
01:20:20 chez lui, on imagine que vous aviez des conversations
01:20:22 assez profondes, quand même,
01:20:24 et des moments particuliers.
01:20:26 - Oui.
01:20:28 - On dirait pas plus.
01:20:30 - M. Zarin, d'ailleurs, le sait.
01:20:32 Écoutez, j'avais un relationnel
01:20:34 très franc,
01:20:36 très honnête.
01:20:38 Ça, je peux le dire,
01:20:40 parce qu'il m'a dit un jour,
01:20:42 vous pourrez le dire,
01:20:44 une fois, il m'avait dit,
01:20:46 "Mes gens, voilà,
01:20:48 je vais partir comme ça.
01:20:50 Je vais partir.
01:20:52 Je ne me sens plus comme ça."
01:20:54 J'ai dit, "Mais non, pourquoi ?
01:20:56 Représentez-vous, vous allez passer haut la main."
01:20:58 - Vous lui avez conseillé de se représenter ?
01:21:00 - Je lui ai pas conseillé,
01:21:02 parce que je le voyais.
01:21:04 - Je sais bien, c'est le moins.
01:21:06 - C'est pas parce que je voulais.
01:21:08 Hormis toute politique, je m'en fous.
01:21:10 Parce qu'il m'a beaucoup séduit dans la façon d'être,
01:21:12 parce qu'il avait son franc parlé.
01:21:14 Il était inaccessible, parce qu'il était pas facile, aussi.
01:21:16 Et c'est pas quelqu'un que je...
01:21:18 C'est mon ami, je peux pas être ami.
01:21:20 Je connaissais pas assez.
01:21:22 C'est lui qui a voulu me voir plusieurs fois.
01:21:24 Et j'ai eu grand plaisir.
01:21:26 Mais...
01:21:28 Ça m'a quand même...
01:21:30 Il m'a posé la question,
01:21:32 il m'a dit,
01:21:34 "Comment je vais ? Comment va la France ?"
01:21:36 Il m'a dit,
01:21:38 "On commence par quoi ?"
01:21:40 J'ai dit, "Ce que vous voulez."
01:21:42 J'étais un petit peu...
01:21:44 J'étais un peu...
01:21:46 - On imagine.
01:21:48 Vous avez fait ça mi-terrain, face à vous.
01:21:50 - Non, mais c'était quand même une personnalité.
01:21:52 J'ai l'impression d'avoir Napoléon et la suite.
01:21:54 Et il m'a dit,
01:21:56 "Vous savez que...
01:21:58 "Je dois me représenter."
01:22:00 Je lui ai dit,
01:22:02 "Pourquoi me demander la question ?
01:22:04 "Vous allez-vous le faire ?"
01:22:06 "Bah vous, alors ?"
01:22:08 Il m'avait dit comme ça.
01:22:10 "Mais Jean, d'après vous."
01:22:12 "Mais moi, je n'ai pas de point de vue."
01:22:14 "Vous allez le faire."
01:22:16 "Vous allez le faire."
01:22:18 "Vous allez le faire."
01:22:20 "Moi, je vous dis ce qu'on me montre."
01:22:22 "Je vais le faire."
01:22:24 - Il y a des épisodes comme ça dans le livre
01:22:26 "Je reviens à l'enfance et je vais laisser nos amis s'exprimer"
01:22:28 où véritablement,
01:22:30 il y a une scène que vous racontez
01:22:32 qui s'est passée à l'école
01:22:34 avec un professeur qui vous rend une copie.
01:22:36 C'est mot pour mot, c'est geste pour geste
01:22:38 qui s'est passé.
01:22:40 Vous l'avez deviné à la grande surprise.
01:22:42 Et puis, il y a un peu aussi...
01:22:44 Il y a une forme de malaise, évidemment,
01:22:46 de parade, mais fort heureusement,
01:22:48 c'est le plus important, c'est qu'après,
01:22:50 quand vous avez expliqué, quand vous avez su
01:22:52 ce que vous portiez, il y a eu un grand soulagement.
01:22:54 Et ça, c'est important. C'est-à-dire que vous avez assumé
01:22:56 ce que vous étiez, ce que vous aviez.
01:22:58 Alors, on peut l'appeler don, grande sensibilité
01:23:00 pour ne pas être dans un domaine de surnaturel,
01:23:02 mais en tout cas, vous avez assumé
01:23:04 qui vous étiez.
01:23:06 - Et vous savez, Sonia,
01:23:08 et ça, je suis obligé de le dire,
01:23:10 j'ai quitté l'école
01:23:12 en seconde.
01:23:14 J'étais un mauvais élève,
01:23:16 mais j'ai aimé l'école par le relationnel,
01:23:18 par mes copains, mes copines.
01:23:20 Et quand j'ai décidé de passer le bac,
01:23:22 ma mère me dit
01:23:24 "Mais il faut que tu passes comme ça, je veux l'avoir."
01:23:26 - Ah, vous étiez sûr que vous alliez l'avoir ?
01:23:28 - Ah oui, oui. - Ah oui.
01:23:30 - En mathématiques, j'étais nul.
01:23:32 J'ai réfléchi mes notes.
01:23:34 Je suis 19. C'est un vieux de la vieille, pardon.
01:23:36 Je suis un peu grigoire.
01:23:38 C'est quelqu'un qui m'a appris
01:23:40 que c'était que les chiffres et tout ça.
01:23:42 En mathématiques, j'ai eu un seum à Thierry.
01:23:44 - En tout cas, ce qui est important
01:23:46 dans ce que vous dites,
01:23:48 vous avez eu votre baccalauréat.
01:23:50 - Malgré les quelques années.
01:23:52 - Mais malgré les difficultés,
01:23:54 et ça, c'est aussi un message d'espoir.
01:23:56 - J'arrivais.
01:23:58 - Il y a une année où le baccalauréat
01:24:00 était probablement plus difficile qu'aujourd'hui.
01:24:02 Je vous connais bien, la Fanné.
01:24:04 - Je ne vais pas m'empêcher.
01:24:06 Non, mais ce que vous disiez
01:24:08 est absolument fascinant,
01:24:10 je l'avoue.
01:24:12 François Mitterrand, dans sa biographie,
01:24:14 dans son fort intérieur,
01:24:16 avait cette espèce d'assise un peu tellurique,
01:24:18 un peu mystique, ce rapport aux éléments
01:24:20 que je trouve fascinant,
01:24:22 avec la montagne,
01:24:24 avec l'océan,
01:24:26 avec la forêt des Landes qu'il aimait.
01:24:28 Je trouve qu'il y a là-dedans
01:24:30 une forme de spiritualité athée.
01:24:32 Une sorte de rapport,
01:24:34 comme si la médiumnité était une religion athée.
01:24:36 Finalement, cette rencontre entre vous
01:24:38 et François Mitterrand, je la comprends extrêmement bien,
01:24:40 bien sûr grâce à ce que vous nous expliquez là,
01:24:42 mais aussi grâce à ce que je comprends
01:24:44 de la psychologie de François Mitterrand.
01:24:46 - C'est juste ce que vous dites.
01:24:48 Comment j'ai rencontré François Mitterrand ?
01:24:50 Déjà.
01:24:52 J'étais instituteur, spécialisé
01:24:54 dans une école nationale
01:24:56 de perfectionnement,
01:24:58 dans l'Essonne.
01:25:00 Parce que le bac, moi,
01:25:02 j'ai passé...
01:25:06 J'ai arrêté à un seconde,
01:25:08 j'ai préparé moi-même
01:25:10 le bac.
01:25:12 J'avais pas fini premier, deuxième.
01:25:14 Je l'ai eu. J'ai eu le bac.
01:25:16 - On a compris que vous êtes fier.
01:25:18 Vous avez raison sur le bac.
01:25:20 Et ensuite, comment il vous a
01:25:22 contacté, François Mitterrand ?
01:25:24 - Par une amie
01:25:26 qui le connaissait très bien.
01:25:28 Ça s'est passé comme ça.
01:25:30 Je vais mettre un loup un peu sur le visage.
01:25:32 Elle me dit
01:25:34 "Il va avoir une élection de quelqu'un
01:25:36 comme ça, blablabla.
01:25:38 C'est un ami à moi."
01:25:40 Je le regarde comme ça.
01:25:42 "Mais c'est l'élection du président que vous allez rencontrer, vous."
01:25:44 - Attendez. C'est-à-dire que
01:25:46 il y a une jeune femme
01:25:48 qui veut
01:25:50 savoir ce qu'il en est pour
01:25:52 quelqu'un qu'elle connaît, peut-être son...
01:25:54 - Oui, oui. - Voilà. On va dire son ami pour ne pas...
01:25:56 Vous, vous ne savez pas du tout de qui elle parle.
01:25:58 Et vous dites "Il va devenir président de la République."
01:26:00 - Oui, oui. - J'imagine sa tête à cette jeune femme.
01:26:02 "Je vais devenir président."
01:26:04 Je ne sais pas de quoi. Je n'ai pas dit "La République."
01:26:06 Je m'en tirais. Mais c'était...
01:26:08 Je voyais...
01:26:10 - C'était avant 81. - Tintamarre, le truc comme ça.
01:26:12 Elle parle. Elle m'a dit
01:26:14 "On peut se voir."
01:26:16 Elle m'a dit "Si François Mitterrand,
01:26:18 eh bien il sera président."
01:26:20 - Et c'est là qu'elle vous a mis en contact.
01:26:22 - Et lui a voulu me voir.
01:26:24 - Ah oui. - J'ai eu de rencontres.
01:26:26 Écoutez,
01:26:28 on me dit "Toute politique."
01:26:30 Tant pis. Je suis obligé de le dire.
01:26:32 C'est quelqu'un qui a voulu me voir.
01:26:34 Je suis passé par la petite porte
01:26:36 parce que bien longtemps après,
01:26:38 les gens m'ont revu.
01:26:40 Et...
01:26:42 Il me fait venir. Donc il y avait un code.
01:26:44 Je me souviens. Je rentre.
01:26:46 Je vois cet homme un petit peu blafard.
01:26:48 Pas sympa.
01:26:50 Moi.
01:26:52 Il m'a dit à ce moment-là
01:26:54 "Je vous surprends."
01:26:58 - Il vous dit "Je vous surprends" ?
01:27:00 - Oui. Il m'a dit...
01:27:02 Une de son amie m'a dit...
01:27:04 "Bah j'étais ému."
01:27:06 J'ai pas l'habitude.
01:27:08 - Mais on sent votre émotion.
01:27:10 C'est-à-dire que ça a été quelqu'un
01:27:12 qui a beaucoup contribué
01:27:14 à votre parcours.
01:27:16 - Oui. Beaucoup.
01:27:18 Parce qu'il n'était pas...
01:27:20 Dans la gaudrière, il n'avait pas de représentanterie.
01:27:22 Mais il était quand même un petit peu sympathique.
01:27:24 Puis s'il m'était comme ça,
01:27:26 c'était...
01:27:28 C'était les premières minutes.
01:27:30 - C'est peut-être lui qui était plus impressionné.
01:27:32 - Oui. C'est ce que j'allais vous dire.
01:27:34 - Il me l'a dit.
01:27:36 "Vous avez quelque chose vous dégagez."
01:27:38 "Jean." Il me dit.
01:27:40 - Caroline.
01:27:42 - Votre histoire, le début de votre don
01:27:44 me fait penser fortement au film "6e sens"
01:27:46 qu'évidemment vous avez dû voir.
01:27:48 Je suis très touchée par votre témoignage
01:27:50 et votre personnalité.
01:27:52 Parce qu'évidemment, moi, je n'ai pas votre don.
01:27:54 Et puis, si on entend dire
01:27:56 certains autres de vos collègues, confrères,
01:27:58 peu se travailler, pour certains,
01:28:00 c'est de l'ordre de l'inné et de l'acquis.
01:28:02 Mais étant un handicapé visuel
01:28:04 ayant un grave handicap sensoriel,
01:28:06 j'ai un instinct, je ressens les gens autrement
01:28:08 qu'avec la vision, étant presque aveugle.
01:28:10 Donc ce que vous avez dit sur la différence dans un premier temps
01:28:12 me parle beaucoup, comme je pense,
01:28:14 à beaucoup de personnes.
01:28:16 Moi, la question que j'aimerais vous poser sur le plan humain,
01:28:18 comment faites-vous pour vous protéger,
01:28:20 niveau sensibilité, parce que vous êtes une éponge,
01:28:22 et je veux vous écouter l'histoire familiale
01:28:24 des gens qui, parfois, peuvent être lourdes.
01:28:26 Donc comment faites-vous pour avoir ce recul,
01:28:28 ce retrait vis-à-vis d'autrui ?
01:28:30 C'est juste ici.
01:28:32 C'est ce que vous me dites.
01:28:34 Ce n'est pas facile.
01:28:36 Ce n'est pas facile parce que vous êtes une éponge.
01:28:38 Et je n'étais pas préparé à cela.
01:28:40 Et ensuite,
01:28:42 heureusement que j'ai un entourage
01:28:44 qui a été très, très performant pour moi.
01:28:46 Et je me suis...
01:28:48 Donc je me suis commencé à courir,
01:28:50 à marcher.
01:28:52 Ma soeur, qui était un sport,
01:28:54 championne d'Europe de course à pied,
01:28:56 elle m'emmenait, elle m'a fait courir,
01:28:58 comme ça, et je me suis dégagé
01:29:00 au niveau de la tête du contexte.
01:29:02 Et là, au fur et à mesure,
01:29:04 j'ai appris à me dominer,
01:29:06 j'ai appris à accepter,
01:29:08 et j'ai appris à refuser.
01:29:10 Parce que j'étais très fragile
01:29:12 de ce côté-là.
01:29:14 Et j'ai accepté facilement.
01:29:16 Et après,
01:29:18 je me suis donné une ligne de conduite.
01:29:20 J'ai pu déroger.
01:29:22 - Et cette ligne de conduite, elle peut...
01:29:24 Parce qu'on arrive presque à la fin de cette émission.
01:29:26 Les choses ne sont pas éternelles.
01:29:28 Mais on se reverra. Cette ligne de conduite,
01:29:30 elle se traduit par un sourire, on le voit,
01:29:32 par un slogan, si je puis dire,
01:29:34 "La vie est belle", puisque vous le répétez
01:29:36 souvent. Et je suis sûre que
01:29:38 ceux qui vous regardent, là,
01:29:40 sont saisis par ce que vous avez
01:29:42 au fond des yeux et qu'on voit directement,
01:29:44 Jean Testanière.
01:29:46 - C'est sincère, surtout.
01:29:48 - Ça me touche vraiment.
01:29:50 - J'invite vraiment...
01:29:52 C'est très important, parce qu'on n'a pas relayé
01:29:54 cette question, c'est une question de croyance,
01:29:56 ce n'est pas une question de religion.
01:29:58 C'est ce que vous ressentez, c'est ce don
01:30:00 qui vous a été donné, tout simplement.
01:30:02 - Alors moi, je vais être honnête avec vous,
01:30:04 comme je suis du début jusqu'à la fin,
01:30:06 catholique, tout ça,
01:30:08 mais j'ai dépassé tout cela.
01:30:10 Je suis dans toutes les religions.
01:30:12 Parce qu'il y a toujours quelque chose
01:30:14 de positif, là-dedans.
01:30:16 On ne peut pas dire de négatif.
01:30:18 Moi, je suis pas allé chez les arbres,
01:30:20 pour moi, ils m'appartiennent.
01:30:22 Et je suis bien avec les gens.
01:30:24 - Et on est bien avec vous.
01:30:26 - Merci.
01:30:28 - Merci, Jean. Je vous conseille "Le voilà".
01:30:30 Il est en poche, il est sorti il y a quelques jours.
01:30:32 "Et si la vie n'était qu'un début",
01:30:34 très, très beau titre. Et je me permets de citer,
01:30:36 parce que c'est un travail d'écriture aussi,
01:30:38 vraiment, c'est un récit, on vous prend par la main.
01:30:40 Ça a été écrit avec la collaboration
01:30:42 d'Aurélie Frédy, c'est important aussi
01:30:44 de citer cette dame.
01:30:46 Je vous remercie, Jean.
01:30:48 - Merci. Merci à vous tous.
01:30:50 - On vous dit à bientôt.
01:30:52 - Je suis très heureux d'être venu parmi vous.
01:30:54 - Vous avez mis de formidables ondes sur ce plateau.
01:30:56 - Merci.
01:30:58 - Et à très bientôt. Merci à vous.
01:31:00 ♪ ♪ ♪