• l’année dernière
Emmanuel Macron rend mercredi un hommage national à Gisèle Halimi à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes et pourrait s'exprimer sur la constitutionnalisation de l'IVG, dont la légalisation fut l'un des combats de l'avocate féministe. Son fils aîné, lui-aussi avocat,  Jean-Yves Halimi, prend la parole avant le chef de l'Etat à la cérémonie organisée au Palais de justice de Paris.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 comme dans la chanson de Jacques Brel,
00:02 bien sûr, nous eûmes des orages.
00:06 Il a pu m'arriver de me montrer froissé,
00:10 c'est une litote,
00:12 de t'entendre regretter publiquement, ad nauseum,
00:17 de ne pas avoir eu des filles à la place de tes 3 garçons.
00:21 On le serait à moins.
00:24 Je n'avais pas cette information à la naissance,
00:26 car sinon, nouveau-né susceptible,
00:29 je serais peut-être retourné dans le placenta d'une autre.
00:33 Qui sait ?
00:35 J'ai pu faire amende honorable
00:37 en te donnant ta seule petite-fille,
00:39 avec laquelle tu as entretenu une relation très passionnelle.
00:43 Mais face et cieux, très peu de temps après,
00:45 je t'ai aussi donné ton seul petit-fils,
00:48 faisant entrer un 4e garçon au sein de notre famille.
00:53 Petit, il avait le teint d'albâtre
00:56 et des traits si fins
00:58 que seule la prudence m'interdit de les qualifier de féminins.
01:02 Tu l'as surnommé le petit prince et tu l'as aimé tout autant.
01:07 Nous eûmes des orages, des éclipses,
01:10 quelques hivers et beaucoup d'été,
01:12 mais le ciel capricieux de notre relation
01:15 ne fut jamais encombré des nuages sombres de l'indifférence
01:20 qui, seuls, auraient pu altérer la force de notre lien.
01:25 Enfin, empruntant la phrase à Marguerite Oursenaert,
01:29 tu as dit vouloir mourir les yeux ouverts
01:32 et tu n'as tenu parole.
01:34 Tu es parti où tu l'as voulu et quand tu l'as décidé,
01:39 où tu l'as voulu dans ton appartement parisien,
01:42 où tu as vécu pendant plus d'un demi-siècle
01:45 et où tu avais installé ton cabinet.
01:48 Il avait quelques mois plus tôt été entièrement détruit
01:51 par un incendie.
01:53 Je l'ai fait reconstruire.
01:55 Tu es parti quand tu l'as décidé,
01:57 au lendemain de ton 93e anniversaire,
02:02 comme une dernière coupe de champagne
02:04 lancée effrontément à la face du monde.
02:08 La boucle était bouclée.
02:10 Alors, chapeau l'artiste.
02:13 Aux obsèques d'un de ses amis poètes,
02:16 Aragon a eu cette phrase,
02:18 "Il est des morts qu'il ne faut pas pleurer, mais continuer.
02:21 "Assurément, tu es de ceux-là."
02:24 Maman, aujourd'hui, entourée de ma famille
02:29 et devant les plus hauts représentants de la nation,
02:32 je me sens un peu seul.
02:35 Même nos disputes me manquent.
02:38 Mais lorsque ce manque pousse un peu trop fort sa corne,
02:41 je me dis qu'il n'est rien d'autre
02:43 que la manifestation de cette querelle incessante
02:47 que chacun d'entre nous entretient avec sa propre faim.
02:52 (Applaudissements)
02:54 (...)

Recommandations