• l’année dernière
Avec Olivier Babeau, essayiste, président de l'Institut Sapiens (think-tank), Bernard Lugan, historien et Frédéric Mortier enseignant et maire LR de Longué-Jumelles (Maine-et-Loire), auteur “L’honneur d’un enseignant” édition Artège

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##BERCOFF_DANS_TOUS_SES_ETATS-2023-03-06##

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News
Transcription
00:00:00 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:00:02 Le fait du jour.
00:00:04 Aujourd'hui la bombe des réglementations vertes
00:00:06 vient chez moi, j'habite chez une copine
00:00:08 mais la copine elle peut plus louer
00:00:10 elle peut plus louer, pourquoi ?
00:00:12 Parce que les règles F
00:00:14 la classe énergétique
00:00:16 elle va jouer un rôle fondamental.
00:00:19 Et on a été attiré par un
00:00:21 un excellent article d'Olivier Babau
00:00:23 dans les échos
00:00:25 la bombe des réglementations vertes
00:00:27 bonjour Olivier Babau
00:00:29 bonjour, vous êtes cécéiste
00:00:31 je rappelle que vous êtes président de la Cidu Sapiens
00:00:33 et que vous venez d'écrire un livre
00:00:35 très intéressant, on en reparlera plus longuement
00:00:37 avec vous, la tyrannie du divertissement
00:00:39 aux éditions Bûcher-Chastel
00:00:41 alors là c'est pas très divertissant
00:00:43 mais quand même c'est vrai
00:00:45 vous rappelez quelque chose, voilà on parle
00:00:47 vous rappelez qu'est-ce que c'est que le logement
00:00:49 du point de vue des dépenses des ménages
00:00:51 vous rappelez tout ça et puis vous dites
00:00:53 ah ben en même temps, qu'est-ce qu'on fait ?
00:00:55 on fait une espèce d'oukaz, voilà d'oukaz
00:00:57 je ne dirais pas que c'est seulement les Khmers Verts
00:00:59 comme on les appelait, mais racontez-nous
00:01:01 qu'est-ce qui se passe en ce moment, en tout cas
00:01:03 qui risque de se passer d'ici quelques années
00:01:05 en fait ce qui s'est passé c'est à l'image
00:01:09 malheureusement de beaucoup de politiques qui ont été menées
00:01:11 on l'a vu avec la politique énergétique
00:01:13 c'est-à-dire qu'elle est menée par
00:01:15 l'idéologie, par du dogmatisme
00:01:17 elle est prise en général
00:01:19 de façon extrêmement simpliste
00:01:21 sans études d'impact, et ça c'est le point essentiel
00:01:23 il n'y a pas d'études d'impact sérieuses
00:01:25 et elle s'attache à des idées extrêmement
00:01:27 simples qu'on va traduire par des
00:01:29 - mais pardon Olivier Wabou, je vous ai
00:01:31 pardon, vous venez de dire une phrase qui
00:01:33 vraiment interpelle, comment vous expliquez
00:01:35 parce que quand même on pense qu'il y a
00:01:37 des gens qui ont quelques neurones
00:01:39 encore qui
00:01:41 demeurent, comment peut-on faire une étude
00:01:43 sans penser aux études d'impact
00:01:45 sans penser à l'impact ?
00:01:47 - vous savez, la définition de l'idéologie
00:01:49 c'est ce qui pense à votre place
00:01:51 et à partir du moment où vous êtes aveuglé par cette
00:01:53 idéologie, vous pensez
00:01:55 que le réel va se mettre au garde à vous
00:01:57 et va changer parce que
00:01:59 vous aurez fait un texte de loi, et bien non, le problème c'est que
00:02:01 le réel, il finit par revenir. Alors ce qui est terrible
00:02:03 c'est qu'on l'avait prévu, et on
00:02:05 voit un petit peu combien Cassandre devait être
00:02:07 triste dans la mythologie, puisqu'elle avait raison
00:02:09 en avance, mais elle était condamnée à ne jamais être
00:02:11 crue. On est malheureusement plusieurs
00:02:13 à l'avoir écrite depuis assez longtemps
00:02:15 en disant "mais il y a une bombe à fragmentation"
00:02:17 on a même fait un rapport là-dessus, "une bombe
00:02:19 à fragmentation qui arrive sur le logement
00:02:21 il faut juste ouvrir les yeux" et
00:02:23 malheureusement il ne s'est rien passé et c'est ce qui est
00:02:25 en train d'arriver. Il y a le problème
00:02:27 du DPE dont vous venez de parler, c'est-à-dire qu'il y a
00:02:29 plein de logements qui ne sont plus louables
00:02:31 le coût de mise
00:02:33 à niveau de ces logements pour les
00:02:35 niveaux F, c'est 38 000 euros en
00:02:37 moyenne par logement, c'est des coûts
00:02:39 extrêmement importants que les petits propriétaires peuvent souvent
00:02:41 pas... auxquels ils peuvent pas faire face
00:02:43 ce qu'il y a derrière c'est en fait une
00:02:45 réduction massive de
00:02:47 l'offre de logement, donc une difficulté de plus
00:02:49 en plus grande pour les Français de se loger
00:02:51 et puis ce qui arrive derrière, attention, c'est le deuxième effet qui se coule
00:02:53 parce que là on n'a encore rien vu si vous voulez
00:02:55 c'est le zéro artificialisation net
00:02:57 le ZAN qui est
00:02:59 en train de faire exploser le coût du foncier
00:03:01 le coût de la construction, parce qu'en plus vous avez
00:03:03 des goulots d'étranglement sur les
00:03:05 personnels pour
00:03:07 bâtir et rénover, ce qui fait
00:03:09 qu'on va avoir... on avait déjà
00:03:11 pas assez de logements pour le nombre de
00:03:13 Français et ce déficit de logement
00:03:15 il va s'accentuer de façon dramatique
00:03:17 c'est évidemment les gens les plus modestes que ça va toucher
00:03:19 - Oui, que ça va toucher, alors Olivier Babaud, rappelez
00:03:21 qu'est-ce que c'est le ZAN, le zéro
00:03:23 artificialisation net ? - Alors en fait c'est l'idée
00:03:25 qu'il ne faut plus
00:03:27 prendre... la civilisation
00:03:29 ne doit plus prendre sur la nature
00:03:31 donc il ne faut plus artificialiser le sol
00:03:33 avec une idée
00:03:35 assez réductrice
00:03:37 de ce que c'est que...
00:03:39 plutôt assez large d'ailleurs de ce que c'est
00:03:41 qu'un sol artificialisé et donc en fait
00:03:43 ça fait qu'on peut construire dans moins d'endroits
00:03:45 un sol qui est plus large et qui est plus
00:03:47 élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:49 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:51 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:53 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:55 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:57 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:03:59 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:01 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:03 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:05 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:07 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:09 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:11 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:13 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:15 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:17 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:19 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:21 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:23 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:25 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:04:27 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
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00:05:35 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
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00:06:03 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
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00:07:27 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
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00:08:01 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:27 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:31 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:33 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:35 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:37 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus large
00:08:39 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus élevé
00:08:41 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus élevé
00:08:43 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus élevé
00:08:45 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus élevé
00:08:47 et qui est plus élevé, donc on peut construire un sol qui est plus élevé
00:08:49 - Je pense naïvement que la France avait le maillot jaune en ce qui concerne le CO2 et compagnie
00:08:55 qu'on était quand même de très bons élèves par rapport même à l'Europe
00:08:59 - On n'a pas à rougir, vous savez qu'au niveau du monde on est à 0,9% des émissions
00:09:05 si demain la France disparaissait, un an plus tard la Chine elle croit de l'équivalent chaque année
00:09:11 donc un an plus tard on a effacé malheureusement le gain
00:09:14 - Le problème climatique et de la transition énergétique c'est que l'ensemble de l'humanité est dans le même bateau
00:09:22 c'est-à-dire que la France, les efforts de la France tout seul malheureusement sont epsilonesque et une goutte d'eau
00:09:27 ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas en faire
00:09:29 - Bien sûr, non, en tout cas...
00:09:30 - Quand on s'en impose nous alors que d'autres ne s'imposent pas les mêmes efforts ou partent d'ailleurs
00:09:35 malheureusement tous les inconvénients sont les avantages parce que malheureusement le changement climatique
00:09:39 il est déjà enclenché et il va à bout
00:09:42 - Parce que nous on supporte l'autoflagellation en disant je me repends, je me repends, je ne fais plus, attention
00:09:47 les appartements, les immeubles, attention, attention, c'est notre faute, c'est notre très grande faute
00:09:52 il y a quand même quelque chose de psychologiquement, vous parliez de barrières
00:09:56 et idéologiquement quand même très... qui pose question quoi, c'est le moins que l'on puisse dire
00:10:01 - Le problème c'est que l'écologie c'est extrêmement complexe
00:10:04 et l'écologie articulée avec le problème de la fin du mois, avec le problème de la cohésion sociale
00:10:09 de l'augmentation de la pauvreté, de l'inflation, du pouvoir d'achat
00:10:13 ce sont des contraintes qui doivent être arbitrées, qui ne sont pas toujours dans le même sens
00:10:18 et donc de temps en temps vous dites faire passer des règles écologiques extrêmement fortes
00:10:22 en plus sans étude d'impact, on se rend compte tout d'un coup que ça a un impact social qui est énorme
00:10:26 donc à un moment donné il faut essayer de concilier un petit peu les deux
00:10:29 ce qui est vraiment ennuyeux c'est que c'est des sujets extrêmement importants
00:10:32 qui souvent sont abordés, on l'a vu avec l'énergie, en réalité avec des idées simples
00:10:37 voire simplistes, c'est trop simple
00:10:41 alors Marc malheureusement c'est extrêmement complexe, on aurait besoin de très très fortes compétences
00:10:45 et qu'est-ce qu'on fait ? Moi je l'ai écrit depuis très longtemps mais on fait des conventions citoyennes
00:10:49 où on demande à des gens qui ont plein de bonne volonté mais qui finalement arrivent avec des propositions
00:10:53 qui sont des propositions très caricaturales pour des contraintes qui sont ultra complexes
00:10:58 qui jouent dans plein de sens avec des effets de rebonds terribles
00:11:01 où il y a plein de mesures, j'en termine, il y a plein de mesures qui ont l'air extrêmement simples et bonnes
00:11:06 à première vue, mais quand vous regardez les effets indirects qu'ils ont
00:11:12 en fait c'est des catastrophes, malheureusement c'est l'histoire de l'écologie.
00:11:15 En fait il faut voir que le slogan "Fin du monde, fin du mois, même combat"
00:11:19 c'est quand même plus compliqué que ça et comme vous l'y dites Olivier Babau
00:11:22 le vrai problème c'est qu'on essaye d'imposer des solutions simplistes
00:11:26 à des problèmes qui sont extrêmement complexes.
00:11:29 Merci en tout cas, merci de vos éclaircissements.
00:11:32 Sud Radio André Bercoff
00:11:34 "Ça balance pas mal"
00:11:36 Bercoff dans tous ses états, ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:11:40 Hier et avant-hier avec notre président bien-aimé au Congo, Congo-Brazzaville, Congo-Kinshasa
00:11:48 un peu partout et il a raison, il a raison, vu les liens de la France avec l'Afrique
00:11:54 il fallait qu'il y aille, ce n'est pas le problème qu'il n'y aille pas, au contraire au Gabon, au Congo
00:12:00 mais alors comment il y va ?
00:12:02 Alors d'un côté, très intéressant parce que
00:12:06 Emmanuel Macron quand même a dit un certain nombre de choses, il a remis certaines pendules à l'heure
00:12:12 alors on lui reproche tout, tout le temps.
00:12:14 Vous savez nous ici, à Sud Radio, ici, dans l'émission
00:12:18 on n'est pas, on n'a pas, quand on n'aime pas, on a des problèmes avec quelqu'un, on critique quelqu'un
00:12:23 est-ce que ça veut dire qu'il faut le critiquer systématiquement ?
00:12:26 Cette espèce d'œillère à l'esque où on dit
00:12:30 "Ah ça, ce quelqu'un ne peut pas dire quelque chose d'intéressant, ce n'est pas possible
00:12:35 puisque c'est Macron, il ne peut rien dire d'intéressant pour les anti-macroniens
00:12:39 et les autres, puisque c'est Mélenchon, ce n'est que des bêtises, etc. etc. etc."
00:12:45 Comment voulez-vous avancer avec ces œillères, avec cette espèce de front bovin qui ne voit rien d'autre ?
00:12:53 Alors, il a dit quoi à Félix Tshikessédi, le président du Congo-Kinshasa ?
00:12:59 Et bien il s'est laissé aller Macron, et il a dit des choses que beaucoup pensent
00:13:04 mais que aucun n'a dit avant lui comme ça, en pleine conférence de presse.
00:13:09 Écoutez Emmanuel Macron.
00:13:11 "Et depuis 1994, et ce n'est pas la faute de la France, pardon de le dire dans des termes aussi crus
00:13:16 vous n'avez pas été capable de restaurer la souveraineté,
00:13:19 ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays.
00:13:22 C'est aussi une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l'extérieur de cette affaire.
00:13:27 Et donc on en est dans cette situation qui a conduit à des drames absolus,
00:13:31 à cette deuxième guerre, à des millions de morts qu'on ne doit pas oublier.
00:13:35 A la nécessité aussi, ce qui est une responsabilité qui doit se faire ici,
00:13:38 ce n'est pas la France qui doit le faire, de mettre en place une vraie justice,
00:13:42 une justice transitionnelle qui est la clé pour que celles et ceux qui parfois ont tué soient jugés.
00:13:47 Et parfois ils évoluent encore, ils sont là, ils sont encore avec des responsabilités.
00:13:51 Comment voulez-vous qu'il y ait une paix durable et de la confiance dans un pays quand la justice n'est pas passée ?
00:13:56 Ne demandez pas, n'accusez pas la France pour quelque chose qui dépend de vous là.
00:14:00 C'est une réalité aussi.
00:14:02 Voilà, voilà. Et ce qu'en termes peu galants ces choses-là sont dites,
00:14:06 alors on lui propose comment vous êtes reçus par le président congolais,
00:14:11 mais après tout, on a le droit de parler.
00:14:15 D'ailleurs Félix Tshisekedi, le président du Congo, il s'est dit,
00:14:18 il a répondu sur la France-Afrique et que tout ça c'est fini, etc.
00:14:22 et que ça ne peut plus fonctionner de la même façon, ces protocoles d'amitié et autres.
00:14:26 Et d'ailleurs, ce n'est pas le premier qui avait dit ça.
00:14:30 On l'a beaucoup dit, et notamment, je vais vous faire entendre un témoignage,
00:14:34 enfin une séquence qui s'est passée le 8 octobre 2021 à Montpellier,
00:14:40 il y a plus d'un an et demi, au 28e sommet Afrique-France.
00:14:45 Et qui pose bien, en tout cas, sinon le débat, du moins le malaise.
00:14:49 Elda Kohama, elle répondait, elle était face à Emmanuel Macron, autour d'une table,
00:14:57 c'était une grande conférence bien sûr, le sommet Afrique-France,
00:15:00 et voici ce qu'elle disait, écoutez.
00:15:03 Je vous propose de visualiser avec moi ceci.
00:15:07 Si la relation entre les pays d'Afrique et la France était une marmite,
00:15:13 sachez qu'elle est très sale, cette marmite.
00:15:19 Elle est sale, elle est sale de reconnaissance légère des actions commises,
00:15:24 elle est sale de corruption, elle est sale de non-transparence,
00:15:27 elle est sale de vocabulaire dévalorisant,
00:15:30 elle est sale, monsieur le Président.
00:15:33 Je vous invite à la recurer par des actions concrètes.
00:15:39 J'ai déjà proposé des actions, commencez, mes amis le feront aussi.
00:15:44 Si vous refusez de la laver,
00:15:49 si vous voulez quand même préparer là-dedans,
00:15:53 je ne mangerai pas.
00:15:56 Nous ne mangerons pas, l'Afrique ne mangera plus.
00:16:02 L'Afrique ne mangera plus, et effectivement, entre Wagner et les Chinois,
00:16:07 il faut se poser la question à quelle sauce viendront les prochains plats.
00:16:11 Alors, intéressant, Bernard Lugan, bonjour.
00:16:14 - Bonjour.
00:16:15 - Bernard Lugan, on ne vous présente pas, vous n'êtes plus,
00:16:18 en tout cas vous êtes un grand spécialiste de l'Afrique.
00:16:20 Vous avez écrit une vingtaine d'ouvrages,
00:16:23 et on vous a toujours reçu avec intérêt et plaisir.
00:16:26 Alors, deux choses là-dedans.
00:16:28 La première, je voudrais que vous récitiez nos deux choses.
00:16:30 D'abord, la déclaration de Macron,
00:16:33 l'interpellation du président du Congo, Kinshasa,
00:16:36 et puis en second, le problème de l'ex-France-Afrique,
00:16:41 alors, est-ce qu'il faut récurer la marmite,
00:16:44 et quelle marmite et comment ?
00:16:46 Bernard Lugan.
00:16:47 - Alors, commençons par l'incident diplomatique avec le président Tshisekedi.
00:16:52 Première chose, Macron a été contraint de réagir comme il a réagi.
00:16:57 Il ne pouvait pas se laisser humilier par cette séance
00:17:01 qu'on lui proposait d'autofagellation.
00:17:04 - Donc, il a bien fait. Pour vous, il a bien fait.
00:17:08 - Oui, mais c'est une erreur en amont.
00:17:12 L'erreur de ses conseillers, ceux qui ont très mal préparé ce voyage,
00:17:16 parce qu'ils n'ont pas expliqué à Emmanuel Macron
00:17:19 qu'il arrivait dans un pays, le Congo-RDC, l'ancien Zahir,
00:17:24 un pays qui est traumatisé par l'invasion du Rwanda
00:17:29 dans ses provinces du Kijou, à l'est du pays,
00:17:32 un pays qui considère que le Rwanda, la Grèce,
00:17:36 et un pays qui considère que la France soutient le Rwanda.
00:17:39 Parce que la France apparaît de plus en plus comme étant un ami du Rwanda.
00:17:43 Depuis le président Sarkozy, la France s'est couchée complètement
00:17:46 devant ce que dit Gagambe.
00:17:48 La France a mis sous l'oreiller le problème du procès
00:17:54 qui avait été fait pour l'attentat du président le 6 avril 2014,
00:17:58 dans lequel des Français étaient morts.
00:18:00 Donc pour l'opinion publique congolaise,
00:18:03 et pour une grande partie de l'opinion africaine,
00:18:05 la France ferme les yeux sur ce qui se passe au Kijou.
00:18:09 Donc quand Cissé-Léquy a attaqué Macron,
00:18:13 Macron a été forcément obligé de répliquer.
00:18:16 Mais si le conseiller de Macron avait préparé le voyage,
00:18:19 connaissait le terrain, et avait préparé le voyage en amont,
00:18:22 il n'aurait pas été obligé de procéder à ce qui est un incident diplomatique.
00:18:26 Mais c'est une vérité tout de même.
00:18:28 On peut simplement regretter que le président Macron
00:18:31 n'ait pas la même gérilité vis-à-vis de la jury, par exemple.
00:18:35 - Oui, mais en fait, vous dites que ces propos, quand même,
00:18:39 ils étaient frappés au coin du constat de bon sens, quelque part.
00:18:43 - Oui, oui et non. Oui et non.
00:18:46 Macron a été acculé. Il a fallu qu'il réagisse, et il a réagi avec ses tripes.
00:18:50 Mais toute l'erreur vient de ces conseillers
00:18:53 qui n'ont pas préparé le voyage,
00:18:55 qui n'ont pas expliqué dans quel contexte il arrivait.
00:18:58 Parce que pour les Congolais,
00:19:01 qui subissent une invasion d'une partie de leur territoire,
00:19:05 tous ceux qui sont pour ou contre le GRM,
00:19:09 tous ceux qui soutiennent, officiellement ou non, le GRM,
00:19:12 sont considérés comme des ennemis.
00:19:14 Donc c'est un manque de préparation, un manque de professionnalisme au départ.
00:19:18 - Et alors, la marmite a récuré.
00:19:21 - C'est trop drôle. La marmite, c'est trop drôle.
00:19:24 Vous savez, là, le président s'est livré à un exercice avec la jeunesse
00:19:31 qui, là encore, n'aurait pas dû être autorisé par ses conseillers.
00:19:35 Parce qu'à partir du moment où l'on a affaire à une foule
00:19:39 qui s'auto-excite et qui se saoule de ses propres paroles,
00:19:43 l'on n'est plus dans le raisonnable.
00:19:45 L'on est dans la pièce de théâtre et dans la pantalonnade.
00:19:48 Alors, le problème de la France intéresse, c'est un autre problème.
00:19:51 Nous en avions parlé déjà chez vous.
00:19:54 La France-Afrique, pour moi, n'existe pas.
00:19:57 Pour une raison très simple, c'est que la France n'a que 11%
00:20:04 des activités commerciales dans ce qui était la zone CFA.
00:20:08 L'Afrique au sud du Sahara représente à peine 1% du commerce extérieur français.
00:20:14 Donc tout ça, c'est du fantasme.
00:20:17 - Donc ça n'existe plus.
00:20:19 Donc la marmite à récurer, ce n'est plus la tâche des français de récurer la marmite.
00:20:24 - Je crois que la marmite qu'il faudrait récurer,
00:20:28 c'est la marmite des ONG françaises
00:20:31 qui systématiquement sabotent toute la politique française en Afrique
00:20:36 en attaquant les présidents et leurs familles
00:20:38 avec cette fumisserie des biens mal acquis.
00:20:42 Il faudrait bien savoir qui est derrière ces ONG
00:20:46 qui nous font reculer tous les jours notre influence en Afrique.
00:20:50 - Merci Bernard Lugan, merci.
00:20:52 On va reparler de votre livre, de votre dernier livre, d'ici deux semaines.
00:20:57 Et en attendant, écoutez, bon vent.
00:21:00 - Merci.
00:21:01 Sud Radio Bercov, dans tous ses états, les perles du jour.
00:21:05 - Et ce que vient de dire Violaine de Philippis au micro d'une télé.
00:21:11 Écoutez.
00:21:12 - Violaine de Philippis, bonsoir.
00:21:14 - Bonsoir.
00:21:15 - Vous êtes porte-parole d'Osez le féminisme.
00:21:17 Merci beaucoup d'être avec nous pour évoquer cette affaire.
00:21:19 Ce soir, 26 féminicides en France en 2023, en un peu plus de deux mois seulement.
00:21:25 Comment vous réagissez à ce double féminicide en moins de 24 heures ?
00:21:29 - C'est désolant, beaucoup trop, malheureusement pas surprenant.
00:21:33 Je rappellerai d'ailleurs qu'on ne peut pas les qualifier vraiment de faits divers.
00:21:36 Ce sont des faits systémiques, ça veut dire des faits que notre société engendre.
00:21:41 Et je rappellerai d'ailleurs que c'est notre culture judéo-chrétienne qui l'engendre.
00:21:46 Depuis toujours en Europe, les féminicides ont existé.
00:21:50 Malgré ce que tente de faire croire parfois l'extrême droite, ce n'est pas dû à l'immigration.
00:21:55 C'est bien notre culture, nos valeurs, notre éducation, celles qu'on donne à nos enfants,
00:21:59 qui dans un continuum de violence, c'est-à-dire une sorte de progression qui va du sexisme ordinaire
00:22:03 jusqu'au féminicide, créent ces drames.
00:22:07 En fin de compte, on est tous et toutes responsables.
00:22:09 - Ah c'est magnifique, c'est pas beau hein ?
00:22:12 Ce qu'en termes galants, ces choses-là sont dites.
00:22:15 Évidemment, le féminicide dans le monde, c'est le judéo-christianisme.
00:22:20 Évidemment, comment peut-on ? Est-ce qu'il n'y a pas des coins, des continents où on lapide ?
00:22:29 Où on force des filles de 6 ans à se vendre à des vieillères de 70 ans ?
00:22:35 Où on laisse les femmes sans éducation, sans école, etc. ?
00:22:41 On les grillage, il n'y a pas si longtemps.
00:22:44 Est-ce que vous vous rappelez d'un certain Daesh ?
00:22:46 Et comment on traitait les femmes, et pas seulement Daesh ?
00:22:49 En Afghanistan, dans certains coins d'Afrique, en Inde et ailleurs.
00:22:53 C'est vraiment la culture judéo-chrétienne qui est à la base de tout cela.
00:22:58 C'est intéressant, c'est intéressant.
00:23:00 On se dit, qu'est-ce qu'il y a dans le cerveau-là de ces personnes ?
00:23:07 Je vais vous donner quelques chiffres, rapides, rapides.
00:23:10 Une étude de l'ONU, pas suspect de féminicide l'ONU,
00:23:14 basée sur des chiffres d'il y a quelques années.
00:23:17 C'est très simple.
00:23:19 L'Asie arrive en tête des féminicides avec 20 000 femmes assassinées.
00:23:24 Suivent l'Afrique, le continent américain, l'Europe, 3000 et l'Océanie.
00:23:29 Et bien le taux d'homicide conjugué et familiaux pour 100 000 femmes est encore plus parlant.
00:23:34 L'Afrique devient alors la région où les femmes ont le plus de risque de se faire tuer
00:23:37 par un partenaire intime ou membre de la famille.
00:23:40 L'Europe est qu'un tel, le continent où le risque est le plus faible,
00:23:43 bien après le continent américain, l'Océanie ou encore l'Asie.
00:23:47 Et je vous citerai des chiffres comme ça.
00:23:49 Non, mais non.
00:23:50 Pour ces braves personnes, qui ont, allez je vais pas les appeler Rachetik du bulbe,
00:23:55 il y a quand même un petit problème.
00:23:57 Non, non, non, c'est le judéo-christianisme.
00:23:59 Alors je ne dis pas que dans les pays judéo-chrétiens il n'y a pas de féminicide.
00:24:03 Je dis simplement qu'il faut arrêter de ne pas voir la paille et la poutre.
00:24:08 Il faut arrêter ces idéologies à géométrie variable,
00:24:14 ces dix poids, dix mesures qui font qu'on est inécoutables.
00:24:19 Et si c'est doser le féminisme, il serait temps de diminuer les doses
00:24:24 pour raison garder, pour sagesse acquérir.
00:24:28 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:24:32 Le face à face.
00:24:34 Vous êtes bien dans le face à face d'André Bercoff avec Frédéric Mortier, enseignant,
00:24:38 aussi maire de Longues et Jumelles, auteur de "L'honneur d'un enseignant" aux éditions Arteges.
00:24:43 Bonjour Frédéric Mortier.
00:24:44 Bonjour à vous, merci de cette invitation.
00:24:46 Alors Frédéric Mortier, c'est vrai que vous racontez dans "L'honneur d'un enseignant"
00:24:50 cette histoire qui vous est arrivée.
00:24:52 Et on se dit avant, on dirait "c'est pas possible, ça peut pas se passer comme ça,
00:24:56 même s'il y a eu peut-être erreur ou maladresse de votre part".
00:25:01 Mais enfin, on va raconter cette histoire,
00:25:03 et vous allez réagir ensuite aux liteurs de Sud Radio,
00:25:06 parce que quand même, on est, ça s'est passé en 2021, c'est bien ça, fin 2021,
00:25:13 et on est quand même dans une situation de fait,
00:25:16 où on voit très bien que la réalité n'existe plus,
00:25:20 que l'interception qu'ont certains de la réalité,
00:25:22 et que l'hystérie est devenue un mode, je ne dirais pas de gouvernance,
00:25:26 un mode d'existence.
00:25:28 C'est vrai qu'il y a eu les sorcières de Salem,
00:25:30 c'est vrai que les procès d'inquisition,
00:25:33 alors on ne va pas comparer, l'inquisition c'était il y a quelques siècles,
00:25:36 et ben non, non, non, ça dure encore là.
00:25:39 Je voudrais que vous racontiez Frédéric Mortier,
00:25:41 qu'est-ce qui est arrivé exactement un certain jour de décembre 2021,
00:25:44 dans votre collège, c'était un collège catholique, c'est ça ?
00:25:48 C'était un lycée professionnel catholique.
00:25:49 Un lycée professionnel catholique, voilà.
00:25:51 Alors, il est arrivé, vous racontez dans votre livre,
00:25:54 effectivement, qui est un livre vraiment très intéressant à lire,
00:25:58 et pour ce qu'il dévoile de notre contexte, de notre réalité,
00:26:03 il vous est arrivé donc de discuter avec des élèves, raconter.
00:26:07 Nous sommes un certain mercredi du mois de décembre,
00:26:10 en toute fin de journée, avec une classe que je connais assez peu,
00:26:14 avec une ambiance qui me paraît tout à fait agréable à vivre,
00:26:18 et le sujet du débat, parce que je suis un homme dont la pédagogie
00:26:22 et d'abord le débat, portent sur les origines et les fondements du droit.
00:26:28 On en vient tout doucement, mais sûrement au fait que nous sommes
00:26:32 dans un établissement catholique, et là je sens une levée de boucliers
00:26:36 avec quelques élèves qui me précisent que dans un établissement
00:26:40 quel qu'il soit, on ne parle pas de catholique, on parle de laïcité,
00:26:44 puisque la religion...
00:26:45 - Vous parlez des fondements du droit qui sont des fondements chrétiens.
00:26:49 - Évidemment, judéo-chrétien même.
00:26:52 Et donc je sens que le débat s'installe, ce qui me va bien,
00:26:55 puisque j'ai l'habitude de cela, et encore une fois, ma pédagogie à moi,
00:26:59 c'est de raccrocher les concepts à l'actualité, ou à un débat qui s'installe,
00:27:03 l'idée étant que chacun s'exprime et que chacun se fasse son opinion,
00:27:07 loin de moi l'idée d'apporter une opinion personnelle.
00:27:11 Et puis j'ai un élève en fond de classe qui m'interpelle et qui me dit
00:27:14 "Mais vous savez que mon voisin est musulman, et je lui réponds au second degré,
00:27:18 et je m'adresse à cet élève en particulier, évidemment, mince, ça c'est un problème,
00:27:23 et il va falloir que tu deviennes catholique."
00:27:25 - Vous l'avez dit en forme de boutade.
00:27:26 - Évidemment, je le dis sur le ton de l'humour, ce qui n'est pas reçu de la sorte,
00:27:30 vous l'aurez compris, et qui donne suite à un élève qui veut sortir de la classe
00:27:35 et qui devient un peu tendu, on va le dire comme cela.
00:27:41 Jamais aucun élève en 28 ans de carrière n'est sorti de ma classe.
00:27:45 - Oui, 28 ans de carrière.
00:27:47 - 28 ans de carrière, plusieurs années comme directeur des orphelins d'Auteuil en collège et en lycée.
00:27:53 Je crois savoir mener un débat, en tout cas je le pensais jusqu'ici,
00:27:57 et j'ai voulu discuter, ce qu'il a refusé.
00:28:01 - Vous avez dit "On va régler ça entre hommes", et il a pris ça pour une agression.
00:28:06 - Alors en fait j'ai utilisé plusieurs stratégies pédagogiques,
00:28:09 plutôt même didactiques, pour essayer de récupérer un peu le moment
00:28:13 et essayer de remettre la classe en discussion, en débat, ce qu'il a refusé à ce moment-là.
00:28:19 - Mais pardon, pardon, monsieur Mortier, est-ce que ce n'était pas imprudent peut-être que,
00:28:25 hélas en ce moment, enfin en ce moment, depuis, je ne sais pas,
00:28:29 à l'époque le premier et le second degré ne passent plus,
00:28:32 on le voit dans les réseaux sociaux quelquefois.
00:28:34 - Alors c'est ce que je dis dans ce livre, puisque ce livre a été pour moi
00:28:38 l'occasion d'abord de poser un peu les choses,
00:28:42 de me demander si je n'avais pas raté quelque chose à ce moment-là du jeu,
00:28:46 et même peut-être d'une manière un peu plus lointaine.
00:28:49 Nous avons changé de prisme pédagogique et didactique depuis quelque temps,
00:28:54 en particulier depuis le Covid je trouve,
00:28:57 et puis c'était aussi l'occasion pour moi, ce livre, de prendre de la hauteur
00:29:01 sur la situation telle qu'elle se présente à nous, nous les enseignants, de manière plus globale,
00:29:05 et notamment les enseignants de la partie catholique,
00:29:09 pour se rendre compte de ce que vous venez de dire, c'est-à-dire qu'effectivement,
00:29:12 mon imprudence a sans doute été celle de ne pas avoir saisi tout à fait
00:29:16 le moment ou l'instant dans lequel je me trouvais.
00:29:20 Voilà, c'est aussi ce que j'écris.
00:29:23 - Alors qu'est-ce qui t'arrive, je comprends, donc qu'est-ce qui s'est passé ?
00:29:25 Donc cette télé est sortie, et il s'est passé quoi après ?
00:29:28 - Alors comme toujours normalement on se retrouve devant le conseil d'éducation
00:29:31 ou devant le directeur et on en discute éventuellement avec les parents,
00:29:34 on essaie de mettre un peu les choses au point.
00:29:37 - Et ça vous a été refusé ça ?
00:29:38 - Il est un fait que ce n'a pas été possible.
00:29:41 - C'est-à-dire que vous n'avez pas pu rencontrer ni les parents,
00:29:44 ni avoir une discussion avec l'élève ?
00:29:46 - Ni même l'élève à nouveau.
00:29:48 - La conseillère d'éducation vous a...
00:29:50 - Elle m'a précisé par un logiciel d'éducation nationale qui s'appelle Pronote,
00:29:55 que je devais aller voir la réponse sur Pronote,
00:29:58 et la réponse que j'ai eu le lendemain midi c'est "ils ont porté plainte".
00:30:02 - "Ils ont porté plainte" voilà.
00:30:04 On va en reparler tout de suite, on va continuer parce que c'est une histoire
00:30:07 hélas malheureusement exemplaire.
00:30:09 On va juste après une petite pause, on continue.
00:30:12 - Et vous avez la parole sur Sud Radio pour interpeller Frédéric Mortier
00:30:16 au 0826-300-300, à tout de suite.
00:30:19 - Ici Sud Radio.
00:30:23 Les Français parlent au français.
00:30:28 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:30:31 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:30:34 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:30:37 - Et on poursuit l'histoire, l'histoire à la fois choquante,
00:30:41 à la fois hélas tristement exemplaire de Frédéric Mortier,
00:30:46 qui est par ailleurs maire LR de Longueuil et jumelle d'Armène et Loire,
00:30:50 et qui vient d'écrire "L'honneur de l'enseignant" aux éditions Arteges
00:30:53 et qui est un livre vraiment à lire parce que
00:30:55 il explique la chose, il explique ce qui s'est passé.
00:30:58 Donc Frédéric Mortier, vous nous racontiez un peu ce qui s'est passé dans cette salle de classe.
00:31:02 Il est parti, ensuite pas pu voir les parents,
00:31:05 pas pu rediscuter avec l'élève.
00:31:08 On vous a dit, eh bien voilà, ils ont porté plainte, disiez-vous.
00:31:12 Alors, qui a porté plainte ? La famille ? L'élève ?
00:31:14 - La famille.
00:31:15 - La famille a porté plainte.
00:31:16 - La famille, puisque l'élève était mineur à ce moment-là.
00:31:18 Je ne sais pas trop s'il est encore mineur ou pas,
00:31:20 mais donc évidemment la famille se porte.
00:31:23 - Alors qu'est-ce qui s'est passé depuis, enfin après ?
00:31:27 - Eh bien la famille porte plainte et quelques jours après,
00:31:30 je reçois un coup de fil de la police nationale en juillet,
00:31:34 qui me demande de venir les rencontrer.
00:31:37 Je pose la question de savoir s'il s'agit d'un simple entretien
00:31:40 ou d'une garde à vue.
00:31:41 Là, on me répond qu'on ne sait pas et qu'il faudra voir sur le champ.
00:31:46 Et puis quand je me retrouve...
00:31:49 - Arrangé ?
00:31:50 - C'est passé arrangé, absolument.
00:31:52 Quand je me retrouve nez à nez devant le commandant de police,
00:31:55 je m'aperçois que je vais y rester sans doute un certain temps.
00:31:59 Ce qui ne manque pas d'être le cas.
00:32:01 Donc je subis 24 heures de garde à vue,
00:32:03 une présentation au parquet le lendemain matin,
00:32:06 sans lacets, sans ceinture bien sûr, sans tout ce qu'on connaît.
00:32:10 - Comme si vous aviez vraiment agressé violemment quelqu'un,
00:32:12 comme ça se passe dans les accidents.
00:32:14 - Voilà, comme un...
00:32:16 - Mais on vous dit pourquoi garde à vue ?
00:32:18 Enfin vous avez dû poser la question.
00:32:19 - Alors oui, bien sûr, on m'explique au départ qu'il y a un dépôt de plainte
00:32:24 pour trois chefs d'accusation.
00:32:27 Le troisième est assez étonnant,
00:32:29 puisque moi-même j'avais déposé plainte,
00:32:31 puisque l'élève m'avait bousculé et m'avait traité de raciste en classe.
00:32:36 Donc j'avais considéré qu'il s'agissait là
00:32:38 d'éléments suffisants pour pouvoir aller déposer plainte.
00:32:42 En tout cas c'est ce que j'avais lu,
00:32:44 et je l'explique dans le livre.
00:32:46 Je suis un très vieux syndicaliste CFTC chrétien,
00:32:49 et c'est ce que j'avais lu,
00:32:51 et donc il me semblait nécessaire de le faire.
00:32:53 Alors on me le reproche, et on me reproche même à ce moment-là du jeu.
00:32:56 Alors le courant de police me dirait que ce n'est pas un jeu.
00:32:59 J'essaie de le vivre comme ça pour essayer de le vivre bien.
00:33:01 On me reproche d'avoir dénoncé de manière calomnieuse,
00:33:05 pour avoir moi-même déposé plainte.
00:33:07 Et donc, propos racistes, harcèlement moral,
00:33:12 d'un jeune que je n'ai pas vu plus de cinq ou six fois.
00:33:16 D'ailleurs il déclare lui-même...
00:33:19 - Non mais en quoi ça mérite une garde à vue ?
00:33:21 - Alors ça c'est une bonne question,
00:33:23 et c'est la question que je me pose encore aujourd'hui.
00:33:26 C'est une décision du procureur, visiblement,
00:33:30 je ne sais plus très bien en fait, qui décide de quoi aujourd'hui.
00:33:33 - Donc on vous garde 24 heures ?
00:33:35 - On me garde 24 heures, je descends au trou à 19h,
00:33:37 dans des conditions évidemment totalement lamentables.
00:33:40 Alors là je comprends les gens qui se plaignent des conditions
00:33:43 de nos prisons et de ce qui se trouve dans les sous-sols
00:33:47 de nos polices nationales et de nos gendarmeries,
00:33:49 parce que c'est totalement indigne.
00:33:52 Et je suis donc censé passer la nuit.
00:33:55 Donc je l'explique beaucoup dans ce livre,
00:33:57 c'est un moment très compliqué pour moi.
00:34:00 Je suis un fan de Steve McQueen,
00:34:02 donc je me remémore le film "Papillon"
00:34:04 et j'essaie de me mettre dans sa situation en me disant
00:34:06 "même s'il faut manger des cafards, je les mangerai, je résisterai".
00:34:09 - Et pourquoi ? Hygiène, saleté ?
00:34:11 - Oui évidemment, ça sent extrêmement mauvais, l'urine est là,
00:34:14 on est sur une planche de bois, il fait extrêmement froid.
00:34:17 - D'accord.
00:34:19 - Je le raconte un peu plus dans le livre,
00:34:21 j'ai quelques éléments avant même cette garde à vue
00:34:24 qui me font penser qu'effectivement je vais y rester.
00:34:27 Et puis le lendemain, il y a une nouvelle série de questions
00:34:31 vers 7h ou 8h du matin,
00:34:33 et là on me défère devant le procureur
00:34:36 en m'expliquant qu'on ne va pas mettre les menottes
00:34:38 parce que je ne suis pas un voyou.
00:34:40 C'est un peu la goudeau qui fait déborder le vase.
00:34:42 Et quand vous êtes devant la vice-procureure
00:34:44 qui ne vous entend pas,
00:34:46 qui ne sait pas du tout,
00:34:48 enfin qui ne sait pas du tout,
00:34:50 qui je crois n'a pas saisi vraiment la situation,
00:34:52 elle m'explique que je vais finir devant le juge des libertés
00:34:54 qui lui-même m'explique que je suis un homme dangereux.
00:34:58 Et donc quand on me relâche quelques minutes après
00:35:01 dans les rues, dans chez, pour récupérer mon véhicule,
00:35:04 je passe en fait en quelques minutes
00:35:07 de l'état d'un homme dangereux
00:35:09 à l'état d'un homme libre.
00:35:12 Et là on ne sait plus très bien ce qui se passe vraiment.
00:35:15 - Et donc à ce moment-là, effectivement, vous vous retrouvez,
00:35:19 et quand est-ce qu'on vous annonce votre suspension
00:35:22 de l'enseignement de ce collège canonique ?
00:35:25 - De manière quasi-automatique,
00:35:27 dès lors que vous êtes convoqué au pénal,
00:35:29 vous êtes automatiquement suspendu.
00:35:31 - Ah quand vous êtes convoqué au pénal, vous êtes automatiquement suspendu.
00:35:33 - Oui, oui, c'est arrivé dans les jours qui ont suivi.
00:35:36 - D'accord.
00:35:38 Et que vous dit vos autorités, votre rectorat ?
00:35:41 - Ils ne me disent rien,
00:35:43 je n'ai aucune relation,
00:35:45 ils ne prennent aucun coup de fil.
00:35:47 - Pas de lettre, pas de mail ?
00:35:49 - Un simple arrêté écrit que vous recevez dans votre boîte aux lettres,
00:35:51 et qui vous explique que le rector vous suspend
00:35:54 jusqu'à ce que le procès ait lieu.
00:35:57 - Question suspens, sans indemnité, sans rien,
00:36:01 ou au moins vous touchez votre...
00:36:03 - Alors sans indemnité, avec une petite indemnité
00:36:05 qui est prévue par je ne sais quel code,
00:36:09 je ne sais quel règlement,
00:36:11 d'un petit millier d'euros qui est censé me faire survivre.
00:36:14 - Un millier d'euros mensuel ?
00:36:16 - Mensuel.
00:36:18 - Et pour le reste, en 10 ans, vous êtes suspendu,
00:36:20 durée indéterminée, pas de durée, rien ?
00:36:22 - Pas de durée, rien, jusqu'à ce que le procès ait lieu,
00:36:25 et à ce moment-là du jeu, j'imagine qu'il y aura
00:36:28 un deuxième procès administratif
00:36:30 qui, en fonction du premier, c'est-à-dire du pénal,
00:36:33 décidera ou pas de mon avenir.
00:36:35 - D'accord. Et pour le moment,
00:36:37 ni le procès administratif ni le procès pénal n'ont eu lieu.
00:36:39 - Pour l'instant, rien n'a eu lieu.
00:36:41 - Et ce serait en octobre ?
00:36:43 - C'est prévu le 4 octobre, effectivement.
00:36:45 - Donc d'ici là, nous sommes actuellement en mars,
00:36:47 c'est-à-dire que depuis donc fin décembre 2021,
00:36:51 vous ne pouvez pas exercer ?
00:36:54 - Tout à fait.
00:36:56 - Et alors, vous avez essayé, vous me disiez aussi,
00:36:58 peut-être que là, il y a eu ce qu'il y a eu,
00:37:00 je ne peux pas exercer là,
00:37:02 mais vous avez demandé à pouvoir enseigner,
00:37:04 28 ans d'enseignement ailleurs,
00:37:06 surtout, encore une fois,
00:37:08 il n'y a pas une question de vol, de viol,
00:37:10 d'harcèlement systématique,
00:37:12 ou quoi que ce soit, et on vous l'a refusé.
00:37:14 - Alors, en tout cas, on ne me l'a pas permis.
00:37:16 - On ne l'a pas permis.
00:37:18 - C'est-à-dire que le premier contrôle judiciaire
00:37:20 porte sur une interdiction d'enseigner
00:37:22 à l'échelle de la nation,
00:37:24 et lorsque le premier procès
00:37:26 qui devait avoir lieu en mai 2022,
00:37:28 et qui a duré 20 minutes,
00:37:31 donc s'est déroulé,
00:37:34 le juge a eu entre les mains, par le biais de mon avocat,
00:37:36 l'ensemble des témoignages, et ils étaient extrêmement nombreux,
00:37:38 d'anciens élèves qui me soutenaient,
00:37:40 et de collègues également,
00:37:42 et son discours a été de dire
00:37:46 "mais il semblerait que vous ne soyez pas tout à fait l'homme
00:37:48 que l'on décrit, et donc
00:37:50 on va simplement garder le contrôle judiciaire
00:37:52 sur l'établissement dans lequel vous êtes".
00:37:54 - C'est le juge qui vous dit ça ?
00:37:56 - C'est le juge qui dit ça.
00:37:58 Et donc, nous sommes en mai,
00:38:00 j'ai demandé une mutation pour pouvoir enseigner ailleurs,
00:38:02 et en début juillet,
00:38:04 on me répond qu'il n'y a pas de poste pour moi,
00:38:06 et que mes demandes ne peuvent pas aboutir administrativement.
00:38:08 Donc, je reste en poste là où je suis,
00:38:10 donc je suis toujours suspendu dans l'établissement.
00:38:12 - C'est intéressant,
00:38:14 mais ça ne sera pas un refus,
00:38:16 c'est formidable.
00:38:18 On ne vous dit pas de pas,
00:38:20 mais comme vous ne pouvez pas faire,
00:38:22 mais ailleurs, il n'y a pas de possibilité.
00:38:24 - Il n'explique pas,
00:38:26 il ne donne pas de raison.
00:38:28 - Ah non, il n'y a pas de raison,
00:38:30 mais l'évaluation est administrative,
00:38:32 c'est-à-dire que mon concours, a priori,
00:38:34 ne permet pas d'enseigner ailleurs.
00:38:36 Dans un moment où les enseignants sont plutôt recherchés.
00:38:38 - Alors, juste un mot,
00:38:40 on va continuer à en parler,
00:38:42 parce que, encore une fois,
00:38:44 c'est très important d'en parler.
00:38:46 Vous êtes maire de Longueuil et Jumel,
00:38:50 comment réagit-il, vos administrés ou certains ?
00:38:54 Est-ce que vous avez eu des témoignages ?
00:38:56 Quel genre de réaction ?
00:38:58 - Les réactions sont plutôt globalement très bonnes,
00:39:00 puisque j'étais en dédicace,
00:39:02 justement, dans ma ville, ce samedi,
00:39:04 et nous avons vendu un peu plus de 200 exemplaires du livre.
00:39:06 Bon, c'est sûr, sur une ville de 7000 habitants,
00:39:10 vous allez me dire que ça ne représente pas la population entière,
00:39:12 mais...
00:39:14 - Autrement, vous avez eu des témoignages ?
00:39:16 - Oui, j'ai des témoignages tous les jours, évidemment,
00:39:18 de gens qui viennent me soutenir,
00:39:20 et puis après, je suis dans une commune qui a toujours connu un peu d'opposition politique,
00:39:22 et donc l'opposition joue son rôle, évidemment.
00:39:24 - Bien sûr.
00:39:26 J'ai l'habitude d'en parler après une petite pause.
00:39:28 Frédéric Mortier,
00:39:30 "L'honneur d'un enseignant",
00:39:32 et on peut en parler aujourd'hui,
00:39:34 parce que quand on dit que les enseignants, c'est l'autorité,
00:39:36 mais quand l'autorité
00:39:38 devient elle-même victime,
00:39:40 il y a quelques légers problèmes.
00:39:42 A tout de suite.
00:39:44 - Vous avez des anecdotes, des témoignages à nous rapporter,
00:39:46 vous nous appelez au 0826 300 300
00:39:48 pour interpeller Frédéric Mortier
00:39:50 et son livre "L'honneur d'un enseignant".
00:39:52 A tout de suite sur Sud Radio,
00:39:54 0826 300 300.
00:39:56 - Les Français parlent au français.
00:40:00 Les carottes sont cuites.
00:40:02 Les carottes sont cuites.
00:40:04 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:40:08 - Et Frédéric Mortier, enseignant,
00:40:12 auteur de "L'honneur d'un enseignant",
00:40:14 à qui il est arrivé, ce qu'il est arrivé,
00:40:16 enfin, quelque chose d'assez dramatique,
00:40:18 quand même, qui révèle beaucoup, beaucoup de choses,
00:40:20 même s'il a fait lui-même quelques erreurs,
00:40:22 de degrés d'humour,
00:40:24 etc.
00:40:26 Mais il y a quand même quelque chose qui est grave,
00:40:28 alors qu'on le suspend,
00:40:30 on le suspend complètement,
00:40:32 on le met en garde à vue.
00:40:34 Et justement, Frédéric Mortier,
00:40:38 alors, deux choses,
00:40:40 vous avez parlé, on a parlé,
00:40:42 vous êtes maire, par ailleurs,
00:40:44 et beaucoup de gens
00:40:46 de votre ville
00:40:48 ont réagi, ont réagi, effectivement,
00:40:50 d'une manière
00:40:52 plutôt solidaire,
00:40:54 mais je voulais savoir deux choses,
00:40:56 comment réagit
00:40:58 le corps enseignant, ou surtout à la hiérarchie enseignante,
00:41:00 parce que, je rappelle que vous êtes dans
00:41:02 une école catholique,
00:41:04 donc vous ne dépendez pas du tout de l'État,
00:41:06 si j'ai bien compris, c'est bien ça.
00:41:08 - Nous sommes sous contrat d'association avec l'État,
00:41:10 donc rémunérés par l'État.
00:41:12 - D'accord, alors, est-ce que l'État a autorité
00:41:14 sur ce genre
00:41:16 d'incidents ou d'accidents que vous avez eus ?
00:41:18 - Il a autorité, s'il souhaite avoir autorité,
00:41:20 effectivement. - Il peut l'avoir ? - Il peut l'avoir,
00:41:22 et il l'a d'ailleurs, puisqu'il devra se positionner
00:41:24 par rapport à la décision de la justice.
00:41:26 - D'accord, mais alors, pour le moment,
00:41:28 en attente de la décision de la justice,
00:41:30 ça veut dire octobre, dans le meilleur des cas,
00:41:32 est-ce que vous avez eu des manifestations
00:41:34 où vous avez cherché à en avoir de la hiérarchie,
00:41:36 à tout niveau, que ce soit du niveau
00:41:38 ministériel
00:41:40 et en descente, ou pas ?
00:41:42 - De la direction d'établissement jusqu'au
00:41:44 représentant de l'État, évidemment, j'ai cherché
00:41:46 à avoir quelques retours,
00:41:48 et je n'en ai eu absolument
00:41:50 aucun. - Même la directeur
00:41:52 de votre établissement ?
00:41:54 - Même le directeur de l'établissement, qui m'a appelé
00:41:56 une fois pour m'expliquer que la presse
00:41:58 allait se faire l'écho de la situation,
00:42:00 je ne l'ai plus
00:42:02 jamais eue au téléphone, et je n'ai plus
00:42:04 jamais obtenu aucun soutien, ni même
00:42:06 aucune explication,
00:42:08 en tout cas, j'ai souhaité m'expliquer
00:42:10 aussi, vis-à-vis de l'enseignement
00:42:12 catholique, et à aucun moment,
00:42:14 on ne m'a autorisé
00:42:16 à le faire,
00:42:18 je le dis dans le livre, je croise même
00:42:20 le directeur départemental
00:42:22 au bout d'une rue à un moment donné,
00:42:24 et il fait en sorte de ne pas m'adresser
00:42:26 la parole, alors même
00:42:28 que je suis maire d'une commune de 7 000 habitants
00:42:30 qui a deux écoles
00:42:32 privées, un collège privé,
00:42:34 et que je finance, pour beaucoup,
00:42:36 l'école privée,
00:42:38 quasiment à 70%,
00:42:40 donc j'aurais pu...
00:42:42 - En tant que maire ? - En tant que maire, oui.
00:42:44 Donc j'aurais pu attendre de sa part qu'il y ait au moins une discussion,
00:42:46 qu'il soit d'accord
00:42:48 ou pas avec ce qui se soit passé,
00:42:50 mais au moins une discussion.
00:42:52 - Comment vous expliquiez ça ?
00:42:54 Ça paraît quand même assez... Je suis confondant !
00:42:56 - C'est ce que je dis dans le livre,
00:42:58 c'est l'enseignement catholique d'aujourd'hui
00:43:00 qui a beaucoup changé, qui a beaucoup évolué,
00:43:02 de mon point de vue dans le mauvais sens,
00:43:04 moi je suis un enseignant depuis les années 90,
00:43:06 j'ai choisi l'enseignement catholique, j'ai le même concours
00:43:08 qu'un enseignant des établissements
00:43:10 publics,
00:43:12 1993, c'est le premier vrai concours
00:43:14 qui permet de faire
00:43:16 un choix privé au public, et que lorsqu'on fait
00:43:18 un choix privé, on reste dans le privé,
00:43:20 un candidat de public
00:43:22 peut venir enseigner dans le privé, mais l'inverse n'est pas vrai.
00:43:24 - Ah oui, vous ne pouvez pas, par exemple, aller au public ?
00:43:26 - Absolument pas, et donc c'est un vrai
00:43:28 choix, celui d'un enseignant
00:43:30 qui a eu un
00:43:32 parcours d'école,
00:43:34 de collège et de lycée privé,
00:43:36 catholique, classique,
00:43:38 et donc j'y vais avec des convictions, et ces convictions
00:43:40 se sont évidemment,
00:43:42 aujourd'hui, complètement fissurées,
00:43:44 puisqu'on voit bien
00:43:46 qu'il n'y a aucun soutien de la part
00:43:48 de l'enseignement catholique,
00:43:50 et qui a l'image de l'Église, je le dis aussi
00:43:52 dans le livre, fait en sorte
00:43:54 de se recroquer dans sa coquille
00:43:56 et de ne pas voir quelles sont les vraies
00:43:58 difficultés. - Comment vous
00:44:00 expliquez ça, parce que vous n'êtes pas le seul
00:44:02 à le dire, dans d'autres
00:44:04 domaines, etc., comment vous expliquez
00:44:06 cette espèce de, soit de repli sur soi,
00:44:08 soit d'abandon,
00:44:10 on peut dire, quelque part ?
00:44:12 - Oh, il y a sans doute,
00:44:14 les faits sociétaux sont là,
00:44:16 ça correspond à,
00:44:18 ça relève d'une,
00:44:20 et vous le dites souvent dans vos émissions,
00:44:22 ça relève d'une
00:44:24 désocialisation de l'ensemble
00:44:26 qui existe depuis quelques
00:44:28 années, et puis probablement aussi
00:44:30 d'un manque de courage.
00:44:32 - Je crois que ça joue beaucoup, ça aussi.
00:44:34 - Absolument, alors je n'ai jamais été
00:44:36 de ceux-là, y compris dans ma
00:44:38 toute petite carrière de politicien
00:44:40 local, je pense que le courage
00:44:42 c'est aujourd'hui ce qui manque,
00:44:44 pour faire revenir les électeurs aux urnes,
00:44:46 et dans le domaine de l'enseignement,
00:44:48 c'est un vrai, vrai manque aujourd'hui,
00:44:50 c'est très, très clair. - Et du point
00:44:52 de vue alors de la presse, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:44:54 Parce que vous en parlez effectivement
00:44:56 dans votre livre,
00:44:58 et vous dites qu'il y a eu effectivement
00:45:00 la Ouest-France, puis beaucoup d'autres,
00:45:02 et l'impression que vous avez eue, c'est intéressant,
00:45:04 c'est que certains avaient déjà
00:45:06 leur idée toute faite
00:45:08 avant même de vous parler,
00:45:10 on savait ce que c'était,
00:45:12 qui était le coupable, qui était la victime,
00:45:14 etc. - Évidemment.
00:45:16 Évidemment, toute la PQR m'est tombée dessus
00:45:18 sans même vouloir m'écouter.
00:45:20 - Presque quotidienne, oui.
00:45:22 - Et puis, ce qui m'a beaucoup étonné,
00:45:24 c'est que les médias nationaux sont venus
00:45:26 jusque-là, Mediapart
00:45:28 qui m'en a remis une couche,
00:45:30 j'ai eu Libération, Figaro,
00:45:32 tout y est passé en fait.
00:45:34 Et à mon humble niveau,
00:45:36 je me suis toujours demandé
00:45:38 pourquoi moi, pourquoi à ce niveau-là,
00:45:40 et pourquoi on entendait
00:45:42 un seul son de cloche,
00:45:44 alors même que dans le dossier,
00:45:46 il y a bien un coupable éventuel,
00:45:48 et un requérant
00:45:50 qui peut-être,
00:45:52 voilà, a une idée
00:45:54 de ce qui s'est passé, qui peut s'expliquer
00:45:56 aussi, mais qui peut être entendu
00:45:58 d'une manière un peu différente que celle-là.
00:46:00 - C'est-à-dire que tous, vous présentez de la même façon,
00:46:02 vous étiez,
00:46:04 en grosso modo, en schématisant
00:46:06 le prof raciste qui avait harcelé
00:46:08 une victime en raison
00:46:10 islamophobe, etc. Vous étiez islamophobe,
00:46:12 raciste, etc. - Exactement.
00:46:14 - Mais vous voulez dire que quand vous parliez
00:46:16 aux médias et autres,
00:46:18 ils ne disaient pas "Ah oui,
00:46:20 peut-être que même c'est plus compliqué que ça,
00:46:22 c'était le blanc et noir,
00:46:24 c'était manichéen, c'était quoi ?" - Ah, c'était complètement manichéen.
00:46:26 Les premiers qui m'ont appelé,
00:46:28 c'est Ouest France,
00:46:30 et je leur ai demandé s'ils allaient
00:46:32 me citer, si mon nom allait
00:46:34 paraître, parce que souvent, évidemment, lorsqu'on fait,
00:46:36 lorsqu'on gère du pénal, lorsqu'on écrit sur du
00:46:38 pénal et qu'on est journaliste de PQR,
00:46:40 on ne met pas le nom,
00:46:42 le prénom ou le pédigré de la personne qui
00:46:44 est en cause. En l'occurrence, la réponse
00:46:46 que j'ai obtenue, c'est "Vous êtes
00:46:48 un homme public, et donc
00:46:50 vous allez figurer dans nos journaux
00:46:52 avec votre nom, votre prénom et votre pédigré."
00:46:54 Et là, j'ai compris
00:46:56 à partir de ce moment-là que
00:46:58 je n'avais plus la main sur rien.
00:47:00 Le fait que je sois un maire de droite
00:47:02 qui a,
00:47:04 à un moment de sa vie, été secrétaire
00:47:06 général de Debout la France pour Nicolas Dupont-Aignan,
00:47:08 faisait que de toute façon,
00:47:10 je ne m'en sortirais pas.
00:47:12 - Vous étiez marqué du saut de la famille. - Complètement.
00:47:14 - Ah bon, même, ça,
00:47:16 donc ça s'applique à... - J'en suis convaincu en tout cas.
00:47:18 J'en suis convaincu en tout cas. - Oui, oui, enfin, c'est ce que vous pensez.
00:47:20 En tout cas, c'est intéressant
00:47:22 d'avoir comment tout cela fonctionne.
00:47:24 Et donc, aujourd'hui,
00:47:26 vous en êtes au stade de l'attente du procès.
00:47:28 - Tout à fait. - Et rien
00:47:30 n'a bougé.
00:47:32 - Rien n'a bougé, si ce n'est le plaisir
00:47:34 de bien vous rencontrer.
00:47:36 - Non, mais écoutez, moi, ce qui est
00:47:38 tout à fait fascinant, encore une fois,
00:47:40 c'est Cocteau qui disait qu'il aimait bien,
00:47:42 qu'il était temps que les miroirs réfléchissent.
00:47:44 Et je crois que votre livre,
00:47:46 il est temps de réfléchir là-dessus.
00:47:48 Moi, je veux bien, on peut dire, oui,
00:47:50 que vous avez, quand vous lui avez dit
00:47:52 "ouais, il faut se convertir au catholicisme",
00:47:54 et vous l'avez dit, on voit très bien, en tout cas,
00:47:56 dans le livre, que ce n'était pas une envie
00:47:58 "allez, convertissez-vous infidèles
00:48:00 et mécréants", etc.
00:48:02 Mais que ça ait pris
00:48:04 ses proportions est quand même intéressant
00:48:06 parce que ça veut dire qu'il y a un parti pris,
00:48:08 au sens littéral du terme.
00:48:10 Un parti pris, et que ce
00:48:12 parti pris, évidemment,
00:48:14 était condamné à vous,
00:48:16 à aller contre vous comme une meule, quoi.
00:48:18 - Oui, comme un rouleau
00:48:20 compresseur. - Comme un rouleau compresseur.
00:48:22 - Et vous tomber dans les abîmes, vraiment.
00:48:24 - Et, Yoann,
00:48:26 je ne veux pas être intimiste,
00:48:28 Frédéric Mortier, comment vous,
00:48:30 votre famille, comment vous le vivez ?
00:48:32 Comment...
00:48:34 - Oh, ça se vit très mal.
00:48:36 Ça se vit forcément très mal.
00:48:38 C'est l'avenir qui est en jeu,
00:48:40 en fait. C'est-à-dire que
00:48:42 j'étais moi-même en situation de reprendre une direction
00:48:44 d'établissement scolaire, j'étais en
00:48:46 validation d'acquis d'expérience, tout était en route
00:48:48 pour, voilà, reprendre
00:48:50 un peu de responsabilité. - Vous avez femme et enfant.
00:48:52 - J'ai femme et enfant, effectivement,
00:48:54 et tout ça tombe...
00:48:56 tombe à l'eau,
00:48:58 voilà, disparaît, puisque
00:49:00 une fois que vous êtes sur les réseaux sociaux dans ce pays, en plus,
00:49:02 vous êtes marqué d'un certain
00:49:04 saut. Donc oui, pour la famille, c'était
00:49:06 évidemment très très compliqué. - Sauf que ça peut changer,
00:49:08 soyons clairs. Vous n'êtes pas
00:49:10 ad vitam aeternam, enfin, je l'espère
00:49:12 pour vous, mais... - Que Dieu vous entende.
00:49:14 - Non,
00:49:16 les réseaux sociaux, ça bouge et il y a
00:49:18 des pouvoirs et contre-pouvoirs. Mais enfin,
00:49:20 c'est vrai que c'est une situation tout à fait
00:49:22 tristement étonnante, il faut le dire.
00:49:24 Lucia, est-ce que nous avons des auditeurs ?
00:49:26 - Nous avons des auditeurs et vous continuez
00:49:28 de nous appeler au 0826
00:49:30 300 300 et on accueille
00:49:32 Madeleine de l'ESPAR dans le MEDOK.
00:49:34 Bonjour, Madeleine. - Bonjour, Madeleine.
00:49:36 - Bonjour, monsieur Bercoff.
00:49:38 Je suis ravie de vous avoir et
00:49:40 bonjour à votre grand professeur.
00:49:42 - Bonjour. - Je suis
00:49:44 collègue, j'ai travaillé
00:49:46 42 ans pour l'enseignement catholique
00:49:48 et je suis en train de me demander
00:49:50 en tant que salariée, comment il se fait que vous
00:49:52 ne soyez pas défendue par les OGEC, les appels,
00:49:54 la direction de l'Ursuline ? Qu'est-ce qu'ils font
00:49:56 ces gens-là ? Ils se servent de nous,
00:49:58 je vais vous le dire, moi.
00:50:00 - Attendez, c'est une bonne question, Madeleine.
00:50:02 Pourquoi vous n'êtes pas défendue par les
00:50:04 organismes dont parle Madeleine ?
00:50:06 - C'est une bonne question.
00:50:08 Effectivement, c'est une bonne question. - Vous les avez contactés ou pas ?
00:50:10 - Non, non, c'est plus compliqué que ça.
00:50:12 Je pense que, il y a sans doute
00:50:14 une affaire dans l'affaire.
00:50:16 - Ah bon ? - C'est-à-dire que je pense que si la
00:50:18 direction d'établissement n'a pas joué
00:50:20 le rôle qu'elle aurait dû jouer de manière
00:50:22 un peu légale en fait, ou réglementaire,
00:50:24 c'est qu'il y a peut-être d'autres raisons.
00:50:26 Donc, on va attendre la fin du procès
00:50:28 et puis on verra ce qui se passe
00:50:30 après. - D'accord.
00:50:32 Madeleine, vous vouliez ajouter quelque chose ?
00:50:34 - Oui, je voulais dire que nous sommes quand même assez
00:50:36 déconsidérés parce qu'on
00:50:38 fait le même travail que nos collègues
00:50:40 du public.
00:50:42 Et moi, j'ai 23% de moins
00:50:44 de retraite, au nom de quoi ? On a fait le même boulot,
00:50:46 on avait 35 élèves par classe, et eux
00:50:48 ne font rien pour nous défendre.
00:50:50 - Oui, c'est une vraie question, Madeleine.
00:50:52 C'est vrai. On va la poser. - Parce que c'est général
00:50:54 et qu'il faudrait monter au créneau. Il faudrait
00:50:56 que les jeunes, maintenant qu'ils sont dans l'enseignement privé, je veux dire
00:50:58 une collègue, il faudrait quand même monter au créneau, il y a des choses
00:51:00 qui ne vont plus, quoi. - Ah, je vais vous dire, Madeleine,
00:51:02 il faut toujours monter au créneau. Croire
00:51:04 qu'on va régler les problèmes, quels qu'ils soient,
00:51:06 et de quel niveau, et de quelle statue qu'on
00:51:08 soit, croire qu'on va les régler
00:51:10 en ne bougeant pas, eh bien, malheureusement,
00:51:12 ce n'est pas le cas. Merci,
00:51:14 Madeleine, en tout cas. - Bonne journée, merci.
00:51:16 - Merci beaucoup, Madeleine.
00:51:18 On tourne une rapide page de pub et on retrouvera
00:51:20 Jean de Montpellier, à tout de suite sur Sud Radio
00:51:22 0826 300 300.
00:51:24 - Ici Sud Radio.
00:51:26 Les Français parlent
00:51:30 au français.
00:51:32 Je n'aime pas la
00:51:34 blanquette de veau. Je n'aime pas
00:51:36 la blanquette de veau.
00:51:38 Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:51:40 - Vous êtes bien sur Sud Radio
00:51:42 dans le face-à-face d'André Bercoff avec
00:51:44 Frédéric Mortier pour son livre "L'honneur
00:51:46 d'un enseignant-édison artège"
00:51:48 et vous avez la parole au 0826
00:51:50 300 300. On accueille tout de suite
00:51:52 Jeanne de Montpellier. Bonjour Jeanne.
00:51:54 - Bonjour Jeanne. - Oui, bonjour
00:51:56 Monsieur Bercoff, merci. Bonjour aussi
00:51:58 à votre...
00:52:00 - A Frédéric Mortier, oui.
00:52:02 - Je n'ai pas tout à fait
00:52:04 entendu le début de l'émission parce que je n'étais
00:52:06 pas chez moi. Quand je suis rentrée, j'ai allumé tout de suite
00:52:08 le poste et j'ai entendu
00:52:10 le titre "L'honneur d'un
00:52:12 professeur". Alors j'ai voulu réagir
00:52:14 aussitôt parce que là, je suis retraitée
00:52:16 de l'éducation nationale. J'ai maintenant
00:52:18 80 ans. J'ai
00:52:20 45 postes à mon actif
00:52:22 en tant qu'auxiliaire
00:52:24 d'abord, enfin bref, dans toute
00:52:26 l'académie. On m'a fait faire
00:52:28 des choses pour lesquelles je n'étais pas qualifiée
00:52:30 notamment
00:52:32 enseigner les langues anciennes alors que je
00:52:34 ne les avais jamais étudiées.
00:52:36 On m'a dit "vous vous débrouillerez".
00:52:38 - Voilà, c'est clair. - On m'a fait enseigner
00:52:40 le dessin alors que j'étais plutôt dans
00:52:42 les lettres. Bon.
00:52:44 Voilà, alors le respect
00:52:46 pour... le respect et l'honneur
00:52:48 d'un professeur, je ne sais pas qui c'est qui peut
00:52:50 en espérer. Mais le pire
00:52:52 que j'ai connu est combien de
00:52:54 fois je suis sortie de mon établissement
00:52:56 en faisant mon trajet retour pour aller
00:52:58 chez moi parfois à 70 km
00:53:00 en larmes parce que
00:53:02 par exemple je vous cite
00:53:04 un jour
00:53:06 à la récréation
00:53:08 quand les enfants, heure après
00:53:10 heure, changeaient de part
00:53:12 et je leur demandais de laisser la classe
00:53:14 propre et d'avoir du respect
00:53:16 pour le personnel de nettoyage
00:53:18 une gosse avait balancé des papiers
00:53:20 sous sa table et j'ai demandé
00:53:22 de les ramasser. Elle m'a dit
00:53:24 non, c'est pas mon travail
00:53:26 il y a des femmes de ménage. Je lui ai dit
00:53:28 elles sont pas là pour toi, elles sont là pour ce qui
00:53:30 est collectif, général
00:53:32 mais pas pour toi seulement. Alors j'ai
00:53:34 réitéré ma
00:53:36 consigne
00:53:38 elle a pris ses affaires, elle est sortie
00:53:40 c'était la récréation, il y avait 5-6 élèves
00:53:42 là, je lui ai dit c'est pas grave
00:53:44 je vais faire un rapport
00:53:46 ses copines sont allées vite
00:53:48 lui rapporter qu'il y avait un rapport qui allait
00:53:50 sortir
00:53:52 elle est revenue vite fait
00:53:54 elle m'a dit qu'est-ce que vous voulez ?
00:53:56 je lui ai demandé qu'elle ramasse
00:53:58 qu'elle avait jeté. Elle a refusé
00:54:00 alors elle me dit
00:54:02 elle a refusé, mais pire elle m'a dit
00:54:04 va te faire enculer
00:54:06 alors je lui demande le respect, je lui demande
00:54:08 des excuses, elle répète
00:54:10 va te faire enculer
00:54:12 elle était beaucoup plus grande
00:54:14 que moi, elle montait sur sa plante de pied
00:54:16 elle me dominait d'une demi tête
00:54:18 une troisième fois
00:54:20 elle vous l'a répété
00:54:22 une troisième fois, va te faire enculer
00:54:24 pour faire bonne mesure
00:54:26 ça faisait 3 fois
00:54:28 et pour faire bonne mesure
00:54:30 elle me dit salope
00:54:32 il y avait un surveillant devant la porte
00:54:34 qui avait tout vu, tout entendu, qui me dit
00:54:36 si vous faites un rapport, je le contresigne
00:54:38 je suis allée
00:54:40 voir le principal adjoint
00:54:42 et quand je suis rentrée
00:54:44 parce que moi j'ai pris la peine
00:54:46 de nettoyer ma classe avant de partir
00:54:48 - Allez-y Jeanne parce qu'on a beaucoup d'auditeurs
00:54:50 - Alors quand je suis arrivée
00:54:52 auprès du principal
00:54:54 il m'a dit, mais madame quand on parle mal
00:54:56 à ses élèves, c'est pas étonnant qu'ils vous parlent mal
00:54:58 - Ah c'est formidable ça
00:55:00 - Alors j'ai trouvé ça formidable
00:55:02 - Vous demandez
00:55:04 à la personne de nettoyer
00:55:06 de ramasser les papiers qu'elle a laissés
00:55:08 et elle vous dit d'aller se faire
00:55:10 c'est très très intéressant
00:55:12 Jeanne, merci Jeanne
00:55:14 je voudrais faire réagir là dessus
00:55:16 vous voyez Frédéric Mortier
00:55:18 c'est intéressant, ça n'a rien à voir avec votre histoire
00:55:20 mais c'est quand même
00:55:22 c'est à dire qu'aujourd'hui, on est
00:55:24 dans une époque, et je dis ça, où effectivement
00:55:26 et ça doit arriver ça
00:55:28 très souvent, on l'envoie
00:55:30 est-ce que vous avez aussi eu
00:55:32 des insultes de ce genre ?
00:55:34 Non je pense pas
00:55:36 - Non mais enfin
00:55:38 tout ça existe toujours
00:55:40 et très vrai évidemment
00:55:42 mais tout ça, ce discus, ce dialogue
00:55:44 il n'y a pas de
00:55:46 on doit pas en arriver à des extrémités
00:55:48 le souci de mon affaire à moi et de ce livre
00:55:50 c'est l'extrémité dans laquelle je me retrouve en fait
00:55:52 on doit pouvoir en discuter
00:55:54 en amont en fait
00:55:56 - Mais qu'est-ce qui fait que
00:55:58 mais quand même, qu'est-ce qui fait
00:56:00 qu'aujourd'hui, et d'ailleurs
00:56:02 on va pas parler de tous les problèmes de l'école
00:56:04 c'est à dire qu'avant les parents venaient
00:56:06 et si l'élève était, je dis pas que c'était bien ou pas bien
00:56:08 en général ils m'originaient
00:56:10 leurs élèves, ils engueulaient leurs élèves
00:56:12 aujourd'hui c'est
00:56:14 l'élève a raison, espèce de salaud de prof
00:56:16 tu te conduis comme une ordure
00:56:18 il y a ça
00:56:20 - Peut-être que les parents des générations
00:56:22 d'aujourd'hui ont mal vécu finalement
00:56:24 leur école, leur collège, leur lycée, j'en sais rien
00:56:26 - C'est une hypothèse
00:56:28 - En tout cas il est très vrai
00:56:30 il est très très vrai aujourd'hui que les parents
00:56:32 d'élèves sont d'abord derrière
00:56:34 leur enfant avant même d'avoir
00:56:36 entendu ce que pouvaient dire
00:56:38 et l'établissement et le professeur
00:56:40 - Il y a un défaut d'autorité aujourd'hui
00:56:42 qui est très vrai - Maintenant il y a des professeurs qui se comportent
00:56:44 mal sûrement aussi, ça existe
00:56:46 - Ça existe forcément, on a toute profession
00:56:48 - Il n'y a pas de profession d'ange
00:56:50 et de profession de démon, mais c'est vrai que
00:56:52 quand on entend ce que dit Jeanne
00:56:54 et qui est malheureusement
00:56:56 très courant, alors ça c'est vraiment
00:56:58 c'est quand même, ça pose problème
00:57:00 Lucien
00:57:02 - On remercie Jeanne pour son témoignage et on accueille
00:57:04 tout de suite Jean-Marc de Narbonne, bonjour Jean-Marc
00:57:06 - Bonjour Jean-Marc - Bonjour André
00:57:08 Bonjour cher enseignant
00:57:10 si j'osais je dirais que pour un catholique
00:57:12 votre vie est devenue un chemin de croix
00:57:14 - Un petit peu
00:57:16 - Ils ont essayé de vous faire monter
00:57:18 le Golgotha mais heureusement que vous êtes
00:57:20 assez costaud, vous n'êtes pas monté
00:57:22 jusqu'en haut
00:57:24 j'espère que vous avez trouvé
00:57:26 quelques bons apôtres, notamment votre famille
00:57:28 et quelques gens autour de vous qui vous ont aidé
00:57:30 parce que je me doute
00:57:32 que pour vous, vous avez vécu des
00:57:34 grands moments de solitude
00:57:36 - Oui
00:57:38 - Ça paraît fou
00:57:40 ça paraît fou ce que vous dites, il y a peut-être
00:57:42 10 ou 20 ans de ça, on n'aurait même pas imaginé
00:57:44 on n'aurait même pas imaginé que 10%
00:57:46 de ce que vous dites existe, mais ça existe
00:57:48 donc je voulais
00:57:50 vous encourager à
00:57:52 bien sûr à continuer à lutter parce que vous avez fait un livre
00:57:54 donc vous n'êtes pas un homme qui se laisse faire
00:57:56 heureusement il faut être costaud dans ces moments-là
00:57:58 j'ai vécu des moments de solitude dans ma vie
00:58:00 donc il faut être très costaud
00:58:02 surtout quand on n'est pas d'accord avec
00:58:04 les gens de République, donc je voulais
00:58:06 vous féliciter, vous encourager
00:58:08 ne baissez pas les bras
00:58:10 vous n'êtes pas un homme à baisser les bras, heureusement qu'André
00:58:12 est là pour recevoir les gens
00:58:14 qui sont comme vous
00:58:16 merci beaucoup André
00:58:18 et vous M. l'enseignant, continuez
00:58:20 continuez, continuez parce que
00:58:22 vous avez fait un métier qui est très noble
00:58:24 continuez
00:58:26 - Merci Jean-Marc, merci beaucoup
00:58:28 et merci à vous de vos encouragements Jean-Marc
00:58:30 - C'est normal, c'est le moindre des choses
00:58:32 - Merci beaucoup Jean-Marc
00:58:34 et on accueille Jacques de Cibourg
00:58:36 bonjour Jacques
00:58:38 - Bonjour à tous les deux, je vais être bref
00:58:40 en vous écoutant
00:58:42 ce parcours incroyable, et tout le monde
00:58:44 est ému d'entendre ce parcours
00:58:46 quel rapprochement
00:58:48 à faire avec la façon
00:58:50 dont Samuel Paty
00:58:52 ce sujet-là a été traité
00:58:54 c'est à dire que d'un côté malheureusement il a perdu la tête
00:58:56 et du coup tout à fond c'est ému
00:58:58 et s'il avait pas perdu la tête
00:59:00 à mon avis il aurait subi le même sort que vous
00:59:02 voilà
00:59:04 c'est ma question, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:59:06 et est-ce que vous avez vu
00:59:08 ces rapprochements ? Merci
00:59:10 - Oui, et pour dire, sans interpréter du tout
00:59:12 ce que dit Jacques en fait
00:59:14 est-ce qu'aujourd'hui
00:59:16 dans ce genre de, et c'est terrible
00:59:18 ne parlons pas, enfin parlons
00:59:20 l'expérience Samuel Paty est évidemment extrême
00:59:22 et atroce, mais est-ce que
00:59:24 il y a aujourd'hui un espèce de
00:59:26 préjugé défavorable
00:59:28 de présomption de culpabilité
00:59:30 dès qu'il y a une affaire, vous en parlez
00:59:32 présomption de culpabilité ou présomption d'innocence
00:59:34 auprès d'un
00:59:36 par exemple d'un professeur, mais ça pourrait être dans d'autres métiers
00:59:38 quand une affaire se déclenche
00:59:40 automatiquement d'abord
00:59:42 c'est le professeur, je ne dis pas
00:59:44 qui est coupable, mais à qui on
00:59:46 sur lequel règne l'air de soupçon
00:59:48 - Probablement
00:59:50 probablement et ça rejoint
00:59:52 la question précédente
00:59:54 probablement qu'aujourd'hui l'enseignant qui n'a plus
00:59:56 autorité, il faut être très clair,
00:59:58 qui ne fait plus autorité ou que très rarement
01:00:00 et quand il fait
01:00:02 autorité dans sa classe et c'est tant mieux
01:00:04 c'est un minimum, il a bien du mal
01:00:06 à la faire cette autorité
01:00:08 ou à en être purement
01:00:10 responsable derrière
01:00:12 et on sent bien
01:00:14 y compris dans nos établissements catholiques
01:00:16 que lorsque un parent d'élève
01:00:18 des parents d'élève viennent se plaindre
01:00:20 c'est toujours d'abord
01:00:22 leur parole qui est entendue avant même
01:00:24 que l'enseignant ait pu se prononcer
01:00:26 j'ai été directeur de collège
01:00:28 et de lycée pour des élèves
01:00:30 on va dire difficile
01:00:32 la fondation Nautoy, c'est tout près de ce studio
01:00:34 vous la connaissez bien
01:00:36 jamais à mon époque, et on est en 2005
01:00:40 2010
01:00:42 jamais à mon époque il y a cette suspicion
01:00:44 en fait
01:00:46 et quand bien même il y aurait
01:00:48 cette suspicion, on l'aurait
01:00:50 traité d'une manière intelligente
01:00:52 en discutant dans le bureau du directeur
01:00:54 non, aujourd'hui il y a
01:00:56 je pense qu'il y a vraiment ce problème
01:00:58 qui existe, cette autorité de l'enseignant
01:01:00 qui sortie de sa classe, alors même dans sa classe
01:01:02 parfois c'est extrêmement compliqué
01:01:04 mais sortie de sa classe n'existe plus
01:01:06 n'est plus considérée
01:01:08 et surtout n'est plus soutenue par sa hiérarchie
01:01:10 et je l'explique beaucoup dans ce livre
01:01:12 c'est où sont passées nos institutions
01:01:14 l'enseignement catholique, le rectorat
01:01:16 et donc je ne fais pas de lien
01:01:18 bien sûr avec Samuel Paty
01:01:20 dans le livre de présentation
01:01:22 cela existe parce qu'encore une fois
01:01:24 quand Ouest France m'appelle la première fois
01:01:26 on me demande de faire ce lien et c'est vrai que
01:01:28 peut-être je réponds d'une manière un peu
01:01:30 un peu maladroite
01:01:32 en disant
01:01:34 j'espère que non
01:01:36 et du coup c'est repris
01:01:38 mais évidemment
01:01:40 ça, cette situation
01:01:42 ou ce que je dis là en venime un tout petit peu les choses
01:01:44 ce que je regrette profondément aujourd'hui
01:01:46 et sur quoi je ne veux pas faire de lien
01:01:48 - Et vous vous dites que en tout cas
01:01:50 l'autorité s'est perdue
01:01:52 en tant que partie
01:01:54 - En tout cas l'institutionnel a perdu autorité
01:01:56 mais ce n'est pas que chez l'enseignant
01:01:58 c'est aussi chez nos forces de sécurité
01:02:00 chez le politique, moi qui suis maire d'une île de 7000 habitants
01:02:02 je peux vous dire que c'est tous les jours
01:02:04 que je m'aperçois que
01:02:06 je ne fais plus autorité, bien sûr
01:02:08 - Bien c'est ça
01:02:10 Peut-être un dernier...
01:02:12 - Oui, on a le temps de recevoir Hervé Dajan
01:02:14 Bonjour Hervé
01:02:16 - Bonjour, bonjour, bonjour M. Percoff
01:02:18 - Bonjour - Bravo pour votre émission
01:02:20 - Merci - Je vais être rapide
01:02:22 - Allez-y - Moi, je vous invite
01:02:24 toutes et tous à lire ou relire
01:02:26 René Girard
01:02:28 qui arrive à ce professeur
01:02:30 en fait on comprend très bien que c'est la réitération du bouc émissaire
01:02:32 le bouc émissaire
01:02:34 et l'ensemble de notre société
01:02:36 soi-disant juive et euchrétienne
01:02:38 et l'ensemble de l'église n'a toujours pas
01:02:40 compris le message du Christ
01:02:42 voilà la victime innocente
01:02:44 qu'il faut toujours sacrifier
01:02:46 pour que les choses s'apaisent
01:02:48 - Les bons samaritains
01:02:50 - Oui, non merci Hervé
01:02:52 oui, non mais c'est vrai
01:02:54 le mot de la fin
01:02:56 juste au fait Rédécke Mortier
01:02:58 sans jouer effectivement
01:03:00 au bouc émissaire idéal, etc.
01:03:02 mais il y a quand même quelque chose qui est moi qui me frappe
01:03:04 tout au long de cette émission, et évidemment qui me frappe
01:03:06 quand j'ai lu votre livre, c'est qu'on a l'impression
01:03:08 que tout ça s'avance
01:03:10 et qu'il n'y a pas, encore une fois je répète
01:03:12 de contre-pouvoirs. Allez, la machine marche
01:03:14 la machine dévore, la machine écrase
01:03:16 et puis advienne coupura
01:03:18 - C'est tout à fait ça, c'est tout à fait ce que je vis
01:03:20 - Oui
01:03:22 - Et ça c'est très inquiétant, et je le disais à l'instant
01:03:24 pas seulement dans le domaine de l'enseignement et sur ce qui m'arrive
01:03:26 mais c'est dans tout
01:03:28 tous les sujets sont de la sorte
01:03:30 et on ne sait plus très bien ce qui va permettre
01:03:32 de faire un stop-and-go
01:03:34 et de poser, de se reposer
01:03:36 les bonnes questions de ce que l'on souhaite dans cette société
01:03:38 en fait
01:03:40 - Bien sûr, en tout cas, on continuera à se les poser
01:03:42 vous le savez très bien, nous avons question à tout
01:03:44 et on continuera
01:03:46 - Merci beaucoup chers auditeurs d'être toujours aussi
01:03:48 nombreux à nous écouter, merci à Frédéric Mortier
01:03:50 pour son livre "L'honneur d'un enseignant"
01:03:52 édition Arteige, tout de suite l'émission de
01:03:54 Brigitte Leh, à tout de suite sur Sud Radio

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