mūsae et Moodmood continuent leur association pour lancer le 1er mouvement de parole qui dédramatise la santé mentale
Nous avons reçu Victoire Dauxerre, actrice, ancienne mannequin et autrice du livre "Jamais assez maigre". Après s'être livrée dans la partie 1 sur l'impact du mannequinat et du monopole de la maigreur ce qui lui a fait développer des TCA,
dans cette deuxième partie d'interview elle se confie sur ce que cette leçon de vie lui a apporté, comment elle s'en est sortie et elle partage ses conseils de vie pour s'en sortir gérer ses émotions et prendre soin de soi.
Retrouvez-nous sur :
- Notre Instagram @musaetomorrow
- Notre TikTok @musae_tomorrow
- Notre site web : www.musae-tomorrow.com
- Notre newsletter : www.musae-tomorrow.com/newsletter
Video by Agnès Sanso
Production Jade Himbert
Direction et journaliste Christelle Tissot
Direction artistique Siobhan Keane
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ÉducationTranscription
00:00 L'impact émotionnel, physique, psychologique, c'est très lourd.
00:04 C'est pour ça d'ailleurs que j'ai voulu écrire un livre, parce que je me disais si ça peut aider au moins une personne à ne pas vivre ça,
00:10 ce sera toujours ça de gagné, parce que je pense que c'est essentiel de faire de la prévention,
00:14 parce que guérir de ça, c'est évidemment possible et heureusement,
00:18 mais c'est long et compliqué quand même.
00:21 Si on peut ne pas le vivre, c'est mieux.
00:24 Déjà, d'être évidemment dans le cœur du problème, c'est extrêmement douloureux, mais on est dans le déni à la limite,
00:30 et quand on vit vraiment l'anorexie, c'est un peu un sentiment de puissance et d'exaltation,
00:35 et moi je ne me rendais pas du tout compte, j'étais dans le déni total.
00:38 Et ce qui est terrible, c'est qu'en plus c'est valorisé, et d'autant plus à Paris, principalement je trouve.
00:43 Les nanas très maigres et tout, c'est cool un peu, donc on n'est pas trop triste pour nous.
00:47 La boulimie, c'est autre chose, ça c'est beaucoup plus dur, il y a vraiment une honte autour de ça.
00:51 En plus quand on est une femme, c'est vraiment "Oh, elle mange comme un homme", il y a un peu un dégoût,
00:56 donc très dur à vivre la boulimie, d'ailleurs on se cache, et voilà.
00:59 Et ensuite, sortir des troubles du comportement alimentaire, c'est quand même... ça prend du temps,
01:04 donc il faut être ok avec ça, et il faut être bienveillante avec soi-même,
01:09 de se dire que ça va être des cycles et des périodes, parce que c'est une réponse émotionnelle en fait,
01:13 et moi ça c'est quelque chose que j'avais pas compris,
01:15 parce qu'en France je trouve qu'on est encore trop sur le sujet de l'alimentation.
01:19 Mais ça n'a rien à voir avec l'alimentation.
01:21 D'ailleurs on est même les premières et les spécialistes, j'ai envie de dire, des calories et des trucs, on sait.
01:26 Mais c'est un problème de communication, et c'est une maladie addictive,
01:29 et donc c'est manger ses émotions, et ne pas savoir communiquer ce trop plein ou ce vide.
01:35 Et moi la boulimie c'était vraiment... je ressens tellement un truc trop fort,
01:40 j'ai l'impression que ça va déborder et je vais pas savoir le gérer,
01:43 donc je mange, je mange pour étouffer, ou justement je me coupe de toutes mes émotions,
01:46 donc anorexie pour être dans le contrôle total, et je suis protégée, je ne ressens plus rien.
01:51 Donc le cœur du truc c'est les émotions, et c'est accepter de ressentir plein de choses,
01:56 et c'est pour ça d'ailleurs que moi être comédienne ça m'aide énormément,
02:00 parce que je me sens protégée d'avoir ce trop,
02:03 parce que j'ai la scène, ou le cadre de la caméra, donc j'ai des limites, donc ça ne m'angoisse pas.
02:09 Mais donc les conséquences oui sont longues, dans le sens où il faut être évidemment suivi par des médecins,
02:14 psychologues, psychiatres, mais ça peut être aussi de l'hypnose, de la sophrologie,
02:19 moi le pilates par exemple aussi même ça m'aide, le yoga,
02:22 il faut faire un truc qui soit aussi en lien avec le corps,
02:24 et être la méditation, enfin se reconnecter vraiment à ces émotions,
02:28 et pour moi c'est être un truc, ne pas être que dans la tête.
02:31 Et ensuite ce que m'avait dit le premier psychiatre qui m'a suivi, c'est voir ça comme des cercles,
02:36 et donc c'est à dire qu'au début on n'est que dans une spirale comme ça,
02:39 et au fur et à mesure plus on se connaît, ce sont des cercles qui s'espacent et qui diminuent,
02:44 mais comme c'est une réponse émotionnelle, moi par exemple mes trois années de fac ça allait très bien,
02:50 ensuite j'ai eu un chagrin d'amour, bah hop, je suis retombée là-dedans.
02:53 Donc j'ai eu des pics comme ça.
02:55 Sauf qu'ensuite on apprend aussi à se connaître, et donc à se créer une routine,
02:59 j'ai envie de dire de bien-être, et de savoir ce qui nous correspond,
03:02 et apprendre à répondre à ses besoins et à ses envies par soi-même,
03:05 pour pas combler le vide par d'autres personnes, par des choses, par des addictions,
03:10 pour trouver un sens peut-être à quelque chose.
03:13 Moi j'ai repris des études de psycho parce que ce qui m'intéresse moi c'est les adolescents au sens large,
03:18 et moi j'avais participé à la loi de 2015 contre l'extrême maigreur des mannequins,
03:23 mais surtout sur l'impact sociétal sur les jeunes filles, et voilà.
03:28 Et pour pas être restreinte aux mannequins, même si c'est malheureusement dramatique pour toutes ces jeunes filles,
03:34 mais moi ce que je trouve encore plus dramatique c'est l'impact sociétal,
03:38 et là quand on voit justement pendant le Covid tout ce que ça a fait sur les jeunes filles,
03:42 et maintenant les petites filles, quand j'ai fait un stage à l'hôpital Robert-Debré,
03:46 le professeur de l'homme me disait que maintenant on parle d'anorexie pré-adolescente,
03:52 et que c'est des petites filles de 7-8 ans qui sont touchées par ça.
03:55 Ce sont des moments qui passent, et il faut toujours en parler, et demander de l'aide,
04:00 et ça peut faire peur, donc effectivement ça peut être au départ demander de l'aide à une amie,
04:05 demander de l'aide à un parent, à un enseignant, à un psy,
04:08 mais il y a aussi plein de plateformes qui existent pour ça.
04:11 On a créé justement avec une amie un site qui s'appelle "Hélo Psycho",
04:15 il y a "Musae", il y a "Nightline", il y a des ressources qui existent sur internet,
04:20 et c'est vrai que ça peut faire peur de se dire "mais en fait personne ne le vit",
04:24 mais il y a, encore une fois malheureusement, mais énormément de personnes qui passent par ça,
04:28 et ce sont des périodes de vie qui s'arrêtent, et je sais, pour l'avoir vécu,
04:33 à quel point quand on est dans cette souffrance telle, on se dit "c'est la fin du monde, il n'y a pas d'issue de secours",
04:38 et pourtant aujourd'hui je suis extrêmement heureuse.
04:40 Donc on peut s'en sortir, mais pour ça il faut en parler, et extérioriser ce problème.
04:46 Nightline, c'est une association qui me parle beaucoup, parce qu'elle a été créée par et pour des étudiants,
04:51 et moi c'est une période de vie que je trouve difficile,
04:55 donc c'était la cible qui me parlait le plus,
04:59 et pour la disponibilité, parce qu'on peut les appeler à n'importe quel moment de la nuit,
05:04 parler, il n'y a pas de restriction de temps,
05:07 donc si on veut parler 3 minutes ou 1h30 ils sont là,
05:10 ils ont été formés à l'écoute par des psychologues,
05:12 parce que ça c'est un danger aussi que je trouve, avec la libération de la parole qui est géniale,
05:17 mais d'être sur les réseaux sociaux et d'avoir les conseils d'une instagrammeuse c'est cool,
05:21 mais ça peut être un danger aussi.
05:23 Donc là ce sont des étudiants, il n'y a pas de jugement, c'est dans la bienveillance,
05:27 et il y a quand même cette formation par des psychologues derrière,
05:30 et ils ont aussi des super outils, là aussi créés par des psychologues,
05:34 donc là le kit de vie qui vient de sortir,
05:36 c'est de la thérapie cognitive et comportementale,
05:39 donc moi je trouve ça génial, parce que c'est quelque chose qui m'a aussi énormément aidée,
05:42 pour switcher justement ces modes de pensée,
05:44 parce que là aussi c'est comme un filtre instagram,
05:47 on peut parfois voir tout en noir, dramatiser tout,
05:50 mais c'est des exercices qu'on peut faire pour entraîner son cerveau,
05:53 et se dire "ah ok, je pense que telle personne ne m'aime pas,
05:56 ou que j'ai raté cet exam, donc je suis nulle",
05:59 mais on peut à chaque fois se dire "ah bah non, en fait, quel serait l'autre mode de pensée ?
06:03 Moi c'est un truc que je fais faire tout le temps à mes amis,
06:06 quand je les entends dire "ah je suis nulle",
06:09 je dis "alors, pensée positive maintenant sur toi-même".
06:12 Si à chaque fois qu'on dit un truc comme ça, on se dit un truc positif,
06:15 ça devient un entraînement ensuite, pour se voir,
06:18 hop, sous un meilleur jour.
06:20 Et en fait, plus on le fait, plus ça devient un truc naturel,
06:24 et ça permet de voir la vie de manière meilleure.
06:27 Et de toute façon c'est la plasticité neuronale,
06:30 et ça c'est extraordinaire de se dire ça,
06:32 c'est de se dire aussi, moi quand j'ai vécu ce truc dur,
06:35 je me suis dit ensuite "ah c'est terrible,
06:38 je suis quelqu'un d'hyper anxieux, de totalement dépressif, machin et tout".
06:42 Bah en fait on peut tous changer, et heureusement,
06:45 et c'est pas parce qu'on a vécu un truc difficile dans sa vie,
06:48 qu'on est condamné, même si malheureusement,
06:50 c'est vrai qu'en général les trucs s'enchaînent.
06:52 Donc quand on a vécu un truc dur, ensuite on va rencontrer des personnes
06:55 qui vont renforcer ce truc, etc.
06:57 Mais ce qui est génial, c'est qu'on peut aussi décider soi-même,
06:59 d'aller vers des personnes qui nous aident,
07:01 de lire aussi des trucs qui sont positifs,
07:04 et donc d'enclencher un truc, de rencontrer des gens qui font du bien.
07:07 Et ça peut être des trucs tout simples, sans dépenser un euro.
07:10 Le matin justement, de faire, je sais pas, un exercice de yoga,
07:13 de se répéter un mantra positif, le soir aussi,
07:16 d'écouter des podcasts,
07:18 et en fait de se mettre que des trucs positifs.
07:20 Un truc tout simple, c'est la musique par exemple,
07:22 quand on est dans un mood triste,
07:24 et on va écouter un truc triste.
07:26 Non, écouter un truc positif.
07:28 Après c'est pas nier son émotion.
07:30 On est triste, on pleure.
07:31 Moi je pleure beaucoup, mais je ris beaucoup aussi.
07:33 C'est des petits trucs, des petits entraînements,
07:35 comme un sportif en fait.
07:36 Et après c'est vrai que selon sa personnalité,
07:38 il faut se connaître, et se dire "bah moi, j'ai besoin de ci ou de ça".
07:42 Moi par exemple, c'est vrai que j'ai besoin d'un rythme.
07:44 Je sais que par exemple, j'ai besoin de 8h de sommeil.
07:46 Sinon très vite, je peux être un peu à fleur de peau, si je dors pas assez.
07:49 Je fais mon pilates, tous les jours.
07:51 Si je le fais pas deux fois dans la semaine, ça va.
07:53 Mais si je le manque plus, ça me manque pour mon bien-être.
07:57 Parce que c'est aussi mon moment pour moi.
07:59 Je le fais le matin, et du coup je suis de bonne humeur dans la journée.
08:03 Je mange plutôt sainement.
08:05 J'essaie de manger pas trop de sucre,
08:07 parce que ça, j'ai fait plein de recherches sur le microbiote,
08:10 le lien, effectivement, entre alimentation, santé mentale, etc.
08:15 Et de manger moins de sucre, je suis moins anxieuse.
08:17 Et je me fais des petits mantras le matin.
08:19 De trucs positifs, de gratitude, kindness, tout ça.
08:24 De remercier des trucs de vie.
08:25 Parce que c'est aussi des moments pour soi.
08:27 Je n'ai besoin de personne pour faire ça,
08:29 donc je n'attends pas que quelqu'un m'apporte mon bonheur.
08:32 Et ensuite, je m'offre des livres,
08:34 je vais voir des expos qui me plaisent parfois avec des personnes.
08:37 Mais je vais au théâtre toute seule,
08:38 s'il y a des restos que je veux tester,
08:41 parfois j'y vais avec mon frère, mon mec, ou ma chambre,
08:44 parfois j'y vais toute seule, parce que j'ai envie d'y aller.
08:46 Donc je fais des choses qui m'apportent du plaisir.
08:50 Pilates, mantras, tout ça, c'est mes besoins, je dirais.
08:53 Et j'ai des trucs aussi de plaisir que je m'apporte.