• il y a 10 mois
Le témoignage de Victoire Dauxerre, actrice et ex-mannequin, elle publie en 2016 Jamais assez maigre, un livre autobiographique dans lequel elle témoigne du milieu du mannequinat et de son combat contre l’anorexie mentale.

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Transcription
00:00 de l'esclavagisme moderne en France.
00:02 Je suis arrivée dans cette grande agence
00:05 et là, ils prennent vos mensurations.
00:07 Donc les mensurations, c'est le tour de poitrine,
00:10 de taille, de hanche.
00:11 Et j'étais trop grosse.
00:12 Il fallait que je perde 3 cm de tour de hanche
00:15 pour rentrer dans les vêtements de la Fashion Week.
00:18 Et donc, il fallait faire à l'époque une taille de 32
00:20 pour 1m78.
00:21 Donc ce qui est extrêmement maigre
00:23 et ce qu'il ne faut surtout pas faire.
00:25 Et donc, j'ai commencé un régime
00:27 parce que je voulais à ce moment-là
00:30 réussir dans ce métier et correspondre à ses critères.
00:32 Et j'ai fait là aussi quelque chose qu'il ne faut pas faire.
00:35 C'est-à-dire que j'ai mangé 3 pommes par jour
00:39 en me disant à ce moment-là
00:40 que j'allais le faire pendant, je ne sais pas, un mois.
00:43 Parce que moi, je me disais 3 cm,
00:45 ça doit correspondre à 3 kilos.
00:46 Enfin, je n'avais aucune notion
00:48 de ce qui allait dérouler de tout ça.
00:51 Mais en fait, 3 cm de tour de hanche,
00:54 c'était 15 kilos.
00:55 Et ce qui a commencé par un simple régime,
00:58 en me disant "mais j'ai le contrôle de tout
01:00 et ensuite, je vais reprendre le contrôle sur mon corps,
01:03 sur ma vie et tout va très bien se passer",
01:04 pas du tout.
01:05 J'ai déclenché le processus de l'anorexie,
01:07 ce qui est une maladie mentale.
01:09 Et j'ai ensuite entendu une petite voix dans ma tête
01:12 que j'appelle "la salope dans mon livre"
01:14 parce que c'est comme si j'étais totalement dissociée.
01:17 C'est-à-dire qu'à partir de ce moment-là,
01:19 mes agents me disaient "mais il faut que t'entre dans les fringues,
01:21 t'es trop grosse pour entrer dans les fringues".
01:23 C'était en continu dans ma tête.
01:25 Donc d'un côté, on est hyper valorisé par la société
01:28 parce qu'on fait partie "des plus belles filles"
01:31 aux yeux de qui, de quoi, je ne sais pas,
01:33 mais d'un certain idéal de beauté.
01:35 Mais l'envers du décor, c'est que je n'avais plus mes règles,
01:39 que je souffrais de cette maladie mentale,
01:42 je perdais mes cheveux,
01:43 que j'avais des crises d'angoisse H24
01:46 et que j'étais en fait tout le temps dévalorisée.
01:50 Parce qu'on vous dit sans arrêt "quels sont vos défauts ?"
01:54 On vous compare à toutes les autres filles
01:56 et il y a toujours une nana qui va avoir
01:58 des plus beaux cheveux, des jambes plus longues.
02:00 Pour un créateur, il faut avoir plus de ci,
02:02 pour un créateur, il faut avoir moins de ça.
02:04 Et ça ne va jamais en fait.
02:05 Et donc en plus, avec le "monde réel",
02:08 ça fait là aussi un décalage
02:09 parce que les gens vont vous dire "mais de quoi tu te plains ?
02:12 Parce que tu vas dans les plus beaux hôtels,
02:15 tu gagnes de l'argent pour faire ci,
02:17 donc tu vas me dire que toi, tu ne te trouves pas belle
02:19 ou pas assez mince, alors que regarde comment t'es.
02:22 Vous êtes totalement toute seule
02:24 et en plus dans cette maladie.
02:26 Et c'est pour ça ensuite que j'ai voulu écrire mon livre.
02:29 C'est parce qu'il n'y a pas que les mannequins qui souffrent de ça.
02:32 Et même si ça, j'en veux énormément à la mode
02:33 parce que franchement, c'est de l'esclavagisme moderne en France,
02:37 en plus de faire souffrir volontairement des jeunes filles de ça.
02:40 Mais au-delà de la mode, c'est toutes les jeunes filles
02:43 qui s'identifient à ça, qui sont bombardées d'images
02:45 soi-disant d'un idéal de beauté.
02:48 Et on vous dit "si vous voulez être belle
02:50 et considérée dans la société actuelle,
02:52 il faut ressembler à ça".
02:53 et maintenant c'est pire avec les réseaux sociaux.

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