Fabrice Gerber, fondateur de la nouvelle enseigne de supermarchés "Toujust!", répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils reviennent sur l'ouverture de leur premier magasin à Alès et sur le modèle économique de la société.
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00:00 C'était cette nuit la fin des négociations entre industriels et distributeurs.
00:03 Les produits alimentaires pourraient prendre encore jusqu'à +10% dans les rayons dans les mois qui viennent.
00:08 Au même moment, le paysage de la grande distribution en France s'enrichit avec l'arrivée d'un petit nouveau, les supermarchés.
00:14 Tout juste, petit nouveau mais grandes ambitions, c'est d'abord la promesse de prix tassé en pleine période d'inflation.
00:20 Bonjour Fabrice Gerber.
00:21 - Bonjour.
00:23 - Vous êtes le fondateur de cette nouvelle enseigne de supermarchés.
00:26 Tout juste, vous allez me répondre évidemment, comment on écrit tout juste ? En un seul mot ?
00:31 - En un seul mot, T-O-U-J-U-S-T.
00:33 - T-O-U-J-U-S-T.
00:34 Alors votre premier magasin, Fabrice Gerber, aux couleurs jaune et bleu, a ouvert ses portières à Alès dans le Gard.
00:42 Vous vous positionnez avec cette enseigne sur le hard discount.
00:45 - On se positionne plutôt sur un marché aujourd'hui de crise et pas un marché hard discount.
00:52 On est avant tout, et on se revendique, étant un supermarché et non pas hard discount.
00:56 Nous aujourd'hui, on est le supermarché qui se doit d'être vraiment combatif sur la gestion de la crise et des prix.
01:04 - Alors, premier essai grandeur réelle hier.
01:06 Le succès était au rendez-vous pour cette première journée dans ce premier magasin, tout juste ?
01:10 - Le succès était plus qu'au rendez-vous puisque nous avons été débordés en termes de monde.
01:16 Et je tenais encore une fois vraiment, vraiment à remercier mes clients d'avoir été aussi patients
01:20 puisque on a à peu près triplé les attentes que nous avions hier.
01:25 - A quoi ressemble un magasin, tout juste, Fabrice Gerber ?
01:28 Quelles sont les références que l'on va retrouver dans vos rayons ?
01:30 Est-ce qu'on est dépaysé ? Est-ce que c'est finalement comme dans les autres supermarchés ?
01:34 - Aujourd'hui, vous avez toutes les unités de besoin qu'un client peut rechercher
01:39 avec des produits que l'on appelle des produits de marque blanche.
01:42 Donc, c'est des produits pas très connus par le grand public, mais de la marque nationale, bien évidemment aussi.
01:48 - Une promesse qui ne passe pas inaperçue en pleine inflation, c'est ce que je disais Fabrice Gerber.
01:53 Vous annoncez des prix moins chers, de 5% au minimum, par rapport à des hard discounters, y compris.
02:00 Comment vous faites ?
02:02 - Aujourd'hui, c'est encore une fois, pour deux raisons.
02:06 La première, la suppression de tous les intermédiaires.
02:09 On n'a pas de grosse centrale, nous, aujourd'hui, multinationale.
02:12 Nous sommes aujourd'hui en direct avec le producteur ou avec l'industriel.
02:16 Donc, c'est vraiment la première raison.
02:19 Et chez nous, la coopération commerciale et tous ces documents que nous mettons autour n'existent pas.
02:26 Chez nous, on a un prix et c'est que le prix qui nous intéresse.
02:29 - Alors, pas d'intermédiaire.
02:31 Vous vous engagez tout de même à verser un quart de vos bénéfices à vos fournisseurs.
02:35 Là encore, l'équation paraît compliquée.
02:38 - Non, ce n'est pas compliqué.
02:40 Bien au contraire, ça ne peut que motiver les fournisseurs à nous rejoindre,
02:43 étant donné que chez nous, on est sur un modèle qui est très simple.
02:46 Et pour une première, on va partager effectivement nos ressources et nos bénéfices avec nos fournisseurs.
02:52 Donc, ils auront une vraie motivation pour travailler le prix et avoir un produit de qualité.
02:56 - Donc, près de 80% des produits que vous vendez dans vos rayons proviennent de fournisseurs qui sont également actionnaires.
03:03 Fabrice Gerber, comment ils vous ont rejoint ?
03:06 Ça a été une longue période de prospection pour rassembler ces marques autour de vous, ces fournisseurs, en tout cas.
03:12 - Ces deux ans de Tour de France, j'ai fait à peu près six fois le Tour de la France.
03:16 Je suis allé donc à la rencontre de ces producteurs, de ces éleveurs, de ces entreprises qui, bien souvent, sont oubliées et sont dans l'ombre,
03:25 alors que nous avons des chefs d'entreprise, des collaborateurs qui s'aident tous les matins pour faire tourner leurs outils de production.
03:32 Et il a fallu donc les persuader, c'était la première chose, du modèle, les faire adhérer au pacte d'associés, le deuxième.
03:39 Et la troisième, c'est surtout essayer de leur faire passer cette peur qu'ils ont de perdre les marchés avec la grande distribution,
03:45 puisque nombreux d'entre eux ont subi d'énormes pressions.
03:49 Pas plus tard qu'hier encore, des fournisseurs m'appelaient en me disant "on ne pourra pas vous rejoindre, puisqu'on nous menace de nous déréférencer d'autres centrales".
03:58 - Alors, les grandes enseignes de distribution, justement, qui pèsent déjà de tout leur poids pour tirer les prix vers le bas,
04:03 et on entend les producteurs leur reprocher assez souvent, comment vous faites devant la force de frappe des géants de la distribution,
04:10 justement, pour proposer quelque chose de moins cher, de plus compétitif encore ?
04:14 - En fait, c'est le partenariat du fournisseur coopérant qui nous permet à nous de le faire,
04:20 parce que pour une première fois, nous, on ne demande rien d'autre qu'un prix.
04:24 C'est-à-dire que le contrat de coopération et les négociations qui ont eu lieu pendant ces deux derniers mois, chez nous, ça n'existe pas.
04:29 Chez nous, on a un engagement qui est pris pendant 20 ans avec le fournisseur,
04:33 qui lui permet à lui de faire des investissements, des économies d'échelle dans sa production,
04:38 et qui ne vit pas avec l'épée d'Amoclès au-dessus de la tête, qui tous les premiers janvier, sa première question c'est "est-ce que je vais pouvoir garder mes produits dans cette enseigne ?"
04:47 - Vous n'êtes pas dépendant, vous, de ces négociations qui viennent de s'achever, Fabrice Girbert ?
04:51 - Aucunement.
04:54 - Vous avez un premier magasin à Alès, combien d'autres magasins, tout juste, en préparation ?
05:00 - Nous avons aujourd'hui en préparation 40 magasins pour l'année 2023,
05:05 - Donc en France ? - Avec un objectif en France.
05:08 - Et partout en France ?
05:10 - Et partout en France.
05:11 - Les prochaines ouvertures, par exemple, si vous pouvez nous donner quelques indications ?
05:14 - La prochaine ouverture qui est prévue fin du mois sera au CERF,
05:18 - Au CERF ? - Et après nous allons remonter vers le Nord, nous avons Lens, Cambrai, nous avons l'Inde également, Motoban qui se profile,
05:29 - Donc il y a un vrai travail du service immobilier qui est fait aujourd'hui, pour identifier les sites et puis pour faire un déploiement très rapide.
05:35 - Sur les prix bas, vous n'êtes pas tout seul, il y a de nouveaux entrants, enfin en tout cas récents, je pense au néerlandais Action, l'espagnol PrimaPri, vous comptez faire la différence de quelle façon ?
05:46 - Aujourd'hui Action est un ultra spécialiste du non alimentaire essentiellement,
05:50 - Nous aujourd'hui on est un supermarché qui proposons l'ensemble des unités de besoin autant sur le non alimentaire que sur l'alimentaire, que sur le point chaud,
05:57 - Nous avons un menu à 3€ que nous servons à nos clients,
06:01 - On sait se différencier et nous mettons en avant des produits de qualité comme la viande, le fromage, des produits hyper locaux également,
06:08 - Et donc on a cette proximité avec les fournisseurs que Action ne sait pas faire et ne peut pas faire par rapport à sa grandeur.
06:14 - Merci Fabrice Gerber, fondateur de la nouvelle enseigne de supermarché, ça s'appelle "Tout juste", c'est en un seul mot,
06:20 - Le premier magasin a donc ouvert ses portes hier à l'Est dans le Gard et vous nous annoncez une quarantaine d'ouvertures de ces magasins tout juste d'ici à la fin de l'année en France !
06:28 - Merci à vous Fabrice Gerber !