Pendant deux ans, ce village s'est battu pour trouver un remplaçant à son médecin traitant parti en retraite. Puis un jour, Martial est arrivé avec une idée face aux déserts médicaux : la mise en place d'une rotation de médecins volontaires. Pendant ce temps-là, à Ajain dans la Creuse…
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00:00 L'idée c'est de créer un centre médical qui fonctionne sur le mode du temps partagé.
00:03 C'est un médecin différent chaque semaine.
00:06 C'est des médecins sur tout le territoire national
00:08 et se disent "collectivement on va pouvoir apporter une présence médicale
00:11 dans un territoire qui n'en a plus".
00:14 Bonjour monsieur, je suis votre amante et je suis médecin de cette semaine.
00:18 C'est votre première consultation ici.
00:22 Ici oui.
00:24 Vous faisiez quoi dans la vie ?
00:25 Assez toute heure.
00:26 Si on va à l'hôpital, on n'a jamais le même médecin non plus.
00:31 De toute façon le dossier suit, alors c'est pas gênant.
00:36 Tout est bien tenu pour qu'on sache et qu'on ne reprenne pas tout avec vous.
00:39 Comme si vous aviez un vrai suivi avec un généraliste.
00:42 C'est pas le même mais au moins on sait d'où on part,
00:44 on sait ce qu'on a fait, on tient très bien les dossiers.
00:46 En fait le projet Médecins Solidaires c'est de dire
00:49 il y a plein de médecins à travers tout le territoire
00:51 qui vont pouvoir aménager une semaine dans leur agenda médical
00:55 pour venir participer au projet.
00:57 Et donc là c'est des médecins qui sont issus de toute la France.
01:02 Le docteur Perrault qui vient d'Angers,
01:03 le docteur Leclerc qui vient de Nantes,
01:05 il y a des médecins de Paris.
01:07 Et ici on est à Agen en Creuse, donc on est ici.
01:15 Notre médecin traitant est parti à la retraite le 31 décembre 2020
01:19 et depuis cette date et même un peu avant,
01:21 on avait essayé de faire des actions auprès des médias locaux bien sûr,
01:25 des médias régionaux, des médias même nationaux.
01:27 Rien n'y a fait, on n'a pas trouvé de médecin.
01:29 On a même fait une vidéo, une vidéo avec une petite fille qui s'exprimait
01:33 et qui parlait de la Creuse, de l'attractivité de la Creuse,
01:36 de l'attractivité de la commune.
01:38 Le seul problème c'est qu'une autre docteur qui est là depuis 41,
01:42 il part à la retraite à la fin de l'année.
01:44 Il a même soigné ma maman quand elle était petite.
01:47 On a eu quasiment deux années sans médecin.
01:49 Donc les gens de la commune ont essayé de chercher un médecin
01:52 et ils ont trouvé parfois, mais assez loin, à 20, 30 kilomètres, voire plus.
01:58 On est heureux d'avoir fait cette expérimentation,
02:00 même si on a écouté des petites choses,
02:03 dire "ça va être un médecin, pas le même médecin".
02:05 Cette petite retenue de la part des gens,
02:07 mais non, en définitif, les gens adhèrent
02:10 parce qu'ils n'ont pas d'autre solution, tout simplement.
02:13 - Vous habitez à Agen ? - Oui.
02:15 - Qu'est-ce que vous pensez de ce concept qui a émergé de le médecin ?
02:17 - Je trouve que c'est une bonne idée.
02:20 C'est une bonne idée, quoi.
02:21 Il n'y avait plus de médecin, donc ça doit faire du bien pour tout le monde.
02:25 Il y a beaucoup d'appels, beaucoup de personnes qui viennent.
02:28 Ça peut être très fluctuant, des fois il peut y avoir 50 appels en une heure.
02:32 J'essaie au maximum de répondre comme je veux.
02:35 Il y a beaucoup de patients qui sont dans le besoin, qui recherchent des médecins.
02:39 Et il y en a qui sont soulagés, mais qui me remercient 10 000 fois
02:43 de pouvoir leur proposer un rendez-vous dans la journée
02:46 ou le lendemain ou le lendemain.
02:47 Je venais de finir mes études, mon internat,
02:49 et je cherchais des offres de remplacement sur les sites,
02:53 notamment sur les réseaux sociaux.
02:55 Et j'ai vu l'annonce de Martial qui expliquait un peu le projet.
02:58 Et j'ai trouvé que c'était une super idée.
02:59 Voir si ça peut fonctionner, je trouve que c'est intéressant.
03:02 Et donc j'avais envie de faire partie de l'aventure.
03:04 - Là, sur l'année, le planning, il est complet ?
03:06 - Là, jusqu'au mois d'octobre, il est complet.
03:09 On commence à avoir un problème qu'on rêvait d'avoir.
03:12 C'est-à-dire qu'on commence à avoir plus de médecins que de sénateurs.
03:14 Donc il faut qu'on ouvre d'autres centres, il faut avoir d'autres plannings.
03:17 On est donc à 4 mois d'ouverture.
03:19 Et pour l'instant, on a une quinzaine de médecins qui y sont passés.
03:24 Et on a 40 médecins inscrits sur notre planning.
03:26 C'est l'association qui récupère les recettes de la consultation.
03:30 C'est donc l'association qui salarie la coordinatrice,
03:32 qui paye le logement, parce que les médecins sont logés,
03:34 qui paye le véhicule qui est mis à disposition des médecins,
03:36 qui paye les frais de transport pour faire venir les médecins
03:38 et qui paye le salaire des médecins.
03:39 Mais pour que le modèle économique fonctionne,
03:42 les médecins acceptent d'être moins bien rémunérés qu'ils ne le seraient.
03:45 Et ils l'acceptent parce qu'ils viennent juste une semaine.
03:48 Aujourd'hui, dans notre société, il y a des villages entiers
03:51 qui n'ont plus d'accès aux soins.
03:53 C'est un problème qui est tellement dense, tellement complexe
03:56 qu'il y a plein de solutions.
03:58 Donc c'est une contribution qui est nécessaire aussi dans ce qu'elle dit
04:01 de philosophique sur la santé, sur la médecine générale.
04:05 Si 10% des médecins adhèrent à ce projet-là,
04:09 10% des médecins généralistes,
04:11 on peut ouvrir plus de 150 centres sur ce territoire
04:14 et avoir une contribution vraiment très significative sur l'accès aux soins.
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