• l’année dernière
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : http://www.dailymotion.com/Europe1fr
Dans son émission média, Philippe Vandel et sa bande reçoivent chaque jour un invité. Aujourd'hui, Romain Icard, réalisateur, pour le reportage "Corée du Nord, la dynastie nucléaire" sur France 5.

Retrouvez "L'invité média" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-du-grand-direct
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video


Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00 La suite de Culture Média, Philippe Vandel avec votre invité.
00:03 Bonjour Romain Icard.
00:04 Bonjour.
00:05 Vous êtes journaliste, réalisateur, spécialiste du documentaire historique et votre actus
00:08 est un doc autour du pays le plus difficile à filmer au monde, Corée du Nord, la dynastie
00:13 nucléaire, c'est le titre.
00:14 Ça sera sur France 5 dimanche à 21h dans le cadre des soirées Le Monde en Face.
00:18 Avec ce premier paradoxe, vous n'avez pas pu tourner en Corée du Nord.
00:21 Combien même vous auriez pu, comme dit votre commentaire, obtenir une parole libre en Corée
00:25 du Nord est impossible.
00:26 Il y a un tel contrôle que personne ne se risquerait à exprimer ses opinions.
00:31 Comment du coup avez-vous travaillé ?
00:33 L'idée c'était de trouver la Corée du Nord mais en dehors de ses frontières, donc
00:36 d'aller à la rencontre de ceux qui avaient réussi à fuir le pays.
00:39 Non sans mal d'ailleurs, ils sont nombreux et il fallait les convaincre après de parler.
00:43 C'était ça la gageure du film.
00:45 Même les convaincre est difficile parce que le premier témoin qui parle, vous êtes en
00:48 Corée du Sud, il vous parle mais de dos.
00:50 Il me parle de dos parce qu'en fait, pour être un peu schématique, le petit peuple
00:54 a toujours peur, l'emprise psychologique de la Corée du Nord sur leurs esprits est encore
00:58 présente et puis ils ont peur physiquement parce qu'en Corée du Sud, on prend des risques
01:02 quand on parle de Kim.
01:03 Vous donnez ce chiffre, il y a 30 000 réfugiés en Corée du Nord, à Séoul et dans ses alentours
01:08 et le reste de la famille, ils ont peur qu'il y ait des contraintes, pour ne pas dire plus,
01:12 qui soient faites sur leur famille.
01:14 Qu'est-ce que le Juche ? Je connaissais le Duche, je ne connaissais pas le Juche, j'ai
01:19 appris ça grâce à vous.
01:20 Le Juche, c'est une philosophie instaurée par le grand-père de Kim Jong-un qui vise
01:24 à entrer dans les esprits de son peuple pour les convaincre que la seule chose qui peut
01:28 les sauver, ce sont les Kim et ça marche.
01:30 Les Kim, il faut dire que le nom de famille est en tête.
01:35 Kim Jong-un, c'est les Kim, c'est la famille Kim.
01:37 On met d'abord le nom et ensuite le prénom.
01:40 Vous seriez les Vendel, nous serions les Icard.
01:42 Les Icard, voilà.
01:43 En 94, famine sans précédent en Corée du Nord qui aurait fait un million de morts,
01:48 les chiffres sont secrets, et vous liez cet événement à la volonté du régime de se
01:53 doter de l'arme nucléaire.
01:54 Quel rapport entre les deux ?
01:55 Le rapport, c'est que le pays étant tellement fermé, ses ressources financières et économiques
01:59 sont assez faibles et il fallait les dépenser dans une chose et habituellement on le fait
02:05 dans l'alimentaire.
02:06 Le père de Kim Jong-un avait décidé de lancer son programme nucléaire, ça lui coûtait
02:10 une fortune et l'argent était destiné à ça et pas à nourrir son peuple.
02:14 Lors de la famine, les diplomates nord-coréens, évidemment qui ont conscience du drame que
02:18 vit, qui ont également l'ordre d'aller demander de l'aide aux pays occidentaux,
02:24 et on leur répondait qu'il y avait de l'argent en Corée du Nord, mais que cet argent était
02:27 utilisé pour fabriquer des armes et non pas pour nourrir le peuple.
02:30 Et c'est alors que le dictateur Kim Jong-il, son prénom Kim, son nom de famille, Kim Jong-il
02:35 prend une grande décision.
02:36 À partir de ce moment-là, Kim Jong-il a considéré que la propagande ne suffisait
02:43 plus et qu'il fallait avoir recours aux armes.
02:47 Selon ses instructions, il fallait faire usage des armes et les gens ont appliqué ses ordres
02:53 à la lettre.
02:54 Même ceux qui avaient volé un ou deux grains de maïs étaient fusillés.
02:57 Les personnes qui mourront de faim avaient volé une vache, étaient fusillées.
03:01 On posait une affiche annonçant une exécution capitale à tel lieu, tel jour, telle heure.
03:06 Je regardais le documentaire hier, j'ai remis en arrière "fusillé pour un ou deux grains
03:11 de maïs volés".
03:12 Oui, c'est la Corée du Nord, le moindre pas de côté, ce pays cache.
03:19 Qui vous parle là à l'instant ?
03:20 C'est un ancien général de l'armée de Kim Jong-un, donc c'est quelqu'un de très haut
03:23 placé et qui sait exactement comment les arcanes du pouvoir fonctionnent.
03:27 Alors en 2012, changement à la tête du pouvoir, le précédent dictateur meurt, c'est l'arrivée
03:32 de son fils au pouvoir, Kim Jong-un, celui qu'il est en ce moment, celui que Donald
03:37 Trump avait baptisé "Rocket Man".
03:39 Il y a eu une vague d'ouverture, la Corée s'est tournée peu ou prou vers l'économie
03:43 de marché, mais ça a duré seulement deux ans.
03:45 Ensuite, Kim Jong-un reprend le pouvoir de manière extrêmement serrée, autocratique.
03:49 On disait que ce n'était pas lui qui s'était lancé dans cette ouverture, mais son oncle,
03:53 donc le frère du père, qui était une sorte de Premier ministre ou de dirigeant bis, et
03:58 ça s'est mal terminé pour l'oncle.
04:00 Ça s'est mal terminé pour l'oncle parce qu'effectivement, sa vision à la chinoise,
04:04 si je puis dire, c'est-à-dire ce communisme teinté de libéralisme, en tout cas très
04:07 contrôlé, n'était pas du coup de Kim Jong-un, qui avait peur que son pouvoir soit remis
04:11 en cause par cette ouverture, et qui a décidé du jour au lendemain de se débarrasser de
04:15 son oncle purement et simplement, et ça veut dire le faire arrêter en public et le faire
04:19 exécuter.
04:20 Voilà, en public il est arrêté normalement, ça se fait en cas de limite, les purges
04:22 saliniennes c'était en douce.
04:24 Là c'est même pas en douce, ça vise quel but ?
04:26 Ça vise à montrer à son peuple que bien qu'il soit jeune, dans un pays où le droit
04:30 des naisses est extrêmement important, bien qu'il soit jeune, c'est lui qui a le pouvoir
04:33 et c'est lui qui le gardera.
04:34 Les purges s'intensifient, il est au pouvoir depuis 5 ans, et en 2017 il va plus loin dans
04:39 la violence car sa nouvelle cible, c'est son demi-frère.
04:42 Racontez ce qu'il a subi.
04:43 Son demi-frère est en fait en exil, et Kim Jong-un a peur qu'un jour il prenne le pouvoir
04:49 ou qu'il tente de prendre le pouvoir, il est en voyage à Kuala Lumpur, et à l'heure
04:53 deux jeunes femmes qui ne savent pas ce qu'elles font, qui sont manipulées par les services
04:55 secrets nord-coréens, vont lui appliquer sur le visage un poison neurotoxique qui va
05:00 le tuer en 20 minutes.
05:01 Et là on voit les images dans l'aéroport, vous avez récupéré les images, parce que
05:04 les images sont vraiment très très difficiles à récupérer.
05:07 Vous avez obtenu la confession d'un ancien des services secrets nord-coréens, il n'a
05:13 même pas une trentaine d'années, et il raconte sa vie au quotidien.
05:16 Là quand il vous parle, il est à Séoul, enfin en Corée du Sud, on ne va pas dire
05:19 où il est, on va le protéger justement, on imagine que les ambassades écoutent tous
05:22 ce qu'il dit sur eux, donc l'ambassade de Corée du Nord écoute Europe 1 et on la salue,
05:26 mais cet ancien des services secrets raconte sa vie au quotidien en Corée du Nord.
05:31 Maintenant que je vis en Corée du Sud, je sais que les droits de l'homme existent.
05:37 Mais à l'époque, j'entrais chez les gens d'un coup de pied dans la porte, sans frapper.
05:41 Je fouillais les maisons sans permission, et si les gens me disaient regarder la télévision
05:47 sud-coréenne ou des trucs américains, on les embarquait sans aucun respect pour les
05:51 droits de l'homme.
05:52 Ces gens n'ont aucune pitié, parce qu'en Corée du Nord, il est impossible de croire
05:57 en autre chose qu'en Kim.
06:00 Vous interrogez un analyste des services secrets sud-coréens qui vous explique que le cœur
06:04 de la machine, ce qui maintient Kim Jong-un au pouvoir, ce n'est pas sa police, c'est
06:07 l'arme nucléaire.
06:08 Expliquez pourquoi et comment.
06:09 La Corée du Nord, c'est un confetti, c'est 25 millions d'habitants, c'est rien au regard
06:13 du monde.
06:14 Et pourtant, on en parle tous, parce que justement, c'est un pays qui est non-aligné et qui
06:17 a obtenu l'arme nucléaire, qui fait qu'on ne peut plus se débarrasser des Kim.
06:20 Et c'est ça qui fait qu'aujourd'hui, son régime est si stable, si fort, si solide,
06:25 et qu'il ne craint personne, pas même Trump ou les États-Unis.
06:27 Vous savez quoi ça m'a fait penser en regardant ça ? Ça m'a fait penser aux deux régimes
06:30 totalitaires qui font l'actualité en ce moment, la Russie de Poutine et peut-être,
06:34 s'ils ont la bombe, l'Iran des Molas.
06:36 Deux pays avec lesquels la Corée du Nord travaille, puisque Poutine a obtenu de la
06:41 Corée du Nord quelques missiles pour ses offensives en Ukraine récemment, et l'Iran
06:45 avec laquelle la Corée du Nord travaille à l'obtention de l'arme nucléaire.
06:49 Pour financer tout son arsenal, la Corée du Nord a depuis toujours, sa création, utilisé
06:53 des trafics en toujours, les fausses devises, la drogue, l'armement.
06:56 Et voici que survient un nouveau mode de financement 2.0, les cyberattaques informatiques.
07:01 C'est de là que ça vient en majorité ? Ce sont les Coréens du Nord ?
07:04 - En majorité dans le monde, je ne sais pas, mais en tout cas ils ont leur part.
07:07 - C'est une industrie, racontez.
07:08 - C'est une industrie très très très importante, parce qu'ils ont compris qu'avec la numérisation
07:11 de la monnaie, ils avaient là l'opportunité, eux qui sont enfermés dans leur pays, que
07:15 d'aller chercher l'argent là où il se trouve, et contrairement à l'image qu'on en a, ce
07:18 n'est pas un pays du Moyen-Âge, c'est un pays informatisé, qui sait ce qu'il fait,
07:22 qui sait comment se servir d'un ordinateur, et donc ils ont lancé leur armée de hackers
07:26 en Russie, en Chine, et qui vont chercher les bitcoins et autres monnaies numériques
07:31 dans le monde, et qui s'en servent pour financer leur propre programme d'armement.
07:35 - On a beaucoup ricané du talent diplomatique, ou non, de Donald Trump, mais en tout cas
07:40 c'est le seul qui a réussi à leur parler.
07:41 Est-ce que ce fut une bonne, une mauvaise chose ? Il a rencontré deux fois Kim Jong-un,
07:44 pour quel résultat ?
07:45 - Écoutez, je pense qu'au départ c'était une bonne chose, parce que réussir à parler
07:49 est toujours une bonne chose, on le voit avec l'Ukraine et la Russie aujourd'hui, il faudrait
07:52 qu'on réussisse à se parler.
07:53 Néanmoins, l'effet induit, c'est qu'aujourd'hui Kim a compris qu'il n'avait aucune chance,
07:57 aucun espoir de réussir à se mettre à une table avec des Américains ou quiconque d'autre
08:01 pour trouver une sortie de crise, parce qu'on est dans une crise de 70 ans, et je pense
08:04 qu'il a compris que c'était fini, qu'il n'y avait plus de raison de parler, et qu'il
08:07 resterait tel qu'il est.
08:08 - Officiellement, vous le dites, la guerre de Corée n'est toujours pas terminée, aucun
08:11 armistice n'a été signé.
08:13 Merci beaucoup Romain Icard, je rappelle ce documentaire, Corée du Nord, la dynastie
08:17 nucléaire sur France 5 dimanche à 21h, c'est dans le cadre de la soirée Le Monde en Face.

Recommandations