Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 16 février 2023
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00:02 RTL matin
00:06 RTL 7h43, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Amandine Bégaud vous recevez donc ce matin
00:11 Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National à l'Assemblée.
00:14 Marine Le Pen, on va bien sûr revenir dans un instant sur le débat autour de la réforme des retraites à l'Assemblée avec cette nouvelle
00:20 motion de censure, on l'évoquait, que vous avez déposée. Mais d'abord un mot sur la mobilisation
00:25 contre cette réforme. Les syndicats appellent aujourd'hui à une nouvelle journée de mobilisation, c'est la cinquième, avant de passer à la vitesse supérieure
00:30 le 7 mars. Ils disent vouloir mettre la France à l'arrêt. Y êtes-vous favorable ?
00:35 Moi je suis favorable à toutes les manifestations pacifiques qui permettent de faire comprendre au gouvernement
00:41 que l'immense majorité des français y sont
00:44 opposés à cette réforme des retraites. Et nous avons besoin en quelque sorte de ce soutien de la rue, nous autres députés
00:51 qui nous battons contre cette réforme
00:53 parce qu'elles sont un élément essentiel, je crois, et complémentaire du combat parlementaire.
00:59 Vous appelez les français à descendre massivement dans la rue, même si ça doit bloquer une partie du pays ?
01:05 Oui, ça bloquera une partie du pays, mais ce sera de la responsabilité du gouvernement.
01:09 Alors, venons-en à ce qui se passe à l'Assemblée. Vous avez annoncé hier, je le disais, que vous aviez déposé une nouvelle motion de censure.
01:14 Est-ce que finalement c'est par ajouter du désordre au désordre ?
01:17 Ah bon, l'utilisation d'un levier constitutionnel serait du désordre ?
01:23 Ça fait perdre du temps alors qu'on le voit à l'écran de la scène ?
01:27 Non mais écoutez, il faut arrêter avec ça. Le gouvernement a décidé un temps contraint, il a eu tort de le faire.
01:31 La NUPES a déposé 13 000 ou 17 000 amendements qui fait que nous ne pourrons pas voter ce texte.
01:40 Même aujourd'hui où ils envisagent de les retirer, ce qui prouve qu'ils ont eu tort d'ailleurs de les déposer,
01:44 et bien ça ne permettra pas de voter le texte. Nous devons voter sur ce texte pour exprimer notre opposition sur ce texte.
01:50 Comme nous ne pourrons pas le faire, moi j'offre la possibilité à l'ensemble des députés qui y sont opposés,
01:54 dans le cadre d'un véritable référendum parlementaire, de dire oui ou non à la réforme des retraites.
02:00 Et de surcroît, je pense que ça nécessite la censure du gouvernement.
02:04 Parce que les mensonges qui ont été proférés par le gouvernement dans le cadre de la présentation de cette réforme,
02:09 que ce soit sur les carrières longues, que ce soit sur la retraite à 1200 euros, nécessitent, je le crois, que ce gouvernement soit censuré.
02:19 Vous appelez l'ensemble des députés à voter cette motion de censure, y compris la France Insoumise,
02:23 qui pourtant a dit qu'elle ne voterait jamais une motion de censure du RN.
02:26 Mais ça veut dire quoi, qu'ils ne voteront jamais ?
02:28 Est-ce que ceux qui nous écoutent peuvent comprendre que la seule manière de s'opposer à un texte,
02:33 c'est que l'ensemble des oppositions votent contre ce texte ?
02:35 Si les oppositions commencent, pour des raisons d'intérêt personnel ou politicien, à dire "ah non, moi je ne veux pas voter ça,
02:43 parce que je ne veux pas voter avec un tel", c'est terminé !
02:45 C'est la voie royale ! C'est la voie royale pour le gouvernement et pour une réforme que les Français refusent.
02:50 Donc moi j'appelle les députés de tous les groupes qui se considèrent comme d'opposition à voter cette motion de censure,
02:58 parce qu'encore une fois, cette motion de censure, elle permet de dire oui ou non à la réforme des retraites.
03:03 Vous seriez prêt de vous avoter une motion déposée par l'ANUP ?
03:05 Mais je l'ai déjà fait ! Je l'ai déjà fait, parce que moi je ne pense qu'à l'intérêt supérieur des Français.
03:11 Je ne pense pas encore une fois à mon image ou je ne sais quelle autre considération.
03:16 L'intérêt supérieur des Français est seulement l'intérêt supérieur des Français.
03:20 Vous ne pensez qu'à l'intérêt supérieur des Français, dites-vous.
03:23 Gabriel Attal, lui, vous accuse de vouloir faire diversion.
03:25 Le patron des députés LR, Olivier Marlex, dénonce une opération de cinéma, une course à l'échalope avec l'ANUP.
03:31 Alors Olivier Faure, lui, se dit surpris de vous voir vous réveiller subitement alors qu'on vous a peu entendu dans ces débats.
03:36 Ce n'est pas un piège finalement que vous tendez aux députés LR, en leur disant
03:40 "Vous voyez, si vous ne votez pas ma motion, ça veut dire que vous êtes pour le gouvernement, vous les mettez d'eau au mur là !"
03:45 Ça ne vous étonne pas tout de même que tout le monde, tous ces groupes nous accusent de faire un coup,
03:50 oui c'est un coup, c'est vrai, de projecteur.
03:52 Un coup de projecteur sur leur insincérité.
03:56 Parce que la réalité, c'est que personne n'a envie d'aller au vote.
03:59 D'accord ? La NUPES n'a pas envie d'aller au vote parce qu'ils veulent pouvoir accuser le gouvernement d'être autoritaire et maintenir la pression dans la rue.
04:06 Le Renaissance ne veut pas aller au vote parce qu'ils ont peur que cette réforme soit rejetée.
04:10 Quant aux LR, ils ne veulent pas aller au vote parce qu'en réalité, ils sont très contents de rester dans une ambiguité absolument totale puisqu'il n'y a aucune cohésion.
04:18 Non ! Je les mets devant leur responsabilité.
04:21 Quand on fait de la politique, qu'on se dit représentant du peuple français et qu'on l'est,
04:26 eh bien on assume ces positions. J'en ai assez des postures, j'en ai assez des discours, il faut maintenant passer aux actes.
04:33 Cette motion de censure, elle permet de passer aux actes.
04:37 Est-ce que vous êtes pour la réforme ou est-ce que vous êtes contre la réforme ?
04:40 Tous ces dérapages qu'on a observés ces derniers jours, que ce soit les invectives, les insultes, les passes d'armes,
04:48 vous avez d'ailleurs pris la parole pour notamment dénoncer les termes d'assassin qui avaient été utilisés par un député LFI pour parler d'Olivier Dussopt.
04:59 Vous avez été applaudi Marine Le Pen par une partie de la majorité des députés Renaissance, des députés du Modem aussi. Est-ce que ça vous a surpris ?
05:07 Je n'ai même pas regardé ça, je vais vous dire. J'ai surtout rappelé dans cet hémicycle qu'en politique, on a des adversaires, on n'a pas d'ennemis.
05:16 Et je pense qu'il y a eu une dérive dans les dernières années où les mots sont montés cran après cran jusqu'à une situation devenue irrespirable.
05:26 Pas seulement à l'Assemblée nationale, dans les débats, dans les campagnes électorales.
05:32 Nous sommes des adversaires, nous combattons parce que nous avons des idées différentes.
05:36 Mais là on voit bien qu'on a dépassé un stade et il était temps, il est temps, je crois, que la France Insoumise revienne dans un fonctionnement républicain.
05:46 Ce qu'ils ont abandonné quand même depuis un certain nombre d'années.
05:51 Mais tous ces dérapages, ça ne fait pas vos affaires si vous me permettez l'expression.
05:54 C'est ce que disent un certain nombre d'analystes, c'est également ce qui ressort du sondage BVA par exemple pour Ertel et Orange, le RN.
06:00 Et le parti qui jouit de la meilleure image auprès des Français dans le cadre de cette réforme avec 35% de bonnes opinions.
06:05 LFI est à 27%. Vous frottez pas un peu les mains sincèrement quand vous voyez ça ?
06:11 Non mais pardon, on ne va tout de même pas nous reprocher de nous tenir correctement, d'être courtois, de défendre nos idées avec fermeté,
06:20 mais sans tomber dans des outrances ou dans des insultes.
06:23 Nous sommes comme ça, nous continuerons à être comme ça.
06:27 Si d'autres ont envie de se comporter comme des zadistes au sein de l'Assemblée nationale, c'est leur problème.
06:32 Et je suis très contente en revanche que les Français le voient et que les Français le sanctionnent.
06:36 C'est une stratégie ?
06:37 De faire quoi ?
06:38 De bien se tenir.
06:40 Mais non, mais la question c'est est-ce que c'est une stratégie de leur part de mal se tenir ?
06:43 Enfin bien se tenir c'est normal, vous voyez ?
06:45 Ça devrait être normal pour tout le monde. Tout le monde devrait bien se tenir.
06:49 Ça n'empêche pas encore une fois que la défense soit énergie, que le combat politique soit énergique,
06:55 mais les insultes proférées transforment encore une fois les adversaires, non pas en adversaires mais en ennemis.
07:01 Ça n'est pas notre philosophie.
07:02 On évoquait ces insultes contre le ministre du Travail Olivier Dussopt.
07:06 Un certain nombre de députés RN aussi avaient reçu des coups de fil
07:10 indiquant que leurs proches avaient été hospitalisés pour les faire sortir de l'hémicycle.
07:13 Est-ce que vous avez identifié Marine Le Pen l'origine de ces coups de fil ?
07:17 Je suis pas rentré dans la police entre temps donc je n'ai pas pu faire d'enquête.
07:20 Vous n'avez pas de remontée de la police justement ?
07:22 En revanche nous avons déposé plainte.
07:23 Je pense que la police travaille de manière efficace
07:27 et je suis assez confiante dans le fait qu'on arrive à trouver qui est à l'origine de ces coups de téléphone.
07:33 Vous n'avez pas une petite idée ?
07:34 Non, enfin pardon, mais je considère ça totalement accessoire par rapport à la réforme des retraites
07:39 et à la tenaille dans laquelle les Français sont pris aujourd'hui.
07:42 Entre l'allongement de l'âge de départ et l'accélération considérable de la loi Touraine,
07:49 c'est-à-dire des 40 annuités, ils sont écrasés les Français au moment où nous nous parlons
07:55 et c'est le sujet qui me préoccupe principalement aujourd'hui et même uniquement aujourd'hui.
08:00 Sauf que si je vous pose la question, c'est aussi peut-être parce que ça dit des choses de ce climat,
08:04 le climat qu'on a vu à l'Assemblée, ce n'est pas accessoire des menaces et des intimidations ?
08:08 Oui, c'est un mauvais climat, il faut y mettre fin et je pense qu'en portant plainte, on contribue à y mettre fin.
08:13 D'un mot, Elisabeth Borne a été élue aujourd'hui Personnalité Politique de l'année par le jury du prix Trombinoscope.
08:19 Ça vous fait rire ?
08:21 Oui, ça me fait rire parce qu'ils ont tellement donné le Trombinoscope qu'ils ont élu Anne Hidalgo puis Valérie Pécresse.
08:29 Donc ils ont un mauvais instinct très sûr au Trombinoscope, ce qui veut peut-être dire que la motion de censure va être votée pour finir.
08:37 Vous avez du respect pour Elisabeth Borne ?
08:39 J'ai du respect pour l'ensemble de mes adversaires politiques.
08:43 J'aimerais que l'inverse soit vrai également et que chacun, encore une fois,
08:47 sorte des postures et assume ses responsabilités parce que j'entends Renaissance planicher en disant "oh la NUPES, ils sont terribles, ils sont méchants" et compagnie.
08:58 Mais c'est Renaissance qui a fait élire les députés de la NUPES parce que moi, voyez-vous, en plus j'ai de la mémoire.
09:04 Et je me souviens que la NUPES a fait élire Emmanuel Macron et que Renaissance, lors des législatives,
09:10 dans les duels entre l'ERN et la France Insoumise ou la NUPES, a fait voter pour la NUPES.
09:17 Merci Marine Le Pen.
09:18 Notre motion de censure permet de dire non à la réforme, vient nous dire Marine Le Pen sur RTL.
09:23 Vous restez avec nous puisque vous êtes dans l'œil de Philippe Cadré.
09:25 de l'économie.
09:26 [SILENCE]