Camille Beurdeley, délégué générale du Gifam, répond aux questions d'Alexandre Le Mer. Ensemble, ils s'intéressent au bonus réparation qui aide à la réparation des appareils électroménagers.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Le bonus réparation des appareils électroménagers rencontre déjà un franc succès,
00:04 deux mois seulement après sa mise en place dans le cadre de la loi anti-gaspillage.
00:08 Vous êtes de plus en plus nombreux à faire réparer vos appareils en panne
00:12 plutôt que de les remplacer systématiquement.
00:14 Votre invitée Alexandre, c'est Camille Bordelais, déléguée générale
00:17 du groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils et d'équipements ménagers.
00:21 Bonjour Camille Bordelais.
00:22 Bonjour.
00:23 On peut dire que le bonus réparation était attendu par les consommateurs
00:26 puisqu'effectivement deux mois après sa mise en place, on voit déjà un décollage
00:30 de la réparation des appareils électroménagers.
00:33 Oui, c'est exact. Ce bonus réparation vient compléter un dispositif
00:39 qu'on a déjà lancé depuis début 2021, qui est de mieux informer
00:44 et surtout d'encourager le consommateur à faire réparer ses produits.
00:47 En 2021 est apparu ce qu'on appelle l'indice de réparabilité
00:51 qui permet d'aider le consommateur au moment où il achète un produit
00:56 à faire un choix éclairé et à savoir si ce produit est plutôt très réparable
01:00 ou un peu moins. Et pour ça il a maintenant en magasin sur une dizaine d'appareils
01:05 une note qui va de 0 à 10 et qui l'aide à faire son choix.
01:09 Et puis depuis la fin de l'année 2022, on a lancé le fonds réparation
01:14 qui là est une aide financière, c'est un forfait qui vient baisser le coût
01:18 de la réparation. On sait qu'un consommateur lorsqu'il est confronté à une panne
01:23 si le prix de la réparation est environ de 30%, le prix du produit neuf
01:28 en tout cas celui qu'il imagine, il peut basculer vers un nouvel achat.
01:32 Donc un forfait qui va de 15 à 45 euros selon le type d'appareil concerné.
01:38 Exactement. Donc pour pouvoir bénéficier de ce forfait, il faut faire appel
01:43 à des réparateurs qui ont été labellisés par les éco-organismes.
01:48 Un label s'appelle Calirepar, vous allez trouver la liste de ces réparateurs.
01:53 Il y en a déjà plus de 1000 qui ont été labellisés et ce nombre va croître
01:58 au fil du temps. Et donc en faisant appel à ces réparateurs, vous allez avoir
02:03 un forfait qui va baisser le coût de votre réparation. Par exemple sur un lave-vaisselle
02:07 vous allez bénéficier de 25 euros, sur un téléphone portable de 30 euros,
02:12 en fonction des types de produits. Et l'idée c'est vraiment de faire baisser le prix
02:17 pour que les consommateurs soient encouragés à faire durer un peu plus longtemps leur appareil.
02:22 Quels sont les appareils qui vont le plus en réparation, les appareils ménagers ?
02:26 C'est assez classique, dès qu'on est dans des appareils un peu techniques
02:30 où vous avez à la fois de l'eau, des actions mécaniques, ils tombent plus souvent en panne
02:35 parce qu'ils sont plus manipulés, donc c'est évidemment le lave-linge, le lave-vaisselle.
02:38 On voit aussi que le téléphone portable, c'est parti des appareils les plus réparés.
02:43 Bon, ça, ça paraît assez évident, ils sont très manipulés.
02:46 Et on voit, alors on n'a pas encore de chiffre national, mais c'est vrai qu'on voit déjà
02:50 depuis deux mois, certains réparateurs qui nous disent qu'ils ont vu un boom
02:55 des demandes de réparation. Alors c'est assez variable, ça va entre 10 et 40 %,
02:59 certains nous disent ça. C'est assez significatif, effectivement.
03:04 Et c'est vraiment le but, c'est de changer les comportements.
03:06 - Bon, le coup de pouce à l'as, c'est une très bonne chose, Camille Bordelais.
03:09 Il reste la question du budget de la réparation, et c'est vrai que dans beaucoup de situations encore,
03:13 racheter du neuf coûte moins cher que d'envisager une réparation.
03:17 - Ça ne coûte pas moins cher, ça coûte encore un peu trop cher par rapport au prix du neuf
03:23 et en fonction évidemment du niveau de gamme. Le chiffre qu'on retient, c'est 30 %.
03:29 Si le prix de la réparation est autour des 30 % du prix d'un produit fini,
03:34 effectivement, le consommateur s'interroge de savoir ce qu'il fait.
03:38 Et c'est pour ça que ce bonus va venir faire baisser ce coût de la réparation
03:43 pour essayer de faire en sorte que les produits soient gardés plus longtemps dans les foyers.
03:48 - Alors justement, si l'on parle durabilité, est-ce que vous pouvez nous dire, Camille Bordelais,
03:51 que les industriels font des efforts sur la réparabilité ?
03:54 On prend souvent l'exemple des vis plutôt que des soudures dans les appareils.
03:58 Il y a aussi la question de la disponibilité des pièces détachées
04:01 et de leur disponibilité dans la durée, ce qui n'est pas toujours le cas.
04:04 - Alors, l'indice de réparabilité, c'est vraiment ce qui vient donner une information au consommateur.
04:10 Puisque derrière cet indice, il y a toute une série d'éléments, une grille en fait,
04:15 qui a été déterminée avec l'ensemble des parties prenantes, les associations de consommateurs,
04:19 les ONG, les pouvoirs publics, et qui du coup valorisent les marques
04:24 qui font un véritable effort pour, par exemple, mettre à disposition longtemps les pièces détachées,
04:30 mettre à disposition également la documentation, et puis aussi, il va faciliter l'accès aux pièces.
04:37 Donc, on a par exemple compté le nombre d'étapes pour atteindre telle pièce et faire réparer un appareil.
04:43 Donc, tout ça en devenant visible pour le consommateur au moment de l'achat,
04:47 ça attise la concurrence et ça encourage les marques à aller plus loin et à faciliter la réparation des appareils.
04:55 Il y a toujours, Camille Bordelet, des associations très actives contre l'obsolescence programmée.
05:00 Cette idée qu'il y aurait souvent dans nos appareils électroménagers, un maillon faible, un composant,
05:05 condamné à lâcher de manière prématurée, mais toujours, toujours après l'expiration de la garantie.
05:11 Alors, le terme revient de moins en moins, parce que c'est vraiment un terme qui vise à dire
05:17 qu'il y aurait une volonté de réduire la durée de vie des produits.
05:21 L'enjeu aujourd'hui, c'est vraiment la réparation. C'est de faire en sorte que les produits soient plus réparables.
05:26 Et donc, pour ça, il y a déjà beaucoup de choses qui ont été faites.
05:29 Ça remonte à 2015, les premières initiatives pour encourager la réparation,
05:33 puisque en 2015, on a dû afficher la durée de disponibilité des pièces.
05:40 Et donc, tout ce mouvement, et ce qu'il faut avoir en tête, c'est que la France est extrêmement précurseur sur ce sujet.
05:46 Et d'ailleurs, on voit des pays européens qui nous emboîtent le pas sur l'indice de réparabilité.
05:51 On voit que l'Allemagne est en train de se séduire du sujet, l'Espagne également.
05:55 Et à terme, ce qu'on aimerait, c'est qu'il y ait une grande réglementation européenne
05:58 qui permette justement d'encourager l'ensemble des marques, qui sont des marques mondiales,
06:04 à avoir des pratiques qui visent à permettre une durée longue des appareils.
06:11 - Le succès du bonus réparation, deux mois après son lancement, pour faire réparer vos appareils électroménagers.
06:16 Merci Camille Bordelais, je rappelle que vous êtes déléguée générale du JIFAM,
06:20 Groupement des marques d'appareils pour la maison. Merci à vous.
06:23 - Merci beaucoup.