• il y a 2 ans
Le député LFI Aurélien Saintoul a reproché au ministre d'avoir "menti" sur le nombre de morts au travail, l'accusant d'être un "imposteur" et un "assassin". Après une suspension de séance, Aurélien Saintoul a présenté ses excuses à Olivier Dussopt.

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Transcription
00:00 Mathieu Croissant, dans la politique, on pensait que ça allait peut-être se calmer.
00:03 Et bien ça n'a pas été le cas, loin de là.
00:05 Nouveau dérapage hier à l'Assemblée nationale pendant le débat sur la réforme des retraites.
00:10 Un député insoumis a traité le ministre du Travail d'assassin avant de lui présenter ses excuses.
00:16 Oui, les débats avaient commencé depuis un peu plus d'une heure trente à l'Assemblée hier,
00:19 quand un député insoumis, vous le dites Aurélien Saint-Aoul, c'est son nom,
00:23 interpelle le ministre du Travail Olivier Dussopt dans ses termes.
00:25 Écoutez.
00:26 Entre 2017 et 2019, c'est 33% d'accidents du travail causant la mort.
00:32 En plus, ce sont 150 orphelins, veuves, veuves en plus,
00:37 et vous avez la responsabilité de ces choix politiques.
00:40 Vous êtes un imposteur et un assassin.
00:43 Alors là, on se dit qu'est-ce qu'ils prennent à la France insoumise ?
00:45 Assassin, c'est doublement indigne.
00:47 D'abord, le choix du mot, bien sûr.
00:49 Et puis, il reproche personnellement au ministre la hausse du nombre de morts
00:52 en instrumentalisant le nombre de morts d'accidents du travail.
00:55 Un moment où d'ailleurs Olivier Dussopt était ministre du budget.
00:57 Bref, n'importe quoi.
00:58 On ne fera pas à Aurélien Saint-Aoul le reproche de ne pas connaître le sens des mots.
01:03 Il est agrégé de l'être classique.
01:05 On ne lui fera pas non plus le reproche de ne pas connaître les bonnes manières.
01:07 Vous savez, le registre habituel de la bonne société
01:10 pour manifester sa domination, comme le dit Jean-Luc Mélenchon.
01:13 Puisque Aurélien Saint-Aoul, lui-même, le 30 janvier dernier,
01:15 sur notre plateau, jouait les arbitres des élégances.
01:17 Regardez.
01:18 - Le débat parlementaire ne peut pas être comparé à un bordel.
01:21 Je pense que c'est un rapport très malsain qu'a l'exécutif à l'Assemblée nationale.
01:26 Il me semble qu'il devrait modérer son langage avant de donner des leçons aux autres.
01:30 - Ah ben voilà, ça s'est fait.
01:31 Du coup, il y a une explication à ce dérapage ?
01:34 - Qu'est-ce qui fait expliquer ce dérapage ?
01:35 Ça témoigne d'abord du climat de tension qui règne depuis le début de ce débat sur les retraites.
01:39 Ce n'est pas le premier incident.
01:40 On a eu le ballon de foot la semaine dernière.
01:42 Certains diront que ça a toujours existé à l'Assemblée.
01:44 C'est vrai.
01:45 Ce n'est pas forcément plus violent, mais j'ai envie de dire qu'il y a moins de talent.
01:48 La seconde raison, elle tient à la stratégie de la France insoumise.
01:50 Vous savez, tout conflictualiser, que certains par paresse ou par manque d'expérience,
01:55 se traduisent par plus d'agressivité.
01:57 C'est des attaques au dominem, des invectives.
01:59 Il y a quelques temps, certains n'hésitaient pas à qualifier Emmanuel Macron de dictateur
02:02 ou son régime de régime autoritaire.
02:04 Alors, assassins, on n'est plus à ça près.
02:06 Il y a enfin une forme de course à l'échalote de la part des députés.
02:09 Comment exister ?
02:09 Comment se démarquer quand on est jeune député dans un groupe assez nombreux ?
02:13 Autrefois, on se pointait le jour des questions au gouvernement à l'Assemblée,
02:18 on posait sa petite question aux ministres devant les caméras, puis c'était fait.
02:20 Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, la médiatisation, c'est tout le temps.
02:23 Et certains cherchent la séquence qui fera le buzz.
02:25 Aurélien Saint-Aude, le même, qui affectionne, semble-t-il, des métaphores meurtrières,
02:29 avait traité la semaine dernière Olivier Dussopt d'exécuteur.
02:31 Alors, exécuteur des bases d'oeuvre, mais exécuteur quand même.
02:34 Visiblement, ça n'avait pas suffi.
02:35 Donc, on manque d'un cran pour exister.
02:37 - Pour être tout à fait juste, il s'est quand même excusé, et bien excusé.
02:41 - Oui, alors, il a présenté ses excuses, c'est vrai, publiques et personnelles au ministre,
02:46 qui d'ailleurs n'a pas forcément accepté les excuses personnelles.
02:48 Il va écoper d'une sanction financière, un quart de son indemnité de député,
02:52 puis peut-être même d'une sanction plus lourde, Aurélien Saint-Aude.
02:55 Mais cet incident va avoir deux effets pour LFI.
02:56 D'abord, ça ressoude la majorité, et puis ça divise la nuppesse.
03:00 Écoutez, par exemple, ce qu'en pense le patron des députés communistes,
03:02 cette fois-ci, André Chassaigne.
03:05 - Je tiens à dire à quel point nous sommes choqués par les propos qui ont été tenus.
03:10 Et j'ajouterais, le débat démocratique, c'est un échange d'idées.
03:15 Ce n'est pas un échange d'insultes.
03:17 [Applaudissements]
03:19 - Après ça, André Chassaigne est vénérable.
03:21 - Exactement.
03:22 Après cet incident, la première ministre a demandé la fin des invectives,
03:24 et puis si possible, la fin des amendements.
03:26 Et la nuppesse a fini par s'exécuter en retirant 1 000 amendements.
03:30 On le voit, la France insoumise est désormais sur la défensive.
03:33 - Voilà. Et les enfants, ce que vous voyez à l'Assemblée nationale,
03:35 ils ne veulent pas le reproduire dans la cour de récréation, d'accord ?
03:38 Merci Mathieu. Filtrez-vous, Lorraine.

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