• il y a 2 ans
Leur pain, Claire et Gaël le font de A à Z, de la récolte du blé à la vente sur la place du village. Et cette façon de faire leur évite de subir l'inflation. Brut a visité leur ferme au Vigen près de Limoges.

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Transcription
00:00 Notre blé arrive en haut dans une trémie, il passe dans le moulin, et là la farine est tamisée.
00:05 Ça c'est des sacs que j'ai fait hier et je vais faire le pain après-demain avec. C'est quand même
00:10 difficile de faire plus frais.
00:12 Nous on n'est pas du tout impacté par les crises
00:14 diverses et variées. On va pas être impacté par la guerre en Ukraine et l'augmentation du prix du blé parce qu'on produit notre blé,
00:19 parce qu'on produit notre semence. On va pas être impacté non plus par l'augmentation
00:23 qui a eu aussi au niveau de l'azote parce qu'on met pas d'azote sur nos champs, parce qu'on est en bio, ni par le prix
00:28 et l'augmentation de l'électricité parce qu'on a un four à bois pour le pain, ni par l'augmentation du carburant.
00:33 Tout simplement parce qu'on produit en ultra local, donc on vend à moins de 5 km de chez nous, et parce qu'on a une
00:40 surface agricole qui est assez restreinte puisqu'on fait que 8 hectares de blé par an, ce qui nous suffit à vivre. Donc on n'utilise pas non plus
00:45 une quantité de carburant astronomique pour travailler notre sol. Nous on est installés sur cette ferme depuis trois ans. C'était une ancienne ferme bovine.
00:52 On a tout réaménagé pour créer deux ateliers. Un atelier paysan-boulanger
00:57 qui est plus l'atelier de Gaëlle, et un atelier en maraîchage bien intensif qui est plus son atelier.
01:01 On est vraiment dans un projet de production et de vente locale, c'est-à-dire que tout est basé au même endroit. On a
01:08 les champs qui sont juste là, le blé qui est stocké là après la moisson, le moulin qui est juste dans la pièce ici,
01:14 et la pièce qui est juste là, c'est le fournil où on fait le pain.
01:18 Le pain, on le prend ici, on fait 5 km de route, on va sur, même pas, 3 km, on va sur la place de notre commune,
01:24 la place du vigin, et on vend notre pain. Donc en gros, notre pain, il aura fait de la semence à la vente
01:30 à, disons, 10 km grand max, sachant qu'aujourd'hui on sait qu'un pain fait en moyenne plus de
01:36 1600 km entre la semence et la vente.
01:38 Le blé avec cette grande vis, il est amené jusqu'au moulin qu'on peut aller voir qui est derrière.
01:52 Voilà, il est parti.
01:54 Il y a trois ans, on a mis notre pain à 4,70€ du kilo, et aujourd'hui, ça fait trois ans et notre pain est toujours à
02:01 4,70€ du kilo, et j'ai pas du tout l'intention de l'augmenter parce qu'en fait, j'ai pas de besoin, j'ai pas besoin de l'augmenter.
02:07 Aujourd'hui, justement, l'intérêt pour nos clients, c'est qu'ils savent qu'en venant
02:11 consommer, en venant acheter notre pain, ils aident une
02:13 entreprise qui est résiliente et qui, du coup, leur permettra d'avoir toujours du pain, même si on a une crise, comme on peut voir
02:19 aujourd'hui et qu'on va sûrement de plus en plus voir dans les années à venir.
02:22 Voilà, là, on est en veille de journée de pain. On prend nos sacs de farine qu'on a fait la veille et on les amène
02:29 dans le fournil qui est juste au bout.
02:32 Ensuite, elle va être enfournée dans le four à bois qui est juste là.
02:41 Et du coup, mon bois est là, et tout le bois, en fait, c'est que des chutes de cirique.
02:45 Le cirique est à côté. Ça nous rend beaucoup plus résilients. On voit aujourd'hui les boulangeries qui ont des factures, je voyais des 13 000 euros, etc.
02:52 par mois. Nous, notre facture électrique pour la ferme est de
02:56 270 euros pour notre maison, notre activité professionnelle
02:59 et le logement de notre salarié qui vit sur la ferme. On nourrit à peu près 300 foyers, on va dire, par semaine en pain.
03:05 Et on a une facture électrique qui est moins
03:07 que beaucoup de foyers qui se chauffent leur maison même à l'électrique.
03:12 Ça, c'est le dernier truc que je voulais te montrer, c'est le tracteur de la ferme. C'est le tracteur qu'on utilise pour tous les petits
03:16 travaux autour de la ferme.
03:17 Mais pour tout ce qui est travail du sol, tout ce qui va être lié aux cultures, on est en cuma. Donc une cuma, c'est quoi ?
03:22 C'est-à-dire qu'on est plusieurs paysans voisins à partager du matériel agricole.
03:26 Ça fait aussi vraiment partie du fait que notre activité ne coûte pas trop cher en charge. Le tracteur que je conduis aujourd'hui
03:33 avec les outils derrière coûte 90 000 euros. Moi, j'ai pas du tout les moyens et ça serait pas du tout logique d'avoir un matériel
03:39 comme ça pour la taille de la structure et la taille de notre ferme.
03:42 En fait, on n'a quasiment pas d'emprunt au niveau bancaire. On n'a pas acheté la ferme. En fait, on est avec Terre de Liens.
03:47 Donc on paye un loyer, certes, mais on n'a pas
03:50 à rembourser 300 000 euros d'achat de ferme.
03:53 Donc ces choses-là ont fait aussi qu'on n'a pas cette pression
03:55 et que demain, si on a envie de changer d'activité et de faire autre chose, on n'est pas pris
03:59 par les banques.
04:02 Oui, c'est bien !
04:05 Un vrai chien de paysan !
04:07 Aujourd'hui, on travaille tous les deux sur la ferme à temps plein et on emploie une salariée
04:12 25 heures par semaine pour aider Gaël sur l'atelier boulangerie.
04:15 Et on se rémunère
04:17 largement un SMIC chacun. On arrive à prendre
04:20 largement 5 à 6 semaines de vacances dans l'année et on travaille
04:24 en moyenne entre 35 heures et 40 heures par semaine. Et ça, c'est dû au fait qu'on transforme nos produits et qu'on soit en vente directe, je pense.
04:31 Cette année, on a fait 8 hectares de blé. Donc c'est des variétés
04:35 paysannes, des populations, il y en a qui disent des variétés anciennes, donc qui n'ont pas été sélectionnées, qui datent d'avant
04:39 1960, qu'on cultive sur la ferme et du coup qu'on peut aller voir qui sont juste là. Là, on voit le blé, donc
04:45 on est quoi ? On est au mois de février,
04:47 donc il est encore tout petit et il faut se dire que ça, ça va monter à 1m80, 1m90. Donc ça, c'est une des variantes que souvent
04:55 quand on voit des champs de blé à 1m90, aujourd'hui, c'est assez rare.
04:58 C'est souvent ou un paysan boulanger ou quelqu'un qui est avec des variétés anciennes parce qu'aujourd'hui, les blés,
05:03 moi j'appelle ça les blés moquettes, ils sont tout petits comme ça
05:05 parce qu'on les nanifie exprès pour éviter qu'ils versent, qu'ils tombent
05:09 parce que les pailles sont trop hautes. Ce sont des blés qui sont certes qui ont un moins bon rendement, mais qui sont beaucoup plus résistants
05:17 en termes de maladies. Ils n'ont pas été sélectionnés justement pour le rendement, mais qui restent des variétés rustiques
05:22 adaptées aux terroirs. Être paysan boulanger ou être maraîcher, ce n'est pas une fin en soi pour nous.
05:27 L'objectif qu'il y a derrière, c'est être acteur du changement.
05:30 [Musique]
05:32 [Bruit d'explosion]
05:34 Merci à tous !
05:36 [SILENCE]

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