Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, est l'invitée du Grand Entretien. Elle revient sur la visite de Volodymyr Zelensky à Paris et sur les grands chantiers de son mandat à la tête du Ministère de la Culture. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-09-fevrier-2023-3591490
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le Grand Entretien la ministre de la
00:04 Culture.
00:05 Question, réaction, 0145 24 7000 et application France Inter.
00:09 Rima Abdoulmalak, bonjour ! Et bienvenue dans ce studio à la veille des victoires de la
00:15 musique.
00:16 Merci de passer par France Inter pour faire un tour d'horizon de l'état de la culture
00:19 en France.
00:20 Ça fait trois ans qu'on mesure et déplore les conséquences du Covid sur le monde de
00:24 la culture, sur la fréquentation des cinémas, des théâtres, des musées.
00:28 On avait d'ailleurs organisé une journée spéciale sur Inter en octobre dernier pour
00:33 engager nos auditeurs à retourner au cinéma alors que la fréquentation des salles était
00:38 au plus bas.
00:39 Depuis novembre, des films comme Astérix et surtout Avatar sont sortis.
00:43 Alors comment qualifiez-vous la situation aujourd'hui au cinéma mais aussi plus largement
00:47 au théâtre, dans les musées ? La crise du Covid est-elle derrière nous ? Le monde
00:52 de la culture est-il encore convalescent ?
00:54 La crise n'est pas encore complètement derrière nous.
00:59 C'est comme un séisme à plusieurs répliques et l'État est aux côtés du secteur culturel
01:04 dans toutes ses composantes pour l'accompagner dans cette reprise qui est forcément plus
01:10 longue.
01:11 Mais la France a beaucoup mieux résisté culturellement que bien d'autres pays.
01:14 Notre fréquentation finalement est plutôt bonne comparée à l'Allemagne, l'Italie,
01:19 l'Espagne ou d'autres.
01:20 Les États-Unis, la Corée du Sud pour le cinéma ont beaucoup perdu aussi.
01:24 Donc finalement nous on a perdu un quart du public dans le domaine du cinéma.
01:28 Encore aujourd'hui ? Même avec le mois de janvier ?
01:31 Non, le mois de janvier est bien meilleur.
01:33 15 millions d'entrées en janvier, ce qui en fait est un très bon niveau.
01:36 Il faut voir les mois qui viennent.
01:38 On a des bons films aussi qui arrivent.
01:40 On a eu un très bon automne.
01:41 On est porté par un écosystème créatif des films de grande qualité.
01:47 On a besoin aussi des films américains.
01:49 Vous avez cité Avatar.
01:50 Évidemment qu'on a aussi besoin des deux.
01:53 Des bons films français et des bons films américains.
01:55 Dans le domaine du théâtre, on a quand même une bonne reprise également.
01:58 Dans le théâtre public, globalement, on n'a que 10-15% de baisse.
02:03 Le privé c'est plus inégal.
02:05 Et les musées ont retrouvé un très bon taux de fréquentation, quasiment équivalent
02:09 à celui de 2019, malgré la perte des touristes chinois par exemple.
02:13 Donc ça veut bien dire qu'on a un écosystème particulièrement vivant pour la culture en France aujourd'hui.
02:18 Avant de vous poser des questions sectorielles, secteur par secteur de la culture, d'abord
02:22 une question d'ensemble.
02:23 Quelle est la politique culturelle d'Emmanuel Macron ?
02:24 Rima Abdel-Malak, vous êtes ministre depuis 8 mois et il est au pouvoir depuis 6 ans.
02:28 Beaucoup d'acteurs culturels ont du mal à voir la vision et l'ambition.
02:31 Je vous en cite deux.
02:32 On a choisi deux.
02:33 « J'ai du mal à distinguer une politique culturelle ambitieuse », déclarait l'écrivain
02:36 Philippe Besson.
02:37 « Je pense qu'on n'a jamais eu un gouvernement aussi peu intéressé par la culture », disait
02:40 il y a quelques mois le réalisateur Cédric Lapiche.
02:42 Vous leur répondez quoi ? Qu'ils sont injustes ? C'est quoi la vision d'Emmanuel Macron ?
02:46 C'est une vision très ambitieuse que je partage, que je défends tous les jours.
02:51 C'est une vision pour le patrimoine, le préserver, le réinventer, l'ouvrir le plus possible
02:57 aux Français.
02:58 C'est une vision pour la création, pour l'ancrer le plus possible dans les territoires.
03:01 C'est une vision pour la souveraineté culturelle de la France face à l'hégémonie des plateformes
03:05 et du numérique.
03:06 Ça ne veut pas dire les considérer comme des ennemis, ça veut dire les obliger à
03:11 créer et à produire en France.
03:12 C'est ce qui a été fait avec l'obligation de 20% du chiffre d'affaires de Netflix,
03:17 Amazon, etc.
03:18 Mais ça marque, ce sera quoi ? Dans 20 ans, dans 30 ans, dans 40 ans, quand on regardera
03:22 les deux mandats d'Emmanuel Macron sur la culture, il restera quoi ?
03:26 Il restera une création française qui existe dans le monde numérique et qui a été préservée,
03:31 amplifiée dans le monde physique, réel, en chair et en os.
03:33 Il restera un lieu, j'espère, qui sera son grand chantier en biomatique, la Cité internationale
03:39 de la langue française à Villers-Cotterêts.
03:41 Là encore, c'est un grand chantier qui n'est pas à Paris, qui est dans un territoire
03:45 des Hauts-de-France particulièrement défavorisé, qui est dans une ville aujourd'hui Rassemblement
03:51 national.
03:52 C'est aussi un enjeu de réconquête républicaine et c'est un enjeu pour dire que la langue
03:57 française est une langue qui nous relie à tellement de pays dans le monde.
04:00 C'est une langue d'ouverture, c'est une langue de diversité et cette langue, on va
04:05 la faire vivre avec les artistes dans un lieu qui est un lieu du patrimoine, d'un château.
04:08 Ça c'est une incarnation de ce qu'est la politique culturelle d'Emmanuel Macron.
04:13 Et puis il y a le pass culture qui va être accessible à la rentrée prochaine dès la
04:17 classe de 6ème.
04:18 70% des jeunes de 18 ans ont téléchargé ce pass, mais seulement 40% des 15-17 ans
04:25 qui y ont désormais droit.
04:27 Est-ce qu'ils l'utilisent assez les jeunes ? Qu'est-ce que vous avez envie de leur dire
04:31 ce matin ? Il faut se saisir de l'outil, allez-y et pour en faire quoi ?
04:35 Aujourd'hui on a 2,5 millions de jeunes sur le pass culture, ce qui est colossal.
04:39 Et le pass culture a changé en devenant à la fois individuel et collectif.
04:42 Là les chiffres que vous citez sont la part individuelle des 15-17 ans, mais il y a aussi
04:47 le volet collectif à l'école et là on voit le nombre d'établissements scolaires
04:50 qui s'en saisissent, les enseignants qui organisent des sorties au théâtre, au cinéma.
04:54 Ce qu'on voit c'est que le pass culture aussi, c'est un sésame pour des expériences
04:59 culturelles.
05:00 Ce n'est pas un acte de consommation, c'est vraiment une expérience pour vivre des découvertes,
05:04 rencontrer des artistes, s'exprimer soi-même.
05:07 Le pass culture est de plus en plus participatif pour que les jeunes puissent eux-mêmes aussi
05:12 vivre leurs pratiques.
05:14 Ils peuvent acheter un instrument de musique, ils peuvent prendre des cours de dessin.
05:16 Et c'est ce pass là, le plus participatif et vivant possible, qui va créer aussi des
05:23 chemins d'émancipation et de découvertes pour cette jeunesse.
05:26 Les jeunes de 15 ans qui nous écoutent, vous leur dites quoi ? La ministre, elle leur
05:28 dit quoi ? Utilisez votre pass culture pour quoi par exemple ?
05:32 Pour découvrir des spectacles, découvrir des films, pour aller au musée, pour voter
05:38 aux Victoires de la Musique.
05:39 Vous avez parlé des Victoires de la Musique.
05:41 Pour la première fois, nous avons 100 jeunes du pass culture qui ont fait partie des votants.
05:45 Donc participez aussi à la vitalité de notre scène musicale.
05:48 Expérimentez vous-même des cours de musique, c'est très vaste.
05:51 Venons-en Rima Abdoulmalak à l'audiovisuel public.
05:55 Pour commencer à son financement, le gouvernement a mis fin à la redevance qui permettait de
05:59 financer Radio France, France Télévisions, France Média Monde.
06:03 Désormais le financement de l'audiovisuel public, 3,8 milliards d'euros, se fait via
06:07 un prélèvement sur la TVA.
06:09 Pour le moment, ce mode de financement est transitoire.
06:13 Allez-vous le pérenniser ? Souhaitez-vous qu'il le soit ?
06:15 Je souhaite qu'il le soit, mais il y a des discussions juridiques pour vérifier que
06:19 c'est compatible avec la LOLF.
06:21 Je vous passe les détails techniques.
06:23 En tout cas, c'est une hypothèse qui est sur la table et qu'on discute également
06:26 avec les parlementaires.
06:27 Comment vous assurez que vous ne pouvez nous assurer ce matin que demain le successeur
06:32 ou la successeur d'Emmanuel Macron, parce qu'il ne va pas goûter un reportage sur
06:37 France 2 ou sur France Inter ou une enquête, ou parce que tout simplement c'est le fait
06:41 du prince, décide de diviser par deux le budget de l'audiovisuel public ?
06:45 Comment il y a des garanties pour que ça ne soit pas fait demain, plus tard, quand
06:49 Emmanuel Macron ne sera plus au pouvoir ?
06:51 La garantie c'est de se battre tous les jours pour éviter que ça arrive déjà.
06:55 Parce que ça, ça dépendra de l'Assemblée qui sera élue aux prochaines élections
07:02 législatives puisque ça a déjà pu être le cas.
07:04 Supprimer la revendance ou baisser la redevance, ça dépend d'une décision du Parlement.
07:09 Ensuite, aujourd'hui, moi, mon enjeu, il est de préserver au maximum l'indépendance
07:16 de l'audiovisuel public comme privé, de préserver la liberté des journalistes,
07:22 la liberté de la presse et de donner de la visibilité pour le financement de l'audiovisuel
07:27 public.
07:28 Donc j'ai proposé que les contrats d'objectifs et de moyens, au lieu d'être de 3 ans,
07:31 ils soient de 5 ans et qu'ils enjambent les prochaines élections.
07:34 C'est fait ça ?
07:35 Oui, en tout cas, la proposition est faite et le travail sur ces contrats d'objectifs
07:40 et de moyens est en train d'être fait avec toutes les entreprises.
07:43 Visibilité aussi sur la trajectoire financière qui est en train d'être négociée.
07:47 Mais il n'y a pas de garantie en fait si demain l'Assemblée nationale est d'un
07:51 autre bord politique ?
07:52 Il n'y a pas de garantie pour l'audiovisuel public ?
07:54 Ça dépend de quel bord politique on parle.
07:56 Aujourd'hui, il y a un parti, le Rassemblement National, qui réclame la privatisation de
08:02 l'audiovisuel public.
08:03 Ce n'est que celui-là qui réclame la privatisation de l'audiovisuel public.
08:07 Donc battons-nous tous les jours pour empêcher qu'il arrive au pouvoir.
08:10 L'animateur Cyril Hanouna s'en est pris violemment au financement de l'audiovisuel
08:15 public dans une de ses émissions.
08:16 C'était le 16 janvier.
08:17 4 milliards.
08:18 Privatisez-moi ça.
08:20 On pourrait payer des hôpitaux avec ça.
08:23 Comment avez-vous jugé cette sortie ?
08:25 Inadmissible.
08:26 Mais justement, il est en train de relayer cette proposition que Marine Le Pen avait
08:31 mise dans son programme de privatisation de l'audiovisuel public.
08:34 Si nous n'avions pas cet audiovisuel public aujourd'hui, aurions-nous autant de programmes
08:39 éducatifs ?
08:40 Aurions-nous autant de documentaires ?
08:41 Aurions-nous autant de créations françaises sur les chaînes du service public ?
08:45 Parce que le Rassemblement National a cette contradiction de vouloir défendre la culture
08:48 française mais en même temps de privatiser l'audiovisuel public.
08:51 Or aujourd'hui, France Télévisions produit 90% de fictions françaises européennes quand
08:56 M6 diffuse 80% de fictions américaines.
09:01 Donc on a aussi un enjeu de diversité culturelle à porter avec l'audiovisuel public.
09:06 Vous avez laissé entendre que les dérapages de Cyril Hanouna pourraient conduire l'Arkham
09:10 à ne pas renouveler en 2025 l'autorisation des maîtres de C8 ou de Cnews.
09:14 Maxime Saada, le président du directoire de Canal+ vous avait répondu "un ministre
09:18 ne devrait pas dire ça".
09:19 Quoi qu'on pense de Cnews ou de Cyril Hanouna, il est insupportable d'agiter la menace
09:22 d'une fermeture de certaines chaînes au prétexte qu'elles ne reflètent pas vos
09:25 idées.
09:26 Vous l'avez pris comment ce qu'il a dit ?
09:28 Moi je suis dans mon rôle quand je rappelle le cadre existant.
09:32 Il y a des chaînes qui ont accès à des fréquences gratuites en échange de certaines
09:37 obligations qu'elles doivent respecter.
09:39 Ces obligations, il suffit de les lire, elles sont dans la loi, elles sont très claires.
09:43 Parmi elles, il y a le respect du pluralisme, il y a le fait de traiter les affaires judiciaires
09:47 avec mesure, c'est écrit comme tel.
09:49 Le fait de créer un débat contradictoire avec l'ensemble des points de vue sur des
09:54 sujets pouvant porter à controverse, c'est écrit comme ça.
09:56 Donc c'est le rôle de l'Arkham ensuite, au moment de faire le bilan de ces obligations,
10:03 de vérifier qu'elles ont bien été respectées pour pouvoir ensuite évaluer si la reconduction
10:10 de cette fréquence est justifiée ou pas.
10:12 Il y a bien des obligations à respecter et c'est mon rôle de le rappeler.
10:15 C8 et Cnews pourraient perdre leur fréquence ?
10:18 Il y a des obligations à respecter.
10:20 Il y a déjà eu une vingtaine d'interventions de l'Arkham depuis 2019 pour C8 et Cnews.
10:27 Au bout d'un combien d'interventions pourrait l'Arkham dire à tel degré les obligations
10:34 ne sont pas respectées ? C'est le rôle de l'Arkham.
10:36 Je rappelle juste le cadre qui existe.
10:37 C'est important.
10:38 Derrière C8 et Cnews, il y a Vincent Bolloré.
10:42 L'académicien Eric Orsenat s'attaque au milliardaire dans un livre « Histoire d'un
10:46 ogre ». Il l'accuse de vouloir régner sur les médias et sur l'édition.
10:50 Vincent Bolloré est dangereux pour la démocratie.
10:53 Je cite « C'est un prédateur qui veut tout engloutir, médias, édition.
10:57 Le grand danger avec Vincent Bolloré, dit-il, c'est l'autocensure de tous ceux qui ont
11:01 peur de lui déplaire, de le fâcher.
11:04 On le voit chez Editi, ce qu'il détient encore, où des projets de livres ont été
11:08 annulés.
11:09 Ça c'est ce qu'il a affirmé au quotidien Le Monde.
11:11 Il a tort Eric Orsenat.
11:12 Il met le doigt sur un constat très alarmant.
11:15 Ce qui préserverait aujourd'hui le plus la démocratie, on vient de le dire, c'est
11:21 du débat contradictoire, la liberté de création, la liberté d'expression.
11:25 On a eu un certain nombre d'exemples dans les derniers mois et les dernières années.
11:29 Qu'il s'agisse de Canal+, de François Ozan, Retrait de financement, qu'il s'agisse
11:35 de Paris Match, éviction de Bruno Jeudy, qu'il s'agisse d'Europe 1, qu'il s'agisse
11:41 de l'édition.
11:42 Il y a un certain nombre d'alertes sur la liberté de création et la liberté d'expression.
11:48 - Vous êtes inquiète ? - Oui, je suis inquiète.
11:50 Je suis inquiète des menaces que représentent ces atteintes à la liberté d'expression
11:58 et de création.
11:59 - Il y a d'autres milliardaires qui sont intéressés par les médias, puisque vous
12:01 savez qu'aujourd'hui l'économie des médias est le plus souvent privée, dirigée par
12:06 des milliardaires.
12:07 Xavier Niel veut une chaîne de télé, il a postulé pour la reprise de la fréquence
12:10 TNT de M6.
12:11 Il promet plus d'informations et des investissements accrus dans la production.
12:13 C'est une bonne candidature à vos yeux ? Il faut de nouveaux entrants dans le paysage ?
12:17 - Alors là, moi, je n'ai pas du tout à me prononcer sur la fréquence de M6.
12:21 Ce n'est vraiment pas mon rôle pour le coup.
12:23 C'est vraiment à l'Arkham de faire son travail en la matière.
12:26 - Allez, on passe au Standard Inter.
12:28 Fabien nous appelle, je crois, de Brest.
12:31 Bonjour Fabien.
12:32 - Oui, bonjour.
12:33 - Vous êtes un professionnel de la culture.
12:35 Question très précise, je crois, sur les charges d'électricité.
12:39 - Notamment.
12:40 - Alors dites-nous.
12:41 - Merci de me prendre cette question.
12:42 Madame la ministre, vous avez, vos prédécesseurs et vous-mêmes, beaucoup aidé le secteur
12:47 de la culture pendant la crise sanitaire, beaucoup aidé le secteur avec un plan de
12:50 relance ambitieux à la sortie de cette crise, qui n'est pas encore tout à fait achevé.
12:54 Et malheureusement, aujourd'hui, nos missions et nos charges sont intenables, inconciliables.
12:59 Qu'est-ce que vous allez faire comme plan de sauvegarde du secteur puisqu'il s'agit
13:03 de ça ? Je décris juste brièvement la situation.
13:06 Effectivement, ça a été dit, des charges d'électricité, de chauffage qui explosent,
13:09 comme tous les secteurs.
13:10 Le public n'est pas encore totalement revenu.
13:12 Le prix des secteurs qui augmente par effet mécanique, puisqu'il faut bien rebaser les
13:16 salaires, les réindexer en cette période d'inflation, tout ça est intenable.
13:21 Et vraiment, c'est un cri d'alerte que beaucoup de professionnels ont déjà relayé
13:24 par les organisations professionnelles.
13:25 Mais je le renouvelle aujourd'hui.
13:27 Qu'allez-vous faire pour que le secteur ne se casse pas la figure dans un pays où
13:31 il est aussi central ? Je rappelle juste qu'il pèse plus que l'automobile en termes d'industrie,
13:36 ça ne fait pas rien.
13:37 Merci Fabien pour cette question.
13:39 Rima Abdoulmalak vous répond.
13:40 Tout à fait.
13:42 Aujourd'hui, le secteur culturel, comme les autres secteurs, a accès aux aides transversales
13:46 mises en place par l'État pour réduire le coût des factures de gaz et d'électricité.
13:52 La quasi-majorité, la quasi-totalité des lieux culturels y ont accès.
13:56 Pour ceux qui n'y ont pas accès, je débloque actuellement des aides exceptionnelles.
14:01 Par exemple, l'Opéra de Nancy, qui est en régime municipal, ne peut pas bénéficier
14:06 de ces aides transversales, va avoir une aide exceptionnelle.
14:09 C'est le cas aussi d'autres théâtres, je pense au théâtre de Montreuil, qui en
14:13 plus de ses aides transversales, va avoir une aide exceptionnelle.
14:18 Nous sommes en train de faire ce recensement des cas les plus critiques en France pour
14:22 venir en aide aux structures qui sont les plus en difficulté, parce que leur bâtiment
14:26 est une passoire thermique, donc dépense plus.
14:28 Mais à plus long terme, ce qui m'intéresse, c'est d'accompagner ces acteurs culturels
14:33 vers la transition écologique, vers des travaux pour améliorer la performance énergétique
14:38 des bâtiments et réduire à terme ces factures tout en étant plus éco-responsables.
14:43 Donc on finance des travaux à Chaillot, on finance des travaux dans des écoles d'architecture
14:46 comme à Limoges, dans des musées comme à Orsay, et on sera là aussi sur la durée
14:52 pour ces investissements de long terme.
14:54 Encore une question au standard.
14:55 Gilles, bonjour !
14:57 Oui, bonjour !
14:58 Vous nous appelez du Kremlin Bicêtre et vous dirigez une petite salle de spectacle dans
15:03 la chanson.
15:04 Dites-nous !
15:05 Tout à fait, voilà.
15:06 Bonjour Yann Le Ministre.
15:07 Comme vous le savez, la chanson française se porte bien lorsque tous les échelons
15:12 sont possibles pour les jeunes artistes, des salles qui font de la prospection, qui
15:16 font de la découverte et ainsi de suite jusqu'en haut de l'affiche pour ceux qui ont envie
15:20 et qui le peuvent et qui sont reconnus.
15:23 Les petites salles comme celle que je dirige, il y en a beaucoup en France, sont dans des
15:27 difficultés, qui sont inhérentes à leur jauge très faible et leur politique de découvert
15:32 qui n'attire pas forcément un grand public.
15:35 Je pense qu'il serait bien un jour, comme pour les cinémas, d'avoir une reconnaissance
15:39 de l'État sur ce sujet type art et décès.
15:41 Je ne vais pas rentrer dans les détails.
15:42 Et à partir de là, avoir une politique fiscale et de subvention adaptée.
15:48 La disparition de ce genre de salles ferait qu'on livrerait la chanson française et sa
15:53 richesse au marché, avec tous les dangers que ça comporte, c'est-à-dire un manque
15:58 de possibilité d'évolution de carrière pour de jeunes artistes talentueux, etc.
16:03 Et la disparition de ce que vous décrivez comme une pépinière.
16:08 Merci Gilles pour cette intervention.
16:11 Rima Abdoulmalak, question sur les petites salles autour de la chanson à la veille des
16:17 Victoires de la Musique.
16:18 Quelle réponse ?
16:19 Merci de votre question, parce que ce que vous soulevez, c'est l'enjeu crucial de la
16:22 diversité.
16:23 La diversité culturelle, la diversité des esthétiques, la diversité des acteurs, les
16:27 indépendants aux côtés des grandes entreprises.
16:30 Et c'est pour moi crucial dans notre politique, c'est ce qu'on fait avec le Centre National
16:35 de la Musique qui a été créé après 10 ans d'attente pour venir en aide à cette
16:39 diversité.
16:40 C'est ce qu'on fait avec notre réseau par exemple des scènes de musique actuelles
16:42 qui montre toute la diversité de la scène musicale française aujourd'hui.
16:47 Donc on continuera à être très attentif à tous ces lieux intermédiaires qui font
16:52 la richesse aussi de nos territoires et qui font la vitalité de ce secteur.
16:56 Quelques questions d'actualité autour du monde de la culture.
16:58 D'abord cette polémique très vive qui a secoué le Festival d'Angoulême autour
17:01 du dessinateur de BD Bastien Vivès qui a été accusé de faire de l'apologie de
17:06 la pédopornographie à travers ses œuvres.
17:08 Il y a eu une tribune parue la semaine dernière dans Le Monde signée notamment par Anne-Ky
17:12 Bilal, Jack Lang ou Blanche Gardin.
17:13 Ou la dessinatrice Coco qui écrivait « Interrogez ou contestez, le travail d'un auteur est
17:17 légitime, le baïonnet ne l'est pas.
17:19 Aucun auteur ne peut créer en tremblant » disent les signataires.
17:23 Comment vous avez reçu cette tribune ? Et partagez-vous l'inquiétude d'un progrès
17:29 de la censure, peut-être de l'auto-censure ou tout simplement de la recul de la liberté
17:31 d'expression chez les artistes ?
17:33 J'ai trouvé regrettable que cette exposition ait été déprogrammée, surtout qu'on
17:38 parlait de dessins inédits que personne n'avait encore jamais vus.
17:41 En revanche sur ce cas précis, c'est à la justice de dire si certains dessins dans
17:45 le passé de Bastien Vivès tombent sous le coup de la pédopornographie ou pas.
17:53 Et il y avait tous ces brouillés parce que les propos qu'a tenus et l'attitude qu'a
17:58 eu Bastien Vivès était quand même assez inadmissible dans la mesure où il a eu tendance
18:02 à banaliser la pédophilie, le viol, l'inceste.
18:06 Et ce sont des sujets très très graves sur lesquels il est normal qu'il y ait de l'émoi
18:09 aujourd'hui, qu'il y ait de la colère et qu'il y ait des révoltes.
18:12 Donc il faut entendre aussi cette colère-là.
18:14 Pour autant, défendre la protection de l'enfance peut se faire sans pour autant boycotter
18:23 ou censurer des expositions.
18:24 Une question de Nicolas sur l'application d'Inter.
18:29 Ce n'est pas en niant ce qui se passe dans la rue depuis des semaines, donc sur la réforme
18:34 des retraites, qu'on se bat tous les jours contre l'arrivée au pouvoir du Rassemblement
18:38 National ? Vous faites partie d'un gouvernement, Madame la Ministre, qui tous les jours fait
18:42 grimper les scores du RN.
18:45 Comment répondez-vous à cette interpellation très politique de notre auditeur ?
18:49 Non, là je ne suis absolument pas d'accord avec ce raccourci.
18:52 Je me bats tous les jours pour, à mon niveau, en tant que ministre de la Culture, lutter
18:56 contre les idées du RN, j'allais dire du Front National, parce que pour moi il n'a
19:01 pas changé.
19:02 Je vois tous les jours à l'Assemblée ce qu'ils déclarent.
19:05 Ils ont parlé de réduire les aides à la création, de conditionner les aides au cinéma
19:11 à des films qui font la promotion de l'histoire de France.
19:14 Marine Le Pen, dans son programme, parlait du soutien au patrimoine pour le redressement
19:18 moral de la France, des mots qui sont issus d'un discours de Pétain en 1940.
19:22 Il faut quand même juste se rendre compte que le RN aujourd'hui a le même visage que
19:28 le Front National d'hier.
19:29 Le repli sur soi, la haine, le racisme et la fin de la culture telle qu'on la vit en
19:37 France, c'est-à-dire la fin de la liberté de création et d'expression.
19:39 En tout cas, à mon niveau en tant que ministre de la Culture, c'est tous les jours un combat
19:42 des idées et un combat sur le terrain avec des projets, des actions pour s'adresser
19:47 aussi aux électeurs qui sont tentés par le vote RN.
19:50 - Certes, Emmanuel M. Malac, mais Emmanuel Macron en arrivant au pouvoir il y a 6 ans
19:53 avait dit "je ferai baisser le score du Front National à l'époque".
19:56 - Emmanuel Macron a battu deux fois Marine Le Pen à deux élections présidentielles.
20:00 - Avec quel score ? Avec quel score pour Marine Le Pen ?
20:02 - Il l'a battu deux fois.
20:03 - Avec 89 députés à l'Assemblée Nationale, vous félicitez ça ?
20:04 - Il l'est arrivé en tête au premier tour, il l'a battu au deuxième tour.
20:07 Regardons cette capacité encore à battre le RN et qu'on doit continuer à lutter contre
20:14 leurs idées pour les mois et les années qui viennent.
20:16 - Question courte, réponse courte, Olivier Pye a été nommé directeur artistique du
20:21 Théâtre du Châtelet à Paris.
20:23 La nomination a fait polémique, Annie Dalgo étant accusée d'être passée en force.
20:27 Qu'en pensez-vous ?
20:28 - Moi je trouve qu'Olivier Pye est un grand directeur, a été un grand directeur du Festival
20:33 d'Avignon.
20:34 Je n'ai pas à commenter la décision de la mairie de Paris mais j'attends de voir ce
20:38 qu'Olivier Pye va faire du Châtelet.
20:39 Ce que je regrette aussi c'est que cette nomination a mis beaucoup de temps, il y a eu plus de
20:43 deux ans et demi sans direction à la tête du Châtelet avec un déficit visiblement
20:48 important et donc j'espère qu'Olivier Pye aura aussi les marges pour rebâtir un projet
20:53 pour ce lieu qui est très important, qui est au cœur de Paris, même s'il dépend
20:57 de la ville de Paris, pour l'État, pour l'ensemble des Français et des Parisiens,
21:01 c'est un lieu qui a son importance.
21:03 - Le château de Versailles, Catherine Pégar est toujours à la tête de l'institution,
21:06 elle aurait dû la quitter en mars 2021.
21:08 Vous voulez qu'elle reste à son poste jusqu'en 2024.
21:11 Michel Guérin dans Le Monde parle d'une chronique d'un président qui s'obstine à ne pas remplacer
21:15 la capitaine, d'une tendance monarchique.
21:18 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
21:19 - Catherine Pégar a fait et fait toujours un excellent travail à Versailles, c'est
21:23 un lieu qui a, avec la pandémie perdue, beaucoup de touristes, a dû se réinventer, lance
21:28 un campus des métiers d'art, est effectivement un site olympique et c'est assez rare, peu
21:33 de lieux culturels sont un site olympique.
21:35 Le mandat de Catherine Pégar s'est terminé en octobre, c'était à trois mois et effectivement
21:40 il y a des discussions aujourd'hui sur l'avenir du château de Versailles, donc des nouvelles
21:46 prochainement.
21:47 - Le site olympique vous dites ?
21:48 - Oui, un mot sur les JO 2024 qui se télescope avec le calendrier des festivals de l'été,
21:56 ce qui avait suscité une très vive inquiétude des festivals.
22:00 Vous avez déclaré que pour la quasi-totalité d'entre eux, vous étiez parvenu à des ajustements.
22:05 Comment ça va se passer ? Est-ce que des festivals vont avoir lieu hors vacances scolaires ?
22:10 Ce qui est quand même un souci.
22:11 - En 2024, l'été sera aussi culturel que sportif, ça je vous l'assure.
22:17 Nous avons mené toute une concertation avec les plus gros festivals concernés par les
22:22 renforts en sécurité nationale, les unités de force mobile.
22:25 Ce n'est pas tous les festivals de France, c'était une vingtaine de festivals en réalité.
22:28 Et la plupart d'entre eux ont pu décaler légèrement leur date pour être mieux sécurisés
22:33 eux-mêmes.
22:34 Il y a aussi un enjeu que les festivaliers, quand ils vont aller voir des concerts à
22:37 60 000 personnes, ils sont eux aussi sécurisés.
22:39 Aujourd'hui, nous avons quasiment trouvé partout des solutions pour que les festivals
22:43 puissent être maintenus et puissent être bien sécurisés et préserver les Jeux Olympiques
22:47 qui vont être un moment exceptionnel pour notre pays.
22:48 - Et la question des vacances scolaires ?
22:49 - Les vacances scolaires, ça concerne uniquement Avignon, pour ce que le festival d'Avignon
22:54 va être avancé de trois jours.
22:55 Et les vacances scolaires aussi, pour permettre une meilleure articulation.
22:59 - Vous assisterez demain aux Victoires de la Musique.
23:01 Aurel San, Angèle, Clara Lucciani sont à l'honneur.
23:04 Votre victoire de chœur, ça va pour qui ?
23:06 - Angèle et Juliette Armanet, parce que je trouve que c'est aussi une femme exceptionnelle.
23:12 Clara Lucciani, bien sûr, mais comme elle a déjà beaucoup gagné, je vote pour Angèle.
23:17 - Jack Lang ou Jean-Yves Le Drian ?
23:18 - Qui balance votre cœur ?
23:21 - Joker !
23:22 - Non, vous ne voulez pas vous prononcer sur l'IMA ?
23:26 - Non, en plus, je dois vous avouer que l'institut du monde arabe, cette nomination ne dépend
23:30 pas de la ministre de la Culture.
23:31 - Non, du ministre des Affaires étrangères, c'est vrai, mais enfin, vous avez fait un
23:33 clip avec Jack Lang.
23:34 Vous vous êtes mise en scène avec lui ?
23:38 - Oui, mais je vois Jack Lang très régulièrement.
23:40 C'est l'éternel ministre de la Culture.
23:42 - Merci d'avoir été au micro d'Inter-IMA Abdulmanach.