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Cyril Chabanier, président du syndicat de salariés CFTC, le 9 février 2023 sur franceinfo.

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Transcription
00:00 Bonjour, président du syndicat CFTC, opposé comme toutes les autres organisations syndicales à la réforme du gouvernement.
00:06 Selon les informations de France Info, ce n'est donc pas une nouvelle date de mobilisation qui est prévue,
00:10 mais bien trois journées en tout, puisqu'en plus du 16 février, l'inter-syndical s'apprête à annoncer deux dates de plus de mobilisation,
00:17 les mardis 7 et mercredi 8 février. Vous nous confirmez que c'est bien ce qu'il y a dans les tuyaux ?
00:22 Alors je vous confirme que pour le moment, une date a été fixée, celle du 16 février,
00:27 et en effet nous sommes en discussion, mais c'est plutôt bien parti pour que la date du mardi 7 février soit aussi une journée de mobilisation.
00:37 Quant aux 8, ça ne sera sûrement pas une date de manifestation, mais plutôt des actions que l'on veut mener
00:44 et des communications qu'on veut faire, spécifiques sur la situation des femmes par rapport à la retraite,
00:49 puisque vous savez que le 8 février est la journée de la femme.
00:52 Donc l'idée c'est aussi de jalonner un petit peu le calendrier déjà, c'est le mois de mars, 7 et 8 mars pour cette journée,
01:00 c'est un peu pour jalonner les dates ?
01:02 Oui, à la fois pour jalonner les dates, à la fois pour faire des manifestations et des mouvements à des dates un petit peu clés,
01:09 le 16 février là, parce que c'est la dernière semaine où le texte est à l'Assemblée Nationale,
01:14 le retour le 7 mars, le 8, journée symbolique avec la journée de la femme,
01:19 et il y a beaucoup de questions et d'interrogations autour de la situation des femmes à la retraite avec cette réforme,
01:26 donc on essaye d'avoir des dates qui correspondent à des événements forts.
01:30 Multiplier les formes d'expression, mais est-ce que c'est aussi le moyen de commencer à amorcer une nouvelle forme de mobilisation,
01:35 commencer à durcir le mouvement, par exemple certains syndicats comme la CGT ou Sudplaît
01:40 depuis un petit moment déjà pour une grève reconductible, des déblocages,
01:44 ça permet un peu à chacun de partir un peu dans sa direction ?
01:48 Alors évidemment quand vous avez une intersyndicale avec 8 organisations, il faut tous faire un petit peu des compromis,
01:55 mais très honnêtement on est tous sur cette ligne qui est comment peut-être un petit peu durcir le mouvement,
02:02 en tout cas monter d'un cran tout en restant, et c'est très important pour la CFTC,
02:07 tout en restant dans la légalité, tout en restant dans le respect des biens et des personnes,
02:10 donc cette ligne de crête n'est pas toujours facile à trouver,
02:14 mais je crois en tout cas qu'on est vraiment dans une situation plutôt de monter d'un cran que d'essoufflement,
02:20 parce qu'on se rend compte que malgré le fait qu'on mette des 3 fois des millions de personnes dans la rue,
02:25 aujourd'hui le gouvernement reste sourd à nos revendications.
02:28 Le gouvernement lui joue un peu sur cette division, en tout cas sur la forme que doit prendre le mouvement par la suite,
02:33 Olivier Dussopt par exemple le ministre du travail, dit dans le journal Le Monde qu'il est déçu des syndicats réformistes comme Le Vote,
02:40 vous lui répondez quoi ce matin ?
02:42 Alors il dit deux choses, il dit un qu'il est déçu, et de même il termine l'interview en disant qu'on lui aurait menti.
02:47 Alors déçu, je peux toujours comprendre qu'il espérait qu'on trouve sa réforme meilleure que ce qu'on a pu dire,
02:53 mais le fait d'aller jusqu'à dire qu'on ait pu mentir,
02:56 non je crois qu'on a été extrêmement loyal dans cette négociation, et c'est ça qui est extrêmement choquant,
03:01 moi j'ai reconnu publiquement que dans les deux premières phases de la négociation sur la pénibilité, sur l'emploi des seniors,
03:08 il y avait eu des discussions plutôt franches et constructives,
03:12 malheureusement dans cette réforme on n'a pas pu discuter des solutions de financement,
03:16 puisque c'était bloqué sur le fait que automatiquement ça serait financé par un report de l'âge légal,
03:21 et dès le départ on a prévenu que s'il y avait cet âge légal ça serait 64 ans,
03:25 donc je trouve que c'est une provocation qui est vraiment inutile,
03:29 et qui va faire en sorte que le mouvement va plutôt se durcir qu'autre chose.
03:33 Qu'est-ce que vous demandez au gouvernement pour éventuellement revenir à la table des négociations ?
03:37 C'est vraiment de retirer, ce qui est pourtant une balise forte du projet d'Elisabeth Borne,
03:41 cet âge légal de départ à la retraite repoussé à 64 ans ?
03:45 Oui, et c'est pour ça que c'est compliqué, et c'est pour ça qu'on a très peu de contact aujourd'hui avec le gouvernement,
03:49 puisque la mesure phare est le report de l'âge, et pour nous c'est une ligne rouge.
03:53 Mais encore une fois, pour retourner à la table des négociations,
03:57 ça serait de nous dire "ok, il manque 12 milliards pour financer notre régime,
04:01 est-ce qu'il y a d'autres solutions que le report de l'âge pour financer ces 12 milliards ?"
04:05 Et vous vous dites "il y a d'autres voies et on ne les a pas explorées".
04:07 Il y a d'autres voies et on ne les a pas toutes explorées.
04:09 Comment vous expliquez justement que le gouvernement soit ainsi arc-bouté sur ce point précis du report de l'âge légal,
04:15 alors que même que tous les syndicats l'ont dit, ils sont contre ?
04:19 Je ne sais pas, c'est sûrement un lien avec le programme présidentiel, où ça avait été annoncé fortement,
04:23 et je crois que le président veut montrer que ce qu'il avait annoncé, il va le faire.
04:27 Il avait annoncé 65 ans.
04:28 Il avait annoncé 65 ans, même si très rapidement dans la campagne, il avait dit qu'il n'était pas complètement fermé,
04:34 mais très honnêtement, il y a vraiment d'autres sources de financement.
04:37 Encore une fois, la CFTC en tant que syndicat réformiste n'a jamais nié le fait que notre système
04:43 allait se retrouver en déficit dans les années à venir.
04:45 On a juste minoré ce déficit.
04:47 Et la solution, elles sont multiples, elles sont simples, on les a proposées au gouvernement.
04:53 Malheureusement, on n'est pas entendus, puisque sur ce volet financement, aucune discussion n'est possible.
04:57 Et vous n'espérez rien du débat à l'Assemblée ?
04:59 Le gouvernement a appelé en quelque sorte à respecter le temps parlementaire.
05:04 Alors on espère une chose, une chose forte, c'est que les parlementaires ne le votent pas ce texte.
05:08 Et c'est d'ailleurs pour ça que le 16 février, on a fait une manifestation pour mettre une pression à ce moment du vote.
05:14 Enfin, s'il y a un vote, parce qu'aujourd'hui, c'est loin d'être acquis.
05:17 Donc on espère que le Parlement, et on discute beaucoup avec les parlementaires,
05:21 et je peux vous dire que même dans la majorité, beaucoup sont mal à l'aise avec ce texte.
05:25 Et donc on espère vraiment qu'on soit entendus, qu'il ne sera pas voté.
05:28 Un mot rapidement de la manifestation de samedi.
05:31 L'enjeu c'est quoi ? C'est d'avoir plus de familles dans les rues, des salariés du privé aussi en plus grand nombre ?
05:36 Oui, même si le privé s'est quand même déjà bien mobilisé.
05:39 Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, on a beaucoup de retours sur des familles entières qui viendraient manifester.
05:43 Pouvoir avoir aussi d'autres secteurs d'activité pour lesquels aujourd'hui c'est compliqué de venir manifester.
05:47 Je pense par exemple aux assistantes maternelles qui nous disent "nous, en semaine, avec les enfants qu'on doit garder,
05:53 honnêtement on ne peut pas le faire et on a envie de venir avec vous".
05:55 Donc on pense qu'il y aura beaucoup de monde samedi.
05:58 Et on pense qu'il y aura beaucoup de nouvelles personnes qui n'ont pas pu jusqu'à présent manifester.
06:02 Ou certaines personnes qui, à la troisième manifestation, commencent à avoir des problèmes de pouvoir d'achat parce que ça coûte cher.
06:08 Et donc un samedi leur permet de revenir parmi nous.
06:12 Merci beaucoup Cyril Chabanier, président du syndicat CFTC, invité du 5-7 de France Inter.

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