Enfant, David Foenkinos ne lit pas. C’est seulement à l’adolescence, à la suite d’une maladie qui l’oblige à rester au lit, qu’il se passionne pour la lecture mais également pour la musique. Le destin l'a amené à écrire lui-même. Aujourd’hui, il sera sur le plateau de Télématin pour nous présenter l’adaptation au théâtre de son roman La délicatesse.
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00:00 Vous avez certainement lu de lui quelques-uns de ses best-sellers comme "La Délicatesse", "Charlotte" ou bien plus récemment "Numéro 2".
00:06 C'est le romancier David Fuenkinaus qui est notre invité ce matin. Bonjour David.
00:09 Bonjour.
00:10 Soyez le bienvenu.
00:11 Merci.
00:12 On va parler avec vous de l'adaptation sur scène au théâtre de l'œuvre à Paris de votre livre incontournable "La Délicatesse" par trois jeunes comédiens talentueux.
00:21 On en parle dans quelques instants mais on souhaitait commencer en se mettant dans votre tête, David.
00:25 Connaître votre réaction et votre attitude une fois que vos livres sont écrits et que vous en cédez les droits à un réalisateur ou bien un émetteur en scène.
00:32 On va prendre un exemple. On va prendre "Les Souvenirs", le film de 2014.
00:35 J'imagine, donc c'est réalisé par Jean-Paul Roux, j'imagine que vous vous étiez fait votre casting idéal.
00:39 Est-ce vrai, David, que lorsque Jean-Paul Roux vous dit "J'ai pensé à Annie Cordy" pour jouer le rôle de cette dame qui fuit une maison de retraite, est-ce que vous avez eu un petit doute au début ?
00:50 J'ai été hyper surpris. Je ne m'y attendais pas du tout. Je n'y avais pas du tout pensé à elle.
00:54 Et c'est vrai que ça a été un choix absolument miraculeux.
00:56 Jean-Paul Roux a eu une intuition géniale parce que c'est vrai qu'elle est bouleversante dans le film.
01:01 Et en plus, j'ai eu la chance, quand on a fait la tournée du film, de la rencontrer.
01:05 C'était une femme d'une humanité, d'une gentillesse, d'un rapport avec le public.
01:09 Je n'ai rarement vu ça. Et c'est vrai qu'elle fait partie de la force du film. Je lui dois beaucoup.
01:15 On est dans un autre cas de figure, un peu plus tôt, 2011, l'adaptation de "La Délicatesse" déjà au cinéma,
01:21 la citature est par votre frère Stéphane et vous. Vous en gardez quel souvenir cette fois-ci ?
01:26 Ça, c'est un moment qui a changé nos vies. C'est notre premier film.
01:31 À l'époque, le livre n'est pas connu. Quand Audrey Tautou nous dit "oui", elle a envie de jouer Nathalie, on n'en revient pas.
01:37 C'est vrai que c'était un rêve. Et c'est vrai que la rencontre avec François Damiens,
01:41 ça fait partie des plus beaux souvenirs de ma vie d'avoir la chance de passer ces mois avec eux.
01:46 C'est vrai que le film m'a pris à voyager dans le monde entier. Mais c'est un moment extrêmement émouvant pour moi.
01:53 Et la co-réalisation, David, vous avez aimé ça, l'exercice ?
01:56 De toute façon, on ne fait que ça. En tant que film, on a fait trois films ensemble avec mon frère.
02:01 C'est vrai qu'on est un duo, on est très complémentaires. C'est extrêmement plaisant de travailler ensemble.
02:06 Pour l'instant, on est un peu en pause au niveau de la réalisation. Mais j'espère qu'on va revenir.
02:10 Alors on y vient. La Délicatesse, c'est adapté au théâtre de l'œuvre.
02:15 Alors vous n'êtes pas impliqué, on est d'accord, David, dans ce projet.
02:18 Simplement, vous avez lu la pièce, vous avez adoré la mise en scène et donc vous aviez envie de la défendre ce matin sur votre plateau.
02:24 C'est exactement ça. Je n'étais pas du tout impliqué.
02:27 J'ai laissé les droits et j'ai découvert le spectacle avec une rumeur très positive
02:32 parce qu'ils l'ont présenté à Avignon cet été. Je ne l'avais pas vu.
02:34 Et c'est vrai que beaucoup de théâtres parisiens voulaient la reprendre.
02:37 Et donc je l'ai découvert à Nice et maintenant elle est à Paris.
02:40 Alors ils m'avaient envoyé un projet, évidemment, pour que je puisse accepter pour les droits.
02:45 Mais j'ai découvert et j'ai trouvé ça extrêmement...
02:48 Alors c'est toujours un peu bizarre de dire ça parce que c'est un livre que j'ai écrit il y a 15 ans.
02:51 Donc il me paraît assez lointain.
02:53 Donc vous êtes presque en train de le redécouvrir.
02:55 Je le redécouvre complètement.
02:56 Et surtout, j'ai été émerveillé par...
02:58 C'est une tragique comédie parce que c'est un drame qui se transforme en comédie.
03:02 - On le rappelle en deux mots. - C'est l'histoire d'une femme, Nathalie, qui perd son compagnon.
03:08 - Dans un accident. - Voilà.
03:09 Et qui va redécouvrir la vie en rencontrant une sorte de Suédois dépressif
03:13 qui au cinéma avait été interprété par François Damiens.
03:16 Et donc elle va être émerveillée par cet homme et elle va être surprise en permanence par ses attitudes.
03:21 Et c'est vrai que j'ai vu ce trio de comédiens qui m'a émerveillé.
03:25 On va les citer. Il y a Célène Assaf, Jean Franco et Jérôme Chouffe.
03:28 Je pense qu'on prononce comme ça.
03:29 Ils enseignent du Thierry Sura.
03:30 Donc ça se passe au théâtre de Loev.
03:31 Voici un extrait d'une scène qui est devenue culte.
03:33 La scène du jus d'abricot, la rencontre dans un bar. Regardez.
03:38 Premier rendez-vous. Si elle commande un déca, levez-vous, allez-vous-en.
03:41 On n'a pas le droit de prendre un déca à un premier rendez-vous.
03:44 C'est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé peut-être ?
03:46 Un thé c'est guère mieux. À peine rencontré, s'installe déjà une sorte de coco un peu mou.
03:51 On sent qu'on va passer des dimanches après-midi devant la télévision.
03:54 Ou pire, chez les beaux-parents.
03:55 Le thé c'est incontestablement une ambiance de belle famille.
03:57 Mais alors quoi ?
03:58 De l'alcool.
03:59 Non, pas assez torsi.
04:00 Les hommes détestent les femmes qui se mettent à boire d'un coup comme ça.
04:02 Même un verre de vin rouge ça ne passe pas.
04:04 J'ai continué d'attendre qu'elle choisisse ce qu'elle allait prendre,
04:06 en poursuivant ainsi mon analyse liquide de la première impression féminine.
04:09 Un jus peut-être. Mais quel jus ?
04:11 Quel jus ?
04:12 Pour le choix des jus, évitez les grands classiques.
04:14 Évitons la pomme ou l'orange.
04:15 Non, trop vu. Il faut être un tout petit peu original.
04:17 Sans être toutefois excentrique.
04:18 La papaye ou la goyave, ça fait peur.
04:19 Non, le mieux c'est de choisir un entre deux.
04:21 Le jus d'abricot, c'est parfait.
04:23 Si elle choisit ça, je l'épouse.
04:27 Je vais prendre un jus.
04:29 Un jus ?
04:32 Un jus d'abricot.
04:33 Oui, un jus d'abricot !
04:35 Un jus d'abricot !
04:37 C'est vrai qu'elle est culte, cette scène.
04:40 Est-ce que ça vous est vraiment arrivé dans la vraie vie ?
04:42 Ou c'est vraiment sorti de votre imagination ?
04:44 À l'époque, je vendais très peu de livres.
04:45 Et c'est vrai que quand j'ai écrit cette scène,
04:47 je ne peux pas savoir que La Délicatesse va rencontrer un tel succès.
04:49 Et donc, pendant des mois et des années, partout où j'irais,
04:53 on me moquerait du jus d'abricot.
04:55 Je disais, mais non, j'ai juste écrit ça,
04:56 je ne suis pas un psychopathe du jus d'abricot,
04:58 laissez-moi tranquille.
04:59 Mais c'est vrai que ça a été un peu symbolique
05:02 du début de l'histoire, en tout cas.
05:05 Vous avez dû recevoir depuis,
05:06 donc vous disiez que ça fait déjà 15 ans
05:07 que vous l'avez écrite, cette Délicatesse.
05:09 Vous avez dû recevoir plein de témoignages
05:11 de gens auprès desquels votre livre a fait du bien.
05:14 "Perdre un être cher, on se dit ma vie est foutue."
05:15 Et en fait, non, on peut toujours retrouver l'amour.
05:18 Exactement.
05:19 À l'époque, ça a été extrêmement émouvant.
05:20 J'ai reçu beaucoup de lettres de femmes,
05:22 de messages sur Facebook.
05:23 C'est vrai que ça a été très, très, très fort.
05:25 Vous n'aviez pas imaginé, j'imagine,
05:27 que ça allait déclencher autant de sentiments d'addition.
05:29 Non, mais beaucoup de gens me disaient,
05:30 effectivement, comment as-tu pu être si proche
05:32 de ce que j'avais ressenti ?
05:33 Et je me suis rendu compte que j'ai transposé.
05:35 Je n'ai pas connu le deuil, je ne suis pas veuf,
05:38 mais j'ai été gravement malade à l'âge de 16 ans.
05:41 J'ai rencontré la mort d'une certaine manière.
05:43 Je connais l'énergie du retour à la vie.
05:46 Et c'est vrai que je pense que j'ai transposé
05:48 beaucoup de choses personnelles dans cette histoire.
05:50 Ça veut dire qu'il y a eu un avant-après,
05:51 la délicatesse, dans votre vie, dans votre carrière ?
05:53 Vraiment, ça a été marquant ?
05:54 Bien sûr, c'est évident.
05:55 C'est vrai que ça a été…
05:56 Je suis passé de 2 000 exemplaires à 1,5 million.
05:59 Ça a été complètement surréel pour moi.
06:00 Un facteur du déclin.
06:01 Moi, je croyais que c'était une blague au début.
06:03 Je voyais tous les gens lire ce livre-là.
06:05 Et c'est vrai que ça m'a donné aussi
06:07 une très grande liberté de pouvoir créer.
06:10 Après, j'ai écrit un livre, Charlotte,
06:11 sur une peintre allemande, Charlotte Solomon.
06:13 Voilà, j'ai pu alterner.
06:15 Ça veut dire que vous n'auriez pas abordé
06:17 certains thèmes, certaines histoires,
06:19 si il n'y avait pas eu le succès de la délicatesse ?
06:20 Peut-être. Ça m'a donné le temps aussi
06:22 de pouvoir écrire ce que je voulais,
06:23 comme je le voulais.
06:24 Ça m'a donné cette liberté incroyable.
06:26 Et c'est vrai que c'est une histoire.
06:28 Moi, je me sens totalement encore dans cette énergie-là.
06:31 David, gardez cette belle énergie.
06:32 On marque une petite pause.
06:33 Vous aimez bien John Lennon, hein ?
06:34 J'adore.
06:35 Voilà, justement.
06:36 On a choisi John Lennon pour partir en pause.
06:37 Ah, super.
06:38 Et on revient et on continue à parler de votre actualité.
06:40 et moi je vous dis à la prochaine.