Aujourd'hui, l'équipe de Télématin reçoit le comédien et auteur Anthony Delon. Il présente sur le plateau son nouveau roman Bastingâge, abordant « l’emprise, l’attachement à nos douleurs, aux souffrances ». Le fils d’Alain Delon explique ensuite qu’il a eu besoin d’écrire « pour expulser tout ça ». Un livre dans lequel, selon lui, il n’est pas possible de faire des transpositions avec son histoire familiale : « c’est de la fiction ».
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00:00 -Bonjour. -Bonjour.
00:01 -Il s'est dit "bonjour" au plateau.
00:03 C'est Antony Delon qui nous a rejoint.
00:05 Bonjour, bienvenue. Votre livre "Bastingage" vient de sortir.
00:08 Il est publié chez Fayard. C'est votre 3e livre.
00:11 Qu'est-ce qui vous a donné envie d'écrire celui-là ?
00:14 -Alors, celui-là, j'avais besoin de...
00:18 Vous avez vu, c'est une histoire d'amour karmique, toxique.
00:24 Ca parle de l'emprise, de l'attachement
00:27 à nos douleurs, à nos souffrances.
00:29 J'essaye de dénouer un peu les nœuds de l'inconscient, aussi.
00:34 Et j'ai eu besoin de l'écrire parce que j'ai été moi-même...
00:39 Comment dire ? J'ai pas envie de dire victime,
00:42 parce que je pense que dans cette histoire,
00:44 il n'y a pas de bourreau et de victime.
00:46 Il y a deux victimes.
00:48 Parce qu'en fait, on est aussi, je pense,
00:50 attachés, mais sous l'emprise de nos propres souffrances.
00:55 Et j'ai eu besoin d'expulser tout ça.
00:58 -Anthony, c'est un bouquin bien écrit,
01:00 dans lequel on plonge, on est pris par cette histoire.
01:03 Vous dites qu'il y a de vous, vous avez été victime d'emprise.
01:07 On se parle franchement. -A mes souffrances, à moi.
01:10 -A vos souffrances, à vous.
01:12 On reconnaît beaucoup de personnages.
01:14 On peut faire des transpositions.
01:16 On peut reconnaître votre père, votre soeur, etc.
01:19 Est-ce la suite du grand règlement de compte familial ?
01:22 -Non. Alors, écoutez,
01:23 j'ai terminé d'abord ce livre au mois de novembre.
01:26 Je l'ai commencé il y a un an.
01:28 J'ai écrit... Vous avez lu le livre ?
01:31 -Oui. -Bon.
01:32 Vous avez vu, il y a beaucoup de dialogues.
01:34 C'est vrai que quand j'ai présenté les 20 premières lignes,
01:38 les 20 premières pages à l'éditeur, je lui ai dit
01:40 "ça vous dérange si j'écris des dialogues ?"
01:43 Ils m'ont dit "non, faites ce que vous voulez".
01:45 C'est un peu comme un roman dialogué,
01:47 comme une continuité dialoguée au cinéma.
01:50 Et donc, si vous voulez, c'est de la fiction.
01:52 Je veux dire, j'ai posé un décor,
01:56 qui est une famille,
01:57 lié à des inspirations familiales,
02:01 mais qui sont plus d'ordre géographique ou factuel.
02:04 -Oui. -Et ensuite,
02:05 je suis parti dans mon histoire.
02:07 Il faut savoir que cette histoire d'amour,
02:09 en fait, c'est un kaleidoscope.
02:12 C'est trois histoires en une.
02:14 C'est sur trois décennies.
02:15 Mais l'avantage du roman, si vous voulez,
02:18 c'est que vous pouvez attribuer aux personnages
02:20 des qualités, des défauts,
02:22 mais qui ne sont pas les leurs aussi.
02:25 C'est-à-dire que c'est beaucoup de fiction.
02:27 Donc, vous savez, dans "Le Chien et l'Ou",
02:30 entre "Chien et l'Ou",
02:32 j'ai exploré la famille, j'ai parlé de...
02:34 -C'était déjà le cas. -J'ai tout dit.
02:36 Si vous voulez, par exemple, mon père, Joseph,
02:39 dans le livre... -Dans le livre.
02:41 -Ce n'est pas mon père.
02:44 -En fait, on va commencer par dire "mon père".
02:47 -Oui, mon père dans le livre,
02:49 parce que je suis l'auteur dans la fiction.
02:51 Le personnage s'appelle Philippe.
02:54 C'est vrai qu'il y a effectivement du vécu,
02:57 mais surtout dans les histoires d'amour.
03:00 Sinon, j'aurais dit des conneries.
03:02 -Quand vous dites que vous avez eu besoin
03:04 d'expier vos souffrances, ça vient de vous.
03:07 Il vous ressemble un peu dans le livre.
03:09 -Oui, il me ressemble, bien sûr, heureusement.
03:12 Il me ressemble dans cette histoire.
03:14 Si vous voulez, j'ai réuni ces trois histoires d'amour
03:17 pour en faire une cohérence, naturellement,
03:20 pour pouvoir raconter celle-ci.
03:22 Si j'avais parlé de la famille,
03:24 parce qu'en fait, le point de départ de tout ça,
03:26 c'est l'enfance. -Evidemment.
03:28 -C'est les souffrances de l'enfance.
03:30 Puisque c'est aussi une histoire karmique,
03:33 parce que je crois aux âmes soeurs,
03:35 alors les scientifiques vous diront...
03:37 -Pardon, Anthony, mais c'est votre enfance,
03:40 ce sont vos souffrances que vous racontez
03:42 avec pudeur et distance.
03:44 -C'est vrai.
03:45 Mais je veux dire, je parle aussi de cette rencontre d'âmes soeurs,
03:49 de cette histoire karmique.
03:51 Parce que ça a un impact très important
03:53 dans la relation de cet homme et de cette femme.
03:56 -Avec Luna. -Voilà.
03:57 Les scientifiques diront que c'est la mémoire cellulaire.
04:01 Moi, je pense que je crois aux âmes.
04:03 Je crois aux rencontres, aux âmes soeurs,
04:06 aux vies antérieures.
04:07 Et ces deux personnages, cet homme et cette femme,
04:10 se sont retrouvés ici et maintenant
04:12 pour régler des différents...
04:14 Mais surtout pour comprendre leurs souffrances.
04:17 -Il y a Luna, Philippe, Mathilde, la demi-soeur,
04:19 avec son père, Joseph.
04:21 Mathilde a, sans sourcil,
04:22 qu'elle s'est installée en Suisse pour se rapprocher
04:25 de son papa vieillissant.
04:27 -C'est géographique. -C'est factuel.
04:29 -Ca ressemble. -Vous savez,
04:31 vous êtes un mec hyper intelligent,
04:33 vous savez que c'est pas neutre de publier ça aujourd'hui.
04:36 -Vous savez, encore une fois, comme vous dites,
04:39 l'affaire Delon, elle a explosé le 4 janvier.
04:42 -Vous avez fini d'écrire avant.
04:44 -Je vais pas changer la structure de mon bouquin
04:46 parce que tout d'un coup, il y a cette affaire.
04:49 -Est-ce que cette affaire dépasse la sortie de ce livre ?
04:52 -Elle a parasité un peu.
04:54 -Est-ce que vous avez fini d'écrire en novembre,
04:57 l'affaire éclate juste après ?
04:58 -J'ai fini d'écrire le 28 novembre,
05:01 j'ai eu un pépin du bon à tirer,
05:03 donc je l'ai terminé le 20 décembre.
05:05 Mais c'est vrai, c'est sûr que, quelque part,
05:08 ça vient parasiter un petit peu.
05:10 Mais bon, c'est comme ça,
05:11 je peux pas tout d'un coup me jeter sur le bouquin
05:14 et rechanger toute ma structure.
05:16 -Vous avez pas pensé à décaler la sortie
05:19 pour éviter qu'on parle trop de l'affaire ?
05:21 -Je pense que ça n'aurait rien changé.
05:23 -Quand on vous lit, on se dit que Philippe a pas une vie facile.
05:27 Et Anthony, comment vous allez ?
05:29 Vous êtes un monstre de protection de vous-même.
05:32 -Non, c'est pas vrai.
05:33 C'est pas vrai.
05:35 Je vais bien, si vous voulez.
05:37 -Un monstre de sensibilité.
05:39 -Ce que je veux dire, c'est que parfois,
05:41 on se construit sur des failles.
05:43 Donc, vous avez vu, entre "Chien et Loup",
05:46 je parle d'amour,
05:48 je parle de pardon, de résilience,
05:51 je parle de la capacité à se construire sur nos blessures.
05:55 Et je me suis rendu compte,
05:58 et c'est pour ça que j'ai eu envie d'écrire cette histoire,
06:01 qu'on se construit sur des blessures
06:03 et puis, un jour, on se rend compte
06:05 qu'il y a des choses qu'on n'a pas réglées.
06:08 -Valérie ? -Vous dites que vous êtes
06:10 votre ennemi le plus terrible.
06:12 -Ca veut dire que je parle de l'attachement à nos douleurs,
06:16 je parle d'emprise,
06:19 de notre propre douleur sur nous.
06:22 Parce qu'en fait, la personne que vous rencontrez,
06:25 en tout cas dans cette histoire, n'est qu'un déclencheur.
06:28 Et en fait, un déclencheur de nos souffrances, de nos failles,
06:32 de...
06:33 Comment dire ? De la culpabilité qu'on peut avoir à l'intérieur de nous,
06:38 du manque d'amour pour soi,
06:41 qui sont des déclencheurs très puissants de l'emprise
06:45 et des relations toxiques.
06:46 Et en fait, c'est face à nous,
06:50 en tout cas, c'est face à lui que ce personnage
06:52 doit se confronter.
06:54 Et Luna est un témoin, elle est un déclencheur.
06:58 -On continue à parler de bastingage avec Anthony Delon,
07:01 qui est l'invité de Télématin.