Le général Vincent Desportes revient sur la livraison de chars français à l’Ukraine : «On est sur un chemin qui est dangereux et qui peut conduire au pire».
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 - Je ne crois pas qu'elle soit un tournant.
00:02 On n'arrive pas de tourner dans cette guerre,
00:03 donc on tourne en rond alors qu'elle va tout droit.
00:05 On est sur une démarche d'escalade, de montée aux extrêmes,
00:09 qui est assez naturelle parce que la nature de la guerre,
00:12 c'est la montée aux extrêmes.
00:14 Il faut bien se rendre compte qu'on est sur un chemin
00:16 qui est dangereux et qui peut conduire au pire.
00:18 - 321 chars lourds, on t'était promis par les Occidentaux,
00:21 on ne parle pas des Français pour l'instant.
00:23 Ça suffit à faire la différence sur le terrain, je dirais, ou pas ?
00:26 - Oui et non.
00:27 Avec 300 chars, vous pouvez commencer à monter une manœuvre blindée
00:31 qui permette effectivement de monter une offensive.
00:33 Mais ces blindés doivent être entourés de beaucoup d'autres choses,
00:36 c'est-à-dire de fantassins dans des véhicules de transport de troupes blindées,
00:40 de matériel du génie, etc.
00:42 Donc ça peut changer les choses,
00:45 mais il y a une manœuvre à monter,
00:46 une manœuvre compliquée qui doit être préparée.
00:49 Et donc ces chars pourront changer la donne,
00:52 pas tout de suite, dans quelques mois,
00:53 une fois que tout ça sera prêt, que les équipages seront entraînés
00:56 et que l'armée ukrainienne saura manœuvrer ces nouveaux chars.
00:59 Elle ne sait pas le faire pour l'instant.
01:00 - C'est-à-dire qu'il faut de la formation pour les soldats,
01:02 les mécaniciens ukrainiens qui ne connaissent pas les technologies
01:05 qui sont sur ces chars-là ?
01:06 - Oui, alors il faut, il y a une formation des mécaniciens,
01:09 vous avez raison, et une formation des équipages.
01:11 Si je prends le cas du char Leclerc, qui est un excellent char,
01:14 les tireurs et les pilotes passent des journées entières sur des simulateurs
01:19 avant de rentrer dans le char.
01:20 Il faudra, si d'aventure la France donnait ces chars,
01:24 il faudrait que les équipages ukrainiens viennent en France
01:26 dans le centre de formation, soient formés avant de repartir.
01:29 La formation est évidemment fine, longue,
01:32 si on veut tirer parti de ce char avec sa véritable plus-value.
01:35 - Combien de temps pour être formé sur un char Leclerc ?
01:37 Au moins trois mois, minimum trois mois ?
01:39 - Ah oui, oui, au moins trois mois.
01:40 Et après la formation sur le char l'humain,
01:42 vous avez la formation des unités, plotons, compagnies, etc.,
01:46 qui prend elles-mêmes du temps.
01:48 Donc on voit bien que ces chars pourront changer la donne,
01:51 probablement, mais je ne dirais pas avant la fin du printemps,
01:55 probablement pas.
01:56 (Générique)
01:59 ---
02:00 [SILENCE]