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Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Philippe Vandel reçoit chaque jour un invité.
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NewsTranscription
00:00 Bonjour Masha Meryl. Bonjour Philippe. Plaisir de vous retrouver comme médienne. Vous êtes beau,
00:04 bon matin. Je vous regardais. Les gens ne vous voient pas mais moi je vous vois. C'est vrai.
00:08 Vous vous améliorez avec le temps. Merci beaucoup. Vous savez qu'il n'est pas le bon matin. On ne va
00:11 pas dire votre âge mais j'aimerais bien que vous me le disiez. Moi je peux dire mon âge,
00:14 je suis né en 62. Je suis né le 5 juillet 62, le jour de la dénouement de l'Algérie.
00:18 Puisque vous parlez de ça, vous avez quel âge vous ? 82. Et bientôt 83 parce que je suis à
00:24 moitié, je suis au chemin vers le 83. Je peux vous dire, puisque après un compliment vient d'un
00:29 compliment, quand je vous vois je ne me dis pas qu'on a 23 ans d'écart. Et pour moi ce n'est pas
00:32 de bon matin parce que mon réveil sonne à 5h30. Donc je suis en plein milieu de ma journée et je
00:36 suis heureux d'être avec vous. Vous allez vous coucher après ? Quasiment. Déjeuner et la sieste.
00:40 Comédienne, romancière. Il y a deux ans vous avez venu nous parler de ce roman Vania, Vassia et la
00:45 fille de Vassia. Vous signez des livres également à la première personne comme l'homme de Naples
00:49 dans lequel vous dévoilez sous les yeux du photographe italien avec qui vous avez une
00:53 histoire d'amour torride. Il y a 40 ans on va en parler. Au cinéma vous avez tourné avec les plus
00:57 grandes Godard, Buñuel, Piala et une dizaine de pièces au théâtre. Et c'est votre actu, une nouveauté
01:03 à venir. Pièce qui s'appelle Une Étoile, signée Isabelle Lenovel. Ce sera au Théâtre Montparnasse,
01:08 la première ce sera le 9 février. L'étoile c'est vous qui l'incarnez, ma chameryle, une ancienne
01:13 danseuse qui a failli devenir étoile. Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de plus ? Parce que là j'ai
01:17 vraiment fait sommaire sur Lena, votre personnage. Qui est-elle ? Une pièce extraordinaire. Vous savez j'en ai vu passer des
01:22 pièces. Et bien celle-là elle est tout à fait à part. Parce que cet auteur a mis le doigt sur un sujet très
01:29 rare. C'est la solitude des gens qui ont eu une vie glorieuse. Ça vaut pour les grands sportifs, ça vaut
01:36 pour les journalistes, cher ami. Ça vaut que tout d'un coup, à un moment donné, ça s'arrête. Alors surtout
01:40 les grandes danseuses, ça s'arrête à 40 ballets, à 40, 50, c'est pire. Ou elles deviennent chorégraphes, ou
01:47 elles deviennent... Et c'est terrible parce que c'est des gens qui ont eu des vies trépidantes avec des
01:53 efforts considérables. Parce que pour être danseuse, il faut une volonté d'acier, il faut avoir vraiment un
01:58 corps particulier. Et puis tout d'un coup, tout s'arrête. Et donc la vie personnelle, la vie privée prend le
02:04 dessus. Et elle n'est pas toujours satisfaisante. Et donc le sujet c'est, est-ce que, c'est une proposition
02:09 que fait cette pièce que j'aime beaucoup, est-ce qu'il ne faut pas s'inventer la vie ? Est-ce qu'il ne faut pas
02:14 scénariser son existence ? Et c'est une proposition pour les seniors. C'est une pièce qui s'adresse aux seniors,
02:20 de leur dire "écoutez, ne flanchez pas, quand vous avez, tout s'écroule un peu parce que vous ne servez
02:25 plus à rien, vous êtes rangé des voitures, on vous considère pas, est-ce qu'il ne faut pas à ce moment-là
02:31 avoir une vie parallèle, qui est une vie imaginaire ?" Alors moi je suis tout à fait d'accord, parce que je le
02:36 vis évidemment, parce que étant comédienne, j'ai déjà 36 vies. Mais pas tout le monde !
02:41 - Oui mais non, parce que votre carrière ne s'est pas arrêtée. - Elle continue, ce n'est que le début mon ami !
02:45 - Elle continue ! Mais quand on est danseuse c'est complètement différent, parce que est-ce que vous pensez
02:50 que la souffrance est aussi énorme, puisqu'on est prévenu ? C'est comme les footballeurs, on avait fait un sujet
02:54 là-dessus sur "une danseuse sait qu'elle ne va pas être danseuse étoile à 50 ans", idem pour les footballeurs.
02:59 Mais la douleur est aussi vive, quand bien même on le sait. - Mais il faut s'inventer une autre vie, mais je crois
03:03 que ça vaut pour tout le monde. Cette histoire de la retraite, qui est en actualité, c'est une cochonnerie
03:08 cette retraite. Parce que pourquoi il faudrait que la vie s'arrête tout d'un coup, à un moment donné ?
03:13 Il faudrait déjà avoir des problèmes pour la suite ! - La polémique de la retraite ce n'est pas ça, ce n'est pas
03:17 que la vie s'arrête, c'est que le travail s'arrête, et pour justement qu'on aille vers une autre vie éventuellement.
03:22 - Alors bon, entendons-nous, qu'est-ce que le travail ? Pour moi le travail est un plaisir.
03:27 - Le type qui se lève et qui fait du marteau-piqueur du matin au soir, il est content que ça s'arrête.
03:32 - Mais écoutez, moi je connais des maçons qui adorent tellement leur métier, qui sont tristes de s'arrêter !
03:36 Alors bon, tout ça, on ne va pas rentrer là-dedans parce que c'est un sujet glissant ! Mais franchement,
03:41 je crois qu'il y a pour tout le monde la question de l'âge. C'est-à-dire qu'on arrive au-delà de 60 ans,
03:46 au-delà de 65 ans, qu'est-ce qu'on fait de sa carcasse ? Et moi je pense qu'il y a beaucoup à faire.
03:51 Parce que ce n'est pas tout physique. La vie n'est pas physique. - Alors je veux dire, j'ai lu évidemment la pièce,
03:57 et je me suis dit "cette pièce a été écrite pour Macha Merrill". - C'est formidable !
04:01 - Alors oui ou non ? - Non, pas du tout. Alors c'est un hasard, ce n'est pas du tout moi qui devais le faire,
04:05 ça m'est tombé dans les mains avec bonheur, mais moi je crois au destin. Je crois que tout d'un coup,
04:10 comme ça, les choses trouvent leur chemin. Cette pièce, c'était vraiment moi qui devais la jouer, cette pièce.
04:14 Mais parce qu'elle défend des choses que je dis depuis très longtemps, vous me connaissez,
04:19 c'est que je ne crois pas à la vieillesse. Je pense que la vieillesse est un moment extraordinaire.
04:24 On est mieux. Moi je me considère beaucoup plus belle qu'avant, n'est-ce pas ?
04:30 - Oui, je n'ai pas dit un nom parce que j'ai cru que vous quittiez le studio !
04:33 - La beauté, ça s'améliore. Deux, l'intelligence, ça s'améliore. Trois, les rapports avec les autres.
04:39 On a plus d'expérience, on est moins crétin. Et surtout, on a une espèce de bienveillance et de curiosité.
04:45 Alors surtout, parce que qu'est-ce que c'est la curiosité ? C'est le choix. C'est écarter les choses qui ne vous intéressent pas.
04:50 Ne faire que ce qui vous intéresse. Et ça, ça vous permet d'être mieux, comment dire, concentré.
04:56 C'est terrible la jeunesse. On est fourre-tout quand on est jeune. On va un peu dans tous les sens.
05:01 - Et je vais vous dire aussi pourquoi je pensais que cette pièce avait été écrite pour vous, parce que cette pièce s'appelle "L'Étoile".
05:05 Votre premier roman, "Machin Méril", c'est en 1982, ça s'appelait "La Star".
05:08 Et je me dis, la ressemblance ne peut pas être que fortuite. Eh bien si !
05:11 - C'est amusant que vous disiez ça, parce que je vais le ressortir, ce livre.
05:16 Je l'ai repris, j'ai repris les droits chez Grasset. Il va ressortir en septembre.
05:21 C'est un livre très important, parce que je raconte les dangers d'être une star, justement.
05:26 Je pense que c'est terrible. Moi j'ai eu du bol, parce que je suis une outsider.
05:32 Je n'ai pas vraiment été une star. Et je crois que c'est ma force et ma chance.
05:36 Et c'est pour ça que je dure. Parce que je n'ai pas tous les devoirs et les obligations d'une star.
05:42 D'être toujours belle, d'être obligée de faire de la chirurgie esthétique, j'ai jamais rien touché dans mon visage.
05:46 Ne pas être tout le temps en représentation, de dire "Est-ce qu'ils m'aiment encore ? Est-ce qu'ils me veulent encore ?"
05:51 Non, moi c'est pire que ça. C'est que je vous conquière à chaque pas.
05:57 Chaque nouvelle étape est une nouvelle étape de séduction. Et ça, je peux me le permettre.
06:03 - Il y a une dimension dans la pièce et dans la vie de Macha Meryl dont on n'a pas parlé, ça tombe bien.
06:07 On marque une pause, elle revient à tout de suite dans Culture Média.
06:10 - Philippe Vandel.
06:11 - En compagnie de Macha Meryl, la pièce "Une étoile", pièce d'Isabelle, le nouvel, au Théâtre Montparnasse.
06:17 Ça va démarrer, la première ce sera le 9 février. Je disais, on avait l'impression que la pièce avait été écrite pour elle.
06:22 Vous me parliez de ce livre "La Star" que vous allez ressortir, que vous allez remettre au...
06:26 Pas au goût du jour, mais que vous allez repeigner, rafraîchir.
06:29 - C'est ça, je l'ai un peu dégraissé parce que les premiers livres, c'était mon premier roman.
06:34 C'est toujours plein, plein, n'est-ce pas ? On veut montrer qu'on sait écrire, il y a trop de descriptions, trop d'adjectifs.
06:39 Et puis c'est un très bon sujet, toujours valable, et auquel je tiens beaucoup
06:45 parce que je tiens aussi à dire les dangers de nos métiers.
06:48 Nous faisons des métiers dangereux, les actrices.
06:51 C'est pas facile d'être une femme publique, une femme qui s'expose, une femme qui se montre.
06:56 Il faut avoir une espèce de largesse d'esprit et d'être très sportive.
07:02 - Voilà, et on voit comment ça a fini, puisque vous en parlez dans ce livre pour Marilyn Monroe, par exemple.
07:07 - C'est ça, je me suis inspirée de trois destins, c'est Martine Carole, Romy Schneider et Marilyn Monroe
07:12 qui ont des destins un peu semblables, c'est-à-dire des catastrophes.
07:15 - Mais il y a aussi une autre dimension dans cette pièce, c'est la filiation.
07:19 Elle a un fils, Elena, il s'appelle Paul. Ils ont l'air de beaucoup s'aimer, de se manquer quand il n'est pas là.
07:24 C'est surtout elle qui l'attend. Et pourtant, Paul a des sautes d'humeur.
07:28 Alors c'est pas facile d'en parler, puisqu'il y a un secret entre eux.
07:32 - Alors, c'est la question des rapports mère-fils.
07:36 Il y a un moment donné où les choses se renversent, où le fils devient le maître de la mère.
07:43 La mère domine pendant très longtemps, et puis tout d'un coup, avec l'âge, ça se renverse.
07:48 Et il faut qu'elle ait besoin de son fils. Mais elle ne veut pas l'avouer.
07:52 Et je pense que tous les parents ont cette question-là.
07:55 C'est tout d'un coup de reconnaître qu'ils sont vieux, et qu'ils ont besoin de leurs enfants.
08:00 Et je crois que cette question de la solitude des vieux, dont on dit beaucoup de clichés,
08:05 c'est-à-dire "oui, ils sont tous seuls dans leur appartement, ils attendent leurs enfants",
08:08 c'est pas que ça. C'est que tout d'un coup, le monde leur échappe un peu,
08:12 et ils ont besoin de la médiation des enfants.
08:15 Alors ça, c'est un thème important.
08:17 Mais dans le cas de quelqu'un qui a été célèbre,
08:20 d'une femme qui a dominé, qui a été comme ça, une femme adulée, admirée,
08:25 forcément dès que tu montes sur scène, tu es déjà dans une situation d'être observé, d'être regardé,
08:30 le fils, c'est épouvantable, le fils d'une femme comme ça.
08:33 C'est-à-dire qu'il est tout le temps un peu en dessous.
08:37 Elle a déjà pris un coup derrière la tête, parce qu'elle était mariée avec un type,
08:42 un compositeur, qui n'a pas énormément de succès,
08:44 et puis d'un coup, il écrit une comédie musicale des chansons, et elle a un succès énorme,
08:48 et tout d'un coup, elle devient la numéro 2 dans le couple.
08:51 Alors ça, c'est aussi les aléas des métiers de spectacle.
08:54 Tout d'un coup, le succès t'arrive, et ça modifie les gens.
08:58 C'est très difficile de résister à un succès.
09:00 Vous savez, il y a Sige Vouvet qui disait "un succès est plus dangereux qu'un échec".
09:04 Parce qu'un succès, c'est quelque chose qui fait qu'on ne peut plus être la même personne face aux autres.
09:09 - Je veux dire, pourquoi je souris ? Parce que quand je me dis "mais la pièce est écrite pour elle",
09:11 c'est pas comme si vous n'aviez pas épousé un compositeur.
09:14 Non, parce que vous avez épousé Michel Legrand, je vais le raconter pour qui ne sait pas.
09:17 C'était votre amour de jeunesse, et vous l'avez retrouvé 50 ans plus tard,
09:20 et vous l'avez épousé, et une magnifique histoire d'amour.
09:22 - On s'est aimé toute notre vie, finalement. On s'est attendu.
09:25 Et c'est Lelouch qui me dit "oh dis donc, t'as mieux fait de l'épouser tard, parce qu'il t'aurait agacé avant".
09:29 Et je pense qu'il avait un sacré caractère, Michel.
09:32 - Ah oui, 50 ans sans se voir, ça évite les engueulades.
09:35 - Sans se voir, mais en se regardant de loin.
09:37 C'est ça qui a été notre beauté.
09:39 Et vous savez que c'est hier, fin de 6 janvier, 4 ans qu'il nous a quittés.
09:43 J'arrive pas à y croire.
09:45 Je continue évidemment à m'occuper de sa mémoire et de son oeuvre,
09:49 et nous faisons le prix, Michel Legrand.
09:51 - Je vous interromps, parce que je veux en dire un mot,
09:53 je veux rester sur le sujet de la pièce.
09:55 J'ai beaucoup aimé le sourire avec lequel vous disiez "mais tous les parents,
09:59 tous les parents, vous n'êtes pas parents, vous n'êtes pas maman, je trahis pas un secret".
10:02 Vous en avez longuement parlé dans un livre que vous avez publié en 2007, le titre est éloquent,
10:06 "Le jour où je suis morte, c'est le jour où vous avez su que vous n'aurez jamais d'enfant".
10:10 - Oui, alors je m'oppose un peu là aux féministes, qui d'ailleurs ne m'aiment pas,
10:15 parce que quand on dit "non, c'est pas la seule fonction d'une femme de faire un enfant,
10:19 on peut faire d'autres choses", etc.
10:20 C'est vrai, on peut décider de ne pas faire d'enfant.
10:22 Mais je pense que toute femme se pose la question un jour ou l'autre si l'enfant ou pas l'enfant.
10:28 - Mais se poser la question, c'est pas donner la réponse, c'est se poser la question.
10:31 - Oui, mais c'est le désir d'un enfant.
10:33 Je pense que le désir d'un enfant touche toutes les femmes.
10:35 Moi j'ai été privée de ça, parce que pour un accident, je peux le raconter,
10:40 je suis des femmes qui ont, avant la pilule, eu une interruption de grotesque mal foutue,
10:46 et je suis devenue stérile.
10:49 C'est un drame, c'est un drame, qu'il faut surmonter.
10:52 Je pense qu'on peut pas dire que c'est anodin,
10:55 et que c'est quelque chose sur lequel on peut passer comme ça, non.
10:58 Donc cette femme, et on révèle rien,
11:01 mais la présence de ce fils est une présence fondamentale.
11:05 Je ne crois pas que ce soit antiféministe que de dire que les femmes ont besoin de faire un enfant.
11:12 Ont envie et besoin de faire un enfant.
11:14 Et quand on ne peut pas, c'est une petite catastrophe.
11:19 Moi je l'ai surmonté parce que j'ai d'autres choses dans la vie,
11:22 et parce que j'en ai fait presque une identité.
11:27 Je suis une femme sans enfant,
11:30 et je suis une femme qui ne nie pas que ça a été un drame.
11:35 - Masha Merrill, avec nous on va parler de l'homme de Naples, qui est cet homme ?
11:38 On va parler de Michel Legrand, on va parler de la Russie, on va parler de l'Ukraine.
11:42 A tout de suite dans Culture Média.