Préserver les fonds marins du minage en eau profonde - En toute subjectivité
Une bonne nouvelle ce matin : l’Assemblée nationale a voté il y a quelques jours un texte historique visant à interdire l’exploitation minière des fonds marins. Par le journaliste Hugo Clément.
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité ce matin avec le journaliste présentateur de l'émission Sur le Front,
00:08 sur France 5, Hugo Clément, bonjour !
00:11 Bonjour Nicolas !
00:12 Hugo, ce matin, vous voulez nous parler d'une bonne nouvelle !
00:15 Oui, c'est vrai qu'en matière d'écologie, on a plus souvent envie de se pendre que d'aller
00:18 trinquer à la cantine de Radio France.
00:20 Mais pas aujourd'hui Nicolas, car l'Assemblée nationale a voté il y a quelques jours un
00:25 texte historique qui vise à interdire l'exploitation minière des fonds marins.
00:30 Cette pratique consiste à forer le fond de la mer à de grandes profondeurs pour en extraire
00:35 des métaux précieux, notamment du cobalt ou du nickel.
00:38 Pour l'instant, cette industrie n'en est qu'à ses balbutiements, mais tout est réuni
00:42 pour que cela devienne une catastrophe environnementale majeure.
00:45 L'écosystème préservé des abysses, l'un des rares laissés encore intact par l'humanité,
00:50 serait gravement détérioré par l'exploitation de ces ressources.
00:53 Alors en décidant d'interdire à titre préventif ce minage en eau profonde, la France, qui
00:59 dispose du deuxième plus grand espace maritime mondial, envoie un signal fort et coupe l'appétit
01:04 des industriels.
01:05 Et cette position de la France est-elle une surprise ?
01:07 En tout cas, ce n'était pas gagné Nicolas, écoutez ce que disait Emmanuel Macron en
01:11 2021.
01:12 Qui peut accepter que nous laissions en l'inconnu la plus complète une part si importante du
01:16 globe ? Qui est un levier extraordinaire de compréhension du vivant, peut-être d'accès
01:21 à certains métaux rares ?
01:22 A l'époque, le président ne semblait pas écarter une exploitation des fonds marins.
01:26 Mais c'était sans compter sur une mobilisation exceptionnelle de scientifiques, d'experts
01:31 et d'activistes, notamment de deux jeunes femmes, Camille Etienne et Anne-Sophie Roux.
01:36 Première étape, elles ont aidé les chercheurs à faire de la vulgarisation sur les réseaux
01:40 sociaux pour expliquer au grand public ce qu'était le minage en eau profonde et les
01:43 dangers qu'il représentait.
01:45 Deuxième étape, elles ont réuni des milliers de citoyens pour interpeller le gouvernement
01:50 en envoyant des mails, en postant des commentaires ou en signant des pétitions.
01:53 Troisième étape, une coalition de militants et de scientifiques s'est rendue à de grands
01:57 événements internationaux comme le sommet de l'océan en février dernier ou la conférence
02:02 de l'ONU sur l'océan à Lisbonne en juin.
02:04 Là encore, les représentants de la France ont été interpellés lors de réunions,
02:08 une manif a été organisée et des parlementaires ont rejoint le mouvement.
02:11 Quand soudain, en novembre dernier, lors de la COP en Égypte, Emmanuel Macron prend
02:15 la parole et déclare ça.
02:17 La France soutient l'interdiction de toute exploitation des grands fonds marins.
02:22 J'assume cette position et la porterai dans les enceintes internationales.
02:27 Une position claire, confirmée ensuite par le vote de l'Assemblée nationale.
02:32 C'est vraiment l'exemple parfait pour montrer que l'activisme peut fonctionner
02:35 lorsque militants, élus et scientifiques travaillent main dans la main.
02:39 Rien n'est jamais perdu.
02:41 Alors certes, il reste encore d'autres pays à convaincre pour que l'interdiction
02:44 du minage en eau profonde devienne mondiale, mais cette fois, on peut le dire, la France
02:48 a fait sa part du boulot.
02:49 Merci Hugo, et à mercredi prochain !