Karol Mossakowski crée, avec les musiciens de l'Orchestre national de France, La Voix plus loin, commande de Radio France au compositeur Thomas Lacôte.
Parmi les méandres inhérents à tout travail de création, je pourrais plus particulièrement distinguer pour cette œuvre trois impulsions fondatrices.
La première est sa formation, rare, peut-être inédite : associer l’orgue et deux cors. Elle m’a été suggérée par George Benjamin, à qui la partition est dédiée. À la suite d’une pièce pour orgue et saxophone (Cristal de temps), et plus récemment orgue et percussion (La nuit sera calme), cette œuvre s’attache à composer avec les nuances de l’interaction des timbres – jeux de mimétismes, de caches et de transparence, mises en vibration et fusions, pour en faire le socle d’une expression sonore et poétique. Les cors entrent dans le son de l’orgue comme le levain dans la pâte, pour une alchimie qui les transforme mutuellement. Le cor ouvre sur un riche imaginaire, que les compositeurs d’aujourd’hui aiment solliciter et retravailler. Pourtant, très tôt dans mon travail, l’ethos du cor que j’ai voulu retenir n’est pas celui de l’appel, de la chasse, ou de la nostalgie romantique, mais d’abord le cor d’orchestre ; celui qui, comme tapi, fait sonner de longues lignes dans la tessiture medium, portant et conduisant tout l’édifice, liant les sonorités entre elles au point parfois de disparaître lui-même. Il arrive que les musiciens désignent ces lignes par le terme Nebenstimme, introduit par Schönberg : voix d’à-côté, voix secondaire, voix intérieure. Au début de l’été 2019, le hasard de mes fonctions d’organiste m’a conduit à tenir l’orgue pour les obsèques du grand philosophe et poète français Jean-Louis Chrétien, trop tôt disparu. Peu après, c’est en lisant sa poésie que j’ai trouvé les mots pour cette voix, et le titre dont je rêvais, lequel m’a accompagné au fil d’une gestation sinueuse.
Parmi les méandres inhérents à tout travail de création, je pourrais plus particulièrement distinguer pour cette œuvre trois impulsions fondatrices.
La première est sa formation, rare, peut-être inédite : associer l’orgue et deux cors. Elle m’a été suggérée par George Benjamin, à qui la partition est dédiée. À la suite d’une pièce pour orgue et saxophone (Cristal de temps), et plus récemment orgue et percussion (La nuit sera calme), cette œuvre s’attache à composer avec les nuances de l’interaction des timbres – jeux de mimétismes, de caches et de transparence, mises en vibration et fusions, pour en faire le socle d’une expression sonore et poétique. Les cors entrent dans le son de l’orgue comme le levain dans la pâte, pour une alchimie qui les transforme mutuellement. Le cor ouvre sur un riche imaginaire, que les compositeurs d’aujourd’hui aiment solliciter et retravailler. Pourtant, très tôt dans mon travail, l’ethos du cor que j’ai voulu retenir n’est pas celui de l’appel, de la chasse, ou de la nostalgie romantique, mais d’abord le cor d’orchestre ; celui qui, comme tapi, fait sonner de longues lignes dans la tessiture medium, portant et conduisant tout l’édifice, liant les sonorités entre elles au point parfois de disparaître lui-même. Il arrive que les musiciens désignent ces lignes par le terme Nebenstimme, introduit par Schönberg : voix d’à-côté, voix secondaire, voix intérieure. Au début de l’été 2019, le hasard de mes fonctions d’organiste m’a conduit à tenir l’orgue pour les obsèques du grand philosophe et poète français Jean-Louis Chrétien, trop tôt disparu. Peu après, c’est en lisant sa poésie que j’ai trouvé les mots pour cette voix, et le titre dont je rêvais, lequel m’a accompagné au fil d’une gestation sinueuse.
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Musique