Robert Badinter et la perpétuité incompressible | Désintox | ARTE

  • il y a 3 ans
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Alors que l'on célèbre les 40 ans de l'abolition de la peine de mort, on entend revenir ce refrain : pour rallier les parlementaires à sa cause, Robert Badinter aurait promis la mise en place d’une perpétuité sans possibilité de sortie pour remplacer la peine capitale. Un engagement qu'il n'aurait pas tenu. Sur le site d’extrême droite Boulevard Voltaire, l’essayiste Jean-Louis Harouel l'assure : « De Victor Hugo à Robert Badinter, les idéologues de l’abolitionnisme avaient promis une perpétuité réelle pour protéger la société contre les criminels dangereux. Mais il n’en a rien été. »
En janvier 2015 déjà, l’ancien avocat général à la Cour d’assises de Paris, Philippe Bilger, affirmait la même chose. Interrogés par Désintox, les deux hommes n'ont pas été en mesure de nous trouver la trace d'un tel engagement. Parce que Robert Badinter n'a, en fait, jamais rien promis de tel. Lors des débats sur l'abolition, des parlementaires demandent que soit abordée la question d’une peine de remplacement. À l'époque, il existait en France une peine de sûreté maximale de 18 ans pour la réclusion criminelle à perpétuité.
Robert Badinter s’y oppose. « On ne remplace pas un supplice par un autre », affirme-t-il. En revanche il promet, dans les deux ans, une réforme du code pénal et du système des peines. Cette réforme, il est vrai, ne viendra pas. Mais jamais Badinter n'avait suggéré qu'elle devait aboutir à une perpétuité réelle. « Badinter n’a jamais été partisan des peines absolues, pas plus que de la justice absolue », explique l’historien Jean-Yves Le Naour. En 86, sous la cohabitation, la loi Chalandon offrira la possibilité d’allonger la sûreté à 30 ans pour les condamnations à perpétuité. Ce qui n'est pas non plus la perpétuité réelle et incompressible, que personne n'a mise en place depuis.

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