Autour du noyer... Around the walnut...

  • il y a 3 ans
[Brèves d'affût] / [Brief of the lookout]

Mercredi 03 mars 2021 / Wednesday, March 03, 2021

7h30 : Le ciel totalement couvert est lisse, aucun nuage n'est visible,
c'est un simple couvercle de plomb épais où le soleil ne perce pas, même faiblement.
Aucun mouvement d'air, le calme plat, ce qui est plutôt rare sur cette crête au-dessus de la Durance.
Il fait un peu froid et ça ne se réchauffe pas avec le temps qui passe, les chants des oiseaux sont timides.
Même sans neige, c'est encore l'hiver ici.
8h15 : Un brocard en velours sort et broute vite entre le Bois du Milieu et le Vieux Noyer.
Très attentif, il regarde souvent tout autour, écoute les geais turbulents dans la Combe de la Source.
8h30 : Il s'arrête de brouter, observe, tendu, pour bondir soudain dans le sous-bois : pourquoi ou pour qui ?
9h00 : Deux jeunes chamois chuintent juste derrière le Pin de l'Affût, je les aperçois à travers le fouillis de la végétation.
Ils m'ont senti sans me voir et ça les rend plus perplexes qu'apeurés.
9h30 ; Une pie approche d'arbre en arbre jusqu'à celui où je suis adossé pour pousser un long cri interrogatif régulier vers moi.
9h45 : Une chevrelle et ses deux jeunes, chevrillard et chevrillarde, sortent du bois au même endroit que le brocard,
ils broutent tranquillement et passent derrière le Vieux Noyer qui trône au centre de ce clote aux airs un peu steppiques.
10h00 : Un lièvre sort lui aussi encore au même endroit que les autres, détale sous le Noyer et reste là à manger.
Ce clote monochrome gris jaune sans ombres inspire d'abord une douce tristesse...
Mais avec cette petite famille chevreuil et ce lièvre autour du Noyer, il dégage finalement une certaine quiétude un peu hors du monde.
10h15 : La chevrelle part soudain en haut pour passer directement dans le clote derrière suivi aussitôt de sa fille; son fils est un peu à la traîne.
11h00 : Le lièvre est toujours là sous le Noyer comme un frisson dans la végétation.
11h45 : Je ne vois plus le lièvre mais je ne l'ai pas vu partir, il doit être encore là, cacher dessous, invisible s'il reste immobile..
12h00 : Je remballe, le soleil est un halo à peine plus brillant que le reste du ciel mais assez pour éclairer le clote en un gris plus jaune.
12h30 : Les chants de deux mésanges charbonnières m'accompagnent, chacune de part et d'autre du sentier.
Il me semble qu'elles appellent impatiemment le printemps sous ce ciel d'or pâle qui veut garder la lumière pour lui...