Les amnésies et les « maladies de la mémoire » suscitent l’intérêt des scientifiques et des philosophes : elles les aident à mieux comprendre le fonctionnement de la mémoire et son rôle dans la constitution de notre identité personnelle. D’un autre côté, l’excès de mémoire, ou hypermnésie, soulève de multiples questions. Nous sommes désormais confrontés au développement d’une mémoire externe, constituée d’archives, de données, accumulées et stockées sur des supports dont les capacités ne cessent de croître et dont la gestion impose une nécessaire régulation juridique et politique. On cherche à soigner les défaillances de la mémoire humaine et, en même temps, à se protéger contre une accumulation de fichiers et de données personnelles qui menacent les libertés fondamentales, au point de revendiquer un droit à l’oubli. Tandis que l’idée d’un devoir de mémoire s’est largement imposée dans l’espace public, les débats autour des politiques mémorielles mettent au jour les risques auxquels s’expose une société dont la mémoire serait saturée, hypertrophiée. Ces paradoxes nous rappellent que la mémoire ne s’oppose pas à l’oubli et qu’il est nécessaire de s’interroger sur ce qui constitue, selon la formule de Paul Ricoeur, une « juste mémoire ».Avec : Sophie Blanchet, maître de conférences HDR (habilitée à diriger des recherches), Laboratoire Mémoire et Cognition, , Institut de Psychologie, université Paris-Descartes-Inserm.Michaël Foessel, philosophe, maître de conférences, université de Bourgogne.Henry Rousso, historien, directeur de recherche au CNRSModération : Catherine Portevin, chef de la rubrique Livres de
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