Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l'Emploi, était l'invitée du Face-à-Face ce mercredi 16 avril. Elle s'est exprimée sur le projet d'économies budgétaires, le travail ou encore les retraites.
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00:00Bonjour Astrid Panossian-Bouvet, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:04Vous êtes la ministre du Travail et de l'Emploi, François Bayrou,
00:08qui hier dit qu'on ne travaille pas assez. Comment on fait pour bosser plus alors ?
00:11Alors on travaille individuellement assez, mais pas collectivement.
00:15Et par rapport au pays, à l'Allemagne ou à l'Angleterre,
00:18où on est 11 sur le terrain de foot, nous on n'est que 8.
00:21On n'a pas suffisamment de jeunes qui travaillent,
00:24avec une insertion qui est difficile sur le marché du travail.
00:26Et effectivement, depuis des années, on s'est habitué à laisser partir nos travailleurs expérimentés.
00:32Je n'ai pas envie de parler de seniors, de l'entreprise.
00:35Et donc il faut absolument aujourd'hui remettre au travail ceux qui sont en capacité de travailler,
00:40nos jeunes, nos travailleurs expérimentés,
00:42et puis aussi les femmes qui, de plus en plus, quittent le marché du travail.
00:46Elles sont 150 000, faute de garde d'enfants.
00:48Et donc c'est vraiment un défi national.
00:50Donc il y a ce défi, réussir à faire en sorte que ceux qui pourraient travailler travaillent.
00:55Ça veut dire quoi ? C'est un défi du côté des employeurs qui n'embauchent pas assez ?
00:59C'est un défi du côté de la formation ?
01:02Quel est le levier ?
01:03C'est tout. C'est les deux, mon général.
01:06C'est effectivement un sujet de compétence.
01:08On le voit sur les jeunes, où effectivement même,
01:12quel que soit le niveau de qualification,
01:13les jeunes ont des difficultés à s'insérer sur le marché du travail.
01:16Donc il y a un vrai sujet de formation initiale et de formation continue.
01:20Et puis, c'est d'ailleurs l'initiative que je vais lancer sur les travailleurs expérimentés
01:24à la fin du mois, avec notamment les entreprises, l'Association nationale, les DRH,
01:30c'est de déconstruire aussi le regard, les préjugés qu'on peut avoir sur les seniors,
01:35comme inadaptés, lents.
01:37Non, l'expérience, ça a de la valeur.
01:39Et il faut aussi montrer qu'effectivement, un travailleur expérimenté peut apporter des choses.
01:44C'est un blocage psychologique des employeurs français qui n'embauchent pas de jeunes
01:48et qui, je ne sais pas, à partir de 55-58 ans, se disent « c'est plus pour moi ».
01:52En fait, il y a un petit sujet, effectivement.
01:54Soit on n'a pas assez d'expérience, soit on en a trop.
01:56Et donc, je pense qu'il y a effectivement là,
01:58je pense en particulier sur les travailleurs de plus de 55 ans,
02:02un regard à changer et de dire que l'expérience, ça vaut la peine.
02:06Et donc, il va y avoir une grande campagne de communication nationale
02:08et un certain nombre d'opérations à la fois aussi en région,
02:11avec les organisations patronales, l'Association nationale des DRH,
02:16pour voir comment, sur le plan du recrutement
02:18et sur le plan du maintien en emploi, on peut faire mieux.
02:21Et puis, il y a aussi un accord qui a été signé entre partenaires sociaux en novembre dernier
02:25sur les seniors, les travailleurs expérimentés.
02:27Vous auriez aimé que ça s'appelle les travailleurs expérimentés, j'ai bien compris.
02:30À l'époque, bien sûr, qui va être voté à l'Assemblée nationale et au Sénat au mois de juin
02:35et qui apporte aussi des choses.
02:37Parce que sur la question de la fin de carrière,
02:39on a une approche en France qui est trop binaire.
02:40C'est soit on est en emploi, soit on n'est pas en emploi.
02:43Il y a des approches qui peuvent être aussi multiples.
02:47La retraite progressive, ça veut dire qu'à partir de 58 ans ou 60 ans,
02:51on peut être à temps partiel.
02:52On peut être à la fois en temps partiel et commencer à toucher sa retraite.
02:55C'est le cumul emploi-retraite qui est très compliqué en France
02:57et j'espère que dans le cadre du conclave,
02:59les partenaires sociaux vont regarder ça aussi,
03:01pour qu'on puisse, même quand on est retraité, continuer à travailler.
03:05Alors, vous l'avez évoqué, il y a la question du conclave,
03:06il y a la question des 40 milliards à trouver.
03:09Certes, s'il y a plus de travailleurs, il y aura plus de salaire,
03:14plus d'impôts, plus de cotisations.
03:16Donc, on imagine que ça bouche une partie du trou de l'argent
03:19qu'il va falloir trouver.
03:20Mais il y a aussi la question des pensions de retraite.
03:22Et on le voit bien, ça fait partie des pistes évoquées.
03:25Vous faites partie de ceux qui aviez dit à un moment
03:27qu'il fallait pas de pied de tabou, y compris sur ces questions-là.
03:30Alors, deux pistes en particulier, l'une qui est sur la question
03:33des 10% d'exonération fiscale sur les retraités qui payent des impôts,
03:38et puis l'autre sur la question de l'indexation des pensions de retraite.
03:41Sur les 10%, est-ce qu'il faut y réfléchir, comme le dit le MEDEF par exemple ?
03:46Ou comme le dit aussi la CFDT d'ailleurs.
03:48Comme le dit le CFDT ou comme le dit le MEDEF.
03:50C'est précisément ce genre de sujet dont ils sont en train de discuter
03:53dans le cadre du conclave.
03:54Moi, je vais les laisser continuer à travailler.
03:56Rappelez quand même ici à ceux qui nous regardent
03:59que les retraites, c'est un quart des dépenses publiques aujourd'hui
04:03que les retraites, c'est 30% du salaire brut
04:07entre ce que paye l'employeur et ce que paye le salarié
04:09avec effectivement un impact.
04:10C'est cotisation.
04:11Comme les cotisations, comme l'a rappelé la Cour des comptes
04:13qui a fait un deuxième rapport cette semaine.
04:15Un impact sur le maintien en emploi,
04:17le recrutement, mais aussi sur le pouvoir d'achat des travailleurs.
04:20Et donc, il faut pouvoir effectivement regarder
04:23toutes les pistes, toutes les solutions.
04:25Et un point important qui montre la maturité des partenaires sociaux.
04:28Ils se sont mis d'accord sur une lettre d'objectif cette semaine
04:31en ce qui concerne les retraites,
04:33où ils disent effectivement qu'il faut qu'on revienne à l'équilibre
04:36et qu'il faut que l'effort soit partagé entre les parties prenantes.
04:39Les parties prenantes, c'est qui ?
04:41C'est les salariés qui cotisent,
04:44c'est les entreprises qui cotisent,
04:45mais c'est aussi les retraités.
04:46Quand vous dites la maturité des partenaires sociaux,
04:49il y en a quand même quelques-uns qui sont partis.
04:51Je parle de la maturité de ceux...
04:53La CGT ne participe plus.
04:55Moi, je ne juge pas.
04:56Je juge en tout cas ceux qui sont...
04:57Quand je parle de la lettre d'objectif,
04:58c'est la lettre d'objectif de ceux qui ont décidé de rester autour de la table.
05:01Et donc, c'est-à-dire en particulier la CFDT,
05:05la Confédération Générale des Cadres,
05:06la CFTC et puis les organisations patronales.
05:09Donc, vous dites que c'est eux qui bossent et c'est eux qui décideront
05:11sur cette fameuse question de l'abattement des 10% sur les retraités.
05:16Je précise qu'il s'agirait dans ce cas des retraités qui payent des impôts,
05:22donc non pas des retraités les plus modestes,
05:24qui eux sont exonérés quoi qu'il arrive d'impôt.
05:27Est-ce qu'ils vont en discuter ?
05:30Mais est-ce que ça aurait votre faveur ?
05:31Est-ce que s'ils arrivent au ministère du Travail en disant
05:33voilà, on se dit que tout le monde fasse des efforts et ça peut être des pistes ?
05:38Moi, je veux qu'on arrête de regarder les retraités comme un bloc homogène.
05:42Il y a autant de retraités.
05:43Les retraités, c'est des anciens travailleurs pour beaucoup.
05:46Et donc, il y a des retraités, notamment,
05:47il y a 75% des retraités qui ont une résidence,
05:50qui sont propriétaires de leur résidence principale.
05:54Et on voit bien que les difficultés aussi se concentrent
05:57sur ceux qui ne sont pas propriétaires
05:59et dont l'essentiel de la pension va dans l'allocation.
06:02Donc, on pourrait se dire aussi que c'est cela.
06:04C'est 75% là.
06:06Je ne me prononcerai pas devant vous.
06:07J'attends les propositions.
06:09Le Premier ministre aussi.
06:11Et nous verrons.
06:11Et puis ensuite, ce sont des discussions
06:12qui doivent aussi faire l'objet de débats au Parlement.
06:16La question d'indexation des pensions sur l'inflation.
06:20Aujourd'hui, les pensions de retraite sont indexées sur l'inflation.
06:25Est-ce qu'il faut réfléchir sur cette question-là ?
06:27Est-ce que là aussi, il n'y a pas de tabou ?
06:29Est-ce que l'indexation peut se faire, par exemple, sur les salaires ?
06:31Dans ce cas, elle évoluerait comme les salaires
06:33de la partie active de la population.
06:35Est-ce que c'est une piste qui vous paraît intéressante ?
06:38Ça fait partie des pistes qui sont sur la table.
06:41Je sais que ça fait partie des pistes
06:42qui ont été évoquées dans le rapport de la Cour des comptes
06:45qui a été remis aux partenaires sociaux cette semaine.
06:47Là, moi, je ne veux pas préempter ce que vont nous dire
06:50ceux qui sont toujours de la table du conclave.
06:52Je les laisse faire leurs propositions.
06:54Mais je note encore une fois que ceux qui sont autour de la table de ce conclave
06:58ont fait une lettre d'objectif sur le retour à l'équilibre,
07:02des mesures de justice sur les femmes, la pénibilité,
07:05une gouvernance qui redonne la main aux partenaires sociaux
07:08et d'efforts partagés.
07:09Je pense que c'est une maturité, je le dis encore,
07:11qu'on n'a pas nécessairement eue pendant les débats
07:14à l'Assemblée nationale sur les retraites.
07:15Astrid Panossian-Bouvet, on l'entend bien.
07:17Vous dites, c'est à eux de bosser.
07:19Et vous voulez évidemment mettre en avant l'idée qu'il y a un dialogue social
07:21et que si on leur a permis d'avoir un conclave,
07:24autant qu'ils s'entendent vraiment et que vous ne vous en mêliez pas.
07:27Tout de même, le Premier ministre, il s'en est quand même un peu mêlé
07:29parce qu'à un moment, il a dit, en fait, on ne reviendra pas aux 62 ans.
07:32Donc, est-ce que vous pouvez quand même nous dire ce matin au moins
07:35que c'est des pistes sur lesquelles vous ne vous opposerez pas ?
07:38C'est-à-dire que ça fait partie des pistes dont vous dites
07:40s'ils bossent là-dessus, nous ne nous y opposerons pas.
07:43Mais le Premier ministre a dit qu'il ne s'opposerait pas
07:46aux pistes et aux solutions qui sont proposées
07:48qui sont l'objet de compromis des partenaires sociaux.
07:52Mais sur les 62 ans, quand on parle de compromis,
07:55ça veut dire qu'il y a un accord entre les syndicats
07:57qui sont autour de la table et le patronat.
08:00Moi, il m'avait quand même semblé assez clair
08:01que le patronat refusait le retour aux 62 ans,
08:05d'autant plus que c'était chiffré, ça coûtait relativement cher.
08:09Donc, à partir du moment où il y a des solutions
08:12sur le retour à quel équilibre,
08:14sur la réparation d'un certain nombre d'injustices,
08:15sur la gouvernance qui permettent de faire un compromis
08:19et un accord autour des partenaires,
08:22je ne vois pas pourquoi on s'y opposerait.
08:24C'est précisément ça le pari du dialogue social.
08:27Pour tenter de trouver les 40 milliards supplémentaires,
08:31il y a aussi l'évocation de la suppression de la niche fiscale
08:34comme le crédit d'impôt pour les emplois à domicile
08:36qui touche 5 millions de foyers fiscaux.
08:39Est-ce que, dans le moment où vous venez de nous dire
08:43qu'il y a quand même 150 000 femmes
08:44qui n'arrivent plus à concilier la vie de famille et le travail,
08:50c'était une belle piste, celle-là ?
08:52Je comprends que ce n'a fait pas partie des pistes
08:54qui sont aujourd'hui évoquées.
08:56Je pense qu'Amélie de Montchalin l'a dit aussi récemment.
08:58Donc, celle-là, vous l'expluez ?
08:59Je pense qu'il y a un sujet autour de la garde d'enfants
09:02qui est un vrai obstacle au maintien des femmes aujourd'hui en emploi.
09:06Et donc, c'est vraiment quelque chose,
09:08d'ailleurs, c'est ce sur quoi travaille aussi Catherine Vautrin,
09:11qu'il ne faudrait pas toucher et remettre en cause.
09:13Vous allez faire quoi concrètement pour aider les femmes
09:15à pouvoir concilier le travail et la vie de famille ?
09:18Alors, il y a plusieurs choses.
09:19Il y a d'abord la question des gardes d'enfants,
09:21que ce soit les crèches collectives,
09:24les assistantes maternelles
09:25ou effectivement les nounous qui viennent à la maison.
09:28Et donc, soit ne pas toucher les dispositifs qui marchent
09:32et les fragiliser.
09:32Et puis, il y a aussi la question de l'égalité salariale.
09:37On a encore aujourd'hui 22% de différence salariale.
09:40Il reste encore 22% de différence.
09:41Voilà, lié au fait que les femmes sont souvent surreprésentées
09:44dans les métiers qui sont mal payées.
09:46Mais quand on regarde toutes choses égales par ailleurs,
09:48et aussi parce qu'elles travaillent beaucoup à temps partiel,
09:50mais c'est aussi parce qu'elles gardent d'enfants.
09:52Mais quand on regarde toutes choses égales par ailleurs,
09:54c'est-à-dire même emploi, même quotité, même heure d'emploi,
09:58eh bien, il reste quand même 5%, 4% de différence de salaire.
10:02Et donc là...
10:03Rien que ça, ça permettrait déjà à la fois à ces femmes de rester travailler
10:07et de remplir les trous de...
10:09Et donc, ce que je dis simplement, c'est que là, très concrètement,
10:13on voit aussi les progrès apportés par l'Union européenne,
10:17directive de transparence salariale,
10:19que l'on va transposer, on va commencer une concertation
10:22avec les partenaires sociaux, pour qu'on puisse avoir,
10:25d'ici la fin de l'année, un texte qui améliore l'index Pénicaud,
10:29qui avait apporté beaucoup de choses,
10:30mais qui permet, et qui sera une petite révolution culturelle en France
10:33où on n'aime pas trop parler salaire,
10:35de donner une vraie transparence de comment on se situe dans l'entreprise
10:38ou comment est-ce qu'on se situe par rapport à une boîte
10:40quand on veut être recruté dans la boîte.
10:42Astrid Panossian-Bouvet, vous qui êtes donc ministre du Travail et de l'Emploi,
10:46plusieurs questions très concrètes, également sur ces sous que l'on pourrait trouver.
10:50Vous aviez évoqué, comme n'étant pas tabou,
10:53l'introduction d'une dose de capitalisation dans le système.
10:56Ça doit faire partie des sujets de discussion, disiez-vous.
10:59Est-ce que vous redites cela ce matin ?
11:01Mais ça faisait partie aussi des choses qui avaient été discutées entre partenaires sociaux.
11:04Ça fait partie de l'ordre du jour du conclave.
11:09Est-ce que vous y êtes favorable ?
11:10Il y a 15 millions de Français qui font déjà le choix de la capitalisation.
11:15Ça ne veut pas dire que ça doit remplacer le système par répartition,
11:18qui est le système socle, qui est fondamental dans le contrat social
11:21qui nous lie entre actifs et retraités, entre jeunes et aînés.
11:26Mais avoir un complément, c'est quelque chose que les partenaires sociaux doivent regarder.
11:30En tout cas, 15 millions ont citoyens,
11:32dont 5 millions d'ailleurs dans la fonction publique,
11:34ont déjà fait ce choix.
11:36Donc, ce n'est pas tabou pour eux, en tout cas.
11:37Est-ce qu'il faudrait envisager de mettre vraiment fin aux 35 heures ?
11:42Je pense que le sujet...
11:43Parce que quand on nous dit qu'on ne bosse pas assez,
11:45on se pose quand même cette question-là, non ?
11:46Le sujet aujourd'hui.
11:47Quand on voit qu'on travaille moins que les Anglais et les Allemands aujourd'hui,
11:53ce n'est pas tant la durée légale
11:56que le fait qu'on n'a pas assez de gens qui travaillent.
11:59Les gens qui bossent, ils bossent beaucoup.
12:01Ils bossent autant que les Allemands et les Anglais.
12:03Le sujet, il y en a deux.
12:05Il n'y a pas assez de gens qui sont en âge de travailler et qui travaillent.
12:09Pour des raisons, on en a parlé, de compétences, de formation,
12:13de regard aussi que portent les entreprises et les recruteurs.
12:17Et puis, il y a un deuxième sujet quand même qu'il faut le dire
12:19parce qu'il n'y a pas de tabou entre nous.
12:20C'est la question des arrêts de travail qui ont augmenté de plus de 25% depuis le Covid.
12:25Alors, il y a une partie qui est justifiée parce qu'il y a un vieillissement de la population active
12:30qui est lié au vieillissement de la population générale.
12:33Voilà.
12:33Mais il y a quand même une augmentation d'un tiers aujourd'hui des recours aux arrêts maladie
12:39tout âge confondu et en particulier pour les jeunes.
12:42Et là, il ne doit pas y avoir de tabou.
12:43Pas de tabou.
12:44Il faut regarder à la fois les sujets santé, conditions de travail, prévention de l'usure professionnelle.
12:49Il faut regarder les sujets abus et fraude.
12:52Abus et fraude.
12:53Quand vous dites abus, c'est de la part éventuellement du salarié qui demande trop d'arrêts.
12:57Et quand vous dites fraude, ça veut dire aussi éventuellement les médecins qui ne seraient pas suffisamment regardants.
13:02Exactement.
13:02Et c'est pour ça qu'on avait d'ailleurs commencé dans une loi de financement de la sécurité sociale
13:08à encadrer la capacité à donner des arrêts de travail via les plateformes.
13:15Est-ce qu'il faut se dire les arrêts maladie quand on est par visio à l'autre bout de la France ?
13:22J'avais le témoignage ce matin d'un employeur dans le monde du BTP qui me disait
13:26j'ai des salariés qui se mettent en arrêt et leur médecin est à 800 kilomètres.
13:32Je pense que c'est des sujets qu'il faut effectivement regarder.
13:34Alors après, il y a aussi la question...
13:35Il y a beaucoup de sujets à regarder mais pas beaucoup à trancher.
13:37Non, non, non, mais moi je ne vais pas trancher.
13:39Il y a des problèmes, il y a des problèmes, il y a des problèmes et qui ne nous donnent pas de solution.
13:42Je ne vais pas trancher là maintenant avec vous à 8h30 du matin.
13:47C'est à regarder parce que c'est aussi à regarder avec les partenaires sociaux.
13:50On a aussi un vieillissement de la population active.
13:53Donc ça veut dire qu'il y a plus d'accidents du travail avec une augmentation de la durée moyenne de l'arrêt maladie.
14:01On voit qu'il y a une transformation des raisons de l'arrêt maladie.
14:03C'est plus simplement les troubles squelettos musculaires, voilà, excusez-moi.
14:08C'est aussi des risques psychosociaux.
14:11Donc moi je ne fais pas des annonces comme ça.
14:14Moi je veux d'abord regarder avec les parties prenantes autour de la table.
14:17C'est pour ça que j'avais demandé à organiser une conférence sur le travail précisément sur ces sujets-là.
14:23Précisément sur ces sujets-là.
14:25Et comme on n'a pas la bande passante aujourd'hui parce qu'il y a le sujet des retraites,
14:29on regardera ça en septembre.
14:30Mais c'est extrêmement important.
14:32Il y a un autre sujet sur les arrêts de travail, je l'ai dit d'ailleurs hier à la conférence de presse,
14:36c'est prévention santé.
14:38Mais c'est aussi pratiques managériales.
14:39Parce qu'on voit effectivement qu'il y a des pratiques managériales en France
14:42qui sont très verticales et qui ne sont pas suffisamment tournées vers l'écoute.
14:47Et là-dessus j'avais un médecin ce matin sur le RMC qui appelait et qui disait
14:50les gens souffrent au travail.
14:52Vers la reconnaissance, vers l'écoute, vers l'autonomie.
14:55Et donc c'est tout cet ensemble qu'il faut regarder sans aucun tabou, de l'abus, de
15:00la fraude, jusqu'aux conditions de travail ou aux pratiques managériales.
15:04Est-ce qu'il faudrait envisager de supprimer un jour férié ?
15:08Pour l'instant le sujet c'est vraiment, en tout cas on le voit ensemble, c'est arrêt de travail.
15:14Faire bosser les jeunes et continuer à faire bosser les plus âgés.
15:17Les plus âgés et puis les femmes également.
15:19Un autre sujet important c'est les personnes qui ont peu de qualifications.
15:23On voit que leur taux d'activité en 30 ans a baissé de 40%.
15:28D'où l'intérêt absolument vital de la loi qui a été votée en 2023 sur le plein emploi
15:35et qui vise à mieux renforcer l'accompagnement des bénéficiaires du RSA.
15:40Astrid Panossian-Bouvet, quand on dit qu'il faut bosser plus et qu'on se retrouve avec cette situation hier,
15:45j'ai interrogé y compris Michel Barnier à ce même micro sur la question.
15:50Les boulangers qui voudraient rester ouverts le 1er mai, qui d'ailleurs le sont en réalité depuis des années de manière tacite.
15:57Alors qu'officiellement ils ne sont pas sur la liste des métiers dits essentiels qui sont donc autorisés à être ouverts le 1er mai.
16:07Et il y a eu un peu plus de zèle que d'habitude dans les contrôles l'an dernier.
16:10Un certain nombre de boulangers qui se sont retrouvés à devoir potentiellement payer des amendes parce qu'ils ont fait bosser leurs salariés ou leurs apprentis.
16:19Et ils disent mais en fait on a juste envie de travailler.
16:21On a d'ailleurs une convention collective qui nous permet de payer double voire triple nos salariés sur la base du volontariat le 1er mai.
16:27Et on nous empêche de travailler.
16:29C'est audible ça ? Pourquoi vous ne les mettez pas sur la liste ?
16:31C'est précisément ce qui va être...
16:34Regardez, je pense qu'il y a des propositions de loi aujourd'hui.
16:36On voit effectivement l'application de cette loi qui aujourd'hui est difficilement compréhensible.
16:41D'autant plus que pendant le Covid, effectivement, les boulangers étaient...
16:45Mais qu'est-ce que vous leur dites ce matin ?
16:47On est quand même le 16 avril.
16:49Ils doivent s'organiser.
16:51C'est le 1er mai.
16:52Est-ce que vous leur dites bah non, en fait, fermer le 1er mai,
16:56quitte à ne pas avoir d'entrée à la fois d'argent, de croissance, de salaire, de cotisation ?
17:00Ou est-ce que vous leur dites non, c'est bon, vous pouvez bosser ?
17:04Alors, ils n'y voient pas clair, moi, je...
17:06Oui, et je les comprends.
17:08Et je les comprends parce que la loi, aujourd'hui, elle a une application un peu complexe,
17:12puisqu'effectivement, ils ne font pas partie de ces activités essentielles.
17:15Et puis, parce qu'il y a des gens qui ont envie de travailler de base,
17:18sur une base volontaire, avec effectivement des compléments de salaire qui peuvent être intéressants.
17:23Donc, je pense qu'il faut regarder...
17:25Aujourd'hui, seule la loi peut défaire cette complexité.
17:29Donc, ce que je dis aujourd'hui, c'est qu'avec les législateurs, il faut regarder.
17:34Oui, mais jusqu'à présent, disons de manière tacite, il n'y avait pas de boulanger qui était...
17:39Eh bien, de manière tacite, moi, j'ai envie de faire le pari de l'intelligence collective
17:42et de dire, continuons ainsi, avant de pouvoir,
17:45et ça, on ne peut pas le faire ce matin à 8h30, clarifier par la loi.
17:49Mais je pense que c'est quelque chose qu'il faut effectivement regarder.
17:52Ça veut dire que de manière tacite, vous leur dites, vous pouvez travailler, on ne va pas vous sanctionner ?
17:56Ça, ça relève de l'inspection du travail, qui est autonome.
18:00Vous êtes ministre du travail ?
18:00Oui, mais c'est une autorité qui est autonome, garantie comme telle par l'Organisation Internationale du Travail.
18:07Donc, moi, je n'ai pas pouvoir sur l'inspection du travail.
18:10Mais je pense qu'il faut aujourd'hui faire aussi le pari de l'intelligence.
18:14Ça fait partie de la culture française.
18:17Ce sont des métiers importants.
18:18Si c'est une base volontaire, avec des compléments de salaire, les gens ont envie de s'organiser.
18:23On doit pouvoir laisser les choses avant de pouvoir clarifier les choses dans la loi.
18:28Astrid Panossian-Bouvé, on sait que ce conclave, ce fameux conclave sur les retraites,
18:32ça fait partie de ce qui a donné du sursis, voire même un peu de visibilité,
18:37au gouvernement auquel vous appartenez,
18:39puisque le Parti Socialiste a décidé de ne pas censurer,
18:42parce que, précisément, il y avait la réouverture d'une réflexion sur la réforme des retraites.
18:46Est-ce qu'au moment où on se parle, vous vous dites que ça peut continuer ?
18:49Je fais confiance au Parti Socialiste pour ne pas nous sanctionner, nous censurer ?
18:54Tout va dépendre aussi de ce qu'on fait, à la fois du conclave,
18:59mais aussi des annonces d'hier.
19:02C'est-à-dire que le pari d'hier, moi, je vous ai entendu,
19:06on parle beaucoup, on va étudier, il n'y a pas de solution.
19:09Mais le pari qui a été fait hier, ça a été de dire
19:12qu'on fait le pari aussi d'une autre démarche,
19:14où on met autour de la table tous ceux qui, de près ou de loin,
19:19construisent le budget de la nation.
19:21C'est les parlementaires, c'est les collectivités locales,
19:24c'est les partenaires sociaux.
19:26Et donc, avec une feuille de route, que ce soit la conférence des territoires,
19:31le CIMEA avec les collectivités locales, que ce soit l'issue du conclave,
19:35et encore une fois, moi, j'espère et j'œuvre pour qu'il y ait des compromis
19:41qui tiennent la route et qui permettent vraiment d'améliorer notre système de retraite.
19:45Et puis aussi, parce qu'à l'issue du conclave fin juin,
19:48va s'ouvrir aussi une autre perspective, qui est,
19:51qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui dans notre modèle de protection sociale,
19:54qui a 80 ans, dans un monde qui a considérablement changé.
19:56Merci Astrid Panossian-Bouvet, vous reviendrez pour nous donner des réponses
20:00sur cette question-là aussi, c'est-à-dire la question de la protection sociale.
20:04Vous êtes ministre chargée du Travail et de l'Emploi.
20:06Merci d'avoir répondu à mes questions ce matin.
20:08Il est 8h52.
20:09Merci d'avoir regardé cette vidéo !