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Dans l'Yonne, des jeunes femmes enlevées, emprisonnées dans un pavillon, livrées à des hommes pour subir dans une cave les pires sévices sexuels. En arrière-plan, des clients importants, des notables, des personnalités venues s'offrir des séances de tortures clandestines. On ne connaitra jamais leurs noms. Les carnets dans lesquels ils étaient consignés, tout comme des photos, ont, comme par hasard, étrangement disparu des scellés du tribunal d'Auxerre.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.

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Transcription
00:0014h-15h, c'est l'heure du crime sur RTL, avec Jean-Alphonse Richard.
00:07L'affaire du Nant, il n'y en a pas deux à faire comme ça en France.
00:10Avec des médecins qui viennent soigner les plaies de filles complètement torturées
00:14et qui repartent comme ils sont arrivés, sans rien signaler à personne.
00:20Bonjour, près d'Auxerre, dans Lyon, des jeunes femmes enlevées, séquestrées dans un pavillon,
00:26livrées à des hommes pour subir les pires sévices sexuels.
00:29Des clients, venus s'offrir des séances de torture clandestines dont on ne connaîtra que quelques noms,
00:35les notables, les personnalités qui fréquentaient le pavillon ne seront jamais identifiées.
00:41Les carnets dans lesquels étaient consignées les identités, tout comme des photos,
00:45ont comme par hasard disparu des scellés du tribunal d'Auxerre.
00:50Ainsi se présentent l'affaire Claude et Monique Dunant, les tortionnaires du pavillon d'Apoigny,
00:55à l'hiver 1984, quand les policiers poussent la porte de cette maison,
01:00ils sont horrifiés par ce qu'ils découvrent.
01:02Pour seuls témoins, deux filles martyrisées, épuisées, terrifiées,
01:07qui racontent leur mois de calvaire.
01:09Malgré l'horreur, c'est un épais silence qui va retomber sur le dossier,
01:13comme si l'affaire était des plus gênantes, dérangeantes, à étouffer au plus vite.
01:18Pourquoi une telle omerta ? Que se passait-il derrière ces murs ?
01:22Question posée aux invités de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait d'hiver.
01:27L'affaire Dunant, les séquestrés d'Apoigny, c'est tout de suite sur RTL.
01:32Vendredi 20 janvier 1984, Huguette, 19 ans, vient frapper à la porte de sa mère, à Auxerre.
01:47Elle flotte dans sa robe légère alors qu'il fait un froid glacial.
01:51Tellement amaigrie et éreintée que sa mère a du mal à la reconnaître.
01:54Huguette vient de parcourir 8 kilomètres à pied.
01:58Elle est à bout de force. Elle explique qu'elle s'est échappée du pavillon d'Apoigny
02:02où elle avait été embauchée comme garde malade trois mois auparavant.
02:07Elle y a subi un calvaire.
02:08La jeune femme est couverte d'échymose, de brûlure, essentiellement sur la poitrine.
02:14Une cicatrice en forme de croix gammée est visible sur le sein droit.
02:18Les chevilles, les poignets, le cou portent des traces d'abrasion causées par des liens ou des colliers.
02:24Les parties génitales témoignent d'agressions répétées.
02:26Huguette est immédiatement hospitalisée.
02:29Le médecin qui l'examine, le docteur Jean-Pierre Lausier, est abasourdi.
02:34En 30 ans d'exercice, il n'a jamais vu cela.
02:37La patiente annonce qu'une autre fille est dans le même état.
02:40Dans le pavillon d'Apoigny, il faut la libérer.
02:43Le docteur prévient le commissariat.
02:45Samedi 21 janvier, les policiers d'Auxerre entendent Huguette, cet enfant de la DAS né dans un milieu précaire.
02:53Longtemps balotté de foyer en foyer, raconte avoir répondu à une petite annonce le 10 octobre dernier.
03:00Nourri et logé pour s'occuper d'une personne handicapée.
03:03Deux jours plus tard, Huguette s'est retrouvée dans un lotissement, un pavillon, au numéro 12 de l'allée des violettes à Apoigny.
03:12Accueillie par Claude et Monique Dunant.
03:14Lui, grosses lunettes, moustache, ailes brunes, coupe au carré.
03:18Ce jour-là, il y avait aussi un homme qui se présentait comme architecte.
03:22On a jeté sur elle une couverture, puis elle a été placée dans une chambre.
03:27Claude Dunant l'a insultée, attachée, frappée, laissée nue sans nourriture pendant deux ou trois jours.
03:33Ensuite, les supplices ont commencé dans le studio du sous-sol, une salle de torture aux murs capitonnés.
03:39Elle était nue, cagoulée, attachée.
03:41Son premier tortionnaire était un Allemand, puis les hommes, au total une trentaine selon elle, se sont succédés, régulièrement punis et violés.
03:51Elle a bien cru qu'elle allait mourir ici.
03:54À l'arrivée des clients, qu'elle ne voyait pas, elle devait annoncer les prestations.
03:58300 francs la brûlure de cigarette, 200 pour cravacher, 1500 le chalumeau.
04:05Huguette remet au policier d'Auxerre des photos et de carnets qui contiennent des noms.
04:10Elle les a dérobées en s'enfuyant.
04:12Elle répète qu'une autre jeune femme, Michaela, a elle aussi été enlevée.
04:17Elle est séquestrée. Elle subit les mêmes sévices qu'elle.
04:21Elle est en danger, répète Huguette.
04:23Le procureur d'Auxerre, René Meyer, et le juge d'instruction, Jacques Bourguignon, préfèrent temporiser.
04:30Ils veulent attendre que des clients soient présents au pavillon avant d'intervenir.
04:35Le SRPJ de Versailles n'est prévenu que le dimanche soir.
04:38Et voilà donc le premier acte de l'affaire Dunant qui va être bientôt révélé au grand public.
04:45Affaire des plus choquantes.
04:47Ce n'est pas d'ailleurs deux filles qui sont passées dans cette maison, mais au moins trois.
04:50Avec toujours ces mêmes séances de torture et d'avilissement.
04:54On va voir tout ça dans la suite de l'heure du crime avec les arrestations de Claude et Monique Dunant.
05:00Alors il y a Huguette.
05:01Huguette, c'est presque une héroïne dans cette histoire puisque c'est elle qui réussit à s'enfuir.
05:05Et qui va révéler toute cette histoire.
05:08Bonjour Thierry Fournet.
05:09Bonjour.
05:09Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans l'heure du crime.
05:14Vous êtes réalisateur et scénariste de la série La Conspiration du silence qui est diffusée sur France 2.
05:21Évidemment il faut voir La Conspiration du silence parce que c'est essentiellement sur les disparus de Lyon.
05:27Avec Émile Louis, évidemment le fameux chauffeur de car, mais aussi vous avez dédié un épisode complet sur le couple Dunant.
05:33Thierry Fournet, question très simple.
05:37Lorsqu'on découvre ce témoignage d'Huguette, c'est presque surréaliste, c'est hallucinant ce qu'elle raconte.
05:46C'est là, à quelques kilomètres d'Auxerre, dans une cave qui était une salle de torture.
05:51On ne peut pas le croire.
05:51On a du mal à y croire et d'ailleurs le premier médecin psychiatre qui va examiner Huguette avant même qu'elle ne soit examinée par le docteur Lausier ne va d'ailleurs que moyennement la croire.
06:02Il va l'envoyer justement voir le docteur Lausier mais il a du mal à croire que quelque chose comme ça soit possible et pourtant ça l'est.
06:10Mais heureusement, le docteur Lausier, quand il va voir l'état d'Huguette, va évidemment lui dire au procureur, si si il faut la croire, bien sûr tout ça s'est passé.
06:19Mais c'est vrai qu'on a du mal à le croire, ce qu'elle raconte est inimaginable.
06:23Les blessures sont effrayantes et répétées.
06:24Absolument, les blessures sont effrayantes, répétées.
06:27Elle est régulièrement torturée et ce n'est pas une gifle, pas un coup de fouet.
06:32Ce sont vraiment des tortures terribles qui sont infligées à ces deux jeunes filles.
06:36Et d'ailleurs, la toute première cliente Isabelle Ringler, qui elle était une ancienne prostituée que Dunant avait recrutée en la récupérant sur les lébords de Lyon,
06:45elle s'était enfuite justement parce qu'elle avait accepté ce qu'elle croyait être des relations sadomasochistes classiques et ce n'était pas du tout ça.
06:53Il y a déjà des tortures horribles.
06:56Bonjour Sabrina Champenois.
06:58Bonjour.
06:58Merci beaucoup d'être avec nous aujourd'hui dans L'Ordre du Crime.
07:01Vous êtes rédactrice en chef du service Société à Libération.
07:04Non, je dois dire plus maintenant, plus désormais.
07:08Non, je suis rédactrice au service Société.
07:10Voilà, c'est ça, vous êtes rédactrice au service Société de Libération.
07:12Bon, voilà, la nuance, elle est maigre.
07:15Vous êtes l'auteur d'un ouvrage sur cette affaire, Les suppliciés d'Apoigny, qui est publié aux éditions 10-18 avec Libération.
07:23Alors, je conseille à tous nos auditeurs de lire ce petit livre parce qu'il est à la fois hallucinant, très bien informé.
07:32Et vous saurez tous sur cette affaire, Les suppliciés d'Apoigny, affaire qui a été trop vite étouffée.
07:36Mais ça, on va en parler.
07:37Un mot tout de suite, Sabrina Champenois.
07:39Ce que raconte finalement Huguette, c'est qu'elle est tombée dans un piège.
07:44Elle est enlevée.
07:46Ce n'est pas du tout quelqu'un qui rentre et qui est habitué à un certain rythme de vie, si je puis dire.
07:52Non, là, elle est prise de force.
07:55C'est-à-dire qu'elle a été piégée par une offre d'emploi.
07:59Donc, Dunant avait fait miroiter par annonce un poste de garde malade, disons, d'une vieille dame.
08:10Avec ce bonus inestimable d'avoir un petit studio pour son propre confort.
08:21C'est ça.
08:22Et il faut savoir qu'Huguette, à ce moment-là, était dans une précarité assez grande, puisqu'elle était enfant de la DAS.
08:29Et qu'elle venait juste de perdre ses droits.
08:32C'est-à-dire que désormais, c'est ce qu'on appelle une sortie sèche.
08:35Et désormais, il faudrait trouver un gîte, un couvert, enfin un abri.
08:40Et donc, elle voit cette annonce et elle saute sur l'occasion.
08:43D'autant plus qu'il y a cette possibilité d'être logée.
08:45Et à partir de là, alors, il faut savoir quand même que Dunant a fait une sorte d'entretien d'embauche avec sa femme, dans un café.
08:54Tout s'est bien passé.
08:54Ils étaient très rassurants.
08:56Monsieur et madame tout le monde, des quinquas de base.
08:59Et donc, Huguette a suivi.
09:00Huguette a suivi sans se méfier.
09:02Et c'est très important ce que vous dites, Sabrina Champenois.
09:04Parce qu'on va le voir, ces filles qui sont captées par le couple Dunant, ce sont des filles fragiles.
09:08Elles sont exposées souvent de la DAS.
09:10Elles n'ont pas beaucoup de famille, etc.
09:12Elles sont peu à droite, à gauche.
09:13C'est compliqué.
09:14Encore une question, Sabrina Champenois.
09:16Dans ce pavillon, tout est organisé comme une espèce de prison.
09:21Les sadomasochistes diraient que c'est un donjon.
09:23Un donjon sadomasochiste avec cette cave qui est organisée.
09:27Oui, alors, donjon, je trouve que c'est assez...
09:29Non, c'est le terme générique.
09:29Non, mais je dirais quasiment que c'est assez glamour.
09:32D'après ce qu'a dit notamment Bernard Reves, qui était l'avocat de Monique Dunant,
09:38c'était un vrai cloaque.
09:39Puisque lui, il y est allé et il décrit quelque chose.
09:41Il dit qu'il faut imaginer un truc, mais vraiment,
09:43un cloaque répugnant, avec des outils partout,
09:48comme un garage, mais dédié à la torture.
09:53Dédié au crime, tout simplement.
09:54Dédié au crime, à la torture tous azimuts,
09:57avec la fameuse croix de Saint-André,
09:59qui est un dispositif connu dans les milieux BDSM,
10:03avec tout ce qu'il faut, tous les outils nécessaires pour torturer.
10:07Oui, alors, je n'ai pas envie d'entrer dans les détails.
10:09Bien sûr, on ne rentrera pas dans les détails.
10:10Tellement ils sont sordides.
10:11Bien sûr, vous avez raison.
10:12Mais c'est vraiment une boîte à outils maléfique.
10:15Oui, c'est ça.
10:16C'est une boîte...
10:16Vous l'avez très bien exprimé, une boîte à outils maléfique.
10:19On rentre, il ne faut pas oublier que les filles sont contraintes d'entrer.
10:22C'est très important de le dire.
10:23Elles ne viennent pas pour leur plaisir dans ce pavillon de la banlieue d'Auxerre.
10:29Thierry Fournay, quelque chose qui est important aussi,
10:32c'est que Huguette, elle a été massacrée.
10:35Elle arrive, elle a perdu énormément de poids.
10:37Quand le médecin le consulte, il n'en revient pas.
10:41Elle a eu cette présence d'esprit de prendre, de voler des agendas, des photos.
10:47Elle a embarqué ce qu'elle a pu.
10:49Et là, elle est en toute confiance.
10:51Elle les donne aux policiers, ces éléments.
10:53C'est important, ça.
10:53Parce qu'il y a beaucoup de choses dans ces carnets.
10:56Tout à fait, il y avait théoriquement la liste des clients en particulier,
11:00avec leur numéro de téléphone, etc.
11:02D'abord, il faut expliquer que Huguette s'échappe aussi pour Michaela.
11:06C'est-à-dire qu'elle est très motivée par le fait qu'il y a une autre fille.
11:11Alors que jusque-là, elle n'avait pas tenté de s'échapper pendant les trois mois où elle a été présente là.
11:15Là, d'un seul coup, elle se motive d'autant plus.
11:18Et elle profite d'une possibilité pour le faire.
11:21Et évidemment, le fait d'emmener les carnets, pour elle,
11:24s'était prouvé que ce qu'elle disait était vrai.
11:27Voilà, c'était une vraie victoire.
11:28Et bon, Dieu sait que par la suite, ces carnets-là vont avoir...
11:32Et juste un petit mot, le procureur, il n'est pas pressé d'intervenir.
11:36Il y a une personne en danger quand même dans un pavillon.
11:39Elle explique, attention, elle subit les mêmes sévices que moi.
11:43Mais alors là, excusez-moi, mais le procureur d'Ausserre et le juge d'instruction,
11:46qui s'est par ailleurs beaucoup illustré dans l'affaire des disparus d'Ausserre,
11:49on pourra en parler, ça ne va pas très vite.
11:52Non, pas du tout. Et ça, c'est une vraie question.
11:54Pourquoi mettent-ils trois jours à prendre une décision ?
11:57En plus, ils veulent absolument délocaliser.
12:00C'est-à-dire qu'ils préviennent le SRPJ de Versailles
12:02plutôt que les gendarmes locaux qui connaissent bien les lieux,
12:05qui sont...
12:05Tout un tas de choses qu'on a du mal à comprendre aujourd'hui.
12:09La police va entrer dans le pavillon.
12:13L'affaire Dunant, les séquestrés d'Apoigny, on a visité la cave,
12:16c'était aménagé en salle de torture, je n'avais jamais vu ça.
12:20L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:24L'heure du crime.
12:25Jusqu'à 15h sur RTL
12:2714h15
12:29C'est l'heure du crime sur RTL
12:32Avec Jean-Alphonse Richard
12:33L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire du couple Dunant
12:37à Apoigny, dans Lyon, en janvier 1984.
12:41Une jeune femme les accuse de l'avoir séquestrée
12:44et livrée à des dizaines d'hommes pour des sévices sexuels.
12:48Trois jours plus tard, la police débarque dans le pavillon.
12:51Lundi 23 janvier 1984, au matin,
12:56le SRPJ de Versailles frappe à la porte du 12 Allée des Violettes, à Apoigny.
13:02Claude et Monique Dunant ne semblent pas surpris par cette visite.
13:06La perquisition démarre aussitôt.
13:09Michaela, 22 ans, la fille dont leur a parlé Huguette,
13:13est découverte dans une chambre du premier étage.
13:16Elle est couchée nue sous une couverture et menottée.
13:19Dans la même pièce, il y a une vieille femme, sénile,
13:23une tante de Monique Dunant.
13:25Michaela est effrayée.
13:27Elle a cru que les policiers étaient des clients qui venaient la visiter.
13:31Elle porte des échymoses, des coupures, des brûlures de cigarettes.
13:36Elle est conduite à l'hôpital.
13:37La fille était dans le coltar.
13:39On a visité la cave.
13:41C'était aménagé en salle de torture.
13:42Je n'avais jamais vu ça, racontera le policier Michel Vialat dans Lyon Républicaine.
13:49Au sous-sol, on découvre effectivement deux pièces aux ouvertures obstruées.
13:54Partout, des chaînes, des menottes, des aiguilles à tricoter,
13:58des pinces à linge, une croix de Saint-André,
14:00accessoire essentiel de la panoplie sadomasochiste.
14:04Trône dans un coin, une cagoule rouge, des gants, des cravaches, des fouets.
14:08La liste des tarifs des sévices est retrouvée.
14:11Les policiers saisissent des agendas et des documents.
14:16Lundi 23 janvier, Claude Dunant, voyageur de commerce pour une marque de produits surgelés,
14:21et son épouse Monique, comptable à mi-temps, 51 ans, tous les deux, sont en garde à vue.
14:27Ils avouent sans difficulté les séquestrations, les viols, les actes de barbarie.
14:32Huguette, la victime qui a dénoncé le couple,
14:35avait parlé d'une troisième fille promise aux supplices devant elle.
14:39Claude Dunant s'était vanté de l'avoir tuée.
14:42Dunant confirme le passage au pavillon de la troisième fille,
14:46mais il ne l'a pas tuée.
14:47La fille en question est en effet toujours vivante.
14:50Elle s'appelle Isabelle Ringler,
14:52la première à avoir été séquestrée.
14:55Un client, le dénommé Christian Grima, sans doute épris d'elle,
14:59avait menacé Claude Dunant de tout raconter.
15:01S'il ne la libérait pas, Isabelle avait pu partir,
15:05remplacée aussitôt par Huguette.
15:09Lundi 30 janvier 1984, le journal Lyon Républicaine titre à la une
15:14« Séquestré à Apoigny ».
15:16Les journaux parisiens, le Parisien libéré, détective, libération, débarque.
15:22Sur place, personne ne semble vraiment connaître les Dunant,
15:26installés dans ce lotissement depuis trois ans.
15:28Ils ont vécu auparavant en Afrique, où ils ont fait de mauvaises affaires.
15:32Ils ont deux grands garçons, 20, 22 ans, qui n'habitent plus ici.
15:36Claude Dunant est présenté comme un homme travailleur, très sympathique.
15:40Monique est beaucoup plus discrète.
15:42Personne ne semble au courant des visites au pavillon.
15:44Quelques rares clients sont identifiés.
15:47Outre Michel Grima, le sauveur de la première victime,
15:51on recense un pompiste, un ingénieur,
15:54un Parisien féru de sadomasochisme, un retraité,
15:56un médecin d'Auxerre, ami des Dunant,
16:01accouru en urgence au pavillon pour soigner Huguette.
16:04Il avait déclaré qu'elle était hors d'usage,
16:07a préféré se suicider juste après les arrestations.
16:12Et ces fameux clients, malgré des listes,
16:14malgré des registres et même des photos
16:16qui ont été récupérées tout d'abord par Huguette,
16:19la séquestrée, puis ensuite par les policiers,
16:21eh bien tous ces clients vont être pour le moins difficiles à identifier.
16:24C'est vrai que les victimes étaient cagoulées,
16:27c'est vrai qu'elles n'ont pas vu leur visage,
16:29mais combien d'hommes ont fréquenté ce pavillon d'Apoigny ?
16:33Il y en aurait une trentaine, peut-être une quarantaine,
16:35ou peut-être une cinquantaine, on ne sait pas.
16:37Donc on va voir dans le prochain chapitre
16:39qui va être là, au procès du couple tortionnaire.
16:43Peut-être il y aura-t-il des clients,
16:44mais ça on va le voir dans la suite de l'heure du crime.
16:48Alors je l'ai dit, ce décor, on ne va pas trop y revenir,
16:50parce que c'est très pesant, il dépasse l'entendement,
16:53c'est vraiment le pavillon des tortures, comme on a pu le décrire,
16:56et d'ailleurs qui choque beaucoup les policiers,
16:58les policiers du SRPJ de Versailles sont très très choqués par ce qu'ils voient.
17:04Sabrina Champenois, vous êtes avec nous dans l'heure du crime,
17:07journaliste à Libération, auteur du livre
17:09Les suppliciers d'Apoigny,
17:11qui est publié aux éditions 10-18 avec le journal Libération.
17:14On le dit et on le redit, Sabrina Champenois,
17:17mais c'est très important de le répéter,
17:19ces filles victimes du couple d'un an,
17:21elles sont vulnérables, elles sont fragiles.
17:24Pendant des années, elles n'ont pas osé se rebeller,
17:27il y en a une qui s'enfuit, elle fait presque un exploit,
17:29parce que là, c'est terrifiant ce qu'elle raconte.
17:32C'est incroyable de la part de Huguette,
17:34d'avoir eu à la fois ce sursaut de vie,
17:39et puis d'avoir songé en même temps
17:42à prendre ces documents qui sont censés prouver en partie
17:47ce qu'elle va raconter.
17:49Mais effectivement, toutes les deux,
17:50Huguette comme Michaela, ont en commun
17:53d'être toutes les deux des jeunes filles
17:55en très grande précarité,
17:57puisque toutes les deux, ici de la DAS,
17:59elles ne se connaissaient pas avant.
18:00Et toutes les deux diront
18:02que lors de leurs entretiens d'embauche,
18:06elles ont dit à Dunant, au Dunant,
18:10qu'elles étaient de la DAS
18:11et qu'elles avaient absolument besoin
18:13de ces petits boulots.
18:15C'était pour elles une question de survie.
18:17Donc évidemment que ça permet à Dunant
18:20de se dire qu'il sait pertinemment
18:23qu'un enfant de la DAS,
18:25c'est quelqu'un qui ne bénéficie pas
18:27d'un réseau familial solide,
18:29qu'on ne va pas forcément rechercher très vite, etc.
18:32Et donc voilà, c'est comme ça qu'elles ont été piégées.
18:34Elles ne vont pas le dénoncer, cet homme.
18:37Elles ne vont pas dénoncer ce couple.
18:38C'est ce qui se dit, Dunant.
18:39Effectivement, là, il a une matière facile
18:41à pétrir et comme ça,
18:44à jeter dans cette cave.
18:46Alors, venons-en, Sabrina Champenois.
18:48Encore une question, parce que c'est important.
18:50Il y a ce couple Dunant.
18:51Finalement, ils ne sont pas là
18:52depuis très longtemps dans ce lotissement.
18:54Mais pour ce qui est étonnant,
18:56et c'est d'ailleurs dans votre livre,
18:57Les supplicités d'Apoigny,
18:58moi j'ai trouvé ça, c'est très étonnant,
19:01c'est qu'on a l'impression
19:01qu'il a déjà beaucoup de relations Dunant.
19:05Il y a du monde qui vient à lui.
19:08Il y a notamment ce médecin.
19:09Il va appeler un médecin pour soigner Huguette.
19:12Alors ça, il faut nous raconter,
19:13parce que c'est effrayant, cette histoire.
19:15Alors, Huguette était évidemment en mauvais état
19:18et elle a eu une infection à la poitrine
19:21qui, pour le coup, nécessitait vraiment
19:23l'intervention d'un avis médical.
19:26Donc, il fait venir ce médecin,
19:29entre guillemets, je pense,
19:31parce que quand même,
19:32et qui va vaguement donner une crème
19:35pour traiter la plaie.
19:38Pour cautériser la plaie.
19:39Voilà.
19:41Et donc, il va avoir cette phrase
19:42en disant, de toute façon,
19:43elle est hors d'usage.
19:45Il parle de matériel.
19:46Hors d'usage.
19:47Oui.
19:47Il parle de matériel.
19:48Elle ne sert plus à rien.
19:50Il va falloir changer le matériel.
19:52Et c'est comme ça, de fait,
19:54qu'ensuite,
19:56Dunant va se mettre en quête
19:57d'une autre jeune femme
19:58et que ce sera Michaela.
19:59Et puis, il faut ajouter
20:00que ce médecin, il ne dénonce pas les faits, évidemment.
20:02Ah, mais évidemment que non.
20:03Il y a tout ça pour lui.
20:04D'ailleurs, on ne sait pas
20:05s'il lui-même participait ou pas à tout ça.
20:08C'est tout à fait possible.
20:08Mais manifestement,
20:09il était tout à fait au courant
20:11de ce que faisait Dunant
20:12et il n'était pas contre.
20:14Thierry Fournet,
20:15vous êtes avec nous également
20:16dans l'heure du crime.
20:18Réalisateur, scénariste de la série
20:19La conspiration du silence
20:21qu'on peut d'ailleurs retrouver
20:22sur France TV.
20:24Formidable documentaire
20:26sur, effectivement,
20:28toutes ses affaires
20:28en Saône-et-Loire
20:30et dans Lyon.
20:32Et vous avez dédié
20:33un épisode de cette série
20:36au couple Dunant.
20:37Justement, dites-nous,
20:38le couple Dunant,
20:39qui fait quoi dans ce couple ?
20:41Qu'on trouve d'ailleurs sympathique.
20:42Ils sont discrets et sympathiques.
20:44Voilà comment on les décrit.
20:45Oui, lui-même, c'est vrai
20:47que c'est un personnage
20:48qui paraît d'abord un peu banal.
20:51Mais d'abord,
20:52c'est un type cultivé.
20:54C'est un musicien de jazz
20:55qui, d'ailleurs,
20:56donne des concerts
20:57à droite et à gauche.
20:58Il y a même une émission
20:59de radio.
21:00Radio locale, c'est ça ?
21:02Une émission de radio
21:03qui marche bien.
21:05Donc, c'est des gens,
21:06effectivement,
21:07qui, apparemment,
21:08n'ont rien de particulièrement
21:10inquiétant.
21:11et pourtant, voilà,
21:13ils vont...
21:14D'après ce que...
21:15Alors, évidemment,
21:16Monique et lui
21:19n'ont pas exactement
21:20la même interprétation.
21:22Lui, il dit que c'est elle
21:23qui le pousse à faire ça,
21:24qu'elle a envie
21:25de rapports
21:26à domaine de chiches
21:27qu'on a du mal à croire.
21:28Mais enfin, voilà,
21:29c'est ce que lui raconte.
21:30Et elle, elle pense,
21:31elle dit qu'elle est sous influence
21:32et qu'elle suit ses ordres à lui
21:35et qu'elle en a marre
21:36d'être maltraitée.
21:37C'est la raison pour laquelle
21:38il décide de recruter
21:39quelqu'un d'autre.
21:40Elle, elle dit,
21:41j'en ai assez
21:41d'avoir ce genre
21:43d'humiliation et de torture.
21:45Sabrina Champenois,
21:46il y a quelque chose
21:46de très étonnant.
21:47Vous êtes allé sur place,
21:48évidemment.
21:48Vous êtes allé à Poigny
21:49voir ce pavillon,
21:50voir ce coin, etc.
21:53Avec ce premier étage,
21:55ce balcon.
21:56Il y a quelque chose
21:57d'étonnant,
21:57c'est que tout se sait
21:58dans un lotissement.
21:59On voit tout.
22:00On sait que les voisins
22:01se regardent les uns
22:02les autres.
22:03Là, il n'y a aucun témoignage.
22:04Il n'y a personne
22:05qui dit
22:05envoyer entrer
22:06et sortir des hommes.
22:07En tout cas,
22:07tout le monde semble
22:08être tombé de l'armoire
22:10entre guillemets
22:10à Poigny
22:12quand l'affaire a éclaté.
22:14Le voisinage
22:15décrit vraiment
22:16effectivement
22:16un couple
22:17de monsieur et madame
22:18tout le monde.
22:19Alors,
22:20on note quand même
22:21que certains trouvent
22:23que Monique Dunant
22:25s'habille un peu trop court,
22:26un peu olé olé.
22:28Mais sinon,
22:29rien de particulier.
22:31Et effectivement,
22:32on peut se poser la question,
22:34mais il semblerait quand même
22:35que Dunant
22:35ait mis au point
22:37un système
22:37assez efficace
22:39puisque, en fait,
22:40le pavillon
22:41était à côté
22:41d'une bordure
22:44de forêt,
22:44on va dire.
22:45Et donc,
22:46il était tout à fait
22:47possible
22:47de se faire déposer
22:48le long de la nationale
22:50et de traverser
22:51un petit bois
22:52pour arriver
22:53au pavillon
22:54et passer
22:56et le faire
22:56de manière
22:57assez discrète.
22:58Et de passer inaperçu.
22:59Sept ans
22:59après les interpellations,
23:01un curieux procès
23:02à Auxerre.
23:03L'affaire Dunant,
23:04les séquestrés
23:05d'Apoigny,
23:06ce que je peux dire,
23:06c'est que parmi les clients,
23:08il y avait des gens
23:08importants.
23:09L'enquête de l'heure du crime.
23:10Mais où sont donc
23:11passés les clients
23:12et pourquoi on ne retrouve
23:14plus les agendas
23:15et les cahiers du couple ?
23:17A suivre,
23:17dans un court instant
23:18sur RTL.
23:20L'heure du crime
23:21présentée par
23:22Jean-Alphonse Richard
23:22sur RTL.
23:2514h15h
23:26C'est l'heure du crime
23:27sur RTL
23:28avec Jean-Alphonse Richard.
23:31Il nous toisait
23:32de la tête aux pieds
23:33l'air de dire
23:34que quelque part,
23:36il a toujours
23:37ce petit esprit
23:37de vengeance.
23:39Je l'ai dénoncé
23:40et ça,
23:41ça ne lui a pas plu.
23:43Au programme aujourd'hui
23:44de l'heure du crime,
23:45l'affaire Claude
23:45et Monique Dunant,
23:46en 1984,
23:48ce couple a été accusé
23:49d'avoir séquestré,
23:50torturé,
23:50livré au pire
23:51ses vices sexuels
23:52trois femmes
23:53dans leur pavillon
23:54d'Apoigny,
23:55dans Lyon,
23:56qui étaient vraiment
23:57les clients ?
23:58Sept ans plus tard,
23:59les tortionnaires
23:59sont jugés.
24:02Mardi 29 octobre 1991,
24:05le couple désormais
24:06divorcé,
24:07Claude Dunant,
24:0757 ans,
24:08Monique Michaud,
24:0957 ans,
24:10comparaissent devant
24:11la cour d'assises de Lyon
24:12à Auxerre.
24:14Deux victimes,
24:15la blonde Huguette
24:16et la brune Michaela
24:17sont au premier rang,
24:18comme apeurées
24:20par ce rendez-vous.
24:21Elles vont demander
24:22le huis clos
24:22lors de leur témoignage.
24:24Isabelle Ringler,
24:25la première séquestrée,
24:27est absente,
24:28victime la veille
24:29d'un accident.
24:31Un seul client
24:31est jugé,
24:32Michel Grima.
24:33Les rares
24:34à avoir été recensés
24:35sont morts
24:36ou ont obtenu
24:37des non-lieux.
24:38Claude Dunant
24:38n'est pas intimidé.
24:40Au grand désarroi
24:41des victimes,
24:41il comparaît libre,
24:42une association
24:43de réinsertion
24:45ayant ses entrées
24:46à la mairie d'Auxerre,
24:47mais aussi au ministère
24:48de la Justice,
24:49avait réussi
24:50à le faire libérer.
24:51Dunant,
24:51remarié,
24:52plaide coupable.
24:53Il accuse
24:54son ex-femme Monique.
24:56C'est elle
24:56qui l'a poussée
24:57à transformer
24:57le pavillon
24:58en maison des supplices.
25:00Il l'a décrit
25:00comme une créature
25:01avide de sexe extrême,
25:04infidèle,
25:05dominatrice,
25:06une proxénète.
25:07Monique répond
25:08qu'elle a été brisée
25:09par Dunant.
25:10Elle l'accuse
25:10de l'avoir offerte,
25:11elle aussi aux hommes.
25:13Elle n'a jamais eu
25:14la force
25:14de le dénoncer.
25:17Interrogé sur les clients
25:18du pavillon d'Apoigny,
25:19Claude Dunant
25:20ne donne pas de nom.
25:21Il répète négligemment
25:23qu'il y avait
25:24des gens importants.
25:26Impossible de savoir
25:27qui pourraient être
25:27ces gens importants.
25:29Les carnets de Dunant,
25:31dont les agendas
25:31remis aux enquêteurs
25:32par Huguette,
25:33ont disparu.
25:34L'avocat général
25:35se sent obligé
25:36de se justifier.
25:37Il ne faut pas croire
25:38ceux qui accusent
25:39la justice
25:39d'avoir couvert
25:40un certain nombre
25:41de clients.
25:42C'est absolument ridicule,
25:44déclare-t-il.
25:45Après trois jours
25:45de procès,
25:46Claude Dunant
25:47est condamné
25:47à la perpétuité.
25:49Cinq ans pour Monique Michaud,
25:50deux pour le client.
25:51Christian Grima.
25:54Et on est là
25:54sept ans
25:55après les arrestations.
25:56C'est beaucoup,
25:57sept ans pour une enquête,
25:58sept ans pour un procès.
25:59Alors, il y a eu
26:00beaucoup de choses
26:00qui se sont passées
26:01et finalement,
26:01bien peu de choses
26:02ont abouti.
26:04Et notamment,
26:04l'absence des clients
26:05qui,
26:06tout le monde s'interroge.
26:07à ce procès,
26:07il n'y a pas de clients.
26:08Il y en a un seul,
26:09c'est Michel Grima.
26:10Et malgré le temps,
26:11évidemment,
26:12l'affaire est toujours
26:12très embarrassante.
26:13Sabrina Champenois,
26:15journaliste à Libération,
26:16vous êtes l'auteur
26:16de cet ouvrage
26:17sur cette affaire,
26:18Les suppliciés d'Apoigny
26:19qui sort aux éditions
26:2010-18
26:20avec le journal Libération.
26:23Sabrina Champenois,
26:25lorsqu'on vous lit
26:25votre ouvrage
26:26et que vous avez
26:27vous relatez
26:28ce procès,
26:30on sent que
26:30ces deux filles
26:31qui étaient séquestrées,
26:34elles sont toujours
26:35dans la peur
26:36et dans la terreur
26:36de le tortionnaire.
26:37Elles n'osent presque
26:38pas le regarder.
26:39Mais bien sûr,
26:40parce qu'elles le diront
26:41d'ailleurs qu'elles ont senti
26:42que...
26:43Alors,
26:43il semblerait qu'au procès,
26:44il a été très...
26:46Tout ce que racontent,
26:47rapportent les gens
26:49qui y ont assisté,
26:51notamment à la presse,
26:52décrivent
26:52quelqu'un de hableur,
26:55très sur lui,
26:56fanfaron,
26:57très sûr de lui,
26:58et qui regarde
26:59les victimes bien en face.
27:00et elles,
27:00elles se sont senties
27:01agressées.
27:03Il avait l'air
27:03d'être toujours
27:04le dominant
27:05et menaçant,
27:07quoi.
27:08Et le fait,
27:09parce que,
27:09voilà,
27:107 ans d'instruction
27:11pour aboutir
27:13à quel résultat ?
27:147 ans d'instruction
27:15au même résultat.
27:16C'est-à-dire que,
27:17de toute façon,
27:17Monique et Claude Dunant
27:18ont avoué immédiatement,
27:20dès leur arrestation.
27:22Bon,
27:22Christian Grima,
27:23c'est un sous-fifre.
27:24Oui,
27:24c'est le client lambda.
27:26Oui,
27:27qui avait permis,
27:27en plus,
27:28de faire libérer
27:29la précédente Isabelle Ringler,
27:31ce qui est quand même
27:31hallucinant.
27:32C'est pour ça qu'il est là,
27:33d'ailleurs,
27:33parce qu'il a été identifié
27:34tout de suite.
27:34Voilà,
27:34tout à fait.
27:35À part ça,
27:36personne,
27:37aucun autre
27:38des 40 ou 50 clients
27:40qui ont infligé
27:42ces supplices
27:43à Huguette et Michaela.
27:45Donc,
27:45évidemment,
27:46on peut comprendre
27:46de leur part,
27:48de la part des filles,
27:49l'inquiétude
27:51que ça peut nourrir.
27:52Qu'est-ce qu'il se passe ?
27:53Comment se fait-ce
27:56que la justice
27:56n'ait pas si progressé
27:58que ça ?
27:58Mais Sabrina Champenois,
28:00où est-ce qu'ils sont passés
28:01ces clients ?
28:02On ne les a pas cherchés ?
28:03On les a mal cherchés ?
28:05Ils sont décédés ?
28:06Ils sont ailleurs ?
28:07Qu'est-ce qui s'est passé ?
28:08Alors,
28:08il y en a un certain nombre
28:09qui ont...
28:10Il y en a certains
28:10qui avaient été identifiés
28:11et qui sont morts.
28:12Une dizaine,
28:13je crois.
28:14Mais pour le reste,
28:15manifestement,
28:16on ne s'est pas employé
28:17plus que ça
28:17à les chercher.
28:19Ou alors,
28:20il y a vraiment
28:20une incapacité
28:21à les trouver
28:22qui est étonnante.
28:23une conspiration
28:24du silence,
28:25comme d'ailleurs
28:25dirait Thierry Fournay.
28:27C'est le titre
28:27de votre documentaire,
28:28Thierry Fournay,
28:29la conspiration du silence
28:30sur France TV
28:31avec un épisode
28:33qui est consacré
28:33au couple du Nant.
28:34Vous connaissez donc
28:35bien cette affaire.
28:36Thierry Fournay,
28:38déjà,
28:38cette audience,
28:39c'est très malsain tout ça
28:40parce qu'effectivement,
28:41il y a les accusés
28:42qui se défendent,
28:43etc.
28:43Mais ce n'est pas ça
28:44qui est essentiel
28:45dans ce procès.
28:46Ce qui est essentiel,
28:47c'est qu'il y a des documents
28:49qui ont été perdus.
28:50On ne les retrouve pas.
28:51Il y a des listes de clients
28:52qui se sont égarés,
28:54entre guillemets.
28:55Et ça,
28:55c'est terrifiant.
28:56Oui,
28:57que sont devenus les carnets,
28:58on ne le saura jamais.
29:00L'avocat de Monique Dunant,
29:02Bernard Revest,
29:03dit en avoir vu un
29:05et lui,
29:06il dit qu'aucun des noms
29:07qu'il avait vus
29:08sur ce carnet
29:08ne lui disait quelque chose.
29:10Il y avait simplement
29:10des marchands de chaussures
29:12précises-t-il
29:13de la région de Lyon,
29:15je crois.
29:16Mais bon,
29:17manifestement,
29:18de toute façon,
29:18il n'y avait pas qu'un carnet.
29:19Michaela explique
29:21qu'il y avait quatre carnets.
29:22On n'en retrouvera
29:23de toute façon qu'un
29:24qui d'ailleurs
29:25ne sera pas là
29:27au moment de l'audience.
29:29On a quand même l'impression
29:30que le juge d'instruction
29:31Jacques Bourguignon
29:32n'a pas fait son travail.
29:33En ce sens,
29:33on n'a pas vraiment
29:34cherché
29:35qui étaient ses clients
29:36parce qu'en plus de ça,
29:38l'une des greffières
29:39s'est aperçue
29:39que dans l'un des carnets
29:40il manquait deux pages,
29:41avaient été arrachées.
29:43Donc,
29:43qui a arraché ses pages,
29:44on ne le sait pas.
29:45Comment ces carnets ont disparu,
29:46on ne le sait pas.
29:47Alors,
29:47c'est vrai qu'il apparaît
29:49que le greffe à Hausser
29:50était plus que maltenu
29:51à cette époque.
29:52Il n'y a pas que
29:52sur cette affaire-là,
29:53mais en particulier là-dessus.
29:55Et on va vraiment...
29:56La seule personne,
29:57en plus des Dunant,
29:58qui est inquiétée
29:59dans cette affaire,
30:00c'est Grima.
30:01C'est le seul
30:01qui, justement,
30:03aurait voulu dénoncer Dunant
30:04parce qu'il avait trouvé
30:05que le sort
30:06qui était réservé
30:07à Isabelle Ringler
30:08était inadmissible.
30:10Donc,
30:10c'est le seul
30:11qui se révolte un peu.
30:12Et qu'il y a quelque chose
30:12d'étonnant,
30:13Sabrina Champenois,
30:13au sujet de ces carnets
30:14qui manquent.
30:15On ne sait pas
30:15où ils sont passés
30:16à ce moment-là.
30:16On ne sait pas
30:17s'ils ont été détruits,
30:18s'ils sont quelque part
30:18coincés dans un tiroir
30:20du greffe.
30:21C'est que l'accusation,
30:23le procureur
30:24qui devrait porter,
30:25l'avocat général
30:26qui devrait porter
30:27l'accusation,
30:29lui,
30:30à aucun moment,
30:31il réclame
30:31la fourniture
30:33de ces dossiers.
30:34Non,
30:34c'est balayé en fait.
30:35C'est comme si
30:36c'était accessoire
30:37et il rejette un peu
30:39la faute sur la rumeur
30:41véhiculée par les médias,
30:42etc.
30:43Et donc,
30:44il semblerait que quand même
30:45il y a un ensemble
30:46de personnes
30:49censées rendre
30:50la justice
30:50qui balayent
30:52d'un revers de main
30:53un élément
30:54qui semble quand même
30:54décisif.
30:55Capitale,
30:55centrale.
30:56Absolument.
30:5711 ans après le procès,
30:59la chasse au carnet
31:00secret est rouverte.
31:02L'affaire Dunant,
31:03les séquestrés
31:03d'Apoigny,
31:04mettre un homme
31:05comme celui-là
31:06en liberté,
31:07mais il peut recommencer
31:08à tout moment.
31:09L'enquête de l'heure du crime,
31:10on se retrouve
31:10dans un instant
31:11sur RTL.
31:13Jean-Alphonse Richard
31:14sur RTL.
31:15L'heure du crime
31:16jusqu'à 15h.
31:1914h-15h,
31:20Jean-Alphonse Richard
31:21sur RTL.
31:23L'heure du crime.
31:24Retour aujourd'hui
31:25dans l'heure du crime
31:26sur l'affaire Claude
31:27et Monique Dunant.
31:28Ce couple d'Apoigny
31:29près d'Ausser
31:29a été condamné
31:30en 1991
31:31pour avoir séquestré,
31:32violé,
31:33torturé
31:33des femmes
31:34dans leur pavillon.
31:35Les clients
31:36qui pourraient être
31:36des personnalités
31:37de la région
31:38n'ont jamais
31:38été identifiés.
31:41Vendredi 1er juin 2001,
31:43Claude Dunant,
31:4367 ans,
31:45condamné à la perpétuité
31:46est libéré.
31:47Il n'est resté au total
31:48que 16 ans en détention.
31:49Bien entouré,
31:50il a pu bénéficier
31:51de la nouvelle loi
31:52sur la présomption
31:53d'innocence.
31:55Son avocate
31:55l'a présenté
31:56comme un détenu modèle.
31:57Dans une lettre,
31:58il annonçait
31:59vouloir vivre
32:00dans l'ombre
32:01et consacrer
32:02le restant
32:03de son existence
32:03à faire le bien
32:05autour de lui,
32:06à soulager
32:06la détresse
32:07et à aider
32:08et secourir.
32:10Libération anticipée,
32:11acceptée.
32:12Huguette
32:12et Michaela,
32:13ces victimes
32:14sont abasourdis.
32:16Leur avocat,
32:16maître Didier Seban,
32:17se renseigne
32:18sur le suivi
32:19de l'individu.
32:20Huguette dit
32:21avoir peur
32:22pour sa famille.
32:23Michaela,
32:24propos retranscrit
32:25dans le livre
32:25Les suppliciés
32:26d'Apoigny,
32:27indique
32:28la loi
32:29n'est pas juste
32:30mettre un homme
32:30comme celui-là
32:31en liberté
32:32mais il peut
32:33recommencer
32:33à tout moment.
32:35Lundi 17 décembre 2001,
32:38l'inspection judiciaire
32:39lancée sur le fonctionnement
32:41du tribunal d'Auxerre
32:42et axée d'ailleurs
32:43sur les affaires
32:44des disparus de Lyon
32:44et Émile Louis
32:45aborde le cas
32:47d'un an.
32:48Les magistrats
32:48se renseignent
32:49sur la disparition
32:50du précieux
32:51calepin
32:51du tortionnaire.
32:53Au début de l'enquête,
32:54quatre agendas
32:54et trois mémentos
32:56avaient été placés
32:57sous scellés
32:58le scellé
32:59numéro 14
33:00scellés
33:00introuvables.
33:02Parmi les 25
33:03scellés
33:03enregistrés
33:04par le greffe,
33:05il en reste
33:05seulement quatre
33:06dont un madrier
33:07et une échelle.
33:09Les inspecteurs
33:10retrouvent enfin
33:11la trace
33:11d'un agenda noir
33:12mais deux pages
33:14ont été arrachées.
33:15La plupart des cahiers
33:16auraient été brûlés
33:17en trois fois
33:18sur ordre
33:19du procureur
33:20de l'époque
33:20Jacques Casal.
33:21L'inspection
33:22souhaite
33:23la poursuite
33:24des investigations.
33:26Inspection judiciaire
33:27tardive
33:28mais inspection
33:29quand même.
33:29Thierry Fournay,
33:30vous êtes avec nous
33:30dans le secteur du crime,
33:31journaliste,
33:33auteur,
33:35réalisateur
33:35et scénariste
33:36de la Conspiration
33:37du silence
33:37qui est diffusée
33:38sur France TV.
33:42Que de mystère.
33:43Cette inspection
33:44elle arrive à point
33:45et effectivement
33:45elle pointe
33:47vraiment
33:47des choses
33:48qui ne vont pas.
33:49Notamment
33:49ces cahiers
33:50qui ont disparu
33:51et cette enquête
33:52qui a été étouffée,
33:53l'enquête du Nant.
33:53Absolument,
33:54Marie-Lise Lebranche
33:55a été révoltée
33:56contre ce qui s'était passé
33:58justement au Cerf.
33:58L'ancienne garde des Sceaux
34:00à l'époque
34:00elle ordonne donc
34:01une enquête
34:02malheureusement
34:03qu'elle ne pourra pas suivre
34:04parce qu'il y avait
34:05un changement politique
34:06à ce moment-là
34:07et ce n'est plus elle
34:07qui est ministre de la Justice
34:08très peu de temps après.
34:10Finalement
34:10malgré tout
34:12cette enquête
34:13dénonce
34:14un certain nombre
34:14de choses.
34:15Les sanctions
34:16relatives
34:17qui seront prises
34:18contre quatre magistrats
34:20à l'époque
34:20sont des sanctions
34:21modestes
34:22de mise à la traite
34:23anticipée
34:24et en réalité
34:26elles seront contestées
34:27ensuite par le Conseil d'État
34:28qui estimera
34:30que ce n'est pas
34:31des politiques
34:31qui peuvent décider
34:33que des magistrats
34:34se sont trompés
34:35donc ce ne sera même
34:36pas appliqué.
34:37Donc c'est un échec
34:38absolument total
34:40et dans notre série
34:42on interview
34:43M. Basler
34:44qui lui a fait partie
34:45de cette commission
34:46et qui explique
34:47le résultat
34:49de tout leur travail.
34:49ils avaient vraiment
34:50considéré
34:51qu'un certain nombre
34:51de choses
34:51n'allaient pas du tout
34:52et il n'y aura
34:53aucune suite.
34:55Il n'y aura
34:55qu'une suite
34:55alors finalement
34:56c'est une suite
34:56de silence
34:57et d'omerta
34:58cette histoire.
34:59Chaque fois
34:59on met le chapeau
35:00sur ce qui ne va pas
35:00on regarde
35:01de l'autre côté
35:02Sabrilla Champelon
35:05vous êtes avec nous
35:06également dans
35:06l'heure du crime
35:06journaliste
35:07à Libération
35:07auteur des
35:09Suppliés d'Apoigny
35:10qui est publié
35:10aux éditions 10-18
35:12avec le journal
35:12Libération
35:14Claude Dunant
35:15lui aussi
35:16finalement
35:16il n'a pas fait
35:17beaucoup de prison
35:18il a fait 16 ans
35:19de prison
35:19il avait écopé
35:20de la perpétuité
35:21il est bien entouré
35:23il s'en sort bien
35:24finalement
35:24il veut se faire oublier
35:25d'ailleurs
35:25il jure sur tous les toits
35:27qu'il ne fera plus
35:27de mal à qui que ce soit
35:29alors
35:29c'est vrai que
35:31les 16 ans
35:32en soi
35:33ça n'est pas
35:35enfin
35:35qu'il soit libéré
35:37n'est pas si
35:38incroyable
35:39puisqu'il avait fait
35:39rappelons
35:40il faut le rappeler
35:416 ans de préventive
35:42et il fait 10 ans
35:43en plus
35:44donc ça fait 16 ans
35:46pour les victimes
35:47je pense que c'est un choc
35:49pour les victimes
35:50c'est intolérable
35:51mais les spécialistes du droit
35:52diront
35:52oui mais on est dans les clous
35:53on est dans les clous
35:55d'autant plus qu'il n'y a pas
35:55de peine de sûreté
35:56à cette époque là
35:57ça n'existe pas
35:58mais il est vrai
36:00qu'on ne peut s'empêcher
36:01de penser qu'il a vraiment
36:02une bonne étoile du non
36:03c'est à dire que
36:05pourquoi il est arrivé
36:06libre à son procès
36:09parce qu'il a obtenu
36:10sa remise en liberté
36:12provisoire
36:13grâce à l'appui
36:14d'un certain Fritch
36:16qui lui a fait
36:17a demandé
36:18à Jean-Pierre Soisson
36:19d'appuyer la demande
36:20le maire d'Ausser
36:21oui
36:21et à leur ministre
36:22auprès de
36:23l'alors
36:24garde des soirs
36:26Payange
36:27et voilà
36:28Dunant
36:29qui est quand même
36:30accusé de crime
36:31très conséquent
36:32qui arrive libre
36:33à son procès
36:34et ensuite
36:35et bien Dunant
36:36arrive à ressortir
36:38au bout de 10 ans
36:39on se dit
36:40waouh
36:41quand même
36:41pour lui
36:42la vie est assez douce
36:43il arrive à trouver
36:43un job
36:44enfin
36:45le chauffeur de car
36:46oui
36:46mais à chaque fois
36:47il se remarie
36:48entre temps
36:49il arrive toujours
36:50à retomber
36:51plutôt sur ses pattes
36:52et puis quand on dit
36:54rester dans l'ombre
36:54on attend que ça
36:55puisque tout de suite
36:56après sa sortie
36:57il téléphone au rédacteur
36:58en chef de Lyon républicaine
36:59et il sollicite
37:00à l'interview
37:01d'ailleurs
37:02qui va être
37:03dans cette interview
37:04il va d'ailleurs répéter
37:04que c'est sa femme
37:05qui a tout fait
37:06etc
37:06bien sûr
37:07mais justement
37:07que lui il y était pour rien
37:08il menace un peu
37:10sans le dire
37:12il menace un peu
37:12ses anciens clients
37:13en disant
37:14mais il y avait
37:14un magistrat
37:15il y avait un homme politique
37:17un ministre
37:17dit-il
37:18il sous-entend donc
37:19que si on lui vient
37:21pas en aide
37:21il pourrait
37:23donner des noms
37:24c'est un petit peu
37:24comme ça qu'on le vit
37:25et il fait ça
37:26juste en sortant
37:27alors parallèlement
37:27il dit
37:28maintenant je veux faire le bien
37:29mais d'abord
37:30ce qu'il fait
37:30c'est laisser sous-entendre
37:32à ses clients
37:33qu'il faudrait peut-être l'aider
37:34mais c'est un maître chanteur
37:36c'est un maître chanteur
37:37tout à fait
37:37c'est un maître chanteur
37:38alors évidemment
37:39vous le dites
37:39un magistrat
37:40un ministre
37:40etc
37:41il laisse planer le doute
37:42toujours
37:42et ça
37:43oui mais ça l'a sorti
37:44finalement
37:44de ce mauvais pas
37:46c'est son totem d'immunité
37:47quelque part
37:48c'est ça
37:48puisqu'il fait chaque fois
37:49miroiter
37:49qu'il pourrait dire la vérité
37:51Thierry fournez juste un petit mot
37:54le scellé numéro 14
37:55ce fameux scellé numéro 14
37:57qu'on ne retrouve pas
37:58évidemment dans les sous-sols
38:00du tribunal d'Auxerre
38:02lui il est au coeur de l'histoire
38:04s'il y avait une copie quelque part
38:06ça serait formidable aujourd'hui
38:07de la retrouver
38:08absolument
38:09il y a probablement une copie quelque part
38:11c'est bien possible
38:12d'ailleurs
38:13sur la fin de la vie de Dunant
38:15j'étais allé à Mulhouse
38:16parce qu'il était
38:17il était réfugié
38:18enfin réfugié
38:19il s'était
38:20il habitait à Mulhouse
38:22et il avait rencontré
38:24un certain nombre de gens là-bas
38:25et il leur disait
38:26qu'il avait
38:27toujours ce carnet
38:28qu'il avait toujours un carnet
38:29dans lequel il avait
38:31le nom de ses clients
38:31donc bien après sa sortie
38:33ce qui voulait bien laisser dire
38:35qu'il menaçait
38:36il continuait à être menaçant
38:38et d'ailleurs
38:38il finira sa vie tranquillement
38:40dans un très très bel appartement
38:43à Mulhouse
38:44sur la place de la Réunion
38:45un des plus beaux appartements
38:46de Mulhouse
38:47il vivra avec une femme
38:48qui est visiteuse de prison
38:50qui aura d'ailleurs
38:51qui va d'ailleurs décéder
38:52dans des conditions
38:52un peu mystérieuses
38:53d'une crise cardiaque
38:55alors que son médecin
38:56ne lui connaissait
38:56aucune maladie cardiaque
38:58bon voilà
38:58c'est pas terminé
39:00l'affaire Dunant
39:01n'est pas terminée
39:01avec tout ça
39:0220 ans
39:03après sa libération
39:04effectivement
39:05le principal acteur
39:07du dossier
39:07va s'éteindre
39:08l'affaire Dunant
39:10les séquestrés d'Apoigny
39:11je ne connais pas
39:12Émile Louis
39:13je ne l'ai jamais rencontré
39:14l'enquête de l'art du crime
39:16je vous retrouve tout de suite
39:17sur RTL
39:17dans l'heure du crime
39:30aujourd'hui
39:30la mystérieuse affaire
39:31du couple Dunant
39:32au début des années 80
39:33ils séquestraient
39:34dans leur pavillon
39:35pour les soumettre
39:36à des tortures sexuelles
39:37des jeunes femmes
39:38parmi les tortionnaires
39:40de passage
39:41peut-être
39:41des personnalités
39:42les agendas
39:44du maître de maison
39:45sont toujours restés
39:46introuvables
39:47jeudi 29 juillet 2021
39:50Claude Dunant
39:5187 ans
39:52meurt
39:52à l'hôpital de Mulhouse
39:53quelques années plus tôt
39:54dans des interviews
39:55il se disait choqué
39:57par des articles
39:58de presse
39:58et des reportages
39:59rapprochant son affaire
40:01de celle des disparus
40:02de Lyon
40:02et d'Émile Louis
40:03je ne connais pas
40:04Émile Louis
40:05je ne l'ai jamais rencontré
40:06affirmait-il
40:07dans le journal
40:08Lyon républicaine
40:09hormis les deux victimes
40:12Huguette et Michaela
40:13les témoins
40:14de l'affaire Dunant
40:14ont disparu
40:15un à un
40:16parfois dans des conditions
40:18troubles
40:18Monique Michaud
40:19l'ancienne épouse
40:20de Claude Dunant
40:21a fait une chute
40:21inexpliquée
40:22dans un escalier
40:23Isabelle Ringler
40:24la première séquestrée
40:26d'Apoigny
40:26a elle été retrouvée
40:28empoisonnée
40:29apparemment
40:31je suis restée
40:31que trois semaines
40:32mais peu importe
40:33le temps qu'on reste
40:34les sévices
40:35ils sont là
40:35et puis ils sont
40:36dans notre corps
40:37ils sont dans la tête
40:38et puis on ne dort pas
40:39c'est des trucs
40:40qui me reviennent
40:41sans arrêt
40:42même encore aujourd'hui
40:43Michaela
40:46l'une des victimes
40:47des Dunant
40:49du couple Dunant
40:49c'était dans le documentaire
40:51Auxerre
40:51la justice bafouée
40:52diffusée sur TF1
40:53en 2004
40:54documentaire réalisé par vous
40:56Thierry Fournet
40:57vous êtes l'un de nos invités
40:58aujourd'hui
40:59dans l'heure du crime
41:00vous connaissez par coeur
41:00cette affaire
41:01on fait une petite parenthèse
41:03on a beaucoup cherché le lien
41:05avec Émile Louis
41:06tu es en série
41:07chauffeur de car
41:10enfin on ne va pas refaire
41:11l'histoire d'Émile Louis
41:11mais on n'a pas trouvé
41:13de lien entre
41:13les Dunant et Émile Louis
41:14non il n'y en a très probablement pas
41:16lorsqu'on regarde les dates
41:19ça ne correspond pas
41:20non parce que
41:20Émile Louis était ou en prison
41:22ou parti
41:22au moment où se sont passés
41:24ces faits-là
41:24ça fait partie du fantasme
41:26évidemment
41:26c'est facile à imaginer
41:28qu'ils auraient pu se connaître
41:30et travailler ensemble
41:31mais de mon point de vue
41:32c'est extrêmement peu probable
41:33en tous les cas
41:33il n'y a aucun élément
41:34qui va dans ce sens
41:35alors vous m'avez mis
41:36la puce à l'oreille
41:37tout à l'heure
41:38quand on discutait
41:39Thierry Fournet
41:41évidemment
41:42il s'était un maître
41:45c'était un maître chanteur
41:46Claude Dunant
41:47il disait
41:48parmi mes clients
41:49il y a peut-être
41:50des personnalités
41:50il y a peut-être
41:51un ministre
41:52il y a peut-être
41:52un procureur
41:53etc
41:53donc ça
41:55on n'a jamais eu
41:55la preuve de tout ça
41:57mais vous disiez
41:57que ce n'est pas fini
41:58l'affaire Dunant
41:59qu'il y a encore
42:00des secrets
42:00que ça continue
42:01c'est ça ?
42:03Oui évidemment
42:04on cherche toujours
42:05à savoir
42:06qui pouvait être
42:07c'est au minimum
42:0830 clients
42:09il en reconnaît
42:1030 à 40
42:12lorsqu'on le rencontre
42:13dans un café
42:14à Mulhouse plus tard
42:15donc voilà
42:17on peut estimer
42:17qu'il y a 30 ou 40 clients
42:18et on peut penser
42:20qu'aujourd'hui
42:21il n'est pas impossible
42:22qu'un certain nombre
42:24se manifeste un jour
42:25juste avant
42:27de passer l'arme à gauche
42:28parce qu'ils ont envie
42:30peut-être
42:31de donner
42:32un éclairage nouveau
42:33sur cette affaire
42:34je pense que c'est possible
42:35Vous l'avez rencontré
42:36Claude Dunant
42:38mais qu'est-ce qu'il vous racontait
42:39cet homme ?
42:41Il est très intelligent
42:42comme ça
42:43il arrive à l'ouvoyer
42:45très intelligent
42:46je ne dirais pas
42:46mais ce n'est pas un imbécile
42:48je vous dis
42:48il est cultivé
42:49il est malin
42:50en tous les cas
42:51on le rencontre un peu
42:52par hasard pour lui
42:54on le rencontre
42:54dans un café
42:55du coup
42:55on s'assoit
42:56on parle avec lui
42:58il va reconnaître
42:59en gros
43:00tout à fait
43:01qu'il avait 30 ou 40 clients
43:02il va reconnaître
43:03il va nous dire
43:04alors qu'il avait dit
43:05jusqu'à là
43:06qu'il avait un ministre
43:07comme client
43:07là il va dire
43:08en fait c'était un homme
43:09politique important
43:10donc il va modifier
43:11un peu les choses
43:12mais il ne nous donnera
43:14évidemment pas de nom
43:15il reste mystérieux
43:17il a perdu quand même
43:19de son côté hableur
43:21parce qu'il a quand même
43:22fait toutes ses années de prison
43:23quand on le rencontre
43:23mais il est quand même
43:24assez sûr de lui
43:25il n'a pas d'inquiétude
43:26il n'a pas
43:27il sait qu'il a une vie
43:29finalement pas si mauvaise
43:30que ça
43:30Sabrina Champenois
43:32vous êtes journaliste
43:33à Libération
43:33moteur de l'ouvrage
43:34Les suppliciés
43:36d'Apoigny
43:36publié aux éditions
43:3710-18 avec Libération
43:39et c'est un livre
43:40qu'il faut lire
43:40si on veut comprendre
43:41cette histoire
43:41parce que vous avez révélé
43:43plein de choses
43:44dans cet ouvrage
43:45pourquoi vous êtes intéressé
43:47à cette histoire ?
43:48parce que c'est une affaire
43:49qu'on a oubliée
43:49presque une affaire
43:50assez trouble
43:51c'est vrai qu'on
43:51n'a jamais trop su
43:53ce qui se passait
43:53derrière ce pavillon
43:54il y avait cette histoire
43:55d'Apoigny
43:55mais on ne savait pas
43:56trop ce que c'était
43:56c'est ça ?
43:57alors au départ
43:58donc pour cette collection
44:01qui est toute nouvelle
44:04qui commence
44:05moi je voulais travailler
44:06sur la séquestration
44:07parce que c'est
44:08c'est quelque chose
44:09qui me terrifie
44:10et je me demande
44:11quelle est la mécanique mentale
44:13qui amène des gens
44:14à séquestrer d'autres
44:15et puis donc
44:17j'ai regardé
44:19quelle séquestration
44:22avait pu se produire
44:22en France
44:23dans les années 80-90
44:25et je découvre
44:28cette affaire
44:29d'Apoigny
44:30et je trouvais intéressant
44:32qu'il y ait eu
44:33à la fois deux jeunes femmes
44:34qui étaient séquestrées
44:35que ça a été
44:37du fait d'un couple
44:39ce qui est rare
44:40c'est vrai
44:40vous avez raison
44:40qui est à la fois rare
44:41et en même temps
44:42on voit que la dynamique
44:42du couple
44:43par exemple
44:43chez les fournirés
44:44ça fonctionne
44:45plutôt pas mal
44:47parfois
44:47hélas
44:48et aussi
44:50le fait que
44:50je n'en avais jamais
44:51entendu parler
44:52alors que je m'intéresse
44:53aux faits divers
44:54j'ai trouvé ça étrange
44:55et de fait
44:55ensuite
44:56donc j'ai commencé
44:57à m'y intéresser
44:58et j'ai été stupéfaite
45:00alors à la fois
45:00par le traitement
45:01judiciaire
45:03de cette affaire
45:04mais aussi
45:04par le peu d'écho
45:05qu'elle a eu
45:05à la fois localement
45:07assez peu
45:07de manière très sporadique
45:08au moment
45:10de l'échappée des filles
45:12enfin de Huguette
45:13ensuite au moment
45:15du procès
45:15ensuite un petit peu
45:17au moment
45:17de la libération
45:18du non
45:19mais quand même
45:20ça n'a pas fait
45:21énormément de foin
45:22cette affaire
45:23alors qu'elle est terrible
45:24c'est ça
45:24c'est ça
45:25c'est une grande question
45:26que je posais tout de suite
45:27parce qu'effectivement
45:28on se demande
45:28pourquoi
45:29pourquoi si peu d'écho
45:30pourquoi si peu de commentaires
45:33Thierry Fournier
45:33vous avez une explication
45:34là-dessus
45:34cela dit
45:36je rajoute
45:37mais si
45:38on peut le dire
45:38que la justice
45:39a freiné beaucoup
45:40pour qu'il n'y ait pas
45:41beaucoup d'écho
45:42ça c'est sûr
45:43mais quand même
45:43on peut s'étonner
45:44que par exemple
45:45si vous voulez
45:46ça a été traité
45:47localement
45:48et assez peu
45:49par les journaux locaux
45:50mais en tous les cas
45:51très peu
45:51sur le plan national
45:52pourquoi
45:53c'est difficile à comprendre
45:54je pense aussi
45:54que ça se passe
45:56dans les années 80
45:57et ça se passerait
45:58aujourd'hui
45:59je pense qu'il n'y aurait
45:59pas du tout
46:00le même traitement
46:00je pense
46:01et tant mieux
46:03aujourd'hui
46:05on s'intéresse
46:06à ces affaires-là
46:07mais à ce moment-là
46:08ça passait un peu à l'as
46:09merci beaucoup
46:11Thierry Fournet
46:12et Sabrina Champenois
46:14d'avoir été
46:14aujourd'hui
46:15les invités
46:15de l'heure du crime
46:16merci
46:16à l'équipe de l'émission
46:17rédactrice en chef
46:18Justine Vigneau
46:19préparation
46:19Marie Bossard
46:20Lisa Canales
46:21réalisation en direct
46:22Pierre-Yves Falson
46:24et merci beaucoup
46:24les auditeurs
46:25d'être de plus en plus nombreux
46:26à nous écouter
46:27évidemment
46:27on vous embrasse
46:28dans cette heure du crime
46:29et on se retrouve demain
46:30pour une autre heure du crime
46:31toujours inédite
46:32et toujours en direct
46:33pour une autre heure du crime

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