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Brûlé à 97% : il racconte son terrible accident (le plus grand brûlé au monde)
Transcription
00:00J'ai été brûlé sur 97% de la surface corporelle, au troisième degré.
00:03Un accident tout con, une lampe à gaz qui est tombée en pleine nuit, qui a pris feu.
00:08Et donc voilà, s'en est suivi un scénario un peu de film d'horreur.
00:11Ok.
00:12Pas d'eau, devoir aller chez les pompiers à pied.
00:14Parce qu'on le rappelle, du coup, on est en 94.
00:17On est en 94, donc les téléphones portables, tu les oublies.
00:19Aucun moyen de joindre les pompiers.
00:20C'est ça.
00:21On était vraiment dans les bois.
00:23Et toi, à ce moment-là, dans quel état tu étais alors du coup là ?
00:25Dans quel état j'étais ?
00:26Bah en fait, étonnamment, on l'expliquera plus tard, mais en fait, si tu veux, quand tu atteins un certain niveau de brûlure,
00:33notamment quand tu atteins vraiment, tu tapes dans le fond du troisième degré,
00:36la douleur en fait, elle est tellement extrême instantanément que ton système nerveux, il cède immédiatement.
00:41Donc moi, je ne me suis même pas réveillé en fait.
00:43On ne m'aurait pas réveillé en disant, il y a le feu, je dormirais encore.
00:46Donc ça veut dire que tu prenais feu en dormant ?
00:48Je brûlais, je dormais.
00:49Mais bon, plus tu te consumes, plus tu sens qu'il ne faut pas que ça dure trop longtemps la marche.
00:53J'arrive pas trop à estimer, on va dire, qu'entre le feu qui s'est déclaré et les pompiers, je l'estime à 15-20 minutes.
00:59Oui, c'est...
00:59Tout passe très vite quand c'est comme ça.
01:01Donc j'ai été mis en coma, coma artificiel dans lequel je suis resté presque trois mois.
01:04Et donc en fait, je suis resté un mois, un mois et demi à l'hôpital de la Péronie.
01:08Sauf que le problème, c'est que tu as les brûlés classiques qui vont de 1 à 40% de la soie corporelle.
01:15Après, on va avoir les grands brûlés qui vont être de 40 à 70, 75%.
01:20Mais dès qu'on tape au-delà du 80%, il y a 5-6 centres en France qui peuvent gérer ça.
01:25Et à Montpellier, ils n'étaient clairement pas équipés.
01:27Donc en fait, 97%, il n'y avait pas de précédent en 94.
01:31Pour eux, ils attendaient que je claque, ce qui est tout à fait logique d'un point de vue médical.
01:36Jusqu'à ce que s'organise mon transfert en hôpital militaire à Paris, où là, j'avais clairement plus de chance.
01:41Quand tu étais à l'hôpital, les médecins, quel type de chirurgie ils ont adopté ?
01:47Est-ce que tu connais un peu le processus médical qui a été mis en place ?
01:51Le problème, quand tu as atteint ces niveaux de brûlure, c'est que déjà, il y a des zones, notamment mes doigts,
01:56il y a des zones qui vont être nécrosées.
01:58Donc là, il faut déjà amputer, il faut nettoyer, il faut vraiment décaper le corps.
02:02Ils ont pris de la peau de ton bas-ventre ?
02:04Ils ont prélevé.
02:05Ils ont cultivé là-bas et ils t'ont renvoyé ici ?
02:07C'est ça.
02:07Waouh !
02:08C'est une technologie qui date de 1989.
02:09C'est quelque chose que maintenant, en 2023, on fait en France.
02:12J'ai eu mon accident en 1994, la culture de peau, les premiers centres où ils testaient la culture de peau.
02:16À Lille, j'ai eu un centimètre de chaque côté aux épaules à l'époque en test de culture française.
02:21J'étais le premier à recevoir de la culture de peau au visage.
02:24Et donc, c'est pour ça aussi que c'est intéressant parce que, notamment sur la peau de mon visage,
02:27le recul le plus lointain qu'on ait, en fait, c'est moi.
02:30Est-ce que tu as eu d'autres traitements aussi, peut-être ?
02:33Oui, j'ai eu une cinquantaine d'opérations en tout pour me retaper à peu près correctement.
02:37Donc, ça passe par les greffes.
02:39Il y a différents types de greffes selon les endroits.
02:41Il y a des retouches, un peu comme une voiture.
02:44On va remettre en état.
02:45Il y a aussi le fait que la peau brûlée, on est quand même sur une peau qui est relativement artificielle
02:50et qui manque de souplesse.
02:52Ça veut dire que j'avais 9 ans.
02:53Un 9 ans, je n'avais pas la taille que je fais aujourd'hui.
02:55Comment la peau s'étire ?
02:56Voilà, pour ceux qui ne visualisent pas, un corps brûlé, c'est un peu comme si vous avez déjà plongé dans une piscine
03:02avec des vêtements et que vous ressortez avec les vêtements mouillés que vous ne pouvez pas enlever.
03:05C'est ça, c'est un peu vivre dans des vêtements trop petits.
03:07Du coup, tu te réveilles du coma trois mois plus tard ?
03:09Donc, au moment où je me réveille, je suis sauvé.
03:12Le pronostic vital, il est un peu désengagé.
03:15Toujours, je reste en réanimation.
03:17Je suis resté cinq mois et demi.
03:18Mais globalement, il se permet de dire à ma mère que c'est bon, c'est safe.
03:22Mais moi, à ce moment-là, je suis bien tubé, je suis branché de partout, je ne mange pas par voie orale.
03:27Donc, je suis resté cinq mois et demi là.
03:29Et début janvier, j'ai été transféré en centre de rééducation pour la convalescence.
03:33Où là, je suis resté presque sept ans.
03:35C'est ça, il a fallu réapprendre ?
03:37Oui, j'étais resté couché pendant des mois.
03:39Donc, on passe par des tables de verticalisation pour ne pas que le sang remonte vite à la tête.
03:43Donc, petit à petit, au fur et à mesure des semaines, on te verticalise.
03:46Réapprendre à marcher.
03:47Mes mains, j'étais droitier de base.
03:50Il a fallu réapprendre à écrire, à manger, à s'habiller.
03:53Sept ans, ce n'est pas de trop pour se remettre bien.
03:55Bien sûr.
03:56Par contre, à ton réveil, est-ce que tu as eu mal ?
03:59Alors, à mon réveil, j'étais encore sédaté pendant de longues semaines.
04:02Mais globalement, ce n'est pas pour rien, justement.
04:03J'étais le coma artificiel.
04:05Il est là pour canaliser ça.
04:07Parce qu'une greffe de peau, ne serait-ce qu'une culture de peau, ne serait-ce que sur une main.
04:11On est sur 250 agrafes, juste pour la paume de la main, pour faire tenir.
04:15Donc, sur le dos, on est sur du 500-600 agrafes.
04:18Voilà, il y a tout un tas de douleurs.
04:20Les séances d'ablation d'agrafes qu'on segmentait en séance de 4 heures pour que ce soit gérable.
04:25Il y a eu plein de trucs comme ça, les fils, quand on m'a refait les yeux.
04:28Quand t'as refait les yeux aussi, les pupilles.
04:29Quand on m'a fait les paupières, il a fallu garder mes yeux fermés pendant une semaine pour la cicatrisation.
04:34On n'en a pas parlé encore, mais du coup, t'as une famille ?
04:37J'ai une famille, donc je suis divorcé, mais j'ai mes deux enfants, donc j'ai en gardé alterné.
04:41Ça, ils sont gentils les enfants, ça va ?
04:43Ils sont très gentils.
04:44Ils obéissent bien ?
04:44Ils sont bien dressés, tout d'ailleurs.
04:47Souvent, j'ai des parents de jeunes brûlés qui me contactent.
04:50Et ils ont souvent ces questions de quelqu'un qui me disait, voilà, mon fils, il a 14 ans.
04:54Est-ce qu'il va rencontrer l'amour ? Est-ce qu'il va plaire ?
04:56Et donc, c'est toujours un souci pour les parents que l'enfant ne passe pas à côté de moments, d'étape charnière de la vie.
05:03Ça me permet de les rassurer, parce que j'ai l'étiquette de parents.
05:06J'ai des enfants de 12 et 15 ans, donc on est en plein dedans.
05:09Mais en même temps, j'ai été grand brûlé.
05:11Et moi, ça ne m'a jamais empêché de vivre des histoires.

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