Retour chronologique sur les grands personnages de l'histoire
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00:01Bonjour à tous et bienvenue dans les belles figures de l'histoire.
00:04Le nom du pape Pisset est associé pour l'histoire à celui de Napoléon
00:07dans les soubresauts de la tourmente post-révolutionnaire.
00:11Mais il ne fut pas que cela.
00:13La bonté d'âme de ce religieux était reconnue par tous, y compris par ses ennemis.
00:18Pasteur courageux, défenseur de l'Église, il a su s'imposer auprès des politiques de son temps.
00:23Pisset a-t-il vaincu Napoléon par sa douceur et sa ténacité face à l'homme le plus puissant d'Europe ?
00:29C'est la question de cette émission que nous poserons au père Jean-François Thomas.
00:32Bonjour, merci d'être avec nous mon père.
00:34Vous êtes jésuite, je le rappelle, et auteur de La France en son âme, publié chez Via Romana.
00:38Et puis Véronique Jacquet est avec nous. Bonjour Véronique.
00:41Bonjour Amérique, bonjour à tous.
00:42Et cette émission est en partenariat avec France catholique.
00:45Nous allons tout à l'heure partir à Fontainebleau où le pape Pisset a été prisonnier.
00:50Mais avant cela, Véronique, dites-nous qui est Pisset,
00:54qui est devenu pape dans une époque troublée, on le disait, après la Révolution française.
00:59Alors Pisset, c'est d'abord Barnaba Caramonti, qui est né en 1742 à Cézena, près de la mer Adriatique.
01:06Et c'est d'abord un moine bénédictin, donc un religieux qui est entré dans l'ordre des bénédictins,
01:11sous le nom de Don Grégorio, un homme très doux, très affable, très doué intellectuellement,
01:16docteur en théologie, et ouvert aux idées des Lumières de l'époque,
01:22notamment les réalités sociales et scientifiques de son temps.
01:25Donc on peut dire en cela qu'il n'est pas figé dans le passé.
01:28Et puis de fil en aiguille, il devient confesseur du futur pape Pissis,
01:31qui est le cardinal Angelo Bracchi, qui le tient en haute estime et qui va faire de lui un pasteur.
01:37Il le sacre évêque de Tivoli à 42 ans, cardinal ensuite pour le diocèse d'Himola.
01:43Il a la réputation, donc ce cardinal Caramonti, d'être très généreux.
01:49Il se dévoue particulièrement aux pauvres de son diocèse.
01:52Et puis arrive la Révolution française et ses conséquences, c'est-à-dire le directoire,
01:56la campagne d'Italie qui est confiée à Napoléon, qui met la main en 1796 sur certains états pontificaux.
02:03Et à Himola, le cardinal Caramonti gère l'invasion avec beaucoup de tact.
02:08Il tend à apaiser les foules qui sont forcément hostiles aux Français.
02:11Donc là encore, on voit un cardinal diplomate, affable, plein de douceur.
02:16Alors, le contexte, parce que c'est pas simple.
02:18En février 1798, la France envahit Rome et fait prisonnier le pape Piscis.
02:24Piscis qui n'y avait pas été de main morte avec la Révolution française.
02:27Il avait carrément excommunié la nation France.
02:30Il avait condamné les idées des Lumières et les députés bourreaux
02:34qui avaient décidé de la décapitation du roi Louis XVI.
02:37Donc il devient l'ennemi numéro un des Républicains.
02:40Et la Convention en France ne se cache pas de vouloir détruire la puissance papale au Vatican.
02:45Dans ce contexte, il est fait prisonnier.
02:47Vous imaginez prisonnier ?
02:49Le pape Piscis a 80 ans et commence pour lui un long martyr.
02:53Il va être conduit successivement à Sienne, à Florence, à Grenoble et à Valence, en France.
02:59Donc où il meurt le 29 août 1799.
03:02Et où les Républicains ont carrément le privé d'obsèques religieuses.
03:06Vous imaginez quand même, pour un pape, un Piscis.
03:08Alors là commence un long conclave à Venise.
03:11Et contre toute attente, c'est l'évêque d'Imola, le fameux cardinal Caramonti qui va être élu en 1800.
03:17Son pontificat va durer 23 ans.
03:19Il va être marqué par des rapports conflictuels avec Napoléon, le Républicain.
03:23Et ensuite Napoléon, l'Empereur.
03:25On va rentrer dans le détail.
03:26Mais d'abord, Père Thomas, revenons sur ce contexte compliqué de l'époque.
03:29Un contexte effroyable qui a d'abord touché la France, évidemment, avec la Révolution.
03:36Mais qui va s'étendre à toute l'Europe avec les guerres républicaines et ensuite avec les guerres napoléoniennes.
03:45Et l'Europe va être totalement bouleversée et notamment bouleversée religieusement.
03:52Tout simplement parce que la République et ensuite le Premier Empire ont remis en cause l'existence même des États pontificaux.
04:04Et à travers cette remise en cause, la remise en cause aussi du pouvoir spirituel du pape.
04:13Car c'est cela qui est visé.
04:14Ce qui était visé, c'était le désir de supprimer l'Église catholique et de la réduire en fait à des églises nationales sous le contrôle des différents gouvernants.
04:28On le voit bien avec Piscis, qui est fait prisonnier en effet.
04:34Et lorsqu'il meurt à Valence, les Républicains sont persuadés que voilà, il n'y aura pas d'autre conclave.
04:40Il n'y aura pas d'élection.
04:42Et c'est l'empereur d'Autriche qui va organiser un conclave à Venise.
04:47Car Venise était territoire autrichien à l'époque avec un nombre réduit de cardinaux.
04:53Et Piscis va être élu.
04:55Mais ce n'est pas le candidat favori.
04:57Tous les autres candidats favoris sont éliminés les uns après les autres par le veto qu'avait notamment l'empereur d'Autriche et le roi d'Espagne.
05:06Donc ensuite, avec l'élection de Piscis, c'est le même scénario qui se reproduit.
05:15Et Napoléon, qui dans un premier temps va redonner une existence aux États pontificaux, va reprendre cette existence.
05:23Parce qu'il a bien compris que, bon, politiquement, c'est une arme.
05:27Donc la relation va être très compliquée, très conflictuelle.
05:31Mais c'est Piscette, tout de même, qui va en fait sortir gagnant.
05:35On va y revenir dans le détail, effectivement.
05:36Juste avant, peut-être un mot quand même sur ce pape Piscis qui est confronté à cette tornade, à cette tourmente révolutionnaire.
05:44Et on reproche parfois à la diplomatie du Saint-Siège d'être trop timide face, justement, à la violence des États.
05:51Là, en l'occurrence, Piscis n'y va pas de main morte et il choisit le martyr et c'est ce qui se produira.
05:57Oui, on l'appelle d'ailleurs le pape martyre.
06:00Il avait choisi le nom de Pi en hommage à Saint-Piscis, Saint-Piscis en disant, je choisis ce nom parce que Saint-Piscis a organisé le concile de Trente
06:13et également a permis la victoire de la bataille de Lépente contre l'Empire ottoman.
06:19Et c'était un pape mystique. C'était un homme qui était très doux, qui, avant de condamner les acquis de la Révolution, selon la République française,
06:32a été très prudent puisqu'il a mis du temps, même pour dénoncer la constitution civile du clergé, mettant en cela aussi le roi Louis XVI dans une situation très inconfortable.
06:46Donc c'est un homme qui a pris du temps pour prendre des décisions, mais lorsqu'il les prenait, bien évidemment, c'était toujours pour la sauvegarde de la foi.
06:54Il a été inflexible.
06:55Oui, inflexible.
06:56Alors Véronique, venons-en à cette relation complexe, n'est-ce pas, entre Piscette et Napoléon. D'abord, au début, en tout cas, tout se passe bien.
07:05Oui, alors au début, en 1800, quand Piscette devient pape, Napoléon est premier consul depuis quelques mois.
07:10Et il prononce à Milan un discours où il fait l'éloge du catholicisme romain.
07:15Le Vatican est surpris de ses propos qui émènent quand même d'un chef d'État dont le pays a adopté la constitution civile du clergé
07:22et qui a quand même martyrisé les prêtres réfractaires ainsi que de nombreux religieux et religieuses durant la Révolution.
07:28Et puis ensuite, Napoléon souhaite la signature d'un concordat, c'est-à-dire d'un accord qui porte sur une matière politico-religieuse
07:35entre l'État français et le Saint-Siège pour rétablir, c'est ce que veut Napoléon, pour rétablir la liberté de culte de la religion catholique
07:44qui, disait-il, est la religion de la majorité des Français. Et il estime que la religion est nécessaire pour maintenir l'ordre social.
07:52Alors Piscette, au départ, se montre ouvert à cette initiative. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas fou.
07:57Il sait que c'est l'occasion pour le Vatican de remettre un pied dans les affaires de l'Église de France après l'époque troublée de la Révolution.
08:03Alors, il va quand même y avoir jusqu'à 8 projets de traité. Et Piscette va finir par ratifier le concordat le 15 août 1801,
08:11un petit peu plus d'un an après son élection. Le concordat, ce n'est pas forcément du gagnant-gagnant pour le pape,
08:17parce que certes, il y a la liberté de culte, mais d'un autre côté, il y a la laïcité de l'État qui garde les biens du clergé nationalisé au moment de la Révolution.
08:24Alors, en 1802, les choses se gâtent. 70 articles sont ajoutés sans consulter le pape pour faire, en fait, de l'Église de France une église nationale.
08:36Nomination des évêques par le gouvernement sans l'aval de Rome. Vous imaginez quand même le sale coup que Napoléon fait au pape Piscette.
08:42Et le pape Piscette est forcément extrêmement déçu. Et c'est pour tenter d'obtenir l'abrogation des articles de 1802 que le pape Piscette accepte de venir à Rome
08:51contre l'avis de la curie romaine pour le sacre de Napoléon.
08:55De venir à Paris.
08:56De venir à Paris, pardon, pour venir couronner, évidemment, Napoléon, empereur des Français, le 2 décembre 1804.
09:03Alors, contrairement à la légende, il n'a pas été mis devant le fait accompli pour ne pas lui mettre la tiare sur la tête.
09:08Vous savez, cette fameuse image, il avait été décidé en amont que Napoléon se la poserait lui-même.
09:14Quoi qu'il en soit, le pape Piscette reste quelques mois à Paris et rentre à Rome sans avoir obtenu gain de cause.
09:20Alors, père Thomas, qu'est-ce que ce concordat a finalement apporté de positif pour l'Église de France ?
09:26Et que pensez-vous d'ailleurs de l'attitude de Piscette par rapport à Napoléon ?
09:29D'accord. Alors, tout d'abord, il faut préciser que Napoléon n'a pas déposé sa tiare sur sa tête, mais sa couronne.
09:36Vous avez dit la tiare, donc il faut préciser que la tiare, c'est pour un pape, la couronne, c'est pour l'empereur.
09:41C'est pour un pape. En fait, Napoléon, c'est un malin. Il a compris que la France est complètement exsangue, qu'il faut tout reconstruire,
09:50puisque toutes les institutions ont été mises à bas par la Révolution.
09:55Et donc, il a compris aussi que les religions peuvent être d'une grande utilité.
10:00Quand il fait, en effet, l'éloge du catholicisme romain à Milan, ça ne le gêne pas par ailleurs, par exemple, de faire l'éloge de la religion juive, de la religion musulmane, l'éloge des protestants.
10:13Il va tout utiliser.
10:15C'est le mot en même temps de l'époque ?
10:16Oui, il va donner des privilèges à chacun, parce qu'une des grandes idées de la Révolution française, c'est la liberté religieuse.
10:25Mais la liberté religieuse, pas au sens où l'Église l'entend.
10:29C'est la liberté religieuse de tous les cultes sur un même niveau.
10:33Et d'ailleurs, dans le concordat qui va être signé avec Pissette, il est précisé que le catholicisme, c'est la religion majoritaire des Français.
10:44Parce qu'en effet, il y a une majorité de Français qui sont catholiques.
10:47Mais ce n'est pas la religion d'État.
10:49Ce n'est pas une religion, le catholicisme n'est pas présenté comme ayant un statut favori par rapport aux autres religions.
10:58Et en effet, il est malin lorsqu'il rajoute ses 77 articles organiques sans l'aval du souverain pontife.
11:08Il fait d'ailleurs la même chose pour l'Église protestante.
11:11Il en fait une Église nationale qui est un peu copiée sur l'Église gallicane qui pouvait exister déjà au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle en France.
11:23Ou alors, en effet, il copie un peu le modèle d'Henri VIII avec l'anglicanisme.
11:30Donc, il veut avoir la mainmise sur tout ce qui est non seulement temporel, mais également sur ce qui est spirituel.
11:38Et lorsqu'il nomme, par exemple, lorsqu'il donne comme titre à son fils le titre de roi de Rome, ce n'est pas par hasard.
11:46C'est parce qu'à Rome, on n'a plus besoin d'un souverain pontife.
11:52Et son but, ça a été aussi, lorsqu'il a voulu faire signer un autre concordat à Pissette, c'était de garder le pape à Paris.
12:04Il avait prévu de faire loger désormais le souverain pontife dans l'île de la Cité.
12:09Donc, Paris comme la Nouvelle-Rome.
12:11Alors, c'est un débat passionnant qui a bien des résonances encore aujourd'hui, bien sûr, mais il nous faut avancer dans le récit, Véronique,
12:18notamment parce qu'effectivement, les relations entre les deux hommes, entre Napoléon et Pissette, vont progressivement se détériorer.
12:24En fait, la tension monte d'un cran en 1809, lorsque les États pontificaux sont officiellement annexés par l'État français.
12:31En représailles, Pissette fait afficher une bulle d'excommunication dans Rome qui vise ce qui viole la souveraineté temporelle du Saint-Siège.
12:38Donc, en fait, il vise indirectement Napoléon.
12:40Alors, l'empereur excommunié, vous imaginez, il n'hésite plus à faire enlever le pape.
12:46Et par le général Étienne Radé, qui est aidé d'un corps d'un millier d'hommes qui se trouve à Rome à ce moment-là.
12:53Alors, le général Radé met les formes, bien entendu.
12:55Il demande au pape de le suivre.
12:57Et Pissette lui répond cette phrase célèbre.
12:59« Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous ne voulons pas. »
13:03Mais le pape quitte quand même tranquillement le palais du Quirinal, accroché à son bras.
13:07Ça se passe dans la nuit du 6 juillet 1809.
13:10Il sera emprisonné à Savonne, en loin de Gênes, puis en fait, secrètement transféré au château de Fontainebleau,
13:15où il arrive malade et épuisé le 20 juin 1812.
13:19Donc déjà quand même trois ans de détention.
13:22Et Pissette a 70 ans.
13:24On va voir justement maintenant dans ce reportage des lois Rochebrune comment se sont passés les 19 mois,
13:31presque deux ans de captivité de Pissette à Fontainebleau.
13:35Regardez ce reportage donc en région parisienne.
13:39C'est ici, dans le magnifique château de Fontainebleau, que le pape Pissette a habité de 1812 à 1814.
13:45Ses appartements, une suite de 11 pièces, ont été richement décorés par la famille Bonaparte.
13:50Les Français ont aménagé la distribution de cette pièce en honneur du pape,
13:55de façon à ce qu'il y ait une enfilade de trois salons, comme au palais pontifical du Quirinal.
14:03Un faste qui ne cache pas le statut du pape italien ici.
14:06Il est prisonnier de l'Empire.
14:07Objectif pour Napoléon, isoler le souverain pontife pour qu'il cède aux exigences du Concordat.
14:12Et c'est dans une de ces pièces qu'ont eu lieu les tractations entre Pissette,
14:17qui était reclus là depuis juin 1812.
14:22Et Napoléon, qui un jour de janvier 1813, déboule à l'improviste.
14:30Lui et le pape ne s'étaient pas vus depuis huit ans.
14:33Et entreprend d'amener Pissette à souscrire à ses conditions.
14:37Au quotidien, Pissette est surveillé par un officier de gendarmerie, le colonel Lagorse.
14:43Celui-ci consigne dans ses rapports les faits et gestes du souverain pontife, avec un ton méprisant.
14:48À 11h, il reçoit les évêques qui vont lui faire la cour et cause jusqu'à midi.
14:53Il dîne à une heure, dort de 2 à 6, se promène de 6 à 7h30 dans la galerie de François 1er,
15:02et passe environ 2 heures à raconter ou entendre des historiettes,
15:07à faire estropier quelques fragments de phrases françaises par un de ses domestiques,
15:11ou autres passe-temps à peu près semblables.
15:13Paradoxe de ce séjour en prison dorée, des artistes français se pressent pour le représenter.
15:18Comme ce portrait le plus connu du pape, c'est l'illustre Jacques-Louis David qui en est l'auteur.
15:24Anticlérical et acquis à l'Empire, l'artiste est pourtant marqué par ses rencontres avec le pape Pissette.
15:29Et David vantait à ses élèves, la personne du pape en ces termes,
15:34ce bon vieillard, quelle figure vénérable, comme il est simple, et quelle belle tête il a.
15:41Celui-là est vraiment un pape, c'est un vrai prêtre.
15:44Il est pauvre comme Saint-Pierre.
15:46Les dorures de ses habits sont fausses, mais cela n'est que plus respectable.
15:50Pissette quitte Fontainebleau le 23 janvier 1814 après 18 mois de captivité
15:55et rentre à Rome en triomphe le 24 mai.
15:57Alors Véronique, il faut nous raconter la fin de cette histoire,
16:01de cette relation complexe entre les deux hommes,
16:03puisque au final, est-ce que c'est Pissette qui a vaincu ?
16:06La question peut se poser.
16:07Alors en tout cas, Pissette, on l'a entendu dans le reportage,
16:10rentre en triomphe à Rome et il ne va pas garder d'animosité pour l'Empereur.
16:14Bien au contraire, il va avoir une forme d'affection.
16:17Il va même accorder l'hospitalité à la famille Bonaparte,
16:20dont la mère de l'Empereur.
16:21Il interviendra auprès des autorités anglaises
16:23afin que les conditions de captivité de Napoléon
16:26soient plus clémentes sur l'île de Sainte-Hélène.
16:28Il lui enverra même un aumônier, l'abbé Vignali.
16:31Et Pissette écrira au gouvernement anglais
16:33dont il sollicite la clémence pour Napoléon
16:35« Il ne peut plus être un danger pour personne.
16:38Nous ne voudrions pas qu'il devienne une source de remords. »
16:41Et Napoléon, lui, empereur déchu et exilé,
16:44dira du pape dans ses mémoires de Sainte-Hélène
16:46« C'est véritablement un bon, un doux, un brave homme.
16:50C'est un agneau, un véritable homme de bien
16:52que j'estime, que j'aime beaucoup
16:54et qui, de son côté, me le rend un peu, j'en suis sûre. »
16:57Voilà, du coup, c'est émouvant.
16:59Et évidemment, on a l'impression que c'est quand même Pissette
17:01qui a gagné cette dernière manche
17:04avec sa grandeur d'âme, tout simplement.
17:05On va poser la question, bien sûr, au père Thomas.
17:07Il a cette phrase aussi de Pissette
17:09qui appelle Napoléon « Mon cher fils, fils un peu têtu,
17:12mais fils quand même. »
17:13C'est très beau, quand même.
17:14Oui, c'est très beau.
17:15En fait, Pissette a une personnalité qui est très complexe.
17:19On le voit bien, lorsqu'il est prêtre,
17:21il est soupçonné, par exemple, de jansénisme.
17:23Ensuite, il épouse les idées des Lumières, vraiment.
17:26C'est un homme progressiste.
17:28Lorsqu'il est évêque d'Himola et déjà cardinal,
17:31son jeu politique avec l'invasion républicaine française
17:37est un peu bizarre,
17:39parce que cela sauve peut-être son diocèse,
17:43mais pas les autres diocèses.
17:45Mais lorsqu'il est investi de la charge suprême,
17:48il est habité par autre chose.
17:50Et on voit qu'à ce moment-là,
17:52il est vraiment le gardien du trésor de la tradition de l'Église.
17:57Et de sa liberté.
17:58Et de sa liberté.
17:59Et donc, son rapport avec Napoléon,
18:02oui, c'est vraiment le pasteur qui s'adresse
18:04à tous ses agneaux, à tous ses moutons,
18:08y compris aux moutons noirs,
18:09que pouvait être Napoléon à certains moments.
18:12Donc oui, il demeure un fils,
18:13parce que c'est un fils de l'Église.
18:15Et Napoléon, dans sa vie spirituelle,
18:18est un homme également très complexe.
18:19C'est très intéressant de voir les revirements de Napoléon,
18:23son attachement,
18:24ça a également sa haine, parfois.
18:28Mais bon, c'est un Corse qui a été baptisé.
18:31Et il en reste quelque chose.
18:32Comme tout Corse.
18:33On peut le dire.
18:35En tout cas, c'est une histoire passionnante.
18:37Et effectivement, on peut dire, en conclusion,
18:39que Pisset s'est montré à la hauteur
18:40des circonstances troublées de l'époque.
18:43Véronique, quelques livres
18:44pour mieux découvrir cette histoire,
18:45justement, passionnante.
18:46Alors, la biographie de Jean-Marc Tiqui,
18:49qui date de 2022,
18:50Pisset, le pape vainqueur de Napoléon,
18:53c'est chez Perrin.
18:54Autre biographie plus récente,
18:56qui date de mai 2024,
18:57Pisset, le pape qui défia Napoléon,
18:59c'est chez Passé composé,
19:00et c'est signé Xavier Maréchaud.
19:02Et puis une bande dessinée pour adultes et adolescents,
19:04Pisset, résisté à Napoléon,
19:06par Philippe Thiraud et Thomas Verguet.
19:07C'est aux éditions Glénat.
19:09On n'oublie pas, bien entendu,
19:10France Catholique,
19:11qui a largement évoqué,
19:13évidemment, cette relation
19:14entre le pape Pisset et Napoléon,
19:16sur abonnement
19:17et sur france-catholique.fr.
19:19Merci Véronique.
19:20Un dernier mot,
19:20une citation qui n'est pas du pape Pisset,
19:23mais du cardinal Ercole Consalvi.
19:25C'est lui qui a négocié le concordat
19:26avec Napoléon.
19:28Et on imagine que les négociations
19:30ont dû être parfois tendues.
19:32Et voilà ce que répondait ce cardinal
19:34à Napoléon,
19:35disant vouloir détruire l'Église.
19:37Le cardinal répondait
19:39« Vous ne parviendrez pas à détruire l'Église. »
19:40Voilà, 19 siècles
19:41que nous autres,
19:42hommes d'Église,
19:42n'y sommes pas parvenus.
19:43Voilà, avec un brin d'humour.
19:45Merci beaucoup,
19:46Père Jean-François Thomas,
19:47d'avoir été avec nous.
19:48La France en son âme,
19:48c'est chez Via Romana.
19:49Merci, bien sûr,
19:50à Véronique,
19:51à Yael Benhamou,
19:53aux équipes techniques
19:54de CNews.
19:55Et puis,
19:55à suivre demain,
19:56dans Quête d'Esprit,
19:57à 13h,
19:58nous parlerons
19:58de la Sainte Tunique d'Argenteuil,
20:00qui va connaître
20:00une ostention exceptionnelle
20:01pendant trois semaines.
20:03Et elle est véritablement
20:04un témoin
20:05de la Passion du Christ.
20:06Voilà,
20:10qui va connaître