Ces "600 tonnes représentent 15% de la production mondiale actuelle", se félicite jeudi 10 avril sur franceinfo Frédéric Carencotte, le président de la société Caremag.
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00:00La Vité Éco, Sophie Auvigne.
00:04Frédéric Carancote, bonjour.
00:05Vous êtes le patron d'une usine qui en fait n'existe pas encore,
00:09ni en France, ni d'ailleurs en Europe.
00:12La première pierre vient d'être posée dans les Pyrénées-Atlantiques.
00:15Cette usine va produire des terres rares.
00:17Alors on expliquera comment vous allez vous y prendre,
00:19que les experts se bouchent les oreilles,
00:21parce que oui, on va vulgariser probablement à l'extrême.
00:25D'abord, à quoi servent ces terres rares ?
00:27Les terres rares servent pour les aimants permanents.
00:31Les terres rares permettent de faire des aimants permanents.
00:33Les aimants aux terres rares sont les aimants les plus puissants
00:36qui existent commercialement.
00:37Et donc, quand on va avoir besoin d'un aimant permanent,
00:40pour un moteur électrique en général...
00:42Un moteur électrique sans aimant, ça n'existe pas ?
00:45Ça existe, mais un moteur électrique avec aimant est plus performant.
00:48Et un moteur électrique avec aimant aux terres rares est encore plus performant.
00:54Et donc, pourquoi plus performant ?
00:55C'est que quand on va avoir besoin d'un moteur électrique léger ou de petite taille,
01:00on va mettre l'aimant le plus efficace qui existe commercialement.
01:03Donc, on va mettre un aimant aux terres rares.
01:05Ce qui fait, par exemple, qu'aujourd'hui,
01:08la plupart des moteurs électriques, des voitures électriques,
01:10la plupart des moteurs électriques, des voitures hybrides,
01:13la plupart des turbines d'éoliennes offshore
01:15sont équipées d'aimants permanents aux terres rares.
01:17Alors, le problème pour nous, Français et Européens,
01:21c'est que la Chine a le monopole des terres rares.
01:24Mais l'Europe a décidé de limiter cette dépendance.
01:28Est-ce que c'est vital, selon vous ?
01:30Aujourd'hui, 65% des mines de terres rares sont en Chine.
01:36Plus de 80% du raffinage des terres rares est fait en Chine.
01:39Il y a 6 ans, quand j'ai monté cette société,
01:44nous avons décidé de faire une société de service,
01:47mais également d'avoir notre propre projet.
01:49Nous n'avons pas de mine en France, pas en Europe.
01:53En revanche, comme je l'expliquais tout à l'heure,
01:55les aimants sont dans plein d'outils que l'on utilise aujourd'hui.
02:00Nous avions devant nous une mine urbaine.
02:02On a décidé de lancer un projet de recyclage d'aimants contenant des terres rares.
02:06On va y arriver.
02:07Ça rappellera évidemment quelque chose aux plus âgés.
02:09En France, on n'a pas de métaux stratégiques, de terres rares.
02:13Mais vous avez des idées pour votre future usine.
02:16Vous l'avez dit, elle s'appelle Kermag.
02:18Elle va être construite à Lac, dans les Pyrénées-Atlantiques.
02:21Et donc, votre idée, c'est le recyclage.
02:24J'allais même dire la récup.
02:26C'est ça la solution ?
02:27Voilà, Kermag va recycler des aimants.
02:29Recycler des aimants de trois sources.
02:31Parce que souvent, on dit que les aimants sont utilisés pour les moteurs électriques.
02:36Ce n'est pas pour demain, les moteurs électriques, le recyclage.
02:39En revanche, dès aujourd'hui, les aimants sont fabriqués.
02:42Quand on fabrique un aimant aux terres rares, on a des chutes de production.
02:46Parce qu'il faut couper l'aimant.
02:47Donc, on a des chutes de coupe qui vont de 15 à 30%.
02:50Donc, on va commencer par recycler ces chutes de production des fabricants d'aimants.
02:55Aujourd'hui, ces chutes partent où ?
02:57Aujourd'hui, ces chutes partent en Asie, essentiellement, qui sont les seuls endroits où on peut recycler ces chutes.
03:02Donc, on va les garder ?
03:03On va les garder.
03:04On va aussi, en plus de ces chutes de production des fabricants d'aimants, récupérer les chutes de production des assembleurs de moteurs.
03:11et commencer à récupérer les aimants contenus dans les équipements fin de vie.
03:16Les voitures usagées, les éoliennes usagées ou les prototypes d'éoliennes, les trottinettes usagées.
03:23Parce que 100% des trottinettes électriques contiennent des aimants aux terres rares.
03:27Vous allez d'ailleurs, c'est ce que vous voulez, devenir le premier recycleur européen de terres rares.
03:33Parce que si on s'intéresse à tous les objets contenant des terres rares, il y a beaucoup à récupérer ?
03:38Selon les objets, il y a de quelques grammes à plusieurs tonnes.
03:42Une éolienne offshore aujourd'hui, c'est plusieurs tonnes d'aimants aux terres rares.
03:46Une voiture électrique, c'est quelques kilos.
03:49Donc oui, il y a des aimants aux terres rares à récupérer dans de nombreuses applications.
03:52Est-ce que vraiment votre objectif, c'est la souveraineté ? Est-ce que c'est possible et à quel horizon ?
03:56Alors, nous, on a décidé de démarrer par une unité de recyclage d'aimants permanents
04:03à laquelle on couple une unité de raffinage de terres rares lourdes.
04:07Et le recyclage couplé au raffinage va nous permettre, pour certaines terres rares, les terres rares lourdes,
04:14de produire 600 tonnes de ces terres rares, 600 tonnes qui représentent 15% de la production mondiale actuelle.
04:21Ce qui est beaucoup.
04:22Ce qui est déjà pas mal.
04:23Alors, je sais bien que c'est une industrie très différente de la vôtre,
04:26mais qu'est-ce que vous pensez de la reprise de Vancorex ?
04:29Vancorex, c'est une usine chimique en France indispensable à la dissuasion nucléaire.
04:35Et cette usine, elle est reprise aujourd'hui par un groupe chinois.
04:39On a l'impression qu'elle fait le trajet inverse du vôtre.
04:43Alors, vous me l'avez appris juste avant l'émission.
04:46Moi, aujourd'hui, j'ai monté un projet.
04:49J'ai sécurisé des fonds, 216 millions, auprès de l'État français,
04:54qui nous aide depuis 2020 avec des subventions.
04:57Depuis 2020, un partenaire japonais qui met également 110 millions d'euros.
05:04Ces partenaires me permettent de sécuriser la construction de l'usine,
05:09le fonctionnement des premières années de l'usine.
05:11Et à côté de cela, j'ai des partenaires long terme pour acheter mes produits.
05:16Partenaires long terme, les japonais.
05:18J'en ai déjà parlé pour le financement.
05:20Mais également Stellantis, avec qui j'ai un contrat de 10 ans.
05:22On parlera de vos clients, finalement.
05:25Mais justement, cet accord France-Japon,
05:30est-ce que ce n'est pas déjà une autre dépendance ?
05:33Et où se trouve l'Europe ?
05:34Quel fonds va-t-elle vous donner ?
05:36Alors, l'Europe nous aide via le Critico-Euromaterial Act.
05:42L'an dernier, l'Europe a émis un acte européen.
05:44C'est-à-dire un objectif de souveraineté, finalement, dans certains domaines.
05:49Il a émis un acte dans lequel il est écrit qu'à l'horizon 2030,
05:53l'objectif est de produire des aimants en Europe,
05:58d'utiliser des aimants en Europe, pardon, dont 25% proviendront du recyclage.
06:02Des aimants pour lesquels 80% du raffinage auraient,
06:0640% pardon, du raffinage aura été fait en Europe.
06:09Donc 25% du recyclage, 40% en raffinage.
06:12Moi, je souscris complètement à cela.
06:14Et cette volonté de l'Europe, ces objectifs, nous permettent à nous d'attirer des clients
06:21qui veulent pouvoir vendre leurs produits en Europe.
06:26Oui, mais vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question.
06:28Parce que moi, je voyais dans votre attelage financier, pour l'instant,
06:32des Japonais qui ne sont pas des Européens.
06:34Est-ce que c'est une autre forme de dépendance ?
06:37Aujourd'hui, moi, je dirais plutôt d'un partenariat complémentaire
06:40entre la France et le Japon.
06:42La France est en Europe, donc on a la France et le Japon
06:45qui s'allient pour sécuriser les terres rares à moyen et long terme.
06:49Alors justement, vous avez déjà des clients,
06:52alors que l'usine doit commencer à tourner à les 10 ans début 27.
06:56Le Japon sera l'un de vos clients.
06:58Pas seulement, vous commencez à l'évoquer.
07:01La filière automobile est intéressée déjà ?
07:03Exactement, nous avons annoncé en septembre dernier un contrat de 10 ans avec Stellantis
07:10qui nous permet d'avoir de la visibilité sur des volumes, visibilité sur des prix
07:14qui aident beaucoup à financer, qui nous ont aidé à financer notre investissement.
07:19D'autres clients déjà ?
07:21Nous en avons d'autres, mais ça n'est pas public aujourd'hui.
07:23Ah voilà, c'est ça, pas encore totalement à révéler, on va dire.
07:28Frédéric Carancote, merci beaucoup.
07:30Vous êtes patron de l'usine Avenir, Kermag,
07:33invité éco de France Info.
07:34Merci à vous.
07:35Merci.
07:36Merci.