Pierre Gattaz, ancien président du Medef, était l'invité de "Perrine jusqu'à minuit", sur BFMTV.
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00:00Écoutez, c'est un chaos, c'est un cataclysme international.
00:04Donc moi, je crois que là, c'est très compliqué de savoir ce qui va se passer dans les jours à venir.
00:08On a l'impression que Donald Trump veut négocier, bien sûr, va rester ferme sur ses positions,
00:14essaie de négocier.
00:15Moi, je vois plus l'impact, si vous voulez, d'abord sur l'économie et sur nos entreprises.
00:18Actuellement, dans nos entreprises, c'est très compliqué parce que,
00:22surtout celles qui exportent, celles qui sont mondialisées,
00:24elles doivent gérer des contrats en fonction des filières, gérer des prix, des coûts,
00:29d'intégrer les droits de douane dans une économie qui est devenue très mondiale.
00:33Donc en fait, moi, je suis beaucoup dans l'aéronautique, je suis un peu moins dans l'automobile,
00:37mais dans l'aéronautique, il y a des flux croisés de partout, de Corée, du Japon, des États-Unis, d'Europe, de France.
00:43Tout ça marchait plutôt bien.
00:45Et d'un seul coup, on nous dit, non, non, ça change.
00:47Moi, par exemple, au Mexique, j'ai 20% de plus sur les composants que je fabrique au Mexique pour le marché américain.
00:52Et je me dis, qu'est-ce que je fais ?
00:54Alors je dis, normalement, je vais intégrer ces 20% dans mes prix
00:58pour faire payer aux équipes anti-américaines ces droits de douane,
01:02en me disant, j'ai aucun concurrent américain qui peut fournir ce que je fais.
01:07Deuxièmement, s'ils s'amusent à faire une usine, ça va prendre deux ou trois ans.
01:11Troisièmement, il y a déjà le plein emploi aux États-Unis,
01:13donc il faudra qu'ils trouvent de la main d'œuvre.
01:16Et ça, c'est une grande difficulté.
01:18Quatrièmement, un ouvrier américain, c'est de l'ordre de 45 000 euros chargés, brut.
01:22Un Mexicain, c'est 10 000 euros chargés, brut.
01:24Donc moi, si j'ai même un concurrent qui arrive, qui me dit, moi, je fabrique aux États-Unis,
01:28je pense que ce sera beaucoup plus cher de vendre les mêmes composants,
01:32à Boeing, aux autres, que de le faire au Mexique, malgré les 20%.
01:37Alors ça, c'est un cas de figure particulier.
01:40Dans l'automobile, ils ont des choses un peu pareilles, d'ailleurs,
01:43parce qu'ils sont beaucoup au Mexique aussi.
01:45L'agroalimentaire réagit différemment, le luxe encore différemment, la santé.
01:49Donc chaque filière, chaque entreprise, en fait, est un cas de figure.
01:52Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, dans nos entreprises que je vois et dans la mienne,
01:55c'est un branle-bas de combat, parce qu'en effet, il faut gérer contrat par contrat,
01:59presque produit par produit, client par client.