Après la découverte des ossements d’Émile en mars, l’enquête s’accélère. Ses grands-parents, Philippe et Anne Vedovini, sont placés en garde à vue pour homicide volontaire et recel de cadavre. Deux de leurs enfants sont également entendus.
Michel Mary fait le point sur les nouveaux rebondissements de ce drame.
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NewsTranscription
00:00Bonjour et bienvenue sur ma minute judiciaire du nouveau détective.
00:05Aujourd'hui je vous propose de revenir sur le dossier du petit Emile, 2 ans et demi,
00:11disparu dans l'après-midi du 8 juillet 2024,
00:16alors qu'il était arrivé la veille dans la maison familiale de ses grands-parents maternels.
00:31L'histoire dans les grandes lignes, vous la connaissez tous.
00:35Ces derniers jours, les choses se sont précipitées.
00:39Il y a eu successivement plusieurs opérations de la gendarmerie,
00:44suite à une lettre anonyme qui semblait vouloir orienter l'enquête vers l'église du village.
00:50Une perquisition y est effectuée, saisie d'un bac à fleurs devant l'édifice religieux,
00:57puis, mardi dernier, les gendarmes passent à l'action.
01:01Peu après 6h du matin, ils interpellent les grands-parents d'Emile,
01:05Philippe et Anne Védovigny, 58 ans.
01:08Lui est kinésithérapeute à la Bouilladis,
01:11et deux de leurs enfants majeurs sont également interpellés.
01:15Une perquisition de 5 heures va se dérouler dans la propriété familiale.
01:20Dans le même temps, les gendarmes saisissent la voiture de Philippe,
01:24ainsi qu'un van à chevaux aux fins d'expertise.
01:29Une opération spectaculaire.
01:31Ils se murmurent que les choses vont enfin avancer,
01:34que l'énigme de la disparition de cet enfant va enfin trouver son épilogue.
01:39Ce sont les premières gardes à vue depuis le début de l'affaire,
01:43à une ou deux exceptions près.
01:45Les deux juges ont décidé de qualifier l'effet domicile volontaire et recel de cadavre.
01:50Depuis la fin du mois de mars 2024,
01:53où une randonneuse découvre un crâne,
01:56qui s'avérera être celui d'Emile,
01:58à 1,7 km du village.
02:01Rapidement, plusieurs pistes sont mises en perspective.
02:04Prédateurs, accidents, l'enfant se serait perdu,
02:08mais après réflexion, une seule hypothèse s'impose.
02:13Dans l'esprit des gendarmes et des juges,
02:15il s'agit de la piste intrafamiliale.
02:18L'enfant n'a, selon les experts, pas pu marcher aussi loin et longtemps,
02:22compte tenu de la chaleur ce jour-là.
02:25Le village est tout petit, une trentaine d'habitants, pas plus,
02:28tout le monde se connaît, et surtout, personne n'a rien vu.
02:33Arrive le dossier qui fait basculer la conviction des enquêteurs.
02:36Dossier ancien, certes, mais tout de même,
02:39qui met en lumière des comportements de violence
02:43commises envers des enfants par le grand-père.
02:46L'affaire remonte à 1991, à Liévin, dans le Pas-de-Calais.
02:50En cause, l'Institut Sainte-Croix de Riaumont,
02:53qui accueille des enfants en difficulté,
02:56et qui, des années plus tard, va révéler des méthodes éducatives peu orthodoxes.
03:01Stricte et rigide, la calotte facile.
03:05Metz, avec des rites traditionnels,
03:08semble à l'époque être dirigé par une bande de désaccès,
03:13un lieu de cruauté, de sévices et de vices.
03:16Pour preuve, l'établissement a été fermé définitivement en 2019.
03:20Le dossier résume l'ambiance par quelques phrases,
03:23comme un bagne pour enfants,
03:26huit gosses par dortoir, régi par une discipline quasi-militaire,
03:31lever à 6h du matin, prière en latin, douche froide,
03:35petit-déjeuner en silence, avec une nourriture infecte
03:39à la base de produits invendus.
03:42Philippe Vadovini entre dans cette institution en 1991.
03:47Il est ancien scout, se destine à devenir prêtre.
03:51Il a 25 ans à l'époque, il a terminé ses études de kinésithérapeute.
03:56Il a fait des vœux temporaires, et là-bas, on l'appelle Frère Philippe.
04:01Il a pour mission de surveiller les études et les dortoirs.
04:06Et il y fait régner l'ordre à coups de rangers.
04:10Ses méthodes éducatives sont vraiment décrites comme strictes, rigides.
04:14Et on dit de lui qu'il a la calotte facile.
04:17Trois ans plus tard, il renonce à rester prêtre,
04:20il est poussé dehors de l'institut.
04:22Retour à Marseille, où il rencontre et épouse Anne.
04:26Ensemble, ils auront dix enfants.
04:29L'affaire aurait pu en rester là, mais en 2017,
04:33suite à plusieurs plaintes d'anciens élèves,
04:36pourtant sur des violences, même des agressions sexuelles.
04:39Et le nom de Philippe Vellovigny revient beaucoup.
04:42L'enquête débouche sur onze anciens cadres de l'institut,
04:46dont Philippe, qui seront placés en garde à vue.
04:49Nous sommes en 2018.
04:51Interrogé, Philippe reconnaît quelques coups de poing
04:54et d'avoir botté quelques culs.
04:56Mais il nie évidemment toute violence sexuelle.
04:59Quatre sur les onze seront mis en examen.
05:02Quant à Philippe, lui, il est placé en témoin assisté.
05:06À ce jour, l'affaire n'a toujours pas été jugée.
05:09Une mort va semer le trouble déjà bien installé.
05:12Il s'agit de la mort de Claude Guillet,
05:15l'ex-prêtre du Auvergnet qui s'est suicidé le 15 mars 2025.
05:20L'homme d'église était en discorde avec la famille Vellovigny.
05:24Il avait fourni à des journalistes une photo d'Emile
05:27et de ses parents au tout début de l'affaire.
05:30Il avait baptisé Emile, connaissait bien la famille,
05:33et il aurait dit à l'époque au même journaliste
05:36« Je suis sûr que la famille n'aurait pas hésité à cacher ce genre de drame,
05:40même si ça était risqué ».
05:41Et la soeur du prêtre en rajoute un peu en disant
05:44qu'elle en veut beaucoup à la famille
05:46et se dit persuadée que tout est parti de chez eux.
05:49Le prêtre et Philippe se sont disputés récemment,
05:53peu avant son suicide.
05:55La famille a fait exclure le prêtre de la paroisse.
05:59Et enfin, les expertises de l'IRCGN apportent des informations précieuses.
06:03Le crâne retrouvé présente une trace de choc facial.
06:08Et surtout, les vêtements qu'on retrouve près du corps
06:11prouvent que l'enfant a été déshabillé peu après sa mort.
06:15En effet, le T-shirt qu'Emile portait
06:18ne présente aucune trace de décomposition.
06:21Ailleurs, les expertises sont formelles.
06:24Le cadavre a séjourné un long moment
06:26dans un endroit clos, confiné à l'abri des intempéries.
06:29Il a donc été déplacé peu de temps
06:32avant que la rendedeuse ne découvre le crâne.
06:35Alors, crime ou accident maquillé,
06:38mais dans les deux cas, il y a eu une intervention humaine.
06:42Voilà les éléments dont disposaient les gendarmes
06:45qui ont placé tous ces membres de la famille
06:49en garde à vue pendant 48 heures.
06:51Malheureusement, ces gardes à vue n'ont pas apporté
06:54d'éléments nouveaux, pas d'explications déterminantes,
06:58bien que le procureur de la République
07:00lors de sa conférence de presse indiquait
07:02que la piste familiale n'était pas totalement abandonnée.
07:06A l'issue des gardes à vue, les 4 membres de la famille
07:09sont donc ressortis libres et sans poursuite.
07:13Mais ce dossier n'est pas clos, il est loin de l'être.
07:16Voilà, c'était ma minute judiciaire du nouveau détective.
07:19Je vous dis à la semaine prochaine pour un autre dossier.