L'historien Pierre Vermeren était l’invité de Punchline ce mardi 1er avril sur CNEWS. Il s’est exprimé au sujet de la condamnation de Marine Le Pen à cinq ans d’inéligibilité : «On est regardé dans le monde entier et la consternation est générale».
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00:00D'abord, les jeux ne sont pas tout à fait faits ici, j'ai bien compris,
00:04puisque l'appel lui laissera peut-être la possibilité de se présenter.
00:08Peut-être, ça dépend des délais.
00:09D'autre part, d'après un sondage, son président de parti
00:14ferait à peu près un score identique au sien.
00:16J'en ai un demandé là.
00:17Donc de ce côté-là, il n'y a pas vraiment de gêne.
00:20Non, moi, ce qui m'interpelle, évidemment, c'est un événement très important.
00:24Vous avez d'un côté toute une partie des élites qui est très contente
00:28en pensant de manière très sincère que ça règle un problème.
00:33Et puis, on peut imaginer aussi que toute une partie du peuple,
00:37notamment, je pense aux électrices des Nimbos-Monts, du Nord-Pas-de-Calais,
00:41des régions où l'électorat populaire vote massivement pour ce parti
00:46et qui s'est attaché à elle.
00:47J'imagine que ces gens ne vont pas aller tout casser.
00:50C'est même presque certain.
00:51Mais ils doivent être très affectés.
00:54Donc, ça accentue, si vous voulez, ce genre d'événement,
00:57la polarisation très vive de la société française.
01:00C'est d'ailleurs ce que disent les sondages.
01:02Donc, quel est un vocabulaire de guerre à la politique ?
01:06C'est la guerre, de toute manière.
01:07On voit bien que la violence sous-jacente à ce genre d'opération
01:11est très puissante, d'ailleurs, des deux côtés.
01:14Ça se transforme en guerre atomique, oui.
01:16Mais moi, ce qui me frappe, c'est qu'on est très franco-français,
01:20on est très nombriliste.
01:21On regarde ça.
01:22Chacun, finalement, regarde ça à sa fenêtre
01:24et selon ses convictions idéologiques.
01:26Mais vu de l'extérieur, vu des autres pays du monde,
01:29une semaine après l'enfermement du candidat en Turquie,
01:33alors que régulièrement en Algérie, en Tunisie, en Roumanie,
01:38c'est dans d'autres conditions,
01:39on interdit à des présidents de la République
01:41ou à des candidats de se présenter.
01:43Il y a vraiment un...
01:45Vu de l'extérieur, c'est pas compréhensible.
01:46Ils ne sont pas dans le détail des lois et de leur application.
01:51Ça diffère.
01:52Ils se disent, il y avait un chef de l'opposition
01:54il y a quelques années qui a été entravé dans sa compétition.
01:5712 ans après, on remet le couvert de manière encore plus nette.
02:01Et c'est là que les Britanniques, notamment, ne se gênent pas
02:04pour accabler nos mœurs politiques jugées archaïques pour eux.
02:08Je ne sais pas s'ils ont raison,
02:10mais il faut se rendre compte qu'on est regardé dans le monde entier
02:12et que la consternation est assez générale.