"On en veut toujours un seul, il n'y a pas deux au Cameroun ! Dès qu'on a un gardien, il faut avoir tué le précédent"
Joseph-Antoine Bell, ancien international camerounais passé par l'OM et l'ASSE, revient sur le rapport des Lions indomptables avec les gardiens de but.
Joseph-Antoine Bell, ancien international camerounais passé par l'OM et l'ASSE, revient sur le rapport des Lions indomptables avec les gardiens de but.
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00:00C'est les Camerounais. C'est les Camerounais et malheureusement les Camerounais aiment ce genre de polémiques toujours en train de comparer pour avoir l'unique.
00:09Mais ça, là où les Français sont responsables, c'est que dans une période qu'on n'aime plus évoquer ou qu'on évoque même beaucoup,
00:18tout était unique. Il y avait la cathédrale, il y avait l'école, il y avait la boulangerie, il y avait le gouverneur, tout était unique.
00:26Et donc ça, c'est resté dans la tête des Camerounais. On veut toujours un seul. Il n'y a pas deux.
00:31Donc du coup, dès qu'on a un gardien, il faut avoir tué le précédent.
00:38Mais pourquoi cette école de gardiens au Cameroun ?
00:42C'est là que vous devriez dire merci à Joseph Van Van Bell et à Toumankoulo. Mais eux aussi ont quelqu'un à qui ils disent merci.
00:52C'est qu'il y a eu... Le hasard a fait des choses en 1974.
01:02Évidemment, nous jouions déjà au football et on voulait être bons et on pensait qu'on était bons.
01:08Mais on ne peut pas être excellent et être classé parmi les meilleurs au monde si on n'a pas quelque chose en plus.
01:15Et quelque chose nous est arrivé au Cameroun. Il est arrivé un entraîneur national qui s'appelait Vladimir Beara.
01:21Et Vladimir Beara était, comme on disait à l'époque, un ancien grand gardien de but qui avait joué la Coupe du Monde et qui nous a beaucoup apporté.
01:33C'est vrai, il y en a qui veulent vous mettre le talent avant, mais si vous n'avez que le talent, vous n'y arrivez pas.
01:40Si vous n'avez que le travail, vous n'y arrivez pas. Si vous avez du talent et le travail, vous y arrivez.
01:47Et donc lui, il est arrivé au Cameroun et au bout d'un moment, il a eu Thomas Nkolo et Joseph Antoine Bell.
01:54Et il nous a montré à cette époque-là, c'était terrible.
02:00Quand vous arriviez dans les clubs, l'entraînement, c'était de faire deux camps et donc on jouait 11 contre 11.
02:07Si vous êtes gardien de but, vous risquez de rentrer chez vous sans avoir rien fait de la soirée et vous dites « j'étais à l'entraînement ».
02:14Et tout le monde croyait que c'était de l'entraînement.
02:16Lui, il a apporté quelque chose qu'on ne connaissait, je suis sûr, même pas vraiment en France, qui était l'entraînement spécifique du gardien de but.
02:24Et ce type, quand il finissait l'entraînement de toute l'équipe nationale auxquelles nous avons participé, il prenait 30 minutes avec nous et nos partenaires.
02:36Quand vous parlez de la confiance des Camerounais, elle a commencé par la confiance des gardiens de but qui l'ont transposé, qui l'ont transmise aux autres.
02:46C'est-à-dire que nos partenaires étaient sur le côté et ils nous regardaient travailler et ils disaient « on a pitié de vous ».
02:53Tellement on travaillait, tellement on faisait des choses.
02:57Et donc le résultat, l'autre fois, il y a un Camerounais de Douala qui m'a fait remarquer, je ne l'avais pas vu,
03:04il m'a dit « vous, quand vous entriez sur le terrain, on avait l'impression que vous ne pouviez pas prendre de but.
03:10Vous dégagez tellement d'assurance, mais l'assurance venait de ce que l'entraînement nous avait réellement préparé.
03:18Et comme on avait du talent, on était suffisamment fort.
03:22Et donc la confiance que les gardiens Camerounais, que ces deux gardiens, parce que les Camerounais oublient d'être heureux, ils sont tout le temps en train d'opposer.
03:33Ce qui se passait, c'est que les Camerounais, quoi qu'ils faisaient, aligneraient un gardien supérieur au gardien d'en face.
03:41Mais c'est quand même une bonne chose, c'est valorisant pour le Cameroun, parce qu'on est dans un continent où le poste de gardien de but, c'est souvent un secteur défaillant.
03:54Il y a eu des très grands gardiens dans d'autres pays, mais c'est vrai que vous, dans votre école de gardien, bien évidemment, ou d'autres, il y a des légendes à ce poste-là.
04:03On a Bono, on a Camény, on a Onana, on a Enkono, on a tous les autres.
04:13On a de quoi faire un gros classement sur les 30 dernières années chez les Camerounais, ce n'est pas le cas dans toutes les grosses nations africaines.